Avec Bruno CLAVIER
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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-09-16##
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00:00:0014h-16h, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:00:05Nous sommes avec Bruno Clavier aujourd'hui et nous évoquons donc les abus sexuels sur enfants
00:00:10et on vous invite bien sûr à réagir sur Sud Radio.
00:00:14Hélène, merci de prendre la parole, bonjour.
00:00:16Oui, bonjour Brigitte, bonjour Bruno.
00:00:20Merci de me donner la parole, merci pour votre émission.
00:00:23Il est important d'en parler toujours et encore.
00:00:27Eh oui, tant que ça ne s'arrêtera pas, on en parlera.
00:00:32C'est ça, et donc oui, mon expérience à moi effectivement, j'ai subi depuis petite fille,
00:00:38mais j'ai mis des années, des années, des années à parler.
00:00:42Pour pas dire quand j'ai...
00:00:45Mais j'ai eu peur d'en parler dans le milieu familial, je savais que si j'en parlais...
00:00:50Enfin, intuitivement, parce qu'effectivement, enfant, on ne s'explique pas ça,
00:00:54c'est plus grand qu'on ne prend conscience.
00:00:56Que si j'en avais parlé, j'aurais été complètement rejetée.
00:00:59Ce qui s'est passé, même après des années.
00:01:02Mais vous ne l'aviez pas occultée, c'était...
00:01:06Non, non.
00:01:07Moi en revanche, chaque fois que je croisais mon grand-père maternel et mon frère aîné,
00:01:13systématiquement, j'avais ça devant les yeux.
00:01:18Systématiquement, systématiquement, systématiquement, voilà.
00:01:21Mais je l'ai quand même mis bien au fond de mon ventre, je dirais, voilà.
00:01:26Parce qu'il s'agissait des deux, c'est ça, d'après ce que vous dites ?
00:01:29Des trois, mon papa aussi.
00:01:31Ah, le papa aussi, d'accord.
00:01:32Oui, voilà.
00:01:34Mais le papa...
00:01:35Et pourtant, c'est votre grand-père maternel.
00:01:37Ça veut dire que des deux côtés de la famille...
00:01:40Des deux côtés, oui, des deux côtés.
00:01:45Et voilà, et par peur d'être rejetée, je n'ai rien dit, rien dit.
00:01:50Ça s'est quand même passé, parce qu'effectivement, quand je l'ai dit,
00:01:53évidemment, tout le monde s'est ligué contre moi, voilà.
00:01:59Mais avec un gros travail personnel, j'ai réussi quand même à avoir le retour de ma maman.
00:02:06Aujourd'hui, je serai continée avec ma maman alors que je m'étais fâchée avec elle.
00:02:10Et aujourd'hui, elle a conscience et elle fait un travail.
00:02:15Malgré son âge, elle fait un travail justement pour...
00:02:17C'est beau, ça.
00:02:18Oui, c'est très beau, franchement.
00:02:20C'est pour ça que je tenais à témoigner, parce que vraiment, le lien se fait.
00:02:26Et c'est ma maman avant qu'elle quitte cette terre, qui prendra la parole
00:02:31et qui mettra les choses en place dans la famille, qui remettra les choses à leur place.
00:02:35Votre témoignage est intéressant, en effet,
00:02:38parce que ça montre que vous protégez finalement votre famille en vous taisant.
00:02:43Et puis, au moment où vous parlez, évidemment, comme souvent, on vous rejette.
00:02:47Votre maman, quand vous en parlez, j'entends bien, c'était trop dur pour elle de l'entendre.
00:02:55C'est pour ça, à votre avis, qu'elle vous a rejetée ?
00:02:57Oui, oui, oui.
00:02:59Et puis, c'est son fils aîné.
00:03:01Et son fils aîné, vous savez, dans les mamans, le fils aîné, le premier enfant, c'est le Dieu.
00:03:07C'est le Dieu vivant, quoi.
00:03:09Et je savais que c'était son Dieu vivant à ma maman.
00:03:12Et comme j'avais beaucoup d'admiration pour elle, je ne pouvais pas faire cette démarche.
00:03:20Mais il est arrivé un moment où je ne pouvais plus.
00:03:22J'avais une telle souffrance en moi, je voulais tellement qu'elle sache que j'étais victime
00:03:29et que ma violence, elle venait de là, quoi.
00:03:31Ma souffrance et ma violence, parce que j'ai été effectivement dans une violence assez...
00:03:37Je suis quand même aussi clairvoyante et clairaudiente, si vous voulez.
00:03:40Donc, évidemment, j'avais les mots pour casser les gens.
00:03:44Mais sans vraiment exprimer le pourquoi du comment.
00:03:47Et votre maman, elle a été victime aussi ?
00:03:52Oui. Ma maman, elle a eu dix enfants et elle n'a subi que le viol conjugal.
00:03:56Et son papa, qui avec moi est passé à l'acte, il l'a violée par le regard.
00:04:04Ce qu'a fait mon propre père sur moi.
00:04:07D'accord, par le regard, mais peut-être plus quand même, on ne se souvient peut-être pas.
00:04:11Alors, non, je l'ai beaucoup fait parler. Non, non, il ne l'a jamais touché.
00:04:14Oui.
00:04:15Mais en revanche, jusqu'à l'âge de 15 ans, elle m'expliquait, ma maman,
00:04:19il n'y avait pas de salle de bain chez elle, donc ça se passait dans la cuisine.
00:04:24Ma grand-mère remplissait une grande bassine devant l'évier et ma grand-mère la lavait.
00:04:31Et ma mère était toujours très gênée parce que mon grand-père était dans la cuisine
00:04:36assise au bout de la table et assistée à la douche.
00:04:41Et jusqu'à l'âge de 15 ans, ma mère, ma mère l'obligeait à la laver.
00:04:46Non, mais c'était fou.
00:04:49Excusez-moi, et vous, ça a commencé à quel âge ?
00:04:52Trois ans.
00:04:53Trois ans, d'accord.
00:04:54Mon grand-père m'a fait ses premiers détouchements.
00:04:57Alors après, j'ai compris qu'il fallait que je me défende toute seule.
00:04:59Il ne m'a jamais pu toucher. En revanche, il se masturbait.
00:05:02Il ouvrait la porte de la chambre, regarde, il se masturbait.
00:05:05Dans le sous-sol, il était très souvent chez mes parents
00:05:09puisque les grossesses se sont enchaînées, les naissances aussi.
00:05:11Donc ma grand-mère venait aider sa fille.
00:05:14Donc c'était quand même régulièrement, chaque fois que mon grand-père avait des vacances.
00:05:17Donc c'était la masturbation.
00:05:19J'ai passé des vacances chez eux.
00:05:21Il y avait un grand jardin qui était en contrebas de la maison.
00:05:23Ma grand-mère me forçait à aller arroser le jardin, mais j'avais plaisir
00:05:27parce que moi, je ramassais les fraises, les pommes de terre, les haricots verts, tout ça.
00:05:32J'avais beaucoup de plaisir, sauf que je savais que mon grand-père
00:05:36était systématiquement dans la gabarne en train de se masturber quand j'arrivais.
00:05:40Alors je m'en allais en courant au fond du jardin, chercher le seau pour arroser.
00:05:45Mais bon, ça n'empêche quoi.
00:05:49Je me suis toujours échappée, mais il a toujours essayé.
00:05:52Rien ne fermait à pied chez mes parents. Il n'y avait aucune intimité.
00:05:55C'est très caractéristique ça, d'ailleurs.
00:05:57Moi, je le préconise toujours, je dis que ce n'est pas normal.
00:05:59Fermer les toilettes, fermer les salles de bain.
00:06:01Ah oui, franchement, oui.
00:06:03Quand même.
00:06:04Ah oui, quand même. C'est la moindre des choses.
00:06:06Avoir son intimité, rien que pouvoir s'enfermer, c'est déjà important.
00:06:09C'est déjà important, ce qui n'existait pas.
00:06:13Mais les choses sont en train de se remettre en place.
00:06:18Ma maman va commencer un travail thérapeutique
00:06:21parce qu'il faut qu'elle prenne de la distance avec ses émotions.
00:06:23Mais elle est prête.
00:06:24Ma maman a 86 ans aujourd'hui.
00:06:26Elle veut le faire.
00:06:28Oui, ça c'est quand même...
00:06:30Je veux dire, bravo Hélène.
00:06:32On sent chez vous une belle énergie.
00:06:35On sent que malgré tout...
00:06:38Je ne dis pas que vous n'avez pas souffert.
00:06:40Ah si, oui.
00:06:41C'est pas ce que je veux dire.
00:06:42Le résultat, c'est aujourd'hui.
00:06:45Et ça, c'est aussi un message positif.
00:06:47Parce qu'on peut aller bien.
00:06:49Par contre, dites à votre maman d'y aller doucement.
00:06:52Parce que comme elle est dans la thérapie,
00:06:54il ne faut pas qu'il y ait des gros dossiers qui ressortent.
00:06:56Parce qu'elle est quand même...
00:06:57Non, mais la thérapeute avec qui je l'envoie travailler,
00:06:59c'est une thérapeute avec qui j'ai travaillé.
00:07:01Croyez-moi, elle m'a exceptionnellement très bien accompagnée.
00:07:05On n'est pas là aujourd'hui.
00:07:07Si elle n'avait pas été là.
00:07:09Je ne sais pas si je me ferais passer à l'acte du suicide, si vous voulez.
00:07:12Donc non, non, non.
00:07:14Je l'emmène vers cette thérapeute, c'est ce que j'ai confiance.
00:07:18Et à travers...
00:07:20La thérapeute connaît bien mon histoire.
00:07:22Donc à travers ça, elle va pouvoir amener ma maman à se libérer.
00:07:25Elle est très forte à ce sujet.
00:07:27Et c'est bien votre maman qui a eu envie de faire cette thérapie.
00:07:30Ah oui, tout à fait.
00:07:32Tout en discutant avec elle,
00:07:34ça fait plus d'un an qu'on se reparle,
00:07:36qu'elle m'a vu évidemment évoluer et aller bien.
00:07:39Donc ça lui donne envie.
00:07:41Donc moi, je lui pose les choses.
00:07:43Mais après, c'est son choix, elle.
00:07:46Eh bien, sans doute qu'elle a envie d'être en paix avec elle-même
00:07:50avant de partir.
00:07:52Et c'est chouette.
00:07:54C'est joli, oui.
00:07:56Je voulais dire à ce propos, vous avez parlé du suicide.
00:07:58Un autre chiffre de la civise,
00:08:00c'est deux personnes sur trois
00:08:02qui ont été incestées
00:08:04feront une tentative de suicide.
00:08:06C'est très important qu'on puisse le savoir.
00:08:08Oui, deux personnes sur trois personnes
00:08:10qui ont été agressées sexuellement,
00:08:12deux feront une tentative de suicide.
00:08:15Oui, et puis il s'ajoute à ça les prises de risques.
00:08:17C'est des gens qui vont
00:08:19conduire très vite,
00:08:21vont prendre des risques
00:08:23dans leur vie.
00:08:25De la drogue, de l'alcool, des choses comme ça.
00:08:27Oui, oui, j'ai fait ça, bien évidemment.
00:08:31C'est pour anesthésier la souffrance
00:08:33qui parfois, d'ailleurs,
00:08:35n'est pas complètement consciente.
00:08:37Il y a une sorte de mal-être
00:08:39qu'on ne sait pas trop d'où il vient
00:08:41et on s'anesthésie par la drogue,
00:08:43l'alcool, etc.
00:08:45Je disais toujours à mes copines quand je sortais,
00:08:47bon moi je suis une grande danseuse, j'adore danser,
00:08:49et j'aurais aimé faire une carrière de danseuse
00:08:51professionnelle d'ailleurs,
00:08:53qui m'a été, bon bref, ok.
00:08:55Et donc je sortais pour danser
00:08:57mais je disais aux copines
00:08:59quand j'ai bougé, je disais non mais moi
00:09:01je bois pour oublier.
00:09:03Et hop, un verre, on pousse l'autre.
00:09:05Mais bon, mais aujourd'hui
00:09:07j'ai plus besoin de ça.
00:09:09En tout cas, votre bonne humeur est contagieuse.
00:09:11Bravo, merci.
00:09:13Merci beaucoup Hélène.
00:09:15On fait une petite pause, on se retrouve pour le Love Conseil.
00:09:17Comment bien embrasser entre adultes ?
00:09:19Evidemment, c'est le Love Conseil du jour.
00:09:31Eh bien,
00:09:33Bruno Clavier, le Love Conseil,
00:09:35comment bien embrasser ?
00:09:37Evidemment, embrasser ça ne demande pas tellement de technique
00:09:39mais ça demande
00:09:41une belle écoute de l'autre.
00:09:43Le baiser, c'est un moment particulièrement
00:09:45intime et révélateur de notre
00:09:47capacité à être en bonne relation
00:09:49avec l'autre, à être au diapason
00:09:51en quelque sorte.
00:09:53Et ça va se voir
00:09:55dans la manière dont il ou elle
00:09:57va se tourner vers vous,
00:09:59le corps, les épaules et surtout
00:10:01le visage. Et je trouve
00:10:03que quand on embrasse quelqu'un,
00:10:05on devrait être très
00:10:07réceptif à la position
00:10:09de son corps et tout particulièrement
00:10:11de son visage. Alors dans ce Love
00:10:13Conseil, je vous propose d'abord de bien
00:10:15regarder et puis de poser délicatement
00:10:17les lèvres sur la bouche et commencer
00:10:19à faire bouger vos lèvres et pas
00:10:21immédiatement essayer d'introduire la langue
00:10:23parce que pour beaucoup, ça peut être vécu
00:10:25comme une intrusion, une langue
00:10:27qui pénètre dans une bouche, c'est une intrusion
00:10:29et c'est déjà d'ailleurs un abus
00:10:31quand ce n'est pas consenti.
00:10:33Alors, on peut ensuite
00:10:35murmurer quelque chose à l'oreille
00:10:37et puis embrasser le dessus de la lèvre.
