• l’année dernière
Avec Alain Heril.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2023-04-19##
Transcription
00:00:00 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:00:04 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:08 Depuis quelques temps, la sexualité féminine évolue énormément
00:00:12 et j'ai même le sentiment qu'elle a plus bougé durant ces dix dernières années
00:00:16 qu'en un siècle.
00:00:18 Alors évidemment, ça perturbe beaucoup les relations amoureuses de tous
00:00:22 mais ne serait-il pas temps en effet que les femmes deviennent désirantes
00:00:26 au lieu de vouloir toujours être des femmes désirées ?
00:00:29 Alors on va en parler avec mon invité Alain Héril,
00:00:33 qui a beaucoup écrit et qui a beaucoup travaillé sur le désir féminin
00:00:37 mais il constate également que de plus en plus de gens, et particulièrement de femmes,
00:00:41 renoncent à la sexualité.
00:00:44 Vous savez, ce courant qu'on appelle "asexualité",
00:00:48 donc ce renoncement au sexe, mais qui attention, ne veut pas dire un renoncement à l'amour.
00:00:52 Alain Héril nous expliquera dans un instant la différence
00:00:55 puisqu'il vient de sortir un livre sur la sexualité qui s'appelle "Désirer autrement".
00:01:00 Et puis je vous invite surtout, mesdames, à venir évoquer votre désir.
00:01:06 Comment il a évolué ? Est-ce qu'il bouge en fonction de vous, de votre âge ?
00:01:10 Ou est-ce que c'est plutôt de votre relation ?
00:01:13 Ou peut-être des discours de sexe qu'on entend beaucoup dans les médias
00:01:17 qui à mon avis sont quand même assez éloignés de ce qu'est vraiment la sexualité
00:01:21 mais ça c'est mon point de vue, c'est peut-être pas le vôtre.
00:01:24 On en parle ensemble, notre numéro c'est le 0 826 300 300.
00:01:29 Bonjour Alain Héril.
00:01:31 Bonjour Brigitte.
00:01:33 Merci d'être avec nous. Alors vous êtes sexothérapeute
00:01:36 et c'est vrai que vous avez beaucoup écrit sur le désir féminin, sur la sexualité féminine.
00:01:42 Je sais que vous êtes assez d'accord avec moi là-dessus,
00:01:46 c'est que c'est presque à 35 ans que la femme commence à être un petit peu en accord avec son propre désir.
00:01:52 Et puis vous venez de sortir un livre, ça s'appelle "Désirer autrement", c'est aux éditions Le Duc.
00:01:57 Et vous allez un petit peu visionner ce qui se passe dans ce courant assez nouveau
00:02:04 qui nous vient des Etats-Unis, asexualité, c'est-à-dire des gens qui n'ont plus envie d'avoir des relations sexuelles
00:02:11 mais qui pourtant sont quand même encore dans un lien amoureux, c'est bien ça ?
00:02:15 Oui, oui, oui, tout à fait.
00:02:18 Et en fait, il y a plusieurs formes d'asexualité, d'ailleurs le sous-titre du livre c'est "Voyage au pays des asexualités".
00:02:25 Et ce livre, ce n'est pas vraiment un livre sur des avis personnels, c'est plus une enquête.
00:02:31 J'ai voulu un petit peu savoir qui étaient ces personnes, comment elles vivaient, qu'est-ce qu'elles ressentaient.
00:02:37 Et j'étais très surpris dans cette enquête de rencontrer des personnes qui, hommes comme femmes d'ailleurs,
00:02:43 hétéros comme homos, qui n'avaient pas d'appétence à l'asexualité, mais qui avaient une grande appétence à l'amour, à la tendresse,
00:02:52 aux liens affectifs, et qui ne basaient pas la relation à deux sur essentiellement l'asexualité.
00:03:01 Donc ça bouleverse un petit peu les choses parce que ça laisse entendre que pour certains couples et certaines personnes,
00:03:08 l'asexualité n'est pas le baromètre d'une bonne relation, c'est plutôt le lien de tendresse qui va se mettre en place.
00:03:15 Et puis aussi avec des personnes qui ont déplacé leur libido sur autre chose que le sexuel,
00:03:20 sur la créativité, sur le travail, sur la parentalité.
00:03:25 Et ça a été intéressant pour moi de voir comment il y a des personnes qui ne sont pas dans le sexuel en tant que telles,
00:03:34 et qui pourtant sont heureuses. Ce ne sont pas des personnes dépressives, ce sont des personnes qui vivent très bien.
00:03:40 J'en ai rencontré beaucoup et pour moi c'était un parcours très intéressant et un petit peu bouleversant à certains moments.
00:03:48 Alors ce qui est sûr, c'est que la dernière enquête sur la sexualité montre bien que les jeunes ont moins de relations sexuelles,
00:03:56 je ne sais plus exactement, mais quand même nettement moins, aussi bien les hommes que les femmes d'ailleurs.
00:04:01 Est-ce que c'est à votre avis, on peut l'imaginer en tout cas, que c'est un courant anti-pornographie ?
00:04:08 Alors oui, effectivement vous avez raison Brigitte, la plupart des personnes que j'ai rencontrées, c'est sur une tranche d'âge 25-35 ans.
00:04:17 Et sur les forums, c'est en général ces tranches d'âge que l'on va rencontrer, avec qui on va dialoguer.
00:04:24 Et en fait, il y a effectivement une position anti-pornographique assez claire.
00:04:31 Et en même temps, ce sont des personnes qui souffrent pour beaucoup de ce qu'on appelle maintenant l'éco-anxiété.
00:04:37 Des personnes qui sont très anxieuses par rapport à l'avenir de la planète, qui sont plutôt dans une démarche écologique dans le sens large du terme.
00:04:46 Et tout ça fait que le sexe en lui-même, et le lien à la pornographie, ça je l'ai entendu souvent, est vraiment mis de côté et ressenti comme étant quelque chose qui ne les intéresse pas.
00:05:01 Ça montre quand même, en tout cas c'est mon avis, je crois que vous le partagez,
00:05:06 ça montre quand même qu'on a réellement raté le coche de la libération sexuelle des années 70.
00:05:12 Parce que finalement, se priver de sexualité, même si après tout on n'a pas à juger, c'est pas un jugement de ma part,
00:05:18 c'est quand même se retirer un plaisir assez gratuit finalement.
00:05:24 Oui, oui, oui, je vous rejoins Brigitte, pour avoir vécu ces années-là,
00:05:29 qui étaient des années de recherche de sexualité plutôt joyeuse, quantitative et ouverte.
00:05:36 Moi ce que j'ai rencontré, c'est que ce sont des personnes qui ont un rapport à la sexualité,
00:05:42 où la sexualité leur paraît comme étant un lieu difficile, dramatique, conflictuel,
00:05:48 et c'est presque comme s'ils n'avaient pas envie de se poser la question du désir, la question du lien à la sexualité.
00:05:57 Et puis ça joue aussi sur le corps également, sur le rapport au corps.
00:06:00 Et donc il y a une espèce d'évacuation du sexuel dans leur démarche.
00:06:08 Et d'une certaine manière, oui, je pense que nous avons raté ce coche-là.
00:06:13 Alors il faut bien être clair, les asexuels, ça représente à peu près 2% de la population mondiale.
00:06:19 Mais néanmoins, ça existe, c'est présent, c'est très présent sur les réseaux sociaux.
00:06:26 Et donc mon travail, c'était de regarder ce que ça racontait.
00:06:31 Bien sûr, alors évidemment, on peut en parler si vous avez envie de témoigner en tant qu'asexuel.
00:06:36 Vous nous appelez au 0826-300-300, mais on va revenir sur le sujet du jour, qui est un sujet évidemment plus général.
00:06:43 La sexualité de la femme, on sait que pour la femme qui peut-être a moins besoin d'être active dans la sexualité,
00:06:52 elle va plutôt rester dans le désir de l'autre une bonne partie de son adolescence et le début de sa vie.
00:06:59 Et il faut du temps pour que la femme devienne désirante.
00:07:03 C'est quelque chose qu'on voit énormément.
00:07:06 Oui, oui, oui, parce que ça, il y a beaucoup de travaux qui datent des années 60,
00:07:12 qui montrent qu'effectivement, une femme active dans sa sexualité,
00:07:16 une femme qui prend les choses en main, si je puis dire, qui est dans sa force désirante,
00:07:24 c'est quand même quelque chose de relativement nouveau.
00:07:27 Et ça demande du temps.
00:07:29 Il y a un apprentissage de son lien à la sexualité dans la dimension féminine.
00:07:35 Et cet apprentissage, évidemment, il demande du temps.
00:07:39 Et souvent, toutes les statistiques vont dans ce sens-là.
00:07:42 Souvent, c'est après 35 ans que ça se produit.
00:07:45 Et après 35 ans, on a des figures féminines qui sont peut-être un petit peu plus incisives
00:07:51 par rapport à leur sexualité, plus demandeuses, plus exigeantes aussi par rapport au sexuel.
00:07:56 Et moi, je l'ai rencontrée dans mon cabinet de façon très nette et très précise.
00:08:00 Et donc, ça détermine une nouvelle forme de demande et d'attente dans la sexualité féminine.
00:08:10 Et du coup, la femme ne devient plus celle qui est soumise, qui est dans l'attente du désir masculin.
00:08:16 Ça dénote une énergie féminine un petit peu plus demandeuse
00:08:23 et un petit peu plus précise dans le rapport à la sexualité.
00:08:26 Est-ce qu'on pourrait dire qu'il y a d'abord une première partie de l'adolescence jusqu'à 35 ans,
00:08:31 ensuite de 35 ans, ça va jusqu'à la ménopause, et puis ensuite, il y a l'après-ménopause ?
00:08:37 Ce serait ça, les trois grands cycles de la sexualité féminine ?
00:08:41 Oui, ce sont ces trois grands cycles.
00:08:44 Et j'en rajouterai un quatrième qui est très particulier.
00:08:46 C'est ce que j'ai rencontré, et j'en parle dans un de mes livres.
00:08:49 Il y a une période à partir de 47 ans, entre 47 ans et l'arrivée de la ménopause,
00:08:54 qui est vraiment une période qui est sur 3, 4, 5 ans,
00:08:58 qui est une période de grand questionnement par rapport aux femmes et de bilan sur sa vie sexuelle,
00:09:03 et où souvent, il y a presque la position qui est de dire "c'est maintenant ou jamais".
00:09:09 Et puis après, la ménopause arrive, et moi j'ai rencontré beaucoup de femmes qui traversaient la ménopause
00:09:14 et qui, après la ménopause, avaient enfin une sexualité épanouie.
00:09:17 Je crois que c'est important de le dire que la ménopause n'est pas la fin de la sexualité pour une femme,
00:09:21 et pour certaines femmes, c'est même le début de leur sexualité.
00:09:24 Et il y a un élément que j'ai rencontré souvent, c'est ce qu'on appelle l'orgasme post-ménopause,
00:09:29 avec beaucoup de femmes qui découvrent l'orgasme après la ménopause.
00:09:33 Donc c'est plutôt une bonne nouvelle, et ça va à l'encontre des idées reçues comme quoi ménopause = fin du sexuel.
00:09:39 Mais les trois grands axes que vous citez, Brigitte, me paraissent tout à fait justes.
00:09:45 En tout cas, ça correspond à mon expérience en tant que thérapeute,
00:09:48 et ça rejoint effectivement ce qui se dit de manière assez courante
00:09:52 dans les enquêtes qui sont menées sur la sexualité féminine.
00:09:55 Faut-il encore qu'après la ménopause, le partenaire ait encore des érections ?
00:10:00 C'est là où il part quoi ?
00:10:02 Eh oui, eh oui.
00:10:05 Vous savez Brigitte, juste hors de mot, il y a quelque chose qui est très intéressant,
00:10:09 c'est de voir qu'il y a quand même une augmentation des divorce tardifs,
00:10:13 qui sont à 70% initiés par les femmes, et qu'en général ça intervient après la ménopause.
00:10:18 Donc il y a certaines femmes qui se disent "bon ben moi j'ai envie de commencer cette aventure là,
00:10:24 mon mari s'est un peu pépérisé, donc je vais aussi aller voir ailleurs".
00:10:29 N'est-ce pas messieurs ? Attention, écoutez bien, prenez des notes,
00:10:32 parce que je crois qu'Alain Héril va vous mettre en garde,
00:10:35 va vous allumer quelques petites lumières qui vont clignoter,
00:10:39 qui vont vous permettre de retirer vos pantoufles.
00:10:42 Allez, Alain Héril, on fait une petite pause et on va commencer avec Julie justement,
00:10:45 qui va à mon avis confirmer ce qu'on vient de dire.
00:10:47 Brigitte Laé, Sud Radio.
00:10:50 Et c'est avec Alain Héril, sexothérapeute, que nous voyageons dans le continent noir,
00:10:55 la sexualité féminine, avec Julie pour commencer. Bonjour Julie.
