• il y a 2 mois
Mercredi 11 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Adil Amor (Directeur Général, Schelcher Prince Gestion) , Jean-Jacques Friedman (Directeur des investissements, Vega IM) et Florence Barjou (Directrice des investissements, Crédit Agricole Assurances)

Category

🗞
News
Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Florence Barjot est avec nous, directrice des investissements de Crédit Agricole Assurance.
00:17Bonsoir Florence.
00:18Ravie de vous retrouver, ravie de retrouver également Adil Amor.
00:20Bonsoir Adil.
00:21Bonsoir Grégoire.
00:22Vous êtes directeur général de Shell Surprise Gestion et Jean-Jacques Friedman qui est avec
00:26nous également ce soir.
00:27Bonsoir Jean-Jacques.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:29Vous êtes directeur des investissements de Vega IM.
00:32Comment vous regardez, Florence, l'idée de ce cycle de baisse de taux devant nous ?
00:36Certaines banques centrales ont commencé, pas des moindres, la Suisse, le Canada, ce
00:40sont des banques centrales majeures quand même qui sont déjà avancées dans cette
00:44idée de baisse de taux.
00:46La Fed va entrer en jeu, l'ABCE va conduire une deuxième baisse de taux cette semaine.
00:53Comment vous voyez les choses se dérouler ensuite ? Est-ce qu'on a face à nous quelque
00:56chose d'assez synchronisé ou est-ce que le rythme peut, au fur et à mesure, peut-être
01:03changer en fonction des situations économiques auxquelles chaque banque centrale fait face
01:07aujourd'hui ?
01:08Je pense qu'il va y avoir évidemment une grosse synchronisation avec la Fed qui bouge
01:12puisque pour une fois elle n'avait pas lancé le mouvement donc il y a ce côté synchronisation
01:18là qui évidemment va arriver.
01:20Après moi, la manière dont je vois les choses, deux points qui me semblent importants.
01:24Le premier, c'est que si on regarde aujourd'hui les pricing des marchés de taux, j'ai l'impression
01:29qu'ils sont allés un peu trop loin en termes d'attente de baisse de taux.
01:33D'ailleurs c'est assez intéressant, il y a une grande banque américaine dont le nom
01:37commence par J qui a publié une enquête que moi j'ai trouvée amusante qui indiquait
01:42que si on regardait le pricing de récession sur les marchés obligataires, on était à
01:46une proba de l'ordre de 70%.
01:48Si on regardait le pricing de récession sur les marchés actions, on était à 9% seulement.
01:53Donc déjà c'est un élément intéressant parce qu'on voit bien que les marchés actions,
01:56les marchés obligations ne jouent pas tout à fait le même scénario aujourd'hui mais
02:00pour en revenir au cycle de baisse de taux et aux marchés obligataires, nous notre vision
02:04c'est quand même que sur les perspectives de croissance, il y a évidemment des éléments
02:08qui sont différençants aux Etats-Unis et en Europe, mais globalement on est plutôt
02:12du parti normalisation, tassement de la croissance que récession.
02:18Donc ça je pense qu'il y a des éléments qui sont assez éprobants du côté des indicateurs
02:22économiques, en particulier aux Etats-Unis avec une consommation qui tient bien, avec
02:26des investissements publics et privés qui sont plutôt bien orientés, il y a toute
02:31la thématique marché du travail aussi sur laquelle on peut débattre, mais moi mon point
02:35de vue c'est qu'en fin de compte, le marché du travail aujourd'hui aux Etats-Unis, certes
02:40il s'essouffle un peu, mais il tient quand même globalement bien, on a encore des créations
02:44d'emplois, c'est vrai qu'on a des statistiques qui sont un peu discordantes, mais il y a
02:47une forme de fébrilité des marchés autour des rapports emplois et des chiffres de croissance
02:54globalement, qui moi je trouve va un peu trop loin.
02:57On joue un peu à se faire peur, vous dites, de ce point de vue-là ?
03:01Moi j'ai un peu l'impression, c'est-à-dire qu'honnêtement quand on voit le degré d'attention
03:08qui est porté par les marchés au marché du travail américain, enfin c'est Jérôme
03:12qui me met le nez-tu !
03:14Non mais bien sûr, Jérôme Atout c'est en fait ce qui s'est passé au mois d'août,
03:20la vérité c'est qu'effectivement on a des indicateurs qui sont un peu discordants
03:23sur le marché du travail, notamment on a des statistiques qui sont peut-être un peu
03:28moins fiables, mais les créations d'emplois sont positives, quand on regarde les inscriptions
03:33au chômage, en fait je crois qu'en moyenne sur les trois derniers mois on doit vibrer
03:37autour de 230-250 à la louche, bon historiquement on est plutôt sur 350 en moyenne, donc ça
03:43se passe bien.
03:44Taux de chômage autour de 4-3 je crois, c'est plein emploi, bien sûr, donc oui ça s'essouffle,
03:52mais pas d'inquiétude majeure, et donc quand on a eu un marché de taux qui disait même
03:58en intra-réunion baisse de 50 points de base de la taux, de la pardon de la taux de l'astène
04:05On a toujours peur de ce mouvement de rupture qui peut arriver sur un marché du travail
04:10quand bien même il serait encore résilient aujourd'hui.
04:12Ça je suis tout à fait d'accord, effectivement c'est une des caractéristiques du marché
04:16du travail, c'est que quand les choses se dégradent ça va très rapidement, mais je
04:19pense qu'il faut quand même prendre un peu de recul, et quand on a tous plus ou moins
04:24fait des études d'éco, et donc ce qui se passe normalement en économie c'est qu'il
04:30y a de la croissance, enfin les taux sont bas, donc il y a de la croissance, les entreprises
04:34s'endettent, il y a un peu de surchauffe, il y a de l'inflation, la banque centrale
04:39monte les taux, elle durcit les conditions financières, ça casse la croissance et l'inflation
04:43revient.
04:44Là il y a quand même un élément qui est crucial qui manque dans ce cycle habituel,
04:47c'est qu'on a dans cette phase de hausse des taux, en fait il manque toute la partie
04:52surchauffe et il manque toute la partie détérioration des bilans, il n'y a pas de déséquilibre
04:57quand on regarde notamment aux Etats-Unis les bilans des entreprises, elles ont profité
05:01à fond des épisodes de taux très bas, les ratios d'endettement sont à des niveaux
05:07qui sont très contenus, la charge de la dette est extrêmement faible, donc toute cette
05:13partie qui est traditionnellement associée à un cycle de croissance, on ne l'a pas
05:18eu.
05:19Donc la phase de hausse des taux, en fait, et d'ailleurs ça nous a tous surpris parce
05:23qu'on est quand même sorti d'un cycle de hausse de taux qui a été extrêmement brutal,
05:27enfin le plus brutal d'ailleurs depuis les années 80, sans impact quasiment sur la croissance.
05:32C'est vrai qu'on a tous eu du mal à comprendre.
05:35Ce n'était pas facile de faire ce call il y a trois ans.
05:38Moi je pense que l'explication fondamentale, elle vient du fait que les bilans des entreprises
05:43et le cycle de crédit, de surchauffe du crédit qu'on a habituellement, il ne s'est pas mis
05:46en place.
