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Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

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Transcription
00:00Bonjour à tous et bonjour à toutes. Bienvenue dans Face à Michel. On ferait sur CNews et sur Europe 1. Bonjour Michel.
00:04Bonjour Laurence.
00:05Ravie de vous retrouver pour une heure d'échanges et de débats autour de l'actualité.
00:08On va commencer par parler d'un autre Michel, Michel Barnier, au cœur du chaudron politique de l'Assemblée Nationale.
00:14Le Premier Ministre a fait son discours de politique générale, mardi, au milieu du brouhaha et du chahut imposé par la gauche,
00:21et notamment la France insoumise. On reviendra sur la méthode Barnier, la façon dont il a mouché avec élégance ses opposants les plus bruyants,
00:29notamment Mathilde Panot, mais également l'ancien Premier Ministre, Gabriel Attal.
00:34Sur le fond, que retenir des idées qu'il a développées, de la politique qu'il compte mener à la tête du gouvernement français,
00:39pouvoir d'achat, hausse du SMIC, maîtrise des déficits publics, avec à la clé une hausse des impôts,
00:45mais aussi sécurité, immigration, que peut vraiment faire Michel Barnier ?
00:50On va aussi s'intéresser, Michel, à la façon dont son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, crante l'opinion publique
00:56et fait face à une salve de critiques, après ses déclarations dans le JDD, sur l'état de droit, qui serait, selon lui, ni intangible, ni sacré.
01:04Question importante, à vos yeux, qu'est-ce que l'état de droit, une expression de la volonté populaire, est-il supérieur à la démocratie ?
01:11On va vous entendre là-dessus, Michel Onfray.
01:14Enfin, l'onde de choc, après le meurtre de Philippine, se poursuit, avec de nombreux témoignages de femmes ou de proches de victimes
01:20qui ont été agressées par des migrants, sous OQTF.
01:23En matière d'immigration, justement, peut-on faire cohabiter les deux notions de fermeté et d'humanité ?
01:28Voici quelques-unes des pistes de réflexion, pour aujourd'hui, avec vous, Michel Onfray.
01:33Michel, on commence donc par Michel Barnier, qui était au cœur de l'attention, vous l'avez suivi, j'imagine, sur nos antennes.
01:38L'oncle chaudron de l'Assemblée Nationale, discours de politique générale, on en a en mémoire certains qui étaient excellents.
01:44Sur le fond, d'abord, j'aimerais qu'on revienne sur le fond. Il a promis écoute et respect.
01:48Honnêtement, Michel, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu ces mots-là dans l'hémicycle.
01:53Écoutez-le, Michel Barnier, et je vous passe la parole.
01:57Écoute, respect à l'égard de toutes les forces politiques et de toutes les sensibilités politiques, à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
02:06Je l'ai dit dès le premier jour, nous écouterons et nous respecterons chacune et chacun d'entre vous,
02:14même si ce respect n'est pas toujours réciproque.
02:18Applaudissements
02:23Et effectivement, à ce moment-là, il se tourne vers les bancs de la France Insoumise,
02:26qui a fait un chahut indescriptible pendant tout son discours.
02:28Qu'est-ce qui vous surprend le plus, Michel Onfray ?
02:30Ou peut-être, qu'est-ce qui ne vous surprend pas ?
02:32Oh, rien ne me surprend.
02:34C'est-à-dire qu'il était sur un fil, il n'a pas vraiment beaucoup de latitude politiquement.
02:38Il faut qu'il plaise à presque tout le monde et qu'il ne déplaise pas à certains.
02:44On sent que Marine Le Pen est là, embusquée avec son fusil à lunettes.
02:50Bon, il s'en est bien sorti, mais ceci dit, il s'en est bien sorti au prix d'un filet d'eau tiède.
02:57Politiquement, ce n'est pas terrible.
02:59Vous savez, c'est mon obsession, mais tant qu'on reste dans la configuration européenne,
03:05on ne peut pas faire autre chose que ça, ce n'est pas compliqué.
03:07Quand on a perdu notre souveraineté et que la souveraineté est à Bruxelles,
03:10on ne peut pas dire, je vais faire ceci, je vais faire cela.
03:12C'est parce que globalement, quand vous dites, maintenant, je vais m'en donner les moyens,
03:15parce que là, il dit, il faudrait, nous allons, etc.
03:17Bon, pourquoi pas ?
03:18Mais il sait très bien, lui, plus qu'un autre, qu'il a été commissaire européen,
03:21que globalement, à Bruxelles, on lui dira, tout ça est fort sympathique,
03:24vous avez réussi à faire une majorité, vous pilotez, vous essayez d'éviter les gouttes,
03:29mais vous n'en aurez pas la possibilité.
03:31Donc, moi, je n'attends rien de ce genre de discours.
03:34Et je n'attendrai rien d'un discours de Marine Le Pen qui nous dit exactement la même chose.
03:37On ne sort pas de l'Europe, on ne sort pas de Schengen, etc.
03:40Donc, tant qu'on reste dans une configuration européenne, on ne peut rien faire.
03:43J'ai compris. Mais écoute et respect, quand même, c'est pas mal.
03:46C'est déjà ça.
03:47Alors, c'est le vieux style, c'est le mien, d'une certaine manière.
03:49Mais, c'est-à-dire, effectivement, écouter, c'est bien, mais ça ne suffit pas.
03:54Donc, genre, je vous écoute, mais qu'est-ce que vous allez faire de ce que vous entendez ?
03:57Donc, si vous dites, je vous écoute, je vous ai entendu, au revoir, monsieur,
03:59mais maintenant, allez vous faire voir, ce n'est pas terrible.
04:02Il faut écouter, mais il faut prendre en considération ce qui est dit.
04:05C'est ce que faisait le Général quand il disait, il faut faire de telle sorte
04:08qu'on puisse permettre à chacun d'être représenté.
04:12Chacun n'est pas représenté dans ce gouvernement.
04:16Ne serait-ce que, je peux le dire, le Nouveau Front Populaire.
04:20Où sont-ils ?
04:21On voit bien que Bruno Rotailleau, d'une certaine manière,
04:23il représente le Rassemblement National.
04:25Mais qui représente ?
04:26Même s'il est de la famille traditionnelle de la droite républicaine.
04:29Bien sûr, vous avez raison.
04:31Mais parce qu'il est du côté des républicains qui sont des républicains à l'ancienne.
04:37Un peu néogaullistes, je dirais.
04:38Je ne dis pas gaullistes, mais enfin néogaullistes.
04:40C'est-à-dire qu'ils n'ont pas sombré dans une espèce de centrisme, de juscardisme,
04:43comme ça a pu être fait avec les différents présidents
04:46qui, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, ont produit une espèce de néogaullisme
04:51un peu loin du gaullisme.
04:52Mais il y a un style, il y a un ton, c'est ça qui est intéressant.
04:55Alors, il écoute, d'accord, et il respecte, ça c'est sûr.
04:57Et ça c'est bien.
04:58Parce qu'il n'y a pas toujours ça dans les rangs de l'Assemblée Nationale.
05:00Tous les gens de la Savoie, je crois.
05:02Oui, oui.
05:03C'est une méthode.
05:04Et puis il le montre, surtout.
05:05Il le montre.
05:06Et donc, cette façon très ironique, très française, parce qu'elle est très voltairienne,
05:09c'est Voltaire.
05:10C'est ça.
05:11Et remettre les gens à leur place.
05:12Oui.
05:13Alors, justement Michel, on va tout de suite écouter la réponse de Michel Barnier à Mathilde Panot,
05:18la présidente de la France Insoumise, qui avait pris la parole juste après lui,
05:21et qui l'avait évidemment étriée.
05:23Écoutez la méthode et le style Barnier.
05:27Madame la présidente Mathilde Panot,
05:31elle est là.
05:34Où est-ce que vous avez trouvé que je cherchais à vous faire peur ?
05:39Ah bon ?
05:40Ah ben je suis rassuré.
05:45J'ai quand même du mal, madame la présidente,
05:48ça fait peut-être trop longtemps que je ne suis pas revenu dans cette Assemblée,
05:51depuis l'époque où, après, j'étais 15 ans député,
05:55mais j'ai du mal à comprendre votre ton et votre agressivité.
