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Jeudi 14 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Olivier Malteste (Directeur des investissements, Yomoni) , Raphaël Thuin (Directeur des stratégies de marchés de capitaux, Tikehau Capital) et Samy Chaar (Chef économiste, Lombard Odier)

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00:003 invités avec nous chaque soir autour de la table pour commenter justement les mouvements
00:13de la planète marché, Samy Char est avec nous ce soir, chef économiste de Lombarodier,
00:18bonsoir Samy.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Olivier Malteste nous accompagne également, directeur des investissements de Yeomanie,
00:23bonsoir Olivier.
00:24Bonsoir Grégoire.
00:25Ravie de vous retrouver ce soir et Raphaël, tu as été à nos côtés également, bonsoir
00:28Raphaël.
00:29Et voilà, vous êtes responsable des stratégies de marché de capitaux chez TKO Capital.
00:33Raphaël, quelques commentaires à chaud, on est un peu plus d'une semaine après les
00:37résultats de l'élection présidentielle américaine donc c'est le trifecta comme
00:41on dit, c'est le tiercé gagnant confirmé pour Donald Trump aujourd'hui avec la conservation
00:45par les républicains de la chambre des représentants, une majorité d'au moins 218 sièges et puis
00:49surtout la vague de premières nominations.
00:52Alors on verra dans un second temps ce qu'il reste de ces nominés puisqu'ils doivent
00:56passer quand même je crois une forme d'épreuve, d'entretien devant le congrès et le sénat
01:02qui doivent valider les nominations de Donald Trump pour son administration et son cabinet
01:07mais est-ce que les premiers noms annoncés ou ceux qui circulent, est-ce que ça nous
01:11donne un peu de couleur sur l'agenda de Donald Trump, la vitesse et les priorités de l'agenda
01:18de Donald Trump dans sa mise en œuvre à partir de janvier prochain ?
01:21Oui, on commence à avoir un petit peu de couleur, on comprend un peu mieux comment
01:25le cabinet va se composer, globalement il a un mandat démocratique très fort pour
01:30implémenter un programme tel qu'il l'a décrit pendant sa campagne et il a l'air de vouloir
01:35s'outiller au sein de son cabinet avec des gens qui seront susceptibles de le porter.
01:38On se souvient que lors de Trump 1 il y avait quand même une base républicaine plus traditionnelle
01:44qu'on appelle un peu réganiste qui avait contraint le président Trump dans sa capacité
01:51à implémenter cette stratégie, aujourd'hui c'est beaucoup moins le cas, il a les coups
01:55des franches, ça se voit dans ses nominations, d'ailleurs certaines y compris au sein du
02:00parti républicain font débat, et effectivement vous avez raison d'en parler, on n'a pas fini
02:06de le mentionner.
02:08On verra un Matt Gaetz, c'est le nom qui a été choisi pour être l'attorné général,
02:12le ministre de la justice, on verra si un Matt Gaetz qui est très controversé y compris
02:17au sein du parti républicain peut passer justement les fourches codines du congrès
02:21de ce point de vue-là.
02:22Ça c'est une vraie inconnue, il y a quelques sourcils qui se lèvent à l'évocation du
02:26nom du secrétaire à la défense, donc il y a effectivement des nominations importantes,
02:31il reste quand même de grandes inconnues sur ce cabinet, en particulier ces nominations
02:36portent principalement sur la sécurité, le judiciaire, sur la partie économique on
02:42n'a pas vraiment vu, le trésor, le commerce, le conseil d'analyse économique qui est très
02:48important aux Etats-Unis, pour l'instant on n'a pas encore de visibilité, on voit des
02:52noms sortir, ça va être important parce que le programme Trump c'est avant tout,
02:58en particulier au sens des marchés, un programme économique, il a un programme très ambitieux
03:02sur la fiscalité, sur la déréglementation, évidemment avec notre ami Elon Musk qui est
03:08censé être aux commandes, dans une certaine mesure en tout cas, et ce programme économique,
03:13cette dimension fiscalité, elle est très attendue par les marchés, on s'attend d'ailleurs
03:17à ce qu'il y ait un premier paquet fiscal d'ampleur qui soit déployé dans les 100 jours,
03:22donc il y a une certaine forme d'urgence, et aujourd'hui le marché est en attente,
03:27quel sera ce paquet fiscal ? Donc une inconnue sur le cabinet et sur les nominations économiques,
03:33une inconnue sur le paquet fiscal, et puis une dernière inconnue quand même, pour mettre
03:38un peu de piquant, c'est une inconnue vis-à-vis de sa majorité dans la Chambre, la majorité
03:44il l'aura, peut-être qu'elle sera un petit peu plus ténue que celle qu'il attendait
03:49initialement, donc dans quelle mesure il pourra implémenter toutes ces mesures, à voir.
03:53Cette question politique majeure, effectivement, est-ce que le parti républicain est totalement
03:58acquis à la cause de MAGA aujourd'hui, Make America Great Again, ou est-ce qu'il reste
04:03dans ce parti républicain effectivement des courants, des caucus qui auront à un moment
04:07peut-être l'envie de faire entendre leur voix ? Donc ça sera le sujet politique.
04:13Dans quelle mesure, avec le tiercé gagnant quand même, Samichar, qu'est-ce que vous
04:17comprenez du Trump 2.0 qui arrive ? Est-ce que c'est forcément fast and furious ? C'est-à-dire
04:24il a les mains libres pour aller vite, avec un agenda qui a sans doute été beaucoup
04:28mieux préparé que celui de 2016, on se souvient que Donald Trump lui-même a pu être peut-être
04:33surpris par sa victoire en 2016, là ça semble être beaucoup moins le cas, et donc à quoi
04:39faut-il s'attendre de ce point de vue-là, de la mise en oeuvre du programme de Donald Trump ?
04:45Oui, fast and furious, d'autant plus qu'il a une victoire totale sur tous les fronts,
04:51mais une victoire finalement assez maigre dans les chambres.
04:53Il est à 53 au Sénat, c'est confortable, mais s'il avait été à 56 ou 57, il aurait
04:59été protégé au moment des élections de mi-mandat dans deux ans, donc là quand même
05:03c'est possible pour les démocrates de regagner le Sénat dans deux ans, même si encore une
05:07fois cette majorité est là, par contre dans la chambre ce sera plutôt facile.
05:10Alors soit, comme le dit Raphaël, Donald Trump fait quelque chose de fantastique au
05:14niveau économique, a beaucoup de popularité et gardera la chambre dans deux ans, sinon
05:18c'est fast and furious pour deux ans seulement, potentiellement il perdra le congrès dans
05:22deux ans, notamment la chambre sera assez facile à regagner pour les démocrates.
05:27Mais c'était aussi un peu le cas de Joe Biden, on se souvient, il a tout fait dans les deux
05:31premières années de sa mandature, le chipsack, l'IRA, il sentait bien qu'il n'allait pas
05:36avoir les coups d'effranche pendant quatre ans, mais plutôt comme deux, c'est très
05:38usuel.
05:39Donc il faut imaginer quelque chose de condensé, à nouveau, au regard du système électoral
05:44américain.
