Invendus des soldes, que deviennent-ils ?

  • il y a 7 mois

Yann Rivoallan, président de la Fédération de prêt à porter féminin répond aux questions d’Alexandre Le Mer.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcript
00:00 L'invité éco avec Banque Populaire, engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
00:04 Europe 1, il est 6h40.
00:06 On évoquait ce sujet avec vous, Désir, sur Europe 1, les soldes d'hiver c'est terminé, ils ont pris fin
00:12 mercredi, alors comme toujours les commerçants se retrouvent souvent
00:15 avec des stocks sur les bras, que deviennent donc les invendus après les soldes ?
00:20 C'est un spécialiste du secteur, la question qui vous répond ce matin sur Europe 1.
00:24 Alexandre Lemaire, vous recevez Yann Rivoy, président de la Fédération Française du prêt à porter féminin.
00:29 Bonjour Yann Rivoy, il vous en reste encore beaucoup des stocks d'invendus, là cette année après ces soldes d'hiver ?
00:35 Cette année il en reste encore,
00:38 année par année il en reste de moins en moins, puisque chaque fois les marques contrôlent de mieux en mieux leurs stocks,
00:42 il y a entre d'un côté l'intelligence artificielle et de l'autre côté des meilleures prévisions de vente,
00:46 elles arrivent à avoir moins de stocks en fin de saison.
00:49 Contrôler les stocks ça veut dire dès la commande en fait, dès avant le début de la saison ?
00:51 C'est d'avoir des collections courtes et donc d'éviter d'avoir des collections qu'on commande six mois en avance
00:56 et qui restent à la fin de la saison.
00:58 Qu'est-ce qui s'est bien vendu là pendant ces soldes et puis à l'inverse, qu'est-ce qui vous reste sur les bras là cette année ?
01:02 Alors comme toujours il y a un rapport au temps qui est important, il a fait très froid au début des soldes,
01:07 donc tout ce qui a été manteau, maille par exemple ou chaussures s'est bien vendu à ce moment là.
01:11 Bon et le reste ?
01:13 Le reste malheureusement n'est pas vendu.
01:15 Donc qu'est-ce qui n'est pas vendu ?
01:17 Alors ça dépend et c'est très variable en fonction des marques et c'est un secteur, c'est un résultat qui est très mitigé
01:22 parce qu'on voit des marques qui...
01:24 Mitigé c'est ce qu'on entend tout le temps à la fin d'une période de solde,
01:27 le bilan est mitigé, bon ça veut tout dire et rien dire.
01:30 Ça veut tout dire et rien dire complètement et surtout il faut regarder marque par marque quels sont les résultats.
01:35 Il y a des marques qui fonctionnent encore très bien, je prends par exemple l'exemple de Monoprix qui a lancé une collaboration il y a quelques jours
01:41 et les gens se sont déchaînés en magasin pour pouvoir acheter des produits.
01:45 C'était presque...
01:47 ça faisait plaisir de voir cet engouement qui pouvait se faire pour cette collaboration.
01:51 Bon alors les invendus, ça y est les soldes sont terminés, vous les avez encore avec vous, vous faites quoi ?
01:55 Vous les remettez dans le circuit ?
01:57 Les invendus on les vend.
01:59 Alors mais s'ils sont invendus par définition c'est de plus en plus difficile de les vendre.
02:03 Alors il y a deux côtés à regarder, un les invendus dans le secteur on va les vendre, on va les vendre moins cher en général
02:10 donc ils vont pouvoir aller sur des plateformes...
02:11 Quand on dit moins cher c'est encore moins cher.
02:13 C'est encore moins cher.
02:15 Donc il faut de toute façon les vendre parce que garder un produit c'est le garder en stock,
02:19 c'est donc des coûts et c'est des matières premières qui ont été utilisées et qui ne servent à rien.
02:23 Donc il faut forcément les vendre et pour ça il y a deux phénomènes,
02:27 il y a un premier phénomène par exemple des plateformes de déstockage,
02:29 il y a un deuxième phénomène qui va être de créer des collections permanentes
02:33 et donc quand on achète par exemple une chemise blanche comme celle que je porte,
02:37 et bien cette chemise blanche, saison par saison elle va pouvoir être vendue.
02:40 Donc les marques se transforment pour avoir de plus en plus de collections permanentes
02:44 et ne jamais faire de déstockage.
02:46 Un très bel exemple c'est par exemple la marque Royal Mair, une marque de maille,
02:50 qui fait désormais des pulls qui sont garantis à vie,
02:53 et donc évidemment ce produit ne sera jamais déstocké, ne sera jamais invendu.
02:57 - Bon, vous il y a un problème à tous les niveaux qui se posent avec les invendus,
03:00 un problème évidemment de revenus, c'est de l'argent dépensé que vous ne récupérez pas,
03:05 et puis un problème d'espace tout simplement.
03:07 Dans les boutiques il faut faire place nette pour l'arrivée des nouvelles collections,
03:10 ça c'est un problème saisonnier que vous avez toujours.
03:13 - Ah, et c'est d'autant plus important qu'en face il y a des plateformes comme par exemple
03:17 Shein ou Temu, qui eux créent des invendus, mais surtout du surstockage,
03:22 parce que ces marques comme Shein, elles vendent beaucoup,
03:25 c'est désormais 33 milliards pour Shein,
03:27 c'est 2,6 millions de français qui y vont tous les jours,
03:29 et ces produits sont vendus et aussitôt jetés.
03:32 Donc ce sont des produits qui ne sont pas invendus,