06:02J'ai du mal à...
06:04J'ai du mal.
06:07J'arrive pas à comprendre la manière systématique
06:10dont vous attaquez personnellement le chef de l'État.
06:15Voilà.
06:16Et moi je vais vous dire une chose, madame la présidente.
06:19Plus vous serez agressif, plus je serai respectueux.
06:31Je voudrais qu'on évite, madame la présidente, Mathilde Panot, les caricatures.
06:35Voilà pour Michel Barnier, Michel Onfray.
06:37Plus vous serez agressif, plus je serai respectueux.
06:40Ça vous plaît ?
06:41Oui, ce qui me plaît, c'est qu'il obtienne un sourire,
06:43un joli sourire d'ailleurs, de Mathilde Panot.
06:45Mais je serai prof de philo encore en classe terminale.
06:49J'utiliserai ce morceau-là pour expliquer ce qu'est l'ironie voltairienne.
06:52Parce que c'est complètement ça.
06:53Quand il dit je m'étonne, évidemment il ne s'étonne pas.
06:55Et quand il dit je ne comprends pas pourquoi,
06:57évidemment qu'il comprend bien pourquoi.
06:59C'est le principe de l'ironie.
07:00Jean Kélévitch avait écrit un très beau livre sur l'ironie
07:02où il nous disait finalement on table sur l'intelligence d'autrui
07:05en lui tenant un discours qui est l'opposé de celui qu'on devrait tenir.
07:08Dans le genre je ne m'étonne pas que.
07:10Et là c'est agressif.
07:11Quand vous dites je ne m'étonne pas que, vous soyez comme ça, etc.
07:14Paf, c'est une balle dans la tête.
07:15Là vous dites je ne comprends pas pourquoi, etc.
07:18C'est l'ironie.
07:19Vous mettez à distance et vous obtenez le sourire de Mathilde Panot.
07:22Pas de Manuel Bompard.
07:23Vous avez vu ?
07:24Il n'est plus Robespierre.
07:25On sent bien que ça ne marche pas.
07:27Mais il a fait ça avec tout le monde.
07:29Sauf avec Marine Le Pen.
07:30Mais tout le monde a eu droit.
07:31Notamment Gabriel Attal.
07:32On va écouter la réponse de Michel Barnier à Gabriel Attal.
07:34Là aussi, comme vous dites, c'est très voltairien.
07:39Monsieur Attal, je serai très attentif à vos propositions d'économie supplémentaire.
07:46Très attentif.
07:51Pour faire face à un déficit que j'ai trouvé en arrivant.
08:00Non, non, non.
08:01Ce n'est pas la peine.
08:05Il faut que vous vous habituez les uns les autres à ce que je dis, ce que je pense.
08:10Je vous le dirai aussi à vous.
08:13Monsieur Attal, vous avez raison.
08:16Monsieur le Premier ministre, vous avez raison de dire votre attachement aux libertés fondamentales.
08:24J'ai le même attachement que vous.
08:27J'ai le même attachement que vous.
08:29Et nous ne ferons aucune complaisance.
08:32Et il n'y aura aucune complaisance à l'égard de la protection de ces libertés.
08:36Voilà.
08:37Voilà pour Michel Barnier face à Gabriel Attal qui est un peu déconfié, il faut le dire, à nos auditeurs.
08:42C'est d'abord un fusil à deux coups.
08:43Peut-être même une mitraillette.
08:44Parce que le premier coup, c'est de la balle à blanc.
08:46C'est-à-dire, je serai très attentif.
08:48Et on voit même Attal qui applaudit dans le genre.
08:50Il reconnaît mes mérites.
08:52Et je serai tellement attentif que d'ailleurs, je me souviendrai que c'est vous qui êtes à l'origine d'un déficit qui, etc.
08:57Et là, d'un seul coup, totalement déconfié, il a applaudi à son propre abattage.
09:01Un abattage symbolique, évidemment.
09:03Évidemment.
09:04Et par la suite, il s'en prend une petite salve comme ça.
09:06Ça continue, etc.
09:07Et je trouve ça très bien.
09:08Là encore, c'est Voltaire.
09:09Alors donc, ça ne me satisfait pas politiquement comme vous vous en doutez.
09:12Mais ça me satisfait sur le terrain, pour le coup, voltairien, philosophique ou dans l'esprit français.
09:17C'est-à-dire, on a ces espèces de petits...
09:19Je cherche un mot qui soit...
09:21De petits macroniens qui, eux, n'ont pas un poil d'ironie, n'ont pas un poil d'humour.
09:25Qui sont d'une grande violence, d'une grande brutalité, d'un grand mépris.
09:28Quand, de temps en temps, on capte ici ou là quelque chose.
09:32On a un truc du genre.
09:33Vous n'avez qu'à traverser la rue, vous allez trouver un boulot.
09:35Vous n'avez qu'à bosser pour vous acheter des costards.
09:37C'est la France qui pue, qui sent mauvais, etc.
09:40Enfin, je veux dire, on a une espèce de violence.
09:42Et là, on a très exactement l'inverse.
09:44Et on ne donne pas des coups de poing comme deux arseouilles.
09:47Parce qu'il y a, en fait, comme on a parlé jadis d'État voyou, il y a des députés voyous.
09:51La façon qu'ont eu les gens de la France insoumise de se comporter, pour la plupart, c'était insupportable.
09:56Cette façon de mépriser la fonction.
09:58On a le droit de ne pas aimer la politique, mais il y a une fonction.
10:01Donc, les députés, c'est la même chose.
10:04On a le droit de ne pas aimer leurs idées, mais ils sont élus.
10:06La souveraineté, c'est ça.
10:08Et on entend enfin un peu parler de souveraineté populaire.
10:10Aussi bien chez M. Barnier que chez M. Otaïo.
10:13On va y revenir.
10:14Au passage, tiens, d'ailleurs, en parlant de la France insoumise,
10:16la commission des lois de l'Assemblée nationale a rejeté la demande déposée par la France insoumise
10:22de destitution du président Macron.
10:24Donc ça, ça y est, c'est passé à la trappe pour vous ?
10:26Oui, alors ça montre bien que tout le monde fait son petit business à l'Assemblée nationale.
10:30Parce que si vraiment il souhaitait l'intérêt de la France, l'intérêt de la nation,
10:34vous savez que moi j'étais pour cette destitution.
10:36Il y a un moment donné où on peut dire, bah oui.
10:38Il y a un moment donné où ça ne va plus.
10:39On voit bien que le problème c'est Emmanuel Macron.
10:41C'est pas tant sa politique.
10:42D'une certaine manière, quand sa politique est menée par Michel Barnier,
10:45les gens sont prêts à l'accepter.
10:46D'une certaine manière, ils auraient été prêts à l'accepter aussi un temps avec Gabriel Attal,
10:49dont il découvre la nature assez violente.
10:51Et ils étaient d'accord avec Édouard Philippe aussi, d'une certaine manière.
10:54C'est-à-dire que si on y met les formes, pourquoi pas cette politique ?
10:57C'est un peu ce que disaient les Français.
10:59Donc il y a un moment donné où il faut prendre ça en considération.
11:02On va écouter maintenant Claude Malluret, un sénateur qui a beaucoup d'expérience,
11:06qui a imaginé au Sénat un hypothétique gouvernement avec Lucie Castex.
11:11Écoutez-le.
11:13En écoutant tout à l'heure l'analyse de la situation politique par le président du groupe socialiste,
11:19j'ai eu brusquement une sorte de cauchemar éveillé, M. le Premier ministre.
11:24J'étais ici, à cette tribune, et en face de moi, à la place où vous êtes, ce n'était pas vous.
11:34C'était Lucie Castex.
11:36A ses côtés, Sandrine Rousseau, ministre des Finances et de la Décroissance,
11:46Sophia Chikirou, garde des Sceaux,
11:49Emeric Caron, ministre de l'Écologie et des Insectes,
11:54Sébastien Delogu, ministre de la Mémoire et des Anciens Combattants,
11:58Louis Boyard, ministre du Développement Durable et du Cannabis,
12:04et Jean-Luc Mélenchon, ministre des Affaires étrangères et de l'Amitié avec la Russie,
12:08le Hezbollah et l'Alliance bolivarienne.
