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00:00...
00:0320h, 21h, les informés.
00:06Agathe Lambray, Jean-Rémi Baudot.
00:09Bonsoir à tous.
00:10Bienvenue dans les informés du soir.
00:12Votre rendez-vous de débat et de décryptage de l'actualité
00:15à suivre sur France Info, la radio et le Canal 27 de la TNT.
00:19Bonsoir, Agathe Lambray.
00:20Quel est le programme ?
00:22Arrôts sur les arrêts maladie des fonctionnaires.
00:24Le gouvernement ne veut plus rembourser
00:27les 3 premiers jours d'absence
00:29pour faire des économies.
00:30Est-ce justifié ?
00:31Cette mesure serait-elle efficace ?
00:34Surtout, quelles en seraient les conséquences ?
00:36Michel Barnier, embourbé dans un budget
00:39qui ne satisfait personne, en tout cas,
00:41mais il continue de jouer la carte de l'opinion.
00:44Le 49-3 est-il inévitable ?
00:47Sera-t-il compris ?
00:48Et puis, enfin, Emmanuel Macron entame aujourd'hui
00:51une longue visite au Maroc après trois années de brouilles.
00:55Quels en sont les enjeux pour la relation franco-marocaine ?
00:59Mais aussi pour le président qui peine à s'imposer
01:02sur le plan intérieur et sur le plan international.
01:05Pour en parler, ce soir, nos informés.
01:07Lilian Allemagnia, rédacteur en chef adjoint
01:09au service politique de Libération.
01:11François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'Opinion,
01:14Miquel Darmon, éditorialiste à E24 News,
01:16co-auteur du documentaire
01:18Le parcours d'un roi, le Maroc de Mohamed VI.
01:21Et à vos côtés, Patrice Moyon,
01:23chroniqueur économique et social, éditorialiste à Ouest France.
01:26Merci à tous les quatre d'être là.
01:28Les informés, c'est parti.
01:30Générique
01:31...
01:32On commence, Agathe, avec le gouvernement
01:34qui veut moins rembourser les arrêts maladie des fonctionnaires.
01:38L'exécutif veut allonger le délai de carence
01:40de un à trois jours, ne plus payer les trois premiers jours
01:44d'absence des fonctionnaires.
01:45Et ensuite, au-delà de ces trois jours,
01:48limiter leur rémunération à 90 % de leur salaire
01:51au lieu de 100 % actuellement.
01:54Économie attendue, 1,2 milliard d'euros.
01:57Scandaleux pour les syndicats de fonctionnaires
02:00et la France insoumise,
02:01mais pas pour le Rassemblement national,
02:03qui s'y est dit favorable.
02:05Le patron du parti, Jordan Bardella,
02:07s'était sur France 2 ce matin.
02:09Je suis favorable à cet ajustement
02:11entre les fonctionnaires et les salariés du privé,
02:14à une seule condition,
02:15c'est que ces potentiels 900 millions d'euros
02:18économisés par la batterie de mesure
02:20annoncés par le ministre de Travail
02:22puissent être utilisés pour financer des mesures
02:24en faveur du pouvoir d'achat et notamment,
02:27de payer les heures supplémentaires
02:29d'agents de la fonction publique qui ne sont pas payés,
02:32aux agents de la pénitentiaire ou à nos forces de l'ordre.
02:35Pourquoi le Rassemblement national
02:37et Michel Barnier s'aventurent-ils
02:39sur ce terrain potentiellement explosif ?
02:41Et de telles mesures seraient-elles réellement efficaces
02:44pour faire baisser le taux d'absentéisme ?
02:46Lélian Allemagnat de Libération,
02:48la question de l'absentéisme des fonctionnaires
02:51revient régulièrement.
02:52Le fait que ça revienne dans le débat vous étonne ?
02:55Que ce soit aussi rapide, oui,
02:57puisque le gouvernement cherche des économies assez rapides.
03:00Ce milliard de 100 millions d'économies
03:03fait partie de 5 milliards d'économies
03:06qui ont été détaillées hier par Bercy
03:08et le ministère de la Fonction publique.
03:10C'est dans un package et on en rediscutera.
03:13On savait qu'il réfléchissait depuis longtemps.
03:16Le gouvernement utilise des chiffres
03:18venant d'un rapport de Bercy et des affaires sociales
03:23qui a été commandé par Gabriel Attal pour justifier.
03:25C'était déjà dans les tuyaux.
03:27Maintenant, c'est pour une logique comptable
03:29parce qu'il faut faire très vite des économies.
03:32Par exemple, les syndicats n'ont pas du tout été consultés
03:35sur ce sujet-là.
03:37Ils ont été informés, mais pas consultés.
03:40Patrice Moyon, l'efficacité,
03:43ça vous étonne que ça revienne aussi vite,
03:45des syndicats...
03:47Pardon, des fonctionnaires, de l'absentisme des fonctionnaires ?
03:50Là, c'est un peu la logique du bouc émissaire, je trouve.
03:54Et puis, la question, c'est est-ce que le diagnostic est bien posé ?
03:58C'est-à-dire que quand on regarde de près,
04:01on voit que les dépenses de santé, c'est 12 % du PIB,
04:04300 milliards d'euros.
04:06On voit que ça a augmenté de 130 % depuis les années 70.
04:09Mais on sait aussi qu'il y a 20 %
04:11qui relève de ce qu'on pourrait appeler du gaspillage,
04:15c'est-à-dire une mauvaise organisation du parcours de soins,
04:18donc une trop faible prise en considération de la prévention.
04:23Donc là, en fait, je ne suis pas sûr que ça soit un bon signal
04:27si on veut vraiment s'attaquer aux questions de fond sur la santé.
04:30François-Xavier Bormeau, les fonctionnaires,
04:33bouc émissaire, facile ?
04:34Il ne vous aura pas échappé que Michel Barnier
04:37est un Premier ministre de droite,
04:39et qu'il y a tout un attirail de mesures,
04:41dont cette histoire de jour de carence,
04:43qui a été supprimée par Nicolas Sarkozy en 2012,
04:46remise en place par François Hollande après son élection,
04:49et supprimée par Emmanuel Macron.
04:51Il y a une durée assez longue pour étudier les effets de la mesure.
04:55Apparemment, il semblerait que cette mesure soit plutôt efficace
04:59pour réduire la durée des absences courtes,
05:03mais qu'en revanche, sur les absences longues,
05:05ça a plutôt tendance à l'augmenter.
05:07Mais là, on voit bien que le gouvernement
05:10est entré dans la phase économie.
05:12Ça fait un mois qu'on est dans la foire à saucisses des hausses d'impôts.
05:16Il faut aussi trouver des économies.
05:18Dans l'attirail des économies à faire,
05:20il y a cette histoire de jour de carence
05:22qui parle à l'électorat de droite,
05:24mais qui, effectivement, met aussi en rogne la gauche
05:27et surtout les syndicats.
05:29Or, pour Michel Barnier,
05:31qui s'était fait fort de se présenter
05:34comme l'homme du consensus et des solutions négociées,
05:37on arrive là avec une mesure imposée de façon brutale,
05:39mais qui sort un peu du chapeau, sans concertation.
05:43C'est un peu contradictoire avec la façon dont il s'est présenté.
05:46Michel Darmand ?
05:47C'est aussi une bombe sociale et politique, bien évidemment.
05:52Dans le contexte politique,
05:54le gouvernement essaie de s'attirer les bonnes grâces
05:57de ceux qui vont, avec cet attirail politique et même idéologique,
06:01pour certains, voter du côté du budget.
06:04Ça permet aussi de calmer le RN,
06:06qui a déjà agité le chiffon rouge,
06:09voire le carton rouge, selon Sébastien Chenu,
06:12sur toutes les mesures qui ne figurent pas au budget
06:16et qu'il voulait voir venir.
06:18Et puis, effectivement, c'est une mesure qui est étonnante,
06:22en tout cas un projet qui est étonnant,
06:24parce que ça vient télescoper la méthode Barnier
06:27et aura pour conséquence, dans ce cadre-là,
06:31les premières victimes, ce sont les femmes,
06:33qui sont les plus souvent absentes,
06:35de ce point de vue-là, pour différentes raisons.
06:39A préciser qu'apparemment, les arrêts pour une longue maladie,
06:42longue durée, ne seraient pas impactés, touchés par cette mesure.
06:46Mais enfin, essentiellement, d'après les mesures
06:48et les évaluations immédiates des experts et des spécialistes,
06:52les femmes seraient donc les plus touchées par cette mesure.
06:55C'est une fois de plus très, très dangereux
06:58et à manipuler avec énormément de précaution.
07:01Parce que derrière ça, c'est dangereux,
07:03mais on le comprend bien dans nos premiers échanges,
07:05il y a un marqueur, Agathe, c'est vraiment un marqueur de droite,
07:08de prendre les fonctionnaires sur le sujet.
07:10Oui, c'est un marqueur de droite, avec quand même un peu en toile de fond
07:13cette idée que les fonctionnaires seraient défaignants,
07:18parce qu'on sous-entend qu'ils seraient privilégiés.
07:21C'est intéressant, car c'est vrai que le Sénat à majorité de droite
07:24propose cette mesure depuis des années,
07:26de porter le délai de carence à trois jours,
07:28et cela a été refusé encore assez récemment
07:33par le gouvernement macroniste.
07:34Thomas Cazeneuve, quand il était ministre du Budget en 2023,
07:38avait mis son veto à cette mesure du Sénat,
07:41expliquant qu'en plus, ce n'était pas pertinent,
07:44parce qu'en fait, dans le privé, la volonté de la droite,
07:47officiellement, c'est d'aligner le public qui serait mieux loti
07:51sur les pauvres salariés du privé,
07:53qui eux sont soumis à des règles très dures.
07:55Mais en réalité, dans le privé,
07:57les jours de carence sont compensés souvent par les entreprises.
08:01C'est à peu près 80 % ?
08:0260 %, je crois au moins.
08:04Peut-être les deux tiers des salariés finalement n'ont pas patienté.
08:07Il y a des accords de branche et d'entreprise
08:09qui permettent au mutuel de compenser le jour de carence
08:12des salariés absentes, ce qui n'est pas le cas
08:14pour la fonction publique.
08:16A ce titre-là, Thomas Cazeneuve avait dit
08:18qu'on s'y oppose parce que ça ne servait à rien,
08:21ce ne serait pas vraiment efficace.
08:23Aujourd'hui, Michel Barnier, en remettant cette mesure
08:26sur la table sortie du chapeau,
08:28comme vous le disiez,
08:30c'est vrai que ça fait partie des 5 milliards d'euros
08:32qui n'avaient pas été identifiés dans ce budget
08:35sans aucune concertation.
08:36On prend aussi le risque de braquer sa propre majorité
08:38parce qu'il y a aussi des macronistes
08:40qui ne soutiendront pas cette idée.
08:42Lélian ?
08:43C'est exactement ce que je voulais dire.
08:44Le gouvernement dit que c'est un alignement sur le privé,
08:49mais souvent le public, dans ces cas-là,
08:51n'a pas certains avantages qu'à le privé
08:55par les complémentaires santé.
08:57On a entendu tout à l'heure Jordan Bardella.
08:59La position du RN, ça vous étonne que le RN puisse dire
09:03pourquoi pas, parce qu'on pourrait imaginer
09:06qu'une partie de l'électorat du RN
09:08se retrouve dans les personnes qui vont être ciblées.
09:11François-Xavier Bourbeau, stratégiquement,
09:13le RN joue à quoi ?
09:14Il flèche aussi.
09:16Il flèche.
09:17Il peut redistribuer pour des mesures de pouvoir d'achat.
09:20On ne sait pas bien où ils vont, le RN.
09:22Un coup, ils votent avec l'opposition,
09:24un coup avec la majorité.
09:26La lecture de la position du RN dans l'étude de ce budget
09:30est assez compliquée
09:31parce qu'il souffle chaud et froid.
09:33En même temps, ils manient la menace de censure.
09:36Ils placent des lignes rouges et manient la menace de censure
09:39s'ils ne sont pas écoutés.
09:40Ils disent qu'ils pourraient s'abstenir
09:42pour laisser passer le budget.
09:44La stratégie n'est pas claire
09:46parce qu'eux-mêmes ne sont pas au clair
09:48avec la stratégie qu'ils comptent adopter
09:50à l'égard de Michel Barnier.
09:51Michael Darman ?
09:52C'est Jordan Bardella qui a réagi.
09:54On sait que lui, en ce moment,
09:56il donne de plus en plus de signaux
09:59et de directions en direction de la droite
10:02en faveur des entreprises.
10:04Récemment, il a signé une tribune
10:06pour dire qu'il faut absolument que la croissance augmente
10:09et faire en sorte de mettre des mesures dans ce sens.
10:12Et c'est diversement, pour le moins, apprécié
10:15au sein de son parti, puisqu'il y a, comme vous le disiez,
10:18deux écoles avec des approches
10:20qui sont nettement moins en faveur
10:23de cette inflexion à droite.
10:25Donc oui, non seulement on ne sait pas très bien où ils vont,
10:27mais en plus, ce que l'on comprend,
10:29c'est qu'il y a des divergences
10:32et des tiraillements autour de la ligne
10:34adoptée entre Jordan Bardella
10:36et une autre frange au sein du parti.
10:39Il y avait eu déjà des tiraillements
10:41au RN sur la question du RSA,
10:44sur les sujets de l'assistanat,
10:45puisque Marine Le Pen est un peu écartelée
10:48entre, d'un côté, son électorat qui travaille
10:52et qui a en tête cette idée
10:55que certains profiteraient du système,
10:57et en même temps, des classes populaires fragiles
11:00qui ont besoin aussi d'être aidées
11:02et auxquelles elles veulent aussi s'adresser.
11:04Parce que quand on parle des fonctionnaires,
11:06ce ne sont pas forcément des nantis.
11:09Et d'ailleurs, l'Inspection générale des finances
11:11explique le fait qu'il y ait plus d'arrêts maladie
11:14dans le public que dans le privé
11:16par le fait que, par le profil des fonctionnaires,
11:19plus de femmes, plus de familles monoparentales,
11:21plus de personnes atteintes de maladies chroniques.
11:24On parle quand même de salariés qui, pour certains, sont fragiles,
11:28qui sont exposés à des métiers difficiles
11:30dans l'éducation nationale, dans les hôpitaux,
11:33avec souvent des petits salaires.
11:35On les a encensés pendant le Covid,
11:38on a parlé de les revaloriser.
11:39Et aujourd'hui, il s'agirait plutôt de les stigmatiser.
11:42Peut-être qu'on pourrait aussi s'interroger d'abord
11:45sur le bien-être des fonctionnaires
11:46et sur les raisons de ces arrêts au travail
11:49dans la fonction publique.
11:50D'ailleurs, le gouvernement a expliqué
11:52que ça fait partie d'un plan,
11:55on ne sait pas quand est-ce qu'il va arriver,
11:56pour relancer les services publics,
12:00pour juger du bien-être au travail de ces agents,
12:05d'un plan de lutte aussi contre les violences,
12:08puisque nous expliquons,
12:09les violences font qu'il y a de l'absentéisme.
12:12C'est ce qui nous a été dit hier
12:13par les équipes du ministre de la Fonction publique,
12:17Guillaume Casbarian.
12:18Les violences auxquelles sont soumises les fonctionnaires.
12:19Les fonctionnaires, donc, créent des absences.
12:25Et donc, ça va faire partir d'un plus gros plan.
12:27Mais c'est là où on voit la logique comptable,
12:28c'est-à-dire qu'on commence par le bâton
12:30avant de mettre en place des mesures
12:33pour que les agents publics aillent mieux, tout simplement.
12:36Logique comptable, logique budgétaire,
12:38quoi qu'il en soit, les informeront trop dans un instant
12:41parce qu'il est 20h15,
12:42l'heure de faire un nouveau tour de l'actualité.
12:44Le Fil info, Stéphane Milhomme.
12:47Pour renouer les liens entre la France et le Maroc,
12:49Mohamed Sy s'accueille Emmanuel Macron avec FAST.
12:52Les deux chefs d'État ont été interpellés
12:53par le fils de Mehdi Bernbarka dans une lettre.
12:56Il veut connaître toute la vérité sur la disparition de son père
12:59et opposant marocain à Paris.
13:01C'était en 1965.
13:03Michel Barnier s'est déjà remis au travail à Matignon
13:06et il le fait savoir.
13:08Le Premier ministre a été opéré le week-end dernier
13:10d'une lésion cervicale.
13:11Il sera jeudi au Conseil des ministres
13:13en pleine bataille du budget.
13:15Le procès de Gérard Depardieu pour agression sexuelle
13:18est reporté au 24 mars prochain.
13:20L'acteur ne s'est pas présenté cet après-midi
13:22au tribunal de Paris pour raison médicale.
13:25Les plaignantes ont réclamé en vain une expertise.
13:27Et puis les Etats-Unis appellent Israël à ne pas voter
13:30un projet de loi interdisant les activités de l'agence de l'ONU.
13:33Pour les Palestiniens, Israël reste très critique
13:35sur les activités de certains membres de cette structure
13:38depuis le 7 octobre 2023 et l'attaque du Hamas.
13:41Et puis le Réal Madrid, convaincu que Vinicius
13:44ne sera pas ballon d'or, boycotte la cérémonie ce soir
13:48à Paris au Châtelet.
13:49L'an dernier, Léo Messi avait été récompensé
13:51pour la huitième fois.
13:53...
13:55-"France Info".
13:56...
13:58-"20h, 21h, Les Informés",
14:00Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
14:03Retour sur le plateau des Informés
14:05avec Patrice Moyon du West France,
14:07Mickaël Darmon, éditorialiste à E24 News,
14:10François-Xavier Bourmaud de L'Opinion
14:13et Lilian Alemagna de Libération.
14:16On était en train de parler de ce projet du gouvernement
14:19de, éventuellement, venir, eh bien, jouer sur...
14:23Jouer sur quoi ?
14:24Sur les...
14:25Sur les arrêts maladie, on va y arriver.
14:28Et, Agathe, il y a une réaction, ce matin,
14:31notamment de Manuel Bompard, de la France Insoumise.
14:34Oui, tandis que Jordan Bardella, pour le RN,
14:37on l'entendait approuver plutôt la mesure
14:39à certaines conditions, selon lui.
14:41Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise,
14:44lui, s'insurge.
14:46Il est contre.
14:47Écoutez, c'était ce matin sur France Inter.
14:50Je trouve que c'est une manière scandaleuse
14:52d'essayer de faire des économies en pointant du doigt
14:55les fonctionnaires.
14:57Il y a plus de souffrance au travail,
14:59et ça produit des absences.
15:00Pourquoi ? Parce que les conditions de travail
15:03dans la fonction publique se sont très largement dégradées.
15:06On demande à des fonctionnaires de faire le travail
15:09de deux fonctionnaires, parce qu'il n'y a pas assez de postes.
15:12Si on veut lutter contre ces difficultés-là,
15:15et pas les taper sur les doigts de celles et ceux qui sont absents,
15:18car s'ils sont en congé maladie,
15:20c'est parce qu'il y a de la souffrance au travail.
15:23Il y a de la souffrance au travail pour les fonctionnaires.
15:26C'est ça qui explique ces arrêts maladie ?
15:28Ce qui serait intéressant, c'est de faire un diagnostic.
15:31On sait qu'il y a une augmentation depuis le Covid-19.
15:34Qu'est-ce qui s'est passé depuis le Covid-19 ?
15:37Il y a les effets démographiques,
15:39il y a les conditions de travail.
15:41C'est là que les syndicats ont un rôle à jouer.
15:44Là, on privilégie vraiment le court terme.
15:47De son côté, le RN, en fléchant les économies vers le pouvoir d'achat,
15:53montre qu'il n'a aucune idée sur les politiques de santé.
15:56C'est bien à cette politique de santé qu'il faut s'intéresser.
15:59Pourquoi, depuis le Covid, il y aurait plus d'arrêts du travail ?
16:02Je pense que, probablement...
16:05En tout cas, on voit, par exemple, dans les entreprises privées,
16:08qu'il y a beaucoup plus de télétravail,
16:10que le télétravail a une incidence sur les relations au travail.
16:15Les salariés ne vivent pas forcément le télétravail de la même manière.
16:19Et je pense qu'il y a aussi, peut-être, cet effet-là
16:22dans la fonction publique.
16:24Il faut regarder ce qui se passe autour du travail.
16:26Là, on s'adresse peut-être aussi à des métiers
16:29qui ne sont pas télétravaillables, si vous me permettez l'expression.
16:32Justement, c'était là où Emmanuel Attal avait commencé ce travail-là,
16:35il le faisait petit à petit.
16:37Il avait parlé de la semaine en quatre jours
16:39pour la fonction publique.
16:40Il avait senti qu'il y avait, dans la fonction publique,
16:43une aspiration à avoir un jour supplémentaire,
16:46aussi pour se reposer, pour s'occuper des enfants,
16:48et de faire les heures, et ce n'était pas une baisse du temps de travail,
16:51de faire les heures qu'il devait faire en quatre jours.
16:53L'expérimentation fonctionne dans certains endroits,
16:57pas du tout dans d'autres.
16:58Mais ça devait arriver, ce choix
17:02de décaler le jour de carence de un à trois
17:05dans un paquet global sur une réforme de la fonction publique.
17:09Et on l'a dit, le gouvernement, pris de court
17:10parce qu'il doit trouver des économies,
17:12a mis cette mesure en place,
17:15enfin, en tout cas, va le mettre en place très rapidement.
17:16Allez, deux derniers mots sur ce sujet.
17:17Oui, et rapidement, ce qui me frappe sur ce débat,
17:19c'est qu'au fond, on voit bien que la situation des finances publiques
17:22détruit toute la gouvernance.
17:23Il est impossible de pouvoir réfléchir sereinement
17:26à l'évolution d'un secteur, d'une corporation,
17:29de réfléchir à tous les plans qui ont été promis
17:33depuis des mois et des mois, et notamment après la fin du Covid,
17:36parce que les finances publiques obligent à l'urgence.
17:39Et donc, il n'y a plus aucune capacité de réfléchir.
17:41C'est dos au mur et il faut sortir les mesures de la manche.
17:44François Auxilier, dernier mot.
17:45Oui, mais ça ne va pas s'arranger.
17:47Plus le déficit va se creuser, plus les mesures
17:49devront être brutales comme ça, enfin, à sec.
17:51Bon, vous nous offrez une transition parfaite
17:53puisqu'on va continuer à parler de tout ça,
17:54puisque tout ça s'inscrit, évidemment, Agathe,
17:56dans un parcours absolument chaotique du budget.
18:00D'ailleurs, depuis cet après-midi, à partir de 16h,
18:03les députés ont commencé la discussion
18:04autour du budget de la Sécurité sociale.
18:06Voilà, et rien ne dit qu'ils tiendront les délais,
18:09sachant qu'ils ont échoué sur le projet de loi de finances.
18:13Et c'est simple.
18:14On parlait à l'instant de mesures difficiles, brutales.
18:17Certains appellent ça le musée des horreurs à Bercy,
18:20ce placard qu'on ouvre en sortant les pires mesures
18:22dans les moments difficiles.
18:24Eh bien, les députés ont méthodiquement détricoté
18:27le projet de Michel Barnier,
18:28parfois au prix d'alliances hétéroclites.
18:31Un détricotage permis notamment par l'absentéisme
18:34des députés du socle commun.
18:36Ce qui en dit long, aussi, sur leur soutien,
18:38dans ce moment crucial pour le Premier ministre.
18:41Le président du MoDem, François Bayrou,
18:43c'était sur BFM TV hier.
18:45C'est inadmissible.
18:47Dans une situation aussi grave que celle du pays aujourd'hui,
18:51dans une situation institutionnelle aussi inédite,
18:55avoir des parlementaires qui considèrent,
18:57et c'est pas le premier vote, hélas,
18:59depuis le début de cette législature,
19:01qui considèrent qu'ils ont mieux à faire...
19:04On n'a pas seulement des droits lorsqu'on est parlementaire
19:07ou lorsqu'on est citoyen, on a des devoirs.
19:10Et le devoir d'un parlementaire
19:12est de siéger sur ses bancs à l'Assemblée nationale.
19:15-"C'est criminel", dit même François Bayrou.
19:19Est-ce qu'ils ont une responsabilité,
19:22ces députés ?
19:23Mais que restera-t-il du budget de Michel Barnier ?
19:27Le 49-3 est-il inévitable ?
19:29Et le Premier ministre risque-t-il d'y perdre encore quelques plumes ?
19:33Xavier Beaumont, on parlait de l'absentéisme des fonctionnaires.
19:37Il y a peut-être un sujet de l'absentéisme des députés
19:40du socle commun de cet arcle gouvernemental ?
19:43L'expression socle commun donne l'impression
19:46qu'ils travaillent en commun, alors qu'en réalité,
19:48ils ont beaucoup de mal à accorder leur violon.
19:51Ils ont passé 7 ans à se taper les uns sur les autres.
19:53Du jour au lendemain, sur une dissolution,
19:56les voilà dans la même majorité relative,
19:59ou dans une Assemblée nationale morcelée,
20:01où la voix du plus petit groupe pèse aussi lourd
20:06que celle du plus gros par son pouvoir de nuisance.
20:09C'est pas tellement étonnant qu'on se retrouve dans cette situation
20:12où les députés ne viennent plus siéger,
20:14parce que de toute façon, le budget est fait pour être détricoté.
20:18On en revient au péché initial
20:22du 2e quinquennat d'Emmanuel Macron.
20:25Il n'y a pas eu de campagne présidentielle.
20:27Le programme souffre d'une légitimité politique assez faible.
20:30Ce manque de légitimité politique a été renforcé, si on peut dire,
20:34par une campagne des législatives qui n'a pas eu lieu.
20:37Elle s'est pas déroulée sur un programme.
20:39Là, il se retrouve à devoir gérer
20:41un trou de 60 milliards d'euros supplémentaires
20:43sans légitimité politique.
20:45Ça part dans tous les sens, dans une Assemblée nationale morcelée.
20:48C'est pas étonnant. Plus personne n'y retrouve ses petits,
20:51à commencer par les députés du socle commun.
20:55-"Socle commun", qui n'ont cessé de reprocher, effectivement,
20:59à Michel Barnier, ces dernières semaines,
21:01son opacité dans la préparation du budget.
21:04Pas un jour sans que Gabriel Attal ou Gérald Darmanin
21:07ou des députés macronistes ne déplorent la méthode de Barnier,
21:11qui ne les a pas associées à la préparation de ce budget.
21:14Aujourd'hui, ils lui font payer. Il lui dit de se débrouiller.
21:17D'autant plus qu'ils savent que tout ça va se terminer par un 49-3.
21:20Pourquoi venir siéger, puisqu'à la fin,
21:22c'est l'ardoise magique et on reprend tout à zéro ?
21:25C'était inévitable, ce 49-3, ce passage en force,
21:28en rappel, lié à l'Emmanuel Macron ?
21:30C'était inévitable car il n'y a pas de majorité.
21:32Ni le Nouveau Front populaire ni le RN de l'autre
21:35ne votera ce budget ou s'abstiendra.
21:39Les deux ont dit qu'ils voteraient contre.
21:42En revanche, contrairement à ce qu'on a connu
21:44sous Elisabeth Borne, où il y avait des rafales de 49-3,
21:47on va utiliser un nouvel article de la Constitution,
21:50l'article 47, c'est-à-dire qu'on a 40 jours,
21:54si je ne me trompe pas,
21:55pour que l'Assemblée nationale vote ce budget.
21:58S'il n'est pas voté, c'est le texte initial du gouvernement
22:01qui part au Sénat. C'est assez magique.
22:03C'est aussi l'ardoise magique.
22:05Notre Ve République a été bien faite pour ceci,
22:08pour ne pas y avoir de blocage sur la question du budget.
22:11C'est exactement ce que le gouvernement joue,
22:14c'est-à-dire la montre.
22:15Laurent Saint-Martin dit qu'il discute
22:17du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
22:20Puis, le 5 novembre,
22:22on continuera à discuter de la première partie du budget,
22:26la partie de recette,
22:27et on décalera la deuxième partie, la partie dépenses,
22:30jusqu'au 22 novembre.
22:32Normalement, le vote devait avoir lieu, je crois, le 19 novembre,
22:37donc il y aura trois jours de plus
22:38pour, pour l'instant, faire la totalité des débats.
22:44Vu comment ça se passe, on n'y arrivera pas du tout.
22:47C'est très contraint, bien évidemment,
22:49sauf que, en réalité, le gouvernement lui-même
22:52ne dit pas qu'il va utiliser le 49-3.
22:53Pour l'instant, tout ça ne se dit pas officiellement.
22:56Non, mais le principe a été validé,
22:59enterriné au Conseil des ministres,
23:01la possibilité de pouvoir l'utiliser.
23:02Le fusil est chargé, il est pratiquement visé,
23:07mais on n'appuie pas encore sur la gâchette.
23:09En tout cas, on crée l'ambiance.
23:11Et quand j'entends le calendrier qui vient d'être exposé par Lilian,
23:15je me dis que ça va tomber en pleine tension avec les agriculteurs,
23:18puisqu'eux doivent également manifester vers mi-novembre,
23:22d'après ce que j'ai compris,
23:24pour pouvoir justement faire ressortir
23:26toutes leurs revendications et créer encore une tension,
23:29qui n'enclut maintenant que les syndicats qui s'y mettent,
23:32pour les raisons qui sont diverses et variées.
23:35Et on va avoir effectivement une situation de tension sociale,
23:38budgétaire et politique assez forte.
23:41On va voir comment, effectivement, le Premier ministre va s'en sortir,
23:44vraisemblablement en utilisant cette méthode,
23:47mais on sait à quel point, tout d'un coup, ça change.
23:50C'est un game changer, comme on dit, quand on utilise le 49.3.
23:53Le regard de l'opinion change.
23:54On a maintenant, d'emblée, pris une démarche plutôt autoritaire,
23:59alors qu'on avait dit qu'on écouterait, qu'on respecterait,
24:02qu'on respecterait des biorhythmes.
24:04C'est terminé et on est obligé, effectivement, d'aller au plus pressé.
24:08C'est un risque politique, un 49.3 pour Michel Barnier, Patrick Moyet ?
24:11Oui et non, parce que le Premier ministre va être en mesure de dire,
24:15écoutez, nous avons laissé les débats se poursuivre.
24:19Il n'y a pas eu d'accord, il n'y a pas eu de majorité.
24:22Donc, je suis obligé de recourir au 49.3,
24:25mais je peux aussi rajouter dans le texte que j'avais proposé,
24:29les mesures qui me semblent peut-être les plus pertinentes
24:31ou les plus politiques.
24:33Effectivement, à la veille d'une mobilisation, par exemple,
24:36des agriculteurs le 15 novembre,
24:39on peut imaginer que le Premier ministre rajoute un dispositif
24:43qui pourrait satisfaire les agriculteurs.
24:46Donc, Michel Barnier garde la main d'une certaine façon.
24:49Après, ce qui est compliqué démocratiquement et politiquement,
24:52c'est d'expliquer qu'il y a eu des votes à l'Assemblée nationale
24:56et qu'on s'assoit dessus.
24:57Et je ne récupère pas,
25:00je ne vois pas les mesures du Nouveau Front Populaire,
25:02à part peut-être les questions sur les familles monoparentales
25:07qui ont été votées,
25:09qui seraient reprises par Michel Barnier,
25:12notamment les hausses d'impôts sur les plus grandes entreprises
25:15ou sur les plus fortunées.
25:16Un petit point de méthode pour nos auditeurs et téléspectateurs,
25:19quand on fait un 49-3, qu'on fait passer un texte de manière...
25:22Voilà, en force, comme on dit,
25:24on met dedans ce que le gouvernement veut.
25:26Donc, il peut aussi faire un peu du picking, comme on dit,
25:28choisir un peu des choses qui, éventuellement,
25:30auraient été votées, François-Xavier Beaumont.
25:32Puisque le 49-3, il est inévitable, effectivement,
25:36pour plusieurs raisons.
25:37D'abord, parce que c'est ce qu'ils font de l'appartenance à la majorité.
25:40Il n'y a aucune raison que les oppositions votent le budget
25:44et déclarent appartenir à la majorité.
25:46Donc, elles voteront contre ou s'abstiendront.
25:48Et puis, l'Assemblée est tellement morcelée
25:50que le texte ne peut pas passer.
25:52Mais, en revanche, il y a quand même plusieurs nuances de 49-3.
25:55L'enjeu pour Michel Barnier,
25:58c'est d'éviter un 49-3 brutal,
26:00raide, qui s'impose à la surprise générale.
26:02Il y a les bons 49-3, les mauvais 49-3.
26:04Voilà, il y a le 49-3 un peu plus souple.
26:08Écoutez, on a discuté, je vous ai écouté ce que vous disiez.
26:11J'ai intégré quelques amendements, je ne peux pas aller plus loin.
26:14L'idée, c'est quand même de faire un 49-3
26:18qui soit compris par l'opinion publique.
26:20L'idée, c'est de faire l'antiborne, en fait.
26:22Elisabeth Band, qui a été très abîmée par les 49-3 à répétition,
26:25et d'ailleurs, elle en a été elle-même meurtrie,
26:27elle ne le cache pas, parce que ça a abîmé son image.
26:30Les Français n'en ont pas compris, c'est passé pour de la brutalité.
26:34Donc, aujourd'hui, Michel Barnier prend l'opinion à témoin.
26:37Regardez, j'essaye, je discute, je laisse le temps,
26:41même s'il sait qu'il va dans le mur et qu'il devra l'utiliser à la fin.
26:44Il fait semblant
26:46qu'il laisse vraiment la possibilité au débat d'avoir lieu.
26:49Il a bien en tête qu'une majorité de Français, selon les sondages,
26:52sont opposés à un 49-3 sur le budget.
26:55Donc, on ne sait pas comment l'opinion réagira
26:58à l'issue d'un éventuel 49-3.
27:00Il ne serait pas forcément favorable au 49-3.
27:02On n'est jamais favorable souvent au 49-3 depuis plusieurs années.
27:05En revanche, Michel Barnier ne craint rien politiquement jusqu'à présent.
27:09Autant le RN ne va pas voter le budget,
27:12autant, vraisemblablement, il ne votera pas une motion de censure
27:17qui sera déposée par le nouveau Front populaire à l'issue de ce 49-3.
27:20Lilian Allemagne à Libération, François-Xavier Bourmeau,
27:23l'Opinion, Mickaël Darmon, E24 News,
27:25Patrice Moyon de Ouest-France.
27:28On se retrouve dans un instant.
27:29Les informés, pour l'heure, il est 20h30.
27:3620h30, un nouveau journal. Bonsoir, Sophie Echenne.
27:41Bonsoir, Jean-Rémi. Bonsoir à toutes et à tous.
27:43C'est ce que souhaitaient les deux parties en l'absence de l'acteur.
27:46Le procès de Gérard Depardieu est renvoyé au 24 mars prochain.
27:50D'ici là, une expertise médicale devra être menée
27:53par un cardiologue indépendant.
27:54L'acteur de 75 ans est accusé d'agression sexuelle sur deux femmes
27:58lors du tournage du film Les Volets Verts, il y a trois ans.
28:01Son avocat dénonce les accusations totalement mensongères.
28:04Des milliers de géorgiens ont manifesté ce soir devant le Parlement,
28:07à Tbilisi, la capitale à l'appel de la présidente pro-européenne
28:11Salome Zorabishvili, pour dénoncer les élections législatives
28:14remportées hier par le parti prorusse au pouvoir.
28:17Des élections frauduleuses et volées, selon la présidente.
28:21En Guadeloupe, la prison de Bemao était bloquée aujourd'hui
28:24par des surveillants pénitentiaires.
28:25Ils dénoncent l'agression d'un de leurs collègues hier
28:28par un détenu dont ils réclament le transfert.
28:30L'agent a été gravement brûlé au bras et au visage
28:32après avoir été aspergé d'eau bouillante.
28:35Ces surveillants dénoncent aussi la surpopulation carcérale.
28:37Début septembre, la prison de Bemao comptait plus de 460 détenus
28:41pour à peine 250 places opérationnelles.
28:44Plus d'un tiers des espèces d'arbres de la planète
28:47est menacé d'extinction, selon la liste rouge actualisée
28:50et publiée aujourd'hui à la COP16 sur la biodiversité
28:52qui se déroule en Colombie.
28:54Et l'homme est le premier responsable entre déforestation,
28:56agriculture intensive et surexploitation du bois,
28:59les parasites et les espèces invasives
29:01associées au changement climatique représentent les autres menaces.
29:04La disparition des arbres engendre également un risque important
29:07sur des milliers d'autres plantes, champignons et animaux.
29:1420h, 21h, Les Informés, Agathe Lambray, Jean-Rémi Baudot.
29:21Pour mes 2e demi-heure de cette émission des Informés
29:24avec Lilian Allemagnat, rédacteur en chef,
29:26adjoint au service politique de Libération,
29:28François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'Opinion,
29:30en charge de l'Elysée,
29:31Mickaël Darmont, éditorialiste à Evenkent News
29:33et Patrice Moyon, chroniqueur économique et social,
29:37éditorialiste chez West France.
29:39Agathe, on va changer de sujet,
29:40on va arrêter de parler de budget pour l'instant,
29:43car pendant ce temps-là, Emmanuel Macron a quitté la France.
29:46Il est au Maroc depuis cet après-midi pour une visite d'Etat,
29:50un voyage d'Etat pendant 3 jours.
29:52Exactement, visite de la réconciliation
29:54après 3 années de brouilles, de tensions,
29:57de malentendus entre la France et le Maroc.
30:00Parmi les sujets de discorde, les visas,
30:02pour faire pression sur le Maroc
30:04pour qu'il récupère ses ressortissants expulsés.
30:07La France avait réduit les visas accordés au pays,
30:10sans que ce soit vraiment efficace, d'ailleurs.
30:13Mais il y a aussi l'affaire Pegasus qui a laissé des traces.
30:17Pegasus, c'était ce logiciel israélien
30:19utilisé par les Marocains pour écouter des personnalités,
30:23dont le président français.
30:25Emmanuel Macron s'en était expliqué avec le roi Mohamed VI.
30:29Ce qui n'a pas été sans conséquence.
30:32Écoutez ce que disait à ce propos l'écrivain marocain
30:35Tar Ben Jelloun.
30:37Il accompagne le président au Maroc
30:39qui était sur France Inter ce matin.
30:41Il y a eu l'histoire de Pegasus,
30:43l'entretien entre le président et le roi,
30:47ça s'est très mal passé.
30:48Il aurait dit, moi j'étais pas avec eux,
30:50vous m'avez écouté.
30:52Le roi, c'est pas son genre, c'est pas celui qui écoute.
30:55Le roi lui-même, non, mais les services de renseignement, peut-être.
30:58Personnellement, il dit, j'ai pas que ça à faire.
31:01Ça s'est très mal passé.
31:02Je pense que Macron, à l'époque, il savait pas à qui il avait affaire.
31:06Il ne savait pas à qui il avait affaire,
31:08dit Tar Ben Jelloun.
31:10Est-ce que ce président français a pêché par ignorance
31:14avec le Maroc ?
31:15Quelle est sa responsabilité dans la dégradation
31:19de la relation entre les deux pays ?
31:21Mais aujourd'hui, est-ce que l'heure est vraiment
31:23à la réconciliation ? Et pourquoi aujourd'hui ?
31:26L'heure est-elle à la réconciliation, Michel Darmanin ?
31:29Elle sera à la réconciliation si le président français
31:33va plus loin dans sa déclaration du 30 juillet,
31:37qui a permis que cette visite puisse se tenir.
31:39On va faire une petite parenthèse.
31:41Ce qui s'est passé en juillet,
31:43c'est la reconnaissance par la France du projet marocain.
31:47C'est l'intention, effectivement, par la France de reconnaître
31:50que la marocanité, entre guillemets, du Sahara occidental,
31:55ce que les Marocains appellent les provinces du Sud,
31:57qui sont des terres disputées,
31:59qui sont centrales sur le plan identitaire au Maroc,
32:03la France reconnaissait enfin,
32:05après tant d'années de neutralité
32:07pour préserver les relations avec l'Algérie,
32:10la France reconnaissait par une lettre du président de la République
32:13adressée au roi du Maroc le 30 juillet dernier
32:16que cette position était celle de la France.
32:20Ca a permis de pouvoir faire la visite.
32:23Sinon, il était impossible,
32:25malgré tous les gestes de réconciliation qui avaient commencé,
32:28et malgré la volonté de remettre un peu d'affect
32:30dans une relation très mécanique de la part du président Macron
32:34à l'égard du roi du Maroc,
32:36ça a permis de pouvoir déclencher cette visite
32:39que les diplomates appellent visite avec paiement sur à-compte.
32:44A-compte sur paiement, plutôt.
32:45Il y a cette lettre, mais ce n'est pas suffisant.
32:48Ca veut dire quoi ?
32:49Il va falloir maintenant qu'il y ait une déclaration
32:51beaucoup plus franche de la part du président de la République,
32:53voire s'engager à le dire à l'ONU,
32:56ce qui serait totalement également nouveau,
32:58et une rupture avec la doctrine française.
33:00Et c'est ce que les Marocains attendent,
33:02en tout cas le roi attend, pour vraiment décider
33:04que les relations sont dégelées.
33:05Entre-temps, on va voir toute la scénographie
33:07à laquelle on assiste en ce moment
33:09et qui, en fait, ne vient qu'habiller cette attention.
33:12Oui, parce que pour le Maroc,
33:15ce sujet du Sahara occidental, il est absolument crucial,
33:17il est sacré, il est déterminant pour tout, en fait.
33:20La position d'un pays sur le Sahara occidental
33:23détermine sa relation avec le Maroc, en fait.
33:26Tu es allié ou tu n'es pas allié du Maroc,
33:28selon ta position sur le Sahara occidental.
33:31Et la France le sait.
33:32Et au début, pour ne pas se brouiller avec l'Algérie,
33:35Emmanuel Macron, qui essayait de ménager les deux pays,
33:38n'a pas pris position dans le sens que souhaitait le Maroc.
33:43Donc c'est un revirement extrêmement stratégique,
33:46mais parce que sans ce revirement,
33:48rien n'était possible avec le Maroc.
33:49Or, le Maroc est quand même un allié essentiel pour la France,
33:53donc c'était un revirement indispensable,
33:55mais effectivement impréalable, comme le disait Michael Darmanin.
33:58Avec des épisodes ces dernières années,
34:00dont certains se sont faits de manière feutrée,
34:02on n'en a pas forcément su grand-chose,
34:03et d'autres qui se sont faits de manière très ouverte.
34:06Souvenez-vous, en septembre l'année dernière,
34:08en septembre 2023, quand il y a eu ce tremblement de terre au Maroc,
34:11le Maroc a refusé l'aide de la France.
34:13Ça a été pour beaucoup, semble-t-il,
34:15un moment de prise de conscience publique
34:18qu'il y avait vraiment un problème l'Illinois-Allemagne ?
34:19Oui, on a découvert,
34:21y compris des journalistes comme nous,
34:23qui ne suivons pas forcément les questions internationales,
34:25plutôt les questions françaises,
34:26qu'il y avait un gros sujet avec le Maroc.
34:30Mais la question est aussi,
34:32pourquoi Emmanuel Macron fait ce pas vers le Maroc ?
34:35C'est aussi pour des questions économiques.
34:37Il part au Maroc avec une délégation de chefs d'entreprise,
34:45petites et moyennes entreprises, grandes entreprises,
34:47pour aussi signer des contrats,
34:49que ce soit sur la question du TGV, ferroviaire,
34:53sur la question aérienne, sur d'autres domaines économiques.
34:58Et aujourd'hui, on en parlait tout à l'heure,
34:59la France a besoin de croissance.
35:01Et un des moteurs de la croissance française qui est en panne,
35:03ce sont les exportations.
35:05Et donc, signer des contrats aujourd'hui,
35:06c'est tenter d'avoir des points supplémentaires
35:11ou des demi-points supplémentaires de croissance
35:12dans les années qui viennent.
35:14Patrick Moyon, vous voyez ça comme ça,
35:16cet angle diplomatie-économie ?
35:19Alors, diplomatie-économie, oui,
35:21parce que la relation entre la France
35:24et la rive sud de la Méditerranée est fondamentale.
35:27Le Maroc est la porte d'entrée pour l'Afrique,
35:31parce que le Maroc, ces dernières années,
35:33a joué un rôle très important en Afrique.
35:37C'est un sujet économique,
35:39parce que des groupes de l'agroalimentaire français,
35:42comme le groupe Avril, par exemple,
35:43sont très présents au Maroc.
35:47Donc, oui, l'économie, l'énergie, ça joue un rôle important.
35:53Mais c'est très compliqué pour la France,
35:54parce qu'effectivement, à cause de l'Algérie,
35:57puisque l'Algérie soutient les Sahraouis
36:00et que le Maroc ne veut pas en entendre parler.
36:05François-Xavier Bourbon.
36:07Oui, en fait, cette visite d'Emmanuel Macron au Maroc,
36:09c'est un constat d'échec pour Emmanuel Macron.
36:12Il y a une maxime qui circule chez les diplomates du Quai d'Orsay
36:15et qui dit que tout mandat présidentiel français
36:17commence à Alger et se termine à Rabat.
36:19Emmanuel Macron, lui, pensait pouvoir commencer à Alger,
36:23terminer à Alger.
36:24C'était sa grande politique de réconciliation des mémoires.
36:26Et ça avait même commencé avant son mandat présidentiel,
36:29puisque pendant la campagne, il avait fait un déplacement à Alger.
36:33C'est là qu'il avait parlé de...
36:35La colonisation était un crime contre l'humanité.
36:37Il y avait vraiment, chez Emmanuel Macron,
36:39qui n'appartenait pas à cette génération
36:41qui avait connu la guerre d'Algérie,
36:43cette volonté de se réconcilier avec l'Algérie.
36:47Or, au bout de sept ans...
36:48Ça n'a pas marché.
36:49Non, voilà, c'est comme le dirait Macron.
36:53Ce n'est pas un échec, ça n'a pas marché.
36:56Et donc, mécaniquement, il se retourne vers Rabat.
36:58À Rabat, il avait aussi effectué un petit déplacement.
37:01C'était une visite de courtoisie dès le début de son mandat.
37:04C'était en juin 2017.
37:06Il y avait passé une nuit et une journée
37:08pour faire connaissance avec Mohamed VI.
37:11Mais ça, c'était visiblement...
37:13Vous n'avez pas eu le temps de faire vraiment aussi bien connaissance
37:16que ça, et ça s'était assez rapidement distendu.
37:19Donc, cette visite d'état de trois jours d'Emmanuel Macron à Rabat,
37:23c'est d'abord le constat d'échette de sa politique algérienne.
37:26Oui, on en vient à la personnalité et à la politique d'Emmanuel Macron.
37:30Parce qu'il faut savoir, déjà, Mohamed VI,
37:32ça fait 25 ans qu'il est roi.
37:34Il a eu une longue histoire avec les précédents présidents.
37:38On se souvient que Jacques Chirac avait une relation d'amitié avec Hassan II,
37:42que Jacques Chirac, ensuite, a un peu suivi les premiers pas de Mohamed VI,
37:46que Nicolas Sarkozy a eu une grande histoire d'amitié aussi avec le Maroc,
37:50qu'il y allait régulièrement en visite privée.
37:53Est-ce que, ma question à Michael Darmaud,
37:55vous qui avez réalisé un documentaire sur Mohamed VI,
37:59dans quelle mesure Emmanuel Macron est responsable aussi
38:02de cette dégradation de la relation ?
38:04C'est vrai qu'une relation entre un chef d'État et un roi,
38:07c'est pas tout à fait la même chose qu'entre deux présidents non plus.
38:09Oui, c'est ce qu'on a voulu montrer avec Yves Deray dans ce documentaire.
38:13C'est que, d'abord, comment le Maroc avait muté en 25 ans,
38:17effectivement, pendant les 25 ans de règne de Mohamed VI,
38:20comment le Maroc était devenu une puissance africaine
38:22en décidant de revenir sur le terrain africain,
38:25c'est-à-dire d'être en rupture totale avec Hassan II,
38:28le père de Mohamed VI, qui, lui, ne jurait que par Washington et Paris.
38:32Là, le retour en Afrique a permis au Maroc
38:35de devenir une puissance africaine politique, géopolitique, autonome.
38:38Et c'est ce que la France n'a pas très bien compris, dès le départ.
38:42Cette africanisation du Maroc n'a pas été perçue à sa juste mesure,
38:46en particulier par le président Macron,
38:48qui, lui, effectivement, n'a pas aussi perçu
38:52qu'il était face à la monarchie exécutive
38:55parmi les plus anciennes du monde,
38:56avec ses siècles d'histoire, de tradition et de codification,
39:00en particulier l'affect qui existe beaucoup
39:04dans les relations entre les dirigeants français et le Maroc.
39:08Tout cela a permis d'emblée, vous avez raison de le signaler,
39:11dès la première visite, en 2017, ça ne se passe pas très bien.
39:15À partir de là, ça part de travers avec tout ce qu'on a rappelé.
39:19C'est pourquoi la visite d'aujourd'hui est très importante,
39:23parce qu'il n'est pas certain que tout redevienne comme avant,
39:26même s'il y a une grande volonté de la part de la monarchie
39:30de transmettre des messages de proximité.
39:33Par exemple, le dîner de ce soir,
39:35le 1er dîner en tête-à-tête avec le roi et le président Macron,
39:39se fait dans le format de ce que le protocole appelle
39:41la petite famille, avec les trois sœurs du roi,
39:44le roi, le couple présidentiel,
39:46ce qui est une marque de proximité
39:48dont Nicolas Sarkozy avait bénéficié
39:50quand il avait fait son voyage.
39:52Ca commence bien, Mickaël Darmanin.
39:54Le Maroc a l'envie que ça commence bien,
39:57mais on va attendre ce que les déclarations politiques...
40:01L'économie n'est pas le plus important dans ce voyage.
40:04Pendant toute la brouille, ce qui a continué à marcher,
40:07ce sont les relations économiques entre entreprises,
40:10entre l'associée civile marocaine et française.
40:14La brouille était entre les deux dirigeants.
40:16C'est cette réconciliation politique
40:20qui est attendue au tournant dans ce voyage
40:23avec beaucoup de fastes.
40:25François-Xavier Beaumont ?
40:26Tout n'est pas à la faute d'Emmanuel Macron.
40:28C'est l'affaire Pegasus qui a largement contribué...
40:31On rappelle l'espionnage de personnalités
40:35dont Emmanuel Macron.
40:37...du téléphone portable personnel d'Emmanuel Macron
40:40par le logiciel Pegasus.
40:42Ca met une pierre de plus dans la difficulté.
40:48C'est l'approche sur le Sahara
40:51qui a toujours crispé d'emblée les relations.
40:54On assiste à une rupture française.
40:56On verra comment l'Algérie va réagir.
40:59Une partie de grands patrons français ne sont pas venus,
41:02en particulier le patron de Total,
41:04pour préserver les relations avec l'Algérie.
41:06C'est un point.
41:08Est-ce que ce qu'on met en place,
41:10la France, est en train de remettre en place avec le Maroc ?
41:14Est-ce que ça n'est pas au prix de mauvaises relations avec l'Algérie ?
41:19Vous nous disiez à quel point c'était difficile
41:22les relations avec l'Algérie.
41:24On ne vient pas mettre un clou de plus dans cette difficulté-là ?
41:28J'ai l'impression qu'Emmanuel Macron a fait son deuil
41:31de réussir à réconcilier la France et l'Algérie.
41:34Tout le travail mémoriel qu'il avait entrepris
41:36pour réconcilier les mémoires, selon le vocable de l'Elysée,
41:39il est arrivé au bout de la logique.
41:41Il va probablement continuer le programme qu'il avait
41:45avec des commémorations encore,
41:47mais cette histoire-là est terminée.
41:49Quand il avait été au Maroc en juin 2017,
41:53en même temps, il avait dépêché Jean-Yves Le Drian,
41:56ministre des Affaires étrangères à l'époque, à Alger,
41:59pour justement ménager à Alger.
42:02On voit bien que de toute façon, dans cette histoire-là,
42:05le président de la République française doit choisir l'un ou l'autre.
42:09Et là, en l'occurrence, avec cette visite d'Etat,
42:12ça se tourne vers Rame.
42:13Et là, on va choisir de... Un petit mot ? Non ?
42:16Pas de petit mot, on va choisir d'aller vers le Fil-Info.
42:19Il est 20h45, l'heure du Fil-Info,
42:21un nouveau tour de l'actualité avec Stéphane Milhomme.
42:24L'Allemagne condamne le régime inhumain de Téhéran.
42:27L'Iran a exécuté le dissident Jamshid Sharmad.
42:31Cet Iranien naturalisé allemand avait été arrêté,
42:33puis emprisonné en 2020, condamné à mort l'an dernier
42:36pour son implication présumée dans un attentat
42:39contre une mosquée de Shiraz.
42:41C'était en 2008.
42:42L'Allemagne est intervenue en vain
42:44pour réclamer la clémence de la justice iranienne.
42:47L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens
42:49annonce un vote scandaleux ce soir du Parlement israélien.
42:52Il interdit ces activités.
42:54Les Etats-Unis avaient tenté de l'en dissuader.
42:56Israël accuse certains membres de cette structure onusienne
43:00d'avoir participé aux attaques du 7 novembre, 7 octobre 2023.
43:04Dans le Var, l'armée est sollicitée pour évacuer 580 touristes
43:08toujours bloqués dans un centre de vacances du Muih.
43:12Une demande de la préfecture
43:13après les intempéries du week-end et la destruction d'un pont.
43:17Antoine Dupont, capitaine du 152 France pour la tournée d'automne.
43:20Un retour après sa parenthèse dorée dans le rugby A7
43:23et sa médaille olympique.
43:25La tournée commence dès le 9 novembre.
43:27Ce sera le Japon avant la Nouvelle-Zélande
43:29et enfin l'Argentine.
43:40Retour sur le plateau des informés.
43:42Dernière partie avec Patrice Moyon de Ouest-France,
43:45Mickaël Darmand d'E24 News,
43:47François-Xavier Bourmont à l'Opinion
43:50et Lilian Alemanya de Libération.
43:52On parlait du déplacement d'Emmanuel Macron
43:54qui est en cours au Maroc pour trois jours.
43:57Tout ça nous emmène à la question d'Emmanuel Macron
44:00qui se retrouve à camper la question internationale
44:03alors qu'il est peut-être un peu plus à la peine au niveau national.
44:06C'est important, selon vous, Lilian Alemanya,
44:10que c'est important pour lui de s'afficher à l'international,
44:13de cranter quelque chose ?
44:14Il en a besoin. Il ne lui reste presque plus que ça aujourd'hui.
44:17On verra dans les mois qui viennent
44:19et la situation politique intérieure comment elle évoluera.
44:22Mais d'une, il a besoin de se tenir très éloigné
44:25de ce dont on a parlé en première partie d'émission,
44:27c'est-à-dire le budget, ce socle commun qui n'en est plus un,
44:31une coalition.
44:33À un moment donné, l'Elysée nous parlait.
44:35Ce n'est pas une cohabitation, ce n'est pas une coalition.
44:38On avait plein de néologismes.
44:39Aujourd'hui, ça a totalement disparu.
44:41Donc on est dans une espèce de cohabitation
44:43puisque les questions intérieures se font avec Michel Barnier,
44:48que le camp présidentiel n'est plus trop un camp présidentiel.
44:51Du côté de Gabriel Attal,
44:53on n'aime pas trop qu'on parle de députés macronistes aujourd'hui.
44:56C'est plutôt des députés Renaissance ou EPR,
44:59pour Ensemble pour la République, le nouveau nom du groupe.
45:02Donc même son propre camp le met à distance au niveau intérieur.
45:07Donc oui, il va lui rester les questions internationales,
45:10mais on vient d'en parler.
45:12Ce n'est pas non plus très bon.
45:14Au niveau européen, il est discrédité.
45:17On va peut-être en parler.
45:18Au niveau international, il n'a plus le poids et la voix qu'il peut avoir.
45:21Donc est-ce qu'il prendra des initiatives dans les mois qui viennent,
45:24justement sur ce terrain-là, qui le font exister ?
45:28On le verra dans les prochains mois.
45:30C'est vu comme un domaine réservé,
45:32justement, l'international, François-Xavier Bambon, à l'Elysée.
45:35Historiquement, oui.
45:37Le président de la République s'occupe des affaires internationales
45:40de la France.
45:42Et surtout, Emmanuel Macron, il n'a pas le choix, en réalité.
45:44Il ne peut plus s'occuper que de ce dossier-là,
45:47puisque en France, effectivement,
45:50il y a encore un très fort ressentiment
45:53au sein de son propre camp
45:54pour sa décision d'avoir dissous l'Assemblée nationale.
45:58Donc il se fait un peu oublier à l'étranger.
46:00Le voyage d'État au Maroc tombe bien
46:03parce que ses visites d'État, c'est quand même trois jours.
46:06Normalement, il y a deux villes, donc on va le voir en majesté.
46:09S'il représentait la France en majesté à l'étranger,
46:12pendant que le budget part en capilotade à l'Assemblée.
46:17Cela dit, c'est vrai que le bilan international d'Emmanuel Macron
46:21n'est pas florissant.
46:24Le signe le plus emblématique serait sans doute
46:30ce qu'il a essayé de faire avec Vladimir Poutine.
46:33Il l'a reçu au fort de Brégançon,
46:34il a essayé de développer une relation avec lui
46:36dès le début de son mandat.
46:38D'ailleurs, il l'a invité à Versailles,
46:39dans la galerie des batailles.
46:40Il a essayé de développer une relation avec Vladimir Poutine
46:43pour se ménager la Russie.
46:45On voit comment ça s'est terminé.
46:47Au Moyen-Orient aujourd'hui,
46:49on voit que la France ne pèse plus du tout dans le conflit.
46:53Donc il fait ce qu'il peut,
46:55mais il y a très peu de marge de manœuvre pour Emmanuel Macron
46:58pour exister, même à l'international,
46:59dans son domaine réservé, d'autant plus que Michel Barnier
47:02lui conteste l'Europe à Bruxelles.
47:05C'est un président qui est quand même très isolé.
47:08Isolé, sauf à l'international, Michel Damon ?
47:11Isolé aussi à l'international,
47:13parce qu'au fond,
47:16tous les dirigeants étrangers
47:19ont tous une politique intérieure à gérer.
47:21Ils savent tous que c'est en fonction de la puissance
47:25au sein de la politique intérieure
47:26qu'on a une image internationale.
47:28Et quand, aujourd'hui, Emmanuel Macron
47:30se promène dans les couloirs de la scène internationale,
47:34tout le monde le regarde comme quelqu'un d'affaibli.
47:36Et d'ailleurs, tout le monde connaît aussi le calendrier,
47:39tout le monde sait qu'il ne se représente plus.
47:40Donc, un, il ne se représente plus.
47:41Deux, il est affaibli à l'intérieur.
47:43Le regard de ses collègues, il est celui-là.
47:45Et donc, de ce point de vue-là, oui, il y a d'emblée,
47:48je dirais, un sentiment déjà d'affaissement.
47:51Après, je ne vais pas répéter effectivement ce bilan difficile.
47:55Lorsque l'on parle avec...
47:57Moi, ce qui me frappe, c'est que depuis déjà plusieurs mois,
48:00lorsqu'on parle avec des diplomates
48:01et qu'ils ne tiennent pas le langage diplomatique,
48:04ils sont effectivement attristés
48:06de la situation de la diplomatie française
48:09sur les différents théâtres tels qu'on vient de le décrire à l'instant.
48:14Oui, Emmanuel Macron a été affaibli d'abord par la dissolution...
48:17Que personne ne comprend, même l'étranger.
48:19Elle n'a pas été comprise en France,
48:20elle n'a pas non plus été comprise dans l'Union européenne.
48:24Parce qu'elle n'est pas compréhensible, tout simplement.
48:27Oui, il a montré une nouvelle facette de sa personnalité à cette occasion
48:30que certains ne comprennent toujours pas.
48:32Il y a eu ensuite la crise politique,
48:34les difficultés à mettre en place un nouveau gouvernement.
48:39Ça a été très long, la France était assez inaudible pendant ce temps-là.
48:42On était concentrés sur ces sujets-là.
48:45Et il y a aussi la situation économique de la France.
48:48Difficile de donner des leçons,
48:49difficile d'être leader au niveau européen
48:52quand on est complètement empêtré dans ces problèmes budgétaires
48:55et qu'on n'arrive pas à tenir ses objectifs,
48:57qu'on est sous le coup d'une procédure de Bruxelles
48:59et qu'on est aussi sous le joug d'une Allemagne de plus en plus forte
49:04et d'une présidente de la Commission européenne,
49:07Ursula von der Leyen, qui a été réélue et qui est de plus en plus puissante
49:11et qui a imposé à la France jusqu'au profil du nouveau commissaire européen.
49:16Elle a réussi à avoir la peau du commissaire français Thierry Breton
49:19qu'elle n'aimait pas.
49:20Et aujourd'hui, la France est en perte d'influence sur la scène européenne.
49:24Et en plus, Emmanuel Macron est confronté à une concurrence en interne
49:27parce que Michel Barnier, ces sujets, il les connaissait parfaitement.
49:30C'est lui qui a négocié le Brexit.
49:33Il est à Bruxelles, comme chez lui, et il incite ses ministres
49:37et lui-même ne s'en prive pas, à s'impliquer dans les conseils européens,
49:41dans les méandres de l'Union européenne,
49:43ce qui vient aussi parasiter le peu d'influence
49:46que pourrait tenter d'avoir le président.
49:49Oui, oui, effectivement, la dissolution,
49:51elle n'a fait qu'accélérer un affaiblissement qui a été programmé.
49:55Alors qu'Emmanuel Macron pariait sur cette dissolution,
49:57pour retrouver du capital politique.
49:59La perdant, dans cette mesure-là,
50:01il a effectivement accéléré son affaiblissement.
50:06Cela dit, sur l'Europe, effectivement,
50:09ça joue des coudes avec Michel Barnier.
50:12Il ne faut quand même pas oublier qu'il a réussi à placer Stéphane Séjourné,
50:14qui est assez plus proche,
50:16à un poste de commissaire européen assez conséquent.
50:20Et donc, il garde quelques antennes à Bruxelles,
50:24peut-être pour préparer la suite,
50:25parce que l'Europe, c'est quand même la marque de fabrique d'Emmanuel Macron.
50:28S'il lui reste une seule chose, ce sera sans doute ça,
50:30c'est l'engagement européen.
50:32Donc, il espère sans doute se refaire la cerise,
50:36reprendre un peu de popularité
50:39pendant que Michel Barnier, lui,
50:41encaissera toutes les difficultés liées au budget.
50:44Mais l'heure n'est pas à ce moment-là aujourd'hui.
50:46C'est plutôt un affaiblissement, une mise en retrait du président.
50:49Et puis, puisqu'on parle d'affaiblissement,
50:50il y a aussi la manière dont ces récentes prises de parole,
50:54notamment aussi sur les questions internationales,
50:56ont créé quelques troubles, dirons-nous,
50:58ou quelques tensions, quelques couacs.
51:00On pense par exemple à la question d'Israël, Agathe,
51:03ou sur... Enfin, il y a un certain nombre de sujets
51:05sur lesquels les dernières sorties d'Emmanuel Macron
51:07lui sont un peu revenues en boum ronde.
51:08Oui, Emmanuel Macron qui a parlé d'arrêter de livrer des armes à Israël
51:12juste avant les commémorations du 7 octobre,
51:15qui a ensuite parlé de rappeler la création de l'État d'Israël
51:20en semblant remettre en cause sa légitimité,
51:22faisant référence à une résolution de l'ONU.
51:25Emmanuel Macron qui a enfin parlé de barbarie
51:28pour qualifier la politique israélienne,
51:30ce qui n'est pas le plus judicieux quand on connaît l'histoire d'Israël.
51:35Donc oui, effectivement, un président assez inaudible
51:40sur la scène internationale.
51:41Ça renvoie à différents échecs, liant à la manière rappelée
51:45où François-Xavier Bourmont va faire la politique
51:47avec la Russie et Vladimir Poutine.
51:49On peut aussi parler du Liban,
51:51quand Emmanuel Macron s'est énormément impliqué
51:53pour sauver le Liban malgré lui-même et qui n'a pas réussi.
51:56La coalition anti-Hamas ?
51:58La coalition anti-Hamas, ça avait été proposé en Israël
52:01après le 7 octobre et finalement,
52:03tous ses partenaires étrangers n'ont pas suivi le président.
52:07Il n'y a pas un leadership qui se dessine très clairement
52:12dans la communauté internationale ?
52:13En fait, il n'arrive pas à dégager une vision,
52:16c'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il fait des coups en permanence,
52:19quitte à se dédier.
52:21On l'a vu avec Poutine,
52:24on l'a vu aussi avec les propositions qu'il a faites
52:26sur éventuellement des troupes au sol en Ukraine.
52:30Donc, même sur le sujet qui était au cœur
52:33de ce qu'il représentait le mieux, Emmanuel Macron, l'Europe,
52:36son image apparaît vraiment extrêmement brouillée aujourd'hui.
52:39Après, il se retrouve aussi en Europe
52:41avec des pays qui ne veulent pas jouer ce jeu-là.
52:43L'Allemagne s'est totalement détournée de la France
52:46avec Olaf Scholz.
52:48L'élection de Giorgia Meloni en Italie,
52:50on ne voit pas non plus Emmanuel Macron faire alliance avec Meloni.
52:54Il aurait pu se rapprocher de Sanchez en Espagne,
52:57mais du côté de Sanchez, qui a une aile gauche
53:01et qui est dans une coalition
53:02qui fait penser au Nouveau Front Populaire en France,
53:05ce n'est pas l'objectif politique non plus de Sanchez.
53:10Donc, il est aussi isolé, malgré lui, sur la scène européenne.
53:14Tout ça nous renvoie en fait à l'équation première du macronisme.
53:17Il avait dit qu'il était le premier d'un monde nouveau
53:20et on a l'impression qu'en fait, il est le dernier d'un monde ancien.
53:23Mais en fait, pour qu'on explique bien à nos téléspectateurs,
53:26à nos auditeurs, ça veut dire que, par exemple,
53:28les chefs d'État au niveau international,
53:30ce n'est pas parce qu'ils sont peut-être,
53:32d'ailleurs, ils s'entendent bien éventuellement,
53:33peut-être qu'ils sont politiquement d'accord,
53:35mais en fait, ils regardent aussi les différentes situations politiques
53:38des uns et des autres.
53:40Et donc, ils font aussi leur marché par rapport à ça.
53:42C'est plus des dirigeants politiques.
53:43Après, sur l'Allemagne, il y a aussi des alchimies
53:45entre le président de la République,
53:46qui n'est pas forcément de la même couleur politique.
53:50François Hollande s'est très bien entendu avec Angela Merkel.
53:52Avec Scholz.
53:53Ce n'était pas le cas de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel,
53:55qui pourtant, était dans la même famille politique européenne.
53:59Et là, on peut dire qu'Olaf Scholz,
54:01ils ne sont pas dans la même famille politique,
54:03mais en tout cas, ils se rapprochent,
54:04social-démocrate d'un côté,
54:06centriste de l'autre qui venait,
54:10qui a participé à un gouvernement socialiste de François Hollande.
54:13Donc, on aurait pu dire, ça peut matcher.
54:15Ça n'a pas du tout fonctionné entre les deux.
54:17Et aussi pour des raisons, certes, de politique intérieure allemande,
54:22mais aussi de feeling entre les dirigeants
54:26et entre les différentes chancelleries qui ne fonctionnaient pas.
54:28Allez, un dernier mot, François Zalibor, moi.
54:30Oui, alors, tout ça, c'est une question de capital politique, en réalité.
54:34Quand vous êtes jeune président élu fraîchement et glorieusement en 2017,
54:38c'est facile d'aller à Bruxelles et de dire,
54:39bon, mais oui, ça fait 40 ans qu'on fait des déficits.
54:42On va encore en faire un peu, mais ça va s'arranger.
54:44Vous avez un peu de crédit politique.
54:45Au bout de sept ans, quand le problème n'a pas été réglé,
54:48vous en avez un peu moins.
54:50Alors, le revers de la médaille, si on peut dire,
54:52c'est qu'il est le dernier, le plus ancien en place.
54:55Donc, il pourrait bénéficier de l'expérience.
54:57Mais ce n'est pas le discours quand vous avez des comptes publics
55:03qui ont dérapé de cette façon-là.
55:05Donc, il a perdu son capital politique.
55:07Il ne peut pas refaire le plein.
55:09Et pour l'instant, il est condamné.
55:13Voilà une note excessivement positive pour terminer ces informés.
55:17Merci beaucoup. Merci beaucoup, les informés.
55:19Allez, on va faire le tour des unes de demain.
55:21Lilian Lehmannia a la une de l'IBE demain matin.
55:24Ce sera une enquête sur la licorne mistrale,
55:28fleurant de l'intelligence artificielle, en tout cas,
55:32et de son PDG, Arthur Mensch.
55:35À lire donc dans l'IBE.
55:36François-Xavier a la une de l'Opinion demain matin.
55:38On se penche sur les zigzags budgétaires du RN.
55:41Les zigzags budgétaires du RN, on en parlait tout à l'heure.
55:43Patrice Moyon a la une de Ouest-France demain.
55:45À quelques jours de l'élection présidentielle,
55:47donc cap aux États-Unis avec un reportage dans le Mid-Ouest.
55:51Merci beaucoup.
55:52Merci beaucoup encore à Mickaël Damon, éditorialiste à Ivancat News.
55:55On rappelle que votre documentaire que vous avez co-signé,
55:58Le parcours d'un roi, est visible.
56:00Donc, on peut le voir en replay ?
56:02Oui, sur la plateforme de Public Sénat.
56:04Sur la plateforme de Public Sénat.
56:05Avec Yves Deray et donc, voilà.
56:08Pour tout comprendre, notamment de ce roi qu'on connaît finalement assez peu.
56:12Merci beaucoup. Merci, Agathe.
56:14Merci à vous.