• il y a 3 mois
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01:00C'est un peu long. Comment tu la trouves? Vraiment.
01:04Tourne, tourne, tourne.
01:06Comment tu me trouves?
01:08Écoute Hélène, je ne voudrais pas...
01:10Il va aimer?
01:11Oui, oui. Je ne voudrais pas te faire de peine, mais c'est inutile de se donner tout ce mal.
01:16Tu sais, après 15 jours à vivre comme des sauvages en Ardèche,
01:20ils vont nous sauter dessus comme toi sur le chocolat.
01:24Oh là là, Pierre en homme des bois, j'aurais tout connu.
01:29Ils aiment ça, ce genre de virée entre hommes, sans confort, sans femme.
01:34Oh, sans femme, sans femme, ça je ne sais pas, mais en tout cas, sans salle de bain.
01:38Et le pire, c'est que Georges se croit toujours obligé de me sauter dessus avant de se précipiter sur la douche.
01:44Oh, tu sais, les hommes ont toujours eu la manie d'inverser les priorités.
01:48Oh, il est voilà, le voilà.
01:50Non, assieds-toi, assieds-toi, je t'en prie.
01:55Pierre, tu as une mine superbe.
01:57Georges, comme tu m'as manqué.
02:00Qu'est-ce qu'il se passe encore là-dedans?
02:02Oh, Rose, c'était vous.
02:05Comment ça, que moi?
02:06Non, excusez-nous, Rose, mais on croyait que c'était nos maris.
02:10Oh, vous savez, 15 jours sans Georges, c'est long.
02:13Et puis, la maison paraît vide.
02:16Oui, surtout, elle est moins en désordre.
02:21Rose, comment vous me trouvez?
02:25Et moi?
02:26Oh, assieds-toi.
02:30On dirait deux gros chats qui attendent leur souris préférée.
02:37Oh, cette fois-ci, je les entends.
02:40J'en suis sûre.
02:41Alors, tu la trouves jolie, hein?
02:43Moi, je la trouve parfaite pour le retour du mari prodigue.
02:47Hélène, attends, un peu de dignité, enfin.
02:50Il ne faut pas leur montrer qu'on les attendait avec impatience.
02:53Parce qu'après, je les connais, ils en profitent.
02:55Non, non, il faut avoir l'air un peu lointaine, tu vois, comme ça.
02:59Et là, c'est eux qui viendront nous manger dans la main.
03:05Attention, femmes, les hommes arrivent.
03:10Oh, ma chérie, ma chérie.
03:15Oh, Georges, attention, mon chéri.
03:21Tu t'es regardée?
03:22On dirait, on dirait que tu joues le retour de l'homme sage.
03:25Non, ne te vautre pas ça, mon chéri.
03:27Moi, je me sens un autre homme, en pleine forme.
03:29Enfin débarrassée du vernis de cette civilisation décadente.
03:34C'est vrai, plus proche de ses racines, tu vois.
03:36Oh, Georges.
03:37Un fauve.
03:39Toi, tu en as au moins l'odeur.
03:41Oh, Georges, si tu allais te doucher avant de te vautrer sur moi et sur mon fauteuil.
03:46Oh, ben quoi? C'est de la bonne terre de chez nous, ça.
03:50C'est de la terre non polluée qui nous vient des montagnes de l'Ardèche.
03:54Oh, oui, mais c'est mon lévin que tu es en train de polluer, Georges.
03:58Oh, mon cœur tombe partout. Regarde ma moquette.
04:00Oh, non, écoute, chaque fois que tu reviens, c'est la même chose.
04:03Non, ne me touche pas, ne me touche pas.
04:05Oh, qu'il est sale.
04:09Attends, je vais te montrer. Regarde.
04:11Regarde mon bras.
04:12T'as vu?
04:13Sumé comme un jambon d'Ardèche.
04:15Faillis le faire cramer en faisant retirer un lapin parce que, attention, femmes,
04:18on ne mangeait que ce qu'on chassait.
04:20Oui, mais tant qu'on n'a pas découvert le menu gastronomique du relais des chasseurs,
04:24on n'a pas mangé beaucoup.
04:26Regarde ça.
04:27C'est quoi?
04:28Regarde.
04:29Les épines noires. Elles sont méchantes, les épines noires, elles sont méchantes.
04:34C'était ça, c'était ça ou le sanglier qu'il venait de rater.
