• il y a 2 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble ils reviennent sur l'affaire Lina et sur le meurtre de Philippine avec le suspect qui refuse d'être extradé de la Suisse vers la France.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Et nous sommes ensemble pour cette deuxième heure avec Georges Fenech, bonsoir mon cher Georges,
00:10bonsoir à Louis Oselter, journaliste politique au Figaro, et bonsoir à vous Général Jacques-Charles Fonbonne.
00:17Vous êtes ex-commandant du Centre National de Formation à la Police Judiciaire de la Gendarmerie,
00:22expert en procédures criminelles. Nous allons parler, comme nous l'avions prévu au début de cette journée de l'affaire Grégory,
00:31qui est ce cold case de 40 ans aujourd'hui, dont l'enquête se poursuit, c'est assez rare pour être mentionné,
00:37mais d'abord, cette information principale de la soirée, la disparition de Lina, c'était il y a plus d'un an,
00:46le corps de Lina a été retrouvé, cette adolescente de 15 ans, non pas dans le barin mais dans la Nièvre,
00:52parce que justement, la voiture du principal suspect dans cette affaire, qui par ailleurs s'est suicidée l'été dernier,
00:59avait été localisée dans cette zone. Le fait d'avoir retrouvé ce corps de Lina, c'est très important,
01:08c'est l'information principale de cette soirée, mon Général, comment est-ce qu'on procède pour retrouver un corps comme ça,
01:14un an plus tard, c'est une des disparitions les plus inquiétantes de ces dernières années.
01:18Oui, c'est vrai. Alors, ce qu'il faut dire, je pense, c'est que l'intérêt majeur de cette disparition,
01:24je crois que ce sera vis-à-vis des parents, et des réponses que cette découverte va pouvoir apporter à leur questionnement,
01:33qu'est-ce qui est arrivé à notre fille, comment est-elle morte, dans quelles circonstances ?
01:36Alors, je ne connais pas les circonstances de la découverte, est-ce que le corps a été découvert par hasard,
01:40est-ce qu'il est remonté du fait de la putréfaction des tissus, ou est-ce que ce sont les gendarmes avec des investigations qui l'ont retrouvé ?
01:52On va dire que tout est possible, compte tenu, comme vous le soulignez, que le bornage du principal suspect,
02:00qui était donc son petit ami, avec le véhicule qu'il avait volé, déclenchait alors sur énormément de sites
02:07dans lesquels il aurait pu déposer le corps, parce qu'il y avait des arrêts prolongés dans des zones qui étaient très peu habitées,
02:12donc il aurait pu s'en débarrasser, et ça en faisait partie.
02:17La difficulté dans un cours d'eau, c'est qu'on a quasiment aucune possibilité de mettre des chaînes pistes,
02:25parce qu'il n'y a aucune odeur dans un cours d'eau.
02:29Un an après, on peut imaginer que la malheureuse est dans ce cours d'eau depuis une date très proche à celle de sa disparition.
02:38Ce que ça va permettre maintenant, certainement, mais après ça va évidemment dépendre de l'état du corps,
02:45ça va permettre de déterminer les causes de la mort, bon l'identification a été faite très vite avec l'ADN,
02:50maintenant l'élément principal, la lumière de ce que je disais en commençant,
02:53c'est que ça va permettre de déterminer les causes de la mort, et savoir ce que la malheureuse a subi avant que son corps soit jeté à cet endroit.
03:00Georges Fenech, vous vouliez interroger peut-être le général sur cette affaire ?
03:05Non, je peux peut-être remettre mon propre avis, en tant qu'ancien juge d'instruction, si vous permettez Pierre.
03:11Oui, parce que des affaires criminelles comme ça, j'en ai instruite malheureusement.
03:15Cette issue fatale, si vous voulez, elle était évidemment redoutée,
03:20et vous avez raison de dire que ça apportera des réponses à la famille.
