Requiem pour la France d’avant

  • il y a 6 mois
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mercredi, il s'intéresse à l'hommage national qui sera rendu à Philippe De Gaulle en présence d'Emmanuel Macron.
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Transcript
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa et bonjour à tous.
00:08 Aujourd'hui la nation rend hommage, Vincent, à l'amiral Philippe de Gaulle dans la Cour des Invalides.
00:13 En présence du président de la République, un nouveau moment de liturgie républicaine qui vient s'ajouter à beaucoup d'autres.
00:20 En effet, ces hommages sont devenus une marque de la présidence Macron.
00:24 Oui, c'est le 25e hommage national depuis qu'Emmanuel Macron est président. C'est beaucoup plus qu'aucun autre de ses prédécesseurs.
00:32 Il suffit d'énoncer les noms pour voir les visages s'effacer un à un de la grande fresque de notre histoire, qu'elle soit populaire ou militaire.
00:39 Hubert Germain, le dernier compagnon de la Libération, et Léon Gauthier qui avait participé au débarquement,
00:44 mais aussi Michel Bouquet et Charles Aznavour, Simone Veil et Valéry Giscard d'Estaing, Robert Badinter et maintenant l'amiral de Gaulle.
00:52 La France d'après, celle du multiculturalisme imposé, de l'individualisme triomphant, de l'américanisation des usages,
00:58 s'incline devant des soldats, des comédiens, des politiques qui ont incarné la France d'avant.
01:03 C'est la clope du jeune Chirac, la moto de Johnny, l'esprit libre de Jean-Dormeçon, les cascades de Jean-Paul Belmondo.
01:10 Il suffit de voir un extrait de film, une photo pour mesurer le temps qui a passé,
01:14 mais surtout la transformation dans les moindres détails de notre société.
01:18 Le paradoxe est que celui qui leur rend un hommage très sincère est né sur une proposition politique fondée sur le mépris du passé et la foi dans le progrès.
01:26 C'était, souvenez-vous, la Start-up Nation et il n'y a pas de culture française.
01:30 Tout cela se termine dans le lieu classique par excellence, la cour des Invalides qui est devenue l'un des lieux du quinquennat.
01:36 Qu'on le veuille ou non, le passé nous rattrape, le passé nous possède.
01:39 - Mais l'objectif premier, Vincent, c'est de construire des moments d'unité, hein ?
01:43 - Oui, c'est ce qui est affiché. Toute société a besoin de rites.
01:46 Mais plus profondément, on peut y voir une inquiétude presque existentielle.
01:50 La passion des hommages et des commémorations s'était déjà amplifiée avec François Hollande,
01:54 mais elle a pris des proportions inouïes avec Emmanuel Macron.
01:58 On a l'impression qu'il ne se passe pas une semaine sans que résonnent les trompettes de l'histoire,
02:02 avec le président en maître de cérémonie.
02:04 Ces commémorations, ces anniversaires, ces hommages, ces inaugurations, pris un par un, ont tous un sens.
02:11 Mais ils peuvent donner par l'effet d'ensemble l'impression d'une gigantesque muséification de la France,
02:17 comme si notre époque trop sûre d'elle-même jouait des coudes
02:20 pour essayer de s'insérer tant bien que mal dans la geste des combats passés,
02:23 comme si l'on s'enivrait de mémoire pour oublier notre sortie de l'histoire.
02:28 - Alors, ces moments ne sont pas non plus dénués d'arrière-pensée politique,
02:31 on l'a vu par exemple avec la panthéonisation d'André Manouchian.
02:35 Qu'est-ce que je raconte de Missak Manouchian, pardonnez-moi ?
02:38 - Toute commémoration est une transformation de l'événement passé au service des besoins du présent.
02:45 C'est le grand historien Pierre Nora qui nous a prévenu.
02:48 L'étude de l'histoire est très précieuse pour éclairer les esprits et inspirer les politiques,
02:53 mais quand elle est maniée grossièrement et sans précision,
02:55 elle peut devenir une science aveuglante ou un instrument idéologique.
02:59 Pierre Nora dit aussi "l'histoire rassemble et la mémoire divise".
03:03 On le voit avec les références à la seconde guerre mondiale,
03:05 qui deviennent des réflexes de tribune et s'éloignent de plus en plus de ce que fut cette tragédie inouïe.
03:12 Ultime paradoxe, le président de la République reprend par ses hommages le fil du roman national,
03:18 fil qui était volontairement rompu par l'école.
03:22 On a fabriqué l'amnésie collective et on voudrait quand même célébrer le passé glorieux.
03:27 Et c'est pour tout cela que ses hommages provoquent un sentiment partagé.
03:31 On voudrait y voir la chaîne de la transmission qui relie les générations les unes aux autres,
03:35 mais on craint parfois d'assister au dernier adieu à un monde que nous avons délibérément choisi d'enterrer,
03:41 au requiem d'une civilisation chantée par ceux qui ont renoncé à la perpétuer.
03:46 L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers.

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