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Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

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Transcription
00:00Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue d'en face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1, bonjour Michel.
00:05Bonjour Laurence.
00:06Merci d'être là pour une heure d'actualité avec votre point de vue de philosophe.
00:10On va commencer Michel par évoquer la triste actualité de la semaine avec la mort d'une petite fille de 11 ans, Louise, collégienne à Épinay-sur-Orge,
00:18qui a été retrouvée assassinée après des dizaines de coups de couteau.
00:21Le principal suspect a avoué les faits.
00:23Le niveau de violence est-il un marqueur sociétal pour vous ?
00:26On va l'évoquer.
00:27Notamment lorsqu'il concerne des enfants, je pense aussi au petit Elias, 14 ans.
00:31Ses parents ont publié une bouleversante lettre ouverte dans laquelle ils estiment que leur fils est mort en raison d'une impunité,
00:38que l'État n'a pas su protéger ses citoyens.
00:41La sécurité est pourtant la première des libertés.
00:44On va évoquer ce thème avec vous Michel dans un instant.
00:47Le grand sommet de l'intelligence artificielle à Paris, à l'initiative d'Emmanuel Macron, avec des investissements privés de l'ordre de 100 milliards d'euros,
00:55mais avec un refus cinglant de la part des Américains et des Britanniques de signer pour une IA éthique et inclusive.
01:02On va voir avec vous ce que cela recouvre.
01:05Vous avez beaucoup apprécié la petite vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux par le chef de l'État
01:12pour illustrer les dangers de l'intelligence artificielle.
01:15J'ai assez hâte de vous entendre à ce sujet.
01:17Un petit détour par l'omniprésence des écrans pour les enfants.
01:21Faut-il interdire, encadrer, favoriser ?
01:23Les experts recommandent toujours l'interdiction des écrans avant 3 ans.
01:26Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:28Faut-il apprendre aux enfants à se servir des écrans, notamment à l'école ?
01:32Ces enjeux sont mêlés à l'irruption de l'IA, l'intelligence artificielle, dans la rédaction des copies.
01:38Autre sujet intéressant.
01:40Cette semaine, le chef de l'État a proposé son vieil ami Richard Ferrand pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel.
01:46Faut-il y voir un nouvel avatar de la République des Copains ?
01:49Tous les présidents de la République ont nommé des proches à ce poste.
01:52Plutôt que de vrais juristes.
01:54C'est ça qui pose question.
01:56On verra ce que vous en pensez.
01:58On s'intéressera aussi sur la République des Jus,
02:00qui paralyse aujourd'hui, dans certains cas, l'action publique à force de normes et de surnormes.
02:05Pourquoi notre droit ne protège plus les Français ?
02:08Justement parce qu'il est surplombé par des instances différentes.
02:11Cour de cassation, Conseil d'État, Conseil constitutionnel,
02:14Cour européenne des droits de l'homme,
02:16Cour de justice de l'Union européenne.
02:18Je pense que c'est un de vos thèmes favoris.
02:20Et puis, un tout petit mot sur les Français qui sont parmi les peuples les plus pessimistes d'Europe.
02:24Non pas pour leur sort individuel, Michel, mais pour le sort de leur pays.
02:29Pourquoi une telle perte de confiance dans l'avenir de la France ?
02:32Qui sont les responsables de cet état d'esprit ?
02:34C'est au menu de nos débats aujourd'hui.
02:36Ça vous va, Michel ?
02:38On va commencer par le plus triste, par cette violence de la société
02:41qui nous expose au visage chaque semaine.
02:44Le principal suspect dans l'enquête sur le meurtre de la petite Louise, 11 ans, à Épinay-sur-Orge, est passé aux aveux.
02:49C'est un homme de 23 ans, connu pour des accès de violence.
02:52Sa petite sœur avait déposé une main courante contre lui il y a deux ans.
02:55Il aurait, d'après ce qu'il dit, en tout cas, assassiné Louise pour se calmer, je mets des guillemets évidemment,
03:01après une partie de jeu vidéo perdue.
03:03Écoutons ce que nous a dit le procureur de la République d'Évry, Grégoire Dulat.
03:08Il déclarait aux enquêteurs que, très en colère,
03:11après une dispute avec un joueur en ligne,
03:14il sortait de son domicile, vêtu de sa doudoune noire
03:17dans laquelle se trouvait habituellement, selon lui, un couteau de type Opinel.
03:22Son intention était de voler ou de raqueter une personne pour se calmer.
03:27Il rencontrait fortuitement Louise, qu'il ne connaissait pas.
03:31Il repérait son portable, qu'elle portait autour du cou, et décidait de la suivre.
03:37Il l'attirait dans le bois des Templiers, sous le prétexte d'y avoir perdu un objet.
03:42Arrivé dans un coin tranquille, il lui disait qu'il allait fouiller ses affaires
03:46pour lui voler de l'argent en la menaçant avec un couteau.
03:50Alors qu'il voulait fouiller son sac, elle se mettait à crier.
03:54Paniqué par ses cris, il la faisait tomber à terre et lui portait plusieurs coups de couteau.
04:00Voilà pour ce que disait le procureur de la République d'Évry, Grégoire Dulat.
04:03Quand vous entendez ça, Michel, qu'est-ce qui vous fera en premier ?
04:06D'abord, le procureur ne fait jamais que dire ce qu'a dit le garçon.
04:10Bien sûr.
04:11Et on découvre le cerveau d'un détraqué. C'est un détraqué.
04:15Et les cerveaux, on ne naît pas avec un cerveau de détraqué, on l'acquiert.
04:18On est avec un cerveau qui est une espèce de cirviège sur laquelle on met quelque chose, on ne met rien.
04:22Je suis de la génération où on m'apprenait la morale.
04:26Et on me l'apprenait à l'école, avec une institutrice très laïcarde, très de gauche,
04:30mais qui écrivait sur le tableau chaque matin une phrase, tu ne tueras pas, par exemple.
04:34Quand ce n'était pas mon institutrice, c'était le prêtre du village.
04:38Et quand ce n'était pas le prêtre du village, c'était mes parents, qui disaient tous les trois la même chose.
04:42– C'est-à-dire que tous ces repères se sont effondrés.
04:44– Tout ça s'est effondré.
04:45C'est-à-dire que l'instituteur, le prêtre, le père, tout ça a disparu.
04:49D'ailleurs, dans la famille, il n'y a plus forcément un père.
04:51Si le père est là, on lui dit de toute façon,
04:53tu ne sais jamais qu'éventuellement la cinquième roue du carrosse,
04:56parce qu'il n'y a plus d'autorité parentale ou paternelle,
04:58qu'est-ce que c'est que ce truc ? Éventuellement, c'est un beau-père.
05:04Mais il n'y a pas d'autorité qui serait susceptible de dire,
05:06tu es un animal, nous sommes des animaux,
05:08Darwin nous en a fait la démonstration,
05:10et un animal, c'est un animal le territoire.
05:12Ça connaît le sexe, la reproduction, la mort, le combat ou ce genre de choses.
05:16Donc on dit, tu ne tueras point, c'est aussi vieux que les hommes,
05:20la morale de ces hommes-là, ça a été dit évidemment par le décalogue, par les juifs,
05:24puis le christianisme a repris tout ça.
05:26Ça ne s'enseigne plus.
05:28C'est-à-dire qu'à une époque, quand vous vouliez remettre de la morale à l'école,
05:31on estimait que vous étiez un fasciste, un dangereux réactionnaire,
05:34conservateur, etc.
05:36Moi je veux bien qu'on interdise la morale à l'école,
05:39mais alors il y a une autre morale qu'on enseigne.
05:41Parce qu'on enseigne le tri sélectif à l'école,
05:43parce qu'on enseigne l'amour du lointain,
05:45parce qu'on enseigne le respect de la planète,
05:47parce qu'on enseigne toutes ces choses-là.
05:48Alors pourquoi est-ce qu'on fait une espèce de morale collective,
05:51de la gauche culturelle, pour utiliser la belle formule de Jean-Pierre Le Goff ?
05:56Et effectivement, il y a dans le cerveau de ces gamins-là,
06:00une espèce de pâte à modeler.
06:02De bouillie, parce que là il dit
06:03« Je voulais voler, raqueter pour me calmer ».
06:06Mais comment on peut arriver à dire ça en fait ?
06:08Il a 23 ans, il vit chez papa et maman, il fait un BTS,
06:10et il n'a pas de son temps à faire des...
06:12Mais tous ceux qui font ça ne sont pas des meurtriers en puissance.
06:16Il y a un tas de gens qui posent des problèmes
06:18parce que leur cerveau n'a pas été fabriqué.
06:20Y compris ces jeunes dont on ne parle pas beaucoup.
06:22Enfin, tous ces jeunes qui n'arrêtent pas de consommer des pétards,
06:24tout ça c'est très festif, etc.
06:26Mais c'est extrêmement dangereux pour la santé.
