Maguy - saison 1 Episode 037 - La faillite nous voilà
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01:13C'est tout de même un peu fort, Rose !
01:16Répondez-moi par oui ou par non !
01:18C'est non.
01:19Qu'est-ce qui commande ici ?
01:20Justement, c'est bien le problème.
01:22C'est moi ! Et jusqu'à nouvel ordre, c'est encore chez moi ici !
01:25Et c'est moi qui commande !
01:26Vous faites bien de me prévenir.
01:28Parce que je croyais que M. Georges était toujours votre mari,
01:31et qu'il avait encore son mot à dire.
01:33Ecoutez, Rose, ce matin, je vous ai demandé quelque chose,
01:36et vous ne l'avez pas fait !
01:38C'est tout de même incroyable !
01:40Je ne l'ai pas fait,
01:41parce que vous avez qu'à m'ordonner la même chose que M. Georges.
01:44Ce que dit M. Georges n'a pas d'importance !
01:48À la maison, c'est moi qui commande !
01:50Enfin, est-ce que je me mêle de la façon dont il dirige son magasin ?
01:53Bon, alors maintenant, vous allez faire ce que je vous dis, un point, c'est tout !
01:56Oh, écoutez, maman, ne me parlez pas sur ce temps, hein !
01:58Parce que moi, je vous remonte à briller !
02:00Bonsoir tout le monde, Mlle Caro !
02:03Je constate que la bonne humeur persiste dans cette maison.
02:07Jamais ! De ma vie, vous entendez ? De ma vie !
02:11Jamais une femme de ménage ne s'est permise de me répondre comme vous le faites !
02:15Maman Guy, je ne vous réponds pas !
02:17Je vous demande de vous mettre d'accord avec M. Georges
02:20sur ce que je dois faire à dîner ce soir.
02:23C'est simple !
02:25Ce soir, vous n'allez pas faire un poisson en entrée,
02:28plus du cassoulet toulousain, enfin !
02:37Georges a repris quatre fois de la choucroute !
02:40C'est trop !
02:41Déjà qu'il n'était pas mince avant, mais alors maintenant, dis donc,
02:44il tourne au ballon de plage !
02:47Pourtant, ce matin, après avoir avalé son dixième croissant,
02:51il a exigé tout ça !
02:53C'est vrai qu'il a plutôt le look bibadome !
02:56Ça ne m'amuse plus du tout !
02:58Ça commence même à m'inquiéter !
03:00Mais enfin, il doit vouloir compenser quelque chose !
03:03Ce n'est pas possible !
03:04Personne ne mange comme ça, sans une bonne raison !
03:08Peut-être qu'il a faim, tout simplement !
03:10Bon, alors maintenant,
03:12voilà le menu de ce soir !
03:15Alors, crudités, légumes cuits à l'eau,
03:18yaourts et eau minérale, c'est clair ?
03:22C'est très clair !
03:23Mais l'ennui avec vous,
03:25c'est que moi, je suis toujours assise, le derrière, entre deux chaises !
03:30Très drôle !
03:32Très drôle, très amusant, très amusant !
03:35Vous me rappellerez ça quand on parlera d'augmentation ?
03:39À propos, depuis le temps qu'on en parle de cette augmentation,
03:43quand c'est que vous me la donnez ?
03:45Quand il gênera en enfer !
03:53Non, non, vraiment !
03:59Enfin, quand même, tu dois bien savoir ce qui lui arrive,
04:01tu dois bien avoir une idée !
04:03Pas la moindre !
04:05Chaque fois que je lui demande, il me répond...
04:07Mais rien, Maggie, mais rien !
04:09Ah, puis il vient de trouver autre chose !
04:11Maggie, il faut faire des économies !
04:14Il se met à éteindre toutes les lumières !
04:16Puis, il tourne en rond,
04:19et il avale sandwich sur sandwich !
04:23C'est incroyable !
04:24J'ai l'impression d'être mariée à un phoque qu'à un vers solitaire !
04:29C'est vrai !
04:30Mais enfin, la boulimie, à ce point-là, c'est quand même pas normal !
