Budget de l'état : le 49.3, seul recourt pour le faire passer ?

  • il y a 6 heures

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h-14h, Europe 1-13h, la suite à 13h32, avec vous Céline Giraud et vos deux chroniqueurs du jour,
00:07l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le journaliste politique au Journal du Dimanche, Jules Theresse.
00:12Et on va parler de ce budget, ce projet de loi finance qui anime les débats depuis plusieurs jours,
00:17c'est cet après-midi le baptême du feu et avis de tempête à l'Assemblée Nationale.
00:21C'est la première étape d'un marathon budgétaire dont l'issue évidemment reste imprévisible.
00:26Avec ce dernier élément, on vient d'en parler, le Rassemblement National qui ne votera pas le budget du gouvernement, Jules Theresse.
00:33Ça change tout. Michel Barnier n'a jamais pensé que le Rassemblement National voterait le budget, mais il aurait pu s'abstenir.
00:40Là, la question qu'il faut se poser, c'est est-ce qu'ils voteront contre ou est-ce qu'ils s'abstiendront ?
00:46On n'a pas encore cette réponse, le RN ne la fournit pas, ils ont présenté un contre-budget aujourd'hui qui propose des économies de 15 milliards.
00:54La question c'est est-ce qu'ils vont vouloir jouer l'opposition constructive si Michel Barnier intègre une partie de leurs propositions ?
01:02On sait qu'ils ont deux grosses lignes rouges, c'est l'indexation des retraites qui fait économiser 3,6 milliards dès l'année prochaine
01:09et l'augmentation de la fiscalité sur l'énergie, ça c'est plus de 3 milliards d'économies du gouvernement Barnier.
01:16Donc le sujet, ça va être de voir si les propositions du RN peuvent intégrer le budget de Michel Barnier
01:22pour obtenir au mieux leur abstention.
01:25La question, et ça pour le coup ce sont les macronistes qui le disent, c'est qu'à priori ce budget passera par 49,3.
01:32Il n'y a pas d'autre solution, Michel Barnier pourrait aller jusqu'à la commission mixte paritaire,
01:36vous savez c'est cette commission où il y a sept députés, sept sénateurs,
01:39mais à la fin ce sera quand même l'Assemblée qui votera le texte qui sortira de la commission mixte paritaire,
01:44je ne vais pas vous faire un cours de droit constit, mais de toute façon dans notre constitution c'est toujours l'Assemblée qui décide.
01:51Donc la seule solution, à priori à la fin, si le RN ne votera pas, parce qu'on sait que le Nouveau Front Populaire ne le votera,
01:56quoi qu'il n'arrive pas, parce qu'ils ne sont pas du tout dans une opposition constructive,
01:59mais dans un sectarisme qu'on n'a jamais vu, donc la seule solution à priori ce sera le 49,3.
02:04Dégainer ce 49,3 justement à temps de verre, est-ce que c'est la meilleure façon pour Michel Barnier de commencer son mandat ?
02:10Non, mais peut-être la meilleure façon de commencer son mandat pour lui c'est d'être critiqué de toutes parts,
02:15puisque si vous écoutez La France Insoumise ou d'autres parties de gauche, le budget de Michel Barnier est un budget,
02:23d'ailleurs ça politique, mais son budget en particulier quasiment d'extrême droite, extrêmement capitaliste, etc.
02:30Si vous écoutez M. Ciotti, il vous dit que ce n'est pas un budget de droite.
02:33Il dit que c'est un budget socialiste.
02:35Exactement, et si vous écoutez le RN, il vous dit que c'est un budget qui fait en quelque sorte du matraquage fiscal ou qui harcèle les Français.
02:43Donc c'est un budget qui déplaît à peu près à tout le monde, et d'ailleurs même aux macronistes, qui sont en désaccord profond avec l'idée de Michel Barnier.
02:48Ça c'est assez inédit quand même, cette espèce de fragmentation absolue de l'Assemblée.
02:51C'est leur totem, c'est leur ligne rouge.
02:53Exactement, et peut-être qu'il y a là une sorte de promesse tenue de la part de Michel Barnier,
02:58ça veut dire quelqu'un qui est arrivé à Matineau en disant « moi je ne vais pas raconter de Sornette, moi je suis quelqu'un qui n'est pas sectaire ».
03:04Sornette c'est un mot qu'il pourrait employer, c'est vrai.
03:06Oui, ça pourrait être dans sa langue, et qui n'est pas sectaire, qui essaye de prendre des idées partout.
03:12Carabistouille c'était les autres budgets, ça c'était l'ancien, enfin le Nouveau Monde qui est maintenant l'ancien.
03:18Et donc si vous voulez je pense qu'il y a là, en quelque sorte, un budget qui est certes impopulaire, qui prend des mesures impopulaires,
03:24mais qui s'adapte à la réalité de la situation avec une forme de responsabilité.