06:28On déclenche un nombre incroyable de schizophrénie
06:30avec des consommations de haschich assez régulières.
06:33Chez certains, je connais des deux amis
06:35dont deux enfants ont des graves problèmes de santé mentale
06:40parce qu'effectivement ils ont consommé du haschich.
06:42Donc c'est aussi à mettre en relation,
06:44c'est-à-dire un, pas de morale,
06:45et deux, une espèce de sauvagerie primitive du garçon
06:49qui dit « Mais moi je n'accepte pas de perdre. »
06:51On voit bien avec les petits-enfants.
06:53Aucune capacité à refrainer sa pulsion de mort en fait.
06:55Oui, mais les parents ont fait quoi dans cette aventure ?
06:57Moi je vois bien avec mon petit-fils.
06:59Tout au départ, quand on a commencé à jouer,
07:01il ne voulait pas perdre.
07:02J'étais obligé de lui expliquer qu'on ne gagnait pas tout le temps.
07:05J'ai vu d'ailleurs la mauvaise foi chez un enfant,
07:07comment ça surgit.
07:08Et quand il avait ostensiblement perdu,
07:10il disait qu'il avait gagné.
07:12Ça faisait rire un peu autour de lui.
07:13Je disais non, ça ne me fait pas rire du tout.
07:15Je vais t'expliquer que gagner, perdre, ça fait partie du jeu.
07:19Et qu'en même temps, perdre ce n'est pas le bout du monde.
07:21Mais si on n'enseigne pas ça,
07:23on a une intolérance à la frustration.
07:24Et là, il faut que je me venge sur quelqu'un.
07:26Comme par hasard, j'ai un couteau dans mon vêtement,
07:28je sors et comme par hasard,
07:30je vais racketter et je vais tuer.
07:32Une petite fille.
07:34Il se passe des choses dans le cerveau
07:36d'un certain nombre de jeunes,
07:38qui est problématique.
07:39Et puis quand même,
07:40questionner les parents dont on croit savoir
07:42qu'ils font partie de la bourgeoisie.
07:44Il y a quelqu'un qui est DRH dans cette aventure.
07:46Ils ont été mis hors de cause pour l'instant.
07:48Les parents ?
07:49Les parents.
07:50Quand vous avez fabriqué ce genre de monstre,
07:52vous êtes un peu coupable ou responsable aussi.
07:54On imagine aussi leur détresse.
07:56Oui, mais on n'a pas 23 ans dans cet état-là
07:59sans que ça se découvre d'un seul coup.
08:01Tout le monde dit « oh d'un seul coup ».
08:03Bien sûr, il y avait les antécédents.
08:04Je l'ai dit, sa petite sœur avait pensé
08:05déposer une main courante contre lui.
08:07Voilà, on fabrique des cerveaux.
08:09Ou on ne les fabrique pas.
08:10On les détruit, on les déconstruit aujourd'hui.
08:12On est étonné.
08:13Parce que j'entends parler parfois
08:14sur les plateaux du mal, du diable, etc.
08:16Les chrétiens avaient une belle formule,
08:17une belle idée.
08:18Ils ont toujours d'ailleurs.
08:20C'est le péché originel.
08:21C'est ce que Kant appelait le mal radical.
08:23Il y a ça chez tout le monde.
08:24Il y a la bête en chacun.
08:25Il y a toujours un cerveau reptilien.
08:26Et si le cerveau reptilien
08:27n'est pas retenu par un cortex,
08:28c'est-à-dire par des gens qui nous aident,
08:30qui nous élèvent au sens étymologique,
08:32qui nous prennent là où nous sommes
08:33et qui nous disent « non, tu ne le fais pas.
08:35Tu as envie de frapper, c'est normal,
08:36tu es un animal, mais tu te retiens
08:37parce qu'un homme, ça s'empêche. »
08:38On n'apprend plus à l'homme de s'empêcher.
08:41Écoutons juste encore Thibaud de Montbrial,
08:43président du Centre de réflexion
08:44sur la sécurité intérieure.
08:45Lui, il estime que nous vivons
08:47une violence endémique.
08:48Aujourd'hui, autour d'un établissement scolaire,
08:51il y a trois menaces.
08:52La première, c'est la menace du prédateur
08:55contre les enfants,
08:56qui est une menace séculaire
08:59et qui, malheureusement,
09:00toujours fait partie des sociétés humaines.
09:03Mais ce n'est pas pour ça, évidemment,
09:04qu'il ne faut pas tout faire,
09:06policièrement et judiciairement,
09:07pour la minimiser.
09:09La deuxième, c'est la menace terroriste
09:11qui a fait une entrée brutale
09:14dans la France contemporaine
09:16depuis une dizaine d'années.
09:18Et puis la troisième,
09:19c'est sans doute la plus terrible
09:20en termes sociétal,
09:22c'est que désormais,
09:23il y a une violence des jeunes
09:24et des mineurs absolument terrifiantes,
09:27avec une banalisation absolue
09:30d'un passage à l'acte
09:31avec des armes blanches,
09:32de domicile, de tentatives d'homicide,
09:35de lynchage.
09:36Voilà pour Thibaud de Montbrial.
09:37Est-ce que cette violence des mineurs
09:39est un marqueur sociétal pour vous,
09:40Michel Onfray ?
09:42Oui, parce que c'est ce que je viens de dire,
09:44c'est-à-dire que quand on n'éduque pas
09:45ces enfants-là,
09:46ils ne connaissent que la loi de la jungle.
09:47Semble-t-il, ce garçon,
09:48il avait l'air d'être obsédé par la racaille.
09:50Il voulait être racaille.
09:52C'est un fils de petit bourgeois,
09:53mais en même temps,
09:54il voulait passer pour une racaille.
09:55Vous imitez ce que vous entendez,
09:57ce que vous regardez,
09:58ce que vous voyez,
09:59puis à la télévision,
10:00on vous fait savoir que,
10:01vous allez donner un coup de couteau,
10:02mais que globalement,
10:03vous allez avoir un rappel à la loi,
10:05qu'éventuellement,
10:06on va vous demander
10:08que vous allez faire un stage de citoyenneté.
10:10Vous dites, finalement,
10:11ce n'est pas grand-chose,
10:12on a le droit de faire ce genre de choses.
10:13Mais il faut le faire,
10:14ce geste quand même,
10:15qui consiste à rentrer une lame
10:17et puis à ne pas faire qu'un seul coup de couteau.
10:19Des dizaines de fois.
10:20Il y a des images,
10:21parfois sur le net,
10:22sur des criminels de ce type-là.
10:24Alors évidemment,
10:25sur certains sites,
10:26mais pas d'autres,
10:27parce qu'il ne faut pas montrer ce genre de choses.
10:28Même les animaux ne font pas ça.
10:30Quand on voit des gens s'acharner comme ça,
10:31on se dit,
10:32mais quel type de cerveau
10:33on a bien pu fabriquer ?
10:34On est sur CNews et sur Europe 1 avec vous,
10:36Michel Onfray.
10:37Je pense aussi au meurtre du jeune Elias,
10:39qui a été assassiné le 24 janvier dernier
10:41par deux délinquants récidivistes mineurs.
10:43Ses parents ont écrit une lettre bouleversante
10:45cette semaine.
10:46Ils disent,
10:47Elias est mort en raison d'une impunité
10:48dans laquelle se sont sentis deux mineurs,
10:50malgré une prise en charge éducative et pénale.
10:52La mort de notre fils démontre
10:54que l'État n'a pas su protéger ses citoyens.
10:57C'est le sentiment,
10:58encore une fois,
10:59qu'ont de très très nombreux Français.
11:00C'est que l'État ne protège plus ses citoyens.
11:03On ne peut pas demander à l'État non plus
11:05de faire tout et de dire...
11:07L'État ne peut pas tout ?
11:08Non, il ne peut pas.
11:09C'est-à-dire qu'il y a des parents
11:11qui n'ont pas fait le boulot.
11:12Et puis, il y a aussi une éducation nationale
11:13qui, depuis 50 ans,
11:14ne fait plus le boulot.
11:15Oui, mais là, en l'occurrence,
11:16c'était deux délinquants mineurs récidivistes.
11:18Oui, mais là, qu'est-ce qu'on fait avec ça ?
11:20Qui ont attaqué un jeune à coup de machette.
11:23Qu'est-ce qu'on a comme réponse judiciaire à faire ?
11:25Je vous le disais tout à l'heure,
11:26vous avez des gens qui disent,
11:27bon, c'est des adolescents,
11:29ils sont un peu paumés,
11:30il faut les aider.
11:31Et puis, toujours cette espèce
11:32de jurisprudence de gauche
11:33qui consiste à dire,
11:34occupons-nous d'abord des bourreaux,
11:37les victimes, ça compte pour zéro.
11:38Il va falloir qu'on s'occupe de ces enfants.
