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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mercredi, il s'intéresse à la fascination de la France pour l'élection américaine en France.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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00:00L'édito politique sur Europe avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Vincent, à l'heure où l'on se parle, c'est Donald Trump qui fait la course en tête aux Etats-Unis, vous qui suivez la politique française, Vincent, quel regard portez-vous sur ce moment politique ?
00:17Et bien on se demande depuis quelques jours si la France n'est pas le 51e état américain. Le duel Trump-Paris est devenu chez nous un événement national.
00:25Certes, ce qui se passe aux Etats-Unis a des conséquences sur le monde entier et donc sur la France, mais pour ma part, je ne dois pas être assez galorique, comme le disait Régis Debré, pour vibrer à ce qui m'apparaît surtout comme un festival de démesures et parfois de mauvais goûts.
00:40La Grèce, qui a inventé la démocratie, s'est fondée sur le consentement à la limite et à la mesure. Les Etats-Unis en campagne électorale n'ont consenti à aucune limite.
00:49Pas de limite financière, plus de 10 milliards de dollars dépensés, pas plus de retenue dans l'utilisation jusqu'à la nausée des images et des réseaux sociaux, encore moins de limite dans l'invective puisque Trump, selon les démocrates, est un fasciste et Harris, selon les républicains, une sorte d'antéchrist.
01:03C'était donc un spectacle permanent mais abétissant, un bruit continu mais derrière lequel on s'est passionné pour un micro mal placé, un écureuil euthanasié.
01:12Cette campagne a fait la preuve que le vide peut être bête et méchant puisque Trump y a quand même subi deux tentatives d'assassinat et puis à l'arrivée, on est tous devant nos écrans parce qu'il faut le reconnaître Dimitri, les Américains ont le génie du blockbuster.
01:26Vous exagérez un peu quand même Vincent, tout n'était pas vide, il y a eu des meetings, des discours, des programmes.
01:30Tout cela est vrai mais les ressorts de la campagne ont moins été fondés sur le raisonnement que sur la réaction de l'épiderme.
01:36La question posée n'était pas êtes-vous libéral ou socialiste, conservateur ou progressiste mais êtes-vous blanc ou noir, homme ou femme, homo ou hétéro, citadin ou campagnard.
01:46Ce mauvais vent américain qui depuis des années souffle sur le monde, c'est l'ouragan du politiquement correct.
01:52Le politiquement correct a fragmenté nos sociétés en micro-tribus et il a fécondé le trumpisme en retour.
01:59Donald Trump a dit un jour à Alain Finkielkraut, c'est la némésis, c'est-à-dire la déesse de la vengeance du politiquement correct.
02:05Et à l'heure où l'on se parle, l'Amérique profonde est en train de se venger brutalement, radicalement de la bêtise sophistiquée des woke.
02:13Trumpisme et wokeisme sont des forces négatives qui se repoussent mutuellement.
02:17Ce manichéisme qui sépare le monde en deux réalités parallèles fragilise en profondeur la démocratie américaine.
02:23Mais si j'ai bien compris Vincent, vous ne souhaitez pas que la politique française ressemble à la politique américaine.
02:28Mais en fait c'est déjà le cas. Mélenchon fait du Trump dans la forme et du woke dans le fond.
02:33Emmanuel Macron adore parler en anglais.
02:35Le congrès a voté l'inscription de l'IVG dans la constitution comme si nous devions nous protéger de la cour suprême américaine.
02:41Le front républicain, c'est la forme bleu-blanc-rouge du tout-sauve-Trump.
02:44Et on voit ce matin que le barrage pour seul programme, c'est quand même assez fragile.
02:49Même les partis nationalistes n'échappent pas à cette mode yankee.
02:52Éric Zemmour, pour son livre de campagne, avait repris les codes de Donald Trump.
02:56Et la couverture de l'autobiographie de Jordan Bardella, qui sort chez ces jours-ci, renvoie à celle de Barack Obama.
03:02C'est le symptôme d'une américanisation plus profonde que montrait bien Jérôme Fourquet dans son dernier livre Métamorphose.
03:09Notre imaginaire collectif passe par Disneyland et par Netflix.
03:13Après, les États-Unis, c'est en France que McDonald a le plus de clients.
03:17Les enfants se déguisent pour Halloween.
03:18Elon Musk, pour les jeunes générations, c'est soit un super-héros, soit un méchant de Marvel.
03:22Alors, je n'ai rien contre Mickey, les burgers ou le réseau X.
03:25Simplement, il me semble que la France et l'Europe ne sont pas obligés de se conformer aux excès caricaturaux de la politique américaine.
03:33En revanche, nous ferions bien de méditer sur cette insurrection civique des classes moyennes que le vote pour Donald Trump est en train d'exprimer.
03:43Plus nous refuserons de l'avoir chez nous, plus le réveil sera brutal.
03:47L'édito politique sur Europe, un merci Vincent Trémolet de Villers.