03:27Et ce que j'observe c'est que tous les partis qui sont un peu sinon dans l'opposition, du moins pas trop mouillés dans le gouvernement,
03:32ont évidemment beau jeu de dire « ce budget est une honte, ce budget est catastrophique ».
03:37Vous savez c'est la phrase de Peggy sur Kant « avoir les mains pures mais ne pas avoir de mains ».
03:41Bon Michel Barnier il a des mains, alors en effet son budget on peut dire qu'il est impur, qu'il est critiquable.
03:45Mais dans la situation dans laquelle nous sommes, et qui n'a pas été créée par Michel Barnier, je ne dis pas ça pour le défendre,
03:50mais qui a été créée plutôt par les gouvernements précédents, je ne vois pas trop comment on peut trouver une solution
03:55sinon en prenant ici ou là des mesures en effet impopulaires.
03:57Le vrai sujet c'est que Michel Barnier il s'en fiche un peu de son avenir personnel.
04:02C'est-à-dire qu'en effet personne aujourd'hui dans l'échiquier politique ne veut endosser des réformes impopulaires.
04:07Que ce soit Marine Le Pen qui ne peut pas accepter que les prix de l'énergie augmentent,
04:12que ce soit le Nouveau Front Populaire qui ne peut pas accepter que l'indexation des retraites soit reportée,
04:17et que ce soit Gabriel Atta ou le général Berdard-Manin ou Laurent Wauquiez qui ne peuvent pas endosser une hausse des impôts,
04:24que ce soit pour les grandes entreprises ou les personnes les plus fortunées.
04:27Michel Barnier lui il s'en fout, il a menacé de démissionner vous savez quand il y a eu la composition du gouvernement
04:31parce que tout le monde essayait de lui mettre des bâtons dans les roues.
04:34Honnêtement Michel Barnier qu'il soit là dans trois ans ou dans six mois, lui ça lui est égal.
04:38Il ne veut pas se présenter pour l'instant à la prochaine présidentielle donc il n'est pas mu par des intérêts partisans.
04:44Et donc il propose, d'ailleurs c'est intéressant de voir, quand il se présente à la primaire en 2021 pour être candidat à la présidentielle.
04:51Aujourd'hui ce qu'il y a dans son budget c'est complètement l'inverse.
04:53Il ne disait aucune hausse d'impôts donc on voit bien qu'il est quand même un minimum pragmatique.
04:58Il fait avec ce qu'il peut, il faut quand même rappeler qu'il a eu 15 jours pour faire un budget, ça n'existe nulle part ailleurs.
05:04Le budget normalement on prépare ça sur plusieurs mois, on a une administration qui est là,
05:09on a des ministres qui sont chargés de ça depuis quelques semaines, depuis quelques mois.
05:14Là il a quand même eu 15 jours, seulement 15 jours pour avoir ce budget.
05:20Le seul sujet et là où je pense qu'il y a eu un petit problème de communication,
05:23c'est sur la répartition entre les coupes budgétaires et les impôts.
05:26Lui il disait que c'était deux tiers de coupes budgétaires, un tiers d'impôts.
05:30A priori d'après le conseil des finances publiques, c'est plutôt l'inverse et là pour le coup c'est un vrai sujet pour les oppositions.
05:36On va écouter Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, qui était l'invité ce matin de la LCI.
05:41Pour elle le gouvernement n'a pas bien prévu les recettes, la raison pour laquelle les budgets ont dérapé.
05:46Ce que je sais c'est qu'on a par exemple un écart très important entre la prévision de recettes et les recettes qui sont effectivement rentrées.
05:54C'est-à-dire que ce n'est pas trois milliards d'euros, c'est plusieurs dizaines de milliards d'euros.
05:58Et je ne sais pas si c'est la faute de quelqu'un en particulier, mais ça c'est un problème,
06:02parce que ça veut dire qu'on a des difficultés à faire des prévisions budgétaires précises.
06:07Le sujet aujourd'hui c'est de savoir ce qui a dérapé, où et comment,
06:12et d'adapter ensuite notre maquette budgétaire pour faire en sorte que ça n'arrive pas à nouveau.
06:18Et moi je suis très à l'aise avec ça.
06:20C'est ce qu'on fait dans les entreprises, c'est ce qu'on fait d'ailleurs quand on gère bien son budget à la maison aussi.
06:25Voilà, son budget à la maison.
06:27Ce n'est pas du tout ce qu'on fait dans les entreprises.
06:29Dans les entreprises, quand on a un déficit, on ferme l'entreprise.
06:31Ou on licencie.
06:33Et Agnès Pannier-Runacher est toujours là.
06:36Oui, c'est vrai. Bonne remarque.
06:38Et il faut rappeler que Pierre Moscovici, quand il a examiné le budget actuel de Michel Barnier,
06:43a jugé que ce budget était fragile, parce qu'il reposait sur des prévisions trop optimistes.
06:48Donc ce que dit Agnès Pannier-Runacher peut être valable du budget qui arrive.