12:17Lorsque j'ai rouvert les yeux, je me suis aperçu que j'étais en train de tomber de mon siège.
12:22Voilà pour l'ironie mordante de Claude Manuret.
12:24Michel Ongret, ça vous a fait rire, hein ?
12:26Oui. J'ai même ri du son rire.
12:28Il y a un petit moment où on parlait du rire de Voltaire, du vrai rire de Voltaire.
12:31J'ai lu beaucoup de biographies de Voltaire. C'est le dorieux, formidable.
12:34Et il y a un moment donné, il rit de lui-même. Il a raison, parce que c'est très drôle.
12:37Et j'ai l'impression que Voltaire pouvait ricaner un peu comme ça.
12:40Mais c'est très drôle. D'ailleurs, c'est le Voltairien en chef, lui.
12:42Parce que Claude Manuret. Alors là encore, je laisse de côté la politique, le passé.
12:45L'époque de la moustache, je veux dire.
12:47L'époque chiracienne où il avait une grande moustache.
12:49Des belles baclantes.
12:50À Troisième République, ou au pire.
12:53Mais il est très bon. Je ne sais pas s'il écrit ses textes.
12:57Si, j'imagine que si.
12:58Oui, on peut imaginer qu'il y ait des assistants parlementaires dans le métier.
13:02Mais je pense qu'il en est capable.
13:04Et c'est très bon. C'est très drôle.
13:06Parce que là encore, on a l'esprit voltairien.
13:09Moi, j'ai dit à un moment donné, dans un livre qui s'appelait L'art d'être français,
13:11qu'il y avait des figures littéraires qui étaient des vraies figures françaises.
13:14Il y a Rabelais, personnage gargantuesque, etc.
13:17Il y a Voltaire, pour l'ironie. Il y a Descartes, pour la raison.
13:21Il y a même Camus, je dirais, pour une espèce de socialisme libertaire
13:24contre le marxisme, contre le goulag, contre les barbelés, etc.
13:27Et c'est toujours bon de voir apparaître finalement une vieille génération.
13:31J'en parle d'autant que c'est la mienne.
13:33D'autant mieux que c'est la mienne.
13:35Mais je trouve que là, on a affaire à des gens qui ont du talent
13:37et qui ont de l'âge aussi, qui ont de la bouteille et qui sont capables...
13:40C'est le retour de l'ancien monde ?
13:41Oui, ça c'est plutôt pas mal.
13:43Face à la start-up nation ?
13:44Mais voilà, on avait avec Macron et les siens, Attal et quelques autres,
13:48ces journées, des individus qui probablement ont des éléments de langage
13:52qui leur sont donnés par texto en disant, voilà les idées qu'il faut défendre,
13:56voilà les formules, les fameux punchlines qu'il faut défendre
13:58parce que ça, ça va être repris, on va faire des débats, vous avez dit que, etc.
14:02Et là, on n'a pas du tout des communicants, on a juste des gens drôles
14:05qui ont compris ce qu'était la politique.
14:08Ils en font depuis suffisamment longtemps, peut-être un demi-siècle.
14:10Et ils utilisent, ils font revenir Voltaire.
14:14Et ça, c'est assez rafraîchissant.
14:15Encore un tout petit mot pour évoquer ce qui s'est passé avec Michel Barnier,
14:19autour de Michel Barnier cette semaine, Michel Onfray.
14:21On a évoqué l'attitude de Marine Le Pen.
14:22Elle était présente dans l'hémicycle, même si elle est très accaparée
14:25par le procès qui la concerne sur les assistants parlementaires européens.
14:30Elle était là, elle a répondu à Michel Barnier.
14:32Et on va voir qu'il y a une forme de pacte de non-agression entre les deux.
14:36D'ailleurs, Michel Barnier ne l'a pas critiqué après sa prise de parole.
14:39On écoute Marine Le Pen.
14:41Compte tenu de la tâche ingrate qui vous incombe en ces circonstances
14:45de ramasser l'action publique que certains ont laissée choir,
14:48je vous le dis, monsieur le Premier ministre,
14:51le mouvement national n'entend pas entraîner le pays vers le chaos.
14:54Vers cette politique du pire, qui est la pire des politiques.
14:59Voilà pourquoi le Rassemblement national a fait un choix responsable.
15:04Refuser de censurer a priori votre gouvernement,
15:07pour lui donner une chance aussi infime, soit-elle,
15:10d'engager enfin les mesures de redressement nécessaires.
15:14Nous tiendrons strictement à cette feuille de route,
15:17sans excès ni manigance, sans surenchère ni arrogance,
15:22mais avec le souci pragmatique du bien commun.
15:25– Pour Marine Le Pen, Michel Onfray, pas de censure a priori,
15:29pour laisser une chance infime au gouvernement
15:31de mettre en place pour redresser la France.
15:33– D'abord, moi j'ai regardé tout ça en direct,
15:35et évidemment les plans sont les plans.
15:36Moi je ne vois pas ce qui se passe, je ne sais pas,
15:38à un moment donné je me suis dit,
15:39est-ce que la France insoumise a quitté l'hémicycle ?
15:41Je n'avais pas d'image qui permettait d'en juger.
15:43Parce qu'il y avait quelque chose d'assez étonnant,
15:45c'est qu'il y avait un silence qui accueillait le discours de Marine Le Pen.
15:48Le pauvre Michel Barnier, ça s'est fait dans un chahut perpétuel,
15:51du début jusqu'à la fin, ça a duré une heure et demie je crois.
15:53– Une heure et demie.
15:54– Ça a été en permanence du chahut, c'était même insupportable pour lui,
15:57je trouvais que c'était malaisant comme disent les jeunes aujourd'hui.
16:00Mais elle, d'un seul coup, elle prend la parole,
16:02et autant on avait, alors je ne parle pas du robinet d'Ottier
16:05ni du contenu de Marine Le Pen, elle est dans l'opposition,
16:08tout est facile quand on est dans l'opposition.
16:10Mais il y avait de l'énergie, une espèce de forme aussi,
16:14du non-verbal pour le coup,
16:16on voyait qu'elle tenait son discours, tout le monde l'écoutait.
16:19Et d'une certaine manière, c'est un petit peu cette leçon,
16:21c'est-à-dire que ça fait plusieurs semaines, plusieurs mois
16:24qu'on est en train de cornériser les 10 millions d'électeurs
16:26du Rassemblement National, et puis là, retour du refoulé,
16:29retour de l'histoire, d'une certaine manière,
16:31c'est elle qui fait la loi.
16:33Parce qu'on l'écoute, parce qu'on l'entend, on dit
16:35« Bah, Michel Barnier, je claque des doigts, il s'en va, il tombe. »
16:37Et puis là, elle, elle dit « Non, c'est moi qui claque des doigts. »
16:39« Si je claque des doigts, il tombe. »
16:41Et donc on l'écoute, et on se dit « Alors, la politique, elle est faite où ? »
16:45Emmanuel Macron, qui voulait absolument évincer le Rassemblement National
16:47sous prétexte qu'elle serait fasciste nazi
16:49et qu'elle sortirait de l'arc républicain,
16:51l'a mise, d'une certaine manière, sur les marches de l'Élysée.
16:54Parce qu'elle est là en train de dire « Eh bien, nous avons décidé
16:57que nous allons lui donner sa chance, on verra bien. »
16:59Donc évidemment, il est obligé de faire quelques concessions,
17:01et notamment une concession qui m'a apparu immédiate,
17:04c'est-à-dire qu'effectivement, dans le florilège de snipers
17:09qu'était le Premier ministre, dans les prises de parole,
17:13il n'a pas touché Marine Le Pen.
17:15Tout le monde y a eu droit, une petite phrase pour chacun,
17:17un panneau, M. Attal, il y a eu M. Ciotti aussi.
17:21– Oui, M. Vallaud aussi, M. Chassaigne pour le Parti Communiste,
17:24tout le monde a eu droit à sa petite…
17:26– Qui a rigolé, Chassaigne, quand il parle de ses sabots, etc.
17:28Il a mis tous les rieurs de son côté, il n'a pas touché Marine Le Pen.