00:10:59 Bonjour Alain, bonjour Brigitte.
00:11:02 Merci d'être avec nous.
00:11:04 Avec plaisir.
00:11:06 Donc écoutez, moi je viens pour témoigner, j'ai 22 ans,
00:11:10 donc je ne suis pas sûre de correspondre tout à fait aux personnes dont vous avez parlé juste avant.
00:11:14 Bah non, mais 22 ans c'est intéressant, parce que vous avez commencé déjà votre sexualité depuis quelques années, j'imagine.
00:11:20 Oui, tout à fait.
00:11:22 Et donc c'est intéressant aussi d'entendre la nouvelle génération,
00:11:25 parce que ça bouge aussi sur le plan générationnel.
00:11:28 Je pense effectivement que ça bouge.
00:11:30 Alors oui, effectivement, j'ai commencé ma sexualité il y a quelques années déjà,
00:11:34 et je l'ai commencé en mes propres termes.
00:11:37 J'avais vraiment décidé que ça se passerait comme je voulais,
00:11:40 et honnêtement ça s'est passé comme je voulais, assez étonnamment.
00:11:44 Mais au tout début j'ai quand même rencontré des sacrés problèmes de communication avec mes premiers partenaires,
00:11:49 et ça venait des deux côtés.
00:11:51 Ça venait autant de mes partenaires qui ne parlaient pas avec moi du tout,
00:11:55 et moi qui du coup n'osais pas parler non plus.
00:12:00 Et du coup, bah en soi oui, j'étais pas très épanouie là-dedans,
00:12:04 et j'étais très passive dans ma sexualité.
00:12:07 Et je pense que ça vient beaucoup d'une influence du porno,
00:12:11 que je regardais énormément en adolescente,
00:12:13 pas tellement pour m'exciter, mais plus pour essayer de comprendre.
00:12:16 Et comme je regardais majoritairement des pornos qui étaient faits par des hommes pour des hommes,
00:12:21 les femmes sont soit excessivement bruyantes, mais pas dans la communication.
00:12:28 - Ouais, on peut pas dire.
00:12:30 - Voilà, et en fait sinon il y avait la sexualité dans les films aussi, beaucoup forcément.
00:12:36 Je les découvre aussi un peu comme ça.
00:12:38 Et là souvent c'est des sexualités qui se passent sans même que les personnes aient besoin de parler,
00:12:42 tout est très naturel, on parle de connexion incroyable, on n'a pas besoin de parler.
00:12:47 Et donc du coup moi j'étais là-dedans, j'étais dans "bah en fait on n'aura pas besoin de se parler,
00:12:51 et ça va se passer exactement au top".
00:12:54 Et donc ça m'a pris quelques années avant de comprendre que ça fonctionnait pas exactement comme ça la sexualité.
00:12:59 - Qu'est-ce que vous en avez retiré quand même sur un plan positif ?
00:13:03 C'est-à-dire qu'est-ce que ça vous a quand même apporté de regarder ces films porno par rapport à votre sexualité ?
00:13:09 - Ah, je pense pas grand-chose.
00:13:12 Pour être très honnête, j'ai commencé à trouver des films porno.
00:13:15 Si, je pense que j'ai découvert des pratiques qui moi m'ont intéressée,
00:13:18 notamment je pense aux pratiques un peu plus BDSM que je connaissais pas du tout.
00:13:22 Alors je me suis renseignée après sur d'autres médias que le porno,
00:13:26 parce que pour être très honnête c'est pas hyper présentatif toujours de toutes les pratiques.
00:13:30 En tout cas les plus mainstream, les pornos les plus mainstream.
00:13:34 Mais par contre je pensais du coup en étant passive que moi j'étais quelqu'un de soumise en fait.
00:13:40 J'avais associé ces deux termes-là.
00:13:42 Le fait d'être soumise c'est le fait d'être passive.
00:13:44 Et en fait il a fallu attendre que je me mette en couple avec quelqu'un qui correspondait à ça,
00:13:49 c'est-à-dire qui était aussi un peu dominant, etc.
00:13:51 pour que je découvre la différence entre soumise et passive.
00:13:54 On peut être soumise et active dans sa sexualité.
00:13:57 Et ça, ça m'a mis vraiment du temps à comprendre.
00:14:00 - Alors voyez Julie, ce qui est intéressant dans votre témoignage,
00:14:04 c'est qu'on voit qu'une jeune femme de 22 ans aujourd'hui peut assez facilement parler de sexualité.
00:14:10 Ce qui était certainement pas le cas il y a 50 ans.
00:14:12 En revanche, Alain Héril, ce que je trouve vraiment désolant,
00:14:16 c'est qu'en effet l'éducation à la sexualité, elle est essentielle.
00:14:21 Et que Julie finalement démarre avec des mauvaises idées de ce qu'est la sexualité.
00:14:27 - Oui Brigitte, parce que ça c'est un gros souci l'éducation à la sexualité.
00:14:35 Et je pense qu'il y a vraiment un travail énorme à faire sur ce terrain-là,
00:14:39 pour que en tout cas les jeunes générations,
00:14:41 mais quand je dis jeunes générations, c'est vraiment les ados,
00:14:43 puissent avoir des espaces où ils peuvent parler de la sexualité de manière ouverte,
00:14:49 non essentiellement médicale,
00:14:52 où ils puissent parler de masturbation, de plaisir, de pratiques sexuelles,
00:14:56 et exprimer un certain nombre de choses qui les travaillent.
00:14:59 Donc oui, ça c'est indéniablement l'un des gros chantiers de la sexualité à venir.
00:15:08 Et par rapport à ce que dit Julie, c'est toujours très étonnant de s'apercevoir
00:15:13 que du manque de communication qu'il y a dans le couple,
00:15:16 par rapport à la sexualité, et où souvent les couples,
00:15:20 ils fuient la communication parce qu'ils fuient les émotions.
00:15:23 Et qu'il y a une confusion entre informer et partager émotionnellement.
00:15:29 Donc on peut s'informer d'un certain nombre de choses,
00:15:32 mais la communication c'est pas qu'un partage d'informations,
00:15:35 c'est aussi un partage d'émotions.
00:15:37 Et parler de sexualité avec son ou sa partenaire,
00:15:40 c'est accepter de livrer une certaine vulnérabilité,
00:15:44 de partager cette intimité.
00:15:47 Et la parole, elle est indéniablement importante.
00:15:51 Et là encore, je l'ai beaucoup rencontrée dans mon cabinet,
00:15:54 où des patients me disaient "enfin, on peut parler de sexualité ensemble,
00:15:58 mais ils avaient besoin de ma présence pour le faire".
00:16:00 Donc oui, ce que souligne Julie est important.
00:16:05 Et puis moi j'aime beaucoup comment elle parle de sexualité,
00:16:08 parce que ça paraît simple, ouvert, possible.
00:16:14 C'est bien d'entendre ce genre de discours, en tout cas de cette manière-là.
00:16:21 Cela étant dit, je pense que parler de sexualité quand on est très jeune,
00:16:25 c'est pas simple, parce que c'est quand même...
00:16:28 Enfin bon, on connaît pas trop son corps,
00:16:31 on est pas trop à l'aise avec son identité.
00:16:34 Ça me paraît assez logique.
00:16:35 Je trouve que pour 22 ans, Julie, vous êtes déjà bien en avance.
00:16:38 Et il me semble comme ça que vous aviez dû vous masturber
00:16:42 quand vous étiez ado, j'imagine.
00:16:46 Oui, oui, tout à fait.
00:16:48 Alors il y a plusieurs raisons pour lesquelles...
00:16:50 Je sais pas si je suis en avance, parce que pour être très honnête,
00:16:52 pour en parler avec des gens autour de moi de mon âge,
00:16:54 on est tous assez informés, et c'est vraiment une parole qui se libère aussi.
00:16:58 Et j'ai de la chance d'être dans une famille
00:17:01 où le sujet n'est pas complètement tabou.
00:17:03 Je dis pas qu'on en parle à table dès les 15 ans,
00:17:06 mais pour autant, c'est réellement quelque chose qui était pas secret non plus.
00:17:10 Donc ça aide forcément, ce genre de famille.
00:17:14 Mais ouais, il y a l'accès à Internet, forcément.
00:17:17 Alors certes, l'accès au porno qui doit être réglé, etc.
00:17:21 Mais accès à d'autres sphères pornographiques plus douces,
00:17:25 créées par des femmes, souvent, mais beaucoup plus modernes,
00:17:29 qui sont par exemple ce qu'on appelle les fanfictions, etc.,
00:17:32 qui sont en fait une découverte de la sexualité
00:17:35 pour énormément de jeunes filles de ma génération,
00:17:37 et qui sont écrites par des femmes pour des femmes, très souvent.
00:17:41 Alors avec tout un tas de clichés, parce que c'est rarement
00:17:44 des personnes dont c'est la profession qui font ça,
00:17:46 donc il y a plus ou moins de clichés, etc.
00:17:48 Mais ça reste quand même une découverte douce de la sexualité,
00:17:50 en tout cas, moi, ça m'a beaucoup apporté.
00:17:52 Et un peu plus tard, il y a tous les comptes Instagram, TikTok, etc.,
00:17:56 qui parlent de sexualité, encore une fois, souvent,
00:17:59 peut-être parce que c'est dirigé pour moi souvent des femmes,
00:18:02 qui parlent sans tabou de la sexualité féminine,
00:18:05 et de tout un tas de sujets reliés à ça,
00:18:08 que ce soit au niveau santé, hygiène, plaisir, etc.
00:18:12 Et ça, ça m'a aussi énormément aidée, parce qu'on a des témoignages,
00:18:16 on a des gens qui parlent de leurs propres expériences,
00:18:19 et on se rend compte qu'on n'est pas forcément seuls,
00:18:21 que les problèmes qu'on rencontre, il y en a d'autres qui les rencontrent aussi,
00:18:24 et ça aide du coup à libérer la parole, je trouve, en tout cas.
00:18:27 Oui, oui, ça paraît, ça bouge quand même plutôt dans le bon sens,
00:18:30 quoi qu'on en dise, finalement.
00:18:32 Ce serait un petit peu le bilingue de votre témoignage.
00:18:36 Merci beaucoup Julie, je trouve ça très intéressant d'avoir commencé justement avec vous,
00:18:40 parce que ça montre qu'on peut garder l'espoir, voilà.
00:18:44 Merci Julie, merci beaucoup.
00:18:46 Merci à vous.
00:18:47 Allez, on fait une petite pause, et puis on se retrouve dans un instant,
00:18:51 bien sûr, toujours avec vous.
00:18:53 N'hésitez pas à témoigner 0 826 300 300.
00:18:56 Ben oui, ça va permettre à des femmes qui nous écoutent,
00:18:59 qui n'ont peut-être pas cette liberté-là, de se libérer, à tout de suite.
00:19:02 Eh bien, Alain Héril, nous retrouvons notre sexy news, Philippe Hoffmann.
00:19:12 Alors hier, la semaine dernière, pardon, Philippe Hoffmann, bonjour.
00:19:15 Vous évoquiez l'importance de l'animal de compagnie pour les ados,
00:19:22 et vous allez nous parler à nouveau de cet animal,
00:19:26 et peut-être plus particulièrement du genre d'animal.
00:19:30 Bonjour Philippe Hoffmann.
00:19:31 Voilà, bonjour.
00:19:32 Alors aujourd'hui, effectivement, je vous ai parlé de façon un peu générale,
00:19:35 la fois dernière, de tous les avantages d'avoir des animaux de compagnie,
00:19:39 auprès des enfants et des adolescents.
00:19:41 Mais aujourd'hui, je vais vous parler vraiment de trois types d'animaux,
00:19:45 dont un que vous connaissez très très bien, Brigitte, les chevaux,
00:19:48 enfin les chiens aussi, vous connaissez très très bien.
00:19:50 Et justement, par rapport, on va commencer par ça,
00:19:56 vous savez que depuis 5000 ans qu'ils sont proches et utiles de nous, ces chevaux,
00:20:02 mais ils n'ont pas la même intimité que le chien ou le chat,
00:20:07 mais ils sont quand même des animaux familiers,
00:20:10 et les adolescents et les adolescentes, surtout, sont très attirés par eux.
00:20:18 Et donc, par exemple, quand elles sont plus petites, les filles elles adorent l'équitation,
00:20:24 même quand elles sont plus grandes, mais elles sont d'ailleurs en surnombre dans les haras,
00:20:29 et on pourrait dire qu'un consciemment, elles perçoivent une sorte de mère chaleureuse,
00:20:36 odorante, qui les porte, les balance,
00:20:39 mais aussi, à la fois aussi un mal puissant qu'elles peuvent monter et dominer.