05:45Exact, il a deux ans, il le sait, et donc il va implémenter l'essentiel de ses politiques
05:49en deux ans.
05:50Ensuite je dirais que sur les nominations, effectivement quand même, sur tout ce qui
05:53est sécurité intérieure, judiciaire, immigration, commerce, relation à la Chine, c'est quand
05:59même du magasin pur et dur, on est vraiment dans l'idéologie.
06:03C'est la carte loyale qui paye, ce n'est pas la carte compétence, forcément.
06:07Et surtout sans compromission, je trouve.
06:09En revanche, Raphaël le disait, au niveau économique, on peut avoir un peu plus de pragmatisme,
06:14des noms sont sortis, comme Besant par exemple, qui serait à la mnuchine, c'est-à-dire un
06:19petit peu comme son secrétaire au Trésor lors du premier mandat.
06:22Donc une personnalité qui vient des marchés, c'est ça Besant ?
06:24C'était quelqu'un qui vient effectivement des hedge funds, du fond de Soros, c'est quelqu'un
06:28qui est professeur à Yale aujourd'hui dans le département économique, donc finalement
06:34quelqu'un qui, ce n'est pas une nomination complètement folle on va dire, encore une
06:38fois au niveau des affaires, on sent quand même que Donald Trump est un businessman
06:42et qu'il sera pro-business, donc on regarde ça de très près, mais effectivement il
06:46a deux ans, probablement pas quatre, il a un programme à mettre en place, mais quand
06:50même au niveau économique, probablement un certain pragmatisme, alors on attend vraiment
06:54ce secrétaire au Trésor, on veut voir qui c'est, mais on n'a pas le sentiment que ce
06:58sera quelqu'un de très très disruptif.
06:59Peut-être un dernier point, on se souvient qu'après avoir énormément discuté de la
07:03réserve fédérale américaine, de ce que ça pouvait être, il avait nommé Waller
07:07le gouverneur en 2018, qui est un très bon gouverneur, complètement du Serail, qui a
07:11toujours voté avec Jérôme Powell, qui sera peut-être le successeur de Jérôme Powell
07:15aussi, donc on le voit, finalement quand il s'agit d'affaires, de business, d'argent,
07:20les choix ne sont pas toujours complètement fous.
07:22Puis moi j'ai parié sur le fait qu'il ne bougerait pas à Powell, Powell est le meilleur
07:26ennemi de Donald Trump et il ne pourrait pas se passer de Jérôme Powell, je suis
07:30sûr, à la tête de la réserve fédérale américaine.
07:32Olivier, vos commentaires là, une semaine après le résultat de l'élection, et puis
07:35surtout, venons-en à la dynamique de marché, pourquoi on continue d'en parler aujourd'hui,
07:40parce que le dollar continue de s'apprécier, ça a été quand même un mouvement d'une
07:43violence assez spectaculaire.
07:45Oui, moi je crois que, enfin, je vous rejoins sur le fait que je pense qu'il est plus préparé
07:50qu'il va aller très vite, et je pense que ce qu'il a appris aussi sur son premier mandat
07:53c'est que ça allait très très vite et que ça passait très vite, et il a dit qu'il
07:56était beaucoup plus préparé face à ce qu'il avait eu l'état profond et que du
07:59coup son plan est en marche.
08:00Je ne me ferai pas avoir une deuxième fois.
08:02Exactement, et donc je pense qu'effectivement ça va aller relativement vite, les marchés
08:06d'ailleurs se sont comportés à peu près comme on pouvait les attendre, contrairement
08:10à 2016 où si on avait eu avant le résultat de l'élection, je pense qu'on aurait tous
08:14perdu en termes de performance puisque les marchés se sont comportés complètement différemment
08:18par rapport au scénario qui était prévu au cas où Donald Trump serait élu, là,
08:22les marchés se comportent exactement comme ce qu'on attendait, que ce soit la hausse
08:25du dollar, la hausse des marchés, la hausse des marchés actions et encore plus américaines,
08:29la hausse des small et mid-cap, la hausse des bitcoins aussi, enfin tout se passe exactement
08:34comme ce qu'on pouvait anticiper, on coche toutes les cases, donc le marché achète effectivement
08:39que Trump fera ce qu'il a dit et avec une lisibilité un peu plus grande, peut-être
08:44que l'analyse qu'on pourrait avoir avec un petit peu peut-être d'optimisme, c'est
08:48qu'en disant qu'effectivement comme là il a coché aussi toutes les cases, qu'il
08:50a fait le tiercé, même s'il n'a pas autant d'avance que ça sur tous les niveaux,
08:56il a quand même tout coché, il a un vrai pélébiscite au niveau de l'élection, peut-être
09:00qu'il ira moins loin dans ce qu'il réclame, c'est-à-dire que moi je pense que c'est
09:04vraiment un pragmatique premier et que c'est un négociateur, que c'est toujours comme
09:08ça qu'il a fait ses affaires et que lorsqu'il veut essayer d'avoir 100, s'il se dit j'ai
09:12de grandes chances d'avoir 100, il n'est pas obligé de demander 200 comme c'est ce
09:15qu'il faisait avant et peut-être qu'on aura des choses un peu plus lisibles aussi
09:18parce qu'en face les négociations iront plus vite en se disant de toute façon là
09:22il sera suivi et on aura peut-être un peu moins de volte-face comme on a pu en connaître
09:27mais après je pense qu'il va très très vite en se disant potentiellement j'ai que
09:30deux ans et je pense que c'est ce que les marchés aussi montrent là aujourd'hui et
09:35achètent en fait au niveau des performances.
09:37Et typiquement le dollar, ça va jusqu'où, ça s'arrête quand ? Et pour combien de
09:45temps les US versus le reste du monde ? Et quand je disais hier que le reste du monde
09:51ne profitait pas des Trump 13, non seulement ils n'en profitent pas mais ça fait partie
09:54des anti-Trump 13, le reste du monde souffre sur les marchés j'entends de l'arrivée
10:00de Trump.
10:01Oui c'est la vraie question surtout qu'il a été aussi, il veut un dollar faible alors
10:04ça c'est étonnant parce qu'il a quand même une politique qui va forcer le dollar
10:07à monter a priori donc en même temps il veut le dollar faible.
10:09Tu as demandé à Jerome Powell de baisser les taux c'est ça ? Non mais ça va être
10:12le match Powell-Trump dès le départ ? Il a toujours demandé à Jerome Powell de baisser
10:17les taux et si on se souvient il a commencé par les monter et après un déjeuner on ne
10:21sait pas ce qu'il s'est exactement dit, il a fini par changer de politique Jerome Powell
10:23et commencer à baisser les taux mais il a toujours demandé à baisser les taux à un
10:26moment où économiquement on se disait mais pourquoi baisser les taux vu le niveau de
10:29chômage à l'époque et ainsi de suite mais il a toujours demandé à Jerome Powell de
10:32baisser les taux donc a priori il fera la même chose mais il y a vraiment cette question
10:36effectivement sur le dollar, il y a cette question aussi, on ouvrira certainement sur
10:39la zone euro puisque c'est a priori la zone euro qui est une des zones qui souffle le
10:42plus aussi et les marchés aussi. Et l'euro dollar on est le reflet. Donc à quel moment
10:49ça s'arrête effectivement et on parle souvent de contre-pouvoir les marchés aussi seront
10:53certainement et peut-être le contre-pouvoir le plus important pour Donald Trump puisqu'il
10:57est quand même pragmatique et qu'à un moment il l'écoutera certainement aussi, il sera
11:01obligé d'écouter ce que disent les marchés, il est obligé d'être dans une économie.
