• l’année dernière

Caroline Renoux, fondatrice et présidente de Birdeo, répond aux questions d’Alexandre Le Mer.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Europe 1 bonjour, Alexandre Lemaire et Angeline Roche.
00:04 - Bon début de matinée sur Europe 1, il est 6h41, les inégalités sont toujours marquées dans le monde du travail
00:09 entre les femmes et les hommes, qu'on parle de carrière ou de salaire.
00:13 A l'occasion de cette journée internationale des droits des femmes,
00:16 des voix s'élèvent à nouveau pour réclamer la fin du plafond de verre.
00:19 Votre invitée Alexandre, c'est Caroline Renou, fondatrice et présidente de Beurdeo,
00:24 cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable.
00:26 - Bonjour Caroline Renou. - Bonjour.
00:28 - Vous êtes donc présidente de Beurdeo, si vous n'aviez pas décidé de fonder votre propre cabinet de recrutement,
00:34 est-ce que les chances d'en prendre la tête auraient été les mêmes pour vous ?
00:38 - Ah c'est une bonne question. C'est possible, c'est possible parce que dans le développement durable,
00:45 70% de mes candidats sont des candidates.
00:48 C'est quand même un secteur dans lequel à la fois les femmes naturellement y vont,
00:54 et en plus elles ont une légitimité aussi pour prendre des postes importants.
00:59 - Qu'est-ce qui vous a décidé à lancer votre propre aventure, votre propre entreprise ?
01:02 Est-ce que c'est justement cette conviction à un moment donné dans votre carrière
01:05 d'avoir atteint ce plafond de verre dont vous parlez ?
01:08 - Alors je n'ai pas eu l'impression forcément d'atteindre un plafond de verre,
01:11 peut-être que je l'aurais atteint, j'en sais rien.
01:13 En tout cas si je l'ai fondé, c'était vraiment par conviction
01:17 et par envie aussi de tenter l'aventure entrepreneuriale.
01:21 - Vous avez rencontré personnellement des obstacles en tant que femme dans votre parcours professionnel ?
01:26 - Alors j'en ai rencontré, oui bien sûr, avant de fonder mon entreprise,
01:29 notamment au moment des congés maternités.
01:31 - Ah, alors c'était de quel ordre ? C'était des remarques ?
01:35 - Oui, oui, c'était des remarques. Je me souviens, alors mon patron était anglais
01:39 et il m'avait dit "bon écoute, il faut peut-être que tu te reposes
01:42 puisque de toute façon là, émotionnellement, t'es pas en état de faire les choses".
01:45 Et puis quand je voyageais beaucoup, il m'a dit "bon bah c'est super,
01:50 mais là tu vas arrêter de voyager maintenant".
01:51 - Bon. Vous accompagnez les entreprises avec Bordeaux dans leur objectif RSE,
01:56 on dit RSE justement pour Responsabilité Sociétale des Entreprises.
02:00 De quelle façon, très concrètement, les accompagnez-vous ?
02:03 - Alors la RSE, ce sont des métiers, des compétences qui sont assez nouvelles
02:09 et moi depuis plus de 12 ans maintenant, j'ai vraiment à cœur de mettre en valeur
02:14 ces compétences et de participer à la professionnalisation aussi de ces métiers
02:20 qui alors sont de plus en plus connus mais qui étaient quand même méconnus,
02:23 qui étaient aussi et qui sont toujours beaucoup occupés par des femmes.
02:27 - Alors ces métiers très concrètement, de quoi s'agit-il ?
02:30 - Le métier le plus classique, ça va être un directeur ou une directrice
02:35 développement durable dans une entreprise.
02:37 Donc quelqu'un qui va être là pour accompagner l'entreprise
02:41 à faire en sorte qu'elle diminue ses impacts négatifs
02:45 et qu'elle maximise ses impacts positifs.
02:48 - Vous dites aujourd'hui Caroline Renou, c'est précisément cette RSE,
02:52 Responsabilité Sociétale des Entreprises, qui doit permettre aux femmes de briser
02:55 ce plafond de verre qui les entrave trop souvent dans leur carrière.
02:58 - Alors la RSE pour moi, c'est un formidable moyen quand on est une femme
03:02 de briser le plafond de verre parce que c'est quand même des métiers
03:05 dans lesquels naturellement elles sont beaucoup et en plus,
03:08 c'est des métiers dans lesquels on développe des compétences
03:10 qui aujourd'hui dans les entreprises et dans ce monde dans lequel
03:14 à la fois au niveau géopolitique c'est instable et puis au niveau
03:17 social et environnemental, il faut prendre en compte des choses,
03:20 on développe des compétences formidables.
