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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'interroge sur la durée du mandat de Michel Barnier à Matignon.
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Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous, bonjour Vincent.
00:08Vincent Michel Barnier a réuni hier son gouvernement, séminaire de travail, le second depuis la rentrée, pour préparer les trois prochaines années.
00:15L'idée est de repousser l'horizon au-delà du budget, d'installer durablement le gouvernement dans les esprits.
00:21Est-ce que vous pensez que comme l'amour, Vincent Michel Barnier à Matignon, ça dure trois ans ?
00:26Personne ne peut répondre raisonnablement à cette question. Dans une situation aussi instable que la nôtre,
00:31toute projection au-delà de trois mois serait une pure folie. Il suffit de regarder les quatre derniers mois pour s'en convaincre.
00:38Je vous rappelle, victoire du RN, dissolution, Bardet la Premier Ministre, et puis finalement, non, défaite du RN, Bernard Cazeneuve, puis Xavier Bertrand,
00:45puis Thierry Baudet, quasiment nommé à Matignon, avant de finir avec Michel Barnier.
00:50Ensuite, si l'on fait le compte des obstacles prévisibles à franchir, ils sont nombreux.
00:54L'adoption du budget avant Noël, la loi d'immigration en janvier, la proportionnelle au printemps.
00:59Au mois de juillet, le président aura retrouvé le pouvoir de prononcer une nouvelle dissolution de l'Assemblée,
01:04et cette possibilité fragilisera encore un peu plus le gouvernement s'il a tenu jusque-là.
01:09Ce sont là les obstacles prévisibles.
01:11Mais il y a aussi l'événement qui peut venir percuter un exécutif déjà affaibli, une crise financière, sociale ou agricole,
01:18de nouvelles émeutes en banlieue, une catastrophe climatique comme en Espagne.
01:22Le gouvernement Barnier repose, vous l'avez compris Dimitri, sur une base de sable.
01:26Et pour couronner le tout, depuis la dissolution, il nous faut désormais penser l'impensable,
01:32c'est-à-dire un président qui déciderait d'écourter son mandat.
01:36Le projet originel du macronisme, c'était, souvenez-vous, maximiser le champ des possibles,
01:40et bien nous y sommes, tout est possible Dimitri, tout est réalisable.
01:44Le premier ministre Vincent n'est pas sans atouts, il a même plutôt une bonne cote dans l'opinion.
01:48Disons qu'il bénéficie d'un timide état de grâce dû à l'effet de contraste avec Emmanuel Macron et Gabriel Attal,
01:54mais tout cela aussi est très fragile.
01:56Ce qui est plus solide en fait, c'est la configuration paradoxale dans laquelle la politique française est bloquée,
02:01et peut-être pour longtemps.
02:03En gros, une majorité de Français a exprimé son refus de voir le RN au pouvoir,
02:07mais dans le même temps, une majorité de Français attend des pouvoirs publics,
02:10une politique ferme et efficace sur ce qui fait le succès du RN,
02:13c'est-à-dire la protection du pouvoir d'achat, le rétablissement de l'ordre public et la maîtrise de l'immigration.
02:18En d'autres termes, une proposition qui aurait le courage de s'emparer franchement de ces sujets,
02:23sans être attachée à la généalogie politique du parti de Marine Le Pen,
02:27pourrait rencontrer un large écho dans l'opinion.
02:30C'est ce que tentent les LR de Laurent Wauquiez, Bruno Retaillon et Michel Barnier,
02:33mais la difficulté pour eux est que ce parti souffre, lui, d'une généalogie de déception, de renoncement,
02:39qui fait que toute déclaration est entachée d'un soupçon, celui de la promesse non tenue.
02:44Bon, ce qui veut dire que Michel Barnier, pour tenir, doit obtenir des résultats.
02:48Exactement, mais il lui faut du temps et le Premier ministre était en retard avant même d'être nommé.
02:52Vous savez, une politique publique, ce n'est pas un tacos que l'on bourre de choses grasses
02:56et que l'on digère aussi vite qu'une story TikTok.
02:58C'est long, la politique, c'est ingrat, c'est minutieux.
03:02Or, depuis la première heure, Michel Barnier est pris par le temps,
03:05le tout, je vous le rappelle, avec une faiblesse constitutive.
03:08Ce gouvernement est soutenu par une minorité, minorité elle-même composée de partis concurrents
03:13dans lesquels se trouvent de nombreux présidentiables.
03:16Édouard Philippe, Gabriel Attal, Laurent Wauquiez ont intérêt à ce que Michel Barnier ne tombe pas trop tôt,
03:22mais pourraient s'inquiéter d'un Premier ministre qui dure et qui deviendrait inévitablement un concurrent pour 2027.
03:28Voilà pourquoi se projeter au-delà des 13 mois, ce serait comme demander quel temps il fera au printemps.
03:33Et ça, même Anissa Haddadi serait incapable de répondre.
03:36Je le confirme.
03:37Ah voilà, quelle modestie Anissa.
03:39À plus de trois jours, vous savez, c'est compliqué.
03:41Trois mois en politique.
03:42Merci Vincent Trémolet de Villers, notre météorologue politique.

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