17:31Donc je crois que c'est ça qu'il faut écouter et qu'il faut entendre,
17:34et je pense qu'Emmanuel Macron doit ronger son frein,
17:36de se dire finalement « J'ai fait une dissolution,
17:38j'ai jeté une grenade dans leurs jambes »,
17:41et de voir que d'une certaine manière,
17:43le commandeur, le statut du commandeur, c'est Marine Le Pen en France.
17:46– Justement, Michel Onfray, on est sur CNews et Europe 1,
17:49Emmanuel Macron était à Berlin cette semaine,
17:51il a pris la parole sur place, en anglais,
17:54pour parler de la situation politique française.
17:56Déjà, sur le fond, prendre la parole à l'étranger pour parler de la France,
18:00il avait dit lui-même qu'il ne fallait pas le faire,
18:03mais de se recroire en anglais, ça, ça vous a surpris, choqué ?
18:06– Oui, d'abord, quand il est en Allemagne, il est en France, Emmanuel Macron.
18:12– Pourquoi ?
18:13– Parce qu'on a déjà vu tout ce que la France, d'ailleurs pas seulement lui,
18:16ça fait des années que la France prend ses ordres à Berlin,
18:20c'est quand même sidérant, cette Europe dont le général de Gaulle
18:22voulait qu'elle soit française, mais c'est un peu normal,
18:24quand vous êtes un chef d'État français, vous avez envie que,
18:26s'il y a une Europe, elle soit d'abord française,
18:28elle est devenue allemande.
18:29D'ailleurs, le jour où François Hollande est élu,
18:31et tout le monde se souvient de la pluie, etc.,
18:33qu'est-ce qu'il fait le soir ?
18:34Il prend l'avion et s'en va à Angela Merkel.
18:36– Il prend la foudre.
18:37– Effectivement, il prend la foudre.
18:39Mais d'ailleurs, c'est une histoire, c'est de la tragédie grecque tout ça,
18:42mais pourquoi donc ?
18:43Et cette façon qu'a eue Emmanuel Macron de dire,
18:45ah mais j'aimerais bien qu'on puisse partager le bouton nucléaire,
18:48avec l'Allemagne, qu'on puisse partager le bouton nucléaire,
18:51qu'on puisse partager le siège à l'ONU.
18:55Enfin, on se dit, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
18:57Ça veut dire qu'on est prêt à donner notre souveraineté,
18:59pas seulement à Bruxelles, mais aussi à l'Allemagne.
19:02Il y a eu un moment donné, je crois aussi,
19:04je ne sais plus si c'est Nicolas Sarkozy,
19:06mais il voulait des ministres communs.
19:08C'était aussi une idée de Daniel Cohn-Bendit,
19:11cette façon de mélanger d'une certaine manière la France et l'Allemagne.
19:14Comme jadis, Jean Monnet voulait mélanger la France et l'Angleterre
19:17en disant, il faut se débarrasser.
19:19Le mot était de Jean Monnet, du général de Gaulle,
19:21on ne sait pas comment il l'entendait, débarrasser.
19:23Mais cette façon de vouloir fondre la France dans l'Angleterre,
19:26quand on est un Jean Monnet payé par la CIA et par les États-Unis,
19:29ce n'est pas une façon de parler.
19:31Il a reçu de l'argent, on le sait aujourd'hui.
19:33Ou alors de fondre la France en Allemagne avec la langue anglaise,
19:37c'est-à-dire la langue de celui qui domine les dominants.
19:40Aujourd'hui, les dominants, ce sont les Allemands,
19:43mais on n'utilise pas l'allemand.
19:45Je ne sais pas s'il parle l'allemand, s'il est germaniste, ça se pourrait.
19:47Mais il utilise la langue des États-Unis.
19:50En Allemagne, pour parler de la France.
19:52Tout ça signifie un certain nombre de choses.
19:54Et de la colère française qui s'est exprimée à travers le vote du RN.
19:56D'ailleurs, une espèce de jurisprudence, c'est du non-écrit, je pense.
20:00Peut-être que les constitutionnalistes ou les juristes me diraient que j'ai tort.
20:03Mais on ne parle pas de la politique française quand on est à l'étranger.
20:06Il est à l'étranger, sauf à croire qu'il est en France.
20:08Et ça valide ma thèse.
20:10Eh bien, on évite de commenter en langue anglaise quand on est en Allemagne,
20:14comme si on était en Corse, en Bourgogne, en Savoie ou en Normandie.
20:18Merci de penser toujours à la Savoie.
20:19Un dernier mot sur Michel Barnier et Michel Onfray.
20:21Il a évoqué l'idée d'une épée de Damoclès,
20:24qui pèserait non pas sur le gouvernement français,
20:26mais en vérité sur les Français.
20:28Il évoque la dette financière gigantesque.
20:30C'est important de rappeler ce que sont ces figures de la mythologie grecque,
20:33comme Damoclès ?
20:35Oui, alors cette épée, elle est suspendue,
20:37dont on dit un film, c'est un crin de cheval de Denis,
20:41de Syracuse, qui est un tyran.
20:43Et Platon, qui était le grand philosophe idéaliste,
20:45pensait qu'il fallait que les philosophes soient rois,
20:47ou que les rois soient philosophes.
20:49Et il s'est dit, je vais aller voir Denis, qui est un tyran,
20:51et puis je vais aller lui expliquer que, finalement,
20:53en faisant un peu de philosophie, on peut bien gouverner.
20:55Et puis, Denis l'a entendu d'une mauvaise oreille,
20:58puisque finalement, il la transforme en esclave.
21:00Mais cette façon de dire, ça ne tient qu'à un craint.
21:02C'est-à-dire que ce n'est pas grand-chose.
21:04Il suffirait que Denis de Syracuse,
21:06le tyran Denis de Syracuse, le décide,
21:08pour que ça tombe.
21:09Et que, évidemment, ça vous tranche la tête.
21:11Donc, évidemment, c'est une image qu'on utilise aujourd'hui
21:13pour signifier la menace.
21:15Et dire qu'elle est sur les Français, et non pas sur le gouvernement ?
21:18Alors, c'est les deux.
21:19Mais en même temps, il a raison.
21:20C'est sur les Français.
21:21Mais c'est compliqué, la dette.
21:22Ça fait des années qu'on n'en parle pas.
21:24Ça fait des années qu'on l'augmente.
21:25Ça fait des années qu'on dit qu'on devrait la purer,
21:28ou du moins, l'attaquer.
21:30Et puis, ça fait des années que la gauche dit
21:32faisons payer les riches.
21:33Et puis, ça fait des années que la droite dit
21:35supprimons du social, etc.
21:36Il faut faire les deux.
21:37– Voilà, la droite dit faisons payer les riches.
21:39En tout cas, c'est le programme annoncé sur les hausses d'impôts à venir.
21:41– Oui, hélas !
21:42Parce que j'ai vu Sarah Knafou,
21:45qui avait fait une espèce de liste très impressionnante,
21:48où il disait, mais regardez le type d'économie qu'on peut faire.
21:50Ça, ça, ça, ça, etc.
21:51Et il y a effectivement des véritables économies qu'on peut faire.
21:54Chacun le sait, l'économie, ça n'est jamais que la gestion de la maison.
21:57C'est l'étymologie.
21:58Eh bien, la Maison France, elle a un budget.
22:00Et quand vous avez un budget, j'ai un budget.
22:02Tous les gens qui nous écoutent ont des budgets.
22:04Et on sait très bien qu'il y a des moments où on va faire des efforts sur ceci ou sur cela.
22:07Et plutôt que de faire payer les riches,
22:09on doit effectivement pouvoir repenser les dépenses.
22:11– Michel Onfray, on fait une petite pause.
22:13On se retrouve dans un instant pour la seconde partie
22:15de Face à Michel Onfray.
22:16On va parler de l'état de droit.
22:18Et de Bruno Retailleau.
22:19A tout de suite.
22:20Et on se retrouve pour la seconde partie de Face à Michel Onfray.
22:23Michel, on va parler de l'état de droit.
22:25C'est quelque chose qui est important pour vous.
22:27Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur,
22:30s'est défendu cette semaine d'avoir voulu attaquer le fameux état de droit
22:34après avoir dit dans un premier temps, dans les colonnes du journal du dimanche,
22:37que cet état de droit n'était ni intangible ni sacré.
