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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'intéresse à la possibilité d'une motion de censure du Rassemblement national qui pourrait faire tomber le gouvernement de Michel Barnier.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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NewsTranscription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Luffy Garraud. Bonjour Vincent Tremolet de Villers.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Vincent, nous sommes à quelques heures du vote du projet de loi de finances de la sécurité sociale.
00:12Rien ne va plus entre Michel Barnier et le Rassemblement National.
00:16Jordan Bardella à l'instant vient de dire que l'ERN voterait la censure, sauf miracle.
00:20Ça veut dire que le gouvernement pourrait être renversé mercredi. Est-ce que l'heure est grave pour le pays ?
00:24C'est un moment d'une extrême gravité, oui, et l'on est effaré de l'absence de souplesse de l'équipe de Michel Barnier,
00:31comme de la logique révolutionnaire du Rassemblement National.
00:35Cela fait des semaines que Matignon savait que ça pouvait finir comme cela,
00:39et pourtant l'équipe du Premier ministre a fait très peu, trop peu, pour désarmer la défiance de Marine Le Pen.
00:44Le gouvernement a continué à considérer le Premier parti de France avec cette morgue morale et cette distance sociale
00:51qui relèguent les élus du RN hors du cercle de leur respectabilité,
00:54ce que le parti de Marine Le Pen résume par « ils veulent nos voix, mais pas nos gueules ».
00:59Au fond, le RN demandait moins des concessions que de la considération.
01:04Les lignes rouges sont moins budgétaires que psychologiques.
01:07Les amis de Marine Le Pen ont jugé qu'on les a traités par le mépris,
01:12et ce sentiment d'être méprisé est constitutif chez les millions d'électeurs qui votent pour eux.
01:17Cela ne justifie pas une censure dangereuse et stérile, mais cela l'explique.
01:23Il reste encore quelques heures pour éviter le désastre,
01:25mais le train de la censure a démarré, il rouvre la vieille valure et il faudrait un geste très très spectaculaire,
01:30ou un coup périlleux, comme faire passer le texte par ordonnance plutôt que par 49.3, pour arrêter la machine.
01:36Ce qui veut dire que mercredi, le gouvernement peut tomber, ce qui ouvrirait une crise politique.
01:41Oui, la crise politique en vérité est ouverte depuis le 9 juin, jour de la dissolution.
01:46La chute du gouvernement Barnier serait une étape de plus dans un processus d'auto-destruction de la politique qu'Emmanuel Macron a enclenché.
01:54Ce coup de folie institutionnelle a des effets qui continuent d'être dévastateurs.
01:58Il y a d'abord eu le Front Républicain, qui a privé de victoire le RN au profit d'une force qui n'a aucun autre projet commun que d'empêcher la victoire du RN.
02:06Cette lutte à mort, entre une minorité surpuissante menée par Marine Le Pen et une majorité bidouillée, celle du Front Républicain,
02:13n'a eu de sens que le jour des élections.
02:14Mais derrière, la France s'est retrouvée avec une force de 11 millions d'électeurs humiliés et en face, une majorité atomisée,
02:21puisqu'elle commence avec Laurent Wauquiez et qu'elle s'achève avec Jean-Luc Mélenchon.
02:25S'en suit un gouvernement dont le parti du Premier ministre n'a que 47 députés et qui mène une politique Bruno Retailleau mise à part,
02:32éloignée du programme du RN, qui est pourtant arrivé en tête aux élections.
02:36Cette anomalie arithmétique résume la crise politique.
02:40Alors 47 députés, ce sont les LR, mais il y a quand même le socle commun avec Michel Barnier.
02:44Parlons-en, Dimitri, du socle commun.
02:46Depuis le premier jour, il semble atteint d'une forme de syndrome de Gilles de la Tourette avec un toque, celui de la division.
02:53Ceux qui composent cette coalition semblent n'avoir qu'un objectif, qu'elle se disloque le plus vite possible.
02:59Et c'est là un autre échec de Michel Barnier, avoir été incapable d'installer un peu de confiance et d'autorité sur ceux qui sont sentés le soutenir.
03:07Il faut dire que c'était une mission quasi impossible.
03:09Gabriel Attal n'en fait qu'à sa tête depuis le premier jour.
03:11Laurent Wauquiez n'est pas moins indépendant.
03:13Le modem est de plus en plus à gauche.
03:15Si le vote du budget ou de la motion de censure était un bulletin secret, je crois qu'on aurait des surprises.
03:21Tant même les députés du socle commun n'aiment pas ce projet de loi de finances.
03:25Emmanuel Macron s'est auto-dissout dans le « en même temps ».
03:29Michel Barnier se saborde dans le « moi tout seul ».
03:32Et si l'on ajoute à ce tableau les appels publics des oppositions à la démission d'Emmanuel Macron,
03:37la menace judiciaire qui pèse sur Marine Le Pen, les ambitions présidentielles dans le camp du chef de l'État,
03:42cette volonté partagée dans quasiment tous les partis que le calendrier électoral s'accélère,
03:47on voit bien que ce qui nous menace, Dimitri, au-delà d'une motion de censure,
03:51c'est une crise politique qui ressemblerait furieusement à une crise de régime.