• l’année dernière
Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à tous et à toutes.
00:01Bienvenue dans Face à Michel Onfray,
00:04sur CNews et sur Europe 1. Bonjour, Michel.
00:06Je suis ravie de vous retrouver
00:08pour une heure de discussion libre sur des sujets
00:11qui nous concernent tous,
00:13mais avec votre apport philosophique, bien sûr.
00:16Chausser d'autres lunettes que celle du quotidien
00:18pour comprendre le monde dans lequel nous vivons,
00:21mais surtout celui dans lequel nous allons vivre demain.
00:24On ne parlera pas de politique aujourd'hui,
00:27car nous sommes dans la période de réserve
00:29de l'éducation législative,
00:31alors on va parler de philosophie politique
00:33pour comprendre les grandes matrices
00:36de ce qui se passe aujourd'hui de nos jours
00:38à la lumière des grands textes qui ont composé la philosophie.
00:41Ca nous permet de voir l'actualité sans parler d'actualité.
00:45C'est le défait du jour à nouveau.
00:47On parlera aussi de notre alimentation.
00:49Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.
00:52Notre pays, notre culture française,
00:54celui non seulement dans nos livres,
00:56mais aussi à travers notre assiette
00:58dans la malbouffe issue de la mondialisation de l'économie,
01:01est en train de faire des ravages,
01:03non seulement physiologiques, mais aussi civilisationnels.
01:07C'est le point de vue que vous allez défendre.
01:09Et puis le monde de l'intelligence artificielle,
01:12ça vous inquiète énormément.
01:13Moi, pas trop, mais vous, beaucoup.
01:15Allons-nous, en raison des nouvelles technologies,
01:18notamment le logiciel ChatGPT,
01:20vers la fin de l'apprentissage classique, le Parker,
01:23et donc la fin de la mémoire et de l'histoire ?
01:26La révolution technologique,
01:27est-elle déjà en train de bouleverser les corps ?
01:30Elle permet pourtant de faire de grands progrès pour la médecine.
01:33Va-t-on vers une autre humanité ?
01:35Il y a déjà des essais tentés par le milliardaire Elon Musk
01:38avec des implants neuronaux Neuralink.
01:40Voilà, des questions vertigineuses
01:42que nous allons tenter de percer avec vos réponses,
01:45mon cher Michel, dans cette émission.
01:47C'est parti pour vous ?
01:49On commence par ces textes fondamentaux,
01:51les textes philosophiques qui définissent
01:53les grandes idéologies d'aujourd'hui.
01:55C'est pour vous le premier d'entre tous, Michel Onfray.
01:58Ca dépend si c'est en termes de chronologie
02:01ou en termes de qualité...
02:03Celui que vous placez au début.
02:05Au chronologique, c'est Platon,
02:07mais celui que je mets au-dessus, c'est la Boétie.
02:10Quand on parle de Montaigne, 16e siècle,
02:12qui écrit un discours de la servitude volontaire,
02:15c'est un tout petit texte.
02:16Montaigne dit qu'il a 17 ans,
02:18on laisse en croire que c'est un exercice de jeunesse,
02:21mais d'où vient le pouvoir ?
02:22C'est la servitude volontaire de la Boétie.
02:25Expliquez-nous.
02:26D'où vient le pouvoir ?
02:28On peut toujours dire que c'est un méchant tyran,
02:30un méchant despote,
02:32celui qui est responsable, c'est lui coupable.
02:34La Boétie ne dit pas du tout.
02:36Il dit qu'il ne détient son pouvoir
02:38que du consentement que vous avez à son endroit.
02:40Supprimez-lui le pouvoir que vous lui donnez,
02:43il n'en aura plus.
02:44Vous êtes les pieds d'une statue d'argile,
02:47et si vous ne l'êtes pas, elle s'effondre.
02:49Il ne s'agit pas de faire la révolution,
02:51il s'agit de ne pas donner le pouvoir à celui qui en a.
02:55C'est une pensée très actuelle.
02:57C'est totalement actuel.
02:58Ce n'est pas seulement au XVIe siècle,
03:00ça l'a été jusqu'à la Résistance, la vraie,
03:03celle des années 40,
03:04parce que les résistants ont réimprimé ce texte.
03:07Ca l'a été à l'époque des guerres de religion,
03:10à l'époque de la Révolution française.
03:12Les catholiques et les protestants se sont opposés,
03:15et les protestants disaient, ça s'appelle le contre-un,
03:18d'ailleurs, le texte était aussi...
03:20C'était contre le pouvoir d'un seul.
03:22Ils disaient, le peuple,
03:24d'ailleurs, c'est le sous-titre de Front populaire,
03:26soyez résolus de ne plus servir, et vous voilà libre.
03:29-"Front populaire", je précise,
03:31que c'est la revue de Michel Offrecq,
03:33ça n'a rien à voir avec la partie politique.
03:36Ils vont bien le dire.
03:37C'est une idée extrêmement intéressante,
03:40parce que Solzhenitsyn en parle dès le début
03:42de l'Archipel du Goulag,
03:44livre magnifique, les trois volumes, c'est génial,
03:47j'utilise rarement ce mot-là,
03:49mais c'est génial.
03:50C'est rare de l'entendre.
03:51Je veux pouvoir l'utiliser à bon escient,
03:54et là, c'est à bon escient.
03:55Solzhenitsyn nous dit que le pouvoir soviétique
03:58n'existe que parce que le petit peuple du quotidien
04:01le rend possible.
04:02Vous laissez passer la police, vous dites qu'il habite
04:05au 3e étage, vous dites que vous l'avez vu recevoir,
04:08l'espèce de grosse machine totalitaire
04:10ne se met en place qu'avec des petits consentements.
04:13C'est un peu la thèse de Shoah, de Claude Lanzmann,
04:16un film magnifique, de 8 heures, je crois,
04:18qui montre qu'il y en a un qui conduit un train,
04:21qui ouvre l'aiguillage, qui ouvre une porte,
04:23qui ferme la porte, etc.
04:25C'est très intéressant car c'est une espèce de brévière
04:28de la résistance, des vraies résistances.
04:30Quand on sent qu'il y a un pouvoir tyrannique,
04:33il suffit de ne pas y consentir.
04:35La question de la soumission à l'autorité.
04:37À quel moment il faut se rebeller contre l'autorité,
04:40reprendre son libre arbitre et dire que ce n'est pas normal
04:43et se battre contre ?
04:45Quand il y a un peu de morale.
04:46Simone Veil, la philosophe, écrit un très joli texte
04:49sur la disparition des partis et la raison
04:52pour laquelle il faut les faire disparaître.
04:54Elle dit qu'à un moment donné, les partis sont des occasions
04:57de ne plus se soucier de l'essentiel,
05:00qui est la justice, la justesse et la vérité.
05:02Aujourd'hui, dans notre ère de période de post-vérité,
05:05toutes les vérités se valent, etc.
05:07C'est un peu problématique, mais on le sait bien.
05:10Toutes les morales de la planète nous le disent,
05:13qu'il vaut mieux aimer son prochain plutôt que de le détester,
05:16qu'il vaut mieux dire la vérité plutôt que de mentir.