11:05Il a des KPI assez simples Trump, alors il n'est plus sur Twitter aujourd'hui mais c'était
11:10le Dow Jones, je me souviens, chaque record du Dow Jones on aurait droit à une fuite
11:14de Trump, ça va être le taux de chômage, sans doute l'inflation également puisque
11:17ça fait partie quand même de la promesse électorale d'un Donald Trump de dire que
11:21Joe Biden n'a pas fait le job et que lui le fera sur le front de l'inflation. On verra
11:24comment tout ça n'est pas trop contradictoire avec son agenda économique. Sur les corrélations
11:29de marché là, qu'est-ce que vous observez depuis une semaine Raphaël ? On a l'impression
11:32que tout a été cassé en termes de corrélation entre, encore une fois, les actifs américains
11:37et le reste du monde. Il y a eu cette séance là cette semaine où l'Europe ouvra plus
11:41d'eux, finit à moins trois, c'est-à-dire quand le marché américain lui continue de
11:45prendre un ou deux pour cent, je ne sais plus, sur cette même journée. Non, on peut parler
11:49de dislocation, je crois que la sous-performance sur l'année du marché européen vis-à-vis
11:54du marché américain est la plus large depuis 1995. D'accord. Donc on est effectivement
12:00sur une sous-performance historique. Évidemment, aujourd'hui, les investisseurs se positionnent
12:04sur ce nouveau cycle économique régalien qui s'ouvre à nous, la combinaison d'une
12:10dérégulation, déréglementation d'une part et de baisse d'impôt. C'est vrai que ça,
12:14c'est traditionnellement un cocktail plutôt favorable aux entreprises, ça donne envie
12:17d'aller s'exposer. On voit des projections de croissance des bénéfices assez optimistes
12:22à la suite de cette élection. D'un autre côté, on arrive peut-être dans un second
12:27temps de marché aujourd'hui où on commence à s'interroger sur la dynamique des taux
12:33d'intérêt. Évidemment, dans quelle mesure cette dynamique haussière, on parle de 80
12:38points de base sur le 10 ans américain depuis septembre, elle pourrait casser le rallye.
12:42Il y a une inquiétude, vous l'avez bien dit en introduction, on a clairement une réaction
12:46de marché très différente sur le marché obligataire. Et ça, c'est une vraie inquiétude
12:52liée évidemment à la dynamique d'inflation. Attention à ces fameux droits de douane.
12:56Une fois qu'on en saura plus, est-ce que là, potentiellement, on a un catalyseur aussi.
13:00Et puis sur la dynamique qu'on va voir sur les déficits par ailleurs, à notre inquiétude
13:05de marché, un débat complètement absent des conversations politiques aujourd'hui
13:10aux Etats-Unis, cette dynamique de déficit. Pas nécessairement qu'ils sont trop élevés
13:14là où ils sont, mais que la trajectoire n'est pas soutenable. Donc là, on commence un petit
13:18peu à pivoter en termes de conversation. Les gains d'exubérance effectivement sont
13:23derrière nous ou en tout cas ont été très significatifs jusqu'à présent. La deuxième
13:27question qui va se poser, c'est quelle va être la réalité de ce programme économique
13:31et quel sera l'impact sur les taux d'intérêt. Le marché obligataire commence à donner
13:35un début de réponse quand même à cette affaire. S'il y a eu effectivement dans les
13:4080 points de base de remontée des taux, il y a peut-être des données économiques qui
13:44plaident pour une résilience toujours un peu plus forte de l'économie américaine.
13:48Puis il y a eu aussi le risque Trump qui est venu s'ajouter ou en tout cas qui fait partie
13:53de ces 80 points de base de hausse de taux, j'imagine, Raphaël.
13:56Absolument, il est là et d'ailleurs on peut estimer qu'avant l'élection et même jusqu'à
14:01présent, ces dernières semaines, il y a eu quand même une certaine forme de décorrélation
14:05entre le mouvement des taux d'intérêt d'une part et l'analyse macro, les chiffres macro,
14:10les chiffres de l'inflation qui ont été robustes mais qui ne justifiaient pas un repricing de la
14:14sorte qui a été massif. Donc là, on le voit sans le mesurer, on voit l'effet Trump. Et
14:19effectivement, c'est le risque numéro un de marché. Jusqu'à où ? Jusqu'à quand le marché peut-il
14:25absorber des taux plus élevés ? Il y a une problématique évidemment de financement d'économie.
14:28On parle beaucoup aux États-Unis des taux hypothécaires. Ça, ça impacte l'économie
14:33réelle. Mais évidemment aussi une dimension valorisation. On a beaucoup de discussions
14:39sur le niveau du 10 ans au-dessus duquel les valorisations vont commencer à secouer. Est-ce
14:43que c'est à 4,60, à 5 ou à 5,20 ? Personne ne sait. Mais clairement, on arrive sur des points
14:48de tension. Donc effectivement, une belle exubérance sur les premiers jours. On commence à se poser
14:53des questions compliquées. On commence à mettre les contradictions du programme économique en face
14:58du mouvement de marché. Et les questions se posent. Ça va être le marché obligataire contre Trump ou
15:02face à Trump en tout cas, Samy. C'est comme ça qu'il y aura une vraie conversation, si je puis
15:09dire, entre le marché obligataire et l'agenda économique de Donald Trump. Est-ce qu'on va jusqu'à
15:13imaginer le retour d'une forme de bond vigilantes, comme on dit, sur le sujet américain spécifiquement ?
15:21Première puissance économique mondiale, les porte-avions, tout ça, l'exceptionalisme. Est-ce
15:28que le marché obligataire peut s'attaquer à une Amérique Trumpiste ? C'est un peu prématuré.
15:33On a des signes de marché qui sont cohérents. Raphaël a raison. Il ne faut pas que ça aille trop
15:37trop loin. Il a parlé de 4,80, peut-être 5,20. On a eu 5, c'est ça, au plus haut sur le 10 ans, octobre 22, 23.
15:45Exact. Aujourd'hui, la croissance nominale américaine va quand même prendre un boost. Donc on a plus de
15:50vélocité dans l'économie américaine. C'est normal d'avoir une courbe qui s'installe un peu plus haut.
15:54Il ne faut pas que ça aille trop loin. Mais enfin, le mouvement ne me paraît pas complètement incohérent
15:59avec ce qui se passe. Moi, c'est l'autre côté du trade qui m'inquiète. C'est qu'en Europe, pour le coup,
16:04on n'a pas eu un énorme repricing. Je trouve que les attentes de la BCE sont encore très élevées.