11:40Mais qu'est-ce qu'on fait des parents
11:41qui, eux, ont perdu leurs enfants,
11:42des parents, des amis, des chéris,
11:44de tous ceux qu'on laisse veufs
11:47ou dont la douleur est de la souffrance
11:49jusqu'à la fin de leur existence ?
11:50Cela n'existe pas.
11:51Donc, il y aurait une inversion
11:53à faire des choses,
11:55une inversion des valeurs en disant
11:56qu'il faut se soucier quand même,
11:57aujourd'hui, des victimes,
11:59de ceux qui se prennent des coups
12:00et pas de ceux qui en donnent.
12:01Et quand on nous dit aujourd'hui,
12:03il faut, on est en train de dire,
12:05on va faire une intelligence artificielle
12:07qui va être planétaire,
12:08mais on est incapable de fabriquer,
12:09on est incapable de faire une prison
12:10en moins de sept années.
12:11Vous vous rendez compte ?
12:12– Minimum, minimum.
12:13– Oui, c'est ce qu'on m'a dit l'autre jour.
12:14– Sept ans.
12:15– Pour faire une prison.
12:16Vous dites, c'est pas compliqué,
12:17si vous demandez à des privés,
12:18vous dites, vous allez privatiser la prison
12:20en disant, évidemment,
12:21on ne fait pas n'importe quoi, n'importe comment
12:23et avec n'importe qui,
12:24mais on ne va pas mettre sept ans
12:25à fabriquer des prisons.
12:26Mais simplement,
12:27il y a une volonté politique pour ça.
12:28Il n'y a pas de volonté politique
12:29et j'y reviens,
12:30il n'y a pas de volonté politique
12:31parce que ça n'est pas une priorité de l'Europe.
12:33C'est-à-dire l'Europe de Maastricht,
12:35elle nous dit,
12:36laissez rentrer tout le monde,
12:37il faut que tout le monde puisse venir, etc.
12:38Et puis après, il y a des conséquences.
12:39Vous ne pouvez pas arriver de votre village,
12:41je suis en train de lire le trajet d'un garçon
12:43qui a quitté le Mali
12:44et qui est arrivé à Caen,
12:45quand vous avez traversé tout ce que vous avez traversé
12:47et puis vous dites, vous arrivez là,
12:49et puis vous faites quoi ?
12:50Alors pour certains,
12:51là ce n'est pas le cas,
12:52moi je parle français,
12:53mais ceux qui ne parlent pas le français,
12:54ceux qui n'ont pas de travail,
12:55qu'est-ce que vous faites
12:56quand vous arrivez dans la ville de Caen ?
12:57Évidemment, vous allez faire de la délinquance,
13:00vous allez être délinquant.
13:01Il faut vivre au quotidien.
13:02Si vous avez besoin d'aller aux toilettes,
13:04dans un café,
13:05il faut rentrer dans un café,
13:06il faut acheter un perrier.
13:07Il faut de l'argent.
13:08Il faut de l'argent partout,
13:09tout le temps, en permanence.
13:10Il faut vous loger.
13:11Vous pouvez aussi travailler.
13:12Pardon ?
13:13Vous pouvez aussi travailler.
13:14Mais pas quand vous n'avez pas de papier.
13:16Si vous êtes sans papier
13:17et que vous cherchez du travail,
13:18normalement, vous ne devriez pas en trouver.
13:20Donc tout s'explique.
13:21Il y a toujours des causalités.
13:22Et les causalités,
13:23si vraiment on veut y toucher,
13:24on peut y toucher.
13:25Or, on ne veut pas.
13:26Il n'y a pas de volonté vraiment de toucher.
13:27Parce qu'en gros,
13:28celui qui dit tout haut
13:29ce que Macron pense tout bas,
13:30c'est Mélenchon.
13:31La créolisation,
13:32c'est le projet de l'Europe maastrichtienne.
13:34Lui, il le dit avec sa goille.
13:36Maintenant la France, hop,
13:37on la met à la poubelle.
13:39C'est une vieille France,
13:40c'est une France rance,
13:41j'entends aussi les socialistes
13:42qui continuent avec cette idée de France rance.
13:44Mais quelle platitude intellectuelle,
13:46quelle bêtise intellectuelle
13:47que de reprendre la France moisie,
13:49la France rance,
13:50enfin les expressions de Solers,
13:52qui d'ailleurs disait que la France était moisie
13:54parce qu'elle n'aimait pas des bons auteurs.
13:56Elle n'aimait pas par exemple Céline.
13:58Ah oui, Céline qui écrit Bagatelle pour un massacre,
14:00l'école des cadavres.
14:01Il aurait fallu aimer les pamphlets antisémites
14:03pour pouvoir ne pas faire partie de la France rance.
14:05Il faut aussi se renseigner sur la façon
14:07qu'avait soit Solers de penser,
14:09soit tous ces gens qui aujourd'hui
14:10retrouvent du rance et du nauséabond partout.
14:12J'ai vu l'autre jour Olivier Faure,
14:14ça pue tout le temps pour ces gens-là.
14:15C'est quand même incroyable
14:16cette façon de renifler les gens.
14:17On ne leur demande pas d'avoir le rhine encéphale,
14:20c'est un truc d'animal ça.
14:21Il y a un cerveau M. Olivier Faure,
14:23plutôt que de voir des trucs qui puent partout
14:25comme ça en permanence.
14:26Donc tout ça est problématique.
14:28Voilà pour Michel Onfray
14:30qui a expédié les affaires courantes
14:33de M. Olivier Faure.
14:34Oui.
14:35Michel, on a parlé de cette violence
14:37endémique de la société.
14:38On va parler maintenant de l'intelligence artificielle.
14:40Il y a eu un grand sommet à Paris cette semaine.
14:4261 pays réunis qui ont signé un texte
14:44pour une intelligence artificielle ouverte,
14:46inclusive et éthique.
14:48Alors ça a fait bondir les Américains et les Britanniques
14:50qui ont refusé de signer évidemment.
14:52Ils dénoncent surtout les excès de la régulation
14:55que veulent mettre en place les autres pays.
14:57On va écouter le vice-président américain,
14:59J.D. Vance, qui a douché les espoirs
15:01d'Ursula von der Leyen,
15:03votre amie favorite,
15:05et d'Emmanuel Macron en refusant de signer le texte.
15:07Nous sommes fermement convaincus
15:09que l'IA doit rester libre de tout parti pris idéologique
15:12et que l'IA américaine ne sera pas détournée
15:14pour servir d'outil de censure autoritaire.
15:16Cette administration veillera à ce que
15:18la technologie américaine d'intelligence artificielle
15:21continue d'être la référence mondiale
15:23et à ce que nous soyons le partenaire de choix
15:25pour les autres pays,
15:26et certainement pour les entreprises,
15:28à mesure qu'ils étendent leur propre utilisation
15:30de l'intelligence artificielle.
15:32Michel, en vrai, c'est très intéressant
15:33ce que dit J.D. Vance.
15:34Je suis pas sûr.
15:36Ça revient, en fait, à la censure.
15:38Vous êtes d'accord avec ça ?
15:39Mais bien sûr.
15:40Mais en même temps, ils sont tous rigolos, là.
15:42Mais ils sont tous des censeurs.
15:44Oui, bien sûr.
15:45Ah ben nous, on n'est pas des censeurs,
15:47c'est vous qui êtes des censeurs.
15:48Non, ils sont tous des censeurs.
15:49Parce que là, je vois une espèce de promotion
15:51de l'intelligence artificielle,
15:52c'est tellement formidable,
15:53c'est tellement fantastique.
15:54On a le président de la République,
15:55vous m'avez dit qu'on allait en parler.
15:56On va en parler tout à l'heure.
15:57Tout à l'heure, bon.
15:58Qui nous fait l'éloge de l'intelligence artificielle
16:00et dans quel terme ?
16:01Hélas.
16:03Son intelligence naturelle ne suffisait pas.
16:05Mais on nous fait la promotion de tout ça
16:07sur le service public.
16:08Le soir même, j'ai cru voir vite fait en Zappant
16:10qu'il y avait des gens qui cuisinaient,
16:12faisaient un plat cuisiné.
16:13Alors, un le faisait avec l'intelligence artificielle
16:15et l'autre le faisait avec son intelligence naturelle.
16:17Sous-entendu, la recette de grand-mère.
16:19Je fais ceci, je fais cela, etc.
16:20Là, j'ai cinq produits, qu'est-ce que je peux faire ?
16:22Et l'intelligence artificielle disait
16:24« Ah, tu peux faire une salade de tomates. »
16:26Ben oui, il y avait des tomates,
16:27et puis il y avait du sel, il y avait du poivre, etc.
16:29Il a besoin d'une intelligence pour ça.
16:31Mais ce qui se joue, et je l'ai dit,
16:33je l'ai écrit dans un livre qui s'appelle
16:34« Le fétiche et la marchandise » il y a plusieurs années,
16:36je disais, mais il y a un cheval de Troyes qui arrive,
16:38et on vous dit, mais c'est formidable l'intelligence artificielle.