03:24Il y a deux choses qui vont être importantes pour la découverte de ce corps,
03:27c'est d'une part, effectivement déterminer les circonstances réelles des causes de la mort,
03:32mais peut-être, avec un peu de chance, on va peut-être pouvoir retrouver sur le corps une trace, quelque chose, qui pourrait être exploité.
03:39Je pense évidemment à l'ADN, il y a très peu de chance à mon avis parce qu'il s'est séjourné dans l'eau,
03:44mais on ne peut pas exclure que sur un vêtement ou sur le corps lui-même, même putréfié,
03:49il puisse y avoir encore une possibilité de relever une empreinte.
03:53J'ai dit qu'on pourra comparer à ce moment-là, si tel est le cas, au suspect qui s'est donné la mort,
03:59et qui est probablement, je ne vais pas dire de pourcentage, l'auteur de ce crime abominable,
04:04puisqu'on a retrouvé des cordelettes, du sang de cette pauvre fille dans sa voiture.
04:08Voilà, ils sont suicides, même s'il n'a pas mis je suis l'auteur, j'ai fait des choses inhumaines, a-t-il dit, un peu dans ce genre,
04:14et donc je préfère partir.
04:17Louis Azalterre ?
04:18Est-ce que, mon général, justement dans le cadre d'une affaire dans laquelle le principal suspect, Samuel Gaumont, est mort,
04:26s'est donné la mort, et le parquet de Strasbourg avait l'air à peu près certain,
04:31en tout cas avait de fortes présomptions de culpabilité contre cet homme,
04:34comment est-ce que le traitement judiciaire peut être satisfaisant à partir du moment où les poursuites s'éteignent à cause de la mort d'une personne ?
04:40Comment est-ce que malgré tout, la justice peut, un, établir la vérité,
04:44et deuxièmement, faire en sorte que la justice soit quand même faite.
04:47Pour les parents de cette pauvre fille, ils ne s'en remettront jamais.
04:50La difficulté, effectivement, c'est ça.
04:52C'est-à-dire, extinction de l'action publique, on va dire, par la disparition du suspect.
04:58Alors on est dans cette ambiguïté de la présomption d'innocence qui est plus forte que toutes les convictions,
05:05qui est plus forte que toutes les preuves.
05:06Donc on peut dire que ce suspect, il est innocent pour l'éternité,
05:12mais les éléments que soulignait Georges Fedex, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a des cordelettes dans la voiture
05:16qui ont été retrouvées avec l'ADN de la petite et avec le sien.
05:20Le sac à main de la petite est dans la voiture qu'il avait volée.
05:23Donc on va dire que, pénalement, on va, avec un dossier comme ça,
05:27devoir la cour d'assises sans aucune surprise.
05:29Mais donc, à un moment donné, évidemment, il va falloir clôturer.
05:33On imagine qu'il va y avoir une clôture de l'instruction,
05:36à moins qu'il y ait un élément nouveau qui pourrait, par exemple, être celui de la présence d'un complice.
05:41Bon, pour avoir fait plusieurs affaires comme ça, comme vous vous en doutez,
05:45bon, c'est un élément qui serait quand même assez extraordinaire,
05:49compte tenu de la relation vraiment intuitue-personnée qui existait entre ces deux personnes
05:54et l'expérience en scène que, dans ce genre de choses, l'auteur est tout seul.
05:58Il ne fait pas appel à un complice.
05:59Ce n'est pas un crime crapuleux.
06:00Ce n'est pas un viol avec une équipe de jeunes désœuvrés
06:06qui ont bu un coup de trop avec une provocation quelconque contre eux.
06:09C'est vraiment un rapport de deux personnes qui se connaissent.
06:13On imagine assez mal la présence d'un complice,
06:15mais ça sera forcément la dernière piste qui sera poussée par les enquêteurs.
06:19Georges Fedek, vous vouliez rajouter ?