05:19On n'a pas besoin du christianisme pour ça.
05:21Il existait 20 siècles avant chez les Égyptiens
05:24et il existe aujourd'hui chez des athées radicaux
05:27ou des laïcars forcenés.
05:28C'est d'abord l'éthique qui fait la loi.
05:31Est-ce que c'est juste de...
05:32Je fais attention à ne pas parler de choses trop quotidiennes,
05:36mais est-ce que c'est juste de justifier des assassins,
05:39des criminels, des meurtriers ?
05:41Est-ce qu'il y a des bonnes...
05:42Quand ils étaient jeunes, ils ont eu des traumatismes.
05:46Ca va du terrorisme à la guerre.
05:47Le terrorisme est la guerre des gens sans moyens,
05:50mais vous avez des peuples entiers,
05:52on peut en parler aujourd'hui, je pense,
05:54mais la question de l'Irak, de la Libye, de la Syrie,
05:57de l'Afghanistan, tous ces peuples musulmans,
06:00l'Iran ne les a pas détruits.
06:01Ces peuples-là, on les a attaqués,
06:03l'Occident les a attaqués et on a détruit des régimes.
06:06Saddam Hussein n'était pas un modèle de vertu,
06:09mais c'était un modèle de vertu laïque
06:11où la laïcité est plutôt mal portée.
06:13Il y a un moment donné où, quand votre conscience vous parle,
06:16l'heure de la résistance arrive.
06:18Vous parlez de ces résistants,
06:20il y a des vrais résistants,
06:21en faisant référence à la Seconde Guerre mondiale.
06:24Il y a des résistants dans le monde entier
06:26qui se battent contre des régimes de pression.
06:29Je reparle de l'Iran et ces femmes qui ont un corage fou.
06:32C'est ça aussi une des leçons de la Boétie ?
06:34C'est ça, vous avez raison.
06:36Les femmes d'Iran n'en parlent pas assez.
06:38Quand elles enlèvent leur voile,
06:41elles risquent leur peau.
06:42C'est quand même autre chose
06:44que de faire un certain nombre de choses
06:46dans la rue et de croire qu'on est des rebelles
06:49alors qu'on est des institutionnels de la rébellion.
06:52Il y a un moment donné où on se dit que dans certains pays,
06:55quand vous risquez votre peau en descendant dans la rue
06:58en disant qu'on enlève le voile ou qu'on le porte autrement,
07:01on fait des concessions, on porte votre voile,
07:04mais d'une certaine manière, on montre une frange,
07:06un maquillage, des ongles peints, ce genre de choses.
07:09C'est un peu d'Occident.
07:11Ces femmes-là se font tabasser, se font tuer,
07:14se font torturer, se font violer,
07:16se font inquiéter, et leur famille aussi.
07:18La résistance est là, bien sûr.
07:20En Afghanistan, la résistance est chez ceux qui pensent
07:23que, tout en étant musulmans,
07:25les femmes peuvent aller à l'université, à l'école.
07:28Ceux qui pensent que dans les pays arabes
07:30où elles n'ont pas le droit de conduire,
07:32elles doivent pouvoir conduire des voitures,
07:35des cars ou des camions.
07:36Ces femmes sont des résistantes.
07:38Vous avez hésité entre Platon et la Boétie.
07:41Parlons de Platon, Michel Onfray.
07:43C'est le premier d'entre tous qui a ériqué la République
07:46dans l'Athènes du Ve siècle.
07:48Vous vous dites qu'il semble inventer le communisme.
07:51Comment ça ?
07:52C'est-à-dire que Platon pensait d'une manière particulière,
07:56avec des dialogues.
07:57Il a commencé comme lutteur, comme catcheur, Platon.
08:00Il a toujours fonctionné comme ça.
08:02Il invente un personnage, puis un deuxième.
08:05Souvent, c'est Socrate, qui n'est pas le Socrate historique,
08:08qui dit que si on disait le contraire,
08:10ce ne serait pas complètement faux.
08:12Peut-être qu'on pourrait trouver une tierce.
08:15Donc, c'est l'empêcheur de tourner en rond.
08:17C'est le temps, la mouche qui pique, Socrate.
08:20Et puis, il y a un personnage qui défend une position,
08:23qui dit qu'il ne pense que...
08:25Il y a un dialogue qui s'appelle la République,
08:28qui est sous-titré de la justice.
08:30Platon nous dit qu'il faut organiser la cité
08:32de manière très pyramidale.
08:34Au sommet, on a un roi-philosophe ou un philosophe-roi.
08:37Si on a un roi, Emmanuel Macron, par exemple,
08:40rendons-le philosophe.
08:41Si on n'a pas de roi et qu'on en veut un,
08:44faisons un philosophe et faisons de lui un roi,
08:46pas moi, mais un autre qui consent.
08:48Après, vous descendez la pyramide et vous avez, au milieu,
08:52la trifonctionnalité dans toutes les sociétés,
08:55une société organisée en trois temps.
08:57Vous avez le pouvoir politique, le pouvoir militaire
09:00et, à la base, les producteurs.
09:02Platon dit que la justice, chacun a sa place.
09:04Que les producteurs produisent,
09:06que le philosophe-roi et sa cour fassent leur boulot,
09:09de sorte qu'on ne doit pas faire de telle sorte
09:12que les gens de la base puissent vouloir être au sommet.
09:15Pour lui, la démocratie et la justice,
09:17c'est ça, le communisme.
09:19L'idée du communisme, c'est ça,
09:21mais la réalité du communisme, c'était ça,
09:23l'Union soviétique, les apparatchiks,
09:26le chef, Staline, ses copains,
09:27après l'armée, la police, les services secrets,
09:30et le petit peuple.
09:31Platon dit qu'on va organiser l'égalité totale
09:34et qu'on va marier celui-ci avec celui-là.
09:37Il y a une mixtion dans la vie privée.
09:39Il n'y a que ça, le communisme et le totalitarisme,
09:42c'est la gestion de la vie quotidienne.
09:44On ouvre la porte de chez vous pour savoir qui fait la vaisselle,
09:47qui fait la cuisine, comment se comporte celui-ci ou celui-là.
09:51Quand il n'y a plus de distinction entre privé et public,
09:54quand on organise la société en disant chacun sa place,
09:57Platon nous dit que ça s'appelle la justice et c'est le communisme.
10:01Il y a une communauté complète. Tout est en communauté.
10:04Sur cette partie-là.
10:05Il y a des biens des femmes et des éducations.
10:08Les femmes sont en commun et l'éducation des enfants
10:11est en commun aussi.
10:12Personne ne peut dire que c'est son père ou sa mère.
10:15Mais vous savez, on a ça chez lui,
10:17on a ça plus tard chez Rousseau, d'une certaine manière,
10:20mais on a surtout ça chez Saint-Just
10:22et ses fragments d'institutions républicaines
10:25parce que les Jacobins les plus ultras de la Révolution
10:28c'était ça. Tout est en commun.
10:30Une espèce de vie très frugale.