22:40Alors, il s'en est expliqué cette semaine devant la commission des lois
22:43de l'Assemblée Nationale.
22:44Écoutez sa réponse.
22:46Moi, à aucun moment, j'ai voulu abolir l'état de droit.
22:49A aucun moment.
22:51J'ai simplement dit qu'il fallait déplacer le curseur
22:55dans l'état de droit, comme vous l'avez fait.
22:59Comme nous l'avons fait au moment du terrorisme
23:02et au moment du Covid.
23:06Le curseur, on l'a déplacé.
23:08Quand les règles de droit ne protègent pas la société,
23:10on change les règles de droit.
23:12On doit ajuster en fonction, non pas l'état de droit tel qu'il est
23:16dans ses principes intangibles, mais je me bats, moi, pour faire en sorte
23:20qu'on protège les concitoyens, que quand il y a une règle qui doit évoluer,
23:23on la fasse évoluer.
23:24Il n'y a pas d'impossibilisme juridique.
23:26Voilà, alors ça, c'est très intéressant comme réponse.
23:28Et sur l'état de droit et sur le fait que quand le droit ne protège pas
23:31la société, on change le droit, Michel Onfray.
23:33Qu'est-ce que vous en pensez ?
23:34Qu'il a raison.
23:35Et heureusement que le droit change.
23:37Je suis très étonné que ces gens de gauche n'y aient pas songé.
23:39C'est-à-dire qu'ils sont platoniciens.
23:40Ils ont l'impression qu'il y a une idée de droit comme ça
23:42et que ce serait intangible.
23:43Je rappelle à tous ces gens qui nous disent que la France commence en 1789
23:47avec la Révolution française, que la Révolution française a aboli
23:50le droit féodal et qu'elle a créé un droit républicain.
23:53Et que donc, il y a un moment donné où quand on se dit
23:56ce droit ne fonctionne plus, eh bien on passe à un autre droit.
24:00Je rappelle à tous ces gens qu'il y a eu un moment donné
24:02où quand vous faisiez des avortements, vous alliez en prison.
24:05Il y a même eu des femmes qui ont été condamnées à mort
24:07pour avoir pratiqué des avortements.
24:08Je rappelle qu'aujourd'hui, après la loi Veil, c'est-à-dire
24:10après un changement du droit, on rembourse l'avortement par la sécurité.
24:14Donc on déplace le curseur en permanence du droit.
24:16Évidemment, la peine de mort, c'est exactement la même chose.
24:18Avant Badinter, on la pratique. Après Badinter, on ne la pratique plus.
24:22On a criminalisé les relations homosexuelles avant Badinter.
24:25Après Badinter, on a cessé de criminaliser les relations homosexuelles.
24:28Et c'est tant mieux.
24:29Donc le droit évolue, d'une part.
24:31Et d'autre part, le droit, c'est l'expression de la souveraineté populaire.
24:34Je rappelle que le droit est fait, les lois sont faites par les parlementaires
24:39qui eux-mêmes sont élus et sont l'émanation du peuple.
24:41Et que le référendum, la Constitution le dit,
24:44c'est soit le peuple s'exprime par ses représentants
24:46ou soit le peuple s'exprime directement par le référendum.
24:49Le référendum est constitutif d'un nouveau droit.
24:51Quand le général de Gaulle propose qu'un droit change
24:54sur la question de la participation, par exemple,
24:56ou sur la question de la régionalisation,
24:57il pense effectivement que le droit doit changer.
24:59Le droit est plastique.
25:00Quand on fait du droit à l'université,
25:02moi, il se fait que j'ai fait une thèse de philosophie politique et juridique.
25:04Et Mme Gouillard, qui jure un hommage, qui est là, c'est décédé,
25:07nous enseignait ce genre de choses.
25:09C'était élémentaire.
25:10D'abord, son mari enseignait, il était prof de droit,
25:12enseignait le droit romain.
25:13Personne n'imagine que le droit romain devrait aujourd'hui gérer la société française.
25:18Donc évidemment, il y a eu des droits divers et multiples.
25:20Il y a eu un droit national-socialiste
25:22qui ne fait plus la loi aujourd'hui.
25:23C'est ce qu'il était.
25:24Et qui ne fait plus la loi, et fort heureusement, en Allemagne.
25:27Donc le droit, c'est un instrument.
25:29Ce n'est pas une espèce de divinité qu'il faudrait adorer,
25:32comme la République serait une espèce de nouvelle divinité.
25:34Il faudrait se mettre à genoux devant la République, à genoux devant le droit.
25:37Mais alors, ça a provoqué des réactions, vous l'avez dit, à gauche.
25:40Terrible.
25:41Le syndicat de la magistrature s'est élevé contre les propos de Bruno Retailleux.
25:44Je vous cite.
25:45« L'état de droit n'est pas une opinion, mais un prérequis de la démocratie.
25:47Le rétro-pédalage de Bruno Retailleux n'aura pas suffi à réparer les dégâts
25:51causés par ses propos. »
25:52Le vague rappel du Premier ministre devant l'Assemblée, non plus.
25:54Rien d'étonnant.
25:56Moi, je pense qu'il n'a pas rétro-pédalé, il a expliqué.
25:59Rétro-pédaler, ce serait dire « je l'ai dit, je n'aurais pas dû le dire,
26:02je présente mes excuses, ce n'est pas ce que je voulais dire,
26:04je voulais dire le contraire, etc. »
26:06Il n'a pas rétro-pédalé, il a juste expliqué.
26:08Il a juste dit « si vous avez besoin d'explications, je vais vous en donner. »
26:11Il a donc donné des explications.
26:13Mais c'est l'évidence que le droit change.
26:15Tous ces gens qui descendent dans la rue aujourd'hui
26:17pour permettre à des minorités d'accéder à des nouveaux droits
26:20sont des gens qui font la démonstration que le droit, ça change,
26:22que le droit, ça bouge.
26:23Et que le droit, c'est normalement la souveraineté populaire.
26:26On demande au peuple, ce n'est pas le chef de l'État qui dit « moi, j'ai décidé. »
26:29Le chef de l'État, il dit « je vous propose l'Assemblée Nationale »
26:32où le peuple, par l'Assemblée Nationale,
26:34ou le peuple directement par le référendum,
26:36dit « oui, on est d'accord, on modifie la règle de droit. »
26:39Les règles de droit sont susceptibles d'être modifiées.
26:42Et c'est heureux, parce que sinon, on fonctionnerait avec le droit préhistorique
26:45qui permettait aux hommes de mettre des coups de main à leurs femmes en disant « voilà. »
26:48Aujourd'hui, c'est le contraire.
26:50Clément Beaune, ça n'est pas surprenant, lui, a dit
26:53« mais comment un gaulliste comme Bruno Retailleau voudrait ne pas respecter la Constitution ? »
26:58Il en a fait appel au général de Gaulle.
27:00Je vais vous proposer d'écouter un tout petit extrait du général de Gaulle
27:03quand il dit « en France, la seule cour suprême, c'est le peuple. »
27:07Par quelle voie convient-il que le pays exprime sa décision ?
27:12Je réponds, par la plus démocratique, par la voie du référendum.
27:20C'est aussi la plus justifiée, car le peuple français,
27:27qui détient la souveraineté nationale,
27:32la détient aussi, évidemment, dans le domaine constituant.
27:39D'ailleurs, c'est du suffrage de tous les citoyens
27:48que procède l'actuelle Constitution.
27:52Au demeurant, celle-ci spécifie que le peuple exerce sa souveraineté,
28:00soit par ses représentants, soit par le référendum.
28:07Voilà, c'était en 1958. Il rappelle l'évidence.
28:11Le gaullisme, c'est ça. C'est le peuple qui détient la souveraineté.
28:14Et quand le peuple ne détient plus la souveraineté,
28:17on n'est plus dans le gaullisme, on n'est plus dans la démocratie non plus.
28:19Et on n'est plus non plus dans la République.
28:21On est dans un autre monde, dans une espèce d'oligarchie, d'aristocratie,
28:25de ploutocratie, le gouvernement des riches, etc.
28:28De technocratie, le gouvernement des techniciens ou des technocrates,
28:31mais sûrement plus de démocratie.
28:32Il rappelle que Demos, c'est le peuple.
