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ous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, c'est délégué général de Mobilians, Xavier Horent, qui est présent. Il est question de la filière automobile et du malus écologique en passe d’être multiplié par 7 d’ici 2027.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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00:00Jusqu'à 21h avec le communicant et chroniqueur politique Jean-Michel Salvatore et mon confrère
00:09du Figaro, Louis Ouzalter, on va parler de voitures, vos achats, si vous avez un projet
00:15à moyen terme, d'acheter une voiture neuve, peut-être que vous devriez le faire maintenant
00:20plutôt que dans quelques années, c'est assez abusant, juste avant le rappel de titres
00:26de l'actualité, j'entendais les publicités et il y a vraiment beaucoup de publicités
00:30pour les marques automobiles et ironie du sort, les voitures sont de plus en plus chères
00:35et les gens ont beaucoup plus de mal maintenant à les acheter.
00:39Bonsoir Xavier Horan.
00:40Bonsoir Monsieur Levinot.
00:41Vous êtes le délégué général de Mobilianz, Mobilianz c'est ce grand syndicat automobile
00:46qui regroupe 30 secteurs d'activité, il y a 600 000 actifs, vous représentez la filière
00:52automobile du centre de vérification, du contrôle technique en passant par les garagistes
01:00jusqu'aux très très grands distributeurs automobiles, ces grands groupes que sont Guedet,
01:07Bernard, Émile Frey, ces énormes concessions que l'on peut voir aux abords des agglomérations
01:14et qui ont de la peine aujourd'hui à vendre des voitures électriques puisqu'on arrive
01:19d'une certaine manière à un plafond de verre, on a eu en flèche une accélération
01:28des ventes de voitures électriques puis là maintenant ça stagne, et en même temps,
01:33et c'est quelque chose que vous révélez ce matin par Mobilianz, c'est que les malus
01:40automobiles et sur les voitures thermiques vont être multipliés par 7, pas par 2 ou
01:45par 3, par 7 d'ici 2027.
01:49C'est parfaitement exact, M. de Villeneuve, vous savez que le projet de loi de finances
01:54sera dévoilé demain, mais un certain nombre d'informations, de données avaient fuité
01:59chez un certain nombre de vos confrères depuis maintenant quelques jours, quelques semaines,
02:04et nous avons effectivement préféré, faute de consultation d'ailleurs, préalable avec
02:10le gouvernement, décider de mener une première étude d'impact pour voir à quel type de
02:18trajectoire, en termes de malus et aussi de bonus, parce que c'est un système global
02:22qu'il faut regarder, on y reviendra sans doute, quels étaient les impacts sur la chaîne
02:27de valeur et puis bien naturellement pour les consommateurs.
02:31Et si les informations sont exactes, c'est-à-dire une prévision d'un abaissement des différents
02:41seuils d'assujettissement des malus, à la fois les malus au CO2 et les malus au poids,
02:47et bien nous arrivons à des chiffres qui donnent le vertige, c'est une sorte de dépression
02:52quirk qui risque de s'abattre sur l'ensemble de la filière automobile et de la glacer
02:56littéralement, en tout cas de l'immobiliser. Simplement quelques chiffres, vous parliez
03:01d'une multiplication par 7, on parle en fait des recettes fiscales qui seraient issues du
03:07projet de loi de finances tel qu'il se dessine. Je suis prudent, attendons les prochains jours
03:13pour voir l'exactitude de nos évaluations, mais quand on parle d'une multiplication par 7,
03:19il faut comparer par rapport à une base de l'année 2023. L'année 2023, les malus avaient
03:26rapporté à l'État, en termes de recettes fiscales, à peu près 630 millions d'euros.
03:32Et quand on active les différents seuils de malus à la fois CO2 et au poids, et bien le calcul est
03:39relativement simple, c'est une multiplication par 3,5 en termes de recettes fiscales dès l'année
03:45prochaine en 2025, c'est-à-dire un peu plus de 2 milliards d'euros. Et puis, si je puis dire,
03:51ainsi de suite, chaque année, l'État gagne un milliard d'euros à peu près de plus par an.
03:58Donc pour résumer, Xavier Horan, l'État cherche de l'argent, ça on l'a tous compris, et tout d'un
04:04coup il s'est dit, ah bah tiens, il y a la filière automobile, on pourrait, parce qu'en plus avec le
04:09véhicule électrique, on n'aura plus cette manne qui est je crois de 40 milliards, à peu près 45
04:14milliards d'euros qui sont liés aux recettes fiscales sur les produits pétroliers, absolument.
04:18Donc ça on ne va plus avoir, puisque les voitures peu à peu vont devenir électriques, donc où est-ce
04:23qu'on va trouver de l'argent ? Sur les malus, et donc sur l'automobile elle-même.