16:40Avec les progrès pour la santé, vous nous l'avez dit souvent.
16:43Le traitement du cancer.
16:45Oui, truc catholique.
16:46C'est-à-dire, on va faire voir les aveugles,
16:47on va faire marcher les paralytiques,
16:48on va faire penser les crétins,
16:50alors là, il y a du boulot, etc.
16:52Et on vous dit, mais vous seriez contre ça ?
16:54On a vu des exosquelettes,
16:55on a vu des gens tétraplégiques qui marchaient, etc.
16:57Et ça, c'est merveilleux, on est d'accord.
16:58Évidemment.
16:59On vous dit, voilà, cancer du sein,
17:00vous avez la possibilité de regarder les radios
17:03avec un toubib qui va dire,
17:04ben ouais, moi j'ai 40 ans d'expérience,
17:06je vous dis que, etc.
17:07Et puis l'intelligence artificielle vous dit,
17:09moi je fais le tour de la planète
17:10et toutes les images qui existent
17:11et qui sont en stock, je les compare,
17:13et voilà le type de cancer, voilà le type de soin,
17:15ça, ça n'a pas marché.
17:16Évidemment, tout ça, c'est formidable.
17:17Simplement, ce qu'on oublie,
17:18c'est que cette intelligence artificielle,
17:21c'est pas très bien ou pas bien.
17:22Il y a toujours une façon française
17:24de voir les choses comme ça,
17:25très guerre de religion.
17:27Non, c'est comme un couteau,
17:29on peut tuer des gens avec un couteau,
17:30on peut peler une pomme.
17:31Donc avec l'intelligence artificielle,
17:32on peut faire des choses extraordinaires,
17:34mais on peut faire des choses catastrophiques
17:35quand on rentre ça dans l'école
17:36et que des gamins nous disent
17:38qu'ils font leur dissertation
17:40avec l'intelligence artificielle.
17:42Il y a 80% des copies aujourd'hui
17:43qui sont issues de l'IA.
17:45Et les profs passent leur temps
17:46à essayer de vérifier
17:47s'il élève, connaît bien les mots
17:49qu'il a écrits dans sa dissertation,
17:50qu'il a été rédigé par l'IA.
17:52Mais mes amis éditeurs me le disent
17:54qu'ils ont ce genre de problème
17:55avec les auteurs.
17:56Les bouquins sont faits
17:57exactement de la même manière.
17:58Donc aujourd'hui,
17:59comment est-ce que vous faites ?
18:00Vous avez des logiciels
18:01qui permettent de savoir
18:02si ça a été fait
18:03avec de l'intelligence artificielle,
18:04mais si ça a été fait
18:05avec de l'intelligence artificielle,
18:06on a des gens qui nous disent
18:07« Mais alors, c'est quoi le problème ?
18:08C'est juste une technique,
18:09c'est comme passer au stylo bille
18:11ou passer à l'ordinateur. »
18:12Non, c'est pas juste une technique,
18:14c'est un changement de cerveau.
18:16On en parlait tout à l'heure du cerveau.
18:18Mais c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
18:20quand vous allez solliciter
18:21l'intelligence artificielle,
18:22vous allez solliciter des datas.
18:24Vous n'allez pas solliciter
18:25de l'intelligence.
18:26Mais alors qu'est-ce qu'on fait, Michel ?
18:27Elle est là, l'intelligence.
18:28Les gamins y ont accès.
18:29Qu'est-ce qu'on fait ?
18:30On leur apprend à s'en servir
18:31intelligemment, pour le coup ?
18:32Non.
18:33On ne peut pas leur interdire ?
18:34Si.
18:35Ça dépend comment.
18:36Si c'est à l'école, si, on peut.
18:38Et puis si on est des parents,
18:39on peut le faire aussi.
18:40Quand on a des enfants,
18:41je me reparlais de mes petits-enfants,
18:43mais je vais dire que les petits-enfants,
18:44ils ne vont pas avoir de téléphone portable
18:45avant un certain âge.
18:46Il y a autre chose à faire.
18:47En revanche, le livre.
18:48Mais c'est là.
18:49Le livre, à l'école.
18:50Pourquoi est-ce qu'on veut absolument
18:51éduquer ?
18:52Parce qu'à une époque,
18:53c'était Mme Vallaud-Belkacem
18:55qui voulait qu'on enseigne
18:56la programmation dans les écoles.
18:57Elle n'en a pas besoin d'abord.
18:59Le codage.
19:00Oui, le codage, voilà.
19:02Qu'on apprenne déjà à lire, à écrire,
19:04à compter, à penser.
19:05Mon vieux père, qui n'est plus là,
19:07quand il a quitté l'école à 13 ans,
19:09il savait lire, écrire, compter, penser.
19:10Il ne faisait pas de fautes
19:11quand il faisait une lettre.
19:13Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, Michel.
19:15Aujourd'hui, les gamins font chat GPT
19:17et leur dissertation sort toute faite.
19:19Pourquoi il faut interdire ça ?
19:20En se disant, chez vous,
19:21si les parents veulent,
19:22vous-même, si vous en avez l'intention,
19:24mais pas dans l'école.
19:25A l'école, vous allez apprendre
19:27à respecter le livre, l'écriture,
19:29l'écriture à la main.
19:30Vous avez aujourd'hui,
19:31dans certains États des États-Unis,
19:33des endroits où on n'apprend plus
19:35à écrire à la main.
19:36Ce n'est plus nécessaire.
19:37Donc il faut aujourd'hui
19:38apprendre au clavier, directement.
19:39J'entends ce que vous dites.
19:40Mais aujourd'hui, vous êtes confrontés à ça.
19:42Pourquoi ne pas leur apprendre
19:44à se servir de cette base de données gigantesque
19:46qu'ils nous ont à leur disposition,
19:48mais en leur permettant d'écrire, de rédiger,
19:50de penser eux-mêmes, par eux-mêmes ?
19:51Parce que ce sont des crétineries
19:53que vous proposez aux enfants.
19:54C'est-à-dire que quand vous avez une bibliothèque,
19:56vous avez la possibilité d'accéder
19:58à un savoir qui a été contrôlé, jadis,
20:00par des éditeurs.
20:01Des éditeurs qui faisaient
20:02un vrai travail d'éditeur.
20:03Ils acceptaient un livre parce qu'ils l'avaient lu.
20:05Ils disaient, on prend, on prend pas.
20:06Ils reçoivent ça, et puis ils publient ça.
20:08Sauf que quand c'est publié,
20:10moins maintenant, parce qu'ils publient du papier.
20:12Moi, j'ai connu des grands éditeurs à une époque
20:14qui, eux, lisaient, disaient oui, et puis voilà.
20:16Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas.
20:18Donc, quand vous allez solliciter
20:20à Internet, n'importe quoi sur Wikipédia.
20:22Mais vraiment, n'importe quoi.
20:24Oui, Wikipédia.
20:25C'est ça qui va remplacer l'intelligence.
20:27On dit, mais allez chercher sur l'ordinateur.
20:29C'est tellement moderne.
20:30Mais non, allez chercher dans une encyclopédie.
20:32Mais qui a accès aujourd'hui à une encyclopédie, Michel ?
20:34Oui, bien sûr.
20:35Où sont-elles ?
20:36Dans quelques bibliothèques et encore.
20:38Oui, je sais bien.
20:39Aujourd'hui, ce qui est accessible au plus grand nombre, c'est Internet.
20:41Oui, et c'est pour ça que je pense que les parents,
20:43ils peuvent, de temps en temps,
20:45ou alors acheter des encyclopédies sur le net
20:47qui ne soient pas Wikipédia.
20:48Vous pouvez acheter des encyclopédies universalistes, par exemple,
20:50qui vous permettront, pour le coup,
20:52chez vous, de disposer d'un fond de livre
20:54qui sont sur votre ordinateur.
20:56Mais pas du tout cette prétendue
20:58encyclopédie prétendument participative
21:00où moi, les sottises qui sont dites sur mon compte,
21:02je ne peux même pas y accéder.
21:04C'est vrai que ça, c'est vraiment un site à bannir.
21:06Mais, encore une fois, voilà, il y a un fait.
21:08Il y a une technologie qui déboule.
21:10Autant apprendre à s'en servir intelligemment.
21:12Ça, c'est ma théorie.
21:14Je crois que ce n'est pas le rôle de l'école.
21:16Ah non, ce n'est pas le rôle de l'école, peut-être, oui.
21:18Par ailleurs, oui.
21:20Bien sûr qu'on ne peut pas dire
21:22tu n'utiliseras jamais l'ordinateur.