10:32C'est-à-dire qu'on est un soldat ou un paysan,
10:35on cultive la terre et on défend l'Etat ou la nation,
10:38c'est un peu la même chose,
10:39et puis, en même temps, on n'a pas une femme pour soi,
10:42des enfants pour soi, non, on a une grande communauté
10:46et l'éducation est faite par la communauté.
10:48Quand certains voudraient scolariser les enfants très tôt,
10:52ça procède de ça,
10:53cette idée qu'il faudrait formater les cerveaux au plus tôt
10:56et qu'il faudrait en faire des bons citoyens.
10:59On est en face de Michel Onfray.
11:00On continue avec notre exploration des textes philosophiques
11:04pour éclairer la situation politique du jour.
11:06On va parler d'Adam Smith, l'invention du libéralisme,
11:09c'est la richesse des naissons, au XVIIIe siècle.
11:12Quel est le principe philosophique qui le guide, ce penseur-là ?
11:16C'est une théorie qui suppose qu'on sache ce qu'on appelle
11:19en amont le théisme.
11:20Dieu existe, il a créé le monde, il est responsable de tout.
11:24c'est un fameux problème de Voltaire,
11:26et une réalité géomorphologique aussi.
11:29S'il y a la mort d'un enfant, c'est qu'il y a de bonnes raisons.
11:32Dieu le sait, les voies du Seigneur sont impénétrables,
11:35peut-être n'avez-vous pas été assez pieux, fidèle,
11:38n'avez-vous pas mené une vie assez catholique
11:40et, d'une certaine manière,
11:42vous avez cette mort dans votre famille.
11:46Ce sont les théistes.
11:47Et Voltaire ne dit pas du tout, lui, il est théiste.
11:50Il dit que Dieu existe,
11:51mais Dieu, c'est comme un grand horloger
11:53qui a fabriqué une pendule.
11:55Si vous avez une jolie montre fabriquée par un grand horloger,
11:58s'il est en retard ou s'il avance,
12:00s'il ne donne pas l'heure juste, c'est pas la faute de l'horloger.
12:04S'il y a un tremblement de terre, un enfant qui meurt,
12:07il y a des raisons, géologiques, géomorphologiques,
12:10mais c'est pas Dieu qui va punir les habitants de Lisbonne.
12:13Et donc, les libéraux, eux, disent qu'il y a une main invisible,
12:19et cette main gère le marché.
12:21-"Le marché", pour le mot commercial.
12:23Je l'accorde.
12:25-"Laissez faire, laissez passer, laissez-nous bosser."
12:28Colbert, c'était le principe de l'Etat,
12:30Louis XIV qui disait qu'on allait faire ceci, cela, etc.
12:33Les libéraux disent, lâchez-nous un peu,
12:36même sur le terrain de la pensée, de la réflexion.
12:38Permettez la publication des livres,
12:41des écoles diverses et multiples,
12:43des hôpitaux qui ne seraient pas tenus par les religieux,
12:46liberté du commerce, de la presse.
12:48Mais la fameuse main visible, c'est une espèce de dieu,
12:51on appelle ça, les médecins appellent ça l'homéostasie.
12:54Il y a quelque chose qui s'équilibre dans le corps,
12:57vous rentrez dans une pièce chaude, vous sortez dans un espace froid,
13:00tout va s'arranger, le corps va permettre de transpirer, etc.
13:04Donc, il y a une homéostasie, vous laissez faire les choses,
13:07et théorie du ruissellement, nous a dit à une époque
13:10Emmanuel Macron, les fameux premiers de cordée,
13:13si ils arrivent complètement en haut, le ruissellement fait que...
13:16...jusqu'au bas de la pyramide.
13:18Il y a un philosophe qui a écrit la fable des abeilles
13:21et qui dit que les vices privés font les vertus publiques.
13:24Si je suis un voleur, par exemple,
13:26je vais permettre à des gens de travailler dans la police,
13:29dans la justice, à des menuisiers de fabriquer la porte de la prison,
13:33à des cuisiniers de faire la nourriture
13:35qui me permettront de vivre en prison, etc.
13:38Ces vices privés donnent des vertus publiques,
13:41donc laissez faire, il y a un équilibre.
13:43Or, Marx nous dit que ça ne se passe pas du tout comme ça,
13:46que si vous laissez faire le marché,
13:48vous n'avez pas le ruissellement qui fait que les pauvres
13:51vont être aussi un peu plus riches, parce que ça ruisselle jusqu'à eux.
13:55Marx dit que la vraie loi, c'est la paupérisation.
13:58C'est le fait qu'il y a de plus en plus de pauvres
14:01et qu'ils sont de plus en plus pauvres,
14:03et de moins en moins de riches qui sont de plus en plus riches.
14:07C'est pas Adam Smith, c'est Marx.
14:09C'est Marx.
14:10Vous donnez raison à Marx, Michel Onfray.
14:12Oui, sur ses analyses. Il fait des analyses sur la plus-value,
14:16il fait des analyses sur la valeur, sur le salariat,
14:18qui sont extrêmement justes.
14:20Il faut distinguer le Marx du capital,
14:22un très gros livre, qui est une analyse extraordinaire
14:26du fonctionnement du capital et du capitalisme,
14:28du manifeste du Parti communiste, par exemple,
14:31qui est un... Comment dire ?
14:33Une espèce de tract de manifeste politique communiste.
14:38-"1848", c'est ça ?
14:39Un petit texte qui a fait le tour de la planète.
14:42C'est un texte très simple, très rapide,
14:44c'est un peu le mode d'emploi du communisme marxiste
14:47en plein 19e siècle.
14:50Et donc, 1848, comme vous l'avez dit, c'est la bonne date.
14:53Il nous dit qu'il faut absolument qu'il y ait une dictature
14:56du prolétariat, il y a des prolétaires et des bourgeois.
14:59Le bourgeois possède des moyens de production,
15:02le prolétaire ne possède pas, mais juste sa force de travail.
15:05Ca marche très bien, mais si vous dites qu'un boulanger,
15:08qui est propriétaire de sa boulangerie
15:11et qui bosse 10-12 heures par jour pour un salaire de misère,
15:15lui, à la fin du mois, il n'aura pas grand-chose,
15:17et ce sera un bourgeois.
15:19Pendant que quelqu'un qui sera nommé
15:21dans une usine à la tête de la boîte,
15:24qui ne sera que là pour son talent,
15:26lui, il est prolétaire, donc ça ne marche pas.
15:28Marx nous dit qu'il faut absolument
15:30que la bourgeoisie soit renversée par le prolétariat,
15:34pourvu qu'il soit organisé en avant-garde éclairé.
15:36Donc, des syndicalistes dans les usines éclairées,
15:39parce qu'on leur a expliqué ce qu'est le marxisme,
15:42et organisé en parti, et sous la forme d'un parti.
15:45Et Lénine donnera la forme du parti qu'on connaît
15:48dans l'Union soviétique.
15:49On a parlé du libéralisme, du marxisme,
15:51les deux grandes idéologies qui imprègnent notre monde
15:54et notre société actuelle.
15:56Il y a d'autres idéologies qu'on peut noter ?
16:00Oui, il y en a moins deux, et ça, c'est plutôt le XIXe siècle.
16:03C'est le socialisme et c'est l'anarchisme, par exemple.