16:09Si on considère ce qui peut arriver à l'Europe, si vraiment ils se font mettre la pression, si vraiment
16:13il y a des tarifs, la trajectoire et de l'inflation et de la croissance européenne pourraient dire que les
16:18taux de la BCE passent à 1,5 ou sous les 1,5. Or, aujourd'hui, le marché, il est toujours entre 1,5 et 2.
16:24Donc quand on parle d'euros-dollars, peut-être qu'on peut aller plus bas. Pas forcément parce que la jambe
16:28américaine va encore se repricer, mais parce que la jambe européenne, elle, doit intégrer un peu plus de
16:33vulnérabilité et donc on voit l'euros-dollars encore un peu plus bas.
16:36Pour vous, une administration Trump telle qu'on la conçoit aujourd'hui, c'est une fête sans doute un peu plus
16:42sur la réserve, sur la retenue à partir d'un certain stade, mais ça impliquerait pour vous une BCE plus
16:47accommodante que ce que le marché anticipe aujourd'hui. C'est ce sens-là ?
16:51On va avoir une croissance nominale américaine probablement autour des 5. Si on a une courbe des taux
16:57qui s'installe autour de 4,5, 4,4,5 entre la partie courte et la partie longue, ça me paraît assez
17:03consistent. En revanche, si on fait le même exercice pour l'Europe, 2% de taux pour la BCE, c'est beaucoup trop.
17:10Qu'est-ce que ça implique pour vous, côté européen, et pour la Banque Centrale Européenne, Olivier ?
17:15Et pourquoi le marché n'achète pas encore l'idée d'un taux de dépôt terminal qui serait peut-être plus à un et demi,
17:21voire en dessous, qu'à deux aujourd'hui ?
17:24Moi, ce qui m'a beaucoup surpris, vous avez parlé de décor à l'Asie, effectivement, entre les Etats-Unis et le reste du monde.
17:28Alors, sur les marchés actions, on le voit bien en termes de performance, notamment sur l'Europe.
17:31Ce qui m'a beaucoup surpris sur le jour de l'annonce de l'élection des résultats, et j'aime bien observer ces moments-là,
17:37parce que c'est un peu la réaction des esprits animaux, quoi, bien sûr, de la première intention.
17:42Après le marché réflexion, c'est la première intention.
17:44On a effectivement vu des taux dix ans US qui ont pris un peu plus de 20 points de base sur la journée,
17:49donc ça, on comprenait très bien. Moi, ce qui m'a surpris, c'est que le CMS dix ans a fini la journée en perdant
17:54un ou deux points de base, quelque chose comme ça. Et c'est là où j'ai du mal à comprendre ce que le marché
17:59C'est-à-dire que pourquoi est-ce que les taux dix ans ont monté ?
18:01Est-ce que c'est vraiment sur un perspective de croissance ou plus une crainte inflationniste ?
18:05Moi, je pense que c'est plutôt une crainte inflationniste qui a fait monter les taux dix ans relativement rapidement.
18:09Et dans ce cadre-là, pourquoi les taux européens sont restés, et même, ce qui est relativement rare,
18:16globalement, les taux vont dans le même sens, pas avec la même amplitude, mais sont restés plutôt à la baisse,
18:21alors qu'on sait bien que si jamais il met en place effectivement tout son programme, avec la tarification douanière notamment,
18:27et sa politique inflationniste, on l'aura aussi en Europe, on l'aura peut-être même plus,
18:31parce qu'au fur et à mesure que l'euro va baisser, on importe quand même de l'énergie,
18:35et donc ça va aussi lier un petit peu plus les mains de la Banque Centrale Européenne.
18:40Et Christine Lagarde l'avait dit en disant « Attention, si les économies se referment, c'est inflationniste et ce n'est pas bon pour la croissance ».
18:44Et, en revanche, les taux continuèrent. Effectivement, on s'inquiète tous sur la capacité de l'activité économique européenne
18:53de rester positive et de ne pas partir en récession, c'est peut-être un coût supplémentaire.
18:56Mais ce côté inflationniste-là, s'il commence à être pricé sur les marchés,
19:01il devrait être aussi, à mon sens, pricé un peu plus au niveau de la zone euro,
19:04parce qu'effectivement, moi je suis tout à fait d'accord, la Banque Centrale, normalement, devrait beaucoup plus s'accompagner,
19:10devra accélérer sur sa baisse des taux, contrairement à la Fed.
19:13Après, est-ce qu'elle le fera ? C'est toujours la vraie question entre ce qu'elle devrait faire,
19:18est-ce qu'elle se sent capable de faire, ou ce pourquoi elle...
19:21On revient à l'idée que la BCE peut avoir du mal, à un certain point en tout cas,
19:25à se désolidariser complètement de la politique monétaire menée par la Fed.
19:29C'est le débat qu'on avait au début de l'été, peut-elle y aller toute seule, en premier, etc.
19:34Et rappelez-vous, quand les banques centrales ont commencé à monter les taux pour lutter contre l'inflation,
19:38qui ne devait être que transitoire et qui finalement était là pour durer,
19:41l'analyse quand même consensuelle était de dire « on comprend très bien pourquoi la Fed le fait,
19:45il y a un problème de consommation trop important du tout ».
19:47Côté européen, ce n'est pas la même histoire, c'est vraiment un choc énergétique,
19:51et le fait de monter les taux au niveau de la zone euro ne va pas faire baisser le prix.
19:57Donc c'était vraiment pour suivre, et ce pigétage de devises.
20:00Et moi, c'est vraiment l'information, et on le voit depuis mi-septembre environ,
20:04lorsque les taux américains ont commencé vraiment à monter, ce n'est pas le cas,
20:08les taux européens sont en baisse sur la même période.
20:11Je trouve que c'est une vraie question à se poser,
20:14alors peut-être qu'on price uniquement de la croissance côté américain,
20:17et c'est ce qui expliquerait ça,
20:18mais je pense qu'on price aussi pas mal d'inflation et de risques d'inflation en tout cas.
20:23Trump, dans quelle mesure est-ce que ça rend encore plus complexe
20:26le casse-tête pour la Banque Centrale Européenne aujourd'hui ?
20:29Et puis, évoquons les cartes de l'Europe face à une administration Trump.
20:37Je n'oserais pas dire qu'on a eu le temps de s'y préparer, mais quand même.
20:40Normalement, c'est quelque chose qu'on a vu arriver dans le radar.
20:45Parfois, quand c'est trop gros, c'est peut-être ça le problème,
20:50c'est que l'éléphant est peut-être trop gros dans la pièce.
20:52Effectivement, on sait que c'est très impactant pour l'économie européenne,
20:56les perspectives de bénéfice des entreprises, il y a plein de mesures qui se font.
21:01Si vous regardez le pourcentage des chiffres d'affaires générés avec les Etats-Unis
21:06pour les entreprises européennes, MSCI Europe, c'est 25%, donc clairement, on va souffrir.