06:21Non, l'accession à l'action publique, ça va concerner évidemment le suspect,
06:25mais le jeu d'instruction qu'il va enquêter,
06:28évidemment, aller jusqu'au bout des investigations,
06:31faire tout l'entourage du suspect,
06:33pour savoir s'il n'y a pas eu la moindre décomplicité,
06:36voire de recel, de cadavre, peut-être, de protection.
06:39Il y aura des mois et des mois de travail pour le jeu d'instruction.
06:42Ça ne va pas se clôturer comme ça.
06:44En tout cas, voilà cette information principale de la soirée,
06:47le corps de Lina qui a été retrouvée dans la Nièvre.
06:50Il y a une autre information qui est intéressante,
06:54et quand je dis intéressante, c'est un doux euphémisme,
06:56parce qu'elle nous interpelle.
06:59C'est le fait que le principal suspect dans le meurtre de Philippine,
07:02cette étudiante qui a donc été retrouvée morte
07:05à proximité de son université de Paris-Dauphine,
07:08dans le bois de Bologne, alors qu'elle allait prendre un peu l'air
07:11après le déjeuner, qui a donc été violée et tuée
07:15par un individu marocain sous OQTF,
07:18et bien cet individu qui est en ce moment
07:21entre les mains des autorités suisses,
07:24refuse son extradition.
07:28Et c'est le ministère fédéral de la Justice
07:31qui devra maintenant statuer.
07:33Georges Fenech, pardonnez-moi,
07:36ce n'est pas qu'on ne comprend pas, c'est que c'est très interpellant
07:39le fait qu'on pensait que l'extradition allait venir là, tout de suite.
07:42Non, ça ne m'étonne pas, parce que je connais.
07:44Vous vous connaissez, donc il faut que vous nous expliquiez.
07:46Cette procédure, il faut savoir qu'on a adopté, je ne sais plus en quelle année,
07:49peut-être en 2005-2006,
07:52on a adopté le mandat d'arrêt européen.
07:55C'est-à-dire que tous les pays qui font partie de l'Union Européenne,
07:58dès lors qu'il y a une interpellation, un mandat d'arrêt européen,
08:01il n'y a plus besoin de passer par la voie diplomatique,
08:04ça se fait de juge à juge, c'est très rapide.
08:06Sauf que la Suisse, comme vous le savez, ne fait pas partie de l'Union.
08:09Par contre, il y a des règles.
08:12Les règles, c'est que le ministère fédéral, effectivement,
08:15va examiner l'égalité et la régularité de la procédure.
08:18Il va examiner, ça peut vous paraître superfétatoire,
08:22mais est-ce qu'il n'y a pas des traitements inhumains en France ?
08:25Est-ce que la France pratique ou non la peine de mort ?
08:27Ce sont ces critères-là qui vont faire
08:30que l'autorité diplomatique suisse, et justice également,
08:34décidera de prononcer l'extradition,
08:38c'est-à-dire d'extradition envers la France.
08:41Voir s'il n'est pas peut-être suisse,
08:43parce qu'on n'expulse pas des nationaux, même la Suisse, évidemment.
08:46Donc ce sont des examens purement formels de droit.
08:50Je ne doute absolument pas une seconde
08:52qu'il y ait un refus des autorités fédérales suisses de l'extrader.
08:57C'est ce que j'allais vous dire,
08:58parce que sur le papier, c'est ce que vous avez dit,
09:00mais dans les faits, la collaboration entre la France et la Suisse,
09:02ça se passe comment ?
09:03Très bien, ça se passe très bien.
09:04On est signataire de plusieurs conventions d'entraide judiciaire,
09:07notamment Schengen et d'autres.
09:10Il y a au moins trois conventions qui nous lient avec la Suisse,
09:14et donc les extraditions se passent très bien.
09:16Je voudrais qu'on entende Philippe Ballard,
09:18qui était notre invité tout à l'heure à 19h15,
09:21et qui est le député RN porte-parole du RN, député douloise,
09:25qui réagissait à ce refus d'extradition.
09:29C'est déjà absolument scandaleux.