16:06Les socialistes, on en parle assez peu,
16:08Charles Owen, par exemple,
16:10c'est des utopistes, ces gens-là.
16:13Et ce sont des gens qui, parfois...
16:15Il y a eu Godin, les fameux poils Godin.
16:17C'était des patrons généreux qui disaient
16:20qu'on organisait la cité, mais on fabriquait des villes.
16:23Les gens vivaient dans des gueteltas,
16:25dans des endroits sans eau, sans propreté, sans hygiène.
16:28Et là, d'un seul coup, c'est le début de l'électricité.
16:31Vous allez avoir l'électricité, l'hygiène, la propreté,
16:34des douches, des piscines, de l'eau chaude,
16:37des magasins à prix réduit,
16:40avec des produits pas très chers.
16:42On fabrique des usines et des villes autour.
16:44C'est le socialisme.
16:46C'est-à-dire qu'on produit un progrès,
16:49sans violence, sans brutalité, sans confiscation de la propriété.
16:52C'est pas mal.
16:53Il y a aussi Jean-Jacques Rousseau,
16:56la motion de la République, avec le contrat social.
16:58C'est le premier qui confère une souveraineté au peuple.
17:02Il est vraiment le partisan de la République directe.
17:04Et ça, on est avant la Révolution française.
17:07Oui, 1762.
17:08Il faudrait faire l'histoire du contrat social.
17:11Mais...
17:12On n'aura pas le temps, aujourd'hui.
17:14Je veux dire qu'en la faisant, on parlerait d'Épicure,
17:17parce que ça vient de lui.
17:19Il reste quelques phrases.
17:21Après Hobbes, philosophe du XVIIe siècle,
17:23un peu avant, qui écrit le Léviathan,
17:25du Citoyen, etc.
17:26Ce sont des gens qui écrivent un peu contre Saint-Augustin.
17:30On parlait du théisme et du déisme.
17:32Le théiste dit qu'il y a une cité céleste
17:34et une cité terrestre.
17:35C'est la cité de Dieu de Saint-Augustin.
17:38Saint-Augustin nous dit qu'il y a un dieu, des archanges
17:41et la population des grands morts, si vous voulez.
17:43Toujours la trifonctionnalité, on en a parlé tout à l'heure.
17:47Il s'agit de faire de telle sorte que, sur Terre,
17:49nous ayons la même chose.
17:51Il y a un dieu, un roi.
17:52Il y a des archanges, il y aura l'aristocratie, la noblesse.
17:55Il y a le grand peuple, et on a exactement la même chose.
17:59Et ça, c'est la théorie,
18:00que le ciel puisse inspirer ce qu'on doit pouvoir faire sur Terre.
18:04D'un seul coup, les contractualistes,
18:06ceux qui défendent le contraint, ne l'aiment pas du tout.
18:09Dieu existe, laissez-le là où il est,
18:11mais ne vous occupez pas de lui pour la religion.
18:14Il l'incise pour la politique.
18:15Ils disent qu'on va passer un contrat.
18:18Je peux vous nuire, vous pouvez me nuire,
18:20mais vous avez peur que je vous nuise.
18:22On se dit qu'on va cesser de se nuire l'un de l'autre
18:25et qu'on aura quelqu'un qui va régler les problèmes pour nous.
18:29Le contrat social, on renonce à la liberté
18:32avec laquelle on peut faire n'importe quoi,
18:34mais on est préservé par la police ou l'armée, par l'Etat,
18:37qui nous garantit une vie en paix.
18:39Et ça, c'est le contrat social.
18:41Rousseau reprend cette idée-là en disant
18:43qu'il faut que la volonté générale guide le peuple,
18:46le souverain, le souverain, c'est le chef,
18:48c'est pas forcément un souverain, ça peut être un monarque,
18:51ça peut être le peuple.
18:53Dans une démocratie, le peuple est souverain.
18:55C'est lui qui décide de la politique à mener.
18:58Rousseau dit que la volonté générale
19:00n'est pas la somme des volontés particulières.
19:03Dans une classe, on fait un voyage scolaire,
19:05on fait le total, on veut aller aux Etats-Unis,
19:08on n'a pas envie d'y aller, etc.
19:10La somme des volontés particulières ne fait pas
19:12une volonté générale.
19:14La volonté générale, c'est la somme des volontés particulières
19:17dans la mesure où chacun aura donné son avis
19:20en fonction de l'intérêt général.
19:22Oui, je suis allé aux Etats-Unis, mais pour ceux qui n'y sont pas allés,
19:26c'est une bonne idée d'y aller.
19:27La volonté générale, c'est la démocratie.
19:30L'étymologie, c'est le pouvoir du peuple.
19:32Il crée, Rousseau, la démocratie.
19:34Ce qui est frappant, c'est qu'on a ces grands textes
19:37à notre disposition.
19:38Le peuple a toujours les mêmes peurs, les mêmes angoisses
19:41qu'il y a 2 ou 3 siècles.
19:43Rien n'a changé.
19:44Même si le progrès technologique est là,
19:47le confort, etc.
19:48Il y a toujours la même inquiétude existentielle.
19:51Oui, alors là, on est obligé de revenir à Hobbes,
19:53qui dit qu'il y a eu l'invincible Armada,
19:56que sa mère était enceinte, qu'elle a eu peur,
19:58et que dans son ventre, il a déjà gardé en lui...
20:01C'est inscrit la peur qu'il a gardée en lui.
20:03Il dit qu'il faut un contrat social pour qu'on arrête d'avoir peur.
20:07Et à un moment donné, quelqu'un comme Hobbes dit
20:10qu'on renonce à la liberté parce qu'on vous garantit
20:13votre sécurité, mais si la sécurité n'est pas garantie,
20:16vous recouvrez votre liberté.
20:18C'est intéressant.
20:19On en a souvent parlé.
20:20Et donc, on retrouve la Boétie, qui dit qu'on a contracté,
20:23vous ne nous occupez pas de nous,
20:25et bien, on recouvre notre liberté et on se rebelle.
20:28La boucle est bouclée.
20:30On fait une petite pause.
20:31On va parler de l'intelligence artificielle
20:34qui vous effraye, qui vous effraye pas,
20:36mais qui vous pose un certain nombre de questions.
20:39Et puis, l'alimentation, avec, encore une fois,
20:41tout un numéro de Front Populaire très intéressant,
20:44sur Mangeais-tu ? Vous allez nous donner le moral.
20:47On va aborder des sujets sympathiques
20:49parce que vous dites aussi que la culture française
20:52est très ancienne.
20:53Petite pause. On se retrouve face à Michel Onfray.
20:56On se retrouve dans la seconde partie
20:58de Face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
21:01Vous êtes effrayé par les évolutions
21:03de la technologie qui permet de réparer les corps,
21:06de soigner certaines maladies.
21:08Qu'est-ce qui vous fait peur ?
21:10Il y a des robots chirurgiens, les nanotechnologies,
21:13il y a un champ infini qui s'ouvre aux chercheurs,
21:16aux médecins pour soigner les maladies terribles,
21:18notamment au concert.
21:20Qu'est-ce qui vous effraye ?