04:38Et ça, alors ça, tu vois, c'est du verre de gris que j'ai attrapé
04:41en restant des heures à la fût sous un chêne centenaire.
04:44C'est plutôt un souvenir lâché par un pigeon ramier.
04:48Oui, ben, c'est très amusant vos souvenirs de tranchées, hein?
04:52Mais, Pierre, comment tu me trouves?
04:56Je t'ai manqué.
04:57Oui, oui, énormément, ma petite biche, énormément.
04:59Je suis ravi de te retrouver, hein, toi, petite bête.
05:02Oui, moi aussi, moi aussi, moi aussi.
05:06Moi aussi, mon nounours, mon grizzly des montagnes, oui, oui, oui.
05:11D'accord, d'accord.
05:12Si tu allais gratter toutes tes couches de boue, là, hein,
05:14après, après, on fêterait votre retour
05:16et on ouvrirait notre meilleure bouteille d'air 8.
05:20Bon, eh ben, qu'est-ce que tu veux?
05:22Pierre, c'est fini.
05:23C'est fini, la liberté des hommes des cavernes.
05:26On est retourné sous la loi de la civilisation, la loi des femmes.
05:30Tant pis, qu'est-ce que tu veux? On va se laver.
05:32Oui, dis donc, ça fait la journée à 1456 francs.
05:36C'est du vol planifié, alors 136 francs de péage,
05:39460 francs d'essence et 950 francs pour le déjeuner au petit va-t-elle.
05:43Sans les vins, il y en a eu.
05:46Il y en a eu.
05:47Non.
05:48Allez, frais généraux.
05:49Ça ne t'ennuie pas que je prenne une douche chez toi, Maggie?
05:51Moi, je t'en prie.
05:52A tout à l'heure, mon petit coeur.
05:53Oui, c'est ça.
05:54Tu te rends compte, les vins?
05:55Alors, les vins, ça faisait au moins 900 francs.
05:58Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie?
06:00Oh!
06:01Quoi?
06:02Oh, c'est rien, ça va passer.
06:04J'étais si contente d'en voir Pierre.
06:06Il m'a acheté une robe neuve spécialement pour l'occasion.
06:10Et il ne m'a même pas regardée.
06:12Oh, ma chérie, ma chérie, il est dans la lune.
06:16Enfin, il pense à autre chose.
06:19Oui, ben, s'il continue à penser à autre chose, je vais le laisser seul avec ses pensées.
06:24Tu sais, Pierre, c'est comme les petits vins de Loire.
06:29Les voyages, ça ne lui vaut rien.
06:32Bon, allez, maintenant, il faut s'armer de patience
06:35et attendre qu'ils aient terminé leur jeu d'hommes des cavernes.
06:40Voilà.
06:41Ah?
06:42Parce que tu crois que la guerre du feu, ça va continuer après la douche?
06:45Mais comment? Mais enfin, bien sûr, tu rêves.
06:47Ça va durer au moins quelques jours.
06:49Quelques jours?
06:50Ah oui, si ce n'est pas quelques semaines.
06:52D'abord, acte 1.
06:54Georges entame la Georgiade.
06:57La Georgiade?
06:58Oui, oui, l'épopée, l'épopée imaginée
07:01est récitée par Georges Boissier.
07:03Pierre fait le coeur des vierges.
07:05Par exemple, quand Georges parle d'un sanglier,
07:08alors Pierre précise qu'il s'agissait d'une vache.
07:11Mais c'est passionnant.
07:13Et puis après, après, j'ai droit au couplet sur les méfaits de la civilisation.
07:18Là-dessus, Pierre enchaîne sur la décadence de la France
07:22et les vraies valeurs qu'ont su conserver les aborigènes du coin.
07:26Oh, j'en ai l'eau à la bouche.
07:28Ensuite, Georges recommence son éternel couplet.
07:33Oh, Maggie, Maggie.
07:36Oh, j'en ai assez de cette vie de dingue qu'on mène ici.
07:41Oui, je sais, le magasin, le tennis.
07:44C'est ça.
07:45Les sports d'hiver, les vacances d'été.
07:48C'est stressant, Maggie.
07:50Oh, pauvre Georges.
07:52Et après, tu vas voir, après, c'est le final.
07:56Le final, la grande scène du quatre.
07:58Oh, Maggie.
08:00Maggie, cette fois, c'est décidé.
08:02On part vivre à la campagne.
08:05Oh là là, et ça, mais ça, je vais l'entendre.
08:08Trois fois par jour, pendant trois semaines au moins.
08:12Et je devrais rester là à l'écouter d'un air niais.
08:16En attendant que ça passe.
08:18Ah ça, ma chérie, c'est le lot des femmes depuis la préhistoire.
08:21Oui, seulement moi, j'en ai marre.
08:23Parce que je suis sûre que là-bas, nos deux zèbres,
08:26devraient aller sans arrêt après l'écouter.
08:28Le temps pourri, les bleds bouffés, les draps humides,
08:32les WC autour du jardin.
08:34Les WC autour du jardin, les patates et patates.
08:36Les voilà, les voilà, les voilà.
08:39Dis donc, Maggie, tu sais ce qu'on a fait chez le père Chouniard?
08:43Ah, Chouniard, ce débile.
08:45On a fait un concours.
08:47Un concours? Oh non, mais c'est passionnant.
08:50Oui, c'est lui qui mangerait le plus de patates cuites sous la cendre.
08:53Mon coude, mon peignoir tout neuf, mon coude.
08:57Et alors, devine qui a gagné?
08:59Toi.
09:01Ah bon, t'as trouvé?
09:03J'en ai mangé au moins une douzaine d'affilés, dis donc.
09:06Oh, ben dis donc.
09:08Tu sais, mon amour, il y a des moments où une femme peut être fière de son mari.
09:13Qu'est-ce qu'on s'est marré, hein?
09:16Puis après, tu sais ce qu'on a fait?
09:18Non.
09:19On a joué aux fléchettes avec nos opinelles sur une vieille souche pourrie.
09:24Georges était tellement...
09:26Il a confondu la souche pourrie avec le père Chouniard.
09:30Il a poursuivi à travers champ en tirant des coups de fusil.
09:35T'en as pris peur, hein?
09:37Qu'est-ce qu'on s'est marré, hein?
09:39Vous allez goûter celui-là, vous allez voir.
09:41Il est bon, hein?
09:43Il n'est pas trafiqué.
09:46Ah, ça gâche les dents.
09:50Oui, oui. Il a du caractère, hein?
09:52Oui, ça y est.
09:54C'est formidable. C'est reposant, c'est vivifiant.
10:01J'ai bien envie de m'y installer.
10:05C'est reposant. Ça n'a rien à voir avec la vie de dingue qu'on mène ici.
10:09Tiens, Mailly.
10:11Oui?
10:12Tu te souviens de Jean Laffont, mon copain?
10:15Jean Laffont? Non, je ne vois pas.
10:16Si, mais si. Jean Laffont.
10:18Il est allé s'installer là-bas.
10:20Il a monté un élevage de chèvres.
10:22Ah, ça y est!
10:23À Torche-les-Quade.
10:24Oui, voilà.
10:25Il fait son fromage lui-même.
10:26Et ça marche bien, dis donc.
10:28Il en vend partout, jusqu'à Bartillac.
10:31À Bartillac? Je ne sais pas.
10:33Et même jusqu'à Maizerelle?
10:35Non, non, non. C'est plus le canton, quand même.
10:38Très gentiment, il m'a proposé de m'associer avec lui.
10:41Il suffit que je lui donne 10 briques, c'est tout.
10:43À ce prix-là, il peut acheter tout le département.
10:46Dis donc, dis donc.
10:47Et l'idée que j'ai eue là-bas pour un livre?
10:50Ah oui?
10:51C'est vrai, Pierre?
10:52Tu veux écrire un livre?
10:54Oui.
10:55Enfin, tu auras des raisons d'être fier de moi,
10:58parce que ce ne sera pas n'importe quel livre.
11:00Céline, Proust, Kessel, tout ça,
11:02enfoncez, parce que ce sera une oeuvre, tu comprends.
11:05Une somme, j'y mettrai toutes mes pensées.
11:07Toutes tes pensées?
11:09Eh bien, on appellera ça Page Blanche.
11:13Ils n'auront qu'à bien se tenir. Moi, le prix concourt.
11:15Dis donc, Pierre, tu tiens absolument à tenir la plume?
11:19Eh bien, viens plumer les faussants avec moi.
11:23Après, on les mettra au congélateur.
11:27Ah, deux gypsies à plein, eh bien, bravo, messieurs.
11:30Fine gâchette, hein?
11:33Le boucher nous a tiré les prix.
11:36Bon.
11:38Quinze jours d'absence, c'est pas un seul mot gentil.
11:43Tu sais pourquoi je suis tombée amoureuse de Pierre?
11:45Eh bien, non, tu vois, ça, ça reste un mystère pour moi.
11:48Enfin, je serais curieuse de l'apprendre. Pourquoi?
11:51Parce qu'il était très attentionné.
11:53Ah, tu sais.
11:55Tu sais, ma chérie, dans les cavernes, on ne dit jamais bonjour.
11:59Oui, moi, s'il ne me dit plus bonjour,
12:02je crois bien que je vais lui dire au revoir.
12:04Eh bien, écoute, attends-moi, je reviens.
12:13Dis donc, Pierre,
12:15tu ne veux pas aller dire quelques mots gentils à ta femme?
12:18Ah, quand même.
12:19Je suis impardonnable.
12:21Elle veut connaître le thème de mon livre, tu comprends?
12:24Alors, c'est l'histoire.
12:26C'est l'histoire d'un homme face à lui-même
12:29qui erre dans la campagne
12:31et petit à petit, des bribes de sa vie,
12:33lui revient en mémoire.
12:35C'est passionnant, ça.
12:36Oui.
12:37Et puis, c'est tellement, tellement nouveau, original.
12:39Oui.
12:40Tu vois, je préférerais le lire, quand même.
12:42Oui, moi aussi.
12:43L'ennui, c'est qu'il faut d'abord l'écrire.
12:45Eh bien, en attendant, va retrouver ta femme, va.
12:50Bien déplumé, hein, dirais-moi.
12:57Ah, Pierre, tu étais là.
13:01Bonjour.
13:03Oui, non.
13:05Je te demande pardon.
13:07Je sais, j'ai un mufle.
13:10Quand il y a une telle lucidité à ton égard, c'est mauvais signe.
13:13Oui, mais je t'en prie, ne m'incable pas.
13:15Tu sais, tu mets deux vieux amis ensemble
13:17et ça devient des bidasses en folie.
13:19Elle te va ravir, cette robinette merveilleuse là-dedans.
13:22Et toi, tu as tous les défauts de la Terre.
13:25Mais je t'adore.
13:27Oui.
13:29Alors, vendredi dernier,
13:31j'ai voulu aller chasser les colvaires à la passée du matin.
13:35Tout le monde a voulu m'en dissuader,
13:37même Pierre, Chouniard,
13:39et puis le garde-chasse Moudraque, tu sais, Le Beg.
13:42Il me disait,
13:44n'y va pas, c'est trop con,
13:48c'est trop compliqué pour un Parisien.
13:52Tu me connais, moi, quand j'ai une idée dans la tête.
13:55Alors, je me suis levé à 4 heures du matin.
13:58À 4 heures.
14:005 heures et demie, quoi.
14:02Et alors, vers 6-9 heures,
14:05enfin, j'étais en poste, là,
14:08près de l'étang, le petit étang de Frottadeau, tu connais ?
14:11On y est allés ensemble.
14:13Oui, celui dont on ne peut pas approcher l'été tellement il y a de moustiques.
14:17Il n'y avait pas de moustiques, là.
14:18Ah bon ?
14:19Non, il faisait moins 10.
14:21Et alors là, il faisait un froid de canard.
14:23Je les ai tous ratés, les canards.
14:26Il venait, il venait près de moi, il me narguait.
14:29Oh, il foutait de moi, carrément.
14:32Ah oui, ça faisait rien.
14:34Ça faisait rien parce que j'étais...
14:36J'étais en état de grâce, tu comprends ?
14:38Et c'est ce soir-là, justement,
14:40que Jean Lafond est venu me proposer de m'associer avec lui.
14:43Alors, j'ai dit, d'accord, on vend le magasin.
14:46Enfin, si t'es d'accord, hein.
14:48Mais enfin, je sais que t'es d'accord, non ?
14:51Oh non, par pitié, Georges, ne me refais pas ce coup-là.
14:54Oh non.
14:56Ecoute, Maggie, quoi.
14:58Tu sais que j'ai horreur de cette vie.
15:00J'en ai marre de cette jungle de béton,
15:02de ce monde où il n'y a que le fric qui compte.
15:04Oui, tandis que ton copain Lafond,
15:06avec tes 10 briques, il s'en fout du fric.
15:08Non, Maggie.
15:09Maggie, écoute-moi.
15:10Tu ne me comprends pas, tu ne me comprends pas.
15:12J'ai besoin d'une vie simple,
15:14d'un vrai contact avec la nature.
15:17Tu comprends ?
15:20Non, Maggie.
15:24Eh ben, mais, où est passé ton mari ?
15:27Il est allé chercher le cadeau qu'il m'a rapporté.
15:30Non.
15:31Il a trouvé quelque chose à acheter là-bas ?
15:33Ah non, pas là-bas, à Paris.
15:35Sur le chemin du retour.
15:37Une preuve d'amour, il m'a dit.
15:39Oui.
15:40Il est gentil, tu sais.
15:41Oui.
15:42Eh ben, le mien, il s'arrange pas, hein.
15:44Non.
15:45Tu sais ce qu'il veut faire ?
15:46Non.
15:47Eh bien, s'associer avec un écolo complètement fou
15:50qui fabrique du fromage de bique
15:52et s'exiler au fin fond de l'Ardèche.
15:54Oh, mais ça, je vais lui dire.
15:55Oh, il ira, s'il veut, mais sans moi.
15:58Non, non, non.
15:59Maggie, il faut que tu essaies de présenter les choses
16:01avec un peu plus de diplomatie.
16:05Ah, oui, tu as peut-être raison.
16:07Bon, alors, je vais lui dire.
16:10Oh, mon chéri, tu m'as ouvert les yeux.
16:13Mais c'est vrai, fuyons ce monde hostile
16:16et partons vivre d'amour et de fromage de chèvre.
16:19Quoi ?
16:20Il veut dire ça.
16:30C'est maillé, hein.
16:31Je bois vraiment propre pour que tu t'aies fâché tout à l'heure.
16:34Oh, mais je suis pas fâchée, mon chéri.
16:38Mais absolument pas, non.
16:40Au contraire, non, mais c'est parce que je...
16:42j'ai réalisé que c'était moi, avec mon égoïsme,
16:45qui te forçais à mener cette vie insupportable
16:48entre la boutique, le tennis,
16:51les sports d'hiver, les vacances.
16:53Oh, mon chéri, mon chéri,
16:54mais cesse de te sacrifier pour les autres, hein.
16:57Pense un peu à toi, mon nounous.
17:00Et puis, tu sais, c'est avec Zoua
17:02que je t'accompagnerai à Broche-les-Fouins.
17:05Mais non, non, non, non.
17:07Pas Broche-les-Fouins.
17:08Quoi ?
17:09Torche-les-quads.
17:10Ah, écoute, c'est pas drôle.
17:12Mais non, mon chéri, mais je ne plaisante pas.
17:14Tu sais pas du tout.
17:16Tiens, je vais t'en donner une preuve.
17:18Je sais qu'Henri Thomas
17:20t'a proposé plusieurs fois d'acheter le magasin.
17:22Eh ben, je vais l'appeler.
17:23Voilà, regarde.
17:25Allô, les renseignements, oui ?
17:27Dites-moi, voulez-vous me donner le numéro de téléphone
17:29d'Henri Thomas, à l'aile Les Roses ?
17:31Non, Maggie, ne fais pas ça.
17:33Pourquoi tu ne veux plus partir, mon chéri ?
17:34Ah, mais si, au contraire.
17:35Eh ben, alors, pourquoi tu ne me laisses pas l'appeler ?
17:37Parce que c'est déjà fait.
17:38C'est déjà...
17:40Et oui, mais oui, retiens ta joie, mon chéri.
17:43Je lui ai dit que je lui vendais le magasin.
17:45Enfin, si j'étais arrivé à te convaincre.
17:47Mais comme je n'en ai pas eu besoin, c'est merveilleux.
17:49C'est formidable.
17:50Pierre, Pierre, devine ce qui m'arrive.
17:52Non, mais devine ce qui m'arrive.
17:54Ah, c'est génial.
17:58Devine ce que m'a fait Pierre.
18:00Son cadeau, sa preuve d'amour.
18:02Tu sais ce que c'était ?
18:04Une machine à écrire.
18:06Pour que j'ai la joie de taper son chef-d'oeuvre.
18:08Et toi ?
18:10Ah, moi.
18:12Ah, moi, j'ai perdu la plus belle occasion de ma vie.
18:14Laquelle ?
18:16Me taire.
18:22C'est ça. Au revoir.
18:24Oui, oui.
18:26A dans trois jours, chez le notaire.
18:28C'est ça, pour la signature. Au revoir, madame.
18:30Au revoir, chère madame.
18:32Oui.
18:34Maggie, tu ne vas pas vendre cette maison ?
18:36Tu ne vas pas faire une connerie pareille ?
18:38Oui.
18:40Mais tu es devenue folle ou quoi ?
18:42Alors, il suffit que George délire sur les fromages de chèvre pour que toi...
18:44Non, mais tu me connais mal.
18:46J'adore la nature, j'adore la campagne.
18:48Regarde, dès qu'il fait beau,
18:50je suis tout de suite dehors, dans mon jardin,
18:52à tailler mes rosiers.
18:54Oui, tu adores les jardins, mais ça ne veut pas dire que tu adores la campagne.
18:56Redescends sur terre, Maggie.
18:58Si tu suis George dans cette aventure,
19:00c'est ta vie que tu fous en l'air.
19:02Non, ma chérie, tu te trompes.
19:04Assieds-toi.
19:06Est-ce que tu sais pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes ?
19:08Je n'en sais rien,
19:10mais c'est une très bonne chose.
19:12Et bien, ça, tu peux le dire.
19:14Parce que les femmes sont trop attachées aux choses matérielles
19:16et que les hommes, pour les satisfaire,
19:18se tuent au travail.
19:20Oh, mais attends,
19:22tout ça va changer avec notre installation en Ardèche.
19:24George vivra 50 plus,
19:26moi, 10 ans de moins,
19:28et on mourra ensemble.
19:30Vous devriez vous suicider le même jour,
19:32ce serait moins hasardeux.
19:34Elle est pas mal.
19:36Elle est bien.
19:38Allez, Max.
19:40Alors, M. Boissier, qu'est-ce que je vous sers ?
19:42Ah, ben, du champagne, hein ?
19:44Oui, M. Henri Thomas va acheter mon magasin,
19:46alors on fait de ça.
19:48Ah, ben, c'est tant bien, j'ai justement un petit Roderer
19:50que je n'ai pas encore goûté.
19:52Quand même, hein ?
19:54Boissier, Maxi, Discon,
19:56sans Boissier, ça va faire drôle.
19:58Tu ne trouves pas, Henri ?
20:00Non.
20:02Tu ne trouves pas, Henri ?
20:04Tu sais, moi, je m'en fiche.
20:06D'autant que je vais changer le nom.
20:08Tu vas changer le nom ?
20:10Écoute, Boissier, c'est connu dans toute la banlieue ouest.
20:12C'est une publicité.
20:14Boissier, moins cher de moitié.
20:16Tu vas changer ça par quoi ?
20:18Par Thomas, moins cher, il n'y a pas.
20:24On pourrait pas le faire de peine, mais ça sonne moins bien.
20:26Qu'est-ce que tu en penses, Pierre ?
20:28Moi, je trouve ça pas mal.
20:30C'est un truc que j'ai connu dans toute ma vie
20:32qui a le courage de faire ce que nous voulons tous faire.
20:34Ça, c'est bien vrai.
20:36Qui était une affaire prospère, qui rapporte gros.
20:38Pas tant que ça, il y a des frais.
20:40Abandonner une belle maison,
20:42abandonner une vie facile.
20:44Je t'en prie, Pierre, ce n'est pas drôle.
20:46Je te vois très bien, gentleman farmer.
20:48Je suis très sérieux. Gardons tes troupeaux,
20:50l'hiver, la neige, le printemps,
20:52la boue, l'été, les moustiques.
20:54Comme ça, vous avez vendu votre magasin,
20:56Monsieur Boissier ?
20:58Je vais m'installer à la campagne.
21:00Vous faites ça, vous aussi, mais c'est dangereux, la campagne.
21:02C'est mauvais pour la santé.
21:04On ne sait pas quoi foutre.
21:06Le jour, on s'emmerde.
21:08La nuit, on a peur.
21:10Je le sais, la campagne, parce que je suis allé une fois
21:1248 heures, le SAMU est obligé de me rapatrier
21:14d'urgence, tellement que j'avais bu.
21:18Bon.
21:20C'est pas tout ça.
21:22Il faut que j'y aille, moi.
21:24Au revoir, Georges. Au revoir, docteur.
21:26Et n'oublie pas, hein, à dans deux jours
21:28pour la signature des papiers.
21:30Ah oui, oui, oui, bien sûr, oui, oui.
21:32Thomas, moins cher, il n'y a pas.
21:34Quel con.
21:36Pourquoi changer le nom de ma boutique ? Changer mon nom ?