00:20:44 À l'adolescence, elles ressentent aussi quelque chose de particulier,
00:20:49 c'est que dans la montre, il y a un frottement qui est un peu maturbatoire pour elles,
00:20:55 et qui peut les troubler, et c'est une des raisons peut-être de l'abandon de leur passion,
00:21:02 comme si ça se sexualisait, comme d'ailleurs beaucoup d'autres choses à l'adolescence.
00:21:06 Et donc, à ce moment-là, elles se réfugient plutôt dans des fantasmes,
00:21:12 ou dans des rencontres amoureuses avec des garçons, ou des filles,
00:21:16 mais elles quittent un peu les chevaux.
00:21:19 Donc, pour les garçons, c'est un peu différent,
00:21:22 les chevaux, ça reflète vraiment l'animalité sauvage, le rut,
00:21:27 et un peu les rêves de toute puissance, pour les garçons, pour les ados surtout.
00:21:32 C'est sûr que quand on a un colosse de 600 kg, on ne peut pas faire ce qu'on veut avec,
00:21:38 mais que le corps est sollicité directement, et il faut les monter avec tact et adresse, n'est-ce pas ?
00:21:44 Ils obligent nos ados à ajuster des postures, des gestes très délicats,
00:21:56 et en fait, du coup, ça évacue toute tentative de contrôle forcé.
00:22:01 Et donc, ils ressentent d'ailleurs l'agressivité de tous les prédateurs humains,
00:22:06 ce sont des animaux de proie, et ils peuvent, au moindre faux geste, faire des ruades, des écarts,
00:22:15 et donc, l'adolescent arrogant, il devient un peu plus humble face à ça.
00:22:22 Il y a surtout les chutes qui rendent plus humble Philippe Hoffmann.
00:22:27 Alors les chutes, ça rend vraiment, vraiment humble, effectivement,
00:22:32 mais même quand il y a un écart qui a peur un peu les jeunes et les enfants,
00:22:43 ça remet les choses en place un peu.
00:22:47 Mais ce qu'il y a aussi de très frappant dans ce sport, c'est qu'on voit les jeunes enfants ou ados,
00:22:55 il y a ceux qui après une chute arrêtent, et puis ceux qui arrivent à vaincre leur peur et qui continuent.
00:23:02 Je crois que c'est quelque chose aussi d'assez initiatique, l'équitation peut-être, dans ce sens.
00:23:07 Exactement, tout à fait, parce que si on se relève d'une épreuve comme celle-là,
00:23:13 et puis qu'on continue à pratiquer, et bien, c'est effectivement, ça a un sens initiatique,
00:23:21 et ça permet de revaloriser un petit peu son estime de soi.
00:23:27 En plus, souvent après, il faut les laver, les brosser, les décrocher, les pailler, etc.
00:23:32 Et donc, c'est aussi une forme d'apprentissage de la responsabilité.
00:23:37 Et donc, c'est plutôt pas mal, et on peut conseiller à tous les enfants et tous les adolescents
00:23:45 de continuer à faire de l'équitation, c'est très bon pour eux.
00:23:49 Alors, maintenant, je vais parler un peu du chien.
00:23:52 Je pourrais parler longtemps encore des autres animaux, mais bien sûr, le chien,
00:23:56 c'est quelque chose que j'ai beaucoup étudié et que vous connaissez très bien aussi, vous vous réjite.
00:24:02 Et c'est le symbole de l'amour inconditionnel, de la fidélité, de la tendresse.
00:24:09 Et pour les ados, ça comble beaucoup de manques.
00:24:13 La fidélité, ça présente la sécurité, ça efface un peu les peurs qui cohabitent avec les ados.
00:24:21 Et ils ont un peu, souvent un sentiment, vous savez, je le dis souvent dans mes chroniques,
00:24:27 un peu parano, avec un sentiment d'intrusion dans leur corps, dans leur tête,
00:24:33 une sorte de sentiment de viol, comme ça, un peu généralisé.
00:24:37 Et les chiens, ça les rassure beaucoup par rapport à ça,
00:24:40 parce que c'est vraiment le protecteur ultime, même si c'est des petits chiens, d'ailleurs.
00:24:45 C'est tout à fait curieux, peu importe la taille du chien,
00:24:48 même s'il y en a beaucoup qui préfèrent les chiens puissants,
00:24:52 mais il y en a aussi qui aiment bien les chiens à la mode,
00:24:56 comme à un moment donné, c'était les bulldogs français,
00:25:01 parce que ça avait une grosse tête de bébé et qu'on pouvait se balader,
00:25:05 se faire aborder facilement quand on trimbalait son chien.
00:25:08 Donc c'est vrai que ça permet d'avoir aussi un confident muet
00:25:17 qui vous écoute, qui vous regarde, qui éventuellement dort avec vous
00:25:23 et avec lequel on peut faire des caresses,
00:25:27 tout ce qu'on ne peut plus faire avec les parents ou qu'on n'ose plus faire avec les parents.
00:25:31 Donc du coup, ça a beaucoup d'avantages.
00:25:34 Et pour les garçons, il y a aussi l'histoire du pénis des chiens.
00:25:39 Vous savez qu'il y a un os pénien, c'est urgescent,
00:25:43 donc ça les intéresse, mais chez les chouettes aussi,
00:25:46 ça les intéresse parce que c'est gigantesque.
00:25:49 Et donc, ils admirent un petit peu cet insigne de virilité
00:25:55 parce que c'est librement exhibé, alors qu'il faut qu'ils cachent tout.
00:26:00 Et du coup, ça alimente un peu toutes sortes de fantasmes,
00:26:06 pas forcément zoophiles, mais c'est des filles,
00:26:10 ils peuvent en rire avec leurs amis, autant les garçons que les filles.
00:26:15 Mais surtout, là aussi, c'est pareil quand on les promène,
00:26:19 quand on ramasse leur déjection,
00:26:21 quand on fait attention à ce qu'ils ne traversent pas la route n'importe comment,
00:26:26 etc., eh bien on se responsabilise avec eux, dès qu'on est enfant d'ailleurs.
00:26:32 Mais au moment de l'adolescence, c'est important,
00:26:35 parce que comme il y a des difficultés pour les ados avec leurs limites,
00:26:38 eh bien là, au moins, ils sont obligés de limiter leur animal,
00:26:42 qui peut être un peu foufou parfois,
00:26:44 et du coup, ça leur permet aussi, par projection,
00:26:49 par identification aussi, de se limiter eux-mêmes.
00:26:53 Et donc, c'est pas mal pour la présence d'un chien,
00:26:57 aussi pour apprendre un petit peu les limites et la responsabilité.
00:27:02 - Et alors le chat ?
00:27:04 - Alors, le chat, il y a vraiment une analogie entre les chats et les ados,
00:27:08 parce que c'est des animaux nocturnes qui veillent à l'affût.
00:27:11 Les ados, vous le savez, ils aiment bien la nuit,
00:27:14 ils se sentent libres, mais ils sont quand même très dépendants, les chats,
00:27:19 ce qui les rend aussi vulnérables.
00:27:21 Donc, c'est vraiment tout le paradoxe de l'adolescence qui est rejoué à travers cet animal
00:27:27 qui a l'air libre, complètement, qui veut bien aller vers vous, s'il le souhaite,
00:27:35 mais qui ne s'éloigne pas trop.
00:27:37 Donc, il y a un rapport un peu singulier entre l'autonomie, la dépendance,
00:27:44 et qu'on se trouve bien chez beaucoup d'ados.
00:27:47 Et c'est vrai que quand ils ronronnent, ils se frottent,
00:27:55 ils ont une demande particulière,
00:27:57 comme d'ailleurs les ados quand ils font des essais de séduction avec leurs parents
00:28:02 pour pouvoir sortir le soir ou avoir le dernier smartphone.
00:28:07 Mais celui qu'on séduit, ça ne doit pas être un maître dominateur,
00:28:13 ça doit rester quand même un compagnon.
00:28:16 Donc, c'est plutôt particulier, et puis en plus, le chat aime être caressé,
00:28:26 et les gens qui caressent un animal au poil soyeux comme un chat,
00:28:31 ils retrouvent aussi une sensualité primitive qu'on pouvait ressentir quand on est nourrisson.
00:28:38 Et ça rappelle les câlins, l'enveloppe maternelle,
00:28:41 et puis ça diminue le rythme cardiaque,
00:28:43 ça supprime même les frissons d'hypothermie ou de peur.
00:28:47 Donc, c'est quelque chose qui nous, avec ce petit félin à quatre pattes,
00:28:52 qui nous ramène à l'animalité que l'on a en nous.
00:28:55 Et on sait très bien qu'on traite souvent les jeunes ados qui font n'importe quoi de sauvage,
00:29:02 et là on voit bien que la sauvagerie est proche,
00:29:05 et qu'en plus, on peut la caresser.
00:29:07 Et c'est plutôt une expérience formidable.
00:29:11 Eh bien voilà. Alain-Érile, vous voulez réagir à ce que nous a raconté Philippe Hoffmann sur les animaux ?
00:29:18 Je trouve ça très intéressant, les analogies qui sont faites,
00:29:24 et notamment avec le dernier, avec le chat animal nocturne et ado,
00:29:30 qui sont aussi des animaux nocturnes d'une certaine manière.
00:29:34 Oui, mais je pense que les animaux dits de compagnie ont une importance affective extrêmement importante
00:29:44 à l'enfance, à l'adolescence et puis à l'âge adulte aussi.
00:29:47 Comme disait Rémi Klotz, ce sont vraiment des objets de transition
00:29:54 qui permettent de retrouver une certaine sécurité affective.
00:29:59 Moi, ce que j'aime beaucoup chez les animaux, c'est leur respiration.
00:30:03 Et la plupart du temps, quand un animal est tranquille et qu'on se base sur sa respiration,
00:30:08 très naturellement, on retrouve sa cohérence cardiaque.
00:30:12 Et il y a quelque chose, je trouve, de très intéressant à ce niveau-là.
00:30:16 Même si je n'ai pas d'animaux chez moi, j'aime beaucoup la présence des animaux.
00:30:21 Ça apaise, en effet. Merci beaucoup de ce tour d'horizon, Philippe Hoffmann,
00:30:26 avec parfois quelques réflexions surprenantes, mais qui sont tout à fait intéressantes
00:30:31 et qui ont peut-être ouvert des horizons à ceux qui nous écoutent.
00:30:35 Merci Philippe Hoffmann, merci beaucoup.
00:30:37 Au revoir.
00:30:38 Philippe, un autre Philippe est avec nous, qui va répondre à trois questions intimes.
00:30:42 Bonjour Philippe.
00:30:43 Bonjour Brigitte, bonjour Alain.
00:30:46 Alors justement, Philippe, vous vous sentez plutôt chat, chien ou cheval, vous ?
00:30:52 Si on vous posait la question comme ça.
00:30:54 Moi, je me sens plutôt chien.
00:30:56 D'accord. Et pourquoi ?
00:30:58 Parce que j'ai eu des chiens toute ma vie. J'ai eu des chats aussi, mais c'est pas pareil.
00:31:03 Un chat, c'est un peu plus indépendant, un peu plus distrait, un peu plus lointain.
00:31:07 Alors qu'un chien, un chien se ferait tuer pour vous. Un chien, c'est fantastique.
00:31:12 Et j'ai toujours eu des gros, des petits, toutes les races.
00:31:16 C'est des relations extraordinaires.
00:31:18 Et est-ce que vous avez un os dans votre verge ?
00:31:22 Peut-être.
00:31:24 Ah, d'accord. C'est pour ça que vous…
00:31:26 Je me suis bien dit.
00:31:29 Parce que finalement, il paraît que je suis assez endurant et performant.
00:31:33 Alors bon, c'est pas mal.
00:31:35 Ça doit être pour ça.
00:31:36 Je sais pas si c'est de la faute du chien. Non, je crois que c'est plutôt de la faute de ma cuisine.
00:31:40 Comment ça, votre cuisine ? Qu'est-ce que ça va avoir là-dedans ?
00:31:44 Écoutez, pour moi, la cuisine, c'est un acte d'amour.
00:31:47 Et je peux pas concevoir une relation sans qu'il y ait quelque part une recette culinaire.
00:31:55 J'en ai plusieurs.
00:31:57 Mais il y a des recettes qui vous mettent dans une forme éblouissante.
00:32:00 D'accord.
00:32:01 Alors, je pense que vous les connaissez à peu près toutes,
00:32:04 parce qu'il y a des produits comme le gingembre et d'autres,
00:32:06 et certains produits africains aussi, qui sont d'une efficacité redoutable.
00:32:10 Et puis le désir et l'envie…
00:32:13 Moi, je peux pas concevoir un rapport sexuel sans amour.
00:32:17 Donc l'amour, pour moi, la cuisine, c'est un acte d'amour.
00:32:20 Ça commence pas par le sexe, ça commence par le plaisir de goûter, de sentir, de déguster.
00:32:27 Et ça vous transforme.
00:32:29 Et puis en plus, si vous avez la chance d'avoir un bon vin avec,
00:32:32 ou un jus de fruits extraordinaires, vous atteignez le nirvana.