21:21C'est une machine, l'intelligence artificielle.
21:24Et ça dépend de ce qu'on lui demande de faire.
21:27Et si, effectivement, vous êtes un oncologue,
21:29un cancérologue qui est en train de regarder une radio,
21:32vous avez suspicion de cancer de la prostate,
21:35vous regardez, et vous, en fonction de votre culture,
21:38de votre savoir, de votre expérience,
21:40vous dites, ça me rappelle ceci, ça me rappelle cela,
21:43vous faites un diagnostic et vous dites,
21:46on va faire une thérapie, et voilà.
21:48Cette intelligence-là fut-elle immense ?
21:50Quelqu'un qui serait le meilleur chirurgien,
21:53le meilleur cancérologue dans cette discipline, évidemment.
21:56Il est faillible.
21:58Si vous avez des milliards d'IRM qui ont été faits sur la planète
22:02et que vous pouvez interroger d'un seul coup,
22:05et qu'avec une vitesse fulgurante,
22:07avec des ordinateurs quantiques,
22:09qui iront plus vite que les ordinateurs qu'on a,
22:12vous pouvez obtenir une réponse que la machine vous donnera
22:15en disant, j'ai regardé 5 millions de radios
22:17et j'ai constaté que c'est tel type de cancer
22:20qu'on a pu soigner dans tel endroit avec tel type de maladie.
22:23C'est formidable.
22:24C'est comme être contre l'électricité
22:27quand elle arrive, ça n'a pas de sens.
22:29Je suis pour l'usage de l'intelligence artificielle
22:32dans un tas de domaines.
22:33Un architecte, à un moment donné,
22:35dira quelles sont les obligations qui sont les miennes,
22:38cet espace, ce volume...
22:40La machine va vous dessiner quelque chose.
22:42En 3D, elle vous construit des maisons.
22:44Elle vous fabrique la maquette tout de suite.
22:47Je ne suis pas contre ça.
22:48Je suis contre les faussaires qui peuvent s'en servir
22:52pour laisser croire qu'ils ont demandé
22:54à leur intelligence naturelle de produire
22:56ce que l'intelligence artificielle aura fait.
22:59Par exemple, quand vous dites à l'intelligence artificielle
23:02un chat GPT, vous lui dites,
23:04je te donne quelques informations,
23:06le roman arrive.
23:07Quand vous allez chez un éditeur,
23:09vous n'allez pas dire, c'est mon chat GPT qui m'a écrit.
23:13On peut détecter ça.
23:15Non, vous êtes un faux écrivain.
23:16Il y a plein de choses que vous pouvez faire.
23:19On a demandé à chat GPT, connaissez-vous Michel Onfray ?
23:22Oui, je connais Michel Onfray, nous a dit chat GPT.
23:25C'est un philosophe français contemporain,
23:28né le 1er janvier 1959.
23:29Là-dessus, c'est difficile.
23:31Après, que pensez-vous de Michel Onfray,
23:33avons-nous demandé à chat GPT ?
23:35C'est une figure intellectuelle polarisante.
23:38Ca vous va comme définition ?
23:39-"Pétise totale", c'est-à-dire quoi ?
23:41Polariser la lumière ?
23:43Vous polarisez, vous clivez.
23:44D'accord, donc vous êtes contre chat GPT.
23:47Non, je ne suis pas contre ça.
23:49C'est-à-dire que ce qu'il y a sur...
23:51Quand vous questionnez l'intelligence artificielle,
23:54elle va chercher toutes les informations
23:56que vous avez sur Internet.
23:58Si vous dites, chat GPT,
23:59que penses-tu, qui était Albert Onfray ?
24:02Il n'y a personne qui sait qui c'était.
24:04Donc, il n'y a rien du tout.
24:06Même pas vous, parce que c'était mon oncle.
24:08C'était le frère de mon père.
24:10Il n'y a pas de traces numériques de mon oncle sur le Net.
24:14Si vous n'avez pas d'existence sur le Net,
24:16vous n'avez pas d'existence tout court.
24:18Mais non. Faites l'expérience.
24:20Vous n'aurez d'existence personnelle
24:22que parce que vous aurez une existence sur le Net.
24:25Le Net, ce n'est pas la vérité d'un être.
24:28C'est la somme de toutes les sottises.
24:30Souvent, la réputation, c'est la somme des malentendus.
24:33Toutes les gens qui ont pu écrire des sottises sur moi,
24:36je ne vais pas les nommer, il y en aurait trop.
24:39Vous mélangez tout ça, et ça finit par être vrai.
24:41C'est un peu macronien. Il y a ça, mais il y a aussi ça.
24:45Comme je suis polarisant, je suis...
24:47Oui, oui, pardon, mais comme je suis polarisant,
24:50eh bien, on dirait qu'il a dit ceci, puis il a dit cela.
24:53On prend une synthèse, en réalité.
24:55C'est une synthèse mal faite,
24:57mais pour vous donner raison,
24:59ou pour me donner raison en même temps,
25:01plus vous allez donner d'informations au Net,
25:04plus ça va devenir performant.
25:06Je dis souvent que...
25:07-"All access", on ouvre toutes les portes.
25:09On n'a aucune raison de les fermer.
25:11Si vous avez un chat GPT qui est hébergé en Nouvelle-Zélande,
25:15vous aurez beau dire que c'est interdit en France,
25:18les gamins font leur dissertation.
25:20Ils vous diront qu'ils vont s'en servir.
25:22Vous mettez un sujet de dissertation,
25:24et la dissertation sort.
25:25Beaucoup d'enfants pensent que c'est plus pratique
25:28d'interroger un chat GPT sur une dissertation
25:31que de la faire soi-même.
25:32C'est ça, le problème.
25:34C'est un peu comme les sportifs.
25:36Si vous ne travaillez pas un muscle,
25:37le muscle dépérille.
25:39Le cerveau, c'est pareil.
25:40Si vous ne le faites pas, il ne fonctionne plus.
25:43Si vous prenez le pari de ne plus le faire fonctionner,
25:46vous imaginez qu'il va rester une noisette desséchée
25:49et que ces gens vont vous donner des avis.
25:51Après, ils ne vont pas s'interdire de donner des avis.
25:54Vous allez leur demander ce qu'ils pensent de Picasso,
25:57sans jamais avoir vu une toile de Picasso.
26:00Je crois à l'intelligence naturelle,
26:02l'intelligence qu'on fabrique avec les parents.
26:04Le parker, ça permettait la mémoire.
26:06On ne peut pas apprendre comme parker.
26:09Bien sûr.
26:10C'est interdit.
26:11C'est fasciste.
26:12Ce n'est pas dans toutes les écoles.
26:14Vous avez raison.
26:15Les bons parents qui ont les bons moyens
26:17et qui sont dans les bons endroits...
26:20Il y a certains instituteurs dans nos écoles
26:22qui font du parker.
26:23Plus maintenant, avec la nouvelle génération
26:26qui a été fabriquée...
26:27J'aimerais qu'on revienne un instant, Michel,
26:30sur les applications de l'intelligence artificielle
26:33sur le corps humain.