05:47Donc là, on a des conditions qui notamment aux Etats-Unis sont quand même encore restrictives,
05:51on peut débattre des conditions en Europe, mais aux Etats-Unis on est encore dans du
05:55restrictif.
05:56Pour l'instant ça tient bien, on va basculer vers un assouplissement, ça devrait quand
06:01même à peu près bien se passer.
06:02D'accord.
06:03Donc une fête trop agressive pour vous, ce serait perturbant à ce stade ?
06:07Émouvant.
06:08J'entends.
06:09On me donnait un ratio aussi parce que la question est fixement sur le marché du travail,
06:13que le marché du travail tienne bien, mais est-ce qu'on n'est pas proche d'un moment
06:16où les entreprises américaines, on sait qu'elles peuvent être très flexibles de ce point de
06:19vue-là, verraient leur marge un peu sous pression et se diraient, tiens il faut que
06:23je dégraisse un petit peu, que je restructure mes coûts salariaux notamment.
06:27Il y a un ratio très simple que je ne connaissais pas mais qui est assez évident, c'est de
06:31regarder les coûts salariaux de l'entreprise par rapport au ventre réalisé.
06:34Bon, ce ratio il est au plus bas aujourd'hui, il n'y a pas de pression venant des salaires,
06:40en tout cas du point de vue de l'entreprise et des marges de l'entreprise, en plus il
06:42y a de la productivité, visiblement les entreprises américaines ne sont pas au bord de licencier
06:48ou d'opérer des vagues de licenciement.
06:49Adil, comment vous regardez le cycle de baisse de taux et puisque ça change pour l'investissement
06:53récesseur ou pas à ce stade ?
06:54Non mais je partage tout ce que Florence a dit et effectivement, en fait on est dans
06:59une situation où, parce qu'on entend beaucoup le mot récession, ça fait deux ans que je
07:03pense que toutes les semaines le mot récession revient, encore plus, on ne croit pas au scénario
07:07de récession.
07:08Peut-être technique, pourquoi pas, en Europe et encore, ça aussi on n'y croit pas, aux
07:11Etats-Unis encore moins.
07:12Pour revenir sur l'emploi américain, on continue à recruter, ça continue à recruter, qu'on
07:17le veut ou non.
07:18Est-ce qu'il y a besoin de recruter autant qu'avant ? La réponse est non.
07:21Est-ce que c'est ça qui va faire qu'on va avoir récession ? La réponse est non.
07:24Est-ce qu'aujourd'hui les taux américains sont trop élevés par rapport, on va dire,
07:29au niveau de rentabilité de marge qui sont dégagés par les entreprises américaines ?
07:33Oui, ça il y a un consensus et c'est pour ça que la réserve fédérale américaine
07:36va baisser ses taux.
07:37Mon sentiment et notre sentiment chez Schellcher, c'est qu'on aura une baisse graduelle des
07:42taux, je pense que ça serait très dangereux d'avoir une baisse concaténée en 50, 75
07:47points de base ou que sais-je, en one shot.
07:49Si ça devait arriver, c'est que les chiffres sont très mauvais et que là on est clairement
07:52dans la récession.
07:53Et un accompagnement finalement avec des baisses graduelles, c'est tout ce que tout le monde
07:58attend, à savoir le fameux soft landing.
08:00C'est le mot que Jérôme Poel n'a pas prononcé à Jackson Hole.
08:03Je pense qu'il ne peut pas se permettre tant que rien n'est confirmé, rien n'est acté,
08:08rien n'est enterré.
08:09Le mot graduel, c'est un mot que Jérôme Poel n'a pas souhaité employer.
08:15Déjà le 25 points de base, il fallait quand même l'avoir.
08:18Maintenant il est là.
08:20La gradualité, tout dépend, encore une fois, des chiffres qui vont sortir.
08:23Et à part si Jérôme Poel a déjà les chiffres qui vont sortir dans six mois, c'est normal
08:28qu'il ne puisse pas s'engager sur ça.
08:29Mais les marchés attendent ça et notre conviction, c'est que l'économie s'y prête.
08:33Il n'y a aucune raison d'aller trop vite.
08:35Les résultats des entreprises américaines, à part Nvidia qui a surpris parce que le
08:39consensus était lui-même surpris, est-ce qu'il y a eu des chocs ?
08:43Fondamentalement, non.
08:45J'ai discuté avec pas mal d'économistes qui sont venus, des quantes, des fondamentaux.
08:50Le consensus est assez unanime sur les dernières émissions de Smart Bourse.
08:54À trois mois, le risque de récession US, il est, mais proche de zéro.
09:00C'est ça qui est assez rare.
09:01Est-ce que quand tous les économistes sont d'accord de cette manière-là sur un horizon
09:05de marché trois mois, est-ce que ce n'est pas le moment de s'inquiéter ?
09:10C'est vrai que sur les taux d'intérêt, 110 points de base, le risque paraissait asymétrique
09:14et ça paraît beaucoup.
09:15Ça c'est ce que le marché anticipe, d'ici la fin de l'année, pour la Fed.
09:18On avait plutôt l'idée aussi de 75 centimes.
09:20Alors sur les économistes, ce qu'il y a c'est qu'une récession et un ralentissement,
09:25ça commence toujours pareil.
09:26On ne peut pas en réalité prévoir une récession.
09:28C'est ce qui fait peur.
09:29Mais qu'il y ait de la nervosité maintenant, c'est assez normal parce que souvent, avant
09:33la première baisse de taux, quand on sait qu'on se projette et qu'il y a une bonne
09:35nouvelle devant soi, ça monte, c'est assez facile.
09:38Mais là, il y avait vraiment la conjonction de beaucoup de choses.
09:40Il y avait ça, il y avait septembre où il y a une saisonnalité assez négative et d'autant
09:45plus négative quand il y a des élections derrière et des programmes aussi marqués,
09:49aussi diversifiés.
09:50Et puis, il y avait un doute sur les statistiques.
09:53Vous parliez il y a quelques temps, mais par exemple, les indicateurs ISM, les indicateurs
09:57PMI n'ont absolument pas fonctionné depuis des années.
10:00Et même les indicateurs durs comme les créations d'emplois, il y a une révision qui a vraiment
10:04frappé les esprits.
10:05Donc, on arrive au milieu de tout ça en se disant, c'est toujours un peu la croisée
10:09des chemins.
10:10Parfois, c'est un peu faux, mais là, c'est vraiment le cas et on arrive en étant un peu
10:14incertain.
10:15Et finalement, ce qui se passe, c'est que sur une seule statistique, il y a eu en plus
10:19ce débouclage du carry trade qu'on ne pouvait pas anticiper.
10:22Et finalement, c'est plus la réaction du marché qui a été très forte avec ce mouvement
10:27de débouclement qui a fait que, pour justifier, on ne va pas dire c'est un truc technique,
10:32etc.
10:33Il faut bien trouver une solution.
10:34Et là, c'est parce que la question de la récession est posée.
10:36Et pour moi, elle n'était pas plus posée ce mois-ci qu'elle l'était il y a quelques
10:40mois.
10:41C'est ça le point.
10:42Et donc, maintenant, on se met à débattre.
10:43Et ce qui me semble, c'est que justement, c'est tous les arguments que vous donniez.
10:45Théoriquement, sur le papier, si on regarde les boîtes, elles avaient déjà eu du mal
10:50à embaucher.
10:51Donc, pourquoi elles licencieraient ? Elles ont des marges importantes parce qu'il y a
10:54une productivité forte.
10:55Et donc, elles arrivent à maintenir, c'est-à-dire qu'il y a des salaires plus importants que
11:00l'inflation.
11:01Alors, on arrive aussi à un point où, comme il n'y a plus d'épargne, c'est pour ça
11:05que Powell a dit que c'est important aussi.
11:06On parle de la consommation.
11:07Oui.
11:08Là, il n'y a plus d'amortisseurs.
11:09Il n'y a plus de filets de sécurité.
11:11Donc, le moins de dérapage sur le marché du travail peut très vite se faire ressentir.
11:15Bien sûr.
11:16Mais finalement, comme il y a des salaires qui augmentent plus vite que l'inflation,
11:20ça donne du pouvoir d'achat.
11:21Et en même temps, comme il y a une productivité, ces salaires qu'ils payent de manière plus
11:24élevée, les entreprises arrivent à passer les coûts.
11:27Donc, sur le papier, il ne devrait pas y avoir, en effet, de récession.
11:32Mais voilà.
11:33Donc, il peut y avoir quelques semaines d'agitation, mais il nous semble, oui, que le scénario
11:37récessif est vraiment exagéré.
11:39Et peut-être que quelques statistiques pourront le démontrer.
11:42Mais voilà, il faut attendre le mois prochain pour avoir ces éléments-là.
11:45Bon, 25 points de base pour la réserve fédérale américaine.
11:47C'est mieux que 50.
11:48C'est autorégulateur.
11:49Ce qui s'est passé il y a un mois aurait pu provoquer, quand il y a de tels mouvements,
11:55il peut y avoir un hedge qui s'explose.
11:57Il peut y avoir des trucs.
11:58Et là, la psychologie des ménages, des consommateurs change et le truc pouvait partir à la cave.
12:02On ne sait jamais.
12:03Ce n'était pas écrit d'avance.
12:04Mais maintenant, je trouve qu'on a un peu plus balisé le terrain.
12:06Pour la Banque Centrale Européenne, où est-ce que vous mettez les enjeux ? Suivre la baisse
12:13de l'inflation et suivre la Fed, c'est la mission ?
12:16Sur le papier, ce n'est pas qu'elle est « beyond the curve ». La croissance est totalement
12:22à taux dans l'Europe et on devrait avoir des taux théoriquement plus bas, mais elle
12:26ne pouvait pas les baisser sans la Fed parce que ça affaiblit l'euro et ça voudrait
12:31dire de l'inflation apportée plus chère et donc ça veut dire que ça a fait remonter
12:34l'inflation et c'est contraire à son mandat.
12:35Elle attendait, d'ailleurs elle a intervenu en premier, elle attendait que la Fed se fasse
12:40et maintenant…
12:41Ça a fait plutôt monter l'euro.
12:42Oui, mais ça se fera de manière concomitante, les deux.
12:46Sinon, elle ne pouvait pas le faire toute seule et maintenant, je pense qu'elle le fera
12:52de manière synchronisée.
12:54Côté BCE, comme vous regardez les choses particulièrement, Florence, c'est vrai
12:59que le discours de Jérôme Poel à Jackson Hole donne l'idée, c'est structurellement
13:03la Fed est beaucoup plus agile, elle est capable de changer effectivement de fonction de réaction
13:07très vite si les conditions se détaillent, etc.
13:09Ça, c'est bien ressenti dans le discours d'un Jérôme Poel à Jackson Hole.
13:12Du côté de la BCE, on a toujours un biais structurel beaucoup plus prudent, plus au
13:17quiche et c'est vrai que quand on regarde un peu l'état de la zone euro, on se demande
13:20si, tiens, est-ce qu'il ne serait pas de bon ton quand même que la BCE soit peut-être
13:24en capacité d'accélérer si nécessaire à un moment son rythme de baisse de taux.
13:30Moi, je pense que la BCE, elle peut accélérer si effectivement on a une dégradation marquée
13:34des conditions de croissance.
13:36Mais comme ça a été dit, on a une croissance qui est morose, certes.
13:40Mais l'inflation baisse vite quand même en zone euro.
13:42L'inflation baisse vite, mais il y a quand même, je pense qu'un des risques majeurs,
13:46ça serait de revenir dans un environnement de taux zéro.
13:48Bien sûr, les taux zéro, c'est quand même totalement contre-intuitif, innaturel, ça
13:53génère des biais massifs dans l'allocation du capital.
13:57La BCE s'est quand même battue pendant des années, d'ailleurs, elle n'y arrivait pas
14:02quand on était en risque déflationniste, pour faire remonter l'inflation et sortir
14:07de cette situation qui était quand même extrêmement difficile.
14:09Donc aujourd'hui, il n'y a pas d'alerte majeure.
14:14Je pense qu'il faut qu'ils se conservent des marges de manœuvre, donc ils n'ont aucun
14:16intérêt à baisser les taux trop rapidement, d'une manière trop significative.
14:20Et d'ailleurs, quand on regarde, il y a une enquête de la Commission européenne, que
14:23j'aime bien, qui regarde et qui demande aux entreprises quels sont les facteurs qui limitent
14:27la production.
14:28Donc, quand vous regardez cette enquête aujourd'hui, l'essentiel des contraintes vient de la demande.
14:35Donc, 40% des entreprises disent, moi, ce qui limite ma production, pour 40%, c'est
14:41la demande.
14:42Pour 20%, je crois, c'est la capacité à embaucher.
14:46Et les conditions financières, 5% seulement.
14:495%.
14:50Donc, évidemment, il y a des secteurs…
14:52Il y a un lien entre la demande et les conditions financières, Florence.
14:55Bien sûr.
14:56Et puis, il y a des secteurs comme l'immobilier.
14:57J'entends.
14:58Évidemment.
14:59Parce que déjà, c'est des résultats d'enquête qui sont inverses de ce qu'on a vécu pendant
15:02la période Covid, post-Covid, où c'était l'offre qui manquait, l'offre qui était
15:07contrainte, etc.
15:08Là, on revient à quelque chose de plus habituel pour la zone euro, finalement.
15:11C'est plus habituel.
15:12Et donc, évidemment, bien sûr, je trouve que c'est intéressant.
15:15Et bien sûr que les conditions financières jouent sur la demande aussi.
15:17Mais il y a quand même une situation… On peut parler de l'Allemagne.
15:21L'Allemagne, aujourd'hui, c'est le maillon faible, entre guillemets, de la zone euro.
15:27Et on parlait des États-Unis, mais on est quand même dans une forme de miroir entre
15:32l'Europe, les États-Unis.
15:34Le problème, c'est le commerce extérieur.
15:37On est extrêmement dépendant du commerce extérieur.
15:40Donc, problématiques chinoises, problématiques de ralentissement de la croissance mondiale
15:46et problématiques protectionnistes.
15:48Et donc, c'est peut-être ça qu'il faut qu'on garde.
15:52Bien sûr, le niveau des taux d'intérêt a un rôle.
15:55Je veux dire que la BCE, elle baisse de 25 ou de 50.
15:58Ce n'est pas ça qui va changer la face de croissance de l'économie européenne,
16:02il me semble.
16:03Donc, c'est bien de revenir… On a besoin d'avoir des taux d'intérêt qui sont en
16:07territoire…
16:08Neutralisés ?
16:09Voire légèrement incommodants, quand même.
16:10Je pense qu'on a besoin quand même d'un léger soutien, mais il ne faut pas que la
16:19BCE aille trop vite, il faut qu'elle en garde sous le pied s'il y a besoin.
16:23Oui, mais intéressant.
16:24Vous voyez à l'arrivée quand même un taux légèrement incommodant, enfin un taux
16:28d'arrivée pour la BCE qui doit être au minimum neutre.
16:32Je pense que le taux cible 2025, on va osciller autour de 25.
16:38De 25, c'est en zone incommodante.
16:42Parce que j'ai écouté Isabelle Schnabel, elle dit que dès que le taux directeur,
16:46dès qu'on commencera à s'approcher de la limite haute des estimations du taux neutre
16:50en zone euro, il faudra déjà tout de suite commencer à regarder ce qui se passe.
16:54Non, mais c'est les nuances qui peuvent s'exercer aussi au sein de la Banque Centrale
17:00Européenne.
17:01Sur la BCE, qu'est-ce que vous dites spécifiquement, Adil ?
17:05Moi, je suis un peu surpris.
17:08En fait, quand on regarde un petit peu les chiffres d'inflation.
17:11Par exemple, il y a un chiffre qui m'a surpris, c'est l'inflation allemande.
17:14Si je ne me trompe pas, 1.9 je crois.
17:16Alors chez eux, les statistiques disent 1.9, harmonisée c'est 2.
17:20Moi j'aime bien.
17:21En dessous de 2, c'est encore plus...
17:22Vous aimez bien ?
17:23Parce que c'est encore plus symbolique et emblématique.
17:25Proche mais inférieur à 2, c'est parfait.
17:27Il y a ça.
17:28Et après, indépendamment de l'Allemagne, il y a quand même globalement de la désinflation.
17:31Elle est là.
17:33Voilà.
17:34Ça décroît.
17:35Ça va beaucoup moins vite.
17:36Donc il y a quand même de la désinflation qui est là.
17:38La croissance européenne, oui, elle tient.
17:40Mais elle est quand même beaucoup plus fragile que la croissance américaine.
17:43Le moteur, la locomotive européenne, à savoir l'Allemagne,
17:46il y a un sujet exportateur, oui.
17:48Et encore beaucoup plus long terme, dans un monde qui se déglobalise,
17:52on pourrait y revenir, etc.
17:53Avec tous les impacts que ça peut avoir.
17:55Et le dernier sujet qui est quand même problématique,
17:57il y a l'Europe, c'est plusieurs Etats.
18:00Les Etats-Unis, c'est un seul pays.
18:02On n'arrive pas à se mettre d'accord en Europe.
18:04Donc, moi, je pense que dans ces conditions,
18:07notre sentiment, c'est que l'ABCE, en matière,
18:10a allé un peu plus vite que la fête.
18:13Il ne faut pas aller trop vite, mais encore une fois,
18:15et je partage un florent sur le taux d'atterrissage,
18:182,225, ou 2,26, ou 2,27.
18:21On peut chipoter, je pense, jusqu'à l'infini.
18:23Mais ça, je pense qu'il y a un consensus autour de ça.
18:26Les taux zéros, c'est fini.
18:27De toute façon, c'est une aberration par le coût qu'il en coûte, l'argent infini.
18:30Mais à force de ne pas trop attendre,
18:32est-ce qu'on ne crée pas aussi le risque déflationniste de demain ?
18:35C'est un peu l'idée.
18:37En fait, il y a déjà eu une baisse de l'ABCE.
18:40A priori, il y en a deux autres d'ici la fin de l'année.
18:42Est-ce qu'il ne faudrait pas 75 points de baisse d'ici la fin de l'année
18:46pour prendre le pas par rapport aussi à la fête ?
18:49Parce que, encore une fois, les économies sont différentes
18:52et les risques en forward, quand on projette de l'économie européenne
18:55par rapport au reste du monde, sont totalement différents
18:58et ont un système politique complexe.
19:00Ça, c'est un peu la lecture.
19:02Maintenant, fondamentalement, ce qui va se passer,
19:04notre sentiment, c'est 25 et 25.
19:06Mais on aimerait bien qu'il n'y aura pas de prise de risque.
19:11Et le fait d'avoir ça, ça rajoutera de la volatilité
19:14en cas de chiffre, même un micronième de points de base
19:17en dessous des attentes.
19:19C'est ça le sujet.
19:20En Allemagne, les patrons se réveillent un peu.
19:23Les PDG de Volkswagen, nous ne sommes plus compétitifs.
19:26Les PDG de Deutsche Bank, les Allemands ne travaillent pas assez.
19:29C'est intéressant d'ailleurs, l'affaire Volkswagen,
19:31fermer une ou deux usines en Allemagne.
19:33Bloomberg compile aujourd'hui avec des données d'experts
19:36le nombre d'usines, d'automobiles qui tournent un peu à vide en Europe.
19:40Il y en a quand même beaucoup, c'est plusieurs dizaines.
19:42Rien que se dire qu'il y a des surcapacités dans un secteur
19:45comme l'automobile, qui pèse pas loin de 10% du PIB de l'Union européenne,
19:49normalement, ça limite un peu les risques à la hausse sur l'inflation.
19:52Pour ceux qui craignent l'inflation salariale,
19:55les tours d'inflation dans les salaires, etc.,
19:57je pense que les négociations, elles ne vont pas se dérouler
20:00dans la même ambiance qu'il y a deux ans, de ce point de vue-là.
20:02Je partage totalement, et c'est pour ça qu'en gros,
20:05les chiffres qu'on a, moi je pense qu'ils sont encore une fois
20:08en deçà des chiffres qu'on va avoir et qu'on devrait avoir.
20:11Ne serait-ce qu'en intégrant justement ces surcapacités.
20:14Encore une fois, ça met du temps à se matérialiser.
20:16Il y a un effet lag, c'est normal.
20:20Madame Stabel, elle raisonne comme si l'Allemagne
20:23était dans la même situation qu'il y a quelques années,
20:26et elle ne l'est plus.
20:27Donc le seul avantage de ce que vit l'Allemagne,
20:29c'est peut-être de rapprocher politiquement...
20:32Parce qu'on parle du point de vue des politiques monétaires,
20:36mais c'est peut-être compliqué.
20:37Enfin, c'est pas que c'est en retard, c'est que...
20:41D'ailleurs, il y a un élément nouveau, c'est qu'avant,
20:43on disait, jamais plus, on reviendrait à la situation de taux zéro.
20:47Mais moi, je ne l'exclue pas totalement.
20:49C'est ça le paradoxe.
20:50Parce que justement, par rapport à ce qu'on dit là,
20:52c'est pas totalement impossible.
20:53On était tous, je pense, surpondérés sur le Bligue,
20:55on avait en gros ces niveaux-là...
20:57Est-ce que la démographie a changé en zone euro ?
20:59Est-ce que la productivité a changé en zone euro ?
21:01Non, il n'y a pas de changement.
21:03Donc voilà, c'est pas totalement impossible.
21:05Mais c'est du point de vue budgétaire et politique
21:09que l'accord ne s'est jamais fait.
21:11Et là, c'est très compliqué.
21:13Mais justement, peut-être que l'Allemagne,
21:15qui auparavant était contre des mesures plus protectionnistes,
21:19parce qu'elle avait tout intérêt, elle, à continuer à exporter,
21:21son modèle étant tellement remis en cause,
21:23peut-être qu'on peut progresser un peu du point de vue budgétaire.
21:26Et ça, ça serait l'élément important.
21:28Pour l'instant, il n'y a pas d'indice.
21:30Sur le secteur auto en tant que tel,
21:32parce que ça a été quand même pendant 3-4 mois,
21:34au début de cette année, je me souviens,
21:36un secteur leader en Europe,
21:38on vivait encore sur les règles du Covid,
21:40les marges d'eau étaient hyper élevées, etc.
21:42En quelques mois, le vent a tourné de manière spectaculaire.
21:45Parce qu'il y a une intégration, il y a des chiffres,
21:47il y a une intégration verticale au niveau des entreprises automobiles chinoises.
21:51D'un coup, de revient, on dit 15% moins cher que Tesla,
21:55qui lui-même est moins cher que les entreprises européennes.
21:57On l'a vu avec les batteries électriques, c'est très compliqué.
21:59C'était écrit, mais moi, c'est la vitesse à laquelle ça a tourné,
22:02sur le marché boursier notamment, qui a été spectaculaire.
22:06Ça peut frapper les esprits, engendrer peut-être des mesures,
22:10mettre des taxes plus fortes à la manière américaine, etc.
22:13pour arriver à avoir quelque chose de protectionniste.
22:16Le marché unifié, ce temps qu'on lutte par rapport à les Etats-Unis,
22:20où ils sont 6 fois plus nombreux que nous en France,
22:23où on lutte avec la Chine, c'est très difficile.
22:25La seule solution, ce n'est pas qu'on était naïfs,
22:28on dit toujours qu'on a été naïfs par rapport à la Chine,
22:30mais c'est qu'on avait des intérêts contradictoires.
22:32Peut-être que là, on a des intérêts qui peuvent...
22:34Et la réponse est le protectionnisme.
22:36Enfin, ça fait 15 ans que je suis, que j'observe la vie économique, les marchés,
22:40j'ai rarement entendu des investisseurs ou des gens venir me dire
22:43la bonne réponse, c'est le protectionnisme.
22:45C'est comme dans le conte de Cendrillon.
22:47Vous savez, pour quelqu'un d'ici, il y a toujours un petit moment
22:49où il faut être en réalité protégé. On ne le dit jamais.
22:51Mais en réalité, il y a toujours une petite protection,
22:53et ensuite, quand on est grand et adulte, on va dans le monde.
22:55Mais avant d'aller dans le monde...
22:57Avant d'aller dans le monde et se battre, il faut un petit dosage de protection.
23:00Enfin, ou au moins, plus de la relance, plus etc.
23:02Mais voilà, les finances, etc.
23:04D'où peut-être des taux d'intérêt, quand on parlait de taux cibles, etc.
23:07qui mériteraient peut-être d'avoir des taux d'intérêt réels négatifs
23:11pour justement parler de tous ces financements nécessaires.
23:14Mais tout ça se coordonne.
23:16Moi, je pensais que la Banque Centrale Européenne et les États
23:19étaient plus coordonnés que ce que je vois.
23:21Au moment du Covid, je pensais vraiment qu'il y avait une révolution qui s'était faite.
23:24Et on s'aperçoit que...
23:25Abayou, ce moment presque Hamiltonien, comme on le décrivait.
23:27Mais c'est le drame de l'Europe.
23:29On est capable, dans des moments adverses,
23:31de faire ces efforts-là,
23:33mais ça reste à chaque fois une parenthèse.
23:35À ce titre-là, à ces égards,
23:37comment le rapport Draghi résonne à vos oreilles, Florence ?
23:41Justement, je voudrais intervenir sur le sujet.
23:43Parce qu'en fait, là, on parle de politique monétaire.
23:45Donc évidemment, si on a des taux qui sont bas
23:47et des taux réels négatifs,
23:49ça peut aider sur la partie financement.
23:51Mais en fait, toutes les problématiques qu'on évoque,
23:53c'est des problématiques qui sont structurelles.
23:55L'Allemagne, pourquoi est-ce qu'elle souffre ?
23:57Évidemment, il y a le problème chinois, il y a le commerce extérieur.
23:59Mais l'Allemagne, elle a construit son économie
24:01sur l'accès à de l'énergie pas cher.
24:03Ça, c'est terminé.
24:05Donc, il y a l'accès à l'énergie pas cher.
24:07Il y a le rapport Draghi.
24:09Moi, je ne l'ai pas lu.
24:11J'avoue, il fait 400 pages.
24:13Mais je vais le lire.
24:15Il a écrit lui-même le résumé, je crois.
24:17Ça, c'était assez bien.
24:19Il y a un résumé qui est fait par Draghi lui-même.
24:21Honnêtement, moi, je trouve que
24:23c'est extrêmement intéressant.
24:25Parce qu'il met quand même
24:27le doigt sur des problèmes
24:29qui sont des problèmes fondamentaux
24:31en Europe.
24:33La réglementation qui est quand même
24:35probablement excessive.
24:37Donc, parfois, on ne sait même plus
24:39à quoi elle sert.
24:41Qu'on n'arrive pas à bien comprendre.
24:43Il y a un très bon article dans le Financial Times
24:45il y a deux jours sur le CSRD.
24:47Je veux dire, c'est quand même compliqué.
24:49Donc, les règles de reporting des entreprises
24:51sur les enjeux ESG.
24:53Exact. Il y a ça.
24:55Il y a la partie réglementaire.
24:57On parlait des banques.
24:59On parlait de l'investissement.
25:01Le coût en capital assureur.
25:03Si on veut financer la transition.
25:05Tout ça, c'est des problèmes
25:07qui nous rendent la vie plus difficile.
25:09Il y a toute la partie, aussi, que moi, je trouve
25:11extrêmement intéressante sur
25:13comment est-ce qu'on dirige
25:15l'épargne des particuliers
25:17vers, justement, les investissements.
25:19Il parle de 800 milliards par an
25:21qui sont nécessaires.
25:23Là, effectivement, il y a l'union des marchés des capitaux.
25:25Là, on peut faire le lien avec Commerzbank.
25:27Et une crédite, oui, bien sûr.
25:29Et il y a comment
25:31investir de manière efficace
25:33l'épargne des particuliers.
25:35On a des taux d'épargne, en Europe,
25:37qui sont plus élevés qu'aux Etats-Unis.
25:39Mais qui sont...
25:41Pas investis.
25:43Pas là où il faudrait.
25:45Quand on est économiste, évidemment.
25:47Pour les épargnants, évidemment,
25:49ce n'est pas la bonne chose à faire.
25:51Parce qu'on a envie de mettre son capital
25:53là où il est rentable.
25:55Et pour l'économie et le financement des entreprises,
25:57il y a un problème d'appariement qui ne fonctionne pas bien.
25:59Et il évoque,
26:01notamment dans ce rapport,
26:03toute la thématique fonds de pension,
26:05financement des retraites,
26:07le serpent de mer des retraites par capitalisation.
26:09Et donc ça, c'est effectivement des sujets
26:11qu'il faut qu'on mette sur la table.
26:13On passe beaucoup de temps à parler des baisses de taux de la BCE.
26:15Bien sûr que c'est important.
26:17Mais les sujets de fonds de l'économie européenne,
26:19c'est plutôt ces thématiques-là.
26:21Intéressant.
26:23Je résume les 400 pages que je n'ai pas lues non plus.
26:25Ils nous parlent d'innovation
26:27et de prise de risque.
26:29C'est nouveau dans le logiciel européen.
26:31Il y avait eu, je crois, une dizaine d'années,
26:33je ne sais plus si c'était l'agenda de Lisbonne ou de Madrid,
26:35on parlait de l'Europe de l'innovation,
26:37c'était l'Europe des nouvelles technologies, etc.
26:39Il y avait eu ce moment qui est resté lettre morte.
26:41Mais aujourd'hui, l'Europe doit prendre des risques.
26:43Pour prendre des risques, il faut desserrer un peu
26:45les verrous de la régulation ici et là.
26:47Et puis l'innovation, ça se finance
26:49par tout le monde.
26:51Je peux vous donner des exemples.
26:53On a investi notamment en Crédit Agricole Assurance.
26:55On a un projet sociétal qui est assez puissant.
26:57Et on investit massivement
26:59dans tout ce qui est transition énergétique.
27:01On a quasiment 5 milliards en ENR.
27:03Et on a investi notamment, il y a un an et demi,
27:05dans un fonds hydrogène
27:07pour 100 millions.
27:09C'est une thématique qu'on regarde.
27:11Je me souviens, à l'époque,
27:13à la présentation du fonds,
27:15on échangeait
27:17avec les entreprises.
27:19Et c'était fascinant parce qu'ils nous disaient
27:21que c'est une thématique naissante en Europe
27:23qu'il faut absolument aider
27:25pour qu'elle démarre.
27:27Il n'y a pas encore de marché,
27:29mais on a déjà des régulations qui arrivent.
27:31C'est ce genre d'exemple-là.
27:33C'est-à-dire qu'aux Etats-Unis,
27:35l'hydrogène, ça démarre, il y a l'IR1.
27:37Si ensuite le marché grossit
27:39et qu'il faut réguler, bien sûr on régule.
27:41Mais là, la régulation en Europe
27:43vient même avant que le marché se démarre.
27:45La logique est complètement inverse.
27:47Adil, sur ces questions,
27:49je veux bien qu'on parle un peu des marchés.
27:51On l'a évoqué rapidement
27:53avec Jean-Jacques,
27:55mais c'est quoi les grands enseignements
27:57de l'épisode 5 août ?
27:59Est-ce que ce qu'on a vécu la semaine dernière,
28:01c'est des répliques de phénomènes techniques
28:03dans ces marchés ?
28:05Ou est-ce qu'il y a des vrais changements profonds
28:07sur la perception macro peut-être demain ?
28:09On voit quand même des rotations
28:11se mettre en place sur les marchés actions.
28:13Qu'est-ce qui se passe
28:15si on commence à baisser
28:17les taux de marché, directeur ?
28:19Pour des gens qui ont été très bien
28:21ménérés sur du cash pendant plusieurs trimestres
28:23maintenant, etc.
28:25Ces questions-là ne sont pas nouvelles, mais elles arrivent.
28:27Les réponses sont maintenant.
28:29Elles vont arriver.
28:31En fait, il y a...
28:33Je vais essayer d'être très synthétique.
28:35Je ne sais pas si je vais y arriver, mais on va essayer.
28:37Globalement,
28:39il y a un élément qui est clé,
28:41je pense,
28:43et c'est une stratégie et un fondement
28:45que je pousse depuis un certain nombre
28:47de mois, voire d'années,
28:49c'est que les taux vont se normaliser, vont se repentifier.
28:51Maintenant, c'est acté. On est positif
28:53aux US, on est positif
28:55en Allemagne, légèrement.
28:57C'est normal ? Zéro, c'est une normalisation
28:59pour vous ? C'est quoi une vraie pente de courbe
29:01de taux ? Pour ceux qui ont oublié ce que c'était,
29:03une vraie pente de courbe de taux 2 ans, 10 ans US ?
29:05Moi, ce que j'ai appris, j'ai fait un peu de maths,
29:07je pense que tout le monde le saura,
29:09il fut un temps.
29:11On va dire qu'avoir un 2-10,
29:13un écart entre le 10 ans et le 2 ans
29:15dans une courbe, dans une économie normale,
29:17entre 40 et 60 points de base,
29:19il n'y a rien de choquant, et c'est même simple
29:21pour tout le monde, et pour les générations futures,
29:23et pour les épargnants, et pour les entreprises,
29:25bref, tout le monde est content. Il s'avère que
29:27c'est un monde qu'on a peut-être largement
29:29oublié, ou peut-être que certains n'ont jamais vu.
29:31Donc,
29:33les pentes se renormalisent,
29:35la partie courte est très connectée à l'inflation,
29:37et pour moi, la partie longue, on va dire longue à partir
29:39de 7 ans et au-delà,
29:41pour moi, aujourd'hui, ce que ça matérialise,
29:43ce n'est pas la croissance future.
29:45Ça, c'est ma conviction, c'est le besoin de financement
29:47additionnel à venir. Dans un monde où il faut
29:49déglobaliser, il faut financer
29:51la partie renouvelable,
29:53il faut financer, encore une fois,
29:55le social,
29:57qu'on le veut ou non, mais depuis la crise du Covid,
29:59il y a un sujet quand même majeur
30:01autour de ça, et ça a besoin...
30:03Ça reflète la masse des investissements qui nous attendent
30:05demain. La prime de termes, c'est la prime
30:07du besoin en financement à venir.
30:09Et c'est quelque chose de normal.
30:11Sauf que, d'une part, on a les États qui ont
30:13ce besoin-là, qui ont besoin de financer,
30:15et forcément, les banques centrales, elles,
30:17elles veulent,
30:19encore une fois, juguler l'inflation, et c'est quelque
30:21chose de normal, donc c'est un petit peu contradictoire.
30:23Donc, l'épente, aujourd'hui, c'est quelque chose d'acté, et pour moi, on n'est qu'au début.