21:38Mais, Georges, ton nom ne brillera peut-être pas dans l'histoire,
21:40mais il brillera dans le cœur de tous ceux qui t'aiment.
21:42Et que tu vas quitter.
21:44Oui, mais pas que là, parce que c'est vrai, c'est vrai.
21:46On n'oubliera pas. Regarde, le type qui avait le magasin,
21:48là, au coin de la rue. 30 ans, il est resté.
21:50Ben, personne n'a oublié son nom.
21:52Amieux. Amiel. Amel.
21:54Amara. Amara.
21:56Ah, ah, ah, l'Espinasse.
21:58L'Espinasse, l'Espinasse, c'est ça.
22:00Ben, personne n'a oublié son nom.
22:02Pourtant, maintenant, il vit dans le limousin.
22:04Non, non, il ne vit pas dans le limousin.
22:06Mais pourquoi ?
22:08Parce qu'il est mort, il y a deux ans.
22:10Il est mort ?
22:12Le père l'Espinasse ?
22:14Mais de quoi ?
22:16D'ennui.
22:24Allez, au revoir.
22:26Rentrez bien.
22:28Soyez prudents sur la route.
22:30Puis dites donc,
22:32essayez de venir nous voir là-bas,
22:34un week-end.
22:36Ah, oui, je sais bien, c'est un peu dur à trouver,
22:38mais je vous ferai un plan.
22:40D'accord ?
22:42Au revoir.
22:44C'est ça.
22:46Au revoir, au revoir.
22:48Au revoir.
22:50Au revoir.
22:52Au revoir, au revoir.
23:14Tu sais que tu vas me manquer, toi.
23:16Tiens, la semaine prochaine,
23:18il y a un PSG Liverpool.
23:20Et tu vas rater ça.
23:22Ça va être du sport, les hooligans des deux clubs
23:24sont remontés à bloc.
23:26Non, blague à part,
23:28je n'arrive pas à y croire.
23:30Demain, tu signes et finis le magasin.
23:32Après, demain, finis la maison.
23:34Et jeudi,
23:36l'Ardèche.
23:40Eh oui.
23:42Ce sont tes derniers moments d'esclave
23:44de la civilisation.
23:46Je t'envis, mais je t'envis.
23:48Sans cinéma,
23:50sans restaurant, on peut se passer tout ça.
23:52Hein, Georges ?
23:54Peut-être.
23:56Mais pas moi.
23:58Hein ? C'est-à-dire ?
24:02On veut toujours ce qu'on n'a pas.
24:04Là-bas, bien sûr, ça va être génial.
24:06Ça va être génial.
24:08Quinze jours.
24:10Mais après ?
24:12Après, qu'est-ce que je vais m'emmerder ?
24:14Je vais m'emmerder.
24:16Et Maïs, ça sera encore pire.
24:18Si elle s'emmerde, elle va me pourrir la vie.
24:20C'est un engrenage horrible.
24:22Ressaisis-toi.
24:24Tu pars pour être un homme libre,
24:26un vrai.
24:28Mais les vrais hommes ne pleurent pas.
24:30J'aurais devoir à ma place.
24:32Je ne peux plus faire ma machine arrière, maintenant.
24:34Je ne peux plus.
24:40Oh, Hélène.
24:42Enfin, je ne vais pas quitter mes amis,
24:44ma ville, ma maison.
24:46Mais si, c'est vrai, Maggie.
24:48Tu as voulu jouer au plus fort
24:50et maintenant, tu te retrouves dans une drôle de galère.
24:52Oui, mais je ne sais plus comment m'en sortir.
24:54Maggie, Maggie.
24:56Quoi ?
24:58Georges, c'est-à-dire que...
25:00C'est très simple. Ça peut se dire en deux mots.
25:02Oui, mais qu'est-ce que tu racontes ?
25:04Qu'il n'a plus aucune envie de partir.
25:06Quoi ?
25:08Quoi ?
25:10Après tout le cirque qu'il m'a fait ?
25:12Monsieur ne veut plus partir ?
25:14Ah oui, il a la trouille de venir m'en parler.
25:16Il a raison d'avoir peur.
25:18Ce n'est pas la trouille, c'est la fierté.
25:20Imagine Tarzan disant à Jane qu'il est tombé de l'arbre.
25:22Tarzan, Tarzan, n'est pas tombé de l'arbre.
25:24C'est Jane qui l'a poussé.
25:26Vous ne pouvez pas me laisser seule avec lui.