04:34Ben oui, je sais bien, ma chérie, mais c'est ça qui m'inquiète, tu comprends ?
04:37Parce que...
04:38Ah, Georges !
04:41Tu as passé une bonne journée ? Tout va bien ?
04:43Attends, je vais t'aider en grisser ça, mon chéri !
04:45Pourquoi toutes les lampes sont allumées ?
04:47Eh ben, parce qu'il fait nuit !
04:49Ben, il fait nuit, il fait nuit, c'est pas une raison, ça !
04:51Ah non, mais dans cette maison, personne n'a l'air de comprendre que c'est la crise !
04:54Qu'il faut se tirer la ceinture !
04:56Non, mais tu sais ce que je paye comme électricité pour cette baraque, moi ?
04:59Tu le sais, hein ?
05:00Non !
05:01C'est combien ? Combien ?
05:02C'est trop ! Beaucoup, beaucoup trop !
05:04Tu n'es pas obligée de parler la bouche pleine, hein !
05:07C'est une fournaise ! C'est une fournaise !
05:10Alors, on ne sait pas économiser l'énergie !
05:12Tu connais le déficit commercial de la France, tu le connais ?
05:15Qu'est-ce que je dépense comme fuel, moi, par an ?
05:17Vous voulez bien tourner le thermostat, M. Georges a des chaleurs, hein ?
05:20Avec plaisir, Mme Maggie !
05:22Dis-moi, 10 degrés, ce ne sera pas trop, hein, Georges ?
05:24Non !
05:25Ah ! Ah ben, voilà !
05:27Facture, facture, facture !
05:30Bonjour, Georges !
05:31Bonjour, Caroline !
05:32Facture, facture, facture et refacture, voilà !
05:38Dis-moi, finalement, en ce moment, il ne vit pratiquement que dans la cuisine !
05:42C'est comme le hamster, il a son petit territoire !
05:45Il y passe des nuits entières à bouffer n'importe quoi !
05:49À la lumière, à la lumière du frigo, pour faire des économies !
05:59Des factures !
06:00Comme si on ne pouvait pas recevoir des prospectus comme tout le monde !
06:03Mais pourquoi ? Tu veux manger aussi les prospectus ?
06:06Oh, Georges, mon chéri, qu'est-ce qui ne va pas ?
06:10Qui va pas ? Le petit salé, pas assez salé !
06:12Mais non, Georges, Georges !
06:15Il y a sûrement quelque chose qui ne va pas, hein ?
06:18Non, tout va très bien, tout va très bien !
06:20Bon, si tu ne veux pas me le dire, tu me le diras un peu plus tard !
06:22Mais maintenant, explique-moi pourquoi tu te coiffres comme ça !
06:26Mais je mange parce que j'ai faim, c'est tout, c'est normal, je ne me coiffre pas !
06:31Tu as raison, mon chéri, quand on atteint des doses pareilles, c'est plus se coiffrer, c'est se suicider !
06:36Rendonne-moi mon quatre heures !
06:37Non !
06:38Rends-moi mon goûter !
06:39Non, pas avant que tu me dises ce qui ne va pas !
06:41Pas question !
06:42Enfin, Georges, mon chéri, je suis ta femme, ton associée dans la vie !
06:48Alors, tu peux me dire ce qui ne va pas, et même, tu dois me le dire !
06:53Non, non, non !
06:55Allez !
06:56Tu veux le savoir ?
06:57Oui, mon chéri, dis-moi !
06:58Tu veux vraiment le savoir ?
06:59Oui !
07:00Bon, eh bien, si je ne vais pas trouver d'argent avant la fin de la semaine, je saute !
07:05Quoi ?
07:06Oui, parfaitement compris, je saute !
07:08La boissier Maxi Discote n'a plus qu'à mettre la clé sous la porte !
07:12C'est ces salopards de la banque qui ne veulent pas me prêter de l'argent, après tout ce que je leur ai fait gagner !
07:16Ils savent bien qu'il n'y a qu'une échéance, celle-ci !
07:20Après, la trésorerie, j'en aurai, hein ! J'en aurai, enfin !
07:23Le syndic des faillites, on aura !
07:26Dis-moi, mon chéri, tu as besoin de combien ?
07:29Beaucoup !
07:31Mais combien ?
07:32300 000 francs !
07:34Ça fait combien ?
07:3630 millions !
07:3730 millions ?
07:38Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?
07:43Pourquoi ? Je ne voulais pas t'inquiéter, je ne voulais pas pleurer dans ton giron !
07:48J'ai 50 ans, j'ai travaillé toute ma vie, j'ai commencé pauvre et je finirai très pauvre !
07:55Il y a sûrement un moyen, enfin ! Tu peux emprunter !
07:59Ah oui ? À qui ?
08:01À qui, à qui ? À moi !
08:03Tu as 30 millions, toi ! Première nouvelle !
08:06Non, mais je...
08:08Mais ça...
08:10D'abord, je ne suis pas bien !
08:12Non, mais ça veut dire quoi ?
08:14Je ne suis pas bien !
08:15Non, mais...
08:16Tu ne peux plus pas faire ça, je déteste !
08:17Eh bien, voilà !
08:18Il y a la maison et je peux l'hypothéquer !
08:22Ah non ! Ah, ça non ! Ah, ça non ! Bah, dû !
08:24Alors, si je n'arrive pas à rembourser l'hypothèque, on va la saisir, la maison !
08:27Mon chéri, mais écoute, mon amour, tu es mon mari, je t'aime et je veux t'aider, c'est simple !
08:34Ah non ! Non, non, non ! Je ne suis pas le genre de type à me faire entretenir par sa babe, hein !
08:37Je ne suis pas un gigolo, hein ! Je ne suis pas un macro ! Je ne suis pas un macro !
08:41D'accord, d'accord, d'accord, d'accord, d'accord, d'accord !
08:43Bon, alors, si tu ne veux pas, demande à Pierre de te prêter de l'argent, voilà !
08:47Ah, t'es intelligent, ça ! Ouais ! J'ai le meilleur moyen pour perdre un ami !
08:51Bon, eh bien, écoute-moi, alors, Georges Boissier !
08:53Ou tu demandes à Pierre, ou j'hypothèque la maison, enfin !
08:55Non, non, non ! Tu n'hypothèqueras pas la maison, il n'en est pas question !
08:58Bon, bah, alors...
09:00Alors, demande à Pierre !
09:04S'il avait des problèmes d'argent, la première personne qui viendrait voir, ce serait toi !
09:08D'accord ?
09:10Ouais, d'accord !
09:14Alors, profites-en, avant qu'il en profite !
09:18Non ! Non !
09:22Alors, dis-moi, qu'est-ce qui se passe ?
09:24Maggie a découché ?
09:26Ta petite amie te laisse tomber ?
09:28Pierre, il y a des moments dans la vie où il ne faut surtout pas tergiverser,
09:34il faut dire les choses très nettement,
09:38surtout à un ami, ce n'est pas la peine de s'embellificoter dans les mots !
09:42Ah ! Il faut dire les choses carrément !
09:46Alors, voilà, Pierre, je vais te demander tout de goût,
09:52enfin, si tu veux, si tu veux et si tu peux,
09:56est-ce que tu pourrais...
10:00Prendre ta petite amie à la maison, sans problème !
10:02Tu connais Hélène, elle va être enchantée !
10:06Non, Pierre, non, arrête, non !
10:08Non, ce n'est pas ça !
10:10Est-ce que tu pourrais me prêter de l'argent ?
10:14C'est tout ?
10:16Écoute, je suis ton ami, non ?
10:18Et les amis, c'est fait pour ça !
10:20Tu veux ma main, je te donne ma main !
10:22Même mon sang, tu veux mon sang, je te donne mon sang !
10:24Alors, l'argent, tout de suite !
10:26Dis-moi, Georges, il faut combien ?
10:29Quatre cents ? Cinq cents ?
10:34Trente millions !
10:45Oui !
10:49Tu ne préfères pas un bon litre de mon sang ?
10:54Bon, Pierre, on n'en parle plus.
10:57Oublie que je t'ai demandé ça, hein ?
10:59On ne s'est même pas vus, d'accord ?
11:01Non, mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
11:03Trois cents mille francs ? C'est une échéance ?
11:06Écoute, ce n'est pas la peine de crier si fort,
11:08tout le monde ne doit pas savoir que je suis un raté minable !
11:11Arrête de dire ça !
11:13Tu bois trop, toi !
11:15Écoute, Pierre, si je ne trouve pas cet argent avant la fin de la semaine,
11:18je suis foutu, je perds tout !
11:20Tu as toujours les choses, mais tu vas t'en sortir, voyons !
11:23J'aurais voulu t'aider, mais je n'ai pas cet argent.
11:25Tu sais, je ne l'ai pas, c'est bien simple.
11:27Je ne vais pas te laisser abattre, hein ?
11:30Tiens, demande à Paul Bertin.
11:32Pas Bertin, pas Bertin !
11:34Tu vas voir, Paul !
11:36Tu vas voir, Paul !
11:38Paul, je peux t'interrompre une seconde ?
11:41Viens boire un verre avec Néo.
11:43Max, une vodka pour M. Bertin.
11:46Voilà, alors voilà un homme qui a fait faillite,
11:49qui a perdu et que sa femme a quitté.
11:51Eh bien, regarde-le, il a l'air de prendre ça très bien.
11:53Il n'a pas l'air abattu du tout, hein ?
11:55Alors que toi, dis-donc, on dirait que tu es rentré dans un arbre rassant à l'oeil.
11:58Moi, ça ne risque pas de m'arriver parce qu'on vient de me sécher ma voiture.
12:03Je n'ai même pas pu payer la cotisation du club.
12:06C'est la dernière fois que vous me voyez ici, hein ?
12:09C'est mon dernier jour.
12:11Dis-donc, il paraît que vous êtes sur la paille, M. Boissier.
12:14Écoutez, Max, c'est s'il vous a dit ça.
12:16Vous n'avez qu'à regarder votre tête, hein ?
12:18Vous avez la gueule de bois, ou votre femme vous trompe,
12:21ou alors vous êtes en faillite.
12:23Mais ça, on s'en remet, vous savez.
12:25Tenez-moi, avant d'être ici, j'étais patron d'un bar.
12:28Alors, la laigresse, la joie d'être patron,
12:32j'en ai tellement profité que je ne savais même plus comment payer mes fournisseurs.
12:36Bah, maintenant que je suis un employé, monsieur, je n'ai plus de problème.
12:40Je n'ai plus de problème.
12:42Il a la pêche, Max, hein, tu vois ?
12:44Mais oui, mais Paul, je ne comprends pas comment vous faites
12:46de sortir après un coup pareil.
12:48Écoutez, c'est juste une question de philosophie, hein.
12:51Quoi qu'il vous arrive, quand on regarde bien, quand on prend du recul,
12:54on s'aperçoit qu'il y a toujours quelque chose à faire.
12:56Toujours.
12:57Vous croyez ?
12:59Mais oui, je vous assure.
13:01Vous croyez que je vais rester comme ça, mort fonte sur moi-même ?
13:03Je ne pourrais pas.
13:05Quand on n'a plus rien, il reste toujours sa fierté.
13:07Ah bah, moi j'ai toujours ma fierté, mais c'est pas elle qui me nourrira.
13:11Ah, moi non plus, mais j'ai trouvé la solution.
13:14Tu vois ? Tu as entendu ?
13:16Eh oui, eh oui, peut-être qu'il a raison.
13:19Ah, c'est ce que les Américains appellent positive thinking.
13:23Toujours voir le bon côté des choses.
13:25Et avoir du courage.
13:27Regarde, Paul, il ne se plaint pas.
13:29Mais oui, mais tout le monde n'est pas construit de la même façon.
13:31Qu'est-ce que tu veux ?
13:33Moi, ce matin, je me regardais dans une glace et je me disais,
13:36ah, mon pauvre Georges,
13:39avec une solution à tout ce merdier,
13:41c'est une balle dans la tête.
13:43Mais arrêtez, Georges, c'est mon verre.
13:45Ah, pardon. Ah bah oui.
13:47Merci, parce que moi, je ne peux plus boire ça.
13:49C'est fini. C'est du poison pour moi, ça.
13:51Pour moi aussi.
13:55Une balle dans la tête, n'importe quoi.
13:57Tu dis n'importe quoi.
13:59Dans les cas désespérés, Monsieur Boissier,
14:01il faut toujours boire.
14:03Et re-boire.
14:05Tout dépend du point de vue duquel on se place et de l'idée qu'on s'en fait.
14:08Et par rapport à l'opinion qu'on en a.
14:10La philosophie facile.
14:12C'est ce qui n'a jamais fait de mal à personne, Monsieur Boissier.
14:14Oui, oui. Max, il est des circonstances où l'être le plus circonspect,
14:17le plus intelligent, est soumis,
14:19toutes choses égales d'ailleurs,
14:21à un ensemble d'exigences.
14:23Il faut toujours boire.
14:37Ah, Rose.
14:39Docteur Bredeville ne l'a pas appelé? Il n'est pas là?
14:41Non. S'il était là, je vous l'aurais dit.
14:43Et puis, on l'entendrait.
14:45Ah, à propos, Mme Maggie,
14:47je vous signale en passant
14:49que Monsieur Georges s'est encore jeté
14:51comme un vorace sur le dîner de ce soir.
14:53Euh, oui.
14:55J'avais fait deux coquelets en prévision.
14:57Eh ben...
14:59Quoi? Vous voulez dire que...
15:01il ne reste plus rien?
15:03Oh ben, à part les pattes et la tête.
15:05Mais rassurez-vous, ils n'ont pas souffert.
15:07Pauvre Georges.
15:09Avant que Bertha s'empoisonne,
15:11il s'était déjà mis à manger comme quatre,
15:13mais alors maintenant, c'est plus possible.
15:15Ouf!
15:17Mais Maggie...
15:19J'ai...
15:21Enfin, je...
15:23Monsieur Georges,
15:25il a toujours des ennuis
15:27dans ses affaires.
15:29Ben, oui.
15:31Voilà, j'ai mis un peu d'argent de côté.
15:33Oh, pas beaucoup, 5 000 francs.
15:35Mais si ça peut l'aider.
15:37Rose...
15:39Oh, mais vous êtes merveilleuse, Rose.
15:41Mais c'est vraiment trop gentil.
15:43Je les ai apportées.
15:45Non, non, pas maintenant, pas maintenant.
15:47C'est très gentil, mais non, non.
15:49Et cachez-les.
15:51Il est capable de les avaler, s'il les voit.
15:53Enfin, c'est là, hein.
15:55S'il en a besoin, c'est de bon cœur.
15:57Merci, merci.
15:59Maggie.
16:01Quoi?
16:03Il me semble que j'avais demandé
16:05d'ouvrir mes chemises. Regarde-moi ça.
16:07Mais oui, mais oui, elle l'a fait.
16:09Elle l'a fait déjà deux fois en six jours.
16:11Et pour la troisième, désolée,
16:13mais elle n'a pas encore eu le temps.
16:15Et qu'est-ce que tu veux?
16:17Tu vas trop vite, mon chéri.
16:19On ne peut plus te rattraper.
16:21Tu me préviens quand le dîner est prêt.
16:23Tu ne vas pas rester comme ça tout le temps.
16:25Tu ne vas pas laisser tomber ton affaire
16:27sans lutter, enfin.
16:29Qu'est-ce que tu veux faire?
16:31Qu'est-ce que tu veux faire?
16:33Alors, lutter, lutter, pourquoi?
16:35Pour retarder une semaine?
16:37Ça ne vaut pas le coup.
16:39Non, il n'y a qu'un miracle qui pourrait me sauver, seulement.
16:41Je ne suis pas retourné à la messe
16:43depuis ma première communion.
16:45Ils ont dû m'oublier.
16:47Mais je ne veux pas que tu baisses les bras.
16:49Je ne te laisserai pas faire.
16:51Oui, oui, oui.
16:53Toi, la folle.
16:55Ah, tiens, tu vois.
16:57Désolé d'être en retard,
16:59mais j'ai téléphoné à tout le monde.
17:01Tu sais, pour trouver de l'argent.
17:03J'ai même ameuté les confrères,
17:05mais ils sont tous fauchés subitement.
17:07Il y en a un qui m'a proposé des médicaments gratuits,
17:09mais c'est tout.
17:11Eh bien, j'ai trouvé l'argent.
17:13Oui, j'ai hypothéqué la maison.
17:15Et ça y est,
17:17j'ai les 300 000 francs.
17:19Attends, quand j'aurai ouvert mon sac,
17:21tu vas voir, je vais te les sendre.
17:23Tiens, tiens, ils sont là.
17:25Alors, voilà, tu vas prendre ça,
17:27tu vas le mettre à ton compte
17:29et tu vas demander à Georges
17:31qu'il peut enfin commencer sa cure d'abégressement.
17:33Non, non, non, je ne peux pas faire ça,
17:35ce n'est pas honnête.
17:37Non, non, non, c'est toi qui as trouvé cet argent,
17:39il est à toi, c'est toi qui dois le lui donner.
17:41Et puis, ça me gêne de mentir à Georges.
17:43Je ne l'ai jamais fait.
17:45Eh bien, il faut un début à tout.
17:47Enfin, on ne peut pas le laisser comme ça.
17:49Il est en train de creuser sa tombe avec ses dents.
17:51Non, écoute, tu reprends ce chèque, Maggie,
17:53et c'est toi qui vas le lui donner.
17:55Mais, je ne peux pas.
17:57C'est ridicule, là, le fécouler à pic.
17:59Oh non, s'il te plaît, prends ça.
18:01Tu vas le faire pour lui, pour moi.
18:03Fais, tu vas le faire.
18:05Georges!
18:07Pierre est là, il a quelque chose à te dire.
18:09Mais, tu es folle. Mais, il me faut du temps.
18:11Mais, je ne peux pas improviser.
18:15Ah.
18:17Ça va, Pierre?
18:19Oui, ça va.
18:21Et toi, tu tiens la forme?
18:23Voilà, une petite brioche qui va croissant.
18:27Une flûte, voilà.
18:29Bon, alors.
18:31En deux secondines.
18:33Oh, Georges.
18:35Tu sais que Pierre a une nouvelle géniale à t'annoncer.
18:37Dis-lui, Pierre.
18:39Une nouvelle? Quelle nouvelle?
18:41La nouvelle.
18:43Oui, Georges, tu sais, c'est au sujet de ces 300 000 francs.
18:45Je ne les ai pas.
18:47Pierre.
18:49Les gens croient que tous les médecins gagnent beaucoup d'argent,
18:51mais malheureusement, ce n'est pas vrai.
18:53Il y en a même qui ne gagnent que le SMIC.
18:55Ah, justement, de ma tante.
18:57Celle qui est riche.
18:59Celle qui est riche, au contraire, et qui est morte il y a un an.
19:01Oui, elle est morte il y a un an.
19:03Elle a pu me léguer une somme considérable, tu vois.
19:05C'est avec un immense plaisir, mon vieux Georges.
19:07Oui, oui, d'accord.
19:09Oui, oui, oui.
19:11Allez, continue, continue, continue.
19:13C'est avec un immense plaisir, mon vieux Georges,
19:15que je vais te faire un chèque.
19:17Qui va te permettre d'honorer ton échéance.
19:19Voilà.
19:21Un chèque de 300 000 francs?
19:23Oui.
19:25300 000 francs.
19:27C'est génial, hein?
19:29Hein, mon chéri, c'est génial, hein?
19:31Arrête, arrête.
19:33Et quand ça ira mieux pour toi, tu me le rembourseras?
19:35Voilà.
19:37Pierre.
19:39Pierre.
19:41Oh, Pierre.
19:43Je suis comme le condamné à mort qui vient d'apprendre
19:45à la dernière seconde qu'il est gracieux.
19:47Et c'est toi, toi, mon ami,
19:49qui me sauve la vie.
19:51Tu sais, sauver la vie des gens,
19:53c'est mon métier.
19:55Mais Pierre, tu es merveilleux.
19:57Si délicat, si modeste.