21:24Mais juste faire une pédagogie de l'ordinateur
21:26en expliquant ce que c'est que le réel,
21:28ce que c'est que le virtuel,
21:30ce que c'est que cette espèce de bazar sur le net
21:32dans lequel on trouve tout et le contraire de tout,
21:34du vrai, du faux, du vraisemblable, de l'idéologique,
21:36où il faut se méfier des endroits
21:38où, prétendument, on fait la séparation
21:40entre le vrai et le faux, parce que la plupart du temps,
21:42ce sont des lieux de propagande.
21:44Regardez dans Libération, dans Le Monde,
21:46les pages consacrées à la désintox,
21:48ou à la désinfo, ou à l'info,
21:50c'est vraiment le lieu de l'idéologie.
21:52C'est vraiment le lieu du mensonge absolu,
21:54sous prétexte qu'on s'en vient dire la vérité.
21:56C'est difficile d'expliquer ça à des enfants.
21:58Moi, je vois bien mes parents, ils n'auraient pas pu.
22:00Quand vous avez des parents modestes,
22:02parce qu'ils travaillent et qu'ils n'ont pas les moyens
22:04de suivre intellectuellement la progression d'un enfant
22:06au lycée, au collège, à l'université,
22:08ou à une grande école, ou je ne sais quoi,
22:10qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes entre les mains
22:12des enseignants, dont certains, eux, sont entre les mains
22:14des syndicats et trouvent ça formidable.
22:16Ce sont ces gens-là qui se prétendent de gauche
22:18et qui pensent comme le BDF sur la possibilité
22:20d'un grand marché libre, ou cette grande
22:22modernité progressiste
22:24à la Mélenchon, qui suppose effectivement
22:26que la créolisation, ça se fait aussi sur le net,
22:28mais au nom de quoi ça se fait ?
22:30Ça se fait au nom de la disparition de la vérité.
22:32Petite pause, Michel Onfray. On se retrouve dans un instant
22:34pour la seconde partie de Face à Michel Onfray,
22:36sur CNews et sur Europe 1. On écoutera le président Macron.
22:38Il a fait un petit clip vidéo sur les réseaux sociaux
22:40qui vous a beaucoup plu. A tout de suite.
22:42Et on se retrouve sur CNews
22:44et sur Europe 1 pour la seconde partie
22:46de Face à Michel Onfray. Michel, on continue
22:48à parler de l'intelligence artificielle,
22:50rapidement. Il y a un clip
22:52qu'on a mis en ligne Emmanuel Macron
22:54il y a quelques jours, qui vous a fait bondir,
22:56parce qu'il met en scène
22:58des images de lui trafiquées par ordinateur
23:00pour nous montrer les dangers
23:02justement de l'intelligence artificielle.
23:04On écoute un petit extrait et on en débat.
23:12Moi je fais cette petite vidéo pour essayer
23:14de vous remonter le moral. C'est quand même une dingue vie, tu vois.
23:16Mon Dieu.
23:18On prend ensuite tous les cheveux
23:20qui restent sur le côté droit.
23:22La techno est une culture à part entière. On est attachés à la bagnole.
23:24On aime la bagnole. Et moi je l'adore.
23:26Et tu voudrais qu'elle soit
23:28en rien que ce soit.
23:30N'hésite pas à t'abonner pour plus de vidéos.
23:32Bisous mes petits loups.
23:34Bien joué.
23:36C'est assez bien fait et ça m'a plutôt fait rire.
23:38Mais plus sérieusement, avec l'intelligence artificielle
23:40on peut faire de très grandes choses. Changer la santé,
23:42l'énergie, la vie dans notre société.
23:44Et donc la France et l'Europe doivent être au cœur de cette révolution
23:46pour saisir toutes leurs chances et pour pousser aussi
23:48les principes qui sont les nôtres. Ce en quoi nous croyons.
23:50C'est le but de ce sommet pour l'action
23:52sur l'intelligence artificielle. C'est dès demain à Paris.
23:54Alors je compte sur vous.
24:00Ok. Là c'est bien moi.
24:02Voilà pour cette vidéo,
24:04ce petit clip qui a été mis sur les réseaux sociaux
24:06justement pour démontrer les dangers
24:08de l'intelligence artificielle.
24:10Je vois à votre tête et je le dis pour nos auditeurs
24:12que cela ne vous convainc pas Michel.
24:14Ça me convainc surtout que c'est
24:16un petit garçon, c'est narcissique
24:18et si on parle de moi c'est formidable, c'est tout.
24:20Même si on parle de moi quand je suis déguisé
24:22en femme, même si je me fais des couettes,
24:24même si je suis peroxydé,
24:26même si je suis travesti,
24:28je ne sais pas quoi, en drag queen, je n'en sais rien.
24:30Je m'aime tellement que tout me plaît.
24:32Ça n'a pas de vertu pédagogique pour vous.
24:34Qu'il fasse un peu usage de son intelligence naturelle,
24:36on verra quelles sont ses limites.
24:38Je pense qu'on les voit déjà assez.
24:40Et puis qu'il fasse une démonstration
24:42verbalement du danger.
24:44Ou qu'il le fasse avec autre chose.
24:46Et qu'il passe commande
24:48de quelque chose à ses équipes.
24:50Mais pas lui,
24:52pas la mise en scène
24:54de sa propre personne.
24:56C'est son narcissisme en permanence.
24:58Cette façon de dégrader la fonction en permanence.
25:00Il n'a rien compris
25:02à la fonction. Il ne sait pas ce que c'est que le peuple souverain.
25:04Il ne sait pas que son pouvoir,
25:06son génie, sa beauté,
25:08ses couettes ou ses cheveux peroxydés,
25:10qu'il doit sa souveraineté
25:12au vote populaire.
25:14Finalement, ça donne des devoirs
25:16et pas des droits.
25:18Ça ne donne pas les droits de s'habiller en femme
25:20et de se dire, je trouve ça assez drôle.
25:22C'est pas lui qui s'habille en femme.
25:24On est déjà d'accord.
25:26Qu'il laisse les autres faire ça.
25:28Mais qu'il aille lui-même chercher.
25:30Personne ne serait allé voir ça sinon.
25:32Toute la France le voit.
25:34C'est le chef de l'État lui-même qui dit,
25:36vous avez vu comme je suis belle avec mes couettes.
25:38En temps normal, vous savez,
25:40c'est dangereux l'intelligence artificielle.
25:42Oui, on s'en doute bien.
25:44Mais c'est dangereux,
25:46non pas parce qu'on le voit avec des couettes.
25:48Parce que bon, point de suspension.
25:50Mais ce qui est dangereux,
25:52c'est que ça fabrique le cerveau des enfants
25:54dont nous parlions tout à l'heure.
25:56C'est ça qui est problématique.
25:58Oui, bien sûr, on peut dire la santé,
26:00le ceci, le cela, la recherche, les médicaments.
26:02Oui, c'est ça.
26:04Mais c'est aussi beaucoup de sottises.
26:06Dès que vous disposez d'un téléphone portable
26:08vous pouvez l'inventer.
26:10Aujourd'hui, tout le monde est journaliste.
26:12Vous pouvez fabriquer info.
26:14Tout le monde est écrivain aussi.
26:16Oui, tout le monde est penseur.
26:18Tout le monde est journaliste.
26:20Il y a des gens qui font des papiers,
26:22moi j'en connais.
26:24Des gens qui publient des livres
26:26et qui ne les ont pas écrits
26:28mais qui, pour le coup,
26:30s'amènent à faire fonctionner
26:32l'intelligence artificielle là-dessus.
26:34C'est une espèce d'imposture généralisée
26:36de la technique journaliste indienne
26:38qui a le front de lui dire non, ce n'est pas drôle.
26:40Heureusement qu'elle était là.
26:42Vous nous avez amené
26:44un petit dessin de votre ami Chonu.
26:46Je vais le décrire pour nos auditeurs.
26:48On voit le général de Gaulle avec une fausse craie de monde,
26:50avec une casquette rouge
26:52retournée façon rappeur
26:54qui se peigne les cheveux, puis on vous voit juste en bas dire
26:56vous imaginez le général de Gaulle.
26:58C'est vrai.
27:00La mise en abyme est assez géniale.
27:02D'abord, il a beaucoup de talent
27:04le général de Gaulle tous les deux, comme son père, Pierre Chonu,
27:06aime le général de Gaulle.
27:08Et oui, évidemment, on ne va pas toujours le faire
27:10parce que ça n'a pas servi
27:12à François Fillon jadis en son temps.
27:14Vous imaginez, le général de Gaulle met un examen, etc.
27:16Il ne faut pas s'en servir à toutes les sauces.
27:18Mais oui, les très rares photos
27:20du général de Gaulle dans l'intimité,
27:22il reste le souverain
27:24qui sait qu'il est souverain.
27:26C'est-à-dire qu'il y a les très belles photos
27:28où il met les larmes aux yeux avec sa petite fille
27:30handicapée.
27:32Elle a été faite, cette photo.
27:34Mais il n'y en a pas d'autres.
27:36Quand vous avez une photo de famille,
27:38il est costumé, cravaté, tout le monde est là.