30:25Ça ne va pas se faire de façon linéaire,
30:27mais on est au début. – Des stratégies de remportification,
30:29ça reste valable pour vous aujourd'hui ? – Et sur l'obligataire,
30:31pour moi, ça reste encore
30:33très intéressant, et ce n'est pas parce qu'on en fait beaucoup
30:35chez Shell, que je le dis,
30:37je suis persuadé que c'est encore un marché hyper attractif,
30:39que ce soit l'investment grade, le high yield,
30:41ou les taux, mais il faut aller chercher
30:43au plus la partie courte,
30:45la partie 3 ans, 4 ans, pour justement
30:47éviter cette repointification, ou même en bénéficier.
30:49Voilà, ça, c'est quelque chose
30:51d'essentiel. – D'accord. Pas trop de durations,
30:53il n'y a pas… – Beaucoup de durations,
30:55mais sur le cours, encore une fois. – D'accord, ok.
30:57– Il y a des techniques qui permettent… – Oui, oui, je comprends, il y a des stratégies
30:59pour ça, ok. – Plus l'infini en durations,
31:01mais sur du 6 mois, c'est faisable.
31:03Voilà, ça, c'est quelque chose d'essentiel, et pour moi,
31:05c'est essentiel. Ce n'est pas linéaire, il faut être tactique,
31:07mais ça, on va dire, c'est notre métier.
31:09Quelque chose de fondamental,
31:11ensuite, quand on regarde,
31:13il ne faut pas oublier qu'il y a quand même la géopolitique
31:15qui est là, l'Ukraine, la Russie, ce n'est pas fini,
31:17le Moyen-Orient, ce n'est pas fini,
31:19il se passe quand même un certain nombre de choses, ça, c'est de la vol,
31:21on l'avait oublié sur la VX et la V2X,
31:23les indices de volatilité equity,
31:25mais ça peut arriver très très rapidement,
31:27et au-delà de la vol,
31:29le carry trade, le débouclage
31:31des stratégies de carry trade au Japon,
31:33voilà, avec le Yen,
31:35et donc la Banque Centrale du Japon qui a augmenté ses taux,
31:37ça montre quand même que dans ce marché,
31:39il y a quand même un petit peu de levier à droite et à gauche,
31:41un petit peu, un petit peu beaucoup,
31:43et il ne faut pas sous-estimer ça.
31:45Ça, encore une fois, c'est quelque chose d'essentiel,
31:47et quand on voit aussi les repositionnements
31:49des fameux CTA
31:51et les fonds systématiques sur les fonds actions quand les vols baissent,
31:53aujourd'hui, ils sont repassés au top,
31:55ça, c'est quelque chose aussi qui,
31:57à un moment donné, quand il y a un mauvais chiffre,
31:59ça va, on va dire, rebaisser de façon significative,
32:01et pour finir, sur le marché actions,
32:03on est encore positif depuis le début de l'année,
32:05oui, le marché actions,
32:07à l'Europe, il y a une prime de risque plus élevée,
32:09mais forcément, il y a plus de risques, les US sont chers,
32:11oui, mais in fine,
32:13il faut faire du peaking sectoriel,
32:15nous, on l'aime beaucoup aujourd'hui.
32:17Mais on voit d'ailleurs le marché actions qui s'élargit, c'est ce que je comprends,
32:19le marché US est cher, si on enlève les 7
32:21magnifiques, il est tout de suite un peu moins cher.
32:23Et les meilleurs performers, ce ne sont pas
32:25les 7 magnifiques sur les derniers mois, c'est la grande nouveauté.
32:27Voilà, c'est ça. C'est magnifique. D'accord.
32:29Mais c'est dans cette partie-là du marché
32:31que l'univers
32:33d'investissement vous paraît le plus intéressant aujourd'hui, alors ?
32:35C'est pas qu'on a un biais, mais
32:37après, voilà, c'est peut-être l'approche obligataire,
32:39très value, etc. Oui, oui, j'entends.
32:41Et connecté au taux, pour le marché actions.
32:43Jean-Jacques, qu'est-ce qui vous anime,
32:45comment vous avez géré l'été,
32:47et puis la rentrée, du coup ?
32:49Donc, ce que je disais, c'est qu'on est revenu
32:51à la neutralité,
32:53ce qui nous semblait indispensable, plus une rotation
32:55défensible, mais c'est finalement
32:57assez classique, c'est-à-dire que, à ce stade-là,
32:59c'est assez binaire,
33:01c'est soit, il y a juste un ralentissement,
33:03et après cette période de quelques
33:05semaines, mois, qu'on est en train de vivre,
33:07le marché repart à la hausse, soit
33:09il y a récession, et là, la baisse des résultats
33:11l'emporte sur le potentiel de baisse des taux
33:13et le marché décroche. Donc c'est aussi
33:15basique que ça. Nous, on milite
33:17pour la première solution, la sortie
33:19par le haut. Par contre,
33:21je pense que ce qui sera assez intéressant,
33:23c'est, justement, je pense
33:25que ces dossiers tech
33:27qu'on aime par moment ou pas, sont en train
33:29de bien dérêter avec l'histoire
33:31de la sortie,
33:33mais pendant ce temps-là,
33:35les résultats progressent tellement qu'ils retrouvent
33:37de l'intérêt. Et je pense
33:39qu'après cette phase de
33:41croissance défensive, il faudra revenir
33:43en fin d'année sur la tech.
33:45Et là, je pense qu'il y a vraiment du potentiel
33:47de nouveau sur les valeurs tech,
33:49parce que souvent, c'est au moment du dernier trimestre
33:51que les résultats sont le plus important.
33:53Vous avez dans le radar l'idée de reprendre
33:55des positions sur ces grandes valeurs technologiques
33:57qui ont, vu leur valorisation,
33:59un peu répit.
34:01Là, il y a peut-être quelques déceptions par rapport à Blackwell,
34:03mais il peut y avoir vraiment, de nouveau,
34:05des nouvelles fortes. Et puis, il y a un dossier qui se traite
34:07à 30 fois, mais c'est rien.
34:09Parce que les gens, après, ils disent, oui, ça se paye
34:11tant de fois, finalement, les ventes,
34:13etc., mais...
34:15Mais il y a des marges tellement élevées.
34:17Il y a des marges tellement élevées.
34:19Et c'est intéressant, votre point,
34:21parce que, je me dis, si on est dans l'idée
34:23que les baisses de taux vont accompagner le cycle,
34:25prolonger le cycle, etc.,
34:27je suis un peu étonné de voir, quand même,
34:29tout de suite, un marché action très défensif.
34:31C'est la santé, c'est les telcos,
34:33c'est vraiment des proxy bonds.
34:35Je ne vois pas un marché action
34:37très cyclique,
34:39très risk-on,
34:41sur le cycle.
34:43Disons que, parce qu'il faut couper la part en deux,
34:45peut-être qu'à un moment donné, justement,
34:47ça serait intéressant d'être sur le cyclique.
34:49Mais il y a un ralentissement, et je veux dire...
34:51Là, il y a un doute.
34:53Et ce qui, après, devrait à la fois
34:55être des valeurs défensives au cas où on se trompe
34:57sur le scénario, et qui, en même temps, devraient bénéficier
34:59de la baisse des taux, même s'il ne l'a pas fait,
35:01ce sont les valeurs tech, justement, qui cochent deux cases.