00:32:36 Bon, écoutez, être passé du chien à la cuisine…
00:32:40 C'est pas un fauteuil.
00:32:41 Il faut le faire, je reconnais.
00:32:44 On va dire que ça aura fait la deuxième question.
00:32:47 Combien de fois par mois avez-vous besoin de faire l'amour ?
00:32:52 Moi, c'est tous les jours.
00:32:55 D'accord, donc ça fait 30 fois.
00:32:57 Même des fois, deux fois par jour.
00:32:59 Il n'y a pas d'interdit.
00:33:00 Alors évidemment, quand je suis fatigué ou que je suis dans des endroits où on peut pas,
00:33:04 je me tiens à 40, comme on dit.
00:33:06 Sinon, pour moi, c'est comme boire et manger, c'est une fonction vitale.
00:33:11 D'accord.
00:33:13 Remarquez, on mange trois fois par jour.
00:33:16 Voilà, vous voyez, je suis pas loin du compte.
00:33:19 Vous êtes pas loin du compte, on est d'accord.
00:33:21 Allez, vous pouvez poser une question à Alain et Ryl, ils vous écoutent, allez-y.
00:33:26 Alors, pour vous, la preuve ultime d'amour, c'est quoi ?
00:33:33 Ah, jolie question.
00:33:34 Ah, c'est une jolie question, la preuve ultime d'amour…
00:33:42 Alors, la première réponse qui me vient, mais qui est un peu abstraite,
00:33:46 la preuve ultime de l'amour, c'est l'amour, justement.
00:33:49 La preuve ultime de l'amour, c'est d'accepter d'être en amour avec quelqu'un.
00:33:54 Et je dirais aussi que c'est…
00:33:57 Ce dont je m'aperçois, mais ça c'est très personnel,
00:34:00 c'est à quel point il est difficile d'accepter d'être aimé,
00:34:03 plutôt que d'aimer l'autre.
00:34:05 Et en ce qui me concerne, moi, le travail que je fais sur moi actuellement,
00:34:10 c'est vraiment d'accepter l'amour de l'autre.
00:34:13 Et je dirais que la preuve ultime de l'amour, c'est d'accepter l'amour de l'autre.
00:34:17 Et d'accepter que cet amour-là vous modifie, vous change,
00:34:21 et vous fait voir la vie autrement.
00:34:24 Je ne sais pas si ma réponse vous satisfait,
00:34:27 mais en tout cas, c'est celle qui me vient maintenant.
00:34:29 Je suis tout à fait d'accord avec vous, pour une raison bien simple.
00:34:35 Il n'y a pas d'autre solution que d'aimer.
00:34:41 Ça parait idiot de dire ça,
00:34:43 mais j'ai toujours constaté que les gens qui n'aimaient pas
00:34:46 étaient des gens tristes,
00:34:48 pouvaient être des gens dangereux parfois.
00:34:51 Et je pense que quand vous avez de l'amour,
00:34:53 alors il y a des degrés, vous allez me dire, évidemment.
00:34:55 Il y a des jours où on est plus que d'autres,
00:34:57 mais je suis d'accord avec vous, il faut accepter l'autre,
00:35:01 il faut aussi que l'autre vous accepte.
00:35:03 Même des fois, au début, on se dit,
00:35:05 "Ah, je vais quand même pouvoir aller jusque-là",
00:35:08 et puis finalement on y va.
00:35:10 Ce n'est pas un sacrifice, c'est un don, c'est un don total.
00:35:14 C'est-à-dire, c'est le don de la personne,
00:35:16 le don d'essence, le don de l'esprit.
00:35:18 On est tellement bien qu'on fait tout pour que ça dure,
00:35:21 et qu'on s'enrichisse.
00:35:23 Alors des fois, il y a des problèmes, c'est pas aussi simple.
00:35:26 - Vous êtes un grand philosophe, Philippe.
00:35:28 Vous portez bien votre nom.
00:35:30 Merci en tout cas, Philippe.
00:35:31 Merci beaucoup pour cette jolie question.
00:35:33 On va faire une petite pause, Alain et Ryl,
00:35:36 et on va retrouver Garance dans un instant,
00:35:39 qui a peut-être un parcours un peu plus compliqué que Julie,
00:35:41 mais ça sera tout à fait intéressant de l'écouter.
00:35:43 A tout de suite.
00:35:44 - Brigitte Laé, Sud Radio.
00:35:46 - Nous sommes avec Alain et Ryl,
00:35:48 sexothérapeutes, auteurs de nombreux livres,
00:35:50 dont celui-là que j'aime beaucoup,
00:35:52 "On ne fait pas l'amour, c'est l'amour qui nous fait",
00:35:54 c'est aux éditions Le Courrier du Livre.
00:35:56 Justement, on voit bien,
00:35:59 lorsqu'on vient d'écouter Philippe, Alain et Ryl,
00:36:02 on voit bien comment, quelque part,
00:36:04 le sexe pour le sexe,
00:36:06 finalement, on a cru à un moment donné,
00:36:09 peut-être que c'était ça la solution pour libérer la sexualité.
00:36:12 Mais on voit bien avec votre dernier livre,
00:36:15 qui va sortir au mois de mai,
00:36:17 "L'asexualité",
00:36:19 donc sur les asexualités, plus exactement,
00:36:23 on voit bien que c'était peut-être une erreur
00:36:26 de croire que le sexe était la solution.
00:36:28 Vous voulez réagir ?
00:36:32 Oui, Brigitte, oui.
00:36:34 Mais peut-être aussi qu'on est dans un mouvement dialectique,
00:36:38 qu'il y a eu toute cette nécessité
00:36:42 de remettre le sexe au centre du débat,
00:36:45 et ce qu'on a appelé un peu rapidement la libération sexuelle,
00:36:49 qu'il y ait un retour de Balancier avec quelque chose
00:36:51 qui est dans l'asexuel avec l'apprivatif.
00:36:54 Mais peut-être que le troisième mouvement,
00:36:56 ça sera un lien entre la sexualité et la tendresse,
00:37:00 et qu'il y a peut-être quelque chose
00:37:03 qui dans quelque temps viendra conjuguer les deux.
00:37:07 Et voilà, moi je reste toujours optimiste
00:37:11 sur les mouvements sociétaux par rapport à la sexualité,
00:37:14 et je pense qu'à un moment donné,
00:37:16 la question de la joie dans la sexualité,
00:37:19 de la tendresse, du lien, de l'amour,
00:37:22 viendra se poser.
00:37:24 C'est un peu bisounours ce que je raconte là,
00:37:26 mais je pense que les deux peuvent se rejoindre
00:37:31 à un moment donné,
00:37:32 et qu'on peut rentrer dans une sexualité
00:37:34 qui puisse être à la fois présente, qualitative,
00:37:38 et en même temps avec une dimension spirituelle également.
00:37:40 - Eh bien c'est ce qu'on verra, peut-être, enfin espérons.
00:37:43 - Je donne rendez-vous dans dix ans !
00:37:46 - Rendez-vous dans dix ans, d'accord.
00:37:48 Garance, bonjour !
00:37:49 - Bonjour Brigitte, bonjour Alain.
00:37:51 - Bonjour !
00:37:52 - Merci d'être avec nous.
00:37:54 Alors vous, vous approchez de 50 ans,
00:37:57 vous allez bientôt avoir 50 ans,
00:37:59 et votre parcours a été un peu compliqué,
00:38:02 parce qu'il y a eu agression sexuelle, maladie,
00:38:06 c'est donc plus compliqué.
00:38:09 Et vous venez de divorcer, je crois ?
00:38:12 - Absolument, oui, c'est ça.
00:38:14 Oui, un parcours qui est un peu très commun,
00:38:17 malheureusement, pour certaines femmes,
00:38:19 mais qui est effectivement effet de beaucoup de violence,
00:38:25 de la maladie qui est venue dessus,
00:38:29 mais la maladie n'arrive jamais par hasard.
00:38:31 Et puis à présent, un divorce,
00:38:34 et le fait que, voyez le titre du livre,
00:38:38 je le trouve très joli,
00:38:40 "L'amour qui nous fait",
00:38:42 mais moi je suis dans une phase où je me demande même
00:38:45 ce que signifie aimer et être aimée.
00:38:47 Je pense que j'ai encore beaucoup de chemin à faire
00:38:49 avant de me reconstruire,
00:38:51 et pouvoir m'autoriser un désir vers un homme.
00:38:56 Donc je suis plutôt dans cette phase
00:38:59 de rechercher quel est mon désir autre que sexuel,
00:39:03 avant de pouvoir me tourner vers un désir sexuel,
00:39:08 ou vers un homme.
00:39:10 - Si vous êtes encore très blessée,
00:39:14 est-ce que c'est un peu normal que l'amour soit quelque chose
00:39:18 qui vous fasse même un peu peur ?
00:39:21 Parce que si vous êtes blessée, c'est peut-être parce que justement,
00:39:24 vous avez cru aimer ou être aimée,
00:39:27 et ce n'était pas le cas.
00:39:29 - C'est exactement ça.
00:39:31 J'ai cru que pour pouvoir être aimée,
00:39:35 il fallait tout accepter,
00:39:37 et que le fait de tout accepter,
00:39:41 de s'attacher à l'autre,
00:39:44 c'était ça l'amour,
00:39:46 alors que c'était tout autre chose.
00:39:48 Je me demande même si je sais ce que c'est,
00:39:52 en donnant hors d'émile mes enfants.
00:39:56 Je suis certaine que ça c'est de l'amour,
00:39:59 mais cet amour au sens où parfois on peut l'entendre,
00:40:04 les témoignages comme la personne qui est allée juste avant,
00:40:06 pour les questions,
00:40:08 j'ai envie d'entendre un homme parler aussi.
00:40:11 C'est de se poser la question.
00:40:15 - Franchement merci Garance,
00:40:19 parce que votre questionnement, je crois qu'il est intéressant,
00:40:23 et je vais la poser la question à Alain et Ryle.
00:40:26 Bien sûr que l'enfant aime de manière infinie son parent,
00:40:33 ses parents,
00:40:35 et quand Garance dit qu'est-ce qu'il faut faire pour pouvoir être aimé,
00:40:39 qu'est-ce que vous répondez à ça Alain et Ryle ?
00:40:42 - C'est-à-dire que, bonjour Garance,
00:40:45 c'est-à-dire que ce que j'entends dans ce que Garance dit,
00:40:48 c'est que l'amour ne peut pas s'inscrire sur des plaies ouvertes,
00:40:52 et que avant d'aller vers l'amour,
00:40:58 il est nécessaire justement de refermer ses plaies,
00:41:01 de les comprendre,
00:41:02 ça c'est un travail sur soi qui parfois peut être long,
00:41:05 mais dont on sort toujours gagnant.
00:41:07 Et il me semble que cette dimension de la rencontre avec l'amour,
00:41:13 elle se fait sur un terrain qui est le plus pacifié possible.
00:41:18 Alors ça c'est de la théorie,
00:41:20 chacun a son histoire personnelle et ses expériences personnelles,
00:41:23 mais nous naissons effectivement avec un besoin d'amour,
00:41:28 qu'on rencontre chez les enfants,
00:41:30 voire même chez les nourrissons,
00:41:32 et l'amour inconditionnel des parents,
00:41:35 oui il existe, mais c'est un double mouvement.
00:41:38 Les parents sont à la fois dans un amour inconditionnel,
00:41:40 mais en même temps dans une nécessité d'élever leurs enfants.
00:41:43 Et élever les enfants, c'est aussi mettre des limites,
00:41:46 mettre des conditions,
00:41:47 donc il y a un double mouvement qui est en place dans la situation parentale,
00:41:52 et qu'on peut retrouver aussi dans la relation amoureuse,
00:41:55 c'est aimer oui, être aimé oui,
00:41:57 mais pas n'importe comment et pas à n'importe quel prix.
00:42:00 Et donc je trouve que de tout nier,
00:42:04 dans l'aventure humaine, la question de l'amour,
00:42:06 elle est éminemment complexe,
00:42:09 mais c'est tellement au centre de nos besoins,
00:42:11 qu'on ne peut pas échapper à cette question-là.
00:42:14 Il me semble, enfin je ne sais pas ce que vous en penserez Garance,
00:42:18 et puis vous nous direz ça après les infos,
00:42:20 mais il me semble qu'il ne faut pas attendre trop de l'amour non plus,
00:42:25 et surtout je crois, on ne peut rien.
00:42:28 C'est-à-dire qu'on va être aimé ou on ne va pas être aimé,
00:42:31 et quelque part ça ne dépend pas de nous,
00:42:33 c'est l'autre qui va nous aimer parce que ce qu'on est,
00:42:38 ce qu'on représente, ou ce qu'il croit qu'on est d'ailleurs,
00:42:40 parce qu'il y a beaucoup d'illusions finalement dans l'amour,
00:42:43 et bien il va tomber amoureux de nous,
00:42:46 mais quelque part on ne peut rien y faire.