21:12Après, si vous soulevez le capot, que vous enlevez les services qui ne seront pas concernés par les droits de douane,
21:18si vous enlevez tous les biens qui sont produits et vendus aux Etats-Unis,
21:22pas concernés non plus, et que vous réfléchissez à ce qui reste,
21:27finalement, peut-être qu'on est sur un impact qui sera un peu plus raisonnable qu'attendu.
21:33Certains parlent de 2-3% des chiffres d'affaires concernés.
21:36Ce n'est pas rien, mais ça peut être absorbé.
21:38Pourquoi je dis ça ? C'est qu'aujourd'hui, on est sur une négativité maximale sur l'Europe.
21:43On est tous très inquiets.
21:44Tous les clients sont sous-pondérés.
21:46Les investisseurs ont désinvesti.
21:48On a vu un rebalancement aussi à la suite de l'élection de Trump.
21:52Et on peut estimer que peut-être qu'il y a aujourd'hui dans les prix,
21:56après, encore une fois, la plus grosse sous-performance depuis 1995,
21:59beaucoup de la négativité ambiante.
22:02Peut-être que les droits de douane sont, dans une certaine mesure, une position de négociation.
22:07Peut-être qu'il y aura des exemptions.
22:08Ça avait été le cas la dernière fois.
22:10Peut-être qu'ils seront moins impactants qu'attendu.
22:12Ça, c'est une première chose.
22:14Et puis, même si vous regardez l'ensemble européen,
22:16beaucoup des vents contraires, les vents mauvais qui attaquent l'Europe
22:21pourraient pivoter sur l'année à venir.
22:24Exemple ?
22:24La Chine.
22:26On a le droit d'être sceptique sur le stimulus,
22:28mais on a un petit air de quoi qu'il en coûte, quand même, dans ce qui se passe en Chine.
22:32Les plus optimistes vous diront que les dernières données chinoises
22:35ont été plutôt meilleures qu'attendues.
22:38Bon, c'est un peu tôt pour se réjouir,
22:40mais ce vent négatif chinois, il a le droit de pivoter aussi à un moment.
22:44Et alors là, ça serait un vent très positif pour les actifs européens.
22:48On constate aussi que, dans une certaine mesure,
22:51l'Europe est un peu plus avancée dans le cycle.
22:52En tout cas, que la croissance pourrait montrer une certaine forme de rebond.
22:56Le sens des indicateurs est en train de pivoter.
23:00Je ne nie pas les problématiques structurelles, le déficit de competitivité.
23:03C'est un petit vent conjoncturel porteur.
23:05Mais en termes de positionnement,
23:06à un moment où l'Europe n'a jamais été aussi peu chère qu'aux Etats-Unis,
23:10en termes de valeurs, en relatifs,
23:12on a quand même envie d'être un petit peu contrariant, de se repositionner.
23:16Et puis peut-être, pardonnez mon optimisme Béat,
23:19d'imaginer que face à cette crise,
23:22à cette menace existentielle,
23:24une fois de plus, à la dernière minute, comme d'habitude,
23:28les Européens sauront se réunir
23:30pour actionner peut-être un renouveau.
23:33Et ces derniers jours, ces dernières semaines,
23:36on commence à avoir des conversations sur le moteur franco-allemand,
23:39une construction de consensus sur certaines thématiques,
23:42la compétitivité est dans toutes les bouches,
23:44l'union des marchés de capitaux, la transition énergétique,
23:48un projet industriel.
23:49On entend beaucoup le mot Airbus en ce moment prononcé.
23:51Le Airbus de ?
23:52Quel est le prochain Airbus ?
23:53Avec peut-être une volonté d'agir.
23:57Non mais c'est notre séquence à l'européenne.
23:59Non mais c'est bien, on a connu ça,
24:01on sait comment ça fonctionne et on n'est pas naïf non plus.
24:03Mais vous dites, il y a quand même, il y a des ressources en Europe.
24:07Il ne faut pas l'oublier non plus.
24:08Et les valeaux, les prix de marché intègrent aussi,
24:12peut-être comme vous dites, beaucoup de pessimisme de ce point de vue-là.
24:14Et levons la tête deux minutes, sortons de la spirale ambiante.
24:18Pour l'investisseur long terme,
24:20être contrariant à un moment où les vents pourraient tourner,
24:23c'est souvent le meilleur moment pour se positionner.
24:25Moi j'achète l'optimisme sur l'Europe.
24:27Non mais blague à part,
24:29il y a une nouvelle commission qui s'installe.
24:31Il y a quand même sur le plan politique,
24:33alors bon, avec des résultats parfois compliqués,
24:37mais en tout cas des calendriers qui s'accélèrent.
24:40On l'a vu en France, ça va arriver en Allemagne.
24:43Est-ce que déjà c'est un paysage politique qui permet d'imaginer
24:47effectivement une réponse, une réaction,
24:50quelque chose qui nous pousserait vers un peu plus d'intégration à nouveau ?
24:54Si c'est le chemin ou en tout cas la bonne réponse
24:57à apporter dans le monde tel qu'il est destiné aujourd'hui ?
25:00On est dans un jeu de poker économique.
25:04Et on a des Américains qui quasiment viennent de faire un all-in.
25:07Et il fallait le dire, nous on a des cartes en Europe qui ne sont pas mauvaises.
25:11On a quand même un gros marché domestique.
25:13L'inflation a baissé sous le niveau des revenus.
25:16On a donc une croissance des revenus réels qui revient.
25:18Un pouvoir d'achat qui est là. Les ventes aux détails ne sont pas mauvaises.
25:21La BCE va baisser les taux, peut-être mieux.
25:22Même l'euro, ce sera bien pour les entreprises.
25:25Mais à un moment, ça va se compter sur combien on met de billes
25:27sur la table.
25:28Peut-être que les Allemands vont se détendre un peu.
25:30Et qu'après les élections, ils vont se dire, nous aussi, on peut faire un peu de all-in.
25:34Mais il va falloir quand même attendre le signal.
25:36C'est qu'à partir du moment où on refuse de mettre les pièces sur la table,
25:40il est très probable qu'on risque de perdre la partie.
25:44Et donc on va être très sensible à si ces pièces-là vont être mises sur la table.
25:47Est-ce qu'on voit des indications que peut-être,
25:50sur certains secteurs stratégiques, l'Europe arrive à se mettre ensemble,
25:53à mettre de côté un certain dogmatisme ?
25:58Sans ces signaux-là, le sentiment, c'est qu'on a quelqu'un de très agressif en face
26:03qui a mis le paquet sur la table.
26:05Et nous, on n'a encore une fois pas des mauvaises cartes.
26:08On a même des jetons.
26:10Mais on se réfrène un petit peu à les utiliser.
26:12Et donc du coup, on risque de perdre la partie.
26:14Et sur l'Allemagne, qu'est-ce que vous dites ?
26:16Parce que c'est vrai qu'en première intention, là aussi,
26:18quand on a vu la réaction de marché sur l'annonce ou la possibilité
26:22ou la spéculation d'une élection anticipée,
26:25on a eu l'impression, on a vu les rendements allemands,
26:28là, se tendre un petit peu, je crois,
26:30avec l'idée qu'a pu avoir le marché de se dire
26:34élection d'Allemagne, égal, on va ouvrir les cordons de la bourse
26:38et ça y est, la flexibilité budgétaire va arriver également en Allemagne.