09:32Celui qui a la main, c'est celui qui a assassiné une enfant de 19 ans.
09:40Je pense que tout le monde a le même sentiment.
09:43Après, il faut se rapprocher des autorités helvétiques,
09:46engager peut-être, si nécessaire, un bras de fer.
09:50Mais il est hors de question que cet individu décide
09:53de son propre sort, alors qu'il doit rendre des comptes,
09:57et chèrement des comptes.
09:58La procédure, on en a parlé, Jean-Georges Fedec,
10:00mais imaginez les parents de Philippine qui écoutent Europe 1 ce soir,
10:05et qui entendent que cet homme-là refuse, je refuse, d'être extradé.
10:11On comprend que Philippe Ballard, et je pense beaucoup d'autres personnes,
10:15et peut-être dans ce studio, soient scandalisés.
10:17C'est un droit, il a le droit de dire je refuse,
10:20mais ce n'est pas lui qui prendra, il n'est pas maître de son destin.
10:23Il n'est pas maître de son sort.
10:24Comme Salah Abdeslam en Belgique, il avait aussi refusé,
10:27si je me souviens bien, d'être extradé.
10:29Mais pourquoi on leur pose la question dans ce cas-là ?
10:31Est-ce que vous refusez ou vous refusez pas ?
10:33C'est un droit, il y a quand même des droits,
10:35et le fait est qu'on vérifie un certain nombre de règles formelles.
10:39Général Fontbonne ?
10:41Oui, je suis du même avis que M. Fedec,
10:43ce n'est pas étonnant, il se défend.
10:45Ce n'est pas étonnant ?
10:46Non, il exerce ses droits de la même façon.
10:48Alors c'est une comparaison qui n'est qu'une comparaison,
10:50mais quand vous avez quelqu'un en garde à vue,
10:52vous lui posez une question, et il vous répond,
10:54j'exerce mon droit au silence, et il ne dit rien d'autre.
10:57Alors évidemment, j'allais dire que c'est irritant
10:59dans une affaire de missile, dans une affaire de viol,
11:01le terme est complètement décoré,
11:04mais de la part de quelqu'un qui est poursuivi,
11:07c'est une démarche de défense logique.
11:10Il y a un avocat qui lui a dit...
11:12Le zelter, un commentaire là-dessus.
11:15L'affaire c'est que ça prend du temps,
11:17la justice prend du temps, elle n'est pas le temps médiatique,
11:20et la présentation médiatique qui en est faite
11:22peut laisser penser que son sort est entre ses mains,
11:25or vous avez bien dit dans votre journal permanent
11:27que désormais c'était à l'office suisse d'en décider,
11:30et de toute évidence, j'ai non plus aucun doute
11:32sur le fait que ce Marocain qui était sous ce QTF...
11:36En tout cas quand on entend l'ARN,
11:38chez Philippe Ballard, on a l'impression que
11:41peut-être que, en tout cas M. Ballard,
11:43voudrait qu'il n'y ait même plus ce droit
11:45de se dire qu'on a le choix de dire qu'on n'est pas...
11:48Donc ils se mettent à la place d'une mise en cause
11:50pas du tout dans une affaire de ce genre,
11:52mais d'une toute autre affaire.
11:54Il faut aussi que la fraction commise dans le pays
11:56soit répréhensible.
11:58Si par exemple, on demandait, la France demandait,
12:00l'extradition de quelqu'un condamné
12:02pour abus de bien social en France,
12:04ou instruit, la Suisse dirait non
12:06puisqu'il n'y a pas d'abus de bien social.
12:08Il faut donc vérifier effectivement
12:10toutes ces choses-là.
12:12C'est très technique et ça le mérite d'être précisé,
12:14vous êtes là ce soir, Georges Fenech,
12:16le général Fontbonne et, accessoirement,
12:18mon ami Bouillaz Alter.
12:20Pour les commentaires politiques,
12:22on va parler de l'affaire Grégory dans un instant.
12:24Restez avec nous sur Europe.

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