“Non à la fermeture” : en Normandie, les salariés d’ExxonMobil défendent leurs emplois

  • il y a 3 semaines
Avec Germinal Lancelin, secrétaire général CGT ExxonMobil Chimie
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Transcript
00:00SUDRADIO, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liédo.
00:06Bonjour, Jaminal Lancelin.
00:07Oui, bonjour.
00:08Vous êtes secrétaire général CGT d'ExxonMobil Chimie.
00:12Pour qu'on comprenne bien ce qui se passe dans ce petit coin de Normandie depuis avril dernier,
00:16vous vous battez pour éviter la vente des activités de votre site de Port Jérôme-sur-Seine.
00:20L'américain souhaite le fermer, notamment le site qui est réservé aux activités de pétrochimie.
00:26La raison invoquée, c'est une perte du chiffre d'affaires de près de 515 millions d'euros.
00:31Conséquence, 659 emplois menacés et forcément une souveraineté industrielle pour la France mise à mal.
00:38Vous aviez jusqu'à hier, pour signer le plan de sauvegarde d'emplois, ce que vous n'avez pas fait.
00:42C'est un bon résumé ?
00:44À peu près, oui. Mais il ne s'agit pas d'une vente, il s'agit d'une délocalisation de nos productions.
00:50Aujourd'hui, on a des productions essentielles qui sont faites sur notre site, notamment de plastique.
00:55Et donc qui, demain, vont continuer à se faire, mais aux Etats-Unis ou en Asie du Sud-Est,
00:59avec les conséquences sociales et surtout environnementales qu'on peut connaître.
01:03Uniquement pour renforcer le chiffre d'affaires d'ExxonMobil au niveau mondial.
01:07Et la direction s'engageait dans les différentes négociations.
01:10Je mets ça entre guillemets, vous allez certainement choisir, vous, un autre terme.
01:14Elle s'engageait pourtant à trois offres valables d'emplois qui doivent correspondre à vos métiers,
01:19à vos compétences, à vos aptitudes.
01:21Il y avait aussi un budget de 153 millions d'euros sur la table pour les départs anticipés à la retraite.
01:26Pourquoi avoir refusé ce qui était en train de se négocier, qu'on a appelé un plan de sauvegarde de l'emploi ?
01:33Déjà parce que nous, on conteste la validité des suppressions d'emplois.
01:38Nous, on pense que l'usine doit continuer à tourner, on doit continuer à fabriquer du plastique,
01:42on doit continuer à fournir nos clients essentiels aussi en France et en Europe.
01:47Et d'autre part, ce qui est admis sur la table, effectivement, avec beaucoup de recul, ça peut paraître pas mal.
01:53Sauf que non, ce n'est pas du tout le cas. On a un groupe qui fait des bénéfices incroyables.
01:58Nous, en France...
01:59Plus de 36 milliards sur l'année dernière de bénéfices nets.
02:02Oui, sur le groupe mondial.
02:04Et juste en France, au périmètre de la France, 1,5 milliard d'euros de bénéfices en trois ans.
02:09Donc quand on nous dit qu'on perd de l'argent, on a un petit peu de mal à comprendre cette logique.
02:14Et d'autant plus que Exxon a renforcé ses fonds propres à 2,3 milliards d'euros pour cette année
02:20en faisant 116 millions d'euros de bénéfices nets juste au premier semestre cette année.
02:24Donc on est très très loin de ce qu'Exxon Mobil pourrait et devrait faire en termes d'accompagnement social d'un pays de ceux
02:30si jamais il était justifié, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
02:32Et j'imagine que c'est un traumatisme pour la ville et même plus globalement pour le territoire concrètement.
02:37Ça veut dire une économie totalement paralysée, mise à mal ?
02:41Ah oui, c'est clair. Et encore là, nous, c'est que la partie émergée de l'iceberg.
02:44Puisque nous, on est en consultation jusqu'à mi-septembre.
02:47Dès la fin de notre consultation à nous, ça va être la deuxième vague de licenciements chez tous nos collègues sous-traitants,
02:54chez tous nos collègues des entreprises qui sont clientes chez nous et dont une partie ne sera plus alimentée.
03:00Donc là, on parle de milliers et de milliers d'emplois, sans compter encore la troisième vague derrière
03:04avec tous les commerçants qui vont subir justement les fermetures diverses, les licenciements,
03:11tout ce qui va être service public qui va suivre derrière aussi.