00:42:49 Et comme on ne peut rien y faire quand l'autre ne nous aime plus,
00:42:52 on peut évidemment maintenir la relation en faisant attention à l'autre,
00:42:59 et en évitant justement de mettre ses pantoufles,
00:43:02 pour parler tout à l'heure de ce que disait Alain Héril en début d'émission,
00:43:05 mais je pense qu'il faut lâcher pas mal de choses,
00:43:10 si on a envie d'aimer, si on a envie de rencontrer l'amour.
00:43:14 Et c'est justement cette difficulté de lâcher, parce qu'on a peur,
00:43:18 parce que quand on aime vraiment et que l'autre nous quitte,
00:43:21 ça fait très très mal.
00:43:24 Du coup on croit qu'il y a des solutions, qu'il y a des recettes pour être aimé,
00:43:30 pour aimer, moi je pense que c'est quelque chose de beaucoup plus subtil.
00:43:35 Alors ça c'est mon avis, c'est peut-être pas le vôtre,
00:43:37 Garance vous nous direz ce que vous en pensez, de toute façon après les infos.
00:43:41 Mais je crois que c'est vraiment important tout ça.
00:43:45 Et alors Alain Héril, j'ai trouvé une devinette,
00:43:48 elle me semble tout à fait faite pour vous et faite pour l'émission d'aujourd'hui.
00:43:53 Alors je sais pas, vous allez me dire ce que vous en pensez,
00:43:56 ce sera après les infos et puis j'espère que vous trouverez la réponse.
00:43:59 Quand est-ce qu'une jeune fille devient femme, Alain Héril ?
00:44:03 Quand est-ce qu'elle devient femme, la jeune fille ?
00:44:05 La réponse de Garance aussi à ce que je viens de dire,
00:44:08 ce sera tout de suite après les infos.
00:44:10 Et nous passons une excellente après-midi avec vous Alain Héril.
00:44:16 Merci d'être avec nous, sexothérapeute.
00:44:18 Vous avez beaucoup écrit, vous avez beaucoup parlé du désir féminin
00:44:22 et on essaye ensemble d'en parler avec vous sur Sud Radio 0826 300 300.
00:44:28 Pour l'instant on parle peut-être plutôt d'amour, mais pourquoi pas,
00:44:31 parce que finalement rien de mieux que l'amour pour avoir envie l'un de l'autre.
00:44:36 Alors la devinette d'abord, avant de retrouver Garance.
00:44:40 Quand est-ce qu'une jeune fille devient femme, Alain Héril ?
00:44:46 Je suppose qu'il doit y avoir une blague ou un jeu de mots.
00:44:51 Moi je vais faire une réponse toute bête.
00:44:53 C'est au moment de l'arrivée des premières règles
00:44:55 ou quand la jeune fille apprend à dire non à ses parents.
00:44:58 Mais je suppose qu'il doit y avoir une autre réponse
00:45:01 beaucoup plus subtile et plus drôle que la mienne.
00:45:03 C'est quand elle cesse de chercher l'homme idéal qu'elle devient femme.
00:45:09 Et c'est pour ça qu'il y a beaucoup de femmes qui restent des jeunes filles
00:45:13 parce qu'elles continuent à chercher l'homme idéal.
00:45:15 Bonjour.
00:45:16 Je suis d'accord.
00:45:17 Vous êtes d'accord. Je savais que ça vous plairait.
00:45:19 Je savais qu'elle vous plairait.
00:45:20 Garance, qu'est-ce que vous pensez de ce qu'on a dit de l'amour juste avant les infos ?
00:45:25 Alors j'ai trouvé ça très intéressant le lien des parents.
00:45:32 Mais quand on est dans un rapport avec des parents qui ont un amour réel pour les enfants,
00:45:44 quand c'est un amour qui est un peu plus toxique,
00:45:47 c'est vrai qu'on ne se construit pas sur les mêmes bases.
00:45:49 Et quand bien même ce rapport qu'Alain Héril a évoqué sur le fait qu'il y a de l'amour pour ses enfants
00:45:59 mais qu'en même temps il y a des limites posées,
00:46:01 oui, c'est un juste milieu à trouver.
00:46:04 J'estime avoir trouvé moi avec mes propres enfants mais que je n'ai pas reçu moi de mes parents.
00:46:10 Et les repères que j'ai eu de l'amour par rapport dans la petite enfance,
00:46:16 ce n'était pas du tout cela.
00:46:18 Et c'est ce qui m'a conduit à aérer parce que c'est un petit peu ça
00:46:23 quand on ne sait pas trop comment se naviguer dans tout cela
00:46:27 parce qu'on n'a pas eu les bons repères.
00:46:30 Oui, mais vous voyez, j'entends bien Garance,
00:46:34 et c'est vrai que c'est plus compliqué quand on n'a pas eu la chance d'avoir un amour sécurisant dans son enfance.
00:46:39 Mais vous voyez, vous avez voulu donner à vos partenaires beaucoup de choses pour être aimé,
00:46:45 mais quelque part c'était une sorte de réparation,
00:46:49 c'est-à-dire qu'en tant qu'enfant, vous avez certainement voulu donner beaucoup pour que vos parents vous aiment.
00:46:54 Et c'est en cela qu'à un moment donné, il faut devenir adulte.
00:46:58 Le passé c'est le passé, on ne le refait pas.
00:47:01 Ah non, mais j'en suis totalement consciente.
00:47:05 Et d'ailleurs ce n'est pas des partenaires, c'est un partenaire.
00:47:09 Parce que pour pouvoir fuir cette famille toxique,
00:47:12 je me suis engagée avec le premier qui a bien voulu de moi
00:47:17 et qui m'a fait passer, tenter plus.
00:47:21 Et malgré tout j'ai accepté parce que c'était le prix à payer pour pouvoir m'échapper de cette famille-là.
00:47:27 Et la séparation c'est moi qui en suis à l'initiative,
00:47:31 parce que j'étais justement dans cette volonté de désir, d'affirmer enfin mon désir.
00:47:37 Donc je ne suis pas du tout dans cette position de petite fille qui est...
00:47:42 Non, non, je sais bien que tu ne le sais pas.
00:47:45 Mais c'est un chemin que je construis tout doucement,
00:47:49 et où je me reconstruis finalement.
00:47:54 Voilà, donc c'est...
00:47:57 Bien sûr, mais ça a été...
00:47:59 Enfin je veux dire, on le sait Anna et Ryl dans les premiers temps,
00:48:03 nos relations amoureuses elles sont de la répétition, on le sait tous.
00:48:09 Mais c'est parce qu'on va prendre conscience que c'est de la répétition
00:48:13 qu'on va pouvoir faire évoluer les choses.
00:48:16 Oui, oui, oui, et puis il y a de la répétition,
00:48:19 il y a une recherche de réparation qui me paraît quand même relativement naturelle.
00:48:24 Quand on n'a pas reçu suffisamment d'amour dans l'enfance et dans l'adolescence,
00:48:29 on va le demander à la relation amoureuse.
00:48:32 Mais ça rejoint ce qu'on disait au début de cette émission Brigitte,
00:48:36 c'est que tout ça, ça demande du temps, du temps pour maturer,
00:48:40 pour comprendre, pour saisir, et pour trouver sa propre autonomie
00:48:43 par rapport au désir et par rapport à l'amour.
00:48:46 Et c'est l'aventure de tout un chacun.
00:48:50 Mais c'est comment sortir d'une relation amoureuse,
00:48:53 et dans laquelle il y a de la sexualité présente,
00:48:56 qui ne soit pas une demande de réparation.
00:48:59 On n'est pas là à demander à l'autre "répare-moi des blessures de mon enfant".
00:49:04 Parce que l'autre, le compagnon à la compagne, n'est pas notre thérapeute,
00:49:08 n'est pas nos médecins, n'est pas notre infirmière.
00:49:11 Et ça demande du temps pour arriver à comprendre ça
00:49:13 et pour être autonome dans son désir, dans son amour et dans sa relation.
00:49:17 Exactement, vous l'avez dit avec des meilleurs mots que moi Alain-Érile,
00:49:20 mais je crois que c'est vraiment ça que vous entendiez Garence.
00:49:23 C'est-à-dire qu'il ne faut rien attendre de l'autre,
00:49:25 si ce n'est justement un amour, du plaisir et de la joie qu'on peut passer ensemble.
00:49:33 Justement, c'est bien là ma difficulté,
00:49:35 c'est que je suis arrivée à un tel seuil de me dire qu'on ne doit rien attendre de l'autre,
00:49:39 que je me dis "mais je n'ai rien à attendre de personne".
00:49:42 Et donc comme je n'ai rien à attendre de personne, finalement...
00:49:45 Oui mais attention, attention, mais Garence, vous confondez
00:49:49 ne rien attendre de l'autre et ne pas avoir besoin de l'autre.
00:49:53 Ce n'est pas la même chose.
00:49:56 Ce n'est pas parce qu'on n'attend rien de l'autre qu'on n'en a pas besoin, voyez.
00:50:01 Justement, cette notion de besoin me dérange
00:50:06 parce que j'ai eu l'impression d'être utilisée toujours,
00:50:09 d'être uniquement pour servir et répondre aux besoins des autres.
00:50:12 Et donc je ne veux pas que les autres puissent répondre à mes propres besoins.
00:50:16 Vous voyez, c'est...
00:50:17 Non mais quand je parle de...
00:50:19 Le mot "besoin" est peut-être pris trop, vous le prenez trop au pied de la lettre.
00:50:23 On a besoin de manger, mais c'est mieux si on mange des choses agréables
00:50:28 et qui nous font du bien pour notre santé.
00:50:30 C'est pareil avec les relations...
00:50:32 Hier, j'évoquais les relations écologiques.
00:50:36 Eh bien, c'est pareil, il faut être dans des relations qui nous font du bien
00:50:40 et qui sont agréables.
00:50:42 Sinon, en effet, il vaut mieux ne pas les avoir.
00:50:45 Mais ne rien attendre des autres, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas profiter des autres.
00:50:53 Enfin, je ne sais pas.
00:50:54 Alain Héril, venez à mon secours.
00:50:56 Je te dis, que les garants se comprennent bien.
00:51:00 Oui, oui, c'est dire que...
00:51:03 En fait, je pense que...
00:51:06 Si je reviens très rapidement au début de notre vie,
00:51:09 nous sommes tous des êtres dépendants, nous naissons dépendants.
00:51:12 Et la question de la dépendance, elle est fondamentalement inscrite en nous.
00:51:16 Mais être dépendant de l'autre, avoir besoin de l'autre,
00:51:19 ce n'est pas lui donner les clés de notre existence.
00:51:24 C'est juste avoir besoin de s'appuyer sur lui comme lui s'appuie sur nous.
00:51:27 Mais en même temps, ne pas trop attendre de lui,
00:51:30 ne pas lui demander ce que nous avons à fabriquer nous-mêmes
00:51:35 et ne pas demander à l'autre de faire le travail sur nous que nous devrions faire nous-mêmes.
00:51:39 Donc, il y a un double mouvement là encore.
00:51:42 C'est "j'ai besoin de toi fondamentalement, mais je n'attends rien de toi".
00:51:47 Et il me semble que ça, c'est une base pour construire un amour qui soit équilibré.
00:51:51 De même qu'il ne faut pas donner à l'autre ce qu'on aimerait recevoir.
00:51:55 Exactement.
00:51:58 Oui, la formule que vous venez de donner Alain est tout à fait bien.
00:52:02 En effet, on a besoin de l'autre, mais on n'attend rien,
00:52:07 on n'en attend rien qui soit indispensable.
00:52:10 C'est à nous-mêmes de nous apporter ce dont on a réellement besoin.
00:52:16 Ça vous parle mieux comme ça, Darrence ?
00:52:18 Oui, oui, c'est exactement la dynamique dans laquelle je me suis inscrite ces dernières années.
00:52:23 Parce que ça fait 4 ans que j'ai subi une stéreotomie totale.
00:52:29 Et qui m'a fait quand même...
00:52:33 Voilà, ce n'est pas rien pour le moment.
00:52:36 Bien sûr.
00:52:38 Et donc, non, je n'attends plus rien, au point que j'ai déménagé,
00:52:46 je n'ai demandé rien à personne.
00:52:48 Je me suis dit, si avancer dans une vie d'adulte, c'est être totalement autonome,
00:52:55 soyons autonome et j'avance.
00:52:58 Et Emilia, qui avait une auditrice aussi, qui avait ce même comportement-là,
00:53:02 de se dire, finalement, ok, je me suis fiée à moi-même.
00:53:07 Alors peut-être que c'est un leurre pour éviter de souffrir.
00:53:12 Oui, mais ce qui m'ennuie dans ce terme d'être totalement autonome,
00:53:17 c'est qu'on finit par plus avoir envie de demander de l'aide,
00:53:21 alors que demander de l'aide, c'est aussi une preuve d'amour.