06:52Qui arrive aussi, pas seulement celui qu'on a laissé.
06:54Et juste pour rebondir sur ce qu'on disait,
06:56moi j'observe quand même, je me trompe peut-être,
06:58mais en tout cas, tous les capteurs, qu'il s'agisse des sondages ou de l'absence de manifestations fleuves,
07:04je n'ai pas l'impression qu'il y ait une très grande colère populaire contre Michel Barnier.
07:08C'est-à-dire que la colère politique des oppositions,
07:10en effet, je pense que tout le monde a bien compris qu'il y avait une forme de jeu,
07:13de jeu de stratégie, de calcul,
07:16de rôle qui est très facile à endosser quand on n'est pas sur le siège des responsabilités.
07:20Mais j'ai l'impression que, autant dans l'opinion publique,
07:23il y a eu, d'ailleurs ce n'est pas une impression,
07:25il y a eu une partie de l'opinion publique qui a eu une forme de colère contre Emmanuel Macron
07:28à la suite des élections législatives,
07:30parce qu'ils estimaient que ce n'était pas une bonne solution de ne pas nommer Lucie Casté alors qu'elle était arrivée en tête.
07:34Il y a eu une partie de l'opinion publique qui a été en colère contre Emmanuel Macron
07:37quand il a décidé de la dissolution, etc.
07:39Mais n'est-ce pas parce que justement, c'était un gouvernement qui a été monté en urgence,
07:43Jules l'a rappelé, avec un budget qui a été fait de briquet de broc à l'arrache,
07:46est-ce que les Français ne sont pas détachés de tout ça ?
07:48Est-ce que pour eux, ce n'est pas un peu de la popole, de la tambouille politicienne ?
07:52Non, mais pour le coup, la grosse réussite de Michel Barnier,
07:54ça a été d'avoir fait comprendre aux Français
07:58que ce budget, en effet, il était anormal,
08:00que tout le monde allait devoir se serrer la ceinture,
08:02parce qu'en fait, on a les conditions dans lesquelles on est depuis la dissolution.
08:06C'est-à-dire que, en fait, Michel Barnier...
08:08Ce n'est pas d'enlever le PIB qu'ils intéressaient de savoir si c'est bon pour en payer leur facture.
08:12Non seulement, lui, il était assez pragmatique, il n'était pas idéologue,
08:16donc il allait aller sur des choses que sa famille politique aborde,
08:20l'augmentation des impôts.
08:22Michel Barnier, les Républicains, ils ne proposent jamais ça.
08:24Et les Français ont visiblement compris ça.
08:26Alors après, le vrai sujet, c'est comment il va s'en tirer sur le long terme.
08:30S'il passe par 49-3, alors là, je peux vous dire que les Français,
08:33ils vont complètement se retourner,
08:35parce que le 49-3, on l'a bien vu pendant la réforme des retraites,
08:39on l'a bien vu sous Manuel Valls,
08:42on ne se sort jamais d'un 49-3.
08:44Il n'y a jamais un 49-3 acceptable, si je puis dire.
08:46À une différence près, c'est que la composition actuelle de l'Assemblée est inédite,
08:49dans la cinquième, et qu'en effet,
08:51pour faire passer une loi aujourd'hui, ou pour faire passer un budget,
08:53c'est très très difficile de le faire sans 49-3,
08:56sauf d'ailleurs sur des sujets qui rassemblent une partie des parlementaires,
08:59à savoir l'immigration. Alors là, effectivement, ils peuvent trouver toutes les majorités qu'ils veulent
09:04quand ils feront des lois à ce sujet.
09:06Mais pour un budget, c'est en quelque sorte presque logique ou inévitable.
09:08Et on va juste voir, en deux mots, sur les discussions, les débats pendant le budget,
09:13je pense qu'il va y avoir des propositions très intéressantes.
09:15Là, je vois Charles Le Courson qui, par exemple, veut s'en prendre à l'industrie cinématographique.
09:18C'est qu'aujourd'hui, on donne un paquet de pognon, pardonnez-moi l'expression,
09:22à des films que personne ne va voir.
09:24Il y a Éric Ciotti, ce week-end,
09:26qui a proposé la suppression du CESE.
09:28Si vous arrivez à m'expliquer à quoi sert le CESE,
09:30le Conseil économique, social et solidaire,
09:32qui coûte 50 millions d'euros par an,
09:35à quoi ça sert ?
09:38Éric Ciotti dit à quoi sert l'ARCOM aujourd'hui.
09:42Il propose la suppression de l'ARCOM.
09:44Il y a plein de propositions qui sont sur la table.
09:46Ça va nous faire des sujets très ensuisures.
09:48Restons ensemble. On va parler d'un autre projet de loi
09:50qui va revenir sur le tapis,
09:52c'est celui de la fin de vie.
09:54Ça revient d'actualité. Il pourrait revenir à l'Assemblée en décembre.
09:56On va en parler.

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