03:14Donc oui, c'est une vraie catastrophe pour tout le bassin d'emploi et même pour toute la Normandie.
03:17Et vous avez une idée à peu près de combien ça peut représenter en termes d'emplois perdus
03:21justement avec tous ceux qui travaillent pour vous, pour le site de pétrochimie en Normandie ?
03:25De combien de conséquences ?
03:27Oui, tout à fait. On estime entre les emplois directs, indirects et induits,
03:31entre trois et cinq mille emplois en moins sur le secteur. Ce qui est énorme.
03:35Ce qui est colossal.
03:36Oui, tout à fait.
03:37Pour que les gens qui nous écoutent saisissent très bien ce qui est en train de se passer,
03:41beaucoup de produits du quotidien sont issus en réalité de votre immense site là-bas en Normandie.
03:47Oui, tout à fait. Par exemple, là, on a des produits de l'impact.
03:51Donc on a du polypropylène qui sert à fabriquer les pare-chocs et les garnitures de voitures,
03:56notamment pour la marque Renault. Donc ça, c'est fini.
03:58Donc Renault a un peu de problèmes par rapport à ça.
04:00Ils vont devoir se fournir à l'étranger. Ils ne pourront plus se fournir chez nous.
04:04Le cas le plus alarmant, c'est surtout ce qui va être matériel médical,
04:08donc le plastique, les poches de sang, les poches de nourriture pour les nourrissons prématurées,
04:12par exemple, les tubulures, toutes les tubulures qu'on peut avoir dans le monde médical.
04:16Le plastique est fabriqué chez nous. Demain, il sera fabriqué aux Etats-Unis ou en Asie.
04:20Donc en cas de nouvelle crise type Covid, on ne pourra plus avoir accès à ces matières premières.
04:24Donc ça, c'est extrêmement alarmant.
04:26Ça fait quand même, je le disais depuis avril, que vous avez des discussions.
04:29Je le mets entre parenthèses parce que la réalité doit être toute haute sur place.
04:32Mais j'imagine que vous posez ces arguments sur la table.
04:35On est quand même dans une période où le Covid est passé par là.
04:37Les gilets jaunes sont passés par là.
04:39On a bien vu notre dépendance aux Américains, à l'Allemagne, à la Chine.
04:43Qu'est-ce qui vous répond quand vous évoquez ce que vous venez de nous dire ?
04:46A savoir que pour la souveraineté, notamment médicale, c'est une catastrophe.
04:50Il faut savoir qu'en face de nous, on a une direction qui est en service commandé.
04:55On a des directeurs et des directeurs RH, ce sont des sériels killers de l'emploi.
05:00Donc ils déroulent leur programme de casse de l'emploi
05:04sans tenir compte de nos demandes, de nos revendications.
05:07Ils ont un cadre législatif qui est très favorable pour eux.
05:10Ils ont aussi en partie le soutien des pouvoirs publics
05:13que nous, on a perdus depuis un moment.
05:15Donc ils déroulent sans tenir du tout compte de ce que nous,
05:18on peut leur amener comme argument, bien sûr.
05:20Vous parliez des pouvoirs publics, c'est-à-dire votre député,
05:23le ministre démissionnaire de l'Industrie, Roland Lescure,
05:27avait un peu suivi le dossier.
05:30C'est quoi, c'est silence radio ?
05:32Non, on est très soutenu par la sénatrice locale
05:36et les députés locaux autour, là où ça sera impacté.
05:39Là, on est très suivi par eux, on est très soutenu.
05:42Sauf que le ministre démissionnaire Roland Lescure
05:44et Bruno Le Maire sont supérieurs.
05:46Nous, on n'a aucun contact avec eux.
05:48On les relance régulièrement, mais on n'a aucun contact.
05:51Le gouvernement, c'est silence radio.
05:53Et quand on essaie d'avoir un peu de contact avec la préfecture,
05:56ils nous envoient les forces de l'ordre
05:58et ils nous mettent des injonctions pour qu'on arrête la grève
06:00ou qu'on suspende nos barrages filtrants.
06:03On n'a pas du tout de soutien de ce côté-là,
06:05hormis les élus locaux de terrain, députés et sénateurs.