00:53:24 C'est pour ça, je crois, qu'il y a du bonheur.
00:53:27 Oui, je pense que c'est parce que moi j'en ai demandé,
00:53:30 et que ma demande d'aide a été vraiment très très mal reçue.
00:53:34 Et que c'est venu se rajouter à mon parcours.
00:53:37 Et que je me suis dit, décidément, tu ne fais pas partie de ces gens
00:53:40 que l'on aidera et à qui on tendra la main.
00:53:43 Et à plusieurs moments de mon existence, j'ai demandé de l'aide.
00:53:49 Et je pense qu'il y a peut-être quelque chose aussi dans ma façon.
00:53:53 Je ne dis pas que c'est que la faute des autres.
00:53:55 Non, non, je comprends bien.
00:53:57 Il y a peut-être ma façon de formuler ma demande d'aide
00:53:59 qui peut être très maladroite ou très mal perçue.
00:54:02 Ou peut-être que l'on a l'impression que je vais demander plus
00:54:04 que ce que je demande réellement, je ne sais pas.
00:54:06 Mais si ce n'est que ce retour qui a été systématiquement repoussé,
00:54:11 que je me suis dit, peut-être que mon chemin de vie à moi
00:54:14 est de faire sans demander de l'aide.
00:54:16 Non, je pense tout simplement que l'aide que vous avez demandé
00:54:19 auprès de ces personnes-là ne sont pas des bonnes personnes pour vous.
00:54:22 Et vous avez eu raison à ce moment-là de les mettre de côté.
00:54:27 Mais restez ouvertes et puis vous allez visiblement avancer sur vous.
00:54:31 Et vous allez rencontrer les personnes avec qui vous pourrez partager du temps.
00:54:37 Soyez confiantes.
00:54:39 Il me semble garant que l'autonomie ne peut pas se construire en réactivité
00:54:50 ou par dépit.
00:54:52 J'ai presque l'impression que vous cherchez l'autonomie
00:54:55 parce que, en réaction avec ce que vous avez vécu avant,
00:54:59 c'est comment faire en sorte d'être autonome de manière active,
00:55:02 constructive, tout en continuant à tendre la main
00:55:07 si vous avez besoin que celle-ci soit prise.
00:55:09 C'est là que se trouve le pari.
00:55:12 Et c'est comme ça aussi qu'on rencontre les autres
00:55:16 et qu'on se rencontre soi-même, il me semble.
00:55:18 En tout cas, merci de votre témoignage.
00:55:21 Parce que je crois que ce qu'on a échangé avec vous, Garance,
00:55:24 ça va aider beaucoup de gens qui écoutent.
00:55:26 Parce que finalement, c'est la vraie grande question de l'amour,
00:55:30 de la relation aux autres qu'on vient d'essayer d'expliquer.
00:55:35 Et c'est vrai que ce n'est pas simple.
00:55:37 Non, non, mais je vous remercie.
00:55:39 Parce que le fait de participer à l'émission,
00:55:42 c'est aussi une demande d'aide qui est accueillie.
00:55:45 Et donc, je vous en remercie, en tout cas.
00:55:48 Et bien voilà, on se fait du bien, on se remercie mutuellement.
00:55:52 Et ça, c'est aussi de l'amour. Merci, Garance.
00:55:55 Allez, on fait une petite pause et on va revenir avec Delphine
00:55:58 qui sera avec nous sur Suedradio.
00:55:59 Vous avez envie de réagir sur l'amour, sur la sexualité,
00:56:03 sur le désir féminin. Vous nous appelez au 0 826 300 300.
00:56:07 A tout de suite.
00:56:08 Avec Alain Héril, sexothérapeute, nous évoquons la sexualité féminine,
00:56:14 le désir féminin. Et Delphine revient sur ce sujet.
00:56:18 Bonjour Delphine, merci d'être avec nous.
00:56:20 Bonjour Alain, merci de recevoir mon témoignage
00:56:24 et mes questions sur le désir féminin.
00:56:28 Parce que pour moi, il reste encore assez complexe,
00:56:35 assez complexe sur quelle femme désirable je peux être
00:56:40 et désirante. J'en suis encore loin, je pense.
00:56:44 Ou tout du moins, ça a été très bousculé.
00:56:47 Vous avez quel âge, Delphine ?
00:56:49 J'ai 47 ans. J'ai 47 ans.
00:56:53 Un parcours un peu chaotique au niveau du désir.
00:56:59 Une jeune fille qui commence une sexualité avec pas mal d'envie et de plaisir.
00:57:08 Et puis aux alentours des 17 ans.
00:57:11 Et puis à 18 ans, une belle surprise, je deviens maman.
00:57:20 Évidemment pas forcément planifiée, mais bien acceptée par moi,
00:57:27 mais pas par tout le monde.
00:57:29 Et une belle maman, même si on n'avait pas de lien juridique
00:57:35 ou quoi que ce soit à l'époque,
00:57:38 mais qui vient me traiter de salope à ce sujet-là.
00:57:43 Quand elle apprend ma grossesse et mon souhait de ne pas y mettre terme.
00:57:48 C'était donc la mère du papa ?
00:57:51 Voilà, tout à fait.
00:57:55 Avec ça, j'ai un papa qui a eu un regard vis-à-vis des femmes
00:58:04 toujours très, très, très ambiguë.
00:58:07 Arrosé de... toujours ce mot, parce qu'en fait,
00:58:11 en réfléchissant à mon passage sur l'émission,
00:58:15 parce que je souhaitais intervenir et vous poser des questions,
00:58:19 j'ai ce mot "salope" qui revient de façon récurrente chez moi
00:58:24 avec cette peur farouche d'être une salope
00:58:28 et qui verrouille souvent mon désir.
00:58:35 Donc j'ai essayé de reconstituer les fois où je l'avais croisée.
00:58:39 C'est surtout votre excitation que ça doit verrouiller,
00:58:42 vous devez avoir du désir et puis vous devez le bloquer
00:58:45 au moment où l'excitation peut arriver,
00:58:47 parce que justement, à ce moment-là, on est une salope.
00:58:50 Tout à fait. C'est tout à fait ça.
00:58:53 C'est tout à fait ça.
00:58:55 Et c'est même plus que ça, c'est est-ce que j'ai le droit
00:58:59 de réfléchir comme ça, d'avoir ces pensées-là, d'avoir ces idées-là,
00:59:05 d'avoir ces comportements-là.
00:59:07 Donc du coup, j'ai rencontré mon mari, j'ai retrouvé mon mari.
00:59:16 J'ai mis beaucoup d'enjeux, donc évidemment beaucoup de contraintes,
00:59:21 parce que mon contexte de jeune maman, je m'imaginais
00:59:26 qu'être maman à 18 ans, ça ne permettrait pas de retrouver
00:59:32 un homme aussi facilement que ça, un jeune homme qui veuille de moi.
00:59:36 Donc le mari, ce n'est pas le père de votre enfant que vous avez eu.
00:59:39 Non.
00:59:40 Non, non, non, tout à fait. Du premier enfant.
00:59:43 Mais excusez-moi, je vous coupe Delphine, parce que vous avez déjà dit
00:59:46 beaucoup de choses intéressantes et j'aimerais bien justement
00:59:48 qu'Alain Hérille commente un peu tout ce que vous avez dit déjà.
00:59:52 Oui, parce que je trouve que dans ce que vous posez Delphine,
00:59:58 il y a vraiment quelque chose qui est de l'ordre des étapes de vie,
01:00:04 ce que vous vivez, comment vous le traversez, qu'est-ce que vous en apprenez
01:00:08 et comment vous vous construisez un peu contre l'environnement.
01:00:13 C'est-à-dire que vous posiez la question effectivement par rapport aux termes salopes
01:00:21 et je trouve que la réponse de Brigitte était tout à fait juste.
01:00:26 Il y a un philosophe qui s'appelait Michel Foucault qui parlait du discours en retour
01:00:31 et lui disait des fois les insultes qu'on nous fait, c'est bien de les reprendre
01:00:35 à notre compte et de les renvoyer aux autres.
01:00:37 Et donc oui, c'est comment vous pouvez dire, vous dites que je suis une salope,
01:00:43 oui, oui, j'en suis une et je vais vous le prouver que je le suis à ma mesure
01:00:47 et même à ma démesure. Et je trouve que là, il y a une position de fierté
01:00:53 qui fait que vous ne vous écroulez pas sous l'insulte de l'autre
01:00:58 et vous faites de cette insulte une dynamique.
01:01:01 Et je pense que c'est important d'avoir ce point de vue-là
01:01:05 parce que ça vous donne beaucoup d'énergie et ça vous permet d'être plus proche
01:01:10 de votre désir aussi.
01:01:12 Alors j'ai essayé, j'ai peut-être pas fait l'intégralité du chemin,
01:01:20 mais j'ai essayé d'être dans ce combat-là, de prouver que je pouvais être
01:01:27 ce que j'avais envie d'être avec mon désir, en me battant contre tous les préjugés
01:01:34 et toutes les images que j'avais eues précédemment.
01:01:37 Mais j'ai malheureusement mon mari qui est venu réappuyer sur le bouton
01:01:41 assez lourdement, puisque je l'ai découvert à aller visionner d'autres salopes
01:01:53 et à avoir des relations virtuelles avec d'autres salopes.
01:02:02 Et là, ça m'a complètement joué.
01:02:06 Et pourquoi justement Delphine ? Excusez-moi, je vais être exprès provocante.
01:02:12 Parce que ça vous a prouvé que vous n'étiez pas assez salope,
01:02:15 puisqu'il avait besoin d'aller en voir d'autres ?
01:02:17 Oui, c'est vrai, c'est quelque chose à perdre là.
01:02:20 Ou alors vous l'aviez choisi ?
01:02:25 C'est que mon combat n'était pas assez costaud.
01:02:27 Et donc ça vous a évidemment brisé dans votre estime de vous-même ?
01:02:34 Ah oui, complètement.
01:02:38 Et pourtant, c'était que de manière virtuelle, si j'ai bien compris ?
01:02:44 Oui, mais ça a été sur des phases qui étaient dures pour moi.
01:02:48 C'était des moments où j'étais faible en fait.
01:02:51 Et donc, j'espère que...
01:02:58 Vous êtes toujours avec lui ?
01:03:00 Oui, on a compris qu'il y avait aussi une part d'addiction chez lui.
01:03:07 C'est une façon de se soigner.
01:03:10 Donc c'est pas de votre faute ? S'il était addict, c'est pas de votre faute ?
01:03:14 Non, il n'y a pas que moi, mais c'est lui qui m'a appuyée sur le bouton de façon virulente.
01:03:20 J'entends bien, mais c'est important que vous entendiez que c'est pas de votre faute.
01:03:24 C'est lui qui a besoin pour se prouver je ne sais quoi,
01:03:27 mais c'est son histoire, c'est pas la vôtre.
01:03:29 Et c'est ça qui est important quand même à un moment donné à entendre,
01:03:32 pour que vous puissiez vous en sortir.
01:03:35 Delphine, restez avec nous, Alain Héril va réagir à ce que je viens de dire.
01:03:39 Je pense que c'est important que vous puissiez bien comprendre ça tout de suite.
01:03:42 Toujours en compagnie d'Alain Héril, sexothérapeute,
01:03:48 nous parlons du désir féminin avec Delphine qui est avec nous.
01:03:52 Delphine, on entend bien que quelque part vous êtes une femme désirante,
01:03:58 enfin du moins c'est l'impression que j'ai moi en vous entendant,
01:04:01 mais que cette blessure de votre père, de votre belle-mère
01:04:07 et peut-être aussi de ce mari bloque un peu votre désir.
01:04:14 Alain Héril, qu'est-ce que vous avez envie de dire par rapport à l'échange qu'on a eu juste avant la pause ?
01:04:20 C'est-à-dire que Delphine tout à l'heure, elle disait
01:04:25 que par rapport au fait que son mari est allé chercher d'autres salopes dans les relations virtuelles,
01:04:31 qu'elle avait sans aucun doute sa part à l'intérieur de ça.
01:04:34 Moi je trouve qu'il faut envisager aussi le fait qu'elle n'a aucune part là-dedans
01:04:40 et que ça raconte quelque chose qui est plutôt de l'ordre d'une recherche de confirmation de virilité,
01:04:47 d'affirmation de sa masculinité de la part de son compagnon
01:04:52 et qu'être en couple, souvent c'est deux névroses qui cohabitent l'une avec l'autre
01:04:58 et qu'on n'est pas responsable de la névrose de l'autre comme il n'est pas responsable de la nôtre.
01:05:04 Et que ça, c'est chaque histoire qui se télescope
01:05:10 et que c'est important d'arriver à prendre du recul et de ne pas se sentir continuellement coupable
01:05:16 de ce qui se passe chez l'autre.