26:34Le docteur Laurent Alexandre, spécialiste
26:36de l'intelligence artificielle, était chez Pascal Praud.
26:40C'est intéressant ce qu'il dit, ça va vous faire réagir.
26:43Il y a une publication d'hier dans Nature
26:45sur la façon de tuer les cellules vieillissantes
26:48de notre organisme pour rajeunir notre fonctionnement biologique.
26:52J'ai la conviction qu'au cours du XXIe siècle,
26:54l'espérance de vie pourrait, grâce à l'intelligence artificielle
26:58et la biologie, arriver à 200 ans.
27:00A 200 ans, on est dans quel état ?
27:02On est en pleine forme ou on est comme un vieux d'oeuf ?
27:05C'est pour être en pleine forme.
27:07Passer 1 000 ans chez Orpéa n'a aucun intérêt.
27:10Pourquoi on mourrait à 200 ans si on est en pleine forme ?
27:13Probablement qu'on va chercher à vivre beaucoup plus longtemps,
27:16mais on a un vrai problème sur le cerveau.
27:19On peut faire vivre les neurones plus longtemps,
27:21mais un neurone ne peut pas vivre 1 million d'années,
27:24alors qu'une intelligence artificielle peut vivre
27:271 million d'années.
27:28C'est vertigineux, ce qui est dit là, Michel, et inquiétant.
27:32200 ans d'un crétin, c'est 150 ans de trop.
27:34Il y a un moment où la quantité de vie n'est pas en jeu,
27:37c'est la qualité de vie.
27:39La question, c'est dans quel état.
27:41Et qui va décider de qui vivra jusqu'à 200 ans ?
27:43L'argent.
27:45Effectivement, on aura une espèce de société incroyable
27:48où quelques-uns auront tout et beaucoup n'auront rien.
27:51On revient sur la paupérisation de Marx.
27:53On est complètement dedans.
27:55Alexandre est dans ce milieu, dans ce business.
27:57Il se dit...
27:58Pardon, oui.
28:00Je serai sauvé, il n'y a aucun problème.
28:02Il dit qu'on peut aller jusqu'à 200 ans dans les moyens technologiques.
28:06C'est faux.
28:07Ce qui est très intéressant dans sa pensée,
28:09c'est que c'est une pensée magique technophile.
28:12Il pense comme un croyant.
28:14Il croit que l'immortalité ne viendra pas par Dieu,
28:17mais par la machine.
28:18Mais mon immortalité numérique se fera sans moi.
28:21Le jour où je meurs si j'ai fabriqué un avatar de Michel Onfray
28:24et que j'ai donné à cet avatar toute ma trace numérique...
28:27Vous avez beaucoup de livres.
28:29Il pourra continuer à faire une émission avec vous,
28:31car vous me survivrez 100 ans, mais je ne serai plus là.
28:34C'est une fausse immortalité.
28:36C'est pas parce que j'ai l'oeuvre complète de Voltaire
28:39que Voltaire est immortel.
28:40On entend bien que c'est métaphorique,
28:43mais le corps de Voltaire est mort et enterré.
28:45Ca pose la question de la finitude de l'être humain
28:48et cette quête de l'éternité qu'on a tous en tête.
28:52Tous ou pas, d'ailleurs.
28:54Il y a eu ça, on n'a pas trop de temps,
28:56mais un garçon était en train d'entretenir
28:58une relation très virtuelle avec un avatar qu'il avait constitué.
29:02Vous les choisissez, c'est votre choix.
29:04Ils sont grandes, ils sont blondes...
29:06A votre goût.
29:07Vous lui donnez un prénom et vous commencez à avoir un échange.
29:11Il y a un moment donné où il a cru à l'existence de cette personne.
29:14Il a dit que si il en juge par les échanges que nous avons,
29:17il aimait beaucoup plus que sa femme.
29:20Et l'avatar lui répond que oui,
29:22eu égard aux informations que vous me donnez,
29:25on peut croire que...
29:26Il dit qu'il avait vraiment envie de se suicider.
29:29Il lui dit, il ajoute,
29:30mais ce qui me retient, c'est que nous serions séparés.
29:33L'intelligence artificielle lui répond qu'il y a une espèce
29:36d'immortalité dans le virtuel.
29:38Ce type s'est suicidé.
29:40En Belgique.
29:41Mais ceci dit, la chose est dite,
29:43c'est-à-dire qu'il y a un moment donné
29:45où les gens, un peu comme M. Alexandre,
29:47finissent par croire que l'immortalité,
29:49une question à laquelle la religion a répondu
29:52pendant des siècles, va pouvoir être résolue
29:54par la technologie.
29:56Mais ça, c'est de la science-fiction.
29:58Il y a un moment donné où, bien sûr,
30:00il a raison, on pourrait faire surgir une immortalité,
30:03mais ce serait une immortalité numérique.
30:05Donc mon oncle, il est mort et intérêt,
30:08il n'y aurait jamais eu d'immortalité numérique.
30:11Et puis moi, mon immortalité, elle se ferait
30:13avec les traces numériques que j'ai laissées,
30:16mais je ne suis pas réductible à mes traces numériques.
30:19C'est un fantasme qu'on retrouve chez plein de gens.
30:22Vaucanson, par exemple, qui faisait des automates
30:24au XVIIIe siècle, ou Frankenstein.
30:26Toutes ces bestioles qu'on peut fabriquer,
30:29on leur donne une espèce d'âme humaine,
30:31et on va avoir l'immortalité.
30:33Non, il y a un moment donné où le cerveau
30:35pourrait être l'assurance de notre immortalité,
30:38mais dans un autre corps.
30:39C'est pas l'intelligence artificielle qui le ferait.
30:42C'est un chirurgien qui rendrait possible
30:45la transplantation du cerveau dans un autre corps
30:47pour éviter de refaire des ponts neuronaux
30:49pour qu'il puisse continuer à marcher, etc.
30:52Je vois plus l'immortalité de ce côté-là
30:54plutôt que de dire que nous serions immortels
30:57grâce à Neuralink.
30:58Et puis de dire, vous avez vu, je suis en train de parler
31:01comme Google vous parle de moi,
31:03un peu comme le fameux Michel Onfray
31:05de l'intelligence artificielle.
31:07On est en face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
31:10On va parler de ce que vous évoquez
31:12dans ce dernier numéro de Front Populaire,
31:15qui m'intéresse beaucoup.
31:16C'est vos thèmes de prédilection.
31:18Mais vous dites qu'une civilisation se manifeste
31:21aussi dans ses monuments, dans ses oeuvres,
31:24dans son vin, dans son assiette,
31:26et pas seulement dans sa culture, dans sa littérature.
31:29Ca fait partie de notre patrimoine.
31:31Regardez, par exemple, les interdits alimentaires
31:34de la Torah ou les interdits alimentaires du Coran.
31:36On sait qu'il y a des choses qu'on mange
31:39et des choses qu'on ne mange pas.
31:41C'est compliqué chez les Juifs,
31:42parce qu'il y a des animaux à pied fourchu,
31:45il y a de l'extérieur, etc.
31:46C'est très compliqué.
31:48Chez les musulmans, c'est plus simple.