00:10:39Je crois que c'est
00:10:41vraiment important, notamment lorsque
00:10:43on ne se connaît pas encore très bien parce que
00:10:45les premiers baisers, c'est
00:10:47une manière d'être sur la même longueur d'onde
00:10:49et c'est vrai qu'avec un
00:10:51tout petit peu d'expérience, lors des
00:10:53premiers baisers, on peut savoir si on va
00:10:55avoir affaire à un amant qui nous
00:10:57conviendra ou pas. Donc
00:10:59allez-y doucement, après avoir
00:11:01pris soin évidemment de vérifier votre
00:11:03haleine, mais bon, c'est toujours mieux de le dire.
00:11:05Les petits mordissements
00:11:07ne sont pas forcément les bienvenus, c'est pareil.
00:11:09Il y a des gens qui aiment, il y a des gens qui n'aiment pas.
00:11:11Et puis surtout, ne vous laissez pas emporter par votre
00:11:13enthousiasme. Et puis ce que
00:11:15je voulais vraiment signaler aux hommes,
00:11:17évitez les baisers baveux, style
00:11:19escargot, parce que je n'ai encore jamais connu une femme
00:11:21qui aimait ça. Il paraît même
00:11:23que c'est signe des harceleurs sexuels.
00:11:25Alors ça, je ne sais pas, mais en tout cas, les baisers
00:11:27baveux, franchement, évitez.
00:11:29Et puis,
00:11:31vous pouvez embrasser, mais
00:11:33n'hésitez pas à dire à votre partenaire,
00:11:35notamment à une femme,
00:11:37maintenant, si tu m'embrassais comme tu aimerais
00:11:39être embrassée, ça sera une belle manière de
00:11:41savoir ce qu'elle aime.
00:11:43Voilà, c'était le love
00:11:45conseil du jour, Bruno Clavier.
00:11:47Bonjour Sophie, merci d'être
00:11:49avec nous. Bonjour,
00:11:51bonjour à votre invité.
00:11:53Bruno Clavier qui est avec nous, Sophie.
00:11:55Bonjour Bruno. Bonjour.
00:11:57On vous écoute, allez-y Sophie.
00:11:59Alors,
00:12:01je crois que
00:12:03je vais témoigner sur
00:12:05la capacité à être,
00:12:07la possibilité d'être
00:12:09entendue quand on était victime d'un ceste.
00:12:11Je vous donne un petit peu de contexte.
00:12:13J'ai grandi dans une famille
00:12:15de six enfants, donc
00:12:17cinq filles et un garçon.
00:12:19Et nous avons toutes été victimes d'un ceste
00:12:21de la part de mon père.
00:12:23Alors, de notre père.
00:12:25Donc moi, officiellement, j'ai pas été
00:12:27victime d'un ceste, je vais vous expliquer pourquoi.
00:12:29Je suis la plus petite
00:12:31et j'ai le sentiment
00:12:33d'avoir grandi
00:12:35sous une chape de plomb, parce que
00:12:37j'ai grandi avec
00:12:39le sentiment de savoir sans savoir.
00:12:41Donc je crois que déjà,
00:12:43toute petite, c'est quelque chose
00:12:45dont j'ai
00:12:47beaucoup souffert.
00:12:49Évidemment, évidemment.
00:12:51Ce qui est fou dans ce que vous racontez,
00:12:53c'est comment votre mère
00:12:55ignorait que ses cinq filles
00:12:57sont abusées par son compagnon.
00:12:59Écoutez, comme
00:13:01j'en ai parlé une fois
00:13:03à un psychiatre que j'étais allée consulter
00:13:05et que je remercie d'ailleurs, chaleureusement.
00:13:07Et je suis d'ailleurs
00:13:09arrêtée, j'ai arrêté d'aller le voir
00:13:11parce qu'il m'a énormément énervée
00:13:13parce que je lui ai parlé de ma mère et je lui ai dit, d'ailleurs,
00:13:15ma mère n'a jamais rien su.
00:13:17Et il m'a arrêtée tout de suite, il m'a plus ou moins
00:13:19envoyé pètre. Et il a très bien
00:13:21fait, il m'a expliqué que les mères savent toujours.
00:13:23Voilà. Donc pour ceux qui auraient
00:13:25des doutes, je crois que les mères
00:13:27savent toujours.
00:13:29Vous êtes d'accord avec ça ?
00:13:31Le problème, c'est qu'elles sont dans le déni.
00:13:33Elles savent, mais elles ne savent pas qu'elles savent.
00:13:35C'est ce que je veux dire.
00:13:37Oui, voilà. On s'est compris.
00:13:39C'est exactement ça.
00:13:41C'est-à-dire que ça s'appelle
00:13:43le déni.
00:13:45C'est ça.
00:13:47Oui, il y a une part d'elles qui sait, mais...
00:13:49Mais nous ne devons pas le savoir.
00:13:51C'est quelque chose que je répète moi à chaque fois.
00:13:53Très souvent, elles ont elles-mêmes
00:13:55été abusées. Donc j'ai une phrase
00:13:57un peu triviale, je dis qu'elles servent la même soupe
00:13:59à leurs filles qu'elles ont déjà mangées.
00:14:01Donc pour elles,
00:14:03elles-mêmes, elles se mettent en position d'être
00:14:05dans le déni parce que ça leur ramène
00:14:07leurs propres affaires. Donc en fait, la solution
00:14:09est de rien voir pour elles et de rien voir
00:14:11pour leurs filles, tout en
00:14:13voyant. C'est ça qui est compliqué.
00:14:15C'est un petit peu comme l'infidélité.
00:14:17On sait qu'il y a parfois des...
00:14:19On a
00:14:21tout pour le savoir, mais en fait,
00:14:23on ne veut pas le savoir.
00:14:25Excusez-moi, Sophie.
00:14:27C'est surtout
00:14:29pour que tout le monde comprenne bien
00:14:31ce genre de choses qui sont tellement
00:14:33complexes.
00:14:35Oui, c'était évident quand on est dedans.
00:14:37Et il n'y a pas eu de...
00:14:39Je veux dire, vos sœurs, vous en avez parlé
00:14:41ensemble ou pas ? Alors, on en a parlé
00:14:43très tardivement. C'est-à-dire que moi, la première
00:14:45fois où j'en ai officiellement pris connaissance,
00:14:47je crois que j'avais 22 ans.
00:14:49Mais bien sûr, avec du
00:14:51recul, je sais que j'ai toujours su.
00:14:53Mais voilà, officiellement, ça m'a été dit
00:14:55à 22 ans, quelque chose comme ça.
00:14:57Et si vous voulez, moi,
00:14:59ça a eu un impact tellement
00:15:01grand sur moi que j'ai
00:15:03commencé à faire des crises d'angoisse
00:15:05quand j'avais 7 ans. J'ai fait une névrose.
00:15:07J'avais peur de m'empoisonner.
00:15:09Je ne pouvais plus avaler ma salive.
00:15:11Je crachais tout le temps dans mes manches. J'avais des petits
00:15:13mouchoirs partout. Je ne pouvais
00:15:15plus rien manger qui avait touché mes mains
00:15:17parce que mes mains, forcément, étaient sales et empoisonnées.
00:15:19Donc, j'allais mourir.
00:15:21La symbolique est
00:15:23énorme, Sophie. Bien sûr.
00:15:25Merci beaucoup, Brigitte.
00:15:27Donc, j'avais peur
00:15:29d'aller en forêt parce que j'étais
00:15:31terrifiée par les amanithaloïdes.
00:15:33Voilà, j'étais toute petite.
00:15:35C'est un grand classique, ça. Voilà.
00:15:37Et bien,
00:15:39ça a pris des proportions absolument
00:15:41dramatiques. On m'a donc envoyé
00:15:43consulter mon médecin de famille, m'a envoyé
00:15:45consulter une psychiatre.
00:15:47Pédopsychiatre.
00:15:49Celle-là, je ne la remercie pas.
00:15:51Qui s'est entretenue avec moi
00:15:53et qui m'a mis sous traitement
00:15:55pendant un ou deux mois avec
00:15:57du largaxyle,
00:15:59du... je ne sais plus quoi avec la
00:16:01Benadone. Faire taire
00:16:03le symptôme, quoi. Exactement.
00:16:05Un traitement de cheval.
00:16:07Ça a bien marché. J'étais complètement
00:16:09anesthésiée pendant un mois.
00:16:11Petit à petit, j'ai recommencé à manger.
00:16:13Et puis, on a pu se dire
00:16:15que, ouf, ça va bien. Donc, elle,
00:16:17on parlait de ne pas croire les
00:16:19enfants. Alors, moi, je ne me suis pas ouverte à elle
00:16:21de quoi que ce soit. Mais enfin,
00:16:23quand même, un pédopsychiatre qui voit arriver
00:16:25une gamine avec ces symptômes-là,
00:16:27on pourrait espérer un petit peu de...
00:16:31Oui, oui.
00:16:33Évidemment que vous avez raison,
00:16:35Sophie. On pourrait espérer, mais
00:16:37peut-être qu'elle-même
00:16:39a été abusée et qu'elle était dans
00:16:41le déni. Moi, c'est
00:16:43un petit peu ma première impression, comme ça.
00:16:45C'est ce que j'aurais envie de dire. Et puis, peut-être
00:16:47que pour d'autres raisons qui
00:16:49la concernent,
00:16:51elle était ignorante. Parce que
00:16:53c'est ce que vous dites aussi
00:16:55dans un livre, Bruno Clavier.
00:16:57Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui devraient
00:16:59savoir, qui devraient
00:17:01reconnaître un enfant
00:17:03qui a été abusé et qui, pourtant,
00:17:05passe à côté. Tout à fait. Là, c'est caractéristique.
00:17:07C'est des phobies.
00:17:09C'est une sorte de néphrose obsessionnelle.
00:17:11Et tout, ça vient pas de nulle part.
00:17:13Donc là, il faut enquêter.
00:17:15Il faut regarder de quoi il s'agit.
00:17:17C'est ce qu'il aurait fallu faire.
00:17:19C'est ça.
00:17:21Et donc,
00:17:23ça a été un petit peu balayé sous le tapis.
00:17:25Et donc,
00:17:27ensuite, je me souviens quand je devais avoir
00:17:2913 ans, et là,
00:17:31c'était mon tour, entre guillemets.
00:17:33Et un jour, je vois mon père
00:17:35débarquer dans mon lit. Très gentiment,
00:17:37parce que tout, c'est toujours fait sans violence,
00:17:39que je sache. D'ailleurs, c'est ce que mes soeurs m'ont dit aussi.
00:17:41Ça n'a jamais été...
00:17:43Il n'y a jamais eu
00:17:45de coups...
00:17:47Excusez-moi, Sophie, mais on ne peut pas accepter
00:17:49qu'il n'y ait pas eu de violence, vu que c'est quand même
00:17:51très violent d'abuser de sa fille.
00:17:53Excusez-moi, Sophie. J'entends ce que vous
00:17:55dites, bien sûr, mais...
00:17:57On est obligés quand même...
00:17:59Pour m'expliquer, parce que je sais que c'est des choses
00:18:01qui vont faire hurler plein de gens.
00:18:03L'inceste, c'est toujours inexcusable,
00:18:05c'est toujours
00:18:07inacceptable,
00:18:09et il ne s'agit absolument
00:18:11pas de trouver d'excuses
00:18:13à celui qui les commet.
00:18:15Mais c'était pour dire que...
00:18:17C'était bien ça, d'ailleurs,
00:18:19qui m'a un peu clouée sur place,
00:18:21parce que je me sentais moi-même coupable
00:18:23de rejeter
00:18:25ces avances-là.
00:18:27Bref, il s'est couché à côté de moi, il a commencé à me caresser.
00:18:29Et c'est
00:18:31un blanc. Après, je sais...
00:18:33Je ne me souviens de rien, sauf que
00:18:35je me souviens qu'alors, je ne sais pas si
00:18:37ça s'est passé dans la foulée ou le lendemain
00:18:39ou, enfin, dans...
00:18:41Très peu de temps après, j'ai eu une
00:18:43syncope. J'ai fait une crise d'épilepsie qui a
00:18:45effrayé tout le monde.
00:18:47On m'a emmenée consulter un autre psychiatre
00:18:49qui, lui non plus, n'a rien vu,
00:18:51et qui
00:18:53m'a mise sous traitement. Et suite à ça,
00:18:55je n'ai plus jamais été inquiétée
00:18:57par mon père. Ça a très bien marché, il a eu très
00:18:59peur et il m'a suscité royalement.
00:19:01Ce qui a amené
00:19:03mes soeurs à dire que, toi,
00:19:05tu n'as jamais rien connu.
00:19:07Je m'excuse immédiatement que je vous
00:19:09dise que c'est faux. Ce que vous décrivez, c'est qu'il s'est
00:19:11passé quelque chose. C'est évident.
00:19:13Ce que vous décrivez, c'est très classique du
00:19:15traumatisme. Il y a un blanc, puis ensuite
00:19:17un symptôme énorme comme une crise d'épilepsie.
00:19:19Vous avez donc été
00:19:21incestée comme les autres.
00:19:23Voilà. Mais peut-être qu'une seule fois
00:19:25ou deux fois...
00:19:27Mais ça suffit.
00:19:29On est bien d'accord.
00:19:31C'est important que vous récupériez ça.
00:19:33Je vous le dis parce que
00:19:35vous avez commencé par dire ça
00:19:37et je vois bien que c'est compliqué. Non, non, il faut l'affirmer.
00:19:39Et puis, alors là, vos soeurs, il faut aller les voir
00:19:41et leur dire, non, non, j'ai été incestée.
00:19:43Oui, oui.
00:19:45Il y en a à qui je ne parle plus
00:19:47justement pour cette raison-là.
00:19:49J'ai le sentiment de ne pas être reconnue.
00:19:51Je trouve ça extrêmement injuste.
00:19:53Et donc,
00:19:55alors moi, ce qui me fait hurler, c'est que
00:19:57j'ai donc été vue par un psychiatre
00:19:59enfin un neuropsychiatre qui ne s'est pas non plus
00:20:01inquiétée de la chose, qui m'a mis
00:20:03sous traitement. Et je suis restée sous traitement
00:20:05quand même pendant 13 ans.
00:20:07J'ai tenu la malade des services.
00:20:09Il ne fallait pas que je regarde les feux d'artifice.
00:20:11Il ne fallait pas que je regarde la télévision. Il ne fallait pas que je prenne
00:20:13la pilule. Il ne fallait pas que, il ne fallait pas que.
00:20:15Et enfin, j'ai tout fait.
