• il y a 7 mois
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'intéresse à l'héritage politique de Georges Pompidou à l'occasion des 50 ans de sa mort.

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Transcription
00:00 L'édito politique sur Europe, bonjour Vincent Trémolet de Billers. - Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:05 - Bonjour Vincent. - Vincent, demain nous commémorons les 50 ans de la mort de Georges Pompidou. Depuis quelques semaines,
00:10 l'ancien président fait la une des journaux, des livres sortent en librairie. Qu'est-ce que ça nous dit cette Pompidou-mania ?
00:16 - C'est d'abord un exercice de nostalgie. Nostalgie pour un président qui réunissait la rue Dulles mais la banque d'affaires,
00:22 l'enracinement et l'innovation, la vitesse d'une Porsche et la lenteur méditative d'un verre de Baudelaire.
00:28 Nostalgie pour une époque aussi où le plein emploi était une réalité pratique, où la croissance était à 6%
00:33 et où la dette publique était limitée à 10% du PIB.
00:37 Une époque où le peuple adolescent connaissait les joies de la révolte politique, de la libération sexuelle, sans que tout cela prête à conséquences.
00:44 Même le nihilisme avait une forme de spontanéité, de sève, de vitalité.
00:49 La France alors, la cigarette au bec, portait un blouson en dingue et des idées plein la tête. Elle était prospère et joyeuse.
00:55 Après l'autorité intimidante du général de Gaulle, Georges Pompidou montrait une simplicité sereine.
01:01 Il pouvait dire cette phrase extraordinaire
01:04 "Les peuples heureux n'ayant pas d'histoire, je souhaiterais que les historiens n'aient pas trop de choses à dire sur mon mandat."
01:10 Alors même s'il faut prendre garde aux souvenirs d'Ange Olivier, au syndrome inévitable du "c'était mieux avant",
01:15 à entendre ceux qui racontent ces années, c'était une parenthèse enchantée.
01:19 - Mais au-delà de l'époque et de l'image personnelle, que laisse Pompidou comme héritage politique ?
01:23 - Vous parlez d'héritage et c'est une notion politique.
01:26 La transmission était au cœur de sa réflexion et de son action.
01:30 "Mon père et ma mère", écrit Pompidou, "appartenaient profondément à la race française, dure au travail,
01:36 économe, croyant au mérite, aux vertus de l'esprit, aux qualités du cœur."
01:40 On dirait du Charles Péguy.
01:42 Transmission par l'école, dont il était un produit d'excellence, par la culture,
01:45 et son anthologie de la poésie française qui m'accompagne depuis mes 15 ans, on est la preuve vivante, par le travail évidemment.
01:51 La création ensuite, qu'elle soit artistique, pour le meilleur ou pour le pire, économique ou industrielle.
01:57 L'unité pour une nation encore hantée par la collaboration et la guerre d'Algérie, à qui Georges Pompidou disait
02:03 "Le moment n'est-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ce temps où les français ne s'aimaient pas et même s'entretuaient."
02:09 La liberté, surtout résumée dans ces mots rapportés par Jacques Chirac,
02:13 "Mais arrêtez donc d'emmerder les français, il y a beaucoup trop de lois, trop de règlements dans ce pays."
02:18 Nicolas Baverez résume tout cela en une formule
02:21 "Georges Pompidou a montré aux français qu'il était possible de marier bonheur privé, liberté politique et courage civique."
02:29 "Reconnaissez Dimitri que c'est un beau programme."
02:31 - Mais justement, aujourd'hui, qui se revendique de Pompidou ?
02:35 - Alors en ce moment, à peu près tout le monde dit avoir quelque chose en lui de Pompidou.
02:40 Mais si on prend un peu de champ, on peut dire que Laurent Wauquiez, avec son ancrage régional, son parcours universitaire, il est lui aussi normalien.
02:46 Sa ligne libérale conservatrice, la réflexion qu'il poursuit depuis longtemps sur la civilisation,
02:51 essaye d'incarner une forme de pompidolisme du 21ème siècle.
02:56 David Lysnard, que l'on présente souvent comme son rival à droite pour 2027,
03:00 revendique lui franchement sa filiation avec Pompidou.
03:03 Avec Christophe Tardieu, Lysnard vient de consacrer un livre tout à fait remarquable sur les leçons de l'homme de Montboudif.
03:10 On y retrouve la modernité enracinée du maire de Cannes, qui peut à la fois citer la magnifique lettre au général X de Saint-Exupéry,
03:19 mais qui ne perd rien des progrès de l'intelligence artificielle.
03:22 On retrouve aussi la lutte contre la bureaucratie, l'impuissance de l'État, qui est le cœur du projet politique de David Lysnard,
03:29 et que Pompidou appelait le "nœud gordien", ce nœud gordien sur lequel il se demandait s'il serait tranché
03:36 en imposant une discipline démocratique garante des libertés, ou par le casque et par l'épée,
03:42 la discipline démocratique ou la force brute pour libérer la société française,
03:46 50 ans après l'interrogation de Georges Pompidou est encore celle qui nous hante.
03:51 - Merci Vincent Trémolet de Villers, l'édito politique sur Europe 1. La une du Figaro ce matin.

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