35:03Donc, c'est pour ça que, là,
35:05avec, finalement, le retour, un peu,
35:07en termes de valorisation, ça sera de nouveau
35:09il nous semble...
35:11Si on arrête de se faire peur avec la récession, c'est plutôt la partie
35:13cyclique ou tech qui doit revenir.
35:15Et même s'il y avait, presque,
35:17une croissance un peu atone,
35:19c'est des valeurs qui seront jugées de manière défensive.
35:21Donc, on part d'une croissance défensive
35:23à une croissance un peu moins défensive avec la tech par la suite.
35:25Florence, voilà comment...
35:27Alors, vous avez un nombre
35:29de classes d'actifs innombrables,
35:31mais, je veux dire, c'est quoi la philosophie
35:33quand on gère un portefeuille d'investissement
35:35pour un assureur, et un des plus gros,
35:37le plus gros en France, aujourd'hui ?
35:39Puis, l'analyse que vous avez faite chez Crédit Agricole Insurance
35:41de ce qui s'est passé cet été,
35:43on revenait rapidement sur les positions de carré,
35:45etc. Est-ce qu'on a moyen de savoir
35:47si ce levier, il est quand même bien rabaissé,
35:49ou est-ce qu'il y a encore un risque ?
35:51Je ne sais pas, la Boche, je crois, sera venue la semaine prochaine,
35:53si jamais la Fed
35:55venait à un moment à faire 50,
35:57qu'est-ce que ça peut impliquer sur le dollar Yen, etc.
35:59Est-ce qu'il y a un risque
36:01de repartir pour un tour
36:03sur ces questions de levier, par exemple ?
36:05Alors, peut-être pour répondre un peu
36:07sur le positionnement, déjà.
36:09C'est vrai que, côté assureur, nous, on est dans une logique de rendement.
36:11Donc, l'année, pour nous,
36:13elle était idéale, parce que, sur l'étau,
36:15on a quand même eu des opportunités de déploiement
36:17qu'on n'avait pas vues depuis
36:19longtemps. Mais des générations.
36:21Donc, pour l'assureur,
36:23l'environnement, il est formidable.
36:25Donc, sur l'étau, évidemment,
36:27on a fait beaucoup de choses. Sur la partie
36:29de ce qu'on appelle, nous, diversification,
36:31tout ce qui est hors obligataire,
36:33notamment les actions et toute la partie private equity,
36:35sur les actions côtés,
36:37la vision, c'est
36:39on est à la cible,
36:41on n'a pas vraiment de raison d'aller beaucoup plus
36:43loin, de manière agressive, sur nos
36:45allocations, parce que, justement, on arrive à générer
36:47du rendement sur la partie obligataire.
36:49En revanche, et là, je reviens au mois d'août,
36:51quand on a des points d'entrée, comme ça,
36:53qui, pour nous, étaient des points d'entrée évidents,
36:55évidemment qu'on va accélérer le déploiement.
36:57Donc, on est plutôt dans une logique
36:59qui est un peu by the deep,
37:01comme on le disait.
37:02Opportuniste, de ce point de vue-là. D'accord.
37:04Donc, opportuniste sur des valeurs
37:06qui, là, pour le coup,
37:08étaient soudainement à nouveau attractives.
37:10Effectivement, et notamment aux Etats-Unis,
37:12sur une logique un peu plus de diffusion
37:14du rallye.
37:16On a déjà un stock de valeurs
37:18américaines élargir
37:20sur des indices équipondérés
37:22ou faire un peu de picking.
37:24Effectivement, ça fait beaucoup de sens.
37:26On n'a pas de crainte majeure sur notre
37:28portefeuille. Donc, côté taux, on a beaucoup
37:30déployé. Partie actions, on est à la
37:32cible, on est opportuniste sur les points bas.
37:34Et les classes d'actifs qui continuent à rester
37:36intéressantes pour nous, c'est toute la partie d'aides privées.
37:38Partie d'aides privées...
37:40Gros boom de la dette privée.
37:42Alors, peut-être pas pour des instits, mais
37:44en tout cas, dans l'univers
37:46hors instits, oui, il y a un gros push
37:48d'aides privées, effectivement, depuis un ou deux ans.
37:50Mais ça reste, pour vous, des segments d'investissement
37:52intéressants. Toute la partie, notamment
37:54Unitranche, on déploie.
37:56Et puis, le Private Equity,
37:58on a des flux qui sont très réguliers
38:00vers une classe d'actifs qui, en fait, a des rendements qui sont
38:02stables et très
38:04intéressants dans le temps.
38:06De mon côté, est-ce que c'est un poids qui grossit
38:08encore dans
38:10l'allocation globale que vous
38:12supervisez, Florence ? Ou est-ce que
38:14en termes de poids, encore une fois,
38:16est-ce que c'est une poche que vous travaillez, mais
38:18est-ce que le poids est fixé ?
38:20J'ai l'assureur, les mouvements
38:22prennent du temps, mais c'est une poche qui, effectivement,
38:24grossit.
38:26Et c'est vrai qu'avec la remontée des taux,
38:28on s'est retrouvé dans une situation
38:30où il a fallu vraiment qu'on raisonne en termes de primes,
38:32de risques, en disant, ben voilà,
38:34les taux étaient à zéro, donc c'était un peu
38:36on achète tout, entre guillemets.
38:38Quand les taux remontent,
38:40il faut qu'on soit extrêmement sélectif
38:42sur les investissements qui sont davantage risqués,
38:44et c'est exactement la prime de lecture
38:46qu'on applique sur tous nos actifs de diversification.
38:48Donc on a été plus sélectif
38:50sur tout ce qu'on faisait, mais ça nous a
38:52pas empêché de continuer.
38:54Nous, notre objectif, c'est de servir
38:56des rendements pour nos assurés, donc évidemment,
38:58les taux montent, mais il faut qu'on continue à délivrer par ailleurs.
39:00C'est trop tôt pour le jouer, mais il faudra
39:02quand même se souvenir de tous ces comptes à terme,
39:04alors là, vous parlez au niveau des assurés,
39:06qui ont existé, tout ce monétaire
39:08qui a été investi, qui se déversera.
39:10Là, c'est trop tôt pour jouer. Il y a un niveau,
39:12un seuil, à un moment donné.
39:14À partir de combien de baisse de taux, on voit
39:16l'argent sortir du cash.
39:18Les fonds monétaires aux Etats-Unis, c'est 7 trillions.
39:20Ça rapporte pas grand-chose.
39:22Et peut-être qu'on sera de nouveau
39:24dans un raisonnement alternatif.
39:26J'ai vu des flux, oui.
39:28J'ai vu des statistiques.
39:30Dans un monde diversif.
39:32Comme payer, obligataire, etc.
39:34En anticipation, encore une fois,
39:36sur un investissement de grade un peu plus long, 2 ans, 3 ans.
39:38Merci à vous trois
39:40d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
39:42Florence Barjou, Crédit Agricole Assurance,
39:44Adil Amor, Shelter Prince Gestion
39:46et Jean-Jacques Friedman.
39:48Vega IM.

Recommandations