03:23 Par exemple, la gestion de projets complexes, multi-acteurs.
03:27 On parle beaucoup dans notre secteur de coopétition, c'est-à-dire
03:31 on travaille avec ses compétiteurs. - Coopétition !
03:33 - Exactement, coopétition. On travaille avec ses concurrents
03:39 pour trouver ensemble des solutions. Par exemple pour utiliser
03:43 moins de plastique ou moins de carbone.
03:47 - Vous dites que la notion de parité homme-femme peine encore
03:50 à trouver un écho dans les comités de direction, dans les plus hautes fonctions aujourd'hui.
03:53 - Alors effectivement, aujourd'hui on va toujours retrouver
03:56 davantage d'hommes dans les comités de direction.
03:59 Et c'est vrai que la RSE comme aujourd'hui, ça prend de l'ampleur,
04:04 ça arrive dans les comités de direction, c'est une bonne opportunité
04:07 pour les femmes aussi de pouvoir intégrer ces comités.
04:09 - Elisabeth Born vient de faire des annonces à ce sujet.
04:11 D'ici la fin de son quinquennat, toute entreprise qui ne respecterait pas
04:14 l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes
04:17 ne pourra plus participer aux offres de marché public.
04:20 Manier la carotte et le bâton, comme ça, ça va avoir un impact ?
04:23 Ça va dans le bon sens ?
04:24 - Je pense que c'est effectivement ça qui fait avancer les choses.
04:28 J'aimerais vous dire que c'est pas la peine, mais on sait très bien
04:31 que c'est nécessaire. - Inégalité de carrière,
04:33 inégalité de salaire, Caroline Renaud. Selon l'INSEE,
04:36 l'écart a tendance à se réduire, c'est vrai dans le privé,
04:39 mais les femmes gagnent toujours 15% de moins que les hommes.
04:42 Ce chiffre n'est pas à poste équivalent, c'est une moyenne générale,
04:45 mais qui traduit bien, selon l'INSEE, la sous-représentation des femmes
04:48 dans les salaires les plus élevés, en réalité.
04:51 - Alors dans la RSE, c'est pas forcément ce qu'on constate.
04:54 Y'a pas tant que ça d'inégalité, je trouve.
04:59 - C'est un peu l'eldorado, si je comprends bien.
05:01 Enfin, j'exagère un peu peut-être, mais en tout cas,
05:03 c'est un endroit où les femmes peuvent progresser plus vite dans leur carrière.
05:07 - Alors aujourd'hui, je suis convaincue que la RSE, c'est un eldorado.
05:10 Autant il y a 20 ans, il fallait intégrer le digital
05:13 pour se moderniser et faire carrière.
05:16 Aujourd'hui, c'est la RSE. - À poste équivalent maintenant,
05:19 on parle toujours de salaire, dans la même entreprise en plus,
05:22 les femmes gagnent en moyenne 4,3% de moins que les hommes.
05:25 Ce qui n'est pas du tout neutre. - Non. Pas du tout.
05:29 - Les témoignages sont toujours nombreux, Caroline Renou,
05:31 sur le sexisme en entreprise, sur le harcèlement sexuel,
05:34 parfois doublé en plus d'un chantage à la promotion.
05:37 Est-ce que c'est quelque chose dont vous avez été témoin ?
05:39 Est-ce que c'est quelque chose dont vous avez été victime ?
05:41 - Alors moi, non.
05:43 Témoin, c'est toujours difficile de savoir.
05:47 En tout cas, je pense qu'une des raisons pour lesquelles
05:50 les femmes sont moins payées, c'est aussi parce que
05:53 elles demandent moins d'argent, et il y a une humilité qui est plus forte.
05:58 Il y a un syndrome de l'imposteur.
05:59 Alors moi, je trouve que le syndrome de l'imposteur a aussi plein de côtés positifs,
06:02 parce que c'est ça qui permet de se dépasser.
06:06 Mais effectivement, c'est bien aussi de les encourager à oser.
06:11 - Merci Caroline Renou, fondatrice et présidente de Bordeaux,
06:14 cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable.
06:18 Vous appelez donc justement à briser ce plafond de verre
06:20 pour permettre aux femmes d'avancer plus rapidement, plus facilement dans leur carrière.
06:24 Merci à vous. - Merci.

Recommandations