31:50Vous avez interdiction de l'alcool et du porc.
31:52Ce sont des civilisations.
31:54Il y a d'autres interdictions alimentaires.
31:57Il y a d'autres.
31:58Le carême.
31:59Je ne suis pas sûr que le carême soit pratiqué par tous.
32:02Vous avez raison.
32:03Quand j'étais enfant,
32:05les boucheries fermaient le jour du vendredi saint.
32:08On avait un vieux radical socialiste
32:10qui lui égorgeait le poulet
32:11pour montrer qu'il mangeait de la viande et du sang.
32:14Aujourd'hui, les boucheries ne sont pas fermées.
32:17On a changé de civilisation.
32:18Beaucoup de catholiques,
32:20dont quelques-uns, disent que le carême,
32:22c'est symbolique et allégorique.
32:24Il y a un vrai regard du carême, notamment chez les jeunes.
32:27C'est intéressant à noter.
32:29Au-delà de la religion,
32:30il y a des choses qu'on mange et des choses qu'on ne mange pas.
32:34On mange des huîtres.
32:35Ca s'appelle de l'homophagie.
32:37On mange du vivant.
32:38Quand vous avez une huître et que vous mettez quoi dedans ?
32:41Rien, surtout pas de citron ou citronnette.
32:43Quand vous l'ingérez,
32:45il y a 20 minutes d'espérance-vie dans votre estomac.
32:48Il y a des gens qui estiment que c'est effrayant.
32:51Mais si vous allez en Corée du Sud,
32:53on mange du poulpe cru,
32:54de petits poulpes qui sont gros comme une mandarine.
32:57Vous les mangez crus et de temps en temps...
32:59Vous avez des spectateurs et auditeurs.
33:01Il y a régulièrement des gens qui meurent étouffés
33:04parce que le poulpe s'en va.
33:06Nous, on ne fait pas ça.
33:07Il y a des civilisations où on mange du chien.
33:10Il y a des civilisations où on n'en mange pas.
33:12Cette phrase que tout le monde connaît,
33:15mais on ne sait pas qu'elle vient d'un philosophe à sa manière,
33:18c'est de la physiologie du goût.
33:20C'était un philosophe qu'on appelait idéologue au XIXe siècle,
33:24pas au sens d'aujourd'hui.
33:25On n'aimait pas beaucoup Napoléon.
33:27C'était une façon de dire ce qu'un autre philosophe disait.
33:31On est ce que l'on mange.
33:32Phrase très intéressante.
33:34Et donc, effectivement, vous voyez aujourd'hui...
33:37Je crois que c'était à Washington,
33:39une galerie avec des armures.
33:41Il y a, semble-t-il, l'armure de François Ier,
33:43l'armure de Gendarck.
33:45Et là, vous dites, mais ils étaient petits, à l'époque.
33:48Les entrées de portes,
33:49quand vous êtes intéressé par l'architecture,
33:52vous allez dans des forteresses médiévales.
33:55Donc, effectivement...
33:56Mon père était ouvrier agricole.
33:58Il a vite travaillé.
33:59Il avait une très grosse musculature,
34:01mais petite, parce que les os ne pouvaient pas se développer.
34:05Aujourd'hui, vous avez des asperges à 18 ans,
34:07des grands garçons, des grandes filles,
34:09qui en mangent autrement.
34:11Heureusement, on comprend qu'il y a des produits toxiques.
34:14L'écologie fait un bon travail sur ce terrain.
34:17Elle nous dit d'arrêter de manger des produits toxiques.
34:20A la campagne de Benoît Hamon, à la présidence de la République,
34:23une partie de sa campagne était consacrée
34:26aux perturbateurs endocriniens.
34:28C'est un vrai sujet.
34:29Et plus personne n'en parle.
34:31C'est dommage.
34:32Quand on boit de l'eau dans une canette,
34:34quand on s'en va le matin se brosser les dents...
34:37-"Prendre de l'eau dans une bouteille de plastique".
34:40Non, parce que, justement, toutes les particules de...
34:43-"De plastique sont dans l'eau".
34:45Ah oui, pardon, j'avais pas compris.
34:47Mais c'est incroyable.
34:48Vous vous dites... Vous mettez vos vêtements,
34:51vous avez utilisé une lessive, un adoucissant,
34:53vous allez prendre le savon, etc.
34:55Il y a tous ces perturbateurs qui vous rentrent dans le corps
34:58par les pores de la peau.
35:00C'est ingérer, c'est pas seulement manger de la nourriture bêtement.
35:03C'est parfois aussi se brosser les dents,
35:06mettre un vêtement.
35:07Il y a aussi quelque chose qui m'a intéressée
35:09dans l'article de Front Populaire.
35:11La fin de la paysannerie, issue de l'américanisation de l'Europe,
35:15elle arrive après la Seconde Guerre mondiale.
35:18Le fait que les Américains arrivent,
35:20qu'ils amènent avec eux aussi leur code culturel,
35:22leur code gastronomique,
35:24et même notre agriculture change à ce moment-là.
35:27C'est ça ?
35:28Oui. C'est ce que dit le général de Gaulle
35:30dans l'appel du 18 juin,
35:32que peu de gens connaissent intégralement.
35:34Nous l'avons perdue pour des raisons mécaniques.
35:37Quand nous aurons l'égalité, la supériorité mécanique,
35:40nous gagnerons et nous allons gagner.
35:42D'où l'intérêt d'avoir les Etats-Unis et l'Union soviétique.
35:46En Normandie, le 6 juin 1944, ils arrivent avec des moteurs.
35:49Des moteurs de Jeep, de camion, d'avion, de barge,
35:52qui viennent déposer les moteurs de sous-marins.
35:55C'est une révolution du moteur.
35:57C'est une révolution de civilisation du moteur.
36:00Il y a un moment où mon père a appris à labourer avec les bœufs,
36:03puis avec les chevaux.
36:05Un jour, on lui a dit tracteur.
36:07Le tracteur est venu du plan Marshall.
36:09Quand les Américains ont bombardé la Normandie,
36:11ils ont dit qu'il fallait le reconstruire.
36:14On va vous aider, et ça fait marcher la mécanique américaine.
36:17On dit arrêter les chevaux, les marais chaufferants.
36:20Mon père est allé avec un cheval chercher à la gare
36:23un tracteur en pièces détachées.
36:25Il est revenu, le mécanicien agricole
36:27qui commençait à voir le jour a monté tout ça.
36:29Après, c'était le tracteur, la pollution, le moteur,
36:32l'essence.
36:33L'agrandissement des parcelles et l'agriculteur intensif.
36:37Oui, parce qu'il fallait produire, nourrir.
36:40À un moment donné, vous vous dites que si vous avez
36:42tant de rendement à l'hectare et que vous mettez
36:45des produits phytosanitaires, des intrants,
36:48vous allez multiplier votre production.
36:50Vous n'allez pas vous contenter de faire le pain
36:53de votre famille ou du village, mais de plein de gens
36:56qui vont vous en acheter, ça va aller au-delà.
36:58Le moteur, c'est aussi le train, l'avion,
37:00c'est la possibilité de mondialiser la production.
37:03On demande à la paysannerie française de s'industrialiser.
