• il y a 2 mois
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à la composition du nouveau gouvernement que doit annoncer Michel Barnier dans les prochaines heures.

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Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Eh bien Vincent, ça y est, nous devrions avoir un gouvernement avant dimanche, il aura fallu 15 jours, des consultations, des psychodrames,
00:14mais nous y sommes. Qu'est-ce que cette esquisse de gouvernement vous inspire ?
00:17Alors je dirais que le gouvernement qui se dessine est trop macroniste pour être de droite, et trop pèlère pour être macroniste.
00:23On devrait d'ailleurs plutôt dire ataliste, parce que si Gabriel Atta n'est plus à Matignon,
00:28c'est son parti qui devrait avoir le plus grand nombre de postes.
00:31Gabriel Attal est en quelque sorte vice-premier ministre de ce gouvernement.
00:35Concernant les ministres, s'ils sont confirmés, on peut se réjouir de trouver Bruno Retailleau place Beauvau,
00:40et des figures comme Annie Gennevard à l'agriculture, Jean-Louis Thieriot pour épauler Sébastien Lecornu aux armées, Astrid Panosian au travail.
00:47Mais on peut regretter que des poids lourds politiques comme François-Xavier Bellamy ou David Lysnard soient absents.
00:52Tous les deux ont une véritable force d'attraction médiatique, un crédit électoral et une expérience éprouvée.
00:58Leur nomination aurait donné un double parfum d'alternance et de renouvellement qui manque cruellement à ce gouvernement.
01:05C'est à se demander si finalement on ne leur reproche pas d'avoir trop de talent ou de conviction, ou les deux.
01:10Laurent Wauquiez qui a refusé Bercy, lui aussi aurait avantageusement animé cette équipe.
01:15Le présidentiable aurait été un peu encombrant pour le premier ministre certes,
01:18mais avec lui ce gouvernement aurait été aussi un peu plus imposant, dommage que Laurent Wauquiez ait décliné.
01:24Pour le reste, quelques sortants ont réussi à re-rentrer et tous les entrants aimeraient ne pas sortir trop vite.
01:30Mais l'ensemble, à dire vrai, est assez terne, un peu fade.
01:33C'est une de ces tisanes dont on cherche le goût dans l'eau chaude.
01:36C'est un gouvernement nuit calme.
01:39Après la semaine qu'on a vécue, une tisane nuit calme, ça fait du bien quand même.
01:43Oui mais apparemment cette esquisse de gouvernement suffit quand même à déchaîner le NFP sans convaincre l'ORN.
01:48Mais c'est vrai que le spectacle des derniers jours était désolant.
01:51C'était un de ces moments de confusion absolue où la déloyauté se prend pour de la ruse,
01:55la duplicité pour de l'intelligence, l'égotisme pour de l'ambition, la hargne pour de la force.
02:00Depuis la dissolution, le niveau baisse de plus en plus et on n'était déjà pas très haut.
02:04Mais cette semaine, on avait l'impression que tout le monde, surtout chez les macronistes, était désinhibé.
02:09Gabriel Attal lançant sa candidature présidentielle alors que la France n'a pas de gouvernement,
02:13Gérald Darmanin défiant publiquement le premier ministre.
02:16La politique était comme enfermée dans une bulle médiatique qui, à force d'agitation narcissique et de conspiration stérile,
02:21vide le pouvoir de sa substance.
02:23Devant un tel spectacle, comment s'étonner des succès grandissants du RN ou de l'abstention ?
02:27Vous voulez dire, Vincent, que la politique n'est pas à la hauteur du moment ?
02:31Si vous le voulez bien, on va essayer de se hisser à la hauteur du moment.
02:34On voit des caisses vides et une dette obèse, une société hantée par la crainte du déclassement,
02:38minée par l'insécurité, angoissée par les dérèglements climatiques, migratoires, anthropologiques.
02:43Politiquement, on voit un président affaibli, une assemblée fracturée.
02:46Et devant ce panorama vertigineux, un premier ministre minoritaire.
02:50Surtout, le processus d'autodestruction de la politique entamé par la dissolution se poursuit.
02:55Les esprits lucides ont compris depuis le premier jour
02:58que la dynamique de la dissolution mènerait inévitablement à la question de la démission du président.
03:04En milieu de semaine, quand le fil menaçait de se rompre entre Emmanuel Macron et Michel Barnier,
03:08ils ont été nombreux à l'Élysée à réaliser enfin que si Barnier partait,
03:12c'est le président de la République qui serait directement menacé.
03:15Pour le chef de l'État, il faut donc que Barnier tienne.
03:17Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron ne contrôle plus ceux qui,
03:21comme Gabriel Attal ou Gérald Darmanin ou Édouard Philippe,
03:24ne seraient finalement pas mécontents si Michel Barnier ne tenait pas trop longtemps.
03:29Et tout ça à leur compte en Macronie.
03:31On y reviendra d'ailleurs tout à l'heure à 8h30 avec Catherine Ney.
03:34Merci beaucoup Vincent Trémolet de Villers, votre édito politique sur Europe 1.

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