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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à la réaction d'Emmanuel Macron sur les sujets sensibles de politique intérieure comme le budget, le déficit public ou encore l'insécurité.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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NewsTranscription
00:00vers Europe 1 Matin.
00:02L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Ce matin, Vincent, vous voulez revenir sur l'isolement du président sur la scène internationale, signe selon vous de sa disparition
00:15programmée également de notre politique intérieure. Je vous rappelle qu'Emmanuel Macron,
00:19Vincent, est encore à l'Élysée pour trois ans. Oui, mais comme le président fait toujours tout plus vite que tous les autres,
00:25il est en train d'inventer la fin de mandat trois ans avant la date prévue.
00:28C'est très frappant. Depuis la nomination de Michel Barnier, nous assistons au grand effacement du macronisme.
00:34Le macronisme, c'était une promesse qui reposait sur un homme, Emmanuel Macron.
00:39Promesse de jeunesse, promesse de brio, promesse d'efficacité,
00:42promesse de prestige.
00:44La jeunesse a vieilli et nous avec, et on se demande si le brio n'était pas du bavardage,
00:49l'efficacité de l'illusion, le prestige de la prestidigitation.
00:52Deux mois après des Jeux Olympiques magistraux,
00:55le président de la République n'a plus beaucoup de crédit dans son pays et encore moins sur la scène internationale.
01:00A l'intérieur, il a joué à la roulette russe institutionnelle avec la dissolution et il en a été la première victime.
01:05A l'extérieur, son domaine réservé,
01:07il a dérouté jusqu'à ses plus fidèles soutiens en s'en prenant à Israël dans l'intervalle où l'État hébreu aura réussi à éliminer
01:13et le chef du Hezbollah et le chef du Hamas. Alors hier soir,
01:17à Bruxelles, Emmanuel Macron s'est défendu de toute erreur en accusant très courageusement les ministres et les journalistes,
01:24mais cela ne change rien. L'horloge diplomatique de celui qui croyait en être le maître est complètement déréglée.
01:30La politique pour lui se limite au règlement de comptes à l'intérieur même de son camp.
01:34Jupiter devient Kronos, le dieu qui dévore ses enfants.
01:37Vous pensez à Gabriel Attal ?
01:39Oui, l'ancien premier ministre par la fulgurance de son parcours, par son aisance oratoire,
01:42par son charme personnel qui lui permet de séduire la droite tout en venant de la gauche socialiste, est vraiment le macronien par excellence.
01:49C'est d'ailleurs pour cela qu'il veut devenir le patron du parti présidentiel.
01:53Mais là aussi, l'effacement est spectaculaire.
01:56Aujourd'hui, le parti Renaissance ne compte que 8500 adhérents, c'est son plus bas historique.
02:01Ils étaient 35 000 en 2023, ils étaient 400 000 en 2017, alors il est vrai inscrit gratuitement et en ligne,
02:09mais on ne peut pas dire qu'aujourd'hui on se presse à l'entrée de la boutique macroniste.
02:13Gabriel Attal est en guerre ouverte avec l'Elysée et il voit parallèlement son capital sondagier se réduire comme peau de chagrin,
02:19en politique comme ailleurs. Après la mode, c'est les soldes.
02:22Si je vous comprends bien Vincent, le macronisme ne survivra pas à Emmanuel Macron.
02:27Le centre qui existait avant Emmanuel Macron continuera après lui.
02:30Mais toutes les formes qu'il a inventées, c'est-à-dire une sorte de centrisme usant de tous les artifices du populisme,
02:36tout cela en vérité est en train de s'éteindre.
02:39On l'a déjà oublié Dimitri Hain, mais quand le président marchait sur les eaux,
02:42on parlait alors de nouveau monde, le nouveau monde devait ringardiser les corps intermédiaires,
02:47les médias traditionnels, le Sénat. Le nouveau monde, c'était Benjamin Griveaux, le vieux monde, c'était Bruno Retailleau.
02:53Toutes les structures solides et anciennes devaient laisser place à une modernité fluide, progressiste, urbaine et souriante.
03:00Ce tour d'esprit qui ne manquait ni d'arrogance ni de prétention, c'était le parti des gagnants dans une France de losers.
03:07Mais les winners ont mené le pays à sa perte sur tous les plans, financiers, éducatifs, sécuritaires, migratoires.
03:13Et l'opinion a déjà oublié qu'elle s'était extasiée devant le jeune président conquérant.
03:18Nous allons assister, c'est certain, dans les mois qui viennent, à un concours d'invectives, de lynchage,
03:23par ceux-là même qui disaient il n'y a pas si longtemps qu'Emmanuel Macron était de loin le plus fort.
03:27C'est ça qui est frappant dans cette histoire, la disproportion entre ce qui est réellement le président
03:33et ce que beaucoup de gens projetaient sur lui.
03:35Ça me rappelle une confidence d'un de ses conseillers qui, après quelques années, avait jeté l'éponge.
03:40Cette confidence, Dimitri, c'est la suivante.
03:43On a cru que le macronisme était une épopée, ce n'était qu'une anecdote.