00:20:17J'ai fait tout ce qu'il ne fallait pas. De toute façon, je m'en porte
00:20:19pas plus mal.
00:20:21Et quand je suis tombée
00:20:23enceinte, je suis allée consulter un autre
00:20:25psychiatre, et lui je le remarquais aussi,
00:20:27qui m'a fait un examen et qui m'a dit
00:20:29« Mais qui vous a dit que vous étiez épileptique ? »
00:20:31Je lui ai dit « Tout le monde ». Il m'a dit « Mais jamais de la vie.
00:20:33Vous n'avez jamais été épileptique.
00:20:35Vous avez peut-être eu un épisode.
00:20:37Mais vous m'arrêtez
00:20:39le traitement tout de suite. Vous n'y touchez plus. »
00:20:41Et ça m'a fait peur.
00:20:43Ça m'a fait peur parce que je me suis dit
00:20:45« Je vais mourir. » Tout le monde me dit
00:20:47qu'il ne faut absolument pas. Il m'a dit « Non, non.
00:20:49Je vais vous prescrire du Lexomil
00:20:51pendant une semaine. Et si après ça
00:20:53vous avez des petits coups de panique, vous savez quoi ?
00:20:55Prenez un petit whisky. »
00:20:57Et
00:20:59j'ai suivi ses conseils
00:21:01et ça va très bien.
00:21:03Donc j'en déduis que la crise d'épilepsie
00:21:05c'était strictement en lien avec
00:21:07ce qui se passait à la maison.
00:21:09C'est très fréquent.
00:21:11Ça me rassure
00:21:13d'entendre ça parce que
00:21:15entendre parler les gens, je ne sais pas
00:21:17quelle est l'impression que j'ai.
00:21:19Vous pouvez faire confiance
00:21:21à Bruno Clavier.
00:21:23Vous savez, dans mon
00:21:25dernier livre, je montre à quel point
00:21:27il y a une méconnaissance et
00:21:29une lacune dans tous les corps
00:21:31médicaux qui s'occupent justement
00:21:33qui ont rapport avec des personnes
00:21:35à qui il est arrivé tout ça.
00:21:37Que ce soit, je dis même, les psychologues,
00:21:39les psychanalystes et les psychiatres.
00:21:41C'est-à-dire que
00:21:43il faut qu'il y ait une information
00:21:45généralisée dans les formations à la fac
00:21:47par tout ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
00:21:49Moi j'ajouterais
00:21:51indépendamment même des abus sexuels
00:21:53un enfant qui va mal
00:21:55qui fait des crises de je ne sais quoi
00:21:57ou qui
00:21:59il y a forcément derrière
00:22:01de la maltraitance
00:22:03ou en tout cas de la souffrance.
00:22:05Je ne sais pas, un enfant il n'est pas naturellement
00:22:07il ne va pas naturellement mal.
00:22:09Je parle sur le plan
00:22:11psychologique.
00:22:13Il y a ce qu'on appelle le transgénérationnel
00:22:15qui fait qu'il est porteur
00:22:17des symptômes
00:22:19des parents ou des grands-parents.
00:22:21Il y a ça aussi.
00:22:23Il lui est rien arrivé mais il est en train
00:22:25de fabriquer une affaire qu'il faut quand même démêler.
00:22:27Bien sûr, il faut quand même essayer de l'aider
00:22:29à démêler ça pour qu'il puisse
00:22:31aller mieux.
00:22:33Excusez-moi aussi, je ne sais pas si vous avez travaillé là-dessus
00:22:35mais comme vu tout ce que vous décrivez
00:22:37à partir de 7 ans
00:22:39il faut penser qu'il y a peut-être eu quelque chose avant.
00:22:41Oui, j'ai posé la question.
00:22:43Vu les symptômes que vous avez
00:22:45à 7 ans, il faut
00:22:47se poser la question.
00:22:49Oui, mais le problème c'est que
00:22:51personne n'a été témoin de quoi que ce soit
00:22:53ou alors ils ne veulent pas en parler
00:22:55et moi je n'ai aucun souvenir.
00:22:57C'est la question, mais ça peut se travailler
00:22:59quand même.
00:23:01Comme je disais, on n'a pas de souvenir
00:23:03mais on a de la mémoire.
00:23:05Oui, ça peut se travailler.
00:23:07Et donc,
00:23:09il y a une dernière chose.
00:23:11Vous savez, Sophie,
00:23:13j'entends bien que c'est compliqué avec vos soeurs.
00:23:15Certainement
00:23:17qu'elles ont,
00:23:19elles vont mal, elles sont peut-être en colère
00:23:21contre vous, je ne sais quoi.
00:23:23C'est leur histoire.
00:23:25Ne prenez pas leur
00:23:27réaction négative
00:23:29vis-à-vis de vous
00:23:31comme argent comptant.
00:23:33Chacun a sa croix
00:23:35dans sa famille visiblement
00:23:37et portez la vôtre
00:23:39simplement et essayez de vous en libérer.
00:23:41Oui, oui.
00:23:43Ça m'amène à ce que
00:23:45je voulais dire si j'ai encore une petite minute.
00:23:47Oui, bien sûr, Sophie.
00:23:51Encore une fois,
00:23:53l'inceste est inexcusable.
00:23:55Je ne cherche d'excuses à personne.
00:23:57Je dois être très claire là-dessus.
00:23:59Je ne comprends pas
00:24:01ce qui s'est passé dans le sens où
00:24:03c'est juste pas concevable.
00:24:05Ceci étant dit,
00:24:09il y a beaucoup de choses de mon enfance
00:24:11que j'ai adoré
00:24:13et je refuse
00:24:15de tirer un trait
00:24:17sur toute cette partie-là
00:24:19de ma vie sous prétexte que
00:24:21j'ai vécu des choses horribles.
00:24:23Il y a certaines choses que j'entends
00:24:25conserver parce qu'elles me font du bien.
00:24:27Bien sûr.
00:24:29Y compris avec mes parents.
00:24:31Et je me heurte
00:24:33à un mur d'incompréhension
00:24:35quand je dis ça parce qu'on me rétorque
00:24:37que je n'ai jamais été aimée,
00:24:39qu'on m'a mentie,
00:24:41qu'on m'a manipulée pour ça aussi.
00:24:43Alors que j'ai été manipulée, je le sais.
00:24:45Que ce qui a été fait est absolument
00:24:47inacceptable, je le sais.
00:24:49Il n'empêche pas que mes parents étaient humains
00:24:51et que dans leurs éclairs
00:24:53d'humanité, ils avaient des
00:24:55traits positifs que moi,
00:24:57je tiens à conserver.
00:24:59Et
00:25:01ça m'amène donc à ma conclusion
00:25:03suivante. Si vous voulez,
00:25:05ce qui a dénoué vraiment la chose pour moi,
00:25:07c'est d'abord que j'ai mis près de 50 ans
00:25:09quand même à parvenir à ce
00:25:11point-là. Je me suis
00:25:13rendue compte que j'avais été victime, que mes soeurs
00:25:15pouvaient dire ce qu'elles voulaient, mais
00:25:17moi, j'ai été victime aussi.
00:25:19Et j'ai également détruit mes choses.
00:25:21Mais j'ai mis longtemps.
00:25:23Quand j'ai pris conscience de ça,
00:25:25j'ai su rentrer dans une colère
00:25:27noire à l'égard de mes parents.
00:25:29Ce qui était un petit peu un mauvais...
00:25:31Pas le bon moment
00:25:33parce qu'ils déclinaient fortement
00:25:35à cette époque-là et je me dis que
00:25:37j'aurais voulu être un peu présente
00:25:39pour eux parce qu'ils perdaient la tête
00:25:41et c'était vraiment pas le moment
00:25:43de régler mes comptes. Mais bon, je les ai réglés
00:25:45à ce moment-là.
00:25:47C'est l'étape normale
00:25:49d'une prise de conscience
00:25:51de passer par cette colère.
00:25:53Voilà, c'est ça. J'étais très très
00:25:55en colère et une fois que
00:25:57j'ai eu le sentiment
00:25:59d'épuiser cette colère.
00:26:01Je me suis tellement lâchée
00:26:03que j'ai eu le sentiment de ne plus avoir
00:26:05quoi que ce soit à sortir.
00:26:07Et un jour, je me suis dit
00:26:09mais
00:26:13et si je l'ai pardonné ?
00:26:15Parce que finalement, eux aussi,
00:26:17ils ont connu des choses. Certainement
00:26:19des abus dans l'enfance comme vous le dites.
00:26:21Je sais qu'ils ont eu une vie très dure
00:26:23aussi. Alors, je ne leur cherche
00:26:25pas d'excuses. Je tiens à préciser ça.
00:26:27Je ne leur cherche pas d'excuses.
00:26:29Mais je reconnais ce qui est
00:26:31ce qui peut être
00:26:33peut-être pas louable mais
00:26:35appréciable
00:26:37chez eux.
00:26:39Et je me dis que je leur
00:26:41dois cette petite partie parce qu'ils
00:26:43m'ont aussi donné de la sécurité. Ils ne m'ont pas
00:26:45donné que de la sécurité. Je pense que
00:26:47si j'arrive à aimer quelqu'un maintenant,
00:26:49c'est aussi que j'ai reçu de l'amour
00:26:51sinon je ne serais pas capable. D'ailleurs, je dois dire
00:26:53que je suis assez fière d'être...
00:26:55J'ai l'impression d'être la seule dans ma
00:26:57famille, être capable d'avoir une relation
00:26:59normale avec un homme, normale, de
00:27:01confiance, d'amour, de sécurité,
00:27:03de... Voilà.
00:27:05Un petit peu une exception.
00:27:07Et donc ça, je le sors
00:27:09de quelque part. J'ai eu cette impression-là.
00:27:11Et donc, je les ai pardonnés
00:27:13mais je les ai pardonnés vraiment de bon cœur.
00:27:15Je me suis...
00:27:17J'ai pris toute la mesure de ce que
00:27:19ça veut dire
00:27:21quand on parle de
00:27:23pardon, le pardon chrétien, pardonner nos
00:27:25offenses comme nous pardonnons, etc. Quelque chose
00:27:27qu'on récite un petit peu, voilà. Comme ça, c'est
00:27:29une litanie. Et quand on prend
00:27:31conscience de ce que c'est, on se rend compte que c'est pas facile
00:27:33de pardonner. Si on veut
00:27:35pardonner à quelqu'un qui nous a piqué 50 euros,
00:27:37ça va, c'est facile. Si on veut pardonner à
00:27:39quelqu'un qui nous a réellement offensé
00:27:41dans notre chair et dans notre âme,
00:27:43ça c'est très difficile.
00:27:45Sophie, vous dites une chose
00:27:47qui me touche beaucoup
00:27:49parce que vous dites quoi ? Vous dites que
00:27:51c'est l'amour qui sauve de tout et
00:27:53le pardon, c'est de l'amour qu'on se donne
00:27:55d'abord à soi-même
00:27:57et en effet, vous avez raison.
00:27:59Cette part de vous qui a
00:28:01eu
00:28:03ce qu'elle avait besoin quand même
00:28:05pour pouvoir aimer et pour pouvoir tenir debout,
00:28:07c'est bien de la
00:28:09reconnaître. Et puis, c'est votre
00:28:11vérité et personne n'a jugé
00:28:13de votre vérité. Donc,
00:28:15bravo.
00:28:17Merci de ce témoignage en tout cas.
00:28:19Merci beaucoup. Si vous avez envie
00:28:21d'ajouter quelque chose, Bruno Clavier,
00:28:23dans une seconde, après la pause,
00:28:25je vous redonne la parole bien sûr.
00:28:2714h16h
00:28:29Brigitta et Sud Radio
00:28:3114h16h
00:28:33Brigitta et Sud Radio
00:28:35Bruno Clavier est avec
00:28:37nous et je rappelle ce
00:28:39livre dans lequel vous expliquez
00:28:41pourquoi tant de psychiatres
00:28:43etc. ne sont
00:28:45pas à la hauteur.
00:28:47Ce livre s'appelle « Ils ne savent pas pourquoi
00:28:49la psy a négligé les violences sexuelles ».
00:28:51C'est aux éditions Paillot.
00:28:53Si ça vous intéresse, n'hésitez pas, vous comprendrez mieux.
00:28:55Bruno Clavier, vous voulez réagir
00:28:57au témoignage de Sophie, peut-être ?
00:28:59Oui, c'est-à-dire cette question
00:29:01du pardon.
00:29:03J'aurais pu lui dire
00:29:05oui, le pardon, mais pas trop vite.
00:29:07Je dis ça parce que
00:29:09je connais aussi des thérapeutes qui, au bout de 3-4 séances,
00:29:11disent « bon, maintenant, il faut dire pardon ».
00:29:13Non.
00:29:15Elle l'a fait après.
00:29:17Elle l'a très bien dit. Elle l'a dit après.
00:29:19Elle a sorti sa colère.
00:29:21Je pense que
00:29:23si elle a cette question de pardon, je pense
00:29:25qu'elle se pardonne à elle-même, déjà,
00:29:27quelque chose. Et que, évidemment,
00:29:29la complexité de l'inceste, c'est qu'il y a de l'amour.
00:29:31Ça serait
00:29:33tellement simple s'il n'y avait pas d'amour.
00:29:35Mais la complexité de ce problème, c'est que
00:29:37ce sont des gens que vous aimez
00:29:39qui vous tuent. Et vous les aimez
00:29:41même après, quand même. C'est compliqué.
00:29:43Il faut qu'on le dise.
00:29:45C'est les
00:29:47difficultés psychologiques.
00:29:49Oui, c'est toute l'ambivalence de l'enfant
00:29:51qui, forcément, aime ses parents et qui
00:29:53subit le pire qu'il
00:29:55puisse subir de la part de ses parents.
00:29:57Il y a une sorte de règle humaine. On n'est rien sans sa famille.
00:29:59Comment rejeter complètement ?
00:30:01C'est compliqué. Elle l'a très bien dit. Elle avait besoin
00:30:03de garder sa bonne part qu'elle a eue de ses parents.
00:30:05Moi, je comprends tout à fait.
00:30:07Bien sûr qu'on comprend.
00:30:09Linda, bonjour.
00:30:11Bonjour, Brigitte. Bonjour à votre invité.
00:30:13Bruno Clavier.
