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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à la campagne express des élections législatives, animée par de nombreux rebondissements qui resteront sans doute gravés dans l'histoire politique du pays.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à la campagne express des élections législatives, animée par de nombreux rebondissements qui resteront sans doute gravés dans l'histoire politique du pays.
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NewsTranscription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Alors Vincent, dans une interview accordée à l'hebdo Valors Actuels,
00:09François-Xavier Bellamy se demande si le moment politique que nous vivons n'est pas plus hystérique qu'historique.
00:16Est-ce qu'il a raison ?
00:17Il faut toujours écouter ce que dit François-Xavier Bellamy.
00:20C'est une intelligence acérée et il fait partie de ces rares élus qui auraient pu enchaîner les succès très loin de la politique.
00:27On peut donc considérer que sa réflexion n'est pas guidée par un intérêt personnel.
00:31Alors, hystérique ou historique ?
00:35Hystérique, c'est indéniable.
00:37En une semaine, on a vu reconquête le parti de l'Union des Droites exploser en vol,
00:41Raphaël Glucksmann qui était coursé par les Insoumis il y a quelques semaines faire alliance avec eux,
00:45Éric Ciotti faire un putsch contre le parti qu'il préside,
00:48les LR faire des alliances locales avec Macron en proclamant leur indépendance,
00:53Gabriel Attal qui demande au président de se taire,
00:56et Édouard Philippe qui accuse Emmanuel Macron d'avoir tué la majorité,
01:00Jean-Luc Mélenchon qui purge ses amis et François Hollande qui fait équipe avec Philippe Poutou.
01:06Si l'on s'en tient donc à l'écume des choses, on ne voit que de la fébrilité, des coups bas, des renversements d'alliances et des revirements.
01:13Mais cette hystérie bien réelle ne doit pas faire oublier les courants profonds qui ont provoqué cette situation et qui, eux, sont historiques.
01:21C'est-à-dire que dans cette histoire, les personnes comptent moins que les mouvements telluriques qui les entraînent.
01:27Ce qui porte aujourd'hui le Rassemblement National, c'est moins le talent de Jordan Bardella ou la ténacité de Marine Le Pen
01:33qu'un processus enclenché depuis longtemps dans tout l'Occident et qui s'est accéléré brutalement en France grâce à la dissolution.
01:41Ce processus, c'est la révolte des classes moyennes.
01:44Depuis toujours, la sociologie du macronisme est minoritaire, mais en s'opposant à Marine Le Pen,
01:48le Président bénéficiait d'un levier mécanique qui le faisait passer de 25% à 51%.
01:54Ensuite, il a donné l'impression de ne gouverner que pour sa minorité de soutien
01:58et des pantilliers de la population, sous le coup d'une triple angoisse économique, sécuritaire et identitaire,
02:04ont cherché des débouchés politiques à leur colère et à chaque fois, le chef de l'État leur a dit « c'est Le Pen ou c'est moi ».
02:11Il a ainsi fait prospérer comme personne le lepénisme
02:14et la partie de la droite qui résistait à cette tentation en cherchant à redresser sa famille politique
02:19s'est découragée, faute de leader, donc de perspective.
02:24Dans le même temps, l'immigration est devenue intenable, la délinquance s'est répandue partout, tandis que la vie devenait de plus en plus chère.
02:31Le peuple de droite qui n'a plus gagné depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 a cherché, hors de son camp, qui pourrait être son champion.
02:38Certains sont partis vers Emmanuel Macron et beaucoup vers Jordan Bardella.
02:43Avec la dissolution, les deux plaques se sont séparées et ceux qui sont restés sur la faille risquent de tomber au fond du trou.
02:50Mais est-ce que ce n'est pas tout simplement le populisme, Vincent, qui remplace la droite traditionnelle ?
02:54Si l'on regarde les résultats des élections européennes, c'est plutôt le contraire.
02:57Les partis populistes plafonnent et les partis de droite, comme on l'a vu en Allemagne ou en Espagne, retrouvent leur place centrale.
03:04Même Giorgia Meloni, c'est une populiste qui prend de plus en plus les formes de la droite traditionnelle.
03:09Nul ne sait aujourd'hui si le Rassemblement National emprêtera cette perspective.
03:14Marine Le Pen continue à dire, c'était dans le Figaro, qu'elle n'est pas de droite.
03:17Pourtant, elle s'allie avec Éric Ciotti et les duels qui se dessinent pour les élections législatives pourraient opposer dans leur grande majorité le Rassemblement National au bloc de gauche.
03:26En fait, la France qui n'a pas eu son moment populiste, comme les États-Unis avec Trump ou la Grande-Bretagne avec le Brexit,
03:33vit en quinze jours la révolte dans les zones contre les élites.
03:38Et ce que l'essayiste Thibaut Musergue appelle le post-populisme, c'est-à-dire, après la première insurrection civique,
03:43une intégration du populisme dans le clivage gauche-droite, mais un clivage qui oppose une gauche et une droite beaucoup plus radicales,
03:51derrière l'hystérie du moment, c'est à cette reconfiguration historique que l'on assiste.
03:56Voilà, historico-hystérique donc, la séquence politique actuelle, l'édito politique sur Europe 1. Merci Vincent Trémolet de Villers.