04:28C'est là où le sujet est un peu vicieux, parce qu'en 2000, lors de la présentation des précédentes
04:34lois de finances, lorsque le malus poids a été mis en place en 2022, le parc qui était assujetti
04:42à cette nouvelle taxe était relativement marginal, c'était de l'ordre quand même déjà de 20%.
04:46Mais entre les 20% de 2022, en fait on va arriver à 80% du parc qui va être assujetti, enfin du parc
04:56des inmatriculations naturellement de véhicules neufs, qui vont être assujettis à l'horizon
05:002027, donc c'est absolument considérable. Le poids on passe de combien à combien ?
05:04On passe d'une recette fiscale en 2023 en année pleine à 630 millions d'euros dans les caisses
05:10de l'Etat, à un peu plus de quasiment 4,5 milliards à l'horizon 2027.
05:15Mais le poids de la voiture, il est abaissé de dernière année, c'est ça ?
05:19Il est abaissé dans les hypothèses telles que nous connaissons les hypothèses, parce qu'encore
05:24une fois, et ça c'est une méthode qui est malheureusement qu'on retrouve à la fois en
05:29France et d'ailleurs en Europe, on commence d'abord par taxer et c'est ensuite qu'on fait
05:33les études d'impact. C'est un peu dommage, mais on prend les choses je pense effectivement
05:37plutôt dans le mauvais ordre. Ça c'est une remarque au passage. Mais effectivement,
05:43en termes de cibles, on passe de 20 à peu près % en 2022 à 80% du prix.
05:50Mais là ça va, on va arriver à 1,5 tonnes, c'est ça ?
05:53Et donc dans les hypothèses de calcul, c'est un abaissement du seuil à 1,5 tonnes.
05:581,5 tonnes. Quelques exemples, sur un Peugeot 2008, le montant moyen du malus pour des modèles
06:03touchés sur les neuf premiers mois de 2024 est aujourd'hui de 380 euros. Ce montant moyen passerait
06:08à 653 euros en 2025. Sur sa concurrente, la Renault Captur, montant moyen du malus sur les neuf
06:16premiers mois de 2024, 351 euros. Ce montant moyen doublerait à 695 euros en 2025. C'est pas en 2027,
06:24c'est pas en 2030, c'est pas en 2035, c'est l'année prochaine. Donc s'il faut acheter des
06:28voitures, il faut les acheter maintenant.
06:30C'est un des signaux qui est envoyé, mais les signaux sont extrêmement contradictoires,
06:34parce qu'il faut regarder le système d'un point de vue global. Il y a aussi la question des bonus,
06:38qui est en suspens.
06:39Ça c'est si on achète une électrique.
06:41Ça c'est si on achète un sans-pension électrique, parce que les trajectoires de malus, eux,
06:46sont allées évidemment croissants, tandis que les dispositifs d'accompagnement, eux,
06:51se sont resserrés au fur et à mesure des lois de finances. Et aujourd'hui, c'est effectivement resserré
06:56sur l'achat, l'acquisition de véhicules neufs électriques.
07:00Question de louer aux haltères du Figaro.
07:02Alors on parle évidemment d'un projet de budget, puisque ce sera présenté demain soir,
07:06il y aura ensuite le débat parlementaire.
07:09On sait que c'est Michel Barnier qui active ce levier fiscal,
07:12parce que c'est le plus simple pour avoir des recettes rapidement,
07:15plutôt que de faire la chasse aux dépenses.
07:17Mais que c'est très contesté, y compris chez ses partenaires,
07:21notamment macronistes. Or les macronistes restent traumatisés
07:24par l'augmentation de la taxe carbone en 2018.
07:27On parlait déjà d'un budget à l'époque, c'était l'automne, on discutait du budget.
07:31Et c'est là que les gilets jaunes avaient surgi sur les ronds-points,
07:35ce qui a valu non seulement les week-ends et les semaines de révolts qu'on connaît,
07:39mais à la fin, non seulement ce projet n'a pas vu le jour,
07:41mais en plus Emmanuel Macron a dû lâcher des milliards et des milliards d'euros
07:44pour calmer cette révolte.
07:46Est-ce que vous pensez que le débat parlementaire, en ayant la mémoire de cet épisode,
07:52peut modérer les ardeurs fiscales sur un secteur automobile,
07:56qui en plus est à la peine depuis le milieu de l'année,
07:59et qui est à la croisée des chemins entre thermique et électrique, pour les raisons concrètes ?
08:03Je vais commencer par répondre à votre question, en commençant par la fin,
08:05parce que vous avez raison de souligner que, de manière structurelle,
08:08le marché automobile est effectivement à la peine,
08:11à la fois en France et en Europe.
08:13On est sur un marché qui connaît aujourd'hui son cinquième mois consécutif de baisse,
08:17mais ça au-delà de la conjoncture sur l'année 2024 comparée à 2023.