00:30:15Linda, merci
00:30:17de témoigner. Vous aussi, vous avez été
00:30:19abusée quand vous étiez enfant.
00:30:21Oui, tout à fait.
00:30:23Je vous remercie de me donner la parole sur le sujet
00:30:25parce que, me concernant,
00:30:27j'ai fait une amnésie
00:30:29traumatique
00:30:31jusqu'à il y a un an et demi.
00:30:33Et du coup,
00:30:35j'ai beaucoup de difficultés
00:30:37à digérer les choses.
00:30:39Vous êtes en plein dedans.
00:30:41Voilà.
00:30:43C'est ça.
00:30:45Ça a conditionné
00:30:47beaucoup de choses dans ma vie.
00:30:49Je ne comprenais pas pourquoi.
00:30:51J'ai une carapace physique
00:30:53au niveau du poids.
00:30:55J'ai du mal à construire des relations avec des hommes.
00:30:57J'ai vécu
00:30:59avec un pervers narcissique.
00:31:01J'ai subi du harcèlement scolaire.
00:31:03Quand c'est remonté,
00:31:05j'ai compris pourquoi
00:31:07j'avais tant de difficultés.
00:31:09Aujourd'hui, même avec mon
00:31:11image de moi, ma confiance en moi,
00:31:13tout ça est très
00:31:15difficile.
00:31:17À la fois,
00:31:19j'ai été soulagée de pouvoir
00:31:21comprendre ce qui m'arrivait.
00:31:23À la fois, c'est très difficile
00:31:25pour moi de traverser.
00:31:27Les deux personnes qui m'ont fait subir ça
00:31:29sont décédées.
00:31:31Pour le coup,
00:31:33de pouvoir parler à votre émission,
00:31:35ça me permet aussi
00:31:37de dire publiquement
00:31:39ce qui m'est arrivé.
00:31:41C'est une forme de thérapie
00:31:43pour moi.
00:31:45Merci de participer, Linda.
00:31:49Vous ne voulez pas
00:31:51les nommer ?
00:31:53Si, bien sûr.
00:31:55C'est un grand-père et un oncle.
00:31:57Un grand-père maternel ?
00:31:59C'est le mari
00:32:01de ma grand-mère maternelle.
00:32:05C'est le beau-père de ma mère.
00:32:07Ils n'ont pas de lien de sang,
00:32:09mais c'est le beau-père de ma mère.
00:32:11Et l'oncle, c'est le mari
00:32:13de ma tante.
00:32:15De la tante maternelle ?
00:32:17Non, du côté de mon père, cette fois-ci.
00:32:19Des deux côtés, d'accord.
00:32:21Et pour le coup,
00:32:23je la soupçonne
00:32:25de savoir et de ne rien dire.
00:32:27Et ça, c'est compliqué aussi.
00:32:29Et vous avez pu, dans la mémoire
00:32:31qui vous est revenue, dater ?
00:32:33Normalement, on peut dater quand la mémoire remonte.
00:32:35Vous savez à quel âge ?
00:32:37Pour moi, c'était aux alentours de 4-5 ans.
00:32:39Ce qu'il faut savoir dans mon histoire,
00:32:41c'est que ma mère aussi
00:32:43a subi des agressions sexuelles
00:32:45au même âge.
00:32:47Il y a aussi du transgénérationnel.
00:32:49De la part de son beau-père ?
00:32:51De la part d'un oncle à elle.
00:32:53Et quelques années plus tard,
00:32:55de la part de son beau-père, effectivement.
00:32:57Oui, c'est ça.
00:32:59Donc ça se reproduit.
00:33:01C'est l'âge, 4-5 ans.
00:33:03Moi, je martèle ça.
00:33:05Pensez bien que les abus sexuels
00:33:07sont principalement entre 3, 4 et 5 ans.
00:33:09Principalement les incestes.
00:33:11C'est ça qui est redoutable.
00:33:15Qu'est-ce qui vous a permis
00:33:17de retrouver cette mémoire, Linda ?
00:33:19Moi, j'avais des images.
00:33:21J'avais notamment une image
00:33:23qui m'a poursuivi
00:33:25pendant très longtemps,
00:33:27de moi embrassant mon grand-père sur la bouche.
00:33:29J'avais 4-5 ans.
00:33:31Mais je me dis que, en fait, avec le recul,
00:33:33c'est lui qui m'a embrassé.
00:33:35À 4 ou 5 ans,
00:33:37je ne vois pas comment on peut embrasser
00:33:39son grand-père sur la bouche.
00:33:41Et l'élément déclencheur, c'est ma cousine
00:33:43qui m'a appelée un jour et qui m'a dit
00:33:45« Il faut que je te dise quelque chose. »
00:33:47J'ai vu.
00:33:49J'ai vu que tu as été agressée.
00:33:51Mes deux cousines,
00:33:53il y en a une qui a été agressée
00:33:55par mon oncle,
00:33:57qui est son beau-père.
00:33:59Et mon autre cousine a été agressée par ce
00:34:01grand-père aussi.
00:34:03Tout est remonté il y a un an et demi.
00:34:05Par cette libération de parole.
00:34:07Et vous êtes en travail thérapeutique ?
00:34:09Oui, ça fait 10 ans
00:34:11que je fais un travail sur moi.
00:34:15J'ai tendance à croire que les choses
00:34:17vous arrivent parce que vous êtes prêts
00:34:19à les recevoir.
00:34:21Même si c'est difficile, ça explique grandement
00:34:23mon histoire
00:34:25et une partie de ma vie.
00:34:27Si vous voulez, j'ai l'impression
00:34:29que ça fait 32 ans que je suis en prison.
00:34:31Je le dis vraiment comme ça,
00:34:33mais je ne veux pas prendre perpétuité.
00:34:35J'ai besoin d'avancer aujourd'hui.
00:34:37C'est pour ça que je vous remercie encore de me laisser
00:34:39la parole et de pouvoir expliquer mon histoire.
00:34:41Je voulais vous dire aussi, quand on a
00:34:43des flashs comme ça, des images,
00:34:45c'est très très fréquent ce genre d'images,
00:34:47en général,
00:34:49on a l'image d'une chose
00:34:51dont on peut se souvenir.
00:34:53Ce qui n'exclut pas d'autres choses où on ne peut pas avoir
00:34:55de l'image.
00:34:57Je vous dis ça comme ça parce que ça fait partie du travail thérapeutique.
00:34:59C'est-à-dire qu'il y a peut-être
00:35:01autre chose derrière en plus.
00:35:03Certainement même. Linda, restez avec nous,
00:35:05on va vous reprendre après
00:35:07les infos.
00:35:09On vous invite aussi, vous qui nous écoutez,
00:35:11si vous avez envie de témoigner,
00:35:130 826 300 300. On se retrouve
00:35:15après les infos.
00:35:25On va continuer à parler
00:35:27de l'inceste en compagnie
00:35:29de Bruno Clavier, auteur de
00:35:31nombreux livres. Si vous avez envie de mieux
00:35:33comprendre,
00:35:35je peux vous conseiller notamment
00:35:37L'inceste ne fait pas de bruit. C'était aux éditions
00:35:39Payot également,
00:35:41je crois. C'est bien ça ?
00:35:43Justement, je voulais
00:35:45revenir sur la devise du jour. J'ai oublié
00:35:47tout à fait de l'évoquer
00:35:49dans mon sommaire, mais ce n'est pas grave, c'est normal.
00:35:51C'est une émission qui est toujours
00:35:53un peu troublante. Je voulais parler
00:35:55de la confiance et de l'intuition
00:35:57qui sont un cercle vertueux.
00:35:59Et pourquoi c'est important de parler
00:36:01de confiance et d'intuition aujourd'hui ?
00:36:03Parce que je pense que ce sont des choses
00:36:05qui peuvent aider justement les personnes
00:36:07qui ont été abusées et qui se font un travail.
00:36:09Alors, la confiance
00:36:11qu'on a en sa propre intuition,
00:36:13c'est un peu le terreau qui va faire
00:36:15grandir son intuition.
00:36:17C'est-à-dire, plus on a confiance
00:36:19dans son intuition, plus on va avoir de l'intuition.
00:36:21Et plus on a de l'intuition,
00:36:23plus on a confiance en soi.
00:36:25Et c'est très important de bien comprendre
00:36:27ça, parce que l'intuition
00:36:29c'est ce qui nous permet
00:36:31de deviner ce qu'on sait,
00:36:33en quelque sorte. Et dans
00:36:35un sujet comme aujourd'hui,
00:36:37je pense qu'avoir confiance
00:36:39en son intuition, ça peut permettre
00:36:41de gagner du temps dans ce travail
00:36:43difficile que l'on fait lorsqu'on a été
00:36:45abusé. Oui, tout à fait.
00:36:47Pour moi,
00:36:49l'intuition, c'est la part
00:36:51animale qui est forte,
00:36:53qui n'est pas du tout péjorative.
00:36:55C'est notre part animale qui nous permet
00:36:57de nous repérer, comme on a
00:36:59toujours eu depuis l'aube de l'humanité.
00:37:01S'il n'y avait pas d'intuition, on ne serait peut-être même pas là, les humains.
00:37:03Il faut renifler ce qui va se passer.
00:37:05Exactement, c'est quelque chose
00:37:07qui n'est pas
00:37:09scientifique, concret, mais qui fonctionne
00:37:11très très bien quand on
00:37:13sait ne pas la confondre
00:37:15avec nos désirs, bien sûr.
00:37:17Linda, vous m'avez touchée
00:37:19quand vous m'avez dit que ça vous faisait du bien
00:37:21de témoigner, donc il était hors de question de ne pas
00:37:23vous laisser
00:37:25dire tout ce que vous avez envie de dire,
00:37:27et on est ravis de vous retrouver après
00:37:29les infos, Linda. Merci.
00:37:31Ce que je voulais dire
00:37:33aussi, c'est que
00:37:35moi, j'ai
00:37:37une ou deux images qui remontent, mais par contre
00:37:39mon corps a parlé. Et du moment
00:37:41où j'ai su,
00:37:43où j'ai eu l'information, mon corps
00:37:45n'a jamais cessé de me parler, et
00:37:47il me parle encore aujourd'hui
00:37:49par
00:37:51des douleurs, par
00:37:53souvent des envies de vomir,
00:37:55par le dégoût des choses.
00:37:57Et vous voulez dire que depuis
00:37:59que vous avez pris conscience de ce qui
00:38:01vous est arrivé, le corps parle plus,
00:38:03libère, c'est ça que vous voulez dire ?
00:38:05Oui, il y a une forme de libération
00:38:07qui se fait au niveau du corps.
00:38:09J'en parlais la semaine dernière
00:38:11avec une amie qui vous écoute et qui m'a
00:38:13beaucoup parlé de vous,
00:38:15et à un moment donné
00:38:17j'ai évoqué le sujet,
00:38:19et j'ai dû aller
00:38:21aux toilettes pour vomir, parce que
00:38:23tellement c'est insoutenable.
00:38:25Et ce qui m'est arrivé aussi, c'est que
00:38:27j'ai fait de la dépersonnalisation,
00:38:29c'est-à-dire que du coup, en fait,
00:38:31vous quittez votre corps,
00:38:33parce que vous ne pouvez plus
00:38:35accepter
00:38:37l'inacceptable.
00:38:39Et ça, ça m'est revenu
00:38:41il y a dix ans, et je ne comprenais pas
00:38:43pourquoi j'avais ce sentiment-là.
00:38:45Et en fait, de l'avoir su
00:38:47l'année dernière, le puzzle
00:38:49s'est reconstruit petit à petit.
00:38:51Et aujourd'hui, j'ai besoin
00:38:53de laisser ça
00:38:55partir et de pouvoir
00:38:57reconstruire ma vie, parce que
00:38:59j'arrive à un âge
00:39:01où je ne voulais pas d'enfants.
00:39:03Et aujourd'hui, je me rends compte que
00:39:05j'en veux, parce que je ne voulais pas d'enfants, parce que
00:39:07j'avais peur de leur faire du mal.
00:39:09Et toute ma vie a été
00:39:11conditionnée par ces infestes, en fait.
00:39:13Il est probable que de
00:39:15quitter le corps, c'est très fréquent.
00:39:17Là aussi, ça fait partie des symptômes
00:39:19très caractéristiques. En cas de traumatisme,
00:39:21on a même observé ça
00:39:23à la guerre.
00:39:25J'ai lu un article là-dessus,
00:39:27que des soldats quittent leur corps au moment où
00:39:29ils sautent sur une mine, ou quelque chose comme ça.
00:39:31C'est-à-dire, c'est un système de protection
00:39:33que des enfants, quand ils sont abusés,
00:39:35parfois, ils se retrouvent au plafond.
00:39:37Alors, c'est difficile à expliquer, mais il y a
00:39:39une partie qui est en bas, où des femmes violées
00:39:41ont décrit ça. C'est-à-dire que leur corps est en bas,
00:39:43mais elles sont au-dessus
00:39:45et elles regardent.
00:39:47C'est ça, la sortie du corps.
00:39:49Et je voulais aussi vous rassurer par rapport à vos symptômes.
00:39:51Moi, j'appelle ça une décristallisation.
00:39:53C'est-à-dire que, partir du moment où
00:39:55la mémoire revient, le corps va se mettre
00:39:57à faire du bazar, mais c'est
00:39:59beaucoup mieux que quand c'est enfoui, parce que
00:40:01quand c'est enfoui, ça risque de faire des pathologies
00:40:03beaucoup plus dures. Là, ça décristallise,
00:40:05vous allez vomir, et puis voilà.
00:40:07Ça évacue.
00:40:09Ça évacue, c'est-à-dire que
00:40:11c'est du nettoyage, ce n'est pas une pathologie.
00:40:13C'est-à-dire, c'est pour ça
00:40:15que je dis toujours, il vaut mieux savoir.
00:40:17Oui, oui.
00:40:19Vous avez raison.
00:40:21Et c'est pour ça qu'aujourd'hui,
00:40:23c'était important pour moi
00:40:25de pouvoir en parler sur votre antenne,
00:40:27parce que, comme je vous l'ai dit,
00:40:29je n'aurai jamais justice
00:40:31parce que les deux personnes sont décédées,
00:40:33mais j'ai besoin aujourd'hui de dire
00:40:35voilà, il m'est arrivé ça, et je veux dire
00:40:37au grand public et à l'antenne
00:40:39de dire voilà, il m'est arrivé ça,
00:40:41et aujourd'hui, je ne veux plus que
00:40:43ce qui m'est arrivé
00:40:45mène ma vie.
