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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'intéresse aux difficultés qui attendent le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, à l'Assemblée nationale.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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00:007h-9h, Europe 1 Matin, l'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trébollet de Villers, bonjour Dimitri,
00:07bonjour Anissa, bonjour à tous, Vincent, Michel Barnier n'est pas nommé depuis une semaine qu'il doit déjà faire face à la volonté de la
00:13censure de la gauche, à la surveillance du RN et à la vigilance du bloc central.
00:18Il n'a pas d'état de grâce et la situation est déjà inflammable. Oui, une situation qui devient même complètement absurde.
00:24Il faudra que l'on m'explique le rapport entre les nombreux drapeaux
00:27palestiniens que l'on a vus dans la manifestation des Insoumis samedi et la nomination de Michel Barnier à Matignon.
00:33Il faudra que l'on m'explique le lien entre les mots coups de force et destitution que l'on entendait dans les cortèges et la guerre à
00:40Gaza. Le seul lien, c'est la volonté de Jean-Luc Mélenchon d'utiliser tous les leviers révolutionnaires qui sont à sa portée,
00:47que ce soit l'anti-macronisme, l'anti-sionisme, pour ne pas dire l'antisémitisme.
00:51Maintenant qu'il a le monopole de l'opposition,
00:53le chef des Insoumis veut pousser son avantage, car à gauche, Dimitri, c'est lui le grand vainqueur de la période.
00:59Il a forgé l'alliance du NFP,
01:02dicté le programme et il mène désormais la fronde contre le pouvoir en place. Pour Michel Barnier, Mélenchon, c'est une menace sociale
01:08mais ce peut être aussi un atout politique.
01:11Tiens, tiens, c'est-à-dire ?
01:12C'est-à-dire que face au parti du désordre, les gens cherchent un parti de l'ordre.
01:17Plus la gauche sera agressive et caricaturale à son endroit,
01:22plus Michel Barnier bénéficiera de la bienveillance des électeurs du centre, de la droite et de la droite de la droite.
01:28Vous vous souvenez sans doute du film « Mes meilleurs copains » de Jean-Marie Poiré.
01:31On y voit Philippe Corsan dans « Metteur en scène hippie » qui brandit le Figaro en disant « On a gagné, le Figaro nous insulte ».
01:37Et bien Michel Barnier peut brandir libération ou humanité avec la même satisfaction.
01:42Les critiques de la gauche radicale, les états d'âme de la gauche morale, c'est le ciment de la droite.
01:47Alors le problème pour le Premier ministre est que s'il désarme trop la volonté de censure du RN, il risque de perdre ses soutiens au centre.
01:55Au Parlement, en vérité, sa situation est inextricable.
01:57Il faut rappeler que la nomination de Michel Barnier n'est pas la conséquence d'une victoire de LR aux élections législatives.
02:03Il faut rappeler aussi qu'il y a trois ans, Michel Barnier est arrivé troisième à la primaire d'un parti qui a fait 4% à la présidentielle.
02:10Sa légitimité électorale est donc fragile.
02:12Mais en même temps, la droite déborde depuis longtemps du lit de LR pour aller soit chez Emmanuel Macron, soit chez Marine Le Pen.
02:18La seule solution pour Michel Barnier, c'est d'aller au peuple de droite pour survivre à l'Assemblée.
02:25Il doit s'appuyer sur l'opinion, se faire le porte-voix d'une sociologie électorale dans laquelle on peut retrouver les électeurs de Gabriel Attal à Issy-les-Moulineaux et ceux d'Éric Ciotti à Nice.
02:36Sur un certain nombre de thèmes, cette sociologie est en accord avec une grande partie des 11 millions d'électeurs du RN.
02:42Et le premier d'entre eux, c'est évidemment la maîtrise de l'immigration.
02:47Même chose pour la rentabilité du travail, l'équilibre des comptes publics ou encore les questions de sécurité dans la rue et d'autorité à l'école.
02:54Si avant chaque annonce, le Premier ministre rappelle que deux tiers des Français sont favorables à ce qu'il propose, il obligera les députés à suivre leurs électeurs.
03:02Ce qu'il doit obtenir, c'est que dans deux mois, sur les marchés, un député RN, comme un député macroniste, entendre « il faut lui donner sa chance à ce monsieur Barnier, il faut qu'il puisse passer son budget ».
03:12Écouter les aspirations du corps social et rester indifférent aux intimidations morales de la gauche, c'est la seule ligne de conduite qu'il puisse tenir.
03:20Alors déjà, le Premier ministre est rappelé à l'ordre par ceux qui confondent la politique et le politiquement correct.
03:27Mais il ne doit pas oublier que ce qu'il perdra dans le petit monde parisien, il le gagnera, et très largement, dans les profondeurs du pays.
03:33L'édit de politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers.