A 30 jours du lancement des Jeux olympiques de Paris, Fabien Canu, le directeur général de l'Insep (Institut nationale du sport, de l'expertise et de la performance), la fabrique à champions du sport français, est l'invité de Yves Calvi.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 26 juin 2024.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 26 juin 2024.
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00:00RTL Matin, Amandine Bégaud et Yves Calvi.
00:03Il est 8h20, bonjour Fabien Canut.
00:05Bonjour.
00:06Merci infiniment de nous rejoindre dans notre matinale pour cette journée spéciale Jeux Olympiques sur RTL.
00:11Nous sommes à un mois pile de l'événement.
00:13Vous êtes ancien judoka, faut-il le rappeler, champion du monde à deux reprises.
00:16Vous dirigez l'INSEP, l'Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance.
00:21C'est le centre d'entraînement de nos champions tricolores situé dans le Bois de Vincennes à côté de Paris.
00:24Fabien Canut, sommes-nous prêts pour nos JO ?
00:27Oui, sincèrement oui.
00:29Il y a une belle dynamique déjà depuis quelques temps qui se maintient.
00:33Alors il faut être prudent, il reste encore 30 jours.
00:35C'est à la fois loin et à la fois proche.
00:37Surtout que les sélections ne sont pas encore totalement faites.
00:39On a la moitié à peu près des noms d'équipe de France Olympique.
00:42Il faudra attendre début juillet pour avoir l'équipe complète.
00:45Mais sincèrement oui, tout est au beau fixe pour moi.
00:48Comment vous les sentez dans cette dernière ligne droite avant les Jeux ?
00:50Parce que justement ce que vous venez de nous dire crée de la tension.
00:52Est-ce que je serai sélectionné ou pas ?
00:55Est-ce que je suis vraiment en forme ?
00:57Est-ce qu'il y a une forme d'effervescence, d'excitation ?
00:59Peut-être même de fébrilité d'ailleurs ?
01:01Fébrilité, je ne l'ai pas encore perçue.
01:04Mais effectivement il faut faire attention.
01:05Oui, il y a une bonne dynamique.
01:07Chacun est concentré sur sa préparation.
01:09Il n'y a pas trop de blessures pour l'instant.
01:11On croise les doigts parce que c'est toujours ce qui est craint dans ces derniers instants.
01:13Une blessure un mois avant, c'est malheureusement une croix sur les Jeux.
01:17Donc non, la dynamique est bien là.
01:19Et puis les problèmes de sélection qui arrivent se gèrent bien côté des fédérations.
01:24On essaie de faire comprendre malheureusement à ceux qui ne sont pas sélectionnés que c'est comme ça.
01:27On les accompagne aussi psychologiquement.
01:29C'est-à-dire que ceux qui ne sont pas pris derrière,
01:31il y a des cellules de psychologie qui sont là éventuellement pour les accompagner.
01:35Parce que c'est dur de ne pas faire les Jeux à Paris quand on attend les Jeux.
01:37C'est dur.
01:38Il y a les psychologues à l'INSEP ?
01:40Oui, il y a quatre préparateurs mentaux et quatre psychologues
01:45qui travaillent en permanence à la fois pour les sportifs,
01:49mais aussi pour les entraîneurs parce qu'on parle souvent des sportifs.
01:51Les entraîneurs aussi ont la pression qu'ils subissent.
01:55Ils ont parfois aussi besoin d'être accompagnés, d'être coachés.
01:58Donc oui, je peux vous dire qu'ils ne chôment pas toutes ces personnes.
02:01C'est bien parce qu'en fait vous dites qu'on a des coachs, des coachs.
02:03Et en fait on comprend, c'est tout à fait logique.
02:06Oui, c'est tout à fait logique.
02:07Parce que vous savez, c'est l'encadrement qui imprime un état d'esprit,
02:10une manière de faire au niveau d'une équipe de France.
02:13Ce n'est pas que les athlètes.
02:14C'est un ensemble qui met cet esprit de performance.
02:17Donc oui, les coachs ont besoin d'accompagner.
02:19Fabien Canut, est-ce que ça change beaucoup de choses d'être à la maison ?
02:22Alors on se dit, c'est formidable, c'est sympa.
02:24Mais en même temps, quelle pression ?
02:25Ce sont nos gyros et nos sportifs.
02:28Oui, mais on est conscients aussi que c'est unique dans nos vies respectives.
02:31Les sportifs le savent.
02:33Ils ne reverront pas les Jeux à Paris en tant que sportif en tout cas.
02:37Oui, mais justement, c'est le côté palpitant, excitant.
02:40C'est un beau challenge à relever.
02:42Et puis quand on voit ce qui s'est passé dans les Jeux précédents,
02:44les pays organisateurs ont toujours eu de bons résultats.
02:46Donc il n'y a pas de raison que nous, on fasse mieux que d'habitude.
02:49On a une actualité politique qui est forte des élections.
02:52La sécurité autour des JO qui ne facilite pas forcément la préparation.
02:55Est-ce que vous arrivez à vous isoler ?
02:57Et est-ce que vous discutez ensemble avec nos sportifs, nos athlètes,
03:01de l'air du pays, si je puis dire,
03:04alors que vous avez besoin d'un finiment de concentration ?
03:07Ce qui se passe dans notre pays, au niveau des enjeux politiques actuels,
03:10n'est pas différent, même si les discussions sont assez courtes.
03:14Parce que l'objectif, c'est que ça reste quand même les Jeux.
03:16Oui, les enjeux de sécurité aussi.
03:18C'est quand même des gens assez adultes.
03:21Certains, d'ailleurs, ont parfois livré leur opinion publiquement.
03:25Mais oui, ça ne les laisse pas sensibles.
03:27Et puis de toute façon, il le voit bien aussi côté INSEP,
03:29parce que nous, on est sous haute surveillance en termes de sécurité.
03:32Donc la sécurité, ils la subissent déjà, j'allais dire, au quotidien, avant même les Jeux.
03:36Mais cette sécurité renforcée, ça les inquiète ou ça les libère ?
03:42Ils sont habitués.
03:45Pour beaucoup, ils ont déjà fait des Jeux, des Cheval du Monde, surtout des Jeux.
03:48À chaque fois, les dispositifs de sécurité sont lourds.
03:52Ils s'y plivent, ils savent qu'ils n'ont pas trop le choix
03:54et que quelque part, c'est nécessaire pour eux aussi.
03:57Mais bon, sincèrement, ils arrivent à faire abstraction de tout ça.
04:01Ils sont concentrés sur eux-mêmes, sur leur performance.
04:04Alors bon, vous les voyez tous défiler.
04:06Dans tout ce que vous avez observé récemment,
04:08est-ce qu'il y en a que vous trouvez particulièrement au bon sens ?
04:11Si je puis dire, remonté, volontaire et avec un engagement tout à fait particulier ?
04:16Je ne sais pas, moi je pense à Teddy Riner, mais vous avez le droit d'en citer d'autres.
04:19Oui, chacun a son challenge.
04:21Mais il y a Teddy Riner qui, pour moi, doit gagner à Paris.
04:25Je le trouve intouchable dans sa catégorie de poids.
04:27Il est revenu en forme.
04:28Donc oui, je ne vois pas comment il ne peut pas gagner ses Jeux.
04:33Mais après, toutes ces grandes stars du sport français,
04:35que ce soit Antoine Dupont pour le rugby ou Mbayama qui est actuellement à l'INSEP,
04:40on a une belle génération de nouveaux sportifs.
04:42Et puis il y a des nouveaux noms, inconnus du grand public,
04:44dans des sports comme le tir à l'arc, comme la boxe, qui vont se révéler.
04:48C'est indéniable.
04:49On a plein plein de jeunes talents.
04:50Donc sincèrement, je suis optimiste.
04:53Et comment il se trouve Mbayama justement à l'INSEP ?
04:55Ça doit lui changer sa vie, non ?
04:59Il a l'air d'être bien en tout cas.
05:00Depuis une dizaine de jours, c'est un espace, c'est vrai,
05:04d'abord de verdure où il est au calme,
05:06tranquille avec tous ses coéquipiers de l'équipe de France.
05:09Donc voilà, il se prépare aussi sereinement.
05:13Et puis tout a l'air de bien aller en tout cas.
05:15Il paraît que vous lui avez fait un lit de 2,50 mètres.
05:18Mais c'est une légende ou c'est vrai ?
05:20Non, non, non.
05:21Effectivement, d'abord dans le cadre de recherches qu'on a pu faire sur les lits,
05:26la thermorégulation, parce que le sommeil est capital, bien évidemment.
05:30Donc voilà, on a changé toute la litterie de l'INSEP,
05:33510 lits l'année dernière.
05:35Et effectivement, on a mis des grands lits,
05:37parce que des sportifs de 2,10 mètres, 2,20 mètres,
05:40alors lui fait 2,24 mètres, c'est ce qu'il y a de plus grand.
05:43Oui, des lits ont été faits, 5 lits de sur-mesure
05:45qui font avec un petit rajout 2,50 mètres, tout à fait.
05:49C'est formidable parce que tous les détails que vous nous donnez sont passionnants en fait.
05:53Et on comprend la charge qu'est la vôtre.
05:55Bon, il faut se mouiller un petit peu.
05:57Quelles sont nos meilleures chances de médailles ?
05:58Je ne sais pas, moi traditionnellement, vous savez depuis que je suis beau,
06:00on a la natation, le judo et l'escrime.
06:03Alors je rajouterais le cyclisme, natation, escrime, judo.
06:06Oui, c'est nos gros provoyeurs, à chaque fois c'est 6 à 8 médailles.
06:09La natation, oui, surtout cette génération-là qui arrive avec les en marchant,
06:16entre autres, mais pas qu'eux.
06:17Et le cyclisme, parce qu'entre le BMX, le VTT, la route, la piste,
06:21il y a de belles chances de médailles.
06:23Et la grande chance que l'on a, ça c'est nos points forts,
06:26c'est que justement il y a plein de sports qui peuvent jouer les médailles.
06:28Je pense donc au tir à l'arc, je pense à la boxe, je pense à la gymnastique,
06:31je pense à l'escalade.
06:34On a vraiment beaucoup de disciplines qui peuvent jouer les premiers rôles.
06:38Donc on peut être dans le top 5 en termes de nombre de médailles ?
06:42Oui, alors c'est les médailles d'or qui font la différence.
06:45Le classement olympique se joue sur les médailles d'or,
06:47donc il en faudra 18 à 20.
06:49Oui, depuis le début je dis que c'était jouable,
06:52et plus on approche de l'échéance, plus je me dis qu'effectivement
06:54on doit être dans le top 5.
06:55Le neuroscientifique Jean-Philippe Lachaud était à notre micro récemment
06:59et il nous expliquait que la maîtrise de la concentration
07:01est l'une des conditions de succès sportif.
07:04On entraîne le cerveau à l'INSEP, ce sera ma dernière question ?
07:07Oui, beaucoup.
07:08D'abord on les met dans les conditions mêmes de la compétition déjà,
07:11c'est-à-dire qu'ils ont été équipés d'équipements sportifs qui rôdent au jeu,
07:15les barres d'haltérophilie, les agréments gymnastiques,
07:18les tapis en lutte, en taekwondo,
07:20et à titre d'exemple aujourd'hui le tir à l'arc
07:22fait une répétition de la journée olympique.
07:25Donc tout est décoré comme sur le centre Israël aux Invalides,
07:30avec des spectateurs, grands écrans, des caméras de télévision qui vont tourner.
07:34C'est comme ça aussi qu'on prépare le cerveau,
07:36c'est de reproduire ce que sera l'événement,
07:40parce qu'un des enjeux c'est le côté émotif,
07:43il faut faire preuve d'une grande gestion de ses émotions.
07:47Donc c'est à se travailler en amont.
07:49J'ai bien retenu qu'on espère au moins une cinquième place au classement des médailles.
07:52Merci beaucoup Fabien Canut, directeur général de l'INSEP,
07:55et merci à Jonathan Gréveau d'avoir assuré notre liaison.