00:40:47Empoisonne votre existence, absolument.
00:40:49Mais encore une fois,
00:40:51Linda, vous avez fait
00:40:53comme vous avez pu,
00:40:55et comme vous l'avez dit très justement,
00:40:57je pense que ça revient
00:40:59à la surface quand on peut.
00:41:01Peut-être qu'avant,
00:41:03vous auriez écroulé.
00:41:05Et je reviens aussi sur ce que vous a dit
00:41:07Bruno Clavier avant les infos.
00:41:09On peut imaginer,
00:41:11dans ce que vous racontez, qu'il y a quand même
00:41:13beaucoup de choses qui, pour l'instant,
00:41:15ne sont pas encore tout à fait comprises par vous,
00:41:17mais qui ont été peut-être encore plus dures
00:41:19parce que vous avez quand même visiblement
00:41:21beaucoup
00:41:23de choses
00:41:25qui laissent à penser ça.
00:41:27Mais
00:41:29moi, j'aime bien
00:41:31cette image, vous savez Linda,
00:41:33ça y est,
00:41:35vous avez entamé le chemin.
00:41:37Après, vous mettrez le temps qu'il faut,
00:41:39mais qu'importe, ce qui est important, c'est le premier pas
00:41:41quand on est sur le chemin, et vous allez
00:41:43vous libérer tout doucement,
00:41:45et la vie va avoir une autre saveur.
00:41:47Et ce qui est difficile
00:41:49pour moi, c'est d'avoir cette impression
00:41:51aujourd'hui, d'avoir raté ma vie,
00:41:53d'avoir,
00:41:55d'être passé
00:41:57à côté de quelque chose,
00:41:59et en même temps, je sais que ce qui nous arrive
00:42:01nous aide à avancer, nous rend plus fort,
00:42:03mais ce sentiment-là...
00:42:05Vous avez quel âge, Linda ?
00:42:07J'ai 36 ans.
00:42:09Vous êtes toute jeune.
00:42:11Vous savez, vous avez,
00:42:13à cette émission, il y a
00:42:15des femmes qui interviennent, qui ont déjà
00:42:1760 ans,
00:42:19et elles, elles peuvent peut-être dire ça, mais vous,
00:42:21vous êtes toute jeune, vous n'avez rien raté. Vous commencez, là.
00:42:23Franchement, soyez
00:42:25confiantes, parce que là,
00:42:27vous avez, bon, vous allez passer
00:42:29évidemment, peut-être un petit peu de temps
00:42:31pas très agréable.
00:42:33Ça va piquer, mais n'ayez pas peur.
00:42:35Mais franchement, vous savez,
00:42:37vous avez encore de belles années
00:42:39devant vous, et puis surtout, grâce
00:42:41à cette découverte que vous venez
00:42:43de faire, et qui peut-être est
00:42:45un petit peu désagréable pour l'instant,
00:42:47vous allez surtout vous retrouver avec des
00:42:49belles années, parce que vous n'allez pas
00:42:51continuer à avoir des problèmes de santé,
00:42:53ou choisir de mauvaises personnes.
00:42:55Je peux vous dire quelque chose, j'ai moi-même
00:42:57été abusé, donc je connais bien le processus,
00:42:59et je peux vous donner un conseil,
00:43:01ne paniquez pas quand ça va très mal.
00:43:03D'accord. Parce que vous risquez parfois
00:43:05d'être vraiment dans des états bizarres et très
00:43:07épouvantables, gardez le cap,
00:43:09et vous allez voir que ça va aller.
00:43:11Mais n'ayez pas peur, il ne faut pas avoir peur,
00:43:13parce que des fois, il y a vraiment des trucs d'angoisse qui ressortent,
00:43:15et bah, ça pique,
00:43:17ça pique fort, voilà.
00:43:19Oui, oui, j'ai eu beaucoup de
00:43:21peur, et j'en ai lâché beaucoup, grâce à la
00:43:23thérapie. Mais il y en a d'autres qui vont venir,
00:43:25n'ayez pas peur. D'accord.
00:43:27Je prends
00:43:29votre conseil. Je vous le dis, parce que quand on est tout seul,
00:43:31et que ça remonte, c'est pas si simple.
00:43:33Non, et je l'ai déjà
00:43:35vécu, et je l'ai déjà senti,
00:43:37effectivement,
00:43:39c'est vrai, je parle toujours
00:43:41de puzzle, parce qu'en fait,
00:43:43il vous arrive des choses, et vous ne comprenez pas.
00:43:45Vous ne comprenez pas, moi, pendant très
00:43:47longtemps, j'ai pas
00:43:49ressenti, voilà, en termes de sexualité,
00:43:51j'ai pas ressenti
00:43:53grand-chose, et maintenant
00:43:55que, enfin, mon dernier partenaire,
00:43:57c'est la
00:43:59première fois que j'étais avec quelqu'un
00:44:01avec qui j'ai pris beaucoup de plaisir, pour le coup.
00:44:03Mais je pense que
00:44:05c'est parce que, aussi, l'information est
00:44:07remontée, parce qu'avant
00:44:09j'étais un peu en dehors
00:44:11de mon corps, et maintenant, aujourd'hui,
00:44:13plus j'avance, et plus je sens que je me reconnecte
00:44:15à mon corps. Je crois surtout,
00:44:17Linda, en tout cas, c'est ce que je ressens
00:44:19à vous écouter, je crois surtout que vous avez
00:44:21envie de prendre une bonne revanche.
00:44:23Et ça, c'est positif, c'est-à-dire
00:44:25que vous avez vraiment envie de profiter
00:44:27de la vie, et vous avez, je peux vous
00:44:29assurer, encore de belles années pour en profiter
00:44:31pleinement. Donc faites-vous
00:44:33confiance, et
00:44:35allez-y.
00:44:37Merci beaucoup.
00:44:39Merci, Linda.
00:44:41On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant,
00:44:43et on continue, bien sûr, à vous donner la parole.
00:44:55Toujours en compagnie de Bruno Clavier,
00:44:57merci à
00:44:59toutes celles, et peut-être ceux, parce que
00:45:01malheureusement, les hommes aussi sont abusés.
00:45:03Merci à toutes celles qui ont déjà témoigné,
00:45:05parce que c'est grâce à ces
00:45:07témoignages, plus que de léons de discours,
00:45:09qu'on peut faire prendre conscience
00:45:11de la gravité
00:45:13des abus sexuels, et puis qu'il
00:45:15est temps que ça change, et qu'on en a
00:45:17forcément tous
00:45:19autour de nous, et que peut-être
00:45:21il est temps d'ouvrir les yeux. Marlène,
00:45:23bonjour, merci d'être avec nous.
00:45:25Bonjour, Brigitte, bonjour Bruno Clavier.
00:45:27Bonjour.
00:45:29Alors tout d'abord, Brigitte, je voulais vous dire
00:45:31que j'ai une profonde gratitude
00:45:33pour vous, et merci du fond du cœur pour tout ce que
00:45:35vous faites, parce que grâce à vous,
00:45:37je pense que le monde pourra tourner un peu mieux,
00:45:39et en tout cas, pour moi, vous m'avez
00:45:41beaucoup apporté, vous m'aidez
00:45:43beaucoup encore, et parce que parfois
00:45:45on n'arrive pas à trouver
00:45:47des thérapeutes ou des psys avec
00:45:49qui il y a une forme de confiance et de
00:45:51connivence, et en fait,
00:45:53vous, par rapport
00:45:55aux échanges, en écoutant aussi les autres
00:45:57et tout ça, ça fait avancer,
00:45:59du fond du cœur.
00:46:01Je suis émue, et je prends.
00:46:03Merci, Marlène.
00:46:05Donc, moi, je vous appelle...
00:46:07Vous pouvez parler, parce que je pense que
00:46:09Bruno Clavier est tout à fait apte
00:46:11à vous entendre et à vous comprendre.
00:46:13Merci.
00:46:15Je vous appelle parce que
00:46:17moi, ce qui me tue
00:46:19une deuxième fois et encore plus
00:46:21violemment, en fait, c'est le doute.
00:46:23Alors,
00:46:25depuis que j'écoute l'émission,
00:46:27je me dis dans ma tête, mais je suis
00:46:29complètement folle, parce que
00:46:31je doute de mon histoire, de
00:46:33l'inceste, et à la fois
00:46:35quand je regarde avec du recul comme si
00:46:37c'est quelqu'un qui l'a raconté,
00:46:39je me dis, mais pourtant, elle raconte tout.
00:46:41Donc,
00:46:43moi,
00:46:45j'avais 5 ans.
00:46:47Apparemment,
00:46:49j'ai fait une grave anorexie
00:46:51à 14 ans, j'ai failli mourir,
00:46:53j'ai fait 35 kg pour 1m77,
00:46:55et j'ai été
00:46:57élevée par mes grands-parents paternels.
00:46:59Donc, j'étais toujours
00:47:01chez eux, puisque ma mère m'a eu
00:47:03à 21 ans, elle n'avait pas confiance,
00:47:05et ma grand-mère, en fait, a eu 9 enfants
00:47:07dans la perte du an, et
00:47:09j'avais, quand je suis née,
00:47:11elle avait que 43 ans, quoi.
00:47:13Et elle disait tout le temps que j'étais sa fille, sa fille,
00:47:15sa fille, que c'est elle qui
00:47:17m'élevait et tout ça.
00:47:19Et j'ai toujours, donc, ma grand-mère,
00:47:21je l'appelais Madré,
00:47:23en espagnol,
00:47:25et par contre, mon grand-père, c'était
00:47:27impossible, c'était
00:47:29Papi.
00:47:31Et en fait, je me souviens,
00:47:33j'allais dire très bien,
00:47:35je me souviens d'une scène où
00:47:37j'ai toujours voulu
00:47:39protéger ma petite sœur, on a 5 ans
00:47:41d'écart,
00:47:43et j'ai toujours
00:47:45fait attention à elle, en fait, qu'il la touche pas,
00:47:47et à ma cousine, parce que déjà, pour moi,
00:47:49à ce moment-là, c'est plus tard,
00:47:51c'est en maturité que je me suis aperçue
00:47:53qu'on pouvait aussi abuser des garçons,
00:47:55mais à ce moment-là, moi, petite, c'était
00:47:57pas possible.
00:47:59Et donc, j'ai toujours fait attention
00:48:01qu'il protège, que je protège, en fait,
00:48:03ma petite sœur, qu'il touche pas à elle, et donc
00:48:05je me donnais
00:48:07à lui. Et je me
00:48:09souviens d'une scène, en fait,
00:48:11parce qu'il gardait tous les
00:48:13petits-enfants, où
00:48:15ils étaient devant la télé, sur une couverture,
00:48:17c'était dans la salle à manger,
00:48:19avec cette grande table rectangulaire,
00:48:21il était toujours au bout,
00:48:23patriarche, et
00:48:25je voulais un
00:48:27sapin de Noël, mais mes grands-parents ne faisaient
00:48:29pas de sapin de Noël, parce que
00:48:31dans la famille, il y avait trois filles, témoins de Jehovah,
00:48:33c'est encore toute une histoire,
00:48:35et je voulais un sapin de Noël.
00:48:37Et il m'avait dit, si tu veux un sapin de
00:48:39Noël, viens. Et en fait,
00:48:41je savais ce qui allait se passer, je suis allée,
00:48:43et il passait sa main
00:48:45sous
00:48:47mon pull, mon t-shirt,
00:48:49et il me caressait la poitrine.
00:48:53Et on va dire que ça, je m'en
00:48:55souviens bien, ou très bien,
00:48:57mais maintenant, je me dis,
00:48:59et après, il y a des choses que je ne me
00:49:01souviens pas, mais
00:49:03je sais que ça a été très compliqué,
00:49:05mes premières relations sexuelles,
00:49:07que me toucher, même encore, jusqu'à
00:49:09pas longtemps, et je fais un travail sur ça,
00:49:11je me mets dans un autre état de conscience,
00:49:13quand j'ai un rapport,
00:49:15je ne supportais pas qu'on me
00:49:17caresse la vue et la poitrine,
00:49:19et
00:49:21ce qui m'a fait déclencher la neurétrie,
00:49:23parce qu'on a toujours dit que c'était
00:49:25de la faute de ma mère,
00:49:27mais ça a été un peu avant cet été,
00:49:29c'est que j'ai eu le souvenir
00:49:31d'un coup, de mon premier petit copain,
00:49:33donc c'était juste avant, c'était
00:49:35tout début de mes 14 ans, en été,
00:49:37et le deuxième jour,
00:49:39en fait, il a eu ce même geste,
00:49:41il a passé la main dessous et a me touché
00:49:43la poitrine, et je crois que ça m'a
00:49:45fait disjoncter à l'intérieur,
00:49:47et après, je suis tombée dans la neurétrie,
00:49:49et en fait, ça m'a fait ce déclic
00:49:51avant cet été, je ne sais pas pourquoi.
00:49:53Mais alors, qu'est-ce qui vous fait douter,
00:49:55Marlène ? Bah, je me dis que
00:49:57c'est pas possible, que c'est pas possible, et en fait,
00:49:59quand j'ai reçu
00:50:01un message par sms, en
00:50:032016, de mes tantes, donc la soeur
00:50:05de mon père, qui m'a dit, moi, je te
00:50:07crois parce que moi aussi, et là,
00:50:09mais c'était juste avant Noël, et ça, je me suis
00:50:11dit, mais c'est pas possible, quoi. Moi, j'ai
00:50:13protégé sa fille, j'ai protégé ma soeur,
00:50:15je me suis donnée à lui, et elle
00:50:17a pas dit, et ça a été que par message,
00:50:19et après, elle m'a dit, t'as pas le droit
00:50:21d'en parler, c'est mon père, tu vas salir sa mémoire,
00:50:23je t'aurai dommagée.