08:22Il faut se reporter à l'année 2019, et de manière structurelle,
08:25on n'a pas retrouvé les niveaux d'avant-crise, de l'avant-crise sanitaire,
08:30et on est en décrochage d'environ 23%, ce qui est absolument considérable.
08:35On en voit les effets sismiques un peu partout en Europe,
08:37les principaux marchés automobiles européens sont tous structurellement en baisse,
08:41il y a une trajectoire des ventes de véhicules électriques qui n'est pas au rendez-vous,
08:46ça c'est un phénomène aggravant, parce qu'à partir du 1er janvier 2025,
08:51il y a une réglementation qu'on appelle, dans le jargon automobile, la réglementation dite CAFE,
08:56qui impose des objectifs supplémentaires à la filière automobile
08:59en termes de réduction d'émissions de CO2,
09:02et là on est effectivement, vous avez raison de le dire, à la croisée des chemins,
09:07parce que si la filière n'arrive pas à vendre suffisamment de véhicules 100% électriques,
09:14nous n'atteindrons pas les objectifs qui ont été fixés par Bruxelles,
09:17et ça ce n'est pas 2035, comme Pierre Devineau le disait à l'instant, c'est 2025,
09:22et le risque est très clair, c'est soit 15 milliards d'amendes qui seront infligées à l'ensemble de la filière automobile,
09:31parce que tout sera répercuté sur la totalité de l'achat de valeurs,
09:3595 euros par gramme supplémentaire, ça c'est l'amende.
09:41Donc on arrive à une possibilité, ce sont les calculs du groupe Renault,
09:45qui a été relayé par Lucas Dimeo il y a quelques semaines,
09:48donc c'est soit une amende de 15 milliards d'euros qui sera infligée à la filière automobile,
09:53et à l'ensemble de son écosystème,
09:54soit c'est renoncer à la production de 2,5 millions de véhicules.
10:00Donc vous voyez, la déflagration c'est une véritable bombe à fragmentation qui est en train de se profiler,
10:06et pour bien comprendre la manière dont le marché automobile est en train de muter,
10:11dans toutes les dimensions, parce que c'est une métamorphose qu'on nous demande de faire dans un agenda extrêmement réduit,
10:18et c'est une intensité, une amplitude et une vitesse qui sont absolument inédites dans l'histoire.
10:24Mais ça c'est la partie amont, c'est le côté industriel, commercial,
10:29c'est une chose qui a déjà ses complexités, mais on oublie qu'il y a des clients,
10:33et ce sont les clients qui ont le dernier mot.
10:35Et ces clients auxquels on demande des efforts, notamment sur le plan fiscal qui sont toujours plus hauts,
10:39parce qu'on voit qu'on crève les plafonds et qu'on demande toujours plus à cette filière automobile,
10:44non seulement la France est championne en termes de prélèvements obligatoires,
10:48j'entendais votre débat précédent,
10:50mais nous sommes aussi les champions de la taxation automobile en Europe.
10:54Donc à force de demander toujours plus aux clients et de renchérir l'accès à la mobilité
10:59sur des modèles que citait Pierre de Villeneuve à l'instant,
11:03c'est-à-dire des modèles de l'avenue de Sainte-Montre,
11:05des Dacia, des Renault Captur, des Peugeot 208,
11:08ce ne sont pas des SUV auxquels très souvent on caricature le sujet.
11:13En 20 secondes, le risque des Gilets jaunes...
11:15Qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui, Xavier Horan ?
11:18Déjà une attention, le Premier ministre a employé trois mots
11:22quand il a fait son discours de politique générale il y a quelques jours.
11:25Le respect, la confiance et le dialogue.
11:29Et bien qu'il dise la vérité.
11:31Et dire la vérité aux Français, c'est qu'il y a des efforts qui devront être faits de manière incontestable,
11:36compte tenu de l'état de nos finances publiques,
11:38mais il faut aussi être cohérent par rapport à une politique automobile qui a besoin de stabilité,
11:43qui a besoin de cohérence, qui a besoin de lisibilité.
11:46Vous parliez des Gilets jaunes il y a quelques années,
11:48c'était il n'y a pas si longtemps, on a oublié, on a la mémoire courte,
11:51parce que le Covid est passé par là, la guerre en Ukraine,
11:54et l'automobile, c'est un vecteur de stabilité sociale.
11:58Déstabiliser cette poutre-là, qui est une poutre maîtresse
12:02de la stabilité du pays sur le plan économique et social,
12:05c'est prendre un risque, à mon avis, qui n'est pas raisonnable dans le contexte actuel.
12:09Et on a tendance à oublier qu'on est un pays producteur d'automobiles.
12:12Merci beaucoup Xavier Orand d'avoir été avec nous au 20h44 dans un instant, la suite de l'actualité.

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