26:42C'est un espoir solide ou c'est...
26:44Non, c'est un espoir très maigre.
26:46La CDU, on la connaît, elle domine aujourd'hui.
26:49Elle ne fait absolument pas programme.
26:52Ah non, ce n'est pas l'élaxisme budgétaire.
26:54Voilà, sur des plans d'investissement
26:56où elle serait en train de céder certaines choses.
26:58Ils ont compris que l'enjeu de cette élection,
27:00ça allait être ça, quand même, j'imagine.
27:02Oui, mais enfin, ils y vont avec une certaine parcimonie,
27:04peut-être à la chinoise, là-dessus, alors peut-être qu'ils nous réservent
27:06de bonnes surprises, mais en tout cas, aujourd'hui,
27:08ils sont très prudents. Il y a un débat,
27:10ça, c'est très vrai. D'ailleurs, ce débat,
27:12il a quand même amené à la dissolution de la coalition en Allemagne.
27:15Donc, il y a débat, mais il n'y a personne
27:17qui prend vraiment la décision de dire, écoutez,
27:19on va se mettre au niveau, on va aller faire un all-in,
27:21nous aussi, on va mettre des vrais billes
27:23sur la table, parce qu'on a besoin d'amener
27:25de la vélocité à cette économie européenne.
27:27Et puis, il va falloir céder
27:29sur un certain nombre de choses. On avait cette discussion
27:31sur la fusion
27:33commerçante et une crédite.
27:35Et je n'ai pas l'impression
27:37que la CDU soit très en faveur de cette fusion.
27:39Mais visiblement, c'est les seuls.
27:41Je veux dire, visiblement, tout le reste de l'Europe
27:43est en train de leur dire, il faut le faire.
27:45Non, mais, on revient...
27:48Il n'y a que leur opinion qui compte.
27:50C'est chez eux.
27:52On arrivera à les convaincre
27:54de relâcher un petit peu le dogmatisme.
27:56On verra. Mais c'est le genre de petits signaux
27:58qu'on a besoin de voir pour se dire,
28:00tiens, ma sous-performance européenne,
28:02peut-être qu'elle a des limites.
28:04Dans le contexte actuel,
28:06si Unicredit Commerce
28:08est validé, finalisé, fusionné,
28:10je pense même que ce serait plus qu'un petit signal.
28:12Je pense que là, pour le coup, oui,
28:14ce serait un premier test, une première heure de vérité
28:16importante pour les Européens.
28:18Qu'est-ce qui vous intéresse
28:20en Europe ? Là, on a parlé de la BCE.
28:22Olivier,
28:24on attend une réaction
28:26politique. Et puis, parlons aussi
28:28un peu marché et stratégie d'investissement.
28:30Est-ce qu'il est intéressant
28:32de se pousser à être un peu plus
28:34optimiste sur l'Europe aujourd'hui ?
28:36Est-ce que c'est un moment intéressant de ce point de vue-là ?
28:38Ou est-ce que ça reste encore à démontrer ?
28:40Moi, je pense que ça reste encore à démontrer,
28:42malheureusement. Et c'est vrai que...
28:44Je rejoins tout à fait Raphaël sur l'analyse,
28:46mais ça me fait vraiment penser au discours qu'on a depuis longtemps
28:48sur la Chine aussi, en disant qu'en termes de valorisation,
28:50c'est quand même très très bas. Et ça me fait penser
28:52à Donald Trump qui a qualifié l'Europe pendant sa campagne
28:54de mini-Chine. Et c'est vrai qu'on a l'impression...
28:56Il dit une coalition. Il parle de nous comme d'une coalition.
28:58Et je pense qu'il dit
29:00aussi qu'il nous a oubliés sur son premier mandat
29:02et que là, du coup, il pense à nous potentiellement
29:04pour s'occuper de nous. Mais c'est vrai qu'on a
29:06vraiment l'impression... Alors, je pense que
29:08on est encore investissable, contrairement à la Chine,
29:10pour beaucoup d'investisseurs. Donc ça change.
29:12Oui, pour même des raisons qui sont opposées
29:14à ce qui rend la Chine ininvestissable.
29:16Effectivement, on se demande à quel moment
29:18va s'arrêter cet écart
29:20de valorisation qu'on peut voir.
29:22Mais le vrai argument aujourd'hui, avant d'avoir
29:24vraiment un signal comme quoi la situation
29:26changerait, l'état d'esprit changerait, c'est de se dire
29:28que la valorisation est quand même très très basse.
29:30Et la valorisation finit par avoir raison,
29:32mais la question est toujours de savoir quand.
29:34Et pour moi, c'est encore un petit peu tôt
29:36pour vraiment se positionner là.
29:38Moi, je comprends pourquoi les valorisations baissent
29:40en Europe et je comprends pourquoi, globalement,
29:42on s'inquiète de ce qui sera effectivement fait.
29:44Et donc, je pense que c'est un peu tôt.
29:46Moi, ce qui m'inquiète vraiment,
29:48c'est qu'on avait déjà un marché
29:50qui voyait vraiment le bon côté
29:52de tout et on avait du mal à trouver des scénarios
29:54un petit peu alternatifs et avoir l'impression
29:56que le marché pricait aussi des scénarios alternatifs.
29:58On avait l'impression que ces scénarios alternatifs, finalement,
30:00au fur et à mesure du temps, disparaissaient.
30:02Et là, c'est vrai qu'on a vraiment l'impression,
30:04lorsqu'on lit et lorsqu'on regarde un peu
30:06toutes les publications, de voir que personne
30:08n'est positif pour la zone euro.
30:10Et donc, on le sait bien, quand tous les investisseurs
30:12sont dans le même sens, c'est effectivement le bon moment.
30:14Moi, ça me paraît encore un petit peu tôt
30:16parce que je pense que ce qu'on voit là
30:18va continuer au moins jusqu'à la fin de l'année.
30:20On va attendre de voir vraiment l'administration
30:22se mettre en place et voir comment
30:24les directions vont se poser. Effectivement, je pense
30:26que c'est une bonne nouvelle qu'il y ait des élections en Allemagne
30:28en espérant qu'elles se passent bien.
30:30Mais ça ne servait à rien d'attendre trop.
30:32Et si on veut avoir un réveil,
30:34plutôt le réveil sera,
30:36et mieux ce sera.
30:38Et effectivement, le bon côté, c'est qu'on a vu
30:40historiquement que c'est vraiment quand l'Europe
30:42est dos au mur et doit vraiment
30:44se relever qu'on fait des avancées
30:46très rapides. Donc, on peut espérer qu'effectivement
30:48on aura des avancées là.
30:50Là, vraiment, en termes de dynamique de marché, ça me paraît
30:52encore un petit peu tôt. C'est à surveiller.
30:54Et effectivement, la fusion Unicredit-Commerce Bank
30:56peut être un signal
30:58avant de croire.
31:00J'ai du mal, là, à voir, à être complètement optimiste.
31:02Et pourtant, je cherche.