00:50:25Et donc, j'ai été
00:50:27écartée de toute ma famille, alors que pour moi,
00:50:29c'était mes frères et soeurs et tout ça,
00:50:31et quand ma soeur,
00:50:33j'ai transféré, parce que ma mère ne m'a jamais
00:50:35crue, ma soeur ne m'a jamais crue,
00:50:37et quand j'ai transféré ce message
00:50:39à mes parents et à ma soeur, plus tard,
00:50:41ma soeur, donc ma mère, a fait une
00:50:43très grave dépression, elle est toujours sous traitement,
00:50:45et je m'en veux,
00:50:47mon père, deux ans après,
00:50:49a déclenché un cancer, et pour moi,
00:50:51je suis responsable aussi, et mon père
00:50:53a dit à ma soeur, mais il n'a pas voulu en parler
00:50:55avec moi, et je savais, elle m'en avait parlé
00:50:57à 5 ans, et que
00:50:59il lui avait dit que c'était la tradition,
00:51:01et donc, il a fait confiance
00:51:03à son père, et il lui a dit,
00:51:05et moi,
00:51:07il m'avait envoyé un message après mon père, en me disant
00:51:09je sais, j'ai vu,
00:51:11j'ai su, et après, des fois, il change
00:51:13de version, enfin bon, j'ai vu, j'ai su,
00:51:15mais je suis allée lui parler, il m'a dit que c'était la tradition,
00:51:17et je pensais qu'il ne referait pas.
00:51:19Je pense, Marlène, d'abord,
00:51:21il va falloir que vous fassiez aussi un petit travail
00:51:23sur la culpabilité, parce que je pense que vous n'êtes
00:51:25pas pour grand chose, vous avez été la victime,
00:51:27avant toute chose,
00:51:29et ce que j'entends
00:51:31surtout, c'est que vous êtes encore une fois
00:51:33dans une famille tellement dysfonctionnelle,
00:51:35que
00:51:37c'est là où vous avez du mal à
00:51:39tirer le fil, si je puis dire, parce que vous avez
00:51:41autour de vous des personnes
00:51:43qui sont
00:51:45pas aptes à
00:51:47communiquer. Alors, on sait,
00:51:49Bruno Clavier, que dans les familles,
00:51:51c'est toujours
00:51:53très compliqué, parce qu'il y a ceux qui
00:51:55mentent, il y a ceux qui ne veulent pas voir,
00:51:57il y a ceux qui...
00:51:59Mais quand j'avais 18 ans,
00:52:01j'avais écrit une lettre à mon grand-père,
00:52:03et en lui disant tout ça,
00:52:05tout ce que j'avais ressenti, pourquoi et tout,
00:52:07et il ne répondait pas.
00:52:09Et donc je suis allée le voir,
00:52:11il m'a mis avec lui dans la salle de bain,
00:52:13et il m'a dit
00:52:15est-ce que ta grand-mère l'a vu ça ? Je dis pas,
00:52:17non, je sais pas, si tu as pris la lettre, non,
00:52:19si elle n'était pas ouverte, non.
00:52:21Oui, tu te rends compte, si elle l'avait vue, comment tu peux dire ça ?
00:52:23Je suis ton grand-père, mais enfin,
00:52:25je t'aime, il ne faut plus jamais en parler.
00:52:27Il n'a jamais voulu dire oui,
00:52:29et même jusqu'à la veille de sa mort, je l'ai appris par téléphone.
00:52:31Et quand il vous dit, il ne faut jamais,
00:52:33excusez-moi Marlène, mais quand il vous dit,
00:52:35il ne faut plus jamais en parler,
00:52:37c'est un aveu,
00:52:39il me semble.
00:52:41La difficulté,
00:52:43vous êtes en thérapie en ce moment ?
00:52:45Non, parce que,
00:52:47non. Je vous dis ça, pourquoi ?
00:52:49En plus, vous avez parlé des psys, je crois.
00:52:51Parce que les psys, un moment,
00:52:53on m'a dit, oui, on peut inventer des fausses choses.
00:52:55Et ça m'a détruite.
00:52:57Et ça m'a tué une deuxième fois.
00:52:59Je suis en guerre avec ça.
00:53:01Et vous voyez, par exemple, ce que vous amenez,
00:53:03c'est un cas tellement fréquent,
00:53:05je le dis tout le temps, une anorexie qui démarre
00:53:07à 14 ans. Moi, systématique,
00:53:09j'ai dit, il faut aller chercher un abus
00:53:11vers les 3, 4, 5 ans. Vous voyez,
00:53:13donc ça correspond exactement...
00:53:15Moi, il m'avait hospitalisé,
00:53:17et le chef du centre,
00:53:19je voulais faire un soin en parapente,
00:53:21il m'avait dit que j'avais un problème, parce que tous les gens qui voulaient
00:53:23faire ça, c'est qu'ils avaient des problèmes
00:53:25suicidaires. Alors oui, je m'étais scarifiée.
00:53:27Oui, les scarifications vont avec
00:53:29tout ça. Et ce que vous avez dit,
00:53:31c'est très important, parce que, je vais vous le dire,
00:53:33c'est des choses même qui étaient
00:53:35enseignées à la fac. A la fac, on enseignait
00:53:37que l'anorexie, c'était la faute des mères.
00:53:39Et moi, j'ai passé un examen
00:53:41à la fac, comme ça. Et c'est tout seul, après,
00:53:43en tant que psy, que j'ai découvert le rapport
00:53:45entre l'anorexie et les violences sexuelles
00:53:47et l'inceste, surtout un inceste précoce.
00:53:49Et c'est très classique,
00:53:51les filles commencent à faire de l'anorexie à 14,
00:53:5315, 16 ans, quand
00:53:55elles ont été abusées, vers 3, 4, 5 ans,
00:53:57parce que la sexualité remonte, et qu'évidemment,
00:53:59il y a un conflit. Vous voyez,
00:54:01vous l'avez très bien dit. Il y a autre chose aussi,
00:54:03c'est qu'il a peut-être pas fait que ça.
00:54:05Parce que, vu les symptômes que vous avez décrits,
00:54:07vous, vous vous souvenez de la scène
00:54:09du pull, mais il y en a peut-être d'autres
00:54:11dont vous seriez amnésique.
00:54:13C'est ça que je veux dire.
00:54:15Mais c'est ça, en fait, qui bouffe,
00:54:17qui range et qui tue, quoi.
00:54:19Et c'est pour ça que le doute va avec l'amnésie.
00:54:21Le doute, c'est parce qu'on est amnésique.
00:54:23Donc, comme on n'a pas toutes les images...
00:54:25Moi, j'ai l'impression qu'il est dans la douche,
00:54:27qu'il me regarde.
00:54:29Il est là encore,
00:54:31c'est pour ça que je vous parlais de travail thérapeutique,
00:54:33mais avec des personnes absolument...
00:54:35enfin, je veux dire, des thérapeutes
00:54:37qui sont au clair avec ça, c'est-à-dire
00:54:39qui prennent en charge.
00:54:41Et à la fois, je n'aurais jamais pu porter plainte contre lui,
00:54:43même de son vivant, ou même là,
00:54:45parce que sinon, je cracherais sur moi.
00:54:47C'est quand même mon son,
00:54:49et c'est grâce à lui que je suis aussi là, en fait.
00:54:51Et il m'a donné aussi de l'amour,
00:54:53parce qu'il y avait d'autres côtés
00:54:55où il était gentil, quoi.
00:54:57Ben oui, il y a quelqu'un tout à l'heure
00:54:59qui a témoigné de la même chose.
00:55:01Ben oui, c'est ça qui est horrible,
00:55:03et c'est ça qui fait beaucoup d'autodestruction.
00:55:05Et en fait, j'ai peur de l'amour.
00:55:07Et vous savez ce que c'est, ma plus grande peur ?
00:55:09C'est de ne pas savoir aimer.
00:55:11Je crois toujours que j'aime pas assez
00:55:13ou que je ne sais pas aimer, quoi.
00:55:15Et vous vous aimez, Marlène ?
00:55:17Pas vraiment, je crois.
00:55:19Ben c'est peut-être par là qu'il faut commencer.
00:55:21C'est par là qu'il faut commencer.
00:55:23Vous avez fait déjà beaucoup de choses,
00:55:25et il faut continuer, bien sûr.
00:55:27Mais je pense qu'il faut apprendre aussi.
00:55:29Mais pourquoi tous ces psys,
00:55:31comme encore dernièrement, j'ai écouté ce matin
00:55:33Boris Cyrulnik,
00:55:35qui disait que justement,
00:55:37on peut inventer des faux souvenirs.
00:55:39Alors, moi je vous réponds tout de suite,
00:55:41moi je suis en guerre contre ça.
00:55:43Je suis vraiment en guerre sur l'histoire des faux souvenirs.
00:55:45Justement, on va faire une pause,
00:55:47et après vous allez réagir, Bruno Clavier,
00:55:49parce que je crois que c'est en effet important
00:55:51de mettre les pieds dans le plat.
00:56:05Alors, exceptionnellement,
00:56:07quand on parle des abus sexuels,
00:56:09ça bouleverse un petit peu le programme.
00:56:11Exceptionnellement, on ne va pas faire de sexe au conseil,
00:56:13mais on va plutôt revenir sur justement
00:56:15le petit coup de gueule de Bruno Clavier.
00:56:17Marlène, oui,
00:56:19je crois que c'est important de réagir.
00:56:21Si vous me permettez,
00:56:23je vais vous donner une anecdote sur cette question
00:56:25des faux souvenirs. Je reçois
00:56:27tous les jours des mails,
00:56:29des coups de téléphone, mais c'est surtout des mails
00:56:31de femmes qui me disent, j'ai tel symptôme,
00:56:33tel symptôme. Et puis il y en a une qui m'envoie
00:56:35un mail, je lui ai écouté,
00:56:37vous avez 4-5 marqueurs, je pense
00:56:39que vous avez été abusé.
00:56:41Elle m'a renvoyé
00:56:43un mail après, elle dit, j'ai été voir
00:56:45un psychiatre
00:56:47qui a dit, ah mais ce qu'a dit
00:56:49M. Bruno Clavier est absolument juste,
00:56:51vous avez été abusé,
00:56:53mais comme je ne veux pas créer de faux souvenirs,
00:56:55nous ne travaillerons pas là-dessus.
00:56:57Voilà ce qu'elle m'a écrit dans le mail.
00:56:59Donc, ce que gère cette question des faux souvenirs,
00:57:01évidemment qu'il faut
00:57:03du temps pour les thérapies,
00:57:05que la mémoire revienne, ça se compte
00:57:07en années, ça ne se compte pas en
00:57:09semaines. Mais,
00:57:11on doit retrouver
00:57:13ces souvenirs.
00:57:15Enfin, je crois, et qu'à un moment,
00:57:17on a des moyens de savoir qu'ils ne sont pas faux.
00:57:19C'est ça que je voulais vous dire,
00:57:21et je ne trouve pas normal qu'on dise,
00:57:23il y a des faux souvenirs, et sous ce prétexte-là,
00:57:25eh bien, on ne va pas aller travailler,
00:57:27ce qui pourrit la vie des gens
00:57:29d'une façon incroyable.
00:57:31Et puis, vous n'avez pas fait inventer ça ?
00:57:33Justement, vous ne l'avez pas inventé.
00:57:35Et puis Marlène, vous avez quand même
00:57:37décrit des symptômes qui sont des
00:57:39marqueurs, si je puis dire,
00:57:41d'abus sexuels.
00:57:43Aujourd'hui, on dit tellement de choses,
00:57:45et vous lisez tellement de choses que
00:57:47vous redites.
00:57:49Et ça devient terrible,
00:57:51donc pour ça, qu'aujourd'hui,
00:57:53on ne peut pas croire non plus la parole de certains
00:57:55des enfants, et pourquoi on ne s'en sortira
00:57:57jamais si ça continue comme ça ?
00:57:59A vous écouter, je vous crois 100%.
00:58:01En plus, vous êtes là, vous n'êtes pas en train de raconter
00:58:03des trucs incroyables. On sent
00:58:05votre doute, même. Et le doute fait partie
00:58:07du truc, puisqu'il y a de l'amnésie.
00:58:09Vous comprenez ?
00:58:11Moi, je vous crois. En tout cas,
00:58:13j'imagine que Brigitte aussi.
00:58:15Oui, oui, je vous rassure Marlène.
00:58:17Je vous crois
00:58:19et faites-vous
00:58:21confiance.
00:58:23J'étais allée jusqu'à l'astrologie
00:58:25pour voir si dans mon thème astral, c'était inscrit.
00:58:27Alors, souvent, dans
00:58:29le thème astral, il y a des choses qui se...
00:58:31Et on m'a dit que oui.
00:58:33Et quand j'ai fait la synastrie avec mon grand-père,
00:58:35c'était affolant.
00:58:37Oui, oui. Moi, je me souviens avoir vu dans
00:58:39le thème d'une femme
00:58:41quelque chose de cet ordre-là.
00:58:43Et quand je lui en ai parlé, elle me l'a
00:58:45confirmé. Alors, je ne lui ai pas dit, évidemment,
00:58:47de but en blanc, vous avez été abusé.
00:58:49Mais je peux
00:58:51vous confirmer que
00:58:53oui, il y a des choses.
00:58:55Mais ce qu'il laisse à penser, puisque vous en parlez
00:58:57Marlène, et peut-être que ce message va vous aider
00:58:59à ne plus douter.
00:59:01On n'a pas
00:59:03un destin au sens où tout est écrit.
00:59:05Mais on arrive
00:59:07dans des familles où,
00:59:09malheureusement, on risque
00:59:11de subir ce genre de choses.
00:59:13Et si on le subit,
00:59:15eh bien, ça fait partie,
00:59:17si je puis dire, du potentiel du thème.
00:59:19Vous voyez ce que je veux dire ?
00:59:21Et donc, à partir de ce moment-là,
00:59:23c'était un peu
00:59:25écrit en quelque sorte.
00:59:27Mais ça veut dire aussi que si ça vous est arrivé,
00:59:29vous pouvez en faire quelque chose
00:59:31et continuer.
00:59:33Et de tout aspect négatif,
00:59:35parce que c'est évidemment un aspect négatif dans un thème
00:59:37quand on risque d'être abusé,
00:59:39tout aspect négatif est un potentiel
00:59:41magique.
00:59:43Je veux écrire un livre depuis que j'ai 14 ans.
00:59:45Mais j'ai peur, en fait.
00:59:47J'ai peur de tuer ma famille.
00:59:49Écoutez, elle n'a pas hésité à vous tuer,
00:59:51Marlène. Donc, vous pouvez
00:59:53leur envoyer la balle.