01:05:19 Je pense que là, moi je prêche pour ma paroisse,
01:05:22 mais c'est important de faire un travail sur soi pour justement se débarrasser de toutes ces scories
01:05:29 qui handicapent un petit peu la relation.
01:05:33 Donc il n'y a pas forcément de culpabilité chez vous Delphine, je crois que ce qui est important
01:05:39 c'est d'arriver à construire votre rapport au désir aussi de manière indépendante
01:05:46 sans qu'il soit continuellement en référence avec l'autre
01:05:49 et sans attendre continuellement que l'autre vous confirme que votre désir il existe.
01:05:54 Parce que sinon, vous allez rentrer dans un espèce d'état de dépendance
01:05:59 qui ne sera peut-être pas forcément le meilleur pour vous.
01:06:03 Oui Delphine, allez-y.
01:06:06 Oui, oui, oui, j'entends bien, je suis sur cette réflexion là,
01:06:13 sur me dire jusqu'où je m'autorise à pouvoir désirer un homme
01:06:21 et voir d'autres hommes que mon mari.
01:06:25 Parce que là aujourd'hui, je suis perdue avec ça.
01:06:31 Je suis perdue avec mon délire.
01:06:34 Et si vous vous posiez la question autrement, qu'est-ce qui vous en empêche au fond ?
01:06:38 Parce que là vous dites qu'est-ce qui m'autoriserait,
01:06:40 et moi je vous pose la question autrement, qu'est-ce qui vous en empêcherait ?
01:06:43 De toujours passer pour une... c'est toujours cette notion de salope en fait.
01:06:48 Mais puisque vous en êtes une...
01:06:53 Je crois que je ne m'autorise pas à l'être assez.
01:06:57 Vous voyez bien que c'est une histoire de vous par rapport à vous.
01:07:00 Vous avez entendu ce que Alain et Ryl vous a dit tout à l'heure ?
01:07:05 Donc libérez-vous quoi en d'autres termes ?
01:07:10 Libérez-vous ?
01:07:12 Réussir à trouver mes clés pour me libérer.
01:07:17 Mais vous savez Delphine, le problème souvent, c'est qu'on veut tout de suite être...
01:07:24 Allez, restons sur la salope. On veut tout de suite être une salope.
01:07:27 Non, il ne faut pas tout de suite vouloir être une salope.
01:07:29 Commencer par un petit escalier et puis en faire un plus grand escalier.
01:07:34 Allez habiller un petit peu plus sexy à une soirée libertine.
01:07:41 Et voyez finalement ce que ça provoque, les regards admiratifs qu'on va avoir sur vous.
01:07:46 Et là vous serez fière d'être une salope. Par exemple.
01:07:49 Faites des petites choses qui vont vous permettre de prendre de l'assurance,
01:07:55 de vous autoriser à... et ensuite vous pourrez faire le grand saut.
01:07:58 Mais si vous voulez faire tout de suite le grand saut, ce n'est pas possible.
01:08:01 Oui, je comprends bien. Il faut commencer par monter la première marche avant de vouloir arriver...
01:08:07 Je l'entends bien.
01:08:11 Vous êtes d'accord à la ville j'imagine.
01:08:13 Oui, être une salope ça s'apprend.
01:08:16 Et puis vous savez Delphine, être en lien avec votre désir,
01:08:22 ce n'est pas obligatoirement coucher avec d'autres hommes que votre compagnon,
01:08:26 mais c'est de se donner la possibilité d'envisager ça.
01:08:31 Parce que le fantasme aussi il est important.
01:08:34 C'est de se donner la possibilité de fantasmer par rapport à ce que vous dit Brigitte.
01:08:38 C'est de rentrer dans un monde de sensations physiques réelles
01:08:42 où vous ressentez effectivement la joie qu'il y a à être cette femme-là.
01:08:47 Donc ça vous appartient, c'est dans votre corps que ça se passe et pas dans le corps de l'autre.
01:08:52 Et il me semble que c'est important de vous offrir ces vibrations-là.
01:08:58 Mais ce n'est pas obligatoirement coucher avec le premier venu.
01:09:02 Ce n'est pas aussi simple et aussi rapide que ça.
01:09:07 C'est juste expérimenter la vibration de la salope qu'il y a à l'intérieur de vous
01:09:12 et de la laisser exister dans votre corps.
01:09:15 Alors voilà le love conseil que je vous donne Delphine.
01:09:18 Vous faites comme Marlène Schiappa, vous acceptez de faire des photos un tout petit peu plus sexy.
01:09:24 Vous faites ça avec un photographe ou avec un ami, qu'importe.
01:09:29 Et déjà vous jouez à être une salope pour des photos.
01:09:32 Ça va être le premier pas.
01:09:35 Oui, oui, ça c'est facile.
01:09:38 Et puis si vous...
01:09:40 A dire comme ça après...
01:09:42 Le photographe, ça doit pas être si facile.
01:09:45 Non, non, mais je vous assure, sincèrement, faites-moi plaisir, faites-le.
01:09:49 Vous m'envoyez une photo, promis, je ne la diffuserai pas.
01:09:52 Et puis ça sera un premier exercice et vous verrez ce qui se passe en vous.
01:09:56 Mais au moins vous aurez fait un pas. D'accord ?
01:09:59 Oui, oui, ok. Je tente l'expérience.
01:10:02 Super, merci Delphine. Merci beaucoup.
01:10:05 Merci Brigitte.
01:10:07 On continue avec Sarah qui est avec nous. Bonjour Sarah.
01:10:10 Bonjour Brigitte, bonjour Alain.
01:10:13 Bonjour Sarah.
01:10:15 On vous écoute. Votre désir, alors ?
01:10:18 J'ai plein de désirs, j'ai plein d'envie, mais on n'est pas sur la même longueur d'onde avec mon mari.
01:10:26 Ah ah. Et vous êtes ensemble depuis combien de temps ?
01:10:30 22 ans.
01:10:33 22 ans. Alors est-ce que c'est vous qui avez évolué ou est-ce que c'était un mauvais choix du départ ?
01:10:38 Je pense que c'est un mauvais choix du départ.
01:10:46 Mais je ne pourrais pas le savoir parce que...
01:10:49 Mais non, bien sûr que non.
01:10:51 En fait, ça a été mon premier au niveau sexuel et je n'en ai pas eu d'autres.
01:10:57 D'accord, oui. Et quand vous avez rencontré cet homme, vous étiez une jeune fille j'imagine ?
01:11:05 Oui.
01:11:06 Une jeune fille de 22 ans.
01:11:09 De 22 ans, d'accord. Et donc vous n'étiez absolument pas consciente du désir qui sommeillait en vous ?
01:11:18 Non, du tout. D'ailleurs, ma première fois m'a semblé, même la deuxième, m'a semblé...
01:11:27 Ce n'est pas intéressant, je n'ai pas ressenti les choses...
01:11:34 Oui, oui, vous êtes d'accord.
01:11:36 Je n'ai pas ressenti de... Enfin, je me suis dit, j'ai attendu 24 ans parce que j'ai perdu ma virginité à 24 ans
01:11:44 et j'ai eu tout ça pour ça en fait et j'étais déçue.
01:11:48 Et j'ai eu mon premier orgasme après la naissance de ma deuxième fille en fait.
01:11:55 Ce qui est assez fréquent aussi Alain Héril, pour les femmes.
01:12:00 Oui, oui, c'est assez fréquent que les femmes ont ce que j'appellerais de réels orgasmes après 30 ans, voire 35.
01:12:14 Parce qu'avant il y a des sensations qui sont fortes mais il y a un lâcher prise total qui ne se fait pas,
01:12:22 on ne se donne pas le droit de le faire, pas la possibilité.
01:12:25 Mais souvent l'entrée vraiment dans une sensation orgasmique forte, elle arrive après la trentaine.
01:12:33 Statistiquement, là encore, on le retrouve de manière assez nette.
01:12:37 Tout à fait, ça, vers 30 ans.
01:12:40 Et puis cette plénitude d'être mère, d'être femme à part entière, Sarah,
01:12:47 c'est aussi quelque chose qui débloque quelque chose dans l'esprit et donc dans le corps.
01:12:55 Et alors votre partenaire, votre mari, vous diriez aujourd'hui qu'il n'a pas beaucoup de besoins sexuels,
01:13:05 qu'il est assez éloigné de la sexualité ou que tout simplement il ne fait pas ce que vous avez envie qu'il vous fasse ?
01:13:11 C'est un petit peu plus compliqué.
01:13:15 Il m'a mis dans une espèce de statut où je ne suis là que la mère.
01:13:20 Et donc il a prétendu depuis toutes ces années qu'il n'avait pas forcément plus d'envie.
01:13:30 Et donc il dit qu'il y a des sentiments, mais qu'il n'y a pas l'envie pour venir vers moi.
01:13:41 Et alors d'après mon entourage, apparemment, je le vois même au niveau des regards des hommes,
01:13:50 je suscite l'envie puisqu'on vient vers moi et on me sollicite.
01:13:55 Et je n'ai pas ce regard-là sur mon mari.
01:13:58 Même en lui disant, en discutant, parce qu'avant je n'aurais pas pu, mais là j'ai 47 ans,
01:14:05 et maintenant j'arrive à m'exprimer verbalement en lui disant mes attentes, ce que j'aime, ce que je n'aime pas,
01:14:11 ce que je ne veux plus faire ou ce que j'aimerais faire.
01:14:15 J'ai l'impression de parler à une passoire.
01:14:19 C'est-à-dire qu'il n'entend pas ses discours fermés,
01:14:23 alors même, quand on est pendant les vacances,
01:14:29 les fantasmes de le faire sur une plage, dans notre jardin sous l'herbe quand il pleut au mois d'oui out, par exemple,
01:14:38 il n'a accompli aucun des fantasmes.
01:14:43 Ce qui sont pourtant des fantasmes très simples et qui ne mettent pas en danger.
01:14:48 Je crois qu'il faudrait peut-être, je ne sais pas ce que vous en pensez Alain Héril,
01:14:54 mais je pense que Sarah a besoin d'être aidée, il faut un tiers pour qu'il soit obligé d'entendre,
01:15:00 parce que là il ne veut pas entendre, c'est clair.
01:15:04 Oui, parce que je suppose Sarah que vous avez essayé de l'entraîner dans la réalisation de ces fantasmes,
01:15:12 que ça n'a pas été simplement que des paroles, est-ce que vous l'avez emmené sous l'arbre alors que la pluie était en train de tomber ?
01:15:22 Est-ce que vous êtes allé jusqu'à l'entraîner sur ces terrains-là ou pas du tout ?
01:15:30 Alors je l'ai fait après 35 ans, on a fait une thérapie de couple chez un sexologue,
01:15:37 et on m'a conseillé que si j'avais envie, il ne fallait pas que j'attende que mon mari vienne vers moi.
01:15:43 Donc j'ai fait, mais je lui ai dit que c'était bien aussi de son côté,
01:15:51 que je me sens aussi désirer que c'était important pour moi.
01:15:55 Donc lui il a aimé en fait, il a apprécié, mais lui par contre il ne prend pas d'initiative.
01:16:03 Mais il ne refuse pas vos initiatives ?
01:16:07 Non il ne les refuse pas.
01:16:10 Alors un truc qui n'a rien à voir, lui il me dit qu'il m'aime, qu'il a des sentiments,
01:16:17 qu'il ne veut pas, parce qu'on a fait beaucoup de discutes,
01:16:21 on se posait la question si on reste ensemble ou pas,
01:16:24 et il me dit qu'il m'aime, alors là j'en ai discuté avec lui récemment,
01:16:29 et j'en ai discuté avec ma psy, ma psy me dit que quand on aime quelqu'un,
01:16:36 on ne refuse pas les relations sexuelles.
01:16:40 Et lui il refuse, il dit qu'il n'a pas d'envie,
01:16:48 alors on s'est séparés pendant un mois, au mois de février,
01:16:53 on s'est séparés un mois complet, il a fait silence radio,
01:16:56 il n'a aucune nouvelle, au final il est rentré à la maison,
01:17:00 et j'ai fouillé son téléphone, alors de lui même,
01:17:05 il m'a dit qu'il a rencontré trois nanas,
01:17:09 et qu'il y en avait deux qui avaient vraiment envie de coucher avec lui,
01:17:12 mais que ça ne l'intéressait pas.
01:17:15 Mais il faut vraiment qu'il entende que si rien ne bouge de son côté,
01:17:32 vous risquez à un moment donné de partir,
01:17:35 et c'est à lui de choisir, parce que là vous êtes face à une impasse,
01:17:40 lui ne bouge pas, vous avez tout essayé visiblement,
01:17:45 alors quand la thérapeute dit qu'on aime,
01:17:48 elle a raison mais elle a en même temps tort,
01:17:50 parce qu'il y a quelque chose qui bloque chez lui,
01:17:52 parce que vous êtes la mère de ses enfants,
01:17:54 parce que vous avez quand même 22 ans de vie,
01:17:56 avec une sexualité qui n'est pas celle que vous désirez aujourd'hui,
01:18:00 mais il faut qu'il entende bien que si jamais il ne fait rien,
01:18:04 si ça ne bouge pas, vous risquez de le quitter.