31:04Oui, oui, on cherche des bonnes nouvelles
31:06sur l'Europe. L'autre bonne nouvelle,
31:08c'était, là, en début de semaine, les fonds de cohésion
31:10qui sont destinés, d'habitude, à réduire
31:12les inégalités
31:14en Europe. Ce sont des fonds qui sont accordés
31:16à chaque Etat membre. Il y avait
31:18390 milliards de stocks. Seuls 5%
31:20des fonds de cohésion ont été tirés
31:22sur 2021-2027,
31:24sur cette enveloppe,
31:26sur cette période. Bon, Bruxelles
31:28offre de la flexibilité, désormais, aux Etats membres
31:30pour utiliser ces dotations
31:32et ces fonds
31:34vers des usages, notamment, de financements
31:36de l'industrie, de la défense. Voilà.
31:38Donc, il y a quand même aussi des choses qui se passent,
31:40qui ne font pas forcément les gros titres, mais qui...
31:42On parlait d'argent, ce n'en est très lujeur.
31:44De vrai argent, là, il y a quand même du vrai argent
31:46qui peut être mis à disposition pour des sujets
31:48de souveraineté, en l'occurrence.
31:50Je me tourne vers vous, Raphaël.
31:52Non, mais sur le timing,
31:54je comprends que le momentum n'est pas
31:56favorable, aujourd'hui, pour les actifs
31:58européens. Trump emporte tout,
32:00etc. Mais, dans un second temps,
32:02vous êtes convaincu, effectivement,
32:04qu'il y aura un réveil
32:06et une manière de regarder l'Europe
32:08peut-être différente, sur des sujets
32:10clés, de la souveraineté, par exemple.
32:12Oui, absolument.
32:14Cette thématique de la souveraineté nous intéresse
32:16et c'est, effectivement, dans notre façon d'investir
32:18en Europe, autour de cette thématique qu'on va
32:20investir, l'idée étant que
32:22sur certains secteurs précis,
32:24liés à cette idée de résilience,
32:26d'autonomie, d'indépendance,
32:28on voit, et
32:30on va voir, des montants de capitaux
32:32assez faramineux être déployés
32:34en Europe, à travers
32:36des plans qui existent déjà,
32:38et d'autres plans qui sont aujourd'hui discutés.
32:40On parle, évidemment, de la défense et des augmentations
32:42du budget de la défense. Là, on a
32:44une vraie méga-tendance en
32:46devenir, avec des acteurs européens
32:48de très belle qualité,
32:50plutôt sous-valorisés, comparé à certains de leurs
32:52copains transatlantiques,
32:54qui doivent pouvoir bénéficier de cette tendance.
32:56On peut parler de Dassault, de Rheinmetall,
32:58de Thalès, des très belles valeurs
33:00sur lesquelles on peut imaginer qu'ils
33:02puissent bénéficier de ces
33:04plans de déploiement. On va parler de la
33:06tech, la tech c'est un sujet dramatique
33:08en Europe, avec aussi une certaine
33:10forme de prise de conscience, et il y a
33:12quelques acteurs intéressants, tout le monde pensera
33:14à SML et à d'autres.
33:16On va parler de la santé, de la pharma,
33:1880% des
33:20ingrédients pharmaceutiques utilisés
33:22dans la fabrication de médicaments en Europe
33:24viennent de l'étranger, de Chine et d'Inde.
33:26On a vu ce que ça donne au moment du Covid.
33:28Là aussi, il y a une volonté de se rendre
33:30plus résilient, plus indépendant,
33:32et des grands acteurs européens à accompagner.
33:34Bref, je ne vais pas vous faire un inventaire...
33:36Non, mais quand on est capable de s'extraire un peu du
33:38code postal un peu global, oui, il y a
33:40quand même des boîtes, des sujets, des
33:42secteurs qui peuvent être porteurs aujourd'hui
33:44en Europe. Et là, on parle beaucoup
33:46d'allocations, mais si vous regardez ces entreprises
33:48une à une, vous faites le travail
33:50d'analyse fondamentale,
33:52vous regardez sur des critères très exigeants
33:54de qualité, de taux de marge,
33:56de perspectives de croissance, de qualité
33:58du management, de barrières à l'entrée,
34:00et j'en passe, vous vous retravaillez avec
34:02des entreprises extraordinaires qui ont
34:04beaucoup souffert récemment.
34:06On peut parler du luxe, on peut parler d'ASML,
34:08on peut parler même sur
34:10certaines entreprises de défense.
34:12Donc là, on se dit que même
34:14sans faire nécessairement cette approche macro,
34:16pour un investisseur discipliné
34:18qui cherche à faire de la sélection d'honneur,
34:20il y a beaucoup de candidats.
34:22Et je vais même aller plus loin dans l'analyse.
34:24Nous, c'est ce qu'on fait chez TKO,
34:26on fait de l'analyse bottom-up, on regarde les entreprises
34:28qu'on juge sur des critères
34:30de qualité, on met très longtemps à les
34:32comprendre, à les analyser, et puis on y va
34:34quand les valeurs nous semblent raisonnables.
34:36On n'a pas inventé le fil
34:38à côté de l'heure.
34:40Si vous faites cet exercice,
34:42vous ne trouverez rien aux US.
34:44Tout est trop cher.
34:45La prime de risque des actions américaines est négative
34:47aujourd'hui. Tout est trop cher.
34:49Après, on a le droit de dire
34:51mais attendez, non, mais finalement,
34:53on va parier sur le fait que.
34:55Mais si vous faites l'exercice discipliné,
34:57il est pré-raisonnable,
34:59vous n'investissez pas aux US.
35:01Donc voilà, c'est pour ça que je parle,
35:03encore une fois, évidemment, il faut être exposé
35:05aux Etats-Unis, évidemment,
35:07le réservoir de croissance,
35:09de performance, il est aux Etats-Unis.
35:11En revanche, être
35:13un petit peu contrariant, réserver
35:15une partie de son éducation sur l'Europe
35:17et garder en tête que c'est
35:19un puits économique
35:21incontournable aux Etats-Unis,
35:23dans le monde, pour des gens
35:25qui souhaitent se désensibiliser aux Etats-Unis.
35:27Tout ça fait qu'on garde un oeil
35:29quand même attentif sur cette dynamique.
35:31Maintenant qu'on a levé une des dernières
35:33grandes inconnues de cette année 2024,
35:35on va pouvoir se projeter dans la période
35:37des perspectives 2025.
35:39Samir, je ne sais pas si c'est ce que vous avez le droit de nous dire.
35:41Je peux tout dire.
35:43C'est quoi le message de Lombard-Audier
35:45pour 2025 ?
35:47Il y a trois points
35:49qui font peut-être un peu consensus.
35:51Quand on se dit
35:53que l'élection est passée et qu'on se projette dans les 12 prochains
35:55mois et que j'essaie vraiment
35:57de ressortir les très grandes caractéristiques
35:59de ce qui peut
36:01définir un petit peu
36:03les prochains trimestres. L'expansion économique,
36:05elle continue, je pense qu'on est plutôt d'accord.