28:34Et que la partie crassiste, c'est le pouvoir du peuple.
28:36Et c'est ce que dit très précisément le général de Gaulle.
28:38Et il a raison.
28:39Donc les gens qui nous donnent des leçons de gaullisme
28:41et qui ont voté oui à Maastricht, c'est-à-dire des gens qui ont estimé
28:44que la souveraineté nationale ne faisait plus la loi,
28:46parce qu'on peut aussi séduire le peuple, mentir au peuple.
28:49Je rappelle pour ceux qui étaient des contemporains de 1992
28:52et du traité de Maastricht qu'on a quand même beaucoup menti
28:54en expliquant que ce traité, ce serait l'occasion d'en finir avec la guerre,
28:57la misère, la pauvreté, le chômage, le racisme, l'axisme de celui-là,
29:02et donc à un moment donné, quand on a menti aux gens,
29:04on peut estimer que le vote, j'allais dire le vol,
29:07mais le vote a été volé.
29:09Et les gens, d'un seul coup, ils se disent,
29:1130 ans plus tard, finalement, on nous a vendu un produit.
29:14On a abusé les Français sur la marchandise.
29:17Donc le général de Gaulle donne vraiment le cap.
29:20Il dit très précisément, ce texte devrait être gravé dans le marbre.
29:23On s'aperçoit qu'il y a une espèce de dérogation
29:26à ce que dit le général de Gaulle depuis 1992.
29:29Tout président de la République confondu prétendument de droite
29:32ou prétendument de gauche, aucun n'a été gaulliste dans cette aventure.
29:35– Alors, il y a aussi un extrait que je voulais vous faire écouter
29:38du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
29:40toujours devant la Commission des lois à l'Assemblée nationale,
29:42lorsqu'il évoque le meurtre de la jeune Philippine.
29:44Là, on sent tout d'un coup que l'homme est ému, l'homme Bruno Retailleau,
29:48et il explique pourquoi, écoutez.
29:52– Je pensais même, puisque c'est l'affaire philippine,
29:55il se trouve que vous voyez, j'ai été touché personnellement.
29:57Voilà, parce que j'ai perdu un ami.
29:59Celui qu'il a assassiné, 3 OQTF,
30:02depuis plus de 10 ans sur le territoire français et régulièrement.
30:04Il brûle la cathédrale de Nantes, il brûle la cathédrale de Nantes,
30:07et ensuite il y a des troubles psychologiques graves,
30:10au tel point que la garde à vue, le soir de l'assassinat,
30:13est déclarée incompatible avec sa santé mentale.
30:16Et on m'explique, à l'époque, et on m'explique,
30:19qu'il y a de la justice, de l'intérieur,
30:21il n'y a pas de défaillance de l'Etat.
30:23Jamais je n'entendrai ça, jamais je ne céderai là-dessus.
30:26Jamais.
30:28Voilà.
30:30On peut faire des ronds dans l'eau sur le théâtre de droit,
30:33mais moi, quand il y a une règle de droit
30:35qui ne protégera pas les français,
30:37je ferai tout pour la modifier.
30:39Très intéressante cette séquence où on voit que l'homme
30:41affleure sous le ministre de l'Intérieur,
30:44lorsqu'il parle de son ami qui a été assassiné
30:47par une personne sous OQTF, Michel.
30:49Oui, parce que toutes les semaines,
30:51on voit bien qu'il y a ce genre de choses,
30:53et toutes les semaines, on voit bien qu'il n'y a pas de coupable,
30:55c'est bizarre.
30:57C'est-à-dire que quand vous roulez à 56 à l'heure
30:59dans une agglomération,
31:01alors vous avez l'Etat, ça fonctionne, l'Etat de droit,
31:03pour le coup, vous allez recevoir la prune
31:05dans votre boîte aux lettres et il n'y a aucun problème.
31:07Mais là, vous vous dites, il n'y a pas quelqu'un
31:09qui est responsable de ce genre de situation ?
31:11Parce que l'Etat, l'Etat français,
31:13c'est pourquoi j'avais dit que,
31:15quand cette pauvre dame qui a perdu son mari gendarme
31:17avait dit que c'était l'Etat qui avait fait,
31:19je comprenais très bien sa souffrance et sa douleur,
31:21mais l'Etat, ça n'existe pas, c'est un concept.
31:24Il y a des individus qui rendent possible l'Etat
31:26et il y a des individus qui, eux, mettent une croix
31:28quelque part en disant, il reste en prison,
31:30il est libéré. Et ces individus-là
31:32sont responsables. Donc il y a un moment donné
31:34où, si vous êtes responsable de votre mauvaise conduite
31:36dans une agglomération, vous devez,
31:38quand vous êtes juge d'application des peines,
31:40quand vous êtes psychologue, quand vous êtes psychiatre,
31:42etc., etc., et que vous donnez votre accord,
31:44vous devriez avoir une responsabilité.
31:46Dès lors, vous devriez pouvoir rendre compte de votre responsabilité
31:48au tribunal. Jamais.
31:50Jamais. Donc il y a un moment donné où
31:52ce n'est pas seulement l'Etat qu'il faudrait attaquer,
31:54en disant, l'Etat devrait, il faudrait que l'Etat,
31:56l'Etat est coupable, etc., etc. Non.
31:58Je dis, dans l'Etat, il y a des agents de l'Etat
32:00et ces agents de l'Etat sont responsables et coupables
32:02et ceux-là devraient être des justiciables comme les autres.
32:04Michel Onfray, dans le cadre de ce grand débat
32:06sur l'immigration, et on sait que les Français
32:08réclament à longueur de sondage
32:10de la fermeté sur cette question,
32:12est-ce qu'on peut faire
32:14cohabiter, est-ce que ces deux notions
32:16de fermeté et d'humanité peuvent coexister
32:18ensemble ?
32:20Oui, ça dépend ce qu'on met sous les mots
32:22fermeté et humanité, mais l'humanité, c'est pas la possibilité
32:24de laisser faire tout et n'importe quoi.
32:26Il y a-t-il de l'humanité à rendre possible
32:28des fortunes qui se créent avec les passeurs ?
32:30Je suis quand même très étonné qu'on ne touche pas aux passeurs.
32:32Il y a des passeurs,
32:34des filières de passeurs qui sont démantelées régulièrement.
32:36Oui, vous les voyez au tribunal, ces gens-là,
32:38vous voyez des grands procès où on aurait montré
32:40comment ça se passe. Au contraire,
32:42vous avez même des
32:44films, vous avez des bandes dessinées,
32:46vous avez des romans qui vous expliquent la douleur, la souffrance,
32:48des gens qui traversent,
32:50mais simplement aucun film
32:52qui nous dirait comment un salaud,
32:54le type qui prend 10 000, 15 000,
32:5620 000 euros à chaque personne
32:58qui traverse la Méditerranée et qui d'une certaine
33:00manière les laisse sans gilet de sauvetage,
33:02charge la barque, c'est le cas de le dire,
33:04fait prendre des risques à tout le monde, ce sont des criminels,
33:06ce sont des tueurs, ces gens-là. On ne parle jamais
33:08de ces gens-là. Donc il y a un moment donné où
33:10on peut être ferme, c'est-à-dire dire
33:12il y a des lois.
33:14Quand je dis souvent à des amis,
33:16tu voudrais révolutionner quoi,
33:18je ne veux rien révolutionner, on a des lois qui sont très bien faites
33:20et appliquons-les.
33:22Et puis il y a un certain nombre d'autres lois qui ont été faites
33:24et qu'on peut défaire, là pour le coup.
33:26Effectivement, un certain nombre de lois, alors
33:28M. Valls regrette un certain nombre de choses aujourd'hui,
33:30M. Hollande oublie
33:32qu'il les a rendues possibles, enfin il y a un certain nombre de lois
33:34dont on peut imaginer qu'on peut les refaire.
33:36L'état de droit, ce n'est pas de dire
33:38M. Valls et Hollande ont un jour
33:40décédé quelque chose, c'est gravé dans le marbre,
33:42on ne peut plus y toucher. Non, pas du tout.
