• il y a 4 heures
Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

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00:00Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans Face à Michel, on ferait sur CNews et sur Europe 1. Bonjour Michel.
00:04Bonjour.
00:05Heureuse de vous retrouver pour une heure de débat autour de l'actualité de la semaine.
00:08Les négociations pour un cessez-le-feu durable en Ukraine ont connu une bonne accélération
00:13après la réunion en Arabie Saoudite entre Américains et Ukrainiens.
00:16L'Ukraine ayant accepté une trêve de 30 jours avec la Russie, un accord au forceps, mais qui pourrait peut-être signifier une fin prochaine des combats toujours aussi meurtriers sur le terrain.
00:26Le président Macron à la manœuvre, le chef de l'état multiplie les réunions de crise, les sommets,
00:31il réunit les chefs d'état-major d'une trentaine de pays de l'Union Européenne et de l'OTAN pour amorcer le réarmement de l'Europe
00:38puisque Donald Trump a annoncé qu'il souhaitait se désengager.
00:41Est-ce qu'il faut remercier Trump d'avoir provoqué ce réveil européen ?
00:45Le chef de l'état français a-t-il les moyens de son ambition afin de jouer un rôle central en Europe ?
00:50On verra ce que vous en pensez.
00:51Autre interrogation, et pas des moindres.
00:53Comment la France peut-elle financer son effort de réarmement, son passage à une quasi-économie de guerre,
00:59comme cela a été annoncé, avec l'endettement abyssal de notre pays, le plus endetté d'Europe derrière la Grèce et l'Italie ?
01:06Comment atteindre le montant de 100 milliards d'euros de budget pour nos armées ?
01:10Objectif atteignable ou pas, on va en débattre.
01:13Et puis surtout, on tentera, Michel, de répondre à la grande inquiétude des Français.
01:17Est-ce qu'il s'agit d'une prise de conscience profonde de la fragilité de notre défense,
01:21ou d'une peur instrumentalisée à des fins politiques, là aussi ?
01:24On entendra votre avis.
01:26Pendant ce temps-là, les problèmes de la France continuent, bien sûr.
01:29L'insécurité, la menace terroriste, toujours présente dans le pays.
01:33Et puis on évoquera, ce qui vous a choqué beaucoup, les éditions des PUF,
01:36qui déprogramment la parution d'un livre dénonçant le wokisme à l'université,
01:40tout cela sous la pression de l'historien Patrick Boucheron, qui est membre du Collège de France.
01:45Censure, pression politique, on vous entendra.
01:48Et puis comme à chaque émission, nous pensons à Boalem Sansal.
01:50Plus de 4 mois de captivité pour l'écrivain franco-algérien.
01:54Plus que jamais, l'inquiétude grandit.
01:56Son avocat, Maître Zimré, n'a aucune nouvelle de lui,
01:58et n'a pas pu le voir depuis le début de sa détention.
02:01Vous êtes prêt, Michel ? On commence nos débats pour aujourd'hui ?
02:04Je retire les lunettes, c'est parti.
02:05On commence par l'Ukraine, avec les choses qui vont très vite,
02:08qui évoluent d'heure en heure.
02:10Ce qui est certain, c'est qu'un accord a été trouvé, déjà, entre Américains et Ukrainiens.
02:14C'est le feu de 30 jours accepté par le président Zelensky,
02:17évidemment, sous la contrainte de l'administration Trump.
02:21On va écouter Donald Trump, justement, rappeler que ses prédécesseurs,
02:25avant lui, aux Etats-Unis, n'avaient pas réussi à stopper la Russie.
02:28Écoutez-le.
02:32La Russie a pris la Géorgie à Bush.
02:37La Russie a pris la Crimée à Obama.
02:40Et la Russie a tenté d'envahir l'entièreté de l'Ukraine sous Joe Biden.
02:46Mais à Trump, la Russie n'a rien pris.
02:51Je pourrais sanctionner financièrement la Russie, mais je ne le ferai pas.
02:54Ce que je veux, c'est la paix.
02:56Vous savez, j'ai toujours dit que la partie la plus dure à convaincre serait l'Ukraine.
03:00Vous l'avez vu la semaine dernière.
03:02Des choses intéressantes se sont produites.
03:05J'ai reçu un homme qui ne souhaitait pas la paix.
03:07Mais maintenant, c'est ce qu'il veut.
03:08Et nous allons voir comment cela se passe.
03:10Voilà pour Donald Trump, Michel Onfray.
03:13Est-ce qu'il pourrait remercier Donald Trump pour le réveil européen ?
03:15Ou est-ce qu'au contraire, vous estimez toujours que ce qu'il a fait à Zelensky,
03:19c'était lui tordre le bras ?
03:21Oui, je pense qu'effectivement...
03:23Le problème, ce n'est pas qu'on ne se comporte pas comme ça,
03:25c'est que si on se comporte comme ça, on ne fait pas ça devant des caméras du monde entier.
03:28Donc ce que je lui ai reproché, c'était cette diplomatie de Sunlight,
03:31plutôt qu'une diplomatie qui devrait se faire en sangueule quand on est diplomate.
03:35Et quand on a des projets, évidemment, c'est pas...
03:37On est pour la paix, on est contre la paix.
03:39Nous, on a la paix, c'est ce qu'on garde au Donbass, c'est ce qu'on garde la Crimée,
03:42est-ce qu'il y a une occupation avec des militaires européens ou ce genre de choses,
03:46et puis c'est point par point.
03:47Donc vous pouvez être d'accord sur 10%, 20%, 50% ou 100%.
03:51Moi, je voudrais remettre la perspective...
03:53Remettre tout ça en perspective historique,
03:55parce qu'on présente Trump comme une espèce de crétin ou d'abruti.
03:58J'ose espérer qu'il ait été entouré par des gens...
04:01Pas enterré, mais par des gens cultivés.
04:03Mais il a fait de l'histoire quand il a dit
04:05on a pris la Russie, etc., etc.
04:07Ça, c'est très intéressant.
04:09Je rappelle que quand Trump dit
04:11« Make America Great Again »,
04:13MAGA, la politique de Trump,
04:16si vous regardez un peu ce qu'est l'histoire des États-Unis,
04:19parce que quand en 1620, le Mayflower arrive sur la côte Est,
04:23le début de l'histoire américaine est là.
04:25Regardez le début de l'histoire américaine,
04:27il se constitue comment ?
04:29Comme ça, c'est-à-dire par la destruction d'un certain nombre de pays,
04:31par un génocide, les Indiens quand même.
04:33C'est-à-dire que tout le trajet qui se fait d'Est en Ouest
04:36fait que jusqu'au bout, au Pacifique,
04:39on n'a plus personne, il n'y a plus aucun Indien.
04:41On a détruit une culture, une civilisation,
04:43on ne l'a pas intégré.
04:44Et puis après, on a pris tel État, tel État, tel État.
04:46Puis après, on a fait des guerres.
04:47Puis après, la guerