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00:10Et bienvenue dans Les Informés, en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis.
00:14Bonjour Renaud. Bonjour Salia.
00:15Et bonjour à nos informés autour de la table, deux éditorialistes politiques, Carole Barjan, bonjour.
00:21Bonjour. Et bonjour Jean-Jérôme Berthelus.
00:23Merci d'être là ce matin.
00:24Renaud Delis, on commence parce que ça y est, les députés se penchent aujourd'hui sur le budget.
00:29Alors la discussion budgétaire va commencer en commission à l'Assemblée nationale.
00:32Dans l'hémicycle, en séance plénière, ce sera à partir de lundi prochain.
00:36Dans un contexte politique qu'on connaît, extrêmement compliqué pour le Premier ministre Michel Barnier,
00:40privé de majorité absolue sur le papier.
00:43Un budget dont d'ailleurs pas grand monde ne veut ou ne manifeste une grande satisfaction,
00:48y compris au sein du fameux socle commun supposé soutenir le gouvernement Barnier.
00:52On sait que les macronistes, notamment par la voix de Gabriel Attal et Gérald Darmanin,
00:55ont fait connaître tout le mal qu'ils pensent d'un certain nombre de hausses d'impôts,
00:59qu'ils réclament d'autres recettes.
01:00On sait aussi que des amendements sont annoncés sur la hausse des taxes sur l'électricité.
01:06Il y a eu aussi un échange entre ministres au sujet d'une éventuelle taxation supplémentaire du gaz.
01:13Un autre ministre, Didier Migaud, qui a carrément agité la menace de démission
01:18si jamais le budget du ministère de la Justice n'était pas réévalué.
01:23Et puis voici que dans ce contexte va se constituer une commission d'enquête.
01:27La commission des finances devrait se transformer en commission d'enquête
01:30pour chercher les causes et les responsables de la dérive spectaculaire des comptes publics
01:35et donc du déficit budgétaire.
01:37Une commission d'enquête que Michel Barnier appelait de ses voeux hier à l'Assemblée.
01:42– 1000 milliards de dettes supplémentaires, voilà la vérité, les faits, les chiffres.
01:47D'ailleurs vous avez proposé récemment une commission d'enquête
01:51qui devra déterminer les chiffres, les faits, la vérité, la dire aux Français.
01:55Mais moi, aussi longtemps que je serai à ce banc,
01:58comme le Premier ministre, le chef d'équipe d'un gouvernement,
02:00je m'en tiendrai aux faits, aux chiffres et je dirai la vérité.
02:04– Dire la vérité, alors à quoi va servir cette commission d'enquête ?
02:08Peut-elle être efficace ?
02:09Peut-elle effectivement trouver les responsables et coupables
02:12de la dérive des comptes publics ?
02:13Et puis dans le contexte actuel où Michel Barnier a du mal à trouver une majorité
02:16pour faire adopter son futur budget,
02:19est-ce que cette commission d'enquête n'est pas aussi d'ailleurs un outil
02:22qui peut servir au Premier ministre de façon à faire la pédagogie justement
02:26de son budget et des efforts qu'il demande aujourd'hui aux Français ?
02:29– Jean-Jérôme Berthelus, une commission d'enquête nécessaire alors ?
02:33– Une commission d'enquête en tout cas assez consensuelle,
02:36aussi paradoxale que ça puisse paraître effectivement,
02:40parce qu'au sein de ce qu'on appelle le socle commun,
02:43si je mets de côté les Républicains à la droite,
02:47c'est vrai que c'est un peu étrange parce que, en fait,
02:50ce dérapage énorme, énorme dérapage, c'est quoi ?
02:54C'est le bilan tout simplement, c'est le bilan des précédents gouvernements,
02:59c'est le bilan d'Emmanuel Macron depuis 2017.
03:03On ne peut pas dire les choses tellement autrement, il me semble.
03:05Alors effectivement, si j'avais un macroniste face à moi,
03:08tout de suite il me dirait, oh là là, oui mais on a protégé les Français…
03:11– Il y a eu des crises.
03:12– Voilà, il y a eu le bouclier, les crises, etc.
03:14Il n'empêche, l'addition est là.
03:16Et donc cette commission du budget qui va se transformer en commission d'enquête,
03:25ça va être deux choses.
03:26Ça va être d'une part règlement de compte de tous les côtés
03:29parce que LR, la droite, va être mise en accusation,
03:31elle qui n'a cessé de proposer des dépenses supplémentaires.
03:35L'URN, on ne sait jamais très bien ce qu'ils proposent.
03:38Donc ça va être règlement de compte de tous les côtés.
03:41Et puis ça va être pour, on va dire, ce qui reste du macronisme, l'heure de vérité.
03:48C'est-à-dire que soit le bilan est plus ou moins, comment dire, défendu,
03:54soit il est vraiment très contesté.
03:57Il y a un petit mot, moi j'ai bien aimé, de Bruno Le Maire ce matin
04:02dans la presse quotidienne, je crois que c'est dans l'opinion,
04:07qui dit si on perd, on perd tout.
04:11Sous-entendu, soyez solidaires avec moi,
04:14parce que c'est peut-être effectivement l'heure de vérité pour le macronisme.
04:18Bruno Le Maire qui se dit prêt à être entendu par cette commission d'enquête,
04:22Carole Barjon, il s'est montré un peu mystérieux ces derniers jours
04:26en disant la vérité éclatera en quelque sorte.
04:29C'est lui qui doit donner les réponses ?
04:31C'est vrai que tout le monde se pose la question quand même de savoir
04:35pourquoi Bruno Le Maire, qui était quand même à Bercy
04:40et qui avait d'ailleurs demandé un budget rectificatif,
04:45mais qui lui a été refusé parce qu'il allait y avoir les élections européennes,
04:52mais pourquoi au fond, s'il n'était pas d'accord du tout
04:59avec le budget en question, le dérapage et surtout le dérapage des dépenses,
05:06pourquoi il n'a pas démissionné au fond ?
05:10Donc c'est vrai qu'il y a question sur Le Maire,
05:14mais moi je pense quand même que cette commission d'enquête
05:18c'est d'abord une grenade anti-Macron, c'est clair.
05:21Parce qu'on voit bien que la défense de tous les macronistes,
05:24c'est, alors Gabriel Attal dit,
05:27mais moi j'avais préparé dans mon budget,
05:30j'avais préparé des réductions de dépenses,
05:32mais finalement voilà, j'ai pas eu le temps,
05:34enfin il y a eu la dissolution.
05:36Elisabeth Borne, elle se défausse aussi sur le fait
05:42qu'il y avait eu des crises, ce qui est vrai.
05:44Mais elle se défausse aussi, enfin elle suggère,
05:47on va dire que peut-être il faut aller regarder du côté de Bruno Le Maire.
05:51Bref, de toute façon, et Bruno Le Maire lui-même,
05:54même si c'est en off ou c'est pas en citation avec entre guillemets,
06:00on sent bien que lui-même dit qu'il faut se diriger du côté de l'Elysée
06:05parce que des réductions de dépenses qu'il avait proposées
06:08ont été refusées.
06:10Donc ça veut dire quoi ?
06:11Qu'il va y avoir des règlements de compte entre macronistes ?
06:13Et pendant ce temps-là, Michel Barnier, lui,
06:15il va se débrouiller pour faire passer le budget,
06:17en fait ça va calmer les macronistes sur la prétention ?
06:19Cette commission d'enquête, d'abord elle est sans aucun doute
06:21indispensable au vu de l'ampleur du dérapage des finances publiques.
06:24Il y a une exigence d'explication justement au public,
06:27à l'opinion, aux Français, au regard de la crédibilité
06:29de la parole publique qui est mise en cause.
06:31Évidemment un 52 milliards d'euros d'écart entre la prévision initiale
06:35de 4,4% du PIB de déficit, c'était il y a un an,
06:42et 6,1% à l'arrivée.
06:44Donc elle est indispensable sur le fond, cette commission d'enquête.
06:47Maintenant je pense qu'elle arrange tout le monde
06:50ou qu'elle ne gêne pas grand monde. Pourquoi ?
06:52Parce que d'abord elle arrange effectivement le Premier ministre actuel,
06:54Michel Barnier, ça va lui permettre de charger un peu plus
06:56la barque de ses prédécesseurs du bilan
06:58et donc de justifier un certain nombre de mesures difficiles
07:00qu'il va être amené à prendre dans les jours, les semaines
07:03et les mois qui viennent.
07:05Donc elle arrange la droite en général, LR.
07:08Elle ne gêne pas forcément tant que ça les macronistes,
07:11même si ce n'était pas favorable, mais parce qu'effectivement
07:13ils vont se renvoyer là-bas, le Gabriel Attal va jouer
07:16de la brièveté de son passage à Matignon,
07:19il peut effectivement évoquer des dérapages antérieurs
07:22où ils vont tous se tourner peu ou prou vers Bruno Le Maire
07:25et lequel, et c'est effectivement l'inconnu,
07:28on le comprend à travers les propos cités
07:30Jean-Jean Merteus tout à l'heure,
07:32si je ne me trompe pas je pense que c'était dans le Parisien,
07:34d'ailleurs moi j'ai cru le lire dans le Parisien aujourd'hui en France.
07:36Bruno Le Maire disant effectivement
07:39il faut tenir sur cette ligne,
07:41c'est l'ADN du bilan du macronisme,
07:43justement la politique de l'offre,
07:45de la compétitivité, etc.
07:47C'est une façon d'essayer de créer
07:50une forme de solidarité collective,
07:52sous-entendu sinon je balance le chef en quelque sorte.
07:56Le chef en l'occurrence c'est Emmanuel Macron
07:58dont le dilettantisme en matière
08:01d'appréciation des équilibres des comptes publics,
08:04pour parler par euphémisme, est assez connu,
08:06il est un peu d'autorité publique depuis de longues années.
08:09Sauf qu'Emmanuel Macron, de toute façon,
08:11ne peut pas être convoqué devant cette future commission d'enquête parlementaire.
08:14La séparation des pouvoirs fait que
08:16Emmanuel Macron, le chef de l'Etat,
08:18ne peut pas être inquiété
08:20par les travaux de l'Assemblée nationale.
08:22Non, il ne peut pas être convoqué,
08:24mais au cours de cette commission d'enquête
08:26on peut établir peut-être
08:28que les pistes convergent toutes vers lui.
08:32Ce qui va être intéressant, c'est qu'on voit très bien
08:34que Bruno Le Maire va être au banc des incusés,
08:36il n'y a pas de doute.
08:38Rappelons qu'il a quand même passé 7 ans à Bercy
08:40et qu'on peut s'interroger s'il était à ce point
08:42et qu'il avait des accords avec le chef de l'Etat
08:44puis ses premiers ministres,
08:46pourquoi est-ce qu'il est resté aussi longtemps et jusqu'à la fin à son poste ?
08:48Pourquoi est-ce qu'il n'a pas démissionné ?
08:50Donc il va forcément être mis en cause, Bruno Le Maire.
08:52Et va-t-il, encore une fois, lâcher,
08:54si j'ose dire, ou charger
08:56le chef de l'Etat explicitement ?
08:58C'est évidemment ça que tout le monde va regarder et attendre avec impatience.
09:00Alors ça c'est du côté de la commission d'enquête.
09:02Ce qui va se passer aussi au niveau du budget,
09:04ça va être intéressant puisque chacun y va de sa proposition.
09:06Il n'y a personne qui accepte le budget en l'Etat.
09:08Et puis il y a des ministres aussi
09:10qui mettent leur démission sur la balance.
09:12C'est le cas de Didier Migaud, le garde d'Essoe.
09:14Il dit, si le budget reste en l'Etat,
09:16concernant son ministère, moi je pars.
09:18Moi j'ai vu un ministre récemment
09:20qui me disait,
09:22bon c'est clair, non seulement on ne se connaît pas,
09:24on n'y a eu qu'un séminaire
09:26où on a pu se rencontrer,
09:28on ne se voit même pas au conseil des ministres
09:30parce que les ministres délégués ne sont pas conviés,
09:32on ne se voit pas à l'Assemblée parce que les bancs
09:34réservés aux ministres ne peuvent pas contenir
09:36tout le gouvernement, donc on ne se connaît pas.
09:38En plus, on ne parle pas du tout la même langue.
09:40Et on n'a pas encore inventé l'espéranto politique.
09:42Et Michel Barnier ne fait rien
09:44pour que,
09:46comment diriez-vous,
09:48il y ait une convergence politique.
09:50Mais ils sont en coalition en même temps.
09:52Oui, alors c'est une coalition,
09:54une colocation, on ne sait plus à quoi,
09:56on ne sait plus très bien ce que c'est.
09:58Et même, j'ajouterais, c'est très frappant,
10:00le socle commun dont on parle,
10:02voilà, le socle commun.
10:04Mais ce socle commun,
10:06il n'est jamais réuni, il se réunira
10:08pour la première fois lundi.
10:10La ministre en charge des relations avec le Parlement
10:12a convié tous les députés
10:14du socle commun, juste avant le début
10:16de la discussion budgétaire.
10:18Donc on voit que, non seulement tous les groupes
10:20vont dire, les mauvaises nouvelles,
10:22c'est pas moi, c'est mes petits copains d'à côté.
10:24Chacun fait preuve
10:26d'une imagination incroyable
10:28en matière d'amendements,
10:30de réformes, en tout genre.
10:32La seule chose qui peut sauver
10:34Michel Barnier et ce budget,
10:36c'est peut-être l'inquiétude des Français.
10:38C'est-à-dire le côté,
10:40si il y a effectivement
10:42une motion de censure
10:44et que Michel Barnier est viré
10:46et que ce budget n'est pas adopté,
10:48qu'est-ce qui se passe ? Gros point d'interrogation.
10:50C'est peut-être ça, effectivement, l'assurance-vie
10:52du Premier ministre.
10:54Moi, je crois que l'assurance-vie du Premier ministre,
10:56c'est surtout les agendas politiques
10:58des uns et des autres.
11:00C'est-à-dire que,
11:02c'est clair, Jean-Jérôme l'a dit,
11:04ça canarde dans tous les coins,
11:06tout le monde accuse les autres,
11:08ça tire dans tous les sens, chacun fixe
11:10des lignes rouges,
11:12etc.
11:14Mais à l'arrivée,
11:16effectivement, est-ce qu'il y a
11:18une motion de censure ou pas ?
11:20Parce qu'on imagine
11:22que dans la situation qu'on voit,
11:24où il n'y a pas du tout
11:26de socle commun,
11:28c'est plutôt une mosaïque,
11:30mais ce qu'il sauve,
11:32c'est les agendas politiques
11:34des uns et des autres,
11:36parce que, admettons qu'il finisse
11:38par faire adopter son budget
11:40au 49-3,
11:42si il y en a un qui, mettons que LFI,
11:44dépose une motion de censure,
11:46évidemment, le Rassemblement national
11:48n'est pas prêt,
11:50ne veut pas faire tomber
11:52Michel Barnier de suite,
11:54et les autres non plus, c'est trop tôt.
11:56Ils attendent le bon moment,
11:58peut-être,
12:00et au moins,
12:02en tout cas, un an.
12:04Bon, on va suivre les débats.
12:06De toute façon, ça commence aujourd'hui
12:08à l'Assemblée nationale,
12:10on va suivre ça sur France Info,
12:12très attentivement.
12:14Les informés reviennent dans un instant
12:16après le Fil Info de 9h18.
12:18Ce sont des pluies diluviennes
12:20prévues par Météo France aujourd'hui
12:22dans 5 départements.
12:24La Lauzère, le Gard, l'Ardèche, le Var,
12:26le Vigilance Orange.
12:28Le trafic des trains est déjà perturbé
12:30dans le Gard et en Lauzère.
12:32Une multiplication des intempéries
12:34ces derniers temps qui a des conséquences
12:36sur les cotisations des assurances.
12:38Le patron de la Maïf annonce sur France Info
12:40qu'elles augmenteront en moyenne
12:42de 8 à 10% l'année prochaine
12:44en raison du dérèglement climatique.
12:46Le budget du gouvernement Barnier
12:48risque de diviser par deux
12:50la croissance alerte l'OFCE ce matin
12:52à l'Observatoire français des Conjonctures économiques.
12:54Le budget de 2025 est d'examiner
12:56à partir d'aujourd'hui en commission à l'Assemblée.
12:58Il prévoit 40 milliards d'euros d'économies.
13:00Israël dit avoir bombardé
13:02un dépôt d'armes du Hezbollah à Beyrouth
13:04au Liban ce matin.
13:06Plusieurs frappes israéliennes ces dernières heures.
13:0814 personnes sont mortes dans le pays hier
13:10selon les autorités libanaises.
13:12Et puis, 3 PDG de grands groupes alimentaires
13:14notamment celui des magasins U
13:16appellent à taxer plus fortement
13:18les produits sucrés.
13:20L'idée est de financer la mise en place
13:22d'un chèque de 30 euros par mois pour les plus précaires
13:24pour l'achat de fruits et de légumes.
13:38De retour sur le plateau des informés
13:40avec Carole Barjon, éditorialiste politique
13:42avec Jean-Jérôme Bertholleux, éditorialiste politique
13:44et Renaud Delis,
13:46bientôt du Doliprane made in USA.
13:48Peut-être, en tout cas c'est la crainte
13:50exprimée par un certain nombre de responsables politiques
13:52après l'annonce par Sanofi,
13:54le groupe pharmaceutique français
13:56de sa volonté de céder un fonds d'investissement
13:58américain, sa filiale,
14:00sa branche qui commercialise
14:02de nombreux médicaments en grand public
14:04à commencer par le plus consommé par les Français
14:06qui est effectivement le Doliprane.
14:08De nombreux responsables politiques se sont inquiétés
14:10de cette décision justement pour la souveraineté
14:12de la France en matière de production
14:14de médicaments et notamment un des
14:16nombreux anciens ministres de la Santé
14:18en l'occurrence François Braune
14:20qui était ministre de la Santé dans le gouvernement d'Elisabeth Borne.
14:22C'est stratégique.
14:24Nous devons avoir la garantie
14:26d'un maintien de production en France.
14:28Sanofi est un laboratoire
14:30qui en plus a bénéficié du soutien
14:32de l'État français si on se souvient bien
14:34pendant les recherches sur le vaccin
14:36et puis l'État s'est énormément
14:38investi dans la production
14:40de médicaments dans le cadre du programme
14:42Santé France 2030,
14:44Innovation Santé avec près de 7 milliards d'euros.
14:46Cette production doit être maintenue
14:48en France. C'est un enjeu majeur
14:50de souveraineté de la France par rapport à la production
14:52de médicaments. Alors le ministre de l'économie
14:54Antoine Armand, le ministre chargé de l'industrie
14:56Marc Ferracci s'était rendu
14:58avant-hier à Lisieux sur le site de production
15:00de Liprane. Ils ont répété à cette occasion
15:02et depuis qu'ils réclamaient des engagements
15:04très précis à Sanofi en matière
15:06de maintien de l'emploi, d'empreintes
15:08industrielles, de localisation du siège mais aussi
15:10de recherche et développement.
15:12Le ministre de l'économie
15:14a aussi annoncé un bilan
15:16de 10 ans d'aide publique
15:18perçue par le groupe pharmaceutique
15:20Sanofi. Mais au-delà de ces
15:22déclarations tonitruantes,
15:24de ces bilans réclamés
15:26justement des aides perçues par Sanofi,
15:28est-ce que le gouvernement peut vraiment agir ?
15:30Est-ce qu'il en a les outils ? Et est-ce qu'au regard
15:32de ce que disait d'ailleurs à l'instant François Braune,
15:34ça n'est pas un dossier
15:36extrêmement compliqué, extrêmement dangereux
15:38politiquement, au regard en particulier
15:40on s'en souvient des engagements effectivement
15:42à la sortie de la crise du Covid d'Emmanuel Macron
15:44de tout faire pour relocaliser
15:46la production de médicaments en France
15:48et en Europe.
15:50Je vais être un tout petit peu incisif mais François Braune
15:52finalement c'est des lapalisades qu'il nous dit.
15:54C'est-à-dire, oui, il faut que le médicament
15:56continue à être produit en France.
15:58Bravo. Moi je me souviens par exemple
16:00d'une autre ancienne ministre, vous avez raison Renaud,
16:02les anciens ministres de la Santé.
16:04J'ai eu Agnès Buzyn
16:06qui vient de publier un livre, c'est son carnet,
16:08et elle a un rendez-vous
16:10avec les dirigeants de Sanofi
16:12en 2020 et elle dit
16:14j'ai jamais vu une direction
16:16d'un grand groupe
16:18comme ça, ils vendent des médicaments
16:20comme des savonnettes, ils n'ont aucune
16:22idée de ce que c'est qu'un véritable médicament.
16:24Bref, elle leur a taillé un petit costard.
16:26Ce qui est vrai
16:28c'est qu'aujourd'hui le gouvernement
16:30peut demander tous les engagements
16:32qu'il veut, après
16:34ça sera vraiment de la responsabilité
16:36de la direction de Sanofi. Rappelons-nous,
16:38on va avoir la mémoire courte et je suis sûr que sur ce plateau
16:40on ne l'a pas, rappelons-nous ce qui s'est passé
16:42sur Alstom et General Electric.
16:44General Electric,
16:46le patron de General Electric
16:48est venu en France personnellement
16:50dire oui oui je vais embaucher
16:521000 emplois fin 2018,
16:54début 2018 Bruno Le Maire, encore lui,
16:56dit oui oui cet engagement sera tenu,
16:58cet engagement n'a pas été tenu
17:00malgré des pénalités de 50 000 euros
17:02par salarié, là c'est la même chose.
17:04A chaque fois qu'on voit que ce soit
17:06la ministre de l'économie, ce matin j'écoutais aussi
17:08la ministre de la santé, etc.,
17:10ils demandent plus d'engagement.
17:12En fait, la vérité c'est qu'ils sont impuissants.
17:16Il y a une impuissance des pouvoirs
17:18publics et en même temps... De toute façon il y a une contradiction
17:20entre la logique
17:22de l'économie libérale, l'économie
17:24de marché et puis
17:26ce qu'on appelle maintenant
17:28la souveraineté ou alimentaire
17:30ou sanitaire.
17:32C'est déjà contradictoire
17:34au départ.
17:36Ensuite, effectivement
17:38on peut
17:40douter du fait que cette structure
17:42s'a maintenue. Si on se souvient
17:44au-delà des exemples que vient
17:46de donner Jean-Jérôme, il y avait aussi, rappelez-vous
17:48en 2017, Macron
17:50qui était allé à Whirlpool
17:52et qui avait dit...
17:54Voilà, et puis en 2018
17:56tout ça a été démantelé, etc.
17:58Donc on peut avoir
18:00effectivement des doutes sur
18:02les déclarations martiales
18:04des uns et des autres. Maintenant la question
18:06de savoir aussi si... Est-ce que
18:08c'est très grave ?
18:10D'abord, il faut quand même rappeler
18:12que ça ne fit vendre 50%
18:14et pas l'intégralité
18:16que en principe
18:18cette somme, ils veulent
18:20investir dans la recherche de médicaments
18:22innovants, des anticancéreux,
18:24des choses comme ça. Alors que le
18:26Doliprane, la production du Doliprane
18:28apparemment c'est quelque chose
18:30qui marche bien, mais qui
18:32ronronne un petit peu.
18:34Et puis par ailleurs, il faut aussi rappeler
18:36que quand il y a eu
18:38si j'ose dire, la première affaire du Doliprane
18:40pendant le
18:42Covid...
18:44Il y a une
18:46usine qui est en train d'être construite
18:48en Isère, je crois
18:50où là on fabriquera
18:52la molécule
18:54qui pour l'instant est
18:56produite en Chine.
18:58La production de Doliprane en France
19:00c'est simplement
19:02l'assemblage.
19:04Mais quand même, ce n'est pas un symbole
19:06de perdure.
19:08C'est un symbole politique, c'est clair.
19:10On verra, il y a quand même des risques qui peuvent peser à terme sur l'emploi
19:12aussi. Il y a à peu près 1700 emplois
19:14en France qui sont potentiellement concernés.
19:16Mais c'est un symbole
19:18plus que ça même. Je pense que pour la crédibilité de la parole
19:20publique, c'est un test extrêmement important
19:22au regard des engagements précédents d'Emmanuel Macron
19:24et c'est aussi un problème pour le chef de l'Etat.
19:26Même si ce n'est pas propre, comme le rappelait
19:28Jean-Jérôme Bortelus à l'instant,
19:30à ce gouvernement-là. Effectivement,
19:32les précédents de General Electric et Alstom
19:34sont là pour nous le rappeler.
19:36Je pense que ça illustre quand même
19:38et c'est aussi
19:40ce qu'écrit Agnès Buzyn,
19:42la financiarisation du secteur
19:44et plus particulièrement de ce groupe-là.
19:46Le groupe pharmaceutique Sanofi,
19:48c'est une évolution, une dérive depuis de nombreuses années
19:50maintenant, qui est connue d'ailleurs dans le milieu,
19:52qui affiche d'ailleurs des bénéfices records, extrêmement importants,
19:54mais qui est engagée dans une course aux profits
19:56qui remet en cause, me semble-t-il,
19:58qui abîme ou qui écorne sa mission
20:00qui est de fait une mission de service public.
20:02Ce n'est pas une entreprise publique,
20:04mais c'est de fait une mission sanitaire.
20:06Ils ne vendent pas des pains au chocolat, ils vendent des médicaments.
20:08Les médicaments, effectivement, ce ne sont pas des savonnettes
20:10et il s'avère que les pouvoirs
20:12publics n'ont pas le contrôle sur ces
20:14groupes-là aujourd'hui. C'est pour ça
20:16que ça pose question sur l'efficacité
20:18des gouvernants.
20:20Il faut rappeler
20:22qu'effectivement, le groupe Sanofi a perçu
20:24et c'est légitime au regard de sa mission,
20:26un grand nombre d'aides publiques, qu'il n'a pas
20:28été extrêmement efficace au moment de la
20:30course pour chercher un vaccin contre
20:32le Covid. On s'en souvient.
20:34On était bien contents d'être européens et justement
20:36de pouvoir s'appuyer sur l'Union Européenne.
20:38C'est quand même un échec flagrant. Et donc, d'un point de vue
20:40politique, et pas simplement symbolique,
20:42mais politique, je pense que c'est vraiment
20:44un gros problème. Et puis juste pour rappeler,
20:46comme le disait Jean-Jérôme Berthelus, effectivement,
20:48les engagements, on en a connus par le passé
20:50d'autres groupes et éventuellement de celui-ci aussi.
20:52Il faut rappeler cette fameuse Maxime,
20:54qui je crois initialement
20:56remonte à Charles Pasqua, mais qui a été attribuée
20:58largement à Jacques Chirac. Enfin bref,
21:00qui est devenue maintenant une Maxime
21:02collective en quelque sorte.
21:04Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent.
21:06Donc effectivement, le groupe Sanofi
21:08peut, là le gouvernement peut,
21:10réclamer une foultitude d'engagements.
21:12Quand sera-t-il dans 5 ou 10 ans ?
21:14On sera peut-être encore là pour
21:16le constater, c'est-à-dire...
21:18Peut-être, je ne sais pas.
21:20Est-ce que le président de la République
21:22peut mettre son grain de sel ? Puisque c'est lui qui avait promis
21:24une souveraineté au niveau des médicaments
21:26pendant le Covid. Il l'avait déjà un peu mis.
21:28Et c'est vrai, c'est exactement ce que disait Renaud Delis.
21:30Ça percute quand même
21:32cette
21:34politique un peu martiale
21:36de réindustrialisation
21:38et effectivement de
21:40souveraineté médicale. Parce que Carole Barjon
21:42a tout à fait raison de dire
21:44oui, c'est vrai qu'il n'y a pas tellement d'enjeux de recherche
21:46sur le Doliprane
21:48mais en même temps, c'est un médicament
21:50qui est utilisé par tous les Français
21:52et qui, dès qu'il y a un début
21:54on va dire
21:56de maladie, d'épidémie
21:58auquel on a massivement recours
22:00donc oui, Sanofi fait le choix
22:02de médicaments à 1000 balles
22:04la boîte, contre un médicament
22:06à 2 euros la boîte.
22:08Nécessaire à tous. Merci beaucoup.
22:10Merci pour vos décryptages. Merci
22:12Carole Barjon, éditorialiste
22:14politique. Merci à Jean-Jérôme Bertolus
22:16éditorialiste politique d'être passé ce matin.
22:18Merci à vous Renaud. A demain
22:20les informés du soir arrivent à 20h
22:22avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.

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