37:07C'est une époque où on ne parle plus des paysans,
37:09mais des exploitants agricoles.
37:11Un petit mot de la malbouffe, c'est intéressant.
37:14Il y a un article de Perico Légas qui dit
37:16qu'il y a une vraie fracture sociale qui se lie aujourd'hui.
37:19La maigreur, disait-il, traduisait jadis la misère,
37:22alors qu'aujourd'hui, elle traduit la classe sociale.
37:25C'est l'inverse, aujourd'hui.
37:27C'est l'obésité qui est le marqueur de la classe sociale.
37:31Après les élections, on peut faire une sociologie de l'alimentation
37:34en fonction des votes.
37:36On voit bien qu'il y a des gens qui sont plutôt obèses,
37:39avec des problèmes de dents, parce qu'ils mangent trop de sucre,
37:42des conserves, parce que c'est moins cher.
37:45Si vous voulez acheter de la bonne viande chez un bon boucher,
37:48vous allez la payer cher.
37:49Si vous voulez acheter des produits bio sur un marché,
37:52on en trouve.
37:54Je fais mon marché avec des paysans formidables
37:56qui font de belles choses,
37:58parce que j'ai le pouvoir d'achat qui me le permet.
38:00Des gens qui n'ont pas le pouvoir d'achat
38:03ne regardent pas la qualité du produit,
38:05ils regardent le prix.
38:06Ils se disent qu'ils ne peuvent pas acheter des asperges
38:09qui viennent d'arriver, etc.
38:11Donc oui, il y a un marqueur social, alimentaire, de société.
38:14L'espérance-vie n'est pas la même chez les riches et les pauvres.
38:18Si vous mangez des choses toxiques qui vous empoisonnent,
38:21vous allez mourir plus tôt, vous allez choper plus vite
38:24une pathologie, un cancer,
38:25vous risquez de...
38:27Vous avez des difficultés pour aller chez le médecin,
38:29le cancer, vous allez le voir à un stade très avancé.
38:32-"Le libre-échange a aussi déstabilisé
38:34notre modèle de production."
38:36C'est ce que vous dites.
38:37Oui, parce qu'à un moment donné,
38:39quand vous vous retrouvez en compétition avec l'Ukraine
38:42et que vous avez des étendues incroyables de blé
38:45et que nous, on a la géographie qu'on a,
38:47c'est pas la même,
38:48et qu'on a des obligations écologiques,
38:51disant qu'il faut produire avec ces produits,
38:53alors que les autres le peuvent.
38:55Si vous êtes sur un marché mondial
38:57où c'est la concurrence qui fait la loi,
38:59le petit paysan est mort, la petite exploitation est morte.
39:02Il reste aujourd'hui des niches,
39:04c'est-à-dire la possibilité d'avoir des bobos comme clients
39:07ou des supermarchés qui disent
39:09qu'ils ont trois pommes qui viennent du verger d'à côté
39:12et des tonnes de pommes qui viennent d'Espagne,
39:14qui n'ont jamais vu le soleil,
39:16qui n'ont jamais vu la terre et qui ont été arrosées.
39:19-"La crise du pouvoir d'achat a donné un coup au bio
39:21à tout ce qui était dans les rayons bio de ces magasins."
39:25-"La mondialisation fait que vous êtes à égalité
39:27avec des gens qui n'ont pas de droits sociaux.
39:30C'est-à-dire que si on produit, je sais pas quoi,
39:32des cerises au Chili, ça peut être ramassé par des enfants
39:36qui n'auront pas les mêmes protections sociales
39:38qu'en France.
39:39Quand vous êtes un producteur,
39:41vous êtes obligé de reporter sur le produit que vous allez vendre
39:45le coût de la main-d'oeuvre.
39:46Si le coût de la main-d'oeuvre n'est pas le même,
39:49en fonction du droit social de la Chine, par exemple,
39:52ou du droit social du Kenya,
39:53vous allez acheter des haricots verts
39:55qui viennent par avion du Kenya en hiver
39:58à un prix qui est tout à fait concurrentiel
40:00par rapport à des paysans qui, eux, ne feront pas
40:03de haricots verts en décembre.
40:04-"Pour terminer sur notre positive,
40:06il y a aussi toute cette variété
40:08que nous offre notre gastronomie française.
40:11Et puis, vous dites qu'il faut vivre au rythme des saisons,
40:14on ne mange pas de poissons frais en lozère.
40:16Chaque terroir, en fait, a sa production.
40:18Et ça, ça fait aussi partie de la richesse de notre pays.
40:22-"Ah oui, bien sûr.
40:23Maintenant, on peut déplacer des produits, quand même.
40:26Ca dépend comment on fait.
40:27Par exemple, j'habite à Caen, on est à 20 minutes de la mer,
40:30et vous avez parfois, sur les étals de poissonnerie,
40:33du poisson qui vient du sud.
40:35-"Maintenant, mais je vous parle à l'époque,
40:37on ne mangeait pas de poissons frais."
40:39-"A l'époque, les anciens étaient capables
40:42de tailler des blocs de glace, de les mettre dans des caves
40:45pour faire de telle sorte que l'été,
40:47il pouvait être encore utilisé.
40:49C'est pourquoi, à l'époque, on ne mangeait pas des huîtres
40:52en air. On mange les huîtres au moins en air,
40:54mais pas en mai, pas en juin, pas en juillet, pas en août.
40:57En septembre, en octobre, etc., on recommence.
41:00Simplement parce que c'était la période de la reproduction
41:03et qu'il fallait permettre... C'était d'écologie.
41:06Maintenant, quand on peut déplacer des huîtres en avion
41:09en plein mois d'août, on peut manger des huîtres
41:12avec de la laitance.
41:13Ca, ce sont des décisions qui pourraient être prises
41:16par des gouvernements nationaux.
41:17Le souverainisme alimentaire, c'est ça.
41:20Il y a des produits qu'on ne peut pas manger.
41:22Vous ne mangerez pas de cerises à Noël
41:24et vous ne mangerez pas de châtaignes au mois d'août
41:27parce que la saison fait la loi.
41:29Il dit que manger, ce qui est saisonnier.
41:31Mais dans un marché planétaire,
41:33vous ne pouvez pas empêcher des gens
41:35qui ont le pouvoir d'achat d'acheter des cerises
41:38pour les mettre sur la table de Noël
41:40même si la trace carbone est terrible.
41:43Vous avez vu comment on est revenu à Rousseau
41:45au début de l'émission ?
41:47C'est merveilleux.
41:48J'écrirai un jour un livre sur cet homme
41:50qui joue un rôle considérable.
41:52La nature, l'écologie, le contrat social,
41:54l'âne de soi, l'amour de soi, les confessions.
41:57C'est un personnage majeur.
41:58Comme la Révolution française est un moment majeur
42:01dans l'histoire de France, Rousseau est un personnage majeur.
42:05Merci, Michel Onfray.
42:06La semaine prochaine sera la dernière de la saison.
42:09On parlera de l'actualité et on verra ce que ça donne.
42:12Merci à vous, mon cher Michel.
42:13Bonne journée à vous sur CNews et sur Europe.