27:40Il y a la bouteille de champagne drapée.
27:42Mais on sait très bien que c'était
27:44une demi-heure pour le repas.
27:46Parce que l'intendance, il faut manger.
27:48Il ne faut pas passer du temps à table.
27:50Donc évidemment, on a changé de monde.
27:52Mais on n'est pas tenus d'être un héros.
27:54Il y en a un par siècle des héros
27:56comme le général de Gaulle.
27:58Mais on n'est pas tenus non plus d'être un...
28:00J'ai bien compris l'allusion que vous alliez faire.
28:02Je retiens mon mot.
28:04On va avancer Michel.
28:06Autre thème qui est lié à Emmanuel Macron,
28:08c'est sa proposition de nommer Richard Ferrand,
28:10un de ses plus proches amis,
28:12pour la présidence du Conseil constitutionnel.
28:14Compagnon de route
28:16de la première heure d'Emmanuel Macron.
28:18Il y a eu beaucoup de polémiques sur le fait
28:20qu'on nomme encore un copain
28:22plutôt qu'un juriste. Il est titulaire d'un doc de droit.
28:24C'est tout à fait honorable.
28:26Mais est-ce que ça suffit en matière de compétences ?
28:28On a juste écouté Marine Le Pen
28:30qui dit que c'est une erreur, que l'instance
28:32du Conseil constitutionnel devrait être
28:34un vrai sénacle juridique.
28:36Je n'approuve pas la dérive qui consiste
28:38à systématiquement nommer
28:40des politiques au Conseil constitutionnel.
28:42Le Conseil constitutionnel
28:44n'est pas une maison de retraite
28:46de la vie politique
28:48et le Conseil constitutionnel
28:50se doit d'avoir
28:52au moins
28:54une apparence de neutralité.
28:56Maintenant, c'est une dérive
28:58qui s'est installée. Chacun nomme
29:00un politique
29:02de son choix.
29:04C'est le choix d'Emmanuel Macron,
29:06c'est le choix de la présidente de l'Assemblée nationale,
29:08c'est le choix du président du Sénat.
29:10Donc on a aujourd'hui
29:12un sénacle qui va être exclusivement
29:14politique alors que c'est un sénacle
29:16qui est censé être un sénacle juridique.
29:18Voilà pour Marine Le Pen.
29:20Il y a une dérive de ces instances
29:22qui surplombent
29:24notre droit, Conseil constitutionnel,
29:26cours de cassation,
29:28puis après on parlera de celles qui sont supranationales.
29:30Oui, retour au général de Gaulle,
29:32le vrai Conseil constitutionnel, ça s'appelle le Congrès.
29:34C'est l'Assemblée nationale et c'est le Sénat.
29:36C'est une espèce d'état de droit
29:38du genre, il y a un texte
29:40de loi
29:42et puis on n'y touche pas. Heureusement qu'on touche au texte
29:44de loi. Il y a eu une époque, les femmes
29:46qui faisaient des avorteuses, comme on disait, les faiseuses d'ange
29:48et on leur coupait la tête. Et aujourd'hui,
29:50on les rembourse avec la Sécurité sociale.
29:52Heureusement que les lois changent.
29:54Il y a eu une époque où on décapitait les gens
29:56et aujourd'hui, la peine de mort est abolie.
29:58La loi, c'est le peuple. C'est le peuple
30:00qui fait la loi. La Constitution, c'est le peuple
30:02qui fait la Constitution.
30:04Aujourd'hui, on fait l'économie du peuple. Nous ne sommes plus en démocratie
30:06depuis 2005.
30:08Depuis 2005, où le référendum qui a été
30:10proposé aux Français sur le traité
30:12constitutionnel a été
30:14sanctionné. Les Français ont dit, nous n'en voulons pas.
30:16Et en 2008, on leur a dit, vous l'aurez tout de même.
30:18Le Conseil constitutionnel,
30:20il n'a pas estimé que c'était anticonstitutionnel
30:22de dire qu'on jetait à la poubelle
30:24le résultat d'un référendum pour le faire
30:26accepter par les congrégatistes,
30:28les députés, les sénateurs.
30:30Ça, ce n'était pas anticonstitutionnel.
30:32Ça n'est qu'un organe politique.
30:34C'est exactement la même chose
30:36en 1992, au moment du traité
30:38de Maastricht. On détruit la souveraineté nationale.
30:40La Constitution, ça ne gêne personne
30:42dans l'état de droit. La France
30:44est souveraine. Et là, d'un seul coup, avec Maastricht,
30:46on dit non, elle n'est pas souveraine. Elle est
30:48secondairement souveraine. La souveraineté, c'est d'abord
30:50l'Europe supranationale. C'était pas
30:52anticonstitutionnel, ça ? Ah ben non, c'était pas
30:54anticonstitutionnel du tout. En revanche, tout ce qui
30:56n'est pas progressiste, mettons-en
30:58entre guillemets, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas wokiste,
31:00tout ce qui n'est pas déconstructionniste, etc.
31:02Alors là, ça passe par les fouches prudentes de tous ces gens-là,
31:0416 000 euros par mois, qui nous disent
31:06ah, mais c'est pas constitutionnel. Évidemment,
31:08avec un doc de droit, on pouvait être compétent.
31:10Moi, je n'irais pas chez un médecin qui aurait un doc de médecine.
31:12Je ne me ferais pas opérer par un chirurgien
31:14qui aurait juste fait deux années de chirurgie.
31:16Si je devais avoir une tumeur au cerveau,
31:18je demanderais qu'il ait fait au moins des études
31:20jusqu'au bout. Donc, c'est le peuple
31:22qui devrait être le constitutionnel. Et on voit
31:24aujourd'hui que l'économie du peuple, elle est totale.
31:26À chaque fois que Macron perd une élection, qu'est-ce qu'il fait ?
31:28Il dit qu'il a gagné. À chaque fois qu'il perd une législative,
31:30il dit je vais nommer
31:32des gens qui sont de mon bord. Et on a bien vu,
31:34il nomme une fois Barnier, il nomme une fois Bayrou,
31:36c'est-à-dire très exactement le contraire de ce que les gens ont voulu.
31:38Ils n'ont pas voulu de ça. Ils ont voulu soit
31:40Marine Le Pen, soit Jean-Luc Mélenchon.
31:42Mais sûrement pas ces gens-là.
31:44Donc oui, il y a plein d'instances aujourd'hui
31:46qui interdisent la démocratie. Je ne parle pas
31:48des médias du système qui, justement, fabriquent
31:50l'idéologie, fabriquent les
31:52influences, les élections.
31:54On ne les connaît que trop bien.
31:56En Roumanie, vous vous rendez compte, les Russes sont intervenus.
31:58Mais dans les élections françaises, vous n'avez pas
32:00l'impression qu'il y ait d'autres pays ou d'autres
32:02individus qui interviennent pour faire une
32:04propagande massive. Donc on fait l'économie
32:06du peuple depuis 2008. Et ces
32:08instances sont présentées comme
32:10des instances qui peuvent fabriquer
32:12la démocratie. – Et là, on ne parle que des instances nationales.
32:14Parlons de la Cour européenne des droits de l'homme,
32:16la Cour de justice européenne,
32:18qui, pareil, sont en fait
32:20assis à une primauté
32:22de leur droit sur le droit national.
32:24– Oui, bien sûr. Et là, il faut
32:26des gens dociles et soumis pour ça. Alors
32:28évidemment, un sous-doué du droit,
32:30mais en même temps, ce monsieur,
32:32il faut lire le canard enchaîné, les archives
32:34que le canard lui a consacrées.
32:36Il a eu des problèmes avec la mutuelle de Bretagne.
32:38Comme par hasard, il y avait une dame… – L'affaire a été prescrite.
32:40– Oui, elle a été prescrite, mais la
32:42prescription, d'accord, ça fait que
32:44ça a été prescrit, mais ça ne veut pas dire forcément que
32:46sur le terrain de la morale, voilà. Et comme par hasard, il y avait
32:48une dame dans cette aventure qui s'est trouvée promue,
32:50elle aussi au Conseil constitutionnel.
32:52Elle a été nommée par qui ? Par Richard Ferrand, qui à l'époque
32:54était président de l'Assemblée nationale.
32:56Étonnant quand même tout ça. Donc il n'y a pas beaucoup de morale.
32:58C'est normal, monsieur Acouette,
33:00parce qu'il a nommé son copain. Il n'a pas forcément envie
33:02d'avoir un juriste constitutionnel qui aurait fait
33:04une thèse sur les racines
33:06du juste naturalisme français
33:08dans la constitution de
33:10la République française. C'est pas ça le souci
33:12de ces gens-là. C'est justement
33:14de régler le problème de Marine Le Pen.