00:59:55Et puis, qu'est-ce que vous avez ?
00:59:57Enfin, je ne sais pas quelles sont vos relations avec votre famille,
00:59:59mais est-ce que vous avez beaucoup à perdre ?
01:00:01Non, je me suis
01:00:03écartée. Je suis partie géographiquement,
01:00:05je ne pouvais plus les autres.
01:00:07Donc, vous n'avez pas grand-chose à perdre puisque vous vous êtes éloignée
01:00:09et l'écriture
01:00:11fait partie des thérapies qui peuvent aider.
01:00:13Ça m'aide beaucoup, oui.
01:00:15Mais en même temps, je pense,
01:00:17dans ce que vous dites, et je pense que Bruno Clavier
01:00:19va être d'accord avec moi, je pense que vous avez besoin
01:00:21quand même de vous faire aider.
01:00:23Voilà.
01:00:25Mais il faut trouver, voilà.
01:00:27Ce qu'il faut, c'est vraiment trouver quelqu'un
01:00:29et que ce soit sans appel.
01:00:31C'est-à-dire que dès qu'un thérapeute vous dit
01:00:33je ne vous crois pas, il faut partir.
01:00:35Ce n'est même pas la peine.
01:00:37Il y a double sanction aussi, c'est que financièrement, il faut pouvoir
01:00:39et on nous fait encore payer.
01:00:41Oui, c'est ça. Vous avez tout à fait raison.
01:00:43Et je trouve ça injuste.
01:00:45Mais l'écriture,
01:00:47c'est déjà pas mal.
01:00:49L'écriture, c'est déjà pas mal.
01:00:51Et puis, vous savez, vous allez peut-être imaginer
01:00:53qu'on sache, pour la famille,
01:00:55d'un côté, c'est compliqué
01:00:57mais de l'autre côté, vous allez peut-être protéger d'autres personnes
01:00:59parce que sinon, ça va continuer à l'intérieur de la famille.
01:01:01Comprenez que ça se perpétue, ces choses-là.
01:01:03Tandis que si on met un petit éclairage,
01:01:05eh bien,
01:01:07ça va être moins facile.
01:01:09Voilà, Marlène,
01:01:11ce qu'on peut vous dire.
01:01:13Voilà.
01:01:15On va continuer à donner la parole aux auditeurs
01:01:17et aux auditrices, puisqu'ils sont là,
01:01:19qu'ils témoignent.
01:01:21Donc, on retrouve Marc
01:01:23qui est avec nous. Merci Marc de témoigner.
01:01:25Bonjour.
01:01:27Oui, bonjour.
01:01:29Bonjour Brigitte et bonjour Bruno.
01:01:33On m'avait dit qu'on te donnait une question
01:01:35parce que témoigner,
01:01:37c'était surtout la question
01:01:39par rapport à la maturité
01:01:41sexuelle
01:01:43à l'âge de 15 ans.
01:01:45D'accord. Bon, je pensais qu'on
01:01:47redonnait la parole à des personnes
01:01:49qui voulaient témoigner justement
01:01:51sur les abus. Donc, excusez-nous Marc,
01:01:53exceptionnellement, on va zapper
01:01:55le pour ou contre.
01:01:57Et puis, on le retrouvera demain,
01:01:59évidemment. Et on va donner la parole, du coup,
01:02:01à Céline, je crois, c'est ça ?
01:02:03J'essaye de suivre.
01:02:05Non.
01:02:07Marlène, on l'a remerciée.
01:02:09Et on donne la parole
01:02:11à...
01:02:13Bon, je sais pas.
01:02:15C'est bien ça. Donc, on donne la parole à Céline.
01:02:17Bonjour Céline.
01:02:19Bonjour Céline.
01:02:21Excusez-nous, on vous a fait un petit peu attendre.
01:02:23Oui.
01:02:25Donc, c'est votre beau-père aussi
01:02:27qui a abusé de vous.
01:02:29C'est quand même incroyable
01:02:31le nombre de fois où c'est le grand-père
01:02:33ou le beau-père, Bruno Clavier.
01:02:35Oui, très souvent.
01:02:37A force d'écouter, je peux commencer à donner...
01:02:39Et souvent,
01:02:41les beaux-pères, ils diront, quand ils sont attrapés
01:02:43et tout, c'est pas de l'inceste.
01:02:45Parce qu'ils estiment que le beau-père, ils ont pas de sang
01:02:47en commun. Et donc, ils se disent
01:02:49c'est table ouverte.
01:02:51Donc, c'est pour ça qu'il faut bien les punir
01:02:53aussi, parce qu'ils se rendent pas
01:02:55compte de ce qu'ils ont fait. C'est de l'inceste.
01:02:57Même si c'est le beau-père. Même légalement
01:02:59dans la loi, par la loi.
01:03:01Évidemment.
01:03:03Merci Céline.
01:03:05Oui, merci. Allez-y, on vous écoute.
01:03:09Oui, on vous écoute Céline. Allez-y, qu'est-ce que
01:03:11vous avez envie de... Ah, pardon. Bonjour.
01:03:13Je vous entends très mal.
01:03:15Oui, moi,
01:03:17j'ai été violée, effectivement,
01:03:19par mon beau-père, de mes 11 ans
01:03:21à mes 16 ans.
01:03:23Je dis viol maintenant,
01:03:25mais en fait, à ce jour,
01:03:27je sais toujours pas si j'étais
01:03:29consentante ou non.
01:03:31Et j'ai 51 ans.
01:03:33Céline, je vous arrête tout de suite.
01:03:35À 11 ans,
01:03:37on est sous l'emprise, de toute façon,
01:03:39et on ne peut pas être consentante.
01:03:41Je veux dire, soyons
01:03:43clairs, et la loi là-dessus
01:03:45est également très claire.
01:03:4711 ans, vous étiez de toute façon
01:03:49victime d'un adulte
01:03:51qui profite de son ascendant
01:03:53sur vous pour abuser.
01:03:55Qui est en position d'autorité.
01:03:57Le souci, c'est que j'ai jamais pu dire non.
01:03:59J'étais même plus en manque.
01:04:01Enfin, vous voyez, c'était...
01:04:03Je sais pas, en fait...
01:04:05Oui, mais c'est en ce sens...
01:04:07Céline, c'est en ce sens qu'il a d'autant plus
01:04:09abusé de vous, puisque vous étiez
01:04:11visiblement
01:04:13en demande affective.
01:04:15Vous demandez de l'affection et
01:04:17il vous prend du sexe.
01:04:19C'est quand même...
01:04:21C'est pas tout à fait le même langage
01:04:23pour reprendre un terme de
01:04:25férenzie.
01:04:27Du psy-férenzie, oui.
01:04:29L'enfant demande de l'amour et on lui donne du sexe.
01:04:31C'est pas ce qu'il voulait.
01:04:33Vous comprenez ?
01:04:35Oui, mais voilà, le souci,
01:04:37c'est que j'ai quand même quelques
01:04:39perturbations dans ma vie
01:04:41sentimentale, où j'ai pas confiance aux hommes.
01:04:43Voilà, quoi.
01:04:45Oui, bien sûr.
01:04:47Est-ce que vous avez fait des thérapies ?
01:04:49Oui, oui, oui.
01:04:51J'ai beaucoup évolué,
01:04:53déjà, mais il y a quand même
01:04:55beaucoup de reste.
01:04:57Alors, parfois, c'est intéressant quand même
01:04:59de voir s'il n'y a pas une antériorité.
01:05:01Violaine Guérin,
01:05:03qui venait ici
01:05:05avec Brigitte Lahaye
01:05:07pour des émissions, disait ça aussi.
01:05:09Il faut faire attention, il peut y avoir
01:05:11des antériorités. Ce que je veux dire, c'est que
01:05:13avant 11 ans, est-ce qu'il vous serait arrivé quelque chose ?
01:05:15Avec quelqu'un d'autre ?
01:05:17Avant 11 ans,
01:05:19il me semble
01:05:21que quand j'étais vraiment
01:05:23très, très, très, très petite,
01:05:25j'ai mon grand-père
01:05:27qui avait
01:05:29les mains baladeuses.
01:05:31Vous voyez, c'est pour ça.
01:05:33Vraiment, je vous le dis, parce que c'est ça qui explique
01:05:35cela. C'est-à-dire que si à 11 ans,
01:05:37vous êtes, justement, entre guillemets
01:05:39consentante, puisque c'est ce que vous avez
01:05:41laissé entendre, c'est pour ça
01:05:43qu'en fait,
01:05:45très souvent, il y a une antériorité
01:05:47et c'est un peu comme si
01:05:49la petite fille qui a 3, 4, 5 ans,
01:05:51on lui apprend à faire du vélo, elle sait faire du vélo.
01:05:53Et après,
01:05:55l'enfant est sidéré à 11 ans.
01:05:57Donc, ça serait intéressant que vous travailliez
01:05:59sur cette question du grand-père, parce que là,
01:06:01moi, je vous entends,
01:06:03ça me parle, les tripotages par le grand-père,
01:06:05oui, plus petite.
01:06:07Oui, ça paraît cohérent, Céline.
01:06:09Vous savez, quand on a 4 ans
01:06:11et qu'un homme
01:06:13qui fait partie de sa famille
01:06:15nous tripote,
01:06:17on croit que c'est normal.
01:06:19Et à partir du moment où la graine
01:06:21toxique est plantée
01:06:23dans votre corps, à 11 ans,
01:06:25vous êtes consentante,
01:06:27vous croyez être consentante, parce qu'encore une fois,
01:06:29ce n'était pas le cas.
01:06:31Voilà, ce que je voulais vous dire,
01:06:33c'est que si vous pouvez travailler en thérapie
01:06:35avec quelqu'un, justement, qui est prêt à travailler là-dessus,
01:06:37on parlait tout à l'heure des faux souvenirs, là, c'est pas un faux souvenir.
01:06:39Vous avez dit, j'ai été tripoté
01:06:41par mon grand-père, vous allez peut-être
01:06:43dénouer des choses actuelles, parce que
01:06:45c'est ça qui était
01:06:47antérieur à ce qui s'est passé avec le beau-père
01:06:49et qui doit encore
01:06:51vous travailler.
01:06:53C'est ce que je vous propose,
01:06:55comme idée.
01:06:57D'accord.
01:06:59Parce que ça a beaucoup d'importance.
01:07:01Je peux même dire, ça a de l'importance
01:07:03à l'âge de 11 ans,
01:07:05mais à 4-5 ans,
01:07:07on est marqué à vie,
01:07:09et même par des attouchements, de toute façon,
01:07:11les attouchements, c'est une catégorie pénale,
01:07:13c'est un inceste,
01:07:15c'est tout, et c'est un viol.
01:07:17Aussi, quelque part, même s'il n'y a pas de pénétration.
01:07:19On est d'accord.
01:07:21Et puis Céline, je le dis aussi,
01:07:23parce que je ne l'ai pas dit depuis le début de l'émission,
01:07:25je vais le rappeler, votre beau-père,
01:07:27ok, mais votre mère, quelque part,
01:07:29aussi, ne vous a pas protégée,
01:07:31ne vous a pas défendue,
01:07:33donc c'est aussi ça qui est douloureux
01:07:35et qui ajoute au traumatisme.
01:07:37C'est des traumatismes
01:07:39que j'essaie de soigner,
01:07:41justement, parce que
01:07:43le manque de confiance, c'est par rapport à ça,
01:07:45c'est que ma mère ne m'a pas défendue.
01:07:47Au contraire.
01:07:49Elle m'y a envoyée, en fait, avec lui-même.
01:07:51Excusez-moi,
01:07:53c'était le grand-père maternel ?
01:07:55Non, vous parlez du beau-père, là.
01:07:57Non, mais avant, quand vous avez parlé de votre grand-père.
01:07:59C'est mon beau-père.
01:08:01Oui, mais avant, vous avez parlé de votre grand-père,
01:08:03quand vous étiez petite.
01:08:05Oui, mais mon grand-père,
01:08:07il y avait mon grand-père
01:08:09quand j'étais petite, parce que, bon, ma mère,
01:08:11on y allait et on allait...
01:08:13C'était le père de votre mère.
01:08:15Mais je n'ai jamais rien dit, la mère.
01:08:17Oui, mais est-ce que c'était le père
01:08:19de votre mère ?
01:08:21Ah, pardon, excusez-moi.
01:08:23Le beau-père de mon père.
01:08:25Ah, de côté paternel.
01:08:27Le beau-père de votre père, d'accord.
01:08:29Ok.
01:08:31D'accord.
01:08:33Bon, écoutez,
01:08:35Céline, on sent que c'est encore
01:08:37très très douloureux
01:08:39et que ça vous encombre à tel point
01:08:41que vous ne pouvez pas avoir une vie
01:08:43affective, amoureuse.
01:08:45J'ai beaucoup évolué,
01:08:47mais le souci, c'est que j'ai quand même pas mal de blocages
01:08:49et un manque de confiance,
01:08:51qui a détourné mes relations.
01:08:53Bien sûr, bien sûr.
01:08:55Vous avez un manque de confiance dans les hommes, c'est ça ?
01:08:57Oui, c'est ça, un manque de confiance.
01:08:59Pour moi, un homme,
01:09:01déjà, il ne peut pas être fidèle,
01:09:03il ne peut pas être carré,
01:09:05il faut qu'il me réconforte
01:09:07tout le temps, et même trop, en fait.
01:09:09Je leur en demande beaucoup trop.
01:09:13Oui, mais vous avez
01:09:15aussi une mère qui ne vous a pas protégée,
01:09:17donc il faudrait peut-être
01:09:19déjà commencer à être votre propre mère
01:09:21dans un certain sens, voyez Céline ?
01:09:23C'est-à-dire qu'il faut que vous appreniez
01:09:25à vous respecter, à poser vos limites
01:09:27et à prendre
01:09:29confiance en vous. Je parlais tout à l'heure de la confiance
01:09:31et de l'intuition.
01:09:33C'est tout ça qui va
01:09:35vous aider.
01:09:37Mais c'est parce que quand on attend
01:09:39trop des autres, c'est que
01:09:41on n'a pas encore suffisamment
01:09:43le socle solide en soi, voyez ?
01:09:45Oui.
01:09:47Et ça, ça peut se faire aussi par des tas de choses.