36:07OK, surperformance américaine, peut-être sous-performance
36:09allemande et quelques-uns
36:11au milieu, mais on est quand même dans une
36:13expansion économique qui continue. Moi, je ne vois pas de récession,
36:15je ne vois pas de stress dans les marchés de l'emploi,
36:17je ne vois pas de stress dans les bilans et les comptes de résultats.
36:19Donc, c'est quand même un facteur que je
36:21mettrais plutôt dans le camp du positif.
36:23Une inflation contenue, on a beaucoup
36:25fait le travail d'essayer de comprendre comment
36:27les tarifs américains pouvaient impacter
36:29l'inflation américaine. Ce n'est pas autant qu'on le pense.
36:31Alors, s'il met vraiment
36:3370 sur tout le monde, peut-être
36:35que l'inflation américaine va à 3,5.
36:37Mais si c'est un peu moins parce qu'il
36:39négocie et est un peu diffus dans le temps,
36:41l'inflation américaine va être entre 2,5
36:43et 2,8.
36:45On ne revient pas
36:47au choc d'or qu'on a pu connaître.
36:49Et puis, bien sûr, une inflation très contenue
36:51en Europe et ailleurs.
36:53Et donc, mon troisième point, c'est les banques centrales qui vont continuer
36:55de baisser les taux. Encore une fois, même
36:57divergence, moins aux Etats-Unis qu'en Europe.
36:59Nous, on a 4, comme
37:01taux escompté pour la Fed.
37:03Mais on est sous les 1,5.
37:05Sous les 1,5.
37:07Donc, voilà, on est dans un environnement
37:09qui me semble encore modérément
37:11sain. L'expansion économique,
37:13une inflation contenue, des banques centrales qui baissent
37:15les taux. Et puis, il y a ce facteur
37:17américain. Ou,
37:19jusqu'à preuve du contraire, si on a un grand
37:21réveillement, par exemple,
37:23qui devrait continuer de dominer. Mais c'est effectivement
37:25des perspectives qui me semblent
37:27modérément saines. – Ce n'est pas dans les prochains mois que vous voyez
37:29la fin de l'exceptionnalisme américain
37:31sous Trump. – Non, il n'y a pas de raison.
37:33En revanche, on pourrait avoir toujours
37:35cette posture américaine, mais quelque part
37:37une vraie réponse de la Chine, une vraie réponse
37:39de l'Europe. J'ai envie, moi aussi, de croire
37:41à l'optimisme qui est autour
37:43de cette table. Mais enfin, la dernière fois
37:45que l'Allemagne a été l'enfant malade de l'Europe,
37:47elle a mis quand même 10 à 15 ans
37:49pour aller vers les Hartz Réformes en 2003
37:51qui lui a permis d'être le champion
37:53de compétitivité qu'on a connu.
37:55Donc, est-ce que 2-3 ans, ça suffit ?
37:57On verra. – Le temps avec
37:59Trump s'accélère un peu, peut-être. On verra
38:01si c'est le cas également pour l'Allemagne.
38:03Olivier, sur le positionnement
38:05de marché, en tant que directeur
38:07des investissements d'Eumony, là, qu'est-ce qui vous intéresse
38:09aujourd'hui ? – Ce qui est intéressant sur l'Allemagne,
38:11c'est que lorsqu'on regarde aujourd'hui
38:13la qualité de la dette française, on a le réflexe
38:15de regarder le spread France-Allemagne
38:17et on a l'impression que ça tient, on est à 74,
38:19autour de 70 depuis un certain temps. Mais quand on le regarde
38:21France-Espagne, on se rend compte
38:23que finalement, le spread a augmenté. On est en train
38:25de se demander si, il ne faut pas changer
38:27en fait, le bon élève serait
38:29plus d'Allemagne. – Oui !
38:31– La logique cœur-semi-cœur
38:33périphérie, elle a été un peu bouleversée, oui.
38:35– Et donc voilà,
38:37c'est intéressant. Effectivement, l'Allemagne
38:39a un gros travail à faire aussi
38:41de réforme, et on le sait depuis
38:43le choc énergétique.
38:45Pour réagir
38:47un petit peu sur le côté
38:49inflationniste, il y a aussi un point qu'il ne faut pas oublier
38:51et ça, c'est aussi quand même une inconnue,
38:53c'est ce que décidera de faire Donald Trump
38:55sur le côté immigration.
38:57Et à quel point il redeviendra
38:59pragmatique ? Parce que si on l'écoute,
39:01effectivement, il va y avoir un problème
39:03de main-d'oeuvre important aux Etats-Unis.
39:05On a eu un problème sur le marché de l'emploi aussi
39:07post-Trump,
39:09parce qu'il a fallu trouver de la main-d'oeuvre.
39:11Et ça, ça peut avoir un impact quand même
39:13inflationniste. Alors, pas tout de suite, il faut
39:15un certain temps, mais assez important
39:17sur lequel on a potentiellement du mal
39:19aussi à gérer, et
39:21on l'a vu sur les augmentations salariales, lorsque la
39:23machine… – 3 millions de migrants qui sont arrivés
39:25sur l'année coulée aux Etats-Unis. Donc,
39:27pour l'offre de travail, pour la demande,
39:29c'est quand même beaucoup. – Et donc, d'un côté, il veut
39:31réindustrialiser et continuer la réindustrialisation
39:33des Etats-Unis, mais à un moment, il aura besoin
39:35de main-d'oeuvre. À quel moment, là où encore son pragmatisme
39:37se réveillera,
39:39par rapport à ses engagements de campagne,
39:41il fera le choix plutôt économique ?
39:43– Pour l'instant, il dit qu'il n'y a pas de price tag
39:45sur le projet de renversement des flux migratoires.
39:47Il n'y a pas d'étiquette, ce n'est pas un projet à vendre.
39:49On verra. – Et ça,
39:51c'est une vraie question aussi au niveau
39:53de l'inflation. Donc, moi, je suis
39:55relativement d'accord sur l'idée que l'économie américaine,
39:57de toute façon, et les marchés américains
39:59devraient continuer l'année prochaine
40:01à avoir de bonnes performances vis-à-vis
40:03de l'Europe. La vraie question, c'est ce qu'on a abordé
40:05dès le début avec Raphaël,
40:07c'est vraiment cette question de taux qui pourrait monter.
40:09À quel moment le point de bascule des taux deviendra
40:11trop important et viendrait pénaliser le marché action américain ?
40:13Mais à court terme, pas d'inquiétude.
40:15Et de toute façon,
40:17on devrait continuer l'année comme on l'a fait
40:19jusqu'à présent, et plutôt porteur
40:21sur les actifs risqués. Et le vrai risque,
40:23il est plutôt sur le côté obligataire.
40:25Et ça donne envie de continuer
40:27à être correctement exposé aux actions
40:29et de ne pas se protéger du côté obligataire.
40:31On a eu une répétition de tout ça
40:33sur la semaine écoulée. Merci
40:35beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été avec nous pendant
40:37cette émission. Ce soir, Olivier Malteste,
40:39Yomoni, Raphaël Thuinti,
40:41qui est au Capitale, et Samy Char,
40:43l'Ombaraudier.

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