33:16C'est ça le problème. C'est qu'est-ce qu'on va faire
33:18de cette femme si vraiment le peuple
33:20veut vraiment voter pour elle ? Il faut encore
33:22qu'on ne puisse pas
33:24faire de telle sorte que ça ait lieu. Je rappelle qu'à l'époque
33:26de François Hollande,
33:28Manuel Valls avait fait savoir
33:30qu'ils s'étaient rencontrés tous les deux pour voir
33:32comment annuler une élection
33:34dans laquelle Marine Le Pen aurait été élue.
33:36Bonjour les démocrates ! Bonjour les démocrates !
33:38Manuel Valls, on voit où il est.
33:40Tous ces socialistes,
33:42socialistes quand même tous ces gens-là.
33:44Ferrand, etc. et Borne et quelques autres.
33:46Ils sont tous là en train de se dire comment est-ce qu'on peut faire
33:48si jamais les gens finissent par voter pour elle
33:50pour qu'elle ne soit pas élue ? Alors d'abord on commence par le fait
33:52qu'elle ne soit pas éligible. Comme ça c'est formidable.
33:54Elle n'est pas candidate et risque pas d'être élue.
33:56Puis après si elle est élue, on va trouver un truc.
33:58Et puis je rappelle quand même que M. Ferrand,
34:00il a quand même pas mal de choses à son actif.
34:02Y compris celle d'avoir dit
34:04que ce serait bien qu'Emmanuel Macron fasse un
34:06troisième mandat. Il avait proposé
34:08cette réforme constitutionnelle. Alors on peut très bien
34:10imaginer que des gens laissent faire un peu le bazar
34:12et qu'on puisse dire, il y a un article 11
34:14qui nous permet de dire, la France est en danger.
34:16Ce serait bien que peut-être
34:18pour éviter le fascisme, nous
34:20puissions annuler le résultat d'élection
34:22et permettre peut-être à Emmanuel Macron, parce que là
34:24c'est un cas constitutionnel. Je vois bien tout ça gros
34:26comme une maison. Et exactement
34:28comme l'intelligence artificielle
34:30qui est une invitation à faire l'économie
34:32totale de son cerveau, là vous avez
34:34une façon de faire l'économie totale du peuple.
34:36Et tout ça se fait
34:38sans problème, sans difficulté.
34:40On est face à Michel Onfray sur CNews
34:42et sur Europe 1. Un tout petit mot du président
34:44Trump, parce qu'on regarde beaucoup ce qui passe aux Etats-Unis.
34:46Michel, il multiplie les déclarations
34:48choc. Il met en scène
34:50évidemment sa volonté de couper
34:52dans les dépenses publiques fédérales.
34:54On va juste écouter Elon Musk
34:56qui est celui qui est chargé dans le gouvernement
34:58de Trump de faire ses coupes claires.
35:00Écoutez comment il justifie son action.
35:02Ce que je veux dire, c'est que
35:04réduire les dépenses fédérales n'est pas une option.
35:06C'est essentiel.
35:08Il est essentiel que l'Amérique reste un pays solvable
35:10et il est essentiel que l'Amérique ait les
35:12ressources nécessaires pour fournir des choses
35:14à ses citoyens et non pas pour uniquement
35:16rembourser de gros montants de dettes.
35:18Qu'est-ce qui vous frappe
35:20quand on entend Elon Musk qui dit
35:22il faut que l'Amérique soit solvable,
35:24tout doit être chiffré,
35:26il faut du protectionnisme au fond
35:28parce que c'est ça qui est en train d'installer
35:30Donald Trump, Michel.
35:32Ce qui m'étonne, ce sont d'abord les images
35:34d'un chef de l'État qui est assis et qui ne dit rien
35:36et l'autre avec sa casquette là et son fiston
35:38qui touche à tout, bouton nucléaire
35:40et je trouve ça
35:42assez sidérant.
35:44C'est très dérangeant d'une part.
35:46D'autre part,
35:48j'ai beaucoup lu sur Musk,
35:50ses gestions ne sont pas
35:52terribles à lui comme chef d'entreprise.
35:54Il est génial, il invente des trucs,
35:56il a des projets civilisationnels,
35:58des projets de société, ça c'est certain.
36:00Mais sur le reste, il est quand même
36:02très aidé par l'État, très très aidé par l'État.
36:04C'est-à-dire que...
36:06Il a carrément remplacé la NASA au presque.
36:08Vous dites, les libertariens dans ces cas-là,
36:10ça va, les libertariens qui nous disent
36:12laissez faire le marché, plus besoin de fonctionnaires
36:14etc.
36:16On dit oui, d'accord, très bien, mais commence par toi.
36:18C'est-à-dire que tu n'es pas capable toi-même
36:20d'envoyer tes fusées
36:22dans l'espace, il faut que tu travailles
36:24avec la NASA, c'est-à-dire avec l'État.
36:26Donc on ne fait pas plus coopératif
36:28avec l'État.
36:30Ce discours des libertariens,
36:32il est fort sympathique sur le papier, mais dans la réalité
36:34il est extrêmement brutal pour les gens.
36:36Les gens simples et les gens modestes qui ont besoin qu'on les protège.
36:38Le protectionnisme, ce n'est pas juste de dire...
36:40C'est un repis sur soi, le protectionnisme,
36:42évidemment, ou pas ? Parce que le général
36:44de Gaulle était pour une économie
36:46libérale, mais il assimilait le protectionnisme
36:48à un repli sur soi
36:50mortifère et défaitiste.
36:52Ça dépend de la configuration, je ne sais pas dans
36:54quelles circonstances il dit ça, le général de Gaulle,
36:56mais lui faisait passer
36:58la France d'abord, et l'économie après.
37:00Alors ça ne veut pas dire que l'économie, pour autant, il estimait
37:02que c'était rien. Il y avait Jacques Rueff qui a fait
37:04des plans extraordinaires et qui lui ont
37:06permis d'obtenir ce qu'il voulait.
37:08Il disait c'est de l'intendance, vous me faites ça.
37:10L'économiste, il faisait le boulot.
37:12Mais un libéral, pour moi, c'est quelqu'un qui pense
37:14que le marché doit faire la loi. Je ne suis pas
37:16libéral. Je ne pense pas qu'à l'hôpital, le marché doit faire
37:18la loi, que dans le renseignement,
37:20l'argent doit faire la loi, que
37:22à l'école, le marché doit faire la loi. C'est pas possible.
37:24C'est la France qui doit faire la loi.
37:26C'est la santé publique dans les hôpitaux,
37:28c'est l'instruction publique dans les écoles,
37:30et ce n'est pas de dire on a fait du...
37:32on a fait du business ou des économies.
37:34Donc des économies, on peut en faire,
37:36mais c'est très facile. Moi, je ne suis pas très doué,
37:38parce que, bien sûr, vous avez une colonne de recettes,
37:40une colonne de dépenses, et il y a plein de dépenses.
37:42Quand vous êtes vous-même chef de famille
37:44et que vous gérez le problème de la maison,
37:46on vous dit, ça non, ça non, ça non, etc.
37:48D'abord, toutes les aides qu'on donne
37:50à des pays qui n'en ont pas besoin.
37:52On commence à dire, là, on va pouvoir
37:54taper sur ce terrain-là. Donc, le problème,
37:56c'est pas de taxer. La gauche,
37:58c'est on taxe. Encore un nouvel impôt.
38:00Et puis voilà. Et puis la droite qui dit, ah non, libéralisons
38:02le tout, puis supprimons les... Non, à un moment donné,
38:04on se dit, il y a des dépenses.
38:06Le gouvernement ne les fait plus. Eux, ils sont
38:08à la tronçonneuse. Ils sont comme Millaïd.
38:10Et les gens...
38:12Vous allez faire comment si vous avez des enfants
38:14à envoyer à l'école, si vous avez un mari
38:16ou une femme avec un cancer, si vous avez
38:18des grands-parents qu'il va falloir aider, etc.
38:20Eh bien, tant pis. Non, ça, c'est pas
38:22acceptable. Donc, le protectionnisme,
38:24c'est aussi de dire, il y a la France, il y a les Français.
38:26On pense à eux d'abord. Je suis général de Gaulle et peu suspect
38:28de ne pas avoir pensé à la France et aux Français d'abord.
38:30Et puis, il a mis l'économie
38:32au service de la France. Et il y a des moments
38:34où c'est un pragmatique, le général de Gaulle.
38:36S'il pense que le
38:38protectionnisme sert la France,
38:40il est protectionniste. S'il pense qu'elle ne
38:42sert pas la France, il ne l'est pas.
38:44Justement, Michel, on a une étude récente
38:46d'un observatoire, CTLM, pour une banque
38:48française, BNV, qui montre que le moral
38:50des Européens se redresse. Mais, en France,
38:52où il y a une incertitude politique assez notoire,
38:54eh bien, au contraire, ce moral
38:56plonge. Alors, les Français interrogés
38:58ne sont pas inquiets pour eux, à titre individuel.