33:44Le peuple peut dire, eh bien on arrête avec ça, on souhaite autre chose
33:46et autrement. Je disais tout à l'heure qu'effectivement
33:48il y a 50 ans, sur la question
33:50de l'homosexualité, sur la question de l'avortement,
33:52on ne disait pas la même chose, le droit n'était pas le même.
33:54Donc aujourd'hui, on peut très bien imaginer
33:56que l'immigration, ce n'est pas la même chose.
33:58Il y a 40 ans, l'immigration aujourd'hui,
34:00l'immigration au siècle dernier, enfin
34:02au XIXe siècle, je dirais, ce n'est pas l'immigration aujourd'hui.
34:04Donc on doit pouvoir penser le droit
34:06en fonction d'une réalité qui est nouvelle.
34:08Donc fermeté en disant, mais il n'est pas question
34:10qu'on accueille dans des conditions
34:12d'inhumanité les gens qu'on accueille.
34:14C'est inhumain aussi de dire, traversez,
34:16faites-vous exploiter, après vous allez...
34:18Aller dormir sous détente, sous le périphérique.
34:20Et après vous allez être contraint.
34:22Bien sûr qu'il y a une délinquance qui est en relation avec ça.
34:24Comment vous voulez faire pour vivre ?
34:26Moi je comprends cette délinquance, je ne dis pas que
34:28je la bénis et que j'absous les gens.
34:30Comment vous faites quand il faut payer trois repas par jour,
34:32qu'il faut payer une chambre d'hôtel,
34:34ou qu'il faut payer un endroit où vous pouvez dormir,
34:36c'est vite fait de se retrouver avec zéro centime.
34:38Donc de commencer à faire de la prostitution,
34:40de commencer à faire du trafic de drogue,
34:42d'arracher les sacs des grands-mères ou ce genre de choses.
34:44Je ne parle pas de la libido de gens
34:46qui ont 20 ans, 25 ans et qui se retrouvent
34:48ici sans pratiquer la langue
34:50et qui sont contraints à se comporter
34:52comme des animaux.
34:54On est face à Michel Enfray sur CNews et sur Europe 1.
34:56On voit bien que Bruno Retailleau crante
34:58l'opinion publique, il est la cible de toutes les attaques
35:00en ce moment. Il a même dû répondre à une question
35:02sur, allez-vous remettre en cause
35:04les libertés publiques ? Écoutez sa réponse.
35:06J'ai répondu
35:08sur l'état de droit.
35:10Je trouve que passer la soixantaine,
35:12entamer une carrière d'autocrate,
35:14c'est un peu tard, je trouve.
35:20La démocratie
35:22libérale, je sais ce que c'est.
35:26Et j'ai toujours dit qu'il ne suffisait
35:28pas pour qu'on soit dans
35:30une démocratie libérale qu'il y ait
35:32le suffrage universel. Monsieur Poutine n'est pas
35:34un démocrate,
35:36mais un autocrate. Il faut
35:38ajouter ces éléments de droit
35:40dont on a parlé, la séparation du pouvoir.
35:42Je l'ai toujours dit d'ailleurs. Moi je me bats
35:44contre l'impossibilisme juridique.
35:46Très intéressant là aussi cette réponse de Bruno Retailleau
35:48à Michel Enfray sur la démocratie libérale.
35:50Ça vous inspire ?
35:52Oui, parce que je pense que c'est un oxymore
35:54comme on dit, c'est-à-dire deux mots qui se contredisent.
35:56La démocratie c'est le pouvoir du peuple
35:58et le libéralisme c'est le pouvoir du marché.
36:00Si c'est le pouvoir du peuple, c'est pas le pouvoir du marché.
36:02Si c'est le pouvoir du marché, c'est pas le pouvoir du peuple.
36:04Soit on est un démocrate et on est un antilibéral,
36:06soit on est un libéral et on n'est pas démocrate.
36:08On appelle ça comme on veut. Enfin, on laisse faire le marché
36:10en disant, ce que disent les libéraux,
36:12laisser faire la main invisible. Il y aurait une espèce de main invisible
36:14de Dieu qui rendrait possible une espèce d'homéostasie
36:16comme il dit, c'est-à-dire d'équilibre de l'ensemble.
36:18Non, je pense qu'il a raison
36:20de dire ce qu'il dit, d'autant que
36:22autocrate, il est ministre
36:24et au-dessus de lui, d'une certaine manière, même si
36:26d'un point de vue protocolaire c'est probablement pas le cas,
36:28un ministre de la justice qui d'une certaine manière
36:30est là pour verrouiller l'ensemble et dire
36:32au syndicat de la magistrature, ne vous inquiétez pas, à chaque fois
36:34qu'il décidera quelque chose, on décidera l'inverse.
36:36Il est au-dessus de lui un premier ministre et il est au-dessus de lui
36:38un chef de l'État. En temps normal, on est au-dessus
36:40de tout ça, le peuple qui décide.
36:42Mais le peuple, on en fait l'économie depuis bien longtemps.
36:44Donc non, il n'est pas autocrate. Bon, je trouve un peu
36:46maladroit la référence au général de Gaulle
36:48qui dit, je ne vais pas attendre...
36:50Pourquoi voulez-vous, à 67 ans, que je
36:52commence une carrière de dictateur ?
36:54On sent bien qu'il le dit de manière ironique.
36:56Il a l'air un peu accablé
36:58même en 10 ans.
37:00Je confonds tous,
37:02mais Michel Barnier
37:04pratique l'ironie un peu mieux que lui
37:06d'une certaine manière, parce que là,
37:08il dit quelque chose qui suppose, pour qu'on le comprenne,
37:10qu'on est en tête, ce qu'a dit le général de Gaulle.
37:12Je ne suis pas sûr que les Français
37:14aient tout ça en tête.
37:16Oui, mais on parle à tout le monde
37:18dans ce cas-là. Enfin, il parle
37:20à la commission, mais il sait très bien que la commission,
37:22tout ça, c'est filmé, ça va être montré. Les gens qui ne savent pas
37:24quelle est la référence ne peuvent pas
37:26comprendre la dimension ironique.
37:28Vous voulez qu'on l'écoute, le général ?
37:30Quand il disait ça, à 67 ans,
37:32que je commence une carrière de dictateur ? On l'écoute.
37:34Est-ce que j'ai jamais attenté
37:36aux libertés publiques fondamentales ?
37:38Je les ai rétablies.
37:40Ayez-je une seconde
37:42à tenter ? Jamais. Pourquoi voulez-vous
37:44qu'à 67 ans, je commence
37:46une carrière de dictateur ?
37:50D'ailleurs, le général de Gaulle, c'est quasiment
37:52un travail d'acteur, là.
37:54Il ne l'a tenté jamais. Vous vous rendez compte ?
37:56Le français, la qualité de français.
37:58Il parle le français du XVIIe siècle.
38:00Même pas le XVIIIe, mais le XVIIe.
38:02D'ailleurs, il y a un moment donné,
38:04quand il y a eu, chez Laurent Péry, une création de champagne,
38:06on lui a demandé comment on pouvait appeler ce champagne.
38:08Il a dit, grand siècle, bien sûr.
38:10Le grand siècle étant le XVIIe.
38:12D'abord, il a une langue incroyable, et puis
38:14il dit effectivement ce que personne n'entendait à l'époque.
38:16C'est-à-dire qu'il a restauré deux fois la République.
38:18Je rappelle que, quand même,
38:20le 18 juin 40+, la Libération, sans lui,
38:22tout ça, c'était un peu difficile.
38:24Et puis, la possibilité de mettre un terme
38:26à la guerre d'Algérie, je le rappelle,
38:28avec un référendum. Les gens oublient ça.
38:30Tous les gens qui attaquent le général de Gaulle en disant
38:32qu'il a bradé, etc., il n'a rien bradé du tout.
38:34Il a demandé aux français ce qu'ils en pensaient.
38:36Et les français ont massivement dit, pas seulement les Algériens,
38:38qu'ils étaient d'accord pour cette indépendance.
38:40Donc, de fait, deux fois,
38:42il a restauré la République.
38:44Et il dit, bon, évidemment, les journaux ne cessent de le dire.
38:46Le parti communiste, François Mitterrand,
38:48je vous rappelle, le coup d'État permanent,
38:50il l'a représenté comme Adolf Hitler.
38:52Tout de même, à l'époque, le général de Gaulle comparaît à Adolf Hitler.
