Les Jeux paralympiques vont-ils vraiment transformer notre société ? Serge Widawski, directeur général de l'association APF France handicap est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 28 août 2024.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 28 août 2024.
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00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Bonjour Serge Widawski, vous êtes le directeur général d'APF France Handicap.
00:08Merci d'être avec nous à deux heures du coup d'envoi des Jeux Paralympiques.
00:11On compte bien revivre la même magie qu'il y a un mois.
00:14Ils représentent quoi ces Jeux Paralympiques pour vous ?
00:17Alors, les Jeux Paralympiques c'est une opportunité phénoménale.
00:20On a vu l'effet des Jeux Olympiques, y compris d'ailleurs sur les personnes en situation de handicap.
00:24Il faut que vous sachiez qu'on a dépassé les Jeux de Tokyo
00:27en termes de nombre de personnes présentes en situation de handicap pendant les Jeux.
00:31C'était un des objectifs qu'on s'était fixé avec les ministères.
00:34Et on a fait trois fois plus que Tokyo qui était une référence.
00:38Mais dans le public ?
00:39Dans le public. Là je parle des spectateurs en situation de handicap.
00:41Parce que pour nous les enjeux, bien entendu c'est le sport pour tous,
00:44c'est de permettre aussi aux personnes en situation de handicap de participer aux Jeux,
00:48aux JO et aux JP bien entendu, aux Jeux Paralympiques.
00:51Et donc on avait un certain nombre de critères.
00:53Et un des critères c'était d'abord que les Jeux soient accessibles.
00:56C'était un engagement évidemment du Président de la République pour gagner les Jeux.
01:00Là on considère que c'est atteint.
01:02On a atteint effectivement des Jeux inclusifs pour les Jeux.
01:06Je reviendrai peut-être deux minutes après sur l'héritage des Jeux.
01:09Là on verra qu'effectivement il y a du travail.
01:10Mais vous nous dites que c'était déjà un succès en termes de public.
01:13Absolument.
01:14Pour les personnes qui ont des problèmes tout simplement de fluidité par accédé habituellement
01:19et que là on a déjà battu des records.
01:21Tout à fait. Il y avait deux enjeux en quelque sorte, les JO.
01:24Et bien sûr on va retrouver ces mêmes enjeux sur les Jeux Paralympiques.
01:26Bien sûr.
01:27Mais avec d'autres enjeux.
01:28Les enjeux c'était effectivement que les personnes en situation de handicap
01:31puissent être des citoyens comme tout le monde,
01:33c'est-à-dire participer aux Jeux y compris à la cérémonie d'inauguration des Jeux
01:39et sur les différents stades.
01:42Ça a été le cas.
01:43Le deuxième enjeu c'était de s'assurer qu'effectivement les personnes
01:48allaient pouvoir être accueillies partout,
01:55c'est-à-dire dans les gares, dans les aéroports,
01:57de façon à aller de manière fluide vers les stades et vers les différents endroits.
02:03Là aussi c'est réussi ?
02:04C'est réussi mais c'est réussi en grande partie grâce à des associations comme la nôtre.
02:07On a contribué, on a travaillé avec le DJOP,
02:11on a travaillé avec les différentes parties prenantes.
02:13Pour une fluidité d'accès, c'est ça ?
02:14Pour une fluidité d'accès.
02:15Auxquelles ils ne sont évidemment pas habitués.
02:16Absolument pas.
02:17Ni les aéroports, ni les gares, ni rien du tout.
02:19C'est une émotion bien particulière que vous avez connue.
02:22C'est fantastique.
02:23C'était fantastique et ce sera fantastique.
02:25Je pense que les uns et les autres ne se rendent pas compte de ce qui nous attend là.
02:29A commencer par ce soir.
02:30Ce soir j'ai cru comprendre que ça allait être magique.
02:32Mais les Jeux vont être magiques.
02:34Il y aura un peu moins de lieux.
02:36Je crois qu'il y avait 59 lieux de différents sports.
02:40Là il y en aura 25 je crois.
02:42Il y aura 14 000 athlètes quand même.
02:45Ce n'est quand même pas rien.
02:47Et il y a des Français bien sûr.
02:49Il y a 236 Français en situation de handicap qui participeront.
02:52Avec de réelles chances de médailles.
02:54On est à moins de deux heures maintenant de cette cérémonie d'ouverture qui démarre à 20h.
02:57Ces organisateurs nous promettent de l'audace.
02:59Oui.
03:00Vous avez des infos ?
03:01J'en ai quelques unes mais je ne suis pas autorisé à les divulguer.
03:03Je suis désolé.
03:04C'était normal que je vous pose la question.
03:06Mais en tout cas on va avoir des surprises.
03:08Visiblement ça vous inspire.
03:10Complètement.
03:11Je dois dire que ce qui est fondamental c'est d'être partie prenante.
03:15Pour les personnes en situation de handicap il n'y a rien de pire que de faire pour elles.
03:19Il faut que les personnes en situation de handicap participent.
03:21Et vous verrez qu'elles ont largement participé.
03:23Vous qui êtes directeur général d'APF France Handicap.
03:26Je vous cite nos confrères du quotidien Le Monde dans leur édition du jour.
03:30Les Jeux paralympiques s'ouvrent sous le signe de la Concorde.
03:33Est-ce que vous partagez cette analyse ?
03:35Complètement.
03:36Et d'ailleurs vous allez voir je crois, je n'ai rien divulgué de particulier.
03:40On va passer de la discorde à la concorde.
03:44Ça va être je crois la thématique de la soirée.
03:47Ce n'est pas un grand secret mais c'est quand même un symbole fort.
03:51La discorde c'est-à-dire l'écart aujourd'hui entre par exemple la perception du handicap dans les grands publics.
03:56Y compris dans les médias.
03:57Bien sûr.
03:59Et ce que l'on espère c'est-à-dire la concorde.
04:02C'est-à-dire faire en sorte que finalement il n'y ait qu'une seule équipe.
04:05Une équipe gagnante, valide et personne en situation de handicap.
04:08Marie-Amélie Le Fur qui préside le comité paralympique et sportif français.
04:11Espère une cérémonie je cite militante.
04:14Vous aussi ?
04:15Écoutez APF France Handicap est une association militante.
04:17On défend les droits des personnes en situation de handicap.
04:20Et on fait en sorte que les choses marchent.
04:23Notre volonté ce n'est pas simplement de critiquer je dirais ce qui n'était pas fait.
04:27Ce qui ne va pas ou ce qui manque ?
04:29Ça ne nous convient pas.
04:30On critique, on alerte mais en même temps on propose des solutions en permanence.
04:33Et pour ces jeux-là APF France Handicap a été très présent.
04:36Justement on a fait des alertes y compris au Président de la République.
04:40Je parlais des gares et des aéroports tout à l'heure.
04:42Immédiatement le Président de la République a réagi en mettant en place des groupes de travail.
04:46En incluant toutes les parties prenantes.
04:48L'aéroport de Paris, les sous-traitants des différentes agences.
04:53Et puis nous-mêmes.
04:54Et donc à partir de là on a permis effectivement de résoudre des problèmes qui étaient incroyables.
04:59Un exemple par exemple qu'on ne pense pas forcément.
05:03Les chiens d'aveugles.
05:05Il faut qu'ils aillent faire pipi quelque part.
05:07Donc on a prévu des zones d'aisance par exemple pour les chiens d'aveugles.
05:10Un exemple.
05:11Il y a plein de choses comme ça quand on pense handicap.
05:15On pense simplement une simple accessibilité au lieu.
05:18Mais c'est multiple.
05:20Il y a plein plein plein de choses.
05:21La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'attend je cite à un choc culturel dans notre pays avec ses jeux paralympiques.
05:27Vous comprenez ce qu'elle veut dire ?
05:28Oui. Oui.
05:29Ce choc culturel c'est ce que j'exprimais tout à l'heure sur le passage de la discorde à la concorde.
05:33C'est-à-dire qu'il faut qu'on fasse un saut.
05:36Un sport.
05:38Un saut périlleux.
05:39Ou même un triple saut.
05:40De la situation actuelle où le handicap en France est méconnu et maltraité.
05:45A, après le saut, une intégration, une inclusion complète des personnes en situation de handicap dans la société.
05:51En fait, elle nous fait remarquer que nous n'allons pas détourner les yeux ou ignorer ces jeux si particuliers.
05:55Ce qu'on aurait peut-être fait dans le passé.
05:57Absolument. D'ailleurs, on avait une crainte majeure.
05:59C'était le nombre de participants.
06:01Avant les JO, figurez-vous qu'il n'y avait que 700 000 billets vendus sur 4 millions.
06:07Pendant les JO, il y a à peu près 2 millions de billets qui ont été vendus.
06:10Ce qui est colossal.
06:11Ce qui fait qu'aujourd'hui, on dépasse aussi Londres et Tokyo.