39:00Ils sont inquiets pour l'avenir de leur nation
39:02et de leur pays. Ça, ça vous parle, j'imagine.
39:04Vous comprenez ce pessimisme ?
39:06– D'abord, vous me l'apprenez,
39:08et ça me réjouirait, parce qu'il y a
39:10une espèce de France profonde qui aime
39:12sa France. Et c'est ça qui est touchant.
39:14Moi, je suis toujours très ému dans les villages, de voir
39:16les commerces fermés, de voir les trucs
39:18en déshérence, comme ça. Je me dis que ça témoigne
39:20d'un passé qui a existé.
39:22Je ne suis pas nostalgique en disant « refaisons un passé
39:24à l'ancienne », c'est ça, s'il n'y a rien de plus ridicule que ça.
39:26Mais, l'amour
39:28de sa région, de son
39:30territoire, de sa commune, cette façon
39:32de fabriquer, aujourd'hui,
39:34il y a quelques temps avec Hollande, mais des communautés
39:36de communes qui ont détruit le tissu
39:38communal. La commune, c'était quelque chose
39:40d'extrêmement intéressant, y compris sur le terrain politique.
39:42Il n'y a pas eu que la commune de Paris.
39:44Aujourd'hui, il n'y a plus de communes, il y a des communautés
39:46de communes. Il y a des gens
39:48qui ne viennent d'ailleurs pas, qui touchent des jetons quand même.
39:50Et puis, c'est fini, le maire qui prenait un café
39:52avec tout le monde en disant « dis donc, t'as vu,
39:54il faudrait nettoyer le chemin,
39:56parce que c'est pas… ah ben oui, t'as raison, j'ai demandé aux
39:58bâtonniers, etc. ». Il y avait une façon
40:00politique de faire,
40:02une politique locale avec la commune
40:04qu'on ne peut plus faire. Et les gens sont nostalgiques
40:06de ça, d'un pouvoir réel. On va voir
40:08le pouvoir. On dit au maire,
40:10au conseiller municipal, c'est direct.
40:12Là, on dit mais c'est qui ? Ben, c'est la communauté de communes
40:14qui a décidé, et puis il y a des papiers, des dossiers
40:16incroyables, etc. Mais les gens aiment leur
40:18paysage, ils aiment leur tradition.
40:20On voit bien d'ailleurs à chaque fois qu'il y a des
40:22émissions de télévision sur la gastronomie,
40:24sur les paysages, sur les balades,
40:26sur le ski, sur les balades,
40:28sur la natation, sur les trucs, etc.
40:30Et les gens aiment ça, parce qu'il y a
40:32un amour de la France chez les Français
40:34qu'on mésestime, parce que
40:36les gens qui nous gouvernent sont des urbains.
40:38Ce sont des gens qui pensent que
40:40ils sont plus à l'aise, c'est ce que disait
40:42Raphaël Glucksmann, plus à l'aise à Manhattan
40:44que dans le Cantal.
40:46Justement, ça m'amène au salon de l'agriculture qui va démarrer
40:48dans quelques jours, pour parler de la ruralité.
40:50Il y a un certain nombre d'initiatives
40:52qui sont prévues. La coordination rurale,
40:54m'avez-vous dit, qui a progressé
40:56significativement dans les élections syndicales
40:58récentes par rapport à la FNSEA, a prévu
41:00d'inviter l'Union Française des Pêcheurs Artisans
41:02pour mettre en place des actions conjointes,
41:04une espèce d'union
41:06entre les paysans et les pêcheurs.
41:08C'est ça le vrai front populaire.
41:10C'est-à-dire cette façon d'en appeler
41:12aux gens qui s'en prennent plein l'affiture.
41:14Il y a eu jadis, on a un peu oublié,
41:16les bonnets rouges,
41:18avec le maire de Carré, c'était formidable.
41:20Il y a eu les gilets jaunes qui ont été détruits
41:22par une espèce de coalition
41:24Macron-Mélenchon
41:26et qui ont infusé tout ça
41:28avec des black blocs pour détruire un peu le désir
41:30des gilets jaunes de porter
41:32un certain nombre d'idées.
41:34Et c'est bien parce que je pense
41:36qu'ils fédèrent de leur côté. Ils disent
41:38maintenant les paysans,
41:40les marins-pêcheurs, qui sont des gens
41:42d'un courage incroyable,
41:44qui sont endettés comme ça n'est pas possible,
41:46qui partent sur la mer alors qu'elle est assez déchaînée,
41:48mais ils disent je ne peux pas rester à la maison parce que
41:50si je ne ramène pas de pêche,
41:52je ne vais pas pouvoir...
41:54Ils subissent toutes les folies européennes.
41:56Mais bien sûr. Et puis après on leur dit
41:58il va falloir épargner les dauphins, donc vous ne sortez pas, on va vous donner de l'argent.
42:00Mais disons qu'on n'est pas des assistés. Ils ne sont pas des assistés.
42:02Ni les paysans, ni les marins-pêcheurs ne sont des assistés.
42:04Ce sont des gens qui ont le sens du travail,
42:06du travail bien fait. Parfois ils font ça depuis
42:08deux ou trois générations. Ils ont parfois
42:10hérité d'un bateau. Et puis ils aiment bien porter
42:12leur pêche et disent non, on veut travailler,
42:14on ne veut pas rester à la maison en disant
42:16on est tranquille, faites-moi un chèque.
42:20Et s'ils pouvaient associer encore
42:22d'autres personnes, les routiers par exemple,
42:24c'était le début des
42:26bonnets rouges aussi à l'époque.
42:28Et quelques autres, retrouver les gilets jaunes
42:30de l'origine plutôt que ceux qui ont été contaminés
42:32par le
42:34gauchisme culturel je dirais.
42:36Et là on se dit, si après tout
42:38ça partait du salon de l'agriculture,
42:40qui est l'endroit le moins parisien de Paris quand même,
42:42quand ça a eu lieu.
42:44C'est pour ça que c'est chouette.
42:46Je trouverais ça très bien. Puis là encore, je parlais tout à l'heure
42:48de gastronomie, quand vous y allez, vous avez
42:50des tablés incroyables.
42:52Vous irez faire un tour au prochain salon ?
42:54J'y étais la dernière fois,
42:56j'ai pas prévu d'y aller. On essaiera d'y aller.
42:58À plaisir. On essaiera d'y aller, on verra.
43:00Et puis j'en profite, on reparlera
43:02la semaine prochaine du salon de l'agriculture,
43:04j'en profite pour montrer
43:06et dire à nos auditeurs
43:08le titre de votre prochain livre, et ça ça vaudra
43:10presque une émission en terre Michel,
43:12l'autre collaboration, les origines françaises de
43:14l'islamo-gauchisme, c'est aux éditions Plon.
43:16Alors là, on en a souvent
43:18parlé sur ce plateau, mais là vous faites
43:20carrément un livre complet là-dessus, en 30 secondes
43:22parce qu'il nous reste peu de temps.
43:24C'est vraiment, depuis le début
43:26de l'histoire,
43:28l'origine de l'islamo-gauchisme.
43:30Au XXème siècle, oui.
43:32On pourrait faire quelques volumes
43:34en partant sur les siècles précédents,
43:36mais il y a une mythologie qui consiste à dire
43:38à droite c'était des antisémites,
43:40ils ont collaboré, et puis à gauche c'était
43:42des philo-sémites, et voilà.
43:44Ils ont pris à partir de l'affaire de Réfus,
43:46c'était pas du tout comme ça que ça s'est passé.
43:48Et je l'ai montré
43:50plein de fois avec des papiers divers et multiples,
43:52là j'ai voulu faire un livre en disant on démarre avec le philosophe Alain,
43:54on finit avec un autre Alain qui est Badiou,
43:56et puis on passe par Sartre, par Beauvoir,
43:58etc. Et tout simplement,
44:00j'ai découvert des textes tellement
44:02effrayants, des citations vraiment tellement
44:04effrayantes, que je n'ai pas
44:06été étonné que les éditions Gallimard m'interdisent
44:08d'acheter les citations de Sartre, de Beauvoir,
44:10de Foucault, de Deleuze,
44:12pour les éditions de minuit,
44:14parce qu'il y a chez Jeunet,
44:16les loges de la Gestapo, les loges, etc.
44:18Enfin Jeunet, grande figure de la gauche.
44:20Et on m'a interdit
44:22d'acheter les citations.
44:24Donc j'ai fait de la paraphrase et on a encadré
44:26ce qui est interdit, juste pour montrer
44:28effectivement que l'antisémitisme a été
44:30dans l'intelligentsia de gauche pendant
44:32la totalité du XXe siècle.
44:33Il sort quand le livre Michel ?
44:34Fin du mois.
44:36On y reviendra la prochaine fois, c'est déjà
44:38terminé Michel, c'était passionnant.
44:40Merci beaucoup à vous, on se retrouve la semaine prochaine
44:42pour Face à Michel, en presse sur CNews et sur Europe.

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