38:54Donc, tous ces gens aujourd'hui
38:56qui utilisent le mot fasciste à tout bout de champ
38:58ont des ancêtres.
39:00Le parti communiste français
39:02de l'époque, par exemple.
39:04– Bien sûr, et on en a souvent parlé. Et vous avez vu, je vous ai gâté
39:06aujourd'hui avec deux extraits de De Gaulle.
39:08– Deux fois. – Peut-être pas la semaine prochaine.
39:10Michel, on termine par quelque chose qui vous a intéressé
39:12cette semaine, les nouveaux péchés
39:14décrétés par le pape François.
39:16Avec une série, sept péchés.
39:18Le péché contre la paix.
39:20Le péché contre la création.
39:22Contre les peuples indigènes, contre les migrants.
39:24Le péché d'abus.
39:26Le péché contre les familles,
39:28les femmes, les jeunes.
39:30Il y a beaucoup de péchés. Le péché de la doctrine,
39:32utilisé comme des pierres à jeter.
39:34Qu'est-ce qui vous interpelle dans ces nouveaux péchés
39:36qui ont été décrétés par le pape et le Vatican ?
39:38– Moi, je distingue bien, d'abord,
39:40comme je distingue Jésus, le Christ, Dieu,
39:42etc., on le sait, je distingue bien
39:44l'Église catholique et les catholiques.
39:46Donc, je pense que l'Église s'est beaucoup trompée.
39:48Dans l'histoire, vraiment,
39:50que ce soit sur Galilée, sur Darwin,
39:52sur les Juifs, l'antisémitisme,
39:54c'est quand même...
39:56C'est terminé depuis peu de temps.
39:58Jean-Paul II, je vous rappelle, c'est quand même récent.
40:00Il y a encore peu de temps,
40:02on estimait que c'était
40:04un peuple déicide, etc., etc.
40:06Donc, aujourd'hui, sur la question...
40:08– Voilà, sur ces sujets-là, ces sept nouveaux péchés.
40:10– Oui, mais on a juste envie de lui dire,
40:12mais qu'est-ce que vous faites
40:14avec les femmes aujourd'hui ?
40:16Je ne suis pas sûr que ce soit forcément terrible,
40:18l'Église, en matière d'égalité des hommes et des femmes,
40:20que les femmes puissent être prêtres, par exemple,
40:22aujourd'hui, qu'elles puissent être évêques,
40:24et pourquoi pas papes ? D'une certaine manière,
40:26si vraiment il veut ne pas pêcher contre les femmes,
40:28il pêche beaucoup contre l'égalité des hommes et des femmes.
40:30Si vraiment il ne veut pas pêcher contre les migrants,
40:32moi, je veux bien qu'on accueille toute la misère du monde
40:34en disant... Il semble détester l'Europe.
40:36De toute façon, il déteste la France,
40:38ce pape sud-américain.
40:40Mais il y a un moment donné, on peut dire...
40:42Ah non ! Vous vous souvenez, quand il est venu à Marseille,
40:44il a dit non, je ne viens pas en France.
40:46On a juste envie de lui dire, une petite leçon de géographie,
40:48Marseille est en France. Enfin, il y a des gens qui pensent que non.
40:50Mais cette façon de dire non, j'ai choisi Marseille,
40:52parce que c'est une espèce de morceau
40:54qui se détache, ou l'inverse,
40:56un morceau qui vient et qui va infuser la France,
40:58je pense que Marseille est le modèle
41:00chéri de ce pape.
41:02Mais il y a un moment donné,
41:04il y a combien de communes ?
41:0635 000 ? 360 000 ? Je ne sais plus, je ne suis pas bon
41:08avec les chiffres. En France, ça veut dire qu'il y a autant
41:10de presbytères et d'églises,
41:12et bien qu'il ouvre ses presbytères aux migrants.
41:14Il y a un moment donné, plutôt que de dire
41:16il y a qu'à, il faudrait, vous devriez, etc.
41:18Il n'y a pas un péché contre l'ouvrier français,
41:20contre l'employé français, contre le français moyen
41:22qui, lui, s'en prend plein de la figure, parce que
41:24l'immigration fait que les prix s'effondrent,
41:26le prix du travail s'effondre, il n'y en a aucun.
41:28Il n'y a pas de péché contre les ouvriers.
41:30Il n'y a pas de péché contre les pauvres. Alors si, il est contre la pauvreté.
41:32Si, péché contre la pauvreté.
41:34C'est quoi être contre la pauvreté ?
41:36C'est contre la synodalité, Michel, le manque d'écoute de communaux
41:38et de la participation de tous.
41:40Alors, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, si je puis me permettre,
41:42encore qu'il est jésuite, ce pape.
41:44Tellement jésuite qu'il a pris le nom d'un franciscain.
41:46C'est-à-dire, vraiment, les jésuites composent avec le pouvoir,
41:48ils sont toujours dans l'ombre, ils ne sont pas loin du roi, etc.
41:50Les franciscains, c'est la pureté,
41:52c'est la pauvreté. François d'Alsisse, c'est un héros.
41:54Et vous dites, non, choisis un autre,
41:56choisis un nom de jésuite, t'es jésuite.
41:58Et là, il se comporte en jésuite.
42:00C'est-à-dire qu'il dit des choses,
42:02mais il n'en fait rien.
42:04Il peut très bien vendre tous les mois
42:06une œuvre d'art qui appartient au musée du Vatican,
42:08par exemple, il y en a des sublimes,
42:10et dire, on va construire,
42:12chaque mois qu'on aura vendu un Raphaël, un Bellini,
42:14un Titien, un Caravaggio, je ne sais pas ce qu'il y a au Vatican,
42:16je n'ai plus souvenir de ce que j'ai vu,
42:18jusqu'à Rouault, Georges Rouault,
42:20eh bien, et puis on va créer
42:22des hôpitaux, des écoles, etc.
42:24Qu'il mette la main à la pâte,
42:26il a un pouvoir politique,
42:28il n'a pas seulement un pouvoir spirituel,
42:30donc il ouvre la totalité, il invite à ouvrir
42:32la totalité des présbytères en disant, accueillons-les.
42:34C'est trop facile de dire,
42:36accueillons-les en France,
42:38et puis faites-vous le travail avec l'argent public,
42:40avec l'argent des gens modestes,
42:42avec l'argent des petites gens,
42:44mais montrez l'expérience.
42:46Je pense que Jésus, ce n'est pas quelqu'un qui disait
42:48des choses et qui faisait le contraire,
42:50c'est quelqu'un dont la vie était philosophique,
42:52c'est quelqu'un dont la vie était chrétienne.
42:54Jésus avait vraiment une vie chrétienne,
42:56il a la vie d'un chef d'État,
42:58et puis, sur les questions, par exemple,
43:00de pédophilie, je ne suis pas sûr
43:02qu'ils aient été vraiment formidables, l'Église.
43:04Il y en a qui ont été très bien.
43:06Moi j'ai la nostalgie de Benoît XVI,
43:08qui avait un souci civilisationnel,
43:10c'était quelqu'un qui, souvenez-vous du discours
43:12de Ratisbonne, qui a été extraordinaire,
43:14mais ça lui a valu une volée de bois vert
43:16sur la totalité de la planète.
43:18Je ne suis pas bien sûr que le fait
43:20qu'il ait quitté le Vatican,
43:22dans lequel il a survécu dix ans,
43:24soit vraiment la bonne raison.
43:26Mais lui n'a pas de souci civilisationnel,
43:28il a juste envie de détruire l'Europe,
43:30puisqu'il estime que c'est une espèce
43:32de Babylone qu'il faut ravager,
43:34qui est de toute façon déjà perdue,
43:36et puis il donne des leçons, comme ça,
43:38dans l'avion, avec un micro qui lui est tendu,
43:40et c'est un peu léger, cette façon
43:42de parler, je ne vais pas dire pour ne rien dire,
43:44mais de parler sans joindre le geste à la parole.
43:46Merci beaucoup, Michel Onfray,
43:48pour cette heure passée en votre compagnie,
43:50ça passe très vite, on se retrouve évidemment
43:52la semaine prochaine pour Face à Michel Onfray,
43:54sur CNews et sur Europe 1.

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