19:59Tu es l'homme le meilleur
20:01que j'ai jamais connu.
20:03Hélène, je t'en prie.
20:05Non, mais écoute, je suis très fière de toi.
20:07Tu disais que c'était impossible de trouver cet argent
20:09et tu l'as trouvé.
20:11Tu es extraordinaire, Pierre.
20:13Tu es un génie, un génie, un vrai génie.
20:15Non, Pierre.
20:17Je peux pas.
20:19Non, c'est pas possible.
20:21Tu ne peux pas.
20:23Tu ne peux pas me prêter 300 000 francs.
20:25Mais chéri, il le peut.
20:27Mais si, il peut faire ce qu'il veut.
20:29Il est génial.
20:31Que je suis heureuse.
20:33Que je suis heureuse, mon chéri.
20:35Oh, Pierre, je t'admire. Tu es extraordinaire.
20:37Pierre, tu sais,
20:39jamais, jamais,
20:41j'oublierai ce que tu as fait pour moi.
20:43Non seulement tu es un génie, car tu es un génie,
20:45mais tu es un saint.
20:47Un saint?
20:49Non, je ne suis pas un saint.
20:51Si, un saint.
20:53Pierre, tu viens de me donner
20:55la plus grande preuve d'amitié de ma vie.
20:57Pierre, laisse-moi t'embrasser.
20:59Je t'en prie.
21:01Pierre.
21:05Je t'aime.
21:07Tu es mon ami.
21:09Tu es mon seul ami, mon véritable ami, Pierre.
21:11Non, je ne suis pas tout ça.
21:13Arrête un peu.
21:15Arrête un peu.
21:17Cet argent n'est même pas à moi.
21:19Non, Pierre.
21:21Je suis navré.
21:23Je suis navré, mais je suis dans l'impossibilité
21:25d'être admiré, d'être aimé pour quelque chose que je n'ai pas fait.
21:27Attends, attends.
21:29Cet argent n'est pas à toi. Comment ça, cet argent n'est pas à toi?
21:31Je suis désolé, Maggie. Voilà ton chèque. Reprends-le.
21:35Georges, je veux que tu saches que cet argent n'est pas à moi.
21:37Si je l'avais eu,
21:39je te l'aurais donné. Tu me connais.
21:41La main, hein? Mais voilà.
21:43Dans cette ville,
21:45je ne suis pas un génie.
21:47Non, tu es mieux que ça.
21:51Tu es un honnête homme.
21:57Il est idiot,
21:59mais je l'adore.
22:03Maggie,
22:05est-ce que je peux savoir comment tu as trouvé cet argent?
22:09En faisant le trottoir.
22:11Je n'ai pas compris.
22:13D'accord, d'accord.
22:15J'ai hypothéqué la maison.
22:17Quoi? Tu as hypothéqué...
22:19Je sais ce que tu vas me dire, mais écoute-moi.
22:21Mais il n'y a pas d'écoute-moi!
22:23Tu as hypothéqué cette maison alors que je te l'avais interdit.
22:25Tu vois?
22:27Je ne crie même pas, je n'élève même pas la voix.
22:29C'est pour te prouver à quel point je suis en colère.
22:33Georges, mais qu'est-ce que tu vas faire?
22:35Je vais me faire un sandwich d'un mètre vingt.
22:41Continue, Georges.
22:43Continue, continue.
22:45Il n'y en a pas assez, remets-en.
22:47Tiens.
22:49Ajoute tes oeufs durs.
22:51Et de la mayonnaise, tiens.
22:53Allez, bouffe, bouffe!
22:55Suscite-toi à la bouffe.
22:57Vas-y!
22:59Écoute, Maggie, je n'ai pas besoin de sermons.
23:01Si j'ai envie de me détruire, c'est mon problème.
23:03Mais pauvre imbécile, mais si tu te tues,
23:05tu me tues aussi.
23:07Mais écoute-moi, Maggie.
23:09Tu ne me comprends pas.
23:11Je n'ai jamais rien demandé à personne jusqu'à maintenant.
23:13Ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer.
23:15Mais tu étais pourtant prêt à accepter
23:17l'argent de Pierre.