06:08Dans les prochains mois, qu'est-ce qui peut se passer concrètement pour vous ?
06:11Quelles sont les prochaines lignes rouges que vous allez devoir affronter ?
06:15Là, je vous dis, on va avoir la fin de notre consultation
06:19sur le projet en lui-même,
06:21qui n'est pas un projet puisque ExxonMobil tente déjà
06:23de commencer les démantèlements d'unités.
06:26Nous, on continue de se battre.
06:28On est en grève depuis le 25 mai, la grève continue.
06:30Pour préserver cet outil de travail essentiel
06:33pour l'industrie française
06:35et pour, encore une fois, notre souveraineté industrielle.
06:37C'est pour ça qu'on aimerait vraiment que le gouvernement
06:39puisse se pencher là-dessus,
06:41parce qu'on ne pense pas qu'ils comprennent la teneur
06:45des enjeux essentiels qu'on va avoir pour le futur.
06:47Vous avez l'impression d'être totalement immobilisé
06:50ou invisibilisé, pardonnez-moi,
06:52par cette euphorie qui se passe autour des Jeux Olympiques ?
06:55Oui, tout à fait.
06:57On a eu déjà le premier épisode avec les législatives
06:59qui, comment dire,
07:01les sujets n'étaient pas du tout sur l'emploi
07:03ou sur la souveraineté industrielle.
07:05Donc ça, forcément, ça nous a posé pas mal de torts.
07:07Maintenant, les Jeux Olympiques,
07:09c'est extraordinaire la façon dont ça se passe.
07:11Mais effectivement, c'est un autre détriment
07:13puisqu'on ne parle pas du tout
07:15de ce qui se passe dans les entreprises.
07:17On n'est pas les seuls. En ce moment,
07:19il y a vraiment une avalanche d'entreprises
07:21avec des suppressions d'emplois par centaines,
07:23à l'accueil. Depuis le début de l'année,
07:25on était à plus de 60 000 emplois menacés par des PSE.
07:27Et vous parliez
07:29de Bruno Le Maire. Ce matin,
07:31il s'est réjoui des nouveaux chiffres
07:33concernant le taux du chômage.
07:35Il s'établit désormais en France à 7,3%
07:37de la population active. J'aimerais
07:39que vous réagissiez à ce qu'il dit. Il dit
07:41« Taux d'emploi au plus haut, chômage en baisse,
07:43croissance positive, exportation dynamique,
07:45la France est dans la bonne direction.
07:47Seule la constance et la stabilité donnent des résultats
07:49en politique économique. »
07:52Écoutez, on est très heureux pour lui.
07:54Sauf que nous, ce qu'on va voir sur le bassin d'emploi,
07:56ça va être l'inverse. Ça va être une paupérisation
07:58complète des habitants,
08:00des citoyens,
08:02avec des emplois qui vont disparaître.
08:04On a quelques entreprises qui vont se monter
08:06sur le secteur,
08:08mais qui ne compenseront pas du tout les pertes d'emplois
08:10dues à la fermeture d'ExxonMobil.
08:12Et aussi au niveau...
08:14Aujourd'hui, on a des emplois très qualifiés
08:16chez Exxon et chez nos sous-traitants.
08:18Et demain, ça ne sera pas forcément à ce niveau-là
08:20les emplois qui seront rechargés sur le secteur.
08:22Donc, il se réjouit,
08:24c'est très bien. On aimerait bien aussi qu'il regarde un peu
08:26ce qui se passe de notre côté.
08:28Merci beaucoup Germinal Lancelin, secrétaire général
08:30CGT d'ExxonMobil Chimie,
08:32qui était en communication
08:34avec nous depuis le piqué de grève
08:36qui concernait la fermeture
08:38du site qui se trouve
08:40en Normandie du groupe américain Exxon
08:42et qui menace, on le rappelle,
08:44près de 650 emplois.
08:46Merci beaucoup d'avoir été avec nous et on se retrouve dans quelques
08:48instants sur Sud Radio pour cette
08:50percée ukrainienne qui s'est déroulée
08:52sur le territoire russe.
08:54Cette percée viendrait de l'armée régulière.
08:56C'est un fait totalement inédit.
08:58Est-ce que ce sont les premiers pas
09:00vers la grande victoire qu'on attend ?
09:02A tout de suite.

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