03:34 puisque ils ont été évidemment vendus avec une très grosse croissance,
03:37 mais par contre qui se retrouvent instantanément dans la poubelle,
03:40 et dans cette poubelle, par la suite, elles vont polluer la planète entière.
03:44 - Alors dans la poubelle, tout ce qui ne part décidément pas chez vous,
03:47 parce que vous avez quand même une part restante, qu'est-ce que vous en faites ?
03:50 Vous les détruisez, vous n'avez plus le droit de faire ça ?
03:52 - On ne les détruit plus, en fait, et en soi on n'a jamais vraiment détruit ces produits.
03:57 Il y avait certaines marques qui voulaient détruire ces produits
04:00 parce qu'elles avaient un phénomène de rareté,
04:02 et pour la majorité des marques de prêt-à-porter,
04:04 on a toujours voulu vendre ces produits.
04:06 - Je reprends les chiffres de l'ADEME, l'agence de la transition écologique,
04:09 alors là on se place avant la loi AJEC, qui est une loi effectivement récente,
04:12 qui arrive avec ses nouvelles obligations de l'interdiction plutôt de détruire des vêtements,
04:17 mais avant cette loi, on avait quand même 5% des invendus en France,
04:21 vêtements et chaussures, qui terminaient soit à la benne, soit qui étaient incinérés.
04:25 Donc ça, jusqu'à la loi, qui est venue restreindre tout ça, c'était une réalité quand même.
04:30 - Exactement, il y a aussi une ancienne époque,
04:32 et cette ancienne époque pouvait avoir des politiques qui n'étaient pas nobles,
04:35 désormais il y a aussi une volonté de recyclage,
04:38 et là aussi, de plus en plus, les marques prennent des matières qui vont pouvoir être recyclées,
04:42 et ce recyclage permet d'éviter d'avoir des invendus qui vont polluer la planète,
04:46 ce qui, et je le répète, n'est pas le cas pour les autres plateformes,
04:49 comme les plateformes asiatiques, où là on a beaucoup de polyester,
04:52 et ce polyester ne peut évidemment pas être récupéré,
04:55 parce que là il va partir directement dans la poubelle.
04:57 Quand on a une robe qui va coûter 5€,
05:00 ces 5€ n'ont aucune valeur, à la fois dans la tête du consommateur,
05:03 et évidemment dans le recyclage qui peut exister derrière.
05:06 Donc ceci pollue énormément,
05:08 ce qui n'est pas le cas pour les marques françaises.
05:10 - Alors les invendus des soldes, les deux tiers finissent par trouver preneur,
05:14 d'une façon ou d'une autre, à peu près.
05:16 Le tiers restant, vous l'avez évoqué Yann Rivoilant,
05:19 c'est les sites de déstockage, marketplace, centres commerciaux spécialisés,
05:24 et puis, donc ça c'est pour 20% sur le dernier tiers,
05:27 et puis 10% sont recyclés, vraiment,
05:30 c'est-à-dire qu'ils repartent en fil, en tissu, en textile.
05:34 Il y a la destruction, et de plus en plus de marques font des produits en matière recyclée,
05:39 donc on peut retrouver par exemple de la maille de cachemire, etc.,
05:43 qui va être recyclée parce que les fils vont être cassés,
05:45 et après on va pouvoir les retricoter pour pouvoir fabriquer des nouveaux vêtements.
05:49 - Donc ça, les marques de luxe ne sont pas dans cette pratique-là,
05:52 je sais que vous ne les représentez pas,
05:53 mais ce n'est pas une pratique qui est généralisée encore.
05:56 - Toutes les marques, y compris les marques très haut de gamme, les marques premium,
05:59 et les marques de luxe, vont de plus en plus dans le recyclage.
06:02 C'est des habitudes qui se mettent en place,
06:04 et qui vont aller dans le sens, évidemment, du dérèglement climatique,
06:08 il faut stopper.
06:09 - Comment vous faites pour avoir une prévision plus fine des ventes ?
06:11 Vous parliez de cette vague de froid inattendue,
06:14 c'est vrai qu'on n'a plus l'habitude cet hiver d'avoir des gelées fortes,
06:18 c'est quelque chose qu'on ne peut pas programmer 3 mois à l'avance,
06:21 quand vous calculez vos stocks, quand vous passez commandes.
06:23 - Alors il y a plusieurs manières, et là, l'intelligence artificielle
06:26 met justement des nouveaux moyens.
06:28 Avec l'intelligence artificielle, on arrive à mieux comprendre
06:31 ce que les consommateurs aiment ou n'aiment pas au sein des collections.
06:34 - Décidément, même dans le prêt-à-porter, il y a...
06:36 - C'est même, malheureusement, et là c'est très triste,
06:39 les géants asiatiques dont je parlais tout à l'heure
06:41 sont les spécialistes de l'intelligence artificielle.
06:43 Un chine va faire 8000 nouveaux produits par jour,
06:46 8000 nouveaux produits par jour, c'est ce que va faire une marque française
06:49 normalement toute sa vie.
06:50 - Mais c'est effrayant.
06:51 - Donc c'est comme pour un Chajipiti par exemple,
06:54 une fabrication de vêtements tous les jours
06:56 qui se fait par l'intelligence artificielle.
06:59 - Yann Rivoilant, président de la Fédération du prêt-à-porter féminin,
07:02 ce matin sur Europe 1, voilà, donc les invendus,
07:05 finalement on trouve toujours un débouché
07:07 qui soit revendu par votre réseau ou même recyclé.
07:11 Merci à vous Yann Rivoilant.
07:13 - Merci.
07:14 C'était l'invité éco avec Banque Populaire.
07:17 Engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
07:19 Banque Populaire, partenaire premium de Paris 2024.
07:22 ♪ I'm free ♪

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