01:18:07 Et là, soit il va accepter de faire un travail,
01:18:14 parce que je crois qu'il a besoin d'être aidé pour pouvoir arriver à vous désirer,
01:18:18 soit il ne le fera pas parce que ce sera compliqué pour lui,
01:18:22 et à ce moment-là il risque de vous perdre.
01:18:24 Mais je pense que c'est obligatoire qu'il ait réellement conscience
01:18:28 que votre couple, si rien ne bouge, est en danger.
01:18:32 Je crois qu'on en est là à la Hérile,
01:18:34 c'est plus lui qui a besoin d'aller voir quelqu'un que Sarah.
01:18:37 Oui, parce que j'entends beaucoup de lassitude dans votre voix, Sarah,
01:18:41 et cette lassitude me laisse entendre que vous êtes presque arrivé
01:18:46 au bout d'un processus où vous ne savez plus quoi faire,
01:18:49 et vous êtes un petit peu dans une situation d'échec.
01:18:53 Donc c'est important, si cette lassitude existe, de l'entendre,
01:18:58 et comme vous dit Brigitte, de poser presque un ultimatum,
01:19:02 de dire que ça ne peut plus durer comme ça,
01:19:05 déjà que ça fait un petit moment.
01:19:07 Et oui, c'est à lui de faire un travail pour mobiliser son désir,
01:19:13 et vous voir comme une femme et non pas comme la mère.
01:19:16 Parce que si il vous voit essentiellement dans une fonction maternante,
01:19:20 il y a le vieux système oedipien qui va se mettre en place,
01:19:24 on ne fait pas l'amour avec sa maman,
01:19:26 et donc on ne fait pas l'amour avec vous, et on ne vous désire pas.
01:19:29 Donc c'est important qu'il puisse vous voir comme une femme,
01:19:31 et pour vous voir comme une femme, peut-être qu'il faut qu'il se voit lui comme un homme.
01:19:34 Parce que s'il vous voit comme une mère, ça veut dire qu'il se voit comme un fils.
01:19:38 Et donc il va falloir qu'il apprenne à grandir,
01:19:41 et ça, un travail personnel, ça peut lui être utile.
01:19:45 Bien entendu, c'est bien que vous ayez fait un travail de thérapie de couple,
01:19:49 mais visiblement, il n'a pas été suffisant.
01:19:52 Je crois qu'il faut qu'il creuse son propre sillon à lui pour grandir.
01:19:58 J'ai l'impression que vous me parlez presque d'un ado à côté de vous.
01:20:03 Oui, je crois que c'est vraiment important, Sarah.
01:20:06 Éventuellement, faites-lui écouter notre échange,
01:20:08 ça peut parfois faire bouger les choses,
01:20:10 mais là, je crois que c'est à lui de travailler.
01:20:14 Vous êtes assez lucide sur vous-même et sur votre couple.
01:20:19 Merci beaucoup, Sarah.
01:20:20 Une petite pause, et on va conclure avec Chloé, qui sera avec nous dans un instant.
01:20:24 Brigitta et Sud Radio
01:20:26 Avec Alain Hery, le sexothérapeute.
01:20:29 Je rappelle que votre livre "Désirer autrement"
01:20:32 avec le sous-titre "Voyage au cœur des asexualités"
01:20:36 sortira le 10 mai.
01:20:39 C'est aux éditions Le Duc.
01:20:40 Alors, Chloé, vous semblez avoir fait ce parcours superbe de femme désirée.
01:20:47 Vous êtes devenue femme désirante.
01:20:49 Bonjour.
01:20:50 Bonjour Brigitte, bonjour Alain.
01:20:52 Je me reconnais pas vraiment dans les témoignages précédents.
01:20:55 Je me demande si ce n'est pas lié au fait que je n'ai pas d'enfant.
01:20:59 J'ai toujours un peu mené ma vie avec certaines indépendances et libertés.
01:21:06 Jusqu'à un moment charnière,
01:21:13 j'avais eu des relations de couple qui duraient plusieurs années,
01:21:17 mais qui n'étaient pas basées sur le désir de mon côté.
01:21:20 J'étais beaucoup plus désirée que désirante,
01:21:23 et à un moment, ça ne m'allait pas.
01:21:25 Ce n'est pas équilibré.
01:21:27 Je mettais fin toujours aux relations.
01:21:29 Il y a quelques années, à l'approche de la cinquantaine,
01:21:33 qui a été très bénéfique,
01:21:36 je me suis mise sur un site libertin pendant deux ans.
01:21:39 J'ai trouvé une façon d'exprimer mon désir de façon plutôt ludique
01:21:46 et avec pas mal de distance.
01:21:49 Je trouve que ça fait prendre du recul pour les personnes en couple ou autres qui ne se passent pas.
01:21:54 Après, il faut arriver à franchir le pas.
01:21:56 Mais je me suis découverte joueuse,
01:22:01 cooking dans le sens joueuse,
01:22:04 tout en étant, sans tomber ni dans la vulgarité,
01:22:08 ni dans l'hyperconsommation,
01:22:10 ni dans les choses comme ça,
01:22:12 mais en étant assez maître et libre de mes choix.
01:22:16 - Désirante, je trouve que le terme désirante, c'est tout à fait ça.
01:22:21 C'est-à-dire que quand un homme vous plaisait et suscitait du désir,
01:22:25 vous osiez faire l'amour avec lui ?
01:22:29 - Ou pas, des fois, ça n'arrivait pas.
01:22:32 Mais au moins, aller à une rencontre et voir.
01:22:35 Après, entre le virtuel et la réalité, il y a un grand fossé.
01:22:40 Il faut s'arrêter là.
01:22:42 Mais aussi, j'ai appris,
01:22:47 j'ai découvert que j'aimais beaucoup susciter le désir de l'homme
01:22:52 par des jeux, que ce soit des textos, des photos.
01:22:55 On parlait à une auditrice précédente d'arriver à faire des photos
01:22:59 d'une idée et tout ça, et moi j'en ai fait à deux reprises.
01:23:03 Je suis suffisamment peut-être bien dans mon corps et dans ma tête
01:23:09 pour y être arrivée, mais ce n'est pas un truc, on m'aurait dit ça il y a 10 ans,
01:23:12 je n'aurais même pas envisagé, je pense.
01:23:15 - Mais je trouve, Alain Héril, que c'est une très bonne thérapie
01:23:18 que de se faire photographier très sexy,
01:23:21 d'autant plus si on a du mal à être à l'aise avec son corps.
01:23:24 Et je trouve que votre témoignage, Chloé, correspond exactement
01:23:27 à ce qu'Alain Héril disait en début d'émission.
01:23:29 C'est-à-dire que les femmes, 47-50 ans, c'est le sommet,
01:23:35 et elles peuvent vraiment devenir désirantes.
01:23:39 - Même au-delà de 50, je n'ai pas 50.
01:23:42 Oui, oui, tout à fait, mais ce n'est pas grand-chose à voir avec l'âge.
01:23:47 - Oui, mais par rapport à la photographie, je pense que c'est un bon média thérapeutique
01:23:57 parce qu'il y a plusieurs moments.
01:24:00 Il y a le moment où vous êtes photographié,
01:24:02 et puis il y a le moment où vous regardez les photos.
01:24:04 Et entre les deux, il y a le regard de quelqu'un
01:24:08 et quelqu'un qui va vous regarder comme vous, vous ne pourrez jamais vous regarder.
01:24:13 Et quand ensuite vous voyez les photos, vous voyez que vous êtes effectivement
01:24:16 quelqu'un de désirante, mais aussi quelqu'un de désirable.
01:24:20 Et ce mouvement-là, il est extrêmement édificateur
01:24:25 et extrêmement narcissique également.
01:24:29 Je pense que tout un chacun a besoin de se sentir désiré dans le regard de l'autre
01:24:36 en fonction de circonstances bien précises, bien sûr.
01:24:39 Mais la photo, oui, c'est quelque chose d'extrêmement constructeur.
01:24:44 - Et la photo, il y a plusieurs degrés dans une photo,
01:24:50 plus ou moins d'une idée, des accessoires, des thèmes.
01:24:53 - Oui, j'avais des thèmes en tête, trois thèmes qu'on a mis en place.
01:24:59 Et c'était un côté à la fois sauvage et sexy qui me colle très bien.
01:25:05 Et même s'il n'y avait pas de gros plans,
01:25:08 ce n'était pas un gros plan de chat ou un truc comme ça, ça n'a rien à voir.
01:25:11 On peut faire des photos dans lesquelles on se dévoile beaucoup.
01:25:16 Et pareil avec les hommes, il n'y a pas besoin de l'utilité.
01:25:19 - Bien sûr. Dans ce que vous expliquez, Chloé,
01:25:25 vous maîtrisez la forme, mais vous êtes surprise par le fond.
01:25:29 Et lorsque vous voyez les photos, il y a une surprise.
01:25:33 Mais c'est important que vous maîtrisiez la forme
01:25:36 et que vous soyez dans quelque chose qui correspond à vos fantasmes,
01:25:39 à vos projections et à vos désirs, bien entendu.
01:25:42 - Oui, tout à fait. Je me sens plutôt bien là-dedans.
01:25:50 Et c'est vrai que j'entends des personnes aussi par rapport au mot de "chalope"
01:25:56 qui pour elles était à la fois blessant et qui est assez récurrent dans son histoire.
01:26:02 Et pareil, j'ai appris à le prendre avec distance parce que ça fait partie d'un contexte,
01:26:08 c'est partie d'un jeu, c'est souvent un fantasme masculin d'utiliser ce mot
01:26:13 qui moi ne me choque pas en fait.
01:26:15 Parce qu'on sort de la définition du dictionnaire en fait.
01:26:19 Ça vient, ça s'enfiltre aussi.
01:26:22 Il y a un moment où dans l'acte de séduction, il y a des filtres aux tombes
01:26:27 et il y a des choses qui viennent comme ça auxquelles on ne s'attend pas forcément.
01:26:31 - Oui, mais vous avez raison, il y a même des femmes qui peuvent être excitées
01:26:35 si on les traite de salopes durant l'acte.
01:26:37 Évidemment pas à froid lors d'un dîner mondain, certainement pas.
01:26:41 Mais durant l'acte, ça peut être un mot très excitant,
01:26:44 quoique ça peut aussi être un mot très frigorifique, attention !
01:26:50 Mais oui, c'est toujours pareil, c'est toute la difficulté de la femme Alain Héril.
01:26:58 C'est d'être à la fois bien sous tout rapport, mais de pouvoir dans la sexualité être animal.
01:27:07 - Oui, oui, justement.
01:27:10 - Justement, je me demandais, comme je n'ai pas eu d'enfant,
01:27:14 est-ce que c'est ça aussi qui m'a permis de m'affranchir de beaucoup de rôles,
01:27:18 de mères, de responsabilités variées, d'être un peu plus électron libre comme ça
01:27:26 et d'être curieuse de ça ?
01:27:30 - Personnellement, je pense que ça a dû jouer pour vous, puisque vous en parlez,
01:27:35 mais je ne pense pas qu'on puisse l'universaliser.
01:27:37 Moi, j'ai rencontré des femmes, au contraire, une fois qu'elles avaient franchi la maternité,
01:27:42 comme si elles disaient "bon ben voilà, ça c'est fait",
01:27:44 ensuite ça les libérait complètement d'un point de vue sexuel.
01:27:48 Et puis il y a d'autres femmes qui s'enferment dans une trop grande maternité
01:27:53 et qui perdent la dimension sexuelle.
01:27:56 Je pense que pour vous, ça a joué, effectivement,
01:28:00 mais ça va agir différemment pour les autres femmes.
01:28:04 Je ne pense pas qu'on puisse dire que l'absence d'enfants
01:28:07 entraîne quasiment obligatoirement une sexualité très ouverte.
01:28:12 C'est parfois oui, parfois non.
01:28:16 - Et oui, c'est ce qu'on a vu tout au long de ces deux heures.
01:28:20 Je vous remercie toutes d'avoir témoigné, parce que vos témoignages étaient très différents
01:28:24 et ça peut faire écho à toutes celles qui nous ont écoutés.
01:28:27 Je crois que ça aide les hommes aussi à mieux comprendre ce qu'est une femme désirée ou désirante.
01:28:32 Merci beaucoup, comme toujours Alain et Ryl, de vos réflexions,
01:28:37 toujours terriblement justes. Merci beaucoup.
01:28:40 - Merci Brigitte.
01:28:42 - On vous laisse avec "C'est votre avenir" et demain on sera avec Samuel Doc.
01:28:45 On reviendra sur les blessures d'enfance, justement.
01:28:47 Comment les guérir ? À demain.

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