25:28Je vais conclure.
25:30Je vais me préparer les pansements.
25:32Au revoir.
25:34Vite, vite.
25:36Oui.
25:38Georges !
25:40C'est Jane !
25:42Enfin non, je veux dire...
25:44C'est le plus beau jour de ma vie, pas toi ?
25:46Si, si.
25:48Je suis fou de joie.
25:50Je voudrais déjà être là-bas.
25:52Je trépigne à patience.
25:54Non, bien sûr.
25:56Nos amis vont nous manquer.
25:58Et puis Caro et Jérôme.
26:00Qu'on ne verra plus beaucoup, plus souvent.
26:04C'est pas ça qui me fera reculer, pas toi ?
26:06Si.
26:08Enfin, je veux dire, non.
26:10Tu veux que je te dise ?
26:12J'ai beau penser à tout ce qu'on va quitter,
26:14je ne vois pas une raison pour rester, pas toi ?
26:16Non, pas une.
26:18Oh, mon Dieu.
26:20Qu'est-ce qu'il y a ?
26:22Je me suis fait mal.
26:24Je m'étais coupée et je me suis mis un petit sparadrap.
26:26Voyons, Maggie, c'est impossible.
26:28Qu'est-ce qui est impossible ?
26:30Imagine que tu te coupes là-bas
26:32et qu'il n'y a pas de sparadrap à la maison.
26:34J'irai à la pharmacie.
26:36Mais la pharmacie la plus proche, elle est à 30 bornes.
26:38Oh, mon chéri, mais je prendrai la voiture.
26:40Je ne vois pas où est le problème.
26:42Tu ne vois pas où est le problème.
26:44Et le verglas ? Tu n'avais pas pensé au verglas.
26:46Il y a du verglas là-bas.
26:48Il y a des hivers très rigoureux.
26:50Tu risques de tomber malade.
26:52Mais ça ne fait rien.
26:54Tu me soigneras.
26:56Oui, bien sûr.
26:58Il n'y a pas que la santé,
27:00il y a la beauté aussi.
27:02Tu ne veux pas que je m'éloigne de ton coiffeur ?
27:04Oh, mais ne t'inquiète pas, mon chéri,
27:06c'est très facile, tu sais.
27:08Voilà, au petit matin,
27:10j'irai à la fontaine,
27:12je casserai la glace
27:14et je me laverai les cheveux dans l'eau glacée.
27:16Tu sais, l'eau glacée, c'est très bon pour les cheveux.
27:18Non, non, écoute, Maggie, non.
27:20Non, t'es un amour,
27:22mais je ne veux pas que tu te sacrifies pour moi,
27:24que tu abandonnes ta maison,
27:26tes amis, ton coiffeur.
27:28Et surtout, ce qui est le plus important pour toi,
27:30mon magasin.
27:32Non, non, c'est décidé, on ne parle plus.
27:34Oh non, ça c'est hors de question.
27:36Enfin, tu ne vas pas détruire le rêve de ta vie
27:38sous prétexte que je suis attachée à ce magasin.
27:40Enfin, non, je ne ferai pas ça.
27:42Bon, alors Maggie, tu vas m'écouter
27:44pour une fois dans ta vie.
27:46Ton bonheur, ta santé comptent davantage pour moi
27:48que mon rêve d'écolo attardé.
27:50Alors, c'est décidé, on ne part plus
27:52et on ne reviendra pas là-dessus, c'est tout.
27:54Oh, Georges, Georges.
27:56Oh, mais toujours à te sacrifier
27:58pour les autres, mon Georges.
28:00Mais je ne peux pas accepter ça.
28:04Bon.
28:06Bon.
28:08Eh ben, qu'est-ce que tu veux ?
28:10Tant pis.
28:12On part.
28:14Non !
28:16Elle boit souvent rouge
28:18Avec elle, ça bouge
28:20Maggie, soleil
28:22Où vient Maggie, l'arme ?
28:24On est sous le charme
28:26Son cœur s'enflamme
28:28Elle joue toute la gamme
28:30Oh, Maggie, elle fait sa météo
28:32Chez elle, il fait toujours beau
28:34En robe, tout le soir
28:36En pyjama
28:38Elle est la même
28:40Elle change de crème, elle change d'extrême
28:42Mais elle change pas
28:44Maggie, le jour, Maggie, la nuit
28:46C'est un poème
28:48Un peu pour vous
28:50La folie

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