06:14Ce qui signifie que les JO ont eu un effet fantastique sur le public.
06:18Qui s'est dit, mais finalement, pourquoi pas ?
06:20Donc, le regard sur le handicap est en train de changer dans notre pays ?
06:23Absolument.
06:24Il est en train de changer.
06:25C'est évidemment le vœu pieux qu'on fait au travers de ces Jeux Paralympiques.
06:29Le pari est en partie déjà gagné avec les Jeux Olympiques.
06:33Mais il faut marquer l'essai de manière complète avec les Jeux Paralympiques.
06:36Au-delà de notre regard qui doit changer, il faut aussi de vrais bouleversements pour l'accessibilité.
06:40Vrais bouleversements pour l'accessibilité de ces Français touchés par un handicap.
06:43Et donc de l'argent, j'ai envie de dire, dans notre vie quotidienne.
06:46Quand la fête sera finie, quels sont les plus gros problèmes ?
06:48Dites les choses simplement, on ne se rend pas compte.
06:50Quand on a la chance de pouvoir prendre un métro sans aucun problème et sans se poser de questions, expliquez-nous.
06:56Le sujet numéro 1, c'est effectivement l'accessibilité.
06:58Vous parlez du métro, il n'y a que 3% des stations de métro qui sont accessibles.
07:013% !
07:02Londres et Tokyo ont profité des Jeux pour faire un saut sensible dans l'accessibilité du métro.
07:08En France, on n'a rien fait du tout de ce point de vue-là.
07:10On a simplement trouvé des solutions pour les Jeux.
07:12Par contre, vous voyez, les dernières solutions de transport, les trams par exemple, sont 100% accessibles.
07:19C'est-à-dire qu'effectivement, ce qui est fait aujourd'hui à partir de maintenant ou récemment, est accessible.
07:24C'était plus facile avec nos trams d'aujourd'hui qu'avec notre métro du 19ème siècle.
07:27On est d'accord, mais Londres l'a fait, Tokyo l'a fait, vous voyez.
07:30Il n'y a pas de raison que Paris ne soit pas capable de le faire.
07:32Il n'y a pas de raison.
07:33Le président Macron avait promis l'année dernière des changements drastiques et de s'attaquer aux barrières qui empêchent 12 millions de Français d'avoir une vie normale.
07:39Qu'est-ce qui a été fait depuis ?
07:41Et est-ce qu'en effet, ça bouge ?
07:43Car il est normal de parler de ce qui ne va pas, mais aussi, ça fait du bien d'entendre dire qu'il y a des choses qui s'améliorent, si c'est bien le cas.
07:48Alors, il s'est passé des choses pour les Jeux.
07:51C'est-à-dire que pour les Jeux, on a mis en place des choses que nous espérons qu'ils soient pérennes.
07:56Alors, un exemple majeur.
07:57Vous savez que les personnes en situation de handicap, le problème numéro 1, c'est le service qu'on peut leur rendre.
08:01C'est-à-dire qu'une personne en handicap est souvent isolée.
08:03Elle arrive dans une gare, elle est paumée, elle est perdue.
08:05Elle n'a aucun moyen, aucun contact.
08:07Là, ce qui s'est passé pendant les Jeux, et ce qui va se passer pendant les Jeux Paralympiques,
08:10c'est qu'il y a pléthore d'aides, des gens qui les accueillent, qui écoutent leurs problèmes
08:15et qui répondent, en quelque sorte, en très grande partie, aux défauts d'accessibilité de l'ensemble du système.
08:21Nous, ce que nous demandons finalement, c'est, en termes d'héritage des Jeux,
08:24que l'État s'engage à ce que ce service qui a été rendu possible pendant les Jeux,
08:30pourquoi, d'une certaine manière, en attendant le grand jour où la France sera accessible,
08:35ne pas pouvoir profiter de ces aides humaines dans toutes les gares de France, dans les aéroports et partout,
08:40ça se fait aujourd'hui à Londres, ça se fait à Tokyo.
08:42Monsieur le Président de la République, messieurs les ministres à venir,
08:45nous avons ce vœu que, effectivement, cette étape soit actée.
08:52Le message est passé sur RTL.
08:54Merci infiniment Serge Vilavsky.
08:56Vous dirigez l'APF France Handicap.
08:58Bonne soirée et surtout bon jeu paralympique.
09:00On était ravis de vous donner la parole.
09:01Dans un instant, notre imitateur Marc-Antoine Lebray va rentrer dans ce studio et je peux vous dire qu'il rutile.