01:09:49J'aime bien quand Violenne Guérin, par exemple,
01:09:51parle des arts martiaux,
01:09:53du yoga, enfin...
01:09:55Tout ce qui va travailler sur le corps,
01:09:57ça peut vous aider, Céline ?
01:09:59Prenez appui
01:10:01dans votre corps, que vous puissiez
01:10:03sentir quand ça fait bien,
01:10:05quand ça fait mal.
01:10:07Oui, c'est ça, parce qu'en fait,
01:10:09je suis vraiment...
01:10:11En fait, quand je vais bien,
01:10:13je vais chercher la faille pour avoir mal.
01:10:15Voilà.
01:10:17C'est ça.
01:10:19Comme si vous n'aviez pas le droit d'aller bien.
01:10:21En général, c'est aussi une trace
01:10:23de l'enfance. C'est pour ça que je reviens
01:10:25sur cette question de l'enfance.
01:10:27C'est que l'enfant qui n'a pas été abusé
01:10:29va bien, globalement, à moins qu'il ait
01:10:31d'autres grandes misères. Mais il est heureux
01:10:33de vivre, il aime la vie et tout. Et puis, tout d'un coup,
01:10:35il arrive cette catastrophe
01:10:37et il n'aura plus confiance
01:10:39dans la vie, à partir de là.
01:10:41Et dès qu'il va bien, il se dit
01:10:43qu'il ne va pas revenir. Je ne sais pas si ça vous parle.
01:10:45Oui.
01:10:47Dès que vous allez bien, vous vous dites
01:10:49que ça ne va pas durer. Et puis, à la limite,
01:10:51on préfère aller mal tout de suite
01:10:53puisque de toute façon, ça ne va pas durer
01:10:55et qu'on va en prendre un coup sur la tête encore.
01:10:57Et l'angoisse de ce qui va arriver,
01:10:59qui va nous faire mal...
01:11:4314h16, Brigitte Laé,
01:12:1114h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
01:12:14Et comme toujours avec vous, Bruno Clavier,
01:12:16ce sont des émissions un peu
01:12:18difficiles, mais c'est comme ça
01:12:20qu'on fait avancer les choses.
01:12:22Parce qu'il faut bien se dire que si on a autant
01:12:24de témoignages, différents certes,
01:12:26mais qui sont quand même tous des témoignages
01:12:28où généralement, les premiers abus,
01:12:30c'est le grand-père à l'âge de 4 ans...
01:12:323, 4, 5 ans...
01:12:34Ça veut bien dire que ça continue
01:12:36et qu'il y a quand même vraiment
01:12:38une prise de conscience indispensable.
01:12:40Valérie est avec nous maintenant.
01:12:42Bonjour Valérie, merci de réagir.
01:12:44Bonjour Brigitte,
01:12:46bonjour Bruno.
01:12:48Moi je vous appelle en tant que maman
01:12:50pour une jeune fille qui a maintenant
01:12:5230 ans et qui me pose
01:12:54plein de questions.
01:12:56Elle me pose un questionnement en moi-même,
01:12:58c'est-à-dire que, petite,
01:13:00je pensais,
01:13:02nous pensions avec son papa et sa soeur
01:13:04qu'elle avait plus un problème
01:13:06hormonal parce qu'elle avait
01:13:08des sautes d'humeur,
01:13:10des montées en...
01:13:12Enfin voilà, ce qu'on peut appeler
01:13:14des sautes d'humeur, tout le monde comprend ça.
01:13:16Et puis au fil des
01:13:18années qui passent,
01:13:20ça s'aggrave dans le sens où maintenant
01:13:22elle met des...
01:13:24Quand elle discute avec nous,
01:13:26on dirait qu'elle se bat
01:13:28pour toutes les femmes de l'humanité.
01:13:30Et on sent qu'il y a quelque chose
01:13:32et elle ne se rappelle
01:13:34de rien.
01:13:36Elle est beaucoup en colère, c'est ça ?
01:13:38Très en colère, contre les hommes.
01:13:40Pourtant là, Elva et Alvar
01:13:42étaient une relation qui a duré pendant plus de 6 ans.
01:13:44Et en fait,
01:13:46elle nous
01:13:48fait peur parce que
01:13:50chaque fois que je l'ai
01:13:52au téléphone, chaque fois
01:13:54elle revient, c'est quelque chose...
01:13:56Alors, quand Bruno
01:13:58a parlé en début d'émission,
01:14:00je ne me sentais pas vraiment concernée par ça,
01:14:02mais s'il a parlé de
01:14:043, 4, 5 ans,
01:14:06on dit que c'est enfoui
01:14:08et que ça peut revenir. Puisque moi, j'avais eu
01:14:10des amis qui ont vécu ça, c'est-à-dire qu'à un moment donné
01:14:12ça explose et puis ça vous revient
01:14:14à la figure. Je ne voudrais pas lui faire
01:14:16perdre sa vie
01:14:18pour ça.
01:14:20Je voudrais avoir...
01:14:22Répondre à ces questions-là, c'est comment
01:14:24on peut vraiment mettre le
01:14:26point dessus en disant, il faut vraiment qu'elle se
01:14:28fasse aider, mais comment, quelle approche
01:14:30on peut avoir ? Parce que même elle, elle ne le sait pas.
01:14:32Justement, elle...
01:14:34Pardon. Mais excusez-moi, je vous arrête.
01:14:36Mais est-ce que vous avez
01:14:38des soupçons vous-même qu'il lui soit arrivé quelque chose
01:14:40quand elle était petite ? Ou elle, elle en a ?
01:14:42Alors...
01:14:44Au vu de ce qu'elle nous
01:14:46dit, elle ne dit pas que c'est pour
01:14:48elle. Elle, elle veut défendre les femmes en général.
01:14:50Oui, on l'a compris, oui.
01:14:52Mais je lui dis, mais
01:14:54est-ce qu'il s'est passé quelque chose dans notre
01:14:56proche famille ?
01:14:58On ne s'est jamais sûr de rien, mais
01:15:00on essaie avec sa grande soeur,
01:15:02parce qu'elle a une grande soeur, on essaie
01:15:04de tout penser, mais
01:15:06on n'était pas forcément là quand ça
01:15:08a pu se passer. On a simplement...
01:15:10Moi, j'ai peut-être une petite, une vague
01:15:12idée de 4-5 ans où on a
01:15:14eu un
01:15:16maçon qui restait chez nous pendant
01:15:18un an, un an et demi,
01:15:20qui était très porté, il nous faisait
01:15:22toujours raconter plein de trucs.
01:15:24Je me dis, il ne faudrait pas qu'il se soit passé
01:15:26quelque chose qui ne soit pas forcément été grave.
01:15:28Il dormait
01:15:30chez vous ? Non, non, non.
01:15:32Il venait pendant...
01:15:34Il venait travailler.
01:15:36Je ne lui ai
01:15:38jamais parlé de ça. Je lui dis, mais
01:15:40est-ce que quand tu avais 4-5-6
01:15:42ans, tu ne te rappellerais pas de
01:15:44quelque chose ? Parce que plus grande,
01:15:46elle est suffisamment assez brillante.
01:15:48Oui, mais Valérie,
01:15:50c'est compliqué, parce que
01:15:52si elle est en effet
01:15:54sans se souvenir
01:15:56de rien,
01:15:58on ne peut pas comme ça
01:16:00dire les choses
01:16:02directement. Ce que vous
01:16:04dites, évidemment, cette colère,
01:16:06elle
01:16:08signifie forcément
01:16:10quelque chose. Quand on est très en colère,
01:16:12en général, c'est qu'il y a quelque chose en soi
01:16:14qui a besoin de sortir.
01:16:16Mais malheureusement,
01:16:18j'entends ce que vous dites,
01:16:20et je crains que vous ayez malheureusement
01:16:22raison, mais je pense
01:16:24qu'il ne faut pas aller
01:16:26toucher quelque chose.
01:16:28Bien sûr.
01:16:30C'est elle qui, à un moment donné, va peut-être
01:16:32pouvoir
01:16:34se souvenir, mais
01:16:36je pense qu'il faut être très
01:16:38prudente.
01:16:40Bien sûr, mais ça m'a
01:16:42interpellée quand
01:16:44Bruno a dit
01:16:46que ça peut être dans des âges très petits.
01:16:48Je ne pensais pas que ça pouvait
01:16:50partir d'aussi loin et que malheureusement
01:16:52on puisse attendre...
01:16:54Ce que je peux vous dire, Valérie,
01:16:56je ne parle pas au nom
01:16:58de Bruno Clavier, mais je parle au nom
01:17:00de quelques psys
01:17:02qui viennent souvent
01:17:04et avec qui j'ai déjà évoqué ce sujet.
01:17:06Il est certain que toute cette
01:17:08vague de féministes très
01:17:10en colère contre les hommes, il y en a
01:17:12certainement chez certaines d'entre
01:17:14elles, qui ont subi
01:17:16des abus dont elles ne se souviennent pas
01:17:18et que cette colère leur permet
01:17:20de survivre.
01:17:22Maintenant, ça ne veut pas dire
01:17:24que c'est le cas de votre fille, on n'en sait rien.
01:17:26Ce que je veux dire
01:17:28par rapport à votre fille, d'abord
01:17:30il faut qu'elle-même prenne en charge ça.
01:17:32C'est vous qui appelez, vous voyez, donc c'est vraiment
01:17:34louable, mais
01:17:36pour elle, c'est son chemin.
01:17:38Elle a 30 ans, vous dites, donc
01:17:40si elle a 30 ans, c'est à elle de savoir.
01:17:42Maintenant, si on a des soupçons,
01:17:44moi je crois qu'avec
01:17:46un bon thérapeute, une bonne thérapeute,
01:17:48on peut trouver quelque chose
01:17:50parce que, comme je disais,
01:17:52on n'a pas de souvenirs, mais on a de la mémoire.
01:17:54Ça veut dire que, par exemple, dans les rêves,
01:17:56s'il s'est passé quelque chose avec le maçon,
01:17:58ça sortira un jour. Et moi,
01:18:00en général, quand il y a des choses comme ça,
01:18:02je ne me fie pas sur un rêve,
01:18:04mais quand vous avez 10 rêves qui disent à peu près la même chose,
01:18:06alors là, vous pouvez vous dire
01:18:08tiens, j'ai une option,
01:18:10ça pourrait être ça, parce que
01:18:12c'est pas rien. Vous avez un doute
01:18:14sur ce maçon, et ça arrive
01:18:16malheureusement. C'est-à-dire des gens comme ça
01:18:18qui sont tout le temps à la maison, il y a bien un moment où il était
01:18:20peut-être seul avec votre fille.
01:18:22Vous voyez ? Mais dans ce cas-là,
01:18:24il faut que ça soit elle qui s'en empare, qu'elle ait envie
01:18:26de s'en emparer, et qu'elle ait en plus
01:18:28qu'elle puisse trouver un thérapeute
01:18:30qui prenne en charge ça de façon sérieuse,
01:18:32mais en même temps qu'il le fasse.
01:18:34Pas qu'il dise, il y a des faux souvenirs,
01:18:36on laisse tomber, quoi.
01:18:38On vient de parler de l'écriture,
01:18:40Valérie, peut-être que vous pourriez lui dire,
01:18:42qu'il devrait écrire un manifeste
01:18:44contre les hommes,
01:18:46ça calmerait un peu ta colère,
01:18:48et tu verrais plus clair,
01:18:50et puis ça serait intéressant.
01:18:52Enfin, je sais pas, voyez,
01:18:54pour qu'elle puisse mettre
01:18:56des mots sur cette colère, justement.
01:18:58Oui, parce que tout ce que les auditrices
01:19:00ont dit, c'est quelque chose
01:19:02dont elles parlent, c'est-à-dire pas vouloir
01:19:04d'enfant, pas vouloir...
01:19:06J'entends bien, j'entends bien.
01:19:08Vous voyez, il y a tout ça qui me fait,
01:19:10ça m'interpelle, parce que je me dis,
01:19:12voilà, et nous,
01:19:14le rôle de parent...
01:19:16Est-ce que vous avez souvenir,
01:19:18après que le maçon
01:19:20était chez vous, si votre fille a eu
01:19:22des moins bonnes notes
01:19:24à l'école ?
01:19:26Si elle a eu
01:19:28des changements
01:19:30alimentaires ?
01:19:32Non, pas d'anorexie, non.
01:19:34Pas jusqu'à l'anorexie, mais des trucs bizarres.
01:19:36Elle a pas refait pipi au lit, par exemple ?
01:19:38Non.
01:19:40Donc, vous voyez, on n'a pas
01:19:42un symptôme vraiment clair ?
01:19:44Par contre, oui,
01:19:46au niveau de ses règles, c'était...
01:19:48J'en avais parlé un jour avec Christian Jamin,
01:19:50mais il m'avait dit de consulter,
01:19:52parce que je trouvais qu'elle avait...
01:19:54Quand elle était comme ça, avec ses règles,
01:19:56elle avait des montées d'adrénaline
01:19:58qui étaient... Alors moi, j'avais mis
01:20:00plutôt sur ce plan-là, en me disant
01:20:02c'est hormonal. Et en fait, je pense
01:20:04que peut-être on se trompe de...
01:20:06Voilà, donc c'est à...
01:20:08Il faut qu'on fasse un travail. Il faut qu'elle fasse un travail.
01:20:10Il faut que c'est elle. C'est quand même elle.
01:20:12Elle est adulte. Elle est majeure.
01:20:14Il faut que...
01:20:16C'est à elle de le faire. Mais vous pouvez peut-être
01:20:18la conseiller, lui dire
01:20:20qu'elle peut le faire.
01:20:22Merci beaucoup.
01:20:23Je vous en prie, Valérie. On fait ce qu'on peut.
01:20:25On fait ce qu'on peut. Merci à tous.
01:20:27Merci à toutes, plutôt.
01:20:29Et merci surtout à vous, Bruno Clavier.
01:20:31Je rappelle vos deux livres.
01:20:33L'inceste ne fait pas de bruit. Et ils ne
01:20:35savent pas pourquoi la psy a négligé les violences
01:20:37sexuelles. C'est aux éditions
01:20:39Payot. Demain, on sera avec
01:20:41Éric Allaire. Et puis tout de suite,
01:20:43vous retrouvez Marie pour C'est votre avenir.