23:19Ah non, mais ce n'est pas pareil.
23:21Pierre n'est pas ma femme.
23:23Je ne veux pas que tu hypothèques cette maison.
23:25Je ne veux pas que tu risques à cause de moi
23:27de perdre la seule chose que tu es.
23:29Très bien, très bien, Georges Boissy.
23:31Alors maintenant, tu vas m'écouter.
23:33Puisque tu ne veux pas de mon argent,
23:35ça veut dire que tu ne veux pas de moi.
23:37Je vais te quitter. Comme ça, tu n'auras plus
23:39ni maison, ni femme,
23:41ni rien. C'est ça que tu veux ?
23:43Dis, regarde-moi dans les yeux.
23:45Et dis-moi que c'est ce que tu veux. Allez.
23:47C'est ça que tu veux ?
23:51Bon, Maggie,
23:53tu as raison, j'ai agi comme un imbécile.
23:55Évidemment, quand on a un magasin,
23:57on peut avoir la chance
23:59de gagner de l'argent et de racheter une maison.
24:01Avec le contraire...
24:03Maggie,
24:05je te remercie
24:07d'avoir hypothéqué cette maison.
24:09Alors quoi, ça veut dire que tu acceptes ?
24:11Oh, chérie.
24:13Oh, est-ce que je suis heureuse.
24:15Tu sais, c'était ça ou la faillite.
24:17Oh, mon petit chéri.
24:19Dis-moi, Georges,
24:21maintenant,
24:23tu peux me l'avouer.
24:25Comment as-tu fait
24:27pour perdre autant d'argent
24:29dans une affaire qui marche si bien ?
24:31Tu sais,
24:33il y a des frais.
24:35Il y a des frais.
24:37Pas plus qu'avant.
24:39Enfin, normalement.
24:41Oui, mais je veux dire que
24:43moi, j'ai des frais.
24:45Tu as des frais ?
24:47Oh, non,
24:49j'ai peur de comprendre, Georges.
24:51Georges, tu sais que je...
24:53Tu peux tout me dire,
24:55je peux tout comprendre,
24:57tout accepter, tout entendre.
24:59Tu sais combien je suis tolérante, hein, Georges.
25:01Tu le sais.
25:03Bon, alors, dis-moi.
25:05Il y a une femme dans ta vie ?
25:07Oh, Maggie, je te l'aurais dit.
25:09Non, c'est vrai. J'aurais réussi à te le faire dire.
25:11Mais alors...
25:13Mais alors, c'est...
25:15Tu as un enfant !
25:17Georges, tu as un enfant !
25:19Mais c'est merveilleux !
25:21Mais pourquoi tu me l'as caché, enfin ?
25:23Oh, mon chéri, tu aurais dû nous l'amener.
25:25Je l'aurais adopté, je l'aurais adoré, cet enfant.
25:27Il aurait été un petit copain pour Jérôme,
25:29il aurait joué avec lui.
25:31Non, Maggie, ne t'énerve pas, il ne s'agit pas d'un enfant.
25:33Mais alors, qu'est-ce que c'est ?
25:35Qu'est-ce que ça peut...
25:37Oh !
25:39Oh, non, ça ne peut pas être ça. Oh, quelle horreur !
25:41Quelle horreur !
25:43Tu joues ?
25:45Dis-moi.
25:47Quoi ? Au poker ?
25:49Mais non !
25:51Oh !
25:53Au baccarat.
25:55Non, c'est pas ça.
25:57Alors, qu'est-ce que c'est ?
26:01Bon, voilà,
26:03j'avais acheté un restaurant
26:05auprès du magasin,
26:07et j'ai bouffé mon fond.
26:09Oh !
26:11Oh !
26:13Oh !
26:15Oh !
26:17Oh !
26:19Elle boit souvent rouge,
26:21avec elle, ça bouge.
26:23Maggie-soleil, où vient Maggie-larme ?
26:25Oh, on est sous le charme.
26:27Quand son cœur s'enflamme,
26:29elle joue toute la gamme.
26:31Oh, Maggie, elle fait sa météo.
26:33Chez elle,
26:35il fait toujours beau.