La politique dans l’ère du vide

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ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à l'agenda parlementaire qui peine à se remplir. Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 L'édito politique sur Report avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trévolet de Villers. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:07 Vincent, les députés, les sénateurs ont le spleen. Après les batailles homériques des retraites ou de l'immigration,

00:12 l'agenda parlementaire peine à se remplir et les mois à venir s'annoncent beaucoup plus calmes.

00:17 Oui, c'est une sorte de carême politique auxquelles sont soumis les parlementaires avec un menu franchement maigre.

00:24 Si on prend le programme des jours à venir à l'Assemblée, on trouve la transformation des bureaux en logement

00:30 et la professionnalisation de l'enseignement de la danse, des sujets qui ne risquent pas de vous réveiller durant vos courtes nuits, Dimitri.

00:37 Mais disons-le franchement, il n'y a pas que les parlementaires qui sont à la diète.

00:41 Ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont l'impression d'être entrés politiquement dans l'air du vide.

00:47 Vide du programme parlementaire, mais aussi vide des discours.

00:50 Il suffisait de voir la séance affligeante mercredi à l'Assemblée où, comme dans une cour d'école, le RN et le garde des Sceaux se sont écharpés.

00:57 Vide des convictions enfin, puisqu'il y aura toujours, dans 90% des cas, une vidéo montrant un politique disant il y a quelques années l'exact contraire de ce qu'il proclame aujourd'hui.

01:07 C'est un vide tour à tour grave, frivole, solennel, mais réel et celui qui dans les dix derniers jours cherche un peu de substance n'en trouvera pas.

01:15 Le plus sidérant, c'est que cette vacuité s'expose dans un monde plein de tragédies, de défis ou de menaces.

01:21 - Mais justement, Vincent, avec la guerre d'Ukraine, est-ce qu'on n'est pas dans la forme la plus élevée de la politique ?

01:26 - Oui, vous avez raison, la guerre et la paix sont les formes les plus élevées et les plus exigeantes de la politique.

01:31 Mais la façon dont Emmanuel Macron les aborde depuis dix jours ne répond pas du tout à cette exigence.

01:37 Le conseil de François Hollande à la sortie de son rendez-vous à l'Elysée, "ne pas dire ce que l'on va faire et faire ce que l'on n'a pas dit",

01:45 me paraît un conseil très judicieux et pourtant le président a choisi le contraire, c'est-à-dire l'escalade verbale et une dialectique très sommaire

01:53 que l'on peut résumer ainsi "ceux qui ne partagent pas son point de vue sont au mieux des imbéciles, au pire des vendus ou en tout cas des lâches".

02:01 Mais comment le suivre puisque le point de vue présidentiel ne cesse de changer depuis deux ans ?

02:07 Enfin, l'Elysée devrait quand même accepter une chose toute simple, on peut être résolument favorable à la victoire de l'Ukraine,

02:14 résolument hostile au régime de Poutine sans partager les embardés d'Emmanuel Macron, d'autant plus que la dimension électorale de sa manœuvre clignote de toutes parts.

02:24 - La campagne des européennes, Vincent, ne fait que commencer, il va y avoir des meetings, il va y avoir des débats.

02:29 Avez-vous vu, Dimitri, les affiches du meeting de l'île de la liste Renaissance ?

02:35 - Ah bah décrivez-la nous, tiens !

02:36 - Alors sur l'une d'entre elles, on voit le Premier ministre Gabriel Attal et la thèse de liste Valérie Hayet prendre ensemble un selfie.

02:42 Ils ne regardent pas les lecteurs, ils se regardent dans leur téléphone.

02:47 Alors ce doit être sans doute pour répondre aux nombreux selfies que l'on demande à Jordan Bardella,

02:51 mais voilà à quoi l'art politique est réduit au match des selfies à une compétition des narcissismes.

02:58 Pour le contenu, on repassera.

03:00 Mais en fait, l'absence de contenu, c'est ce qui caractérise les élections depuis 2017.

03:05 En 2017, l'affaire Fillon a saturé la campagne.

03:08 Pour les européennes de 2019, ce sont les gilets jaunes.

03:11 Pour les municipales de 2020, c'est le Covid.

03:14 Enfin, pour la présidentielle de 2022, Poutine en envahissant l'Ukraine a stoppé net la campagne et a offert au président une réélection dans un fauteuil.

03:21 Alors vous me direz que c'est de bonne guerre et qu'Emmanuel Macron a simplement le talent pour profiter des événements.

03:26 C'est vrai.

03:27 Mais cette absence de véritable débat national, de délibération collective n'est pas étrangère au climat social éruptif qui caractérise ces sept dernières années.

03:37 Tout cela nourrit un sentiment profond de dépossession démocratique dont les effets peuvent être désastreux.

03:43 La démocratie, ce n'est pas seulement le droit de vote.

03:45 C'est aussi, avant le scrutin, la garantie d'un débat serein, équilibré, civilisé.

03:51 Et c'est en cela que le jeu de surenchère de l'Elysée avec Mélenchon, Le Pen ou Poutine n'est pas seulement cynique, il est irresponsable.

03:58 L'édito politique sur Europe 1, merci.

04:00 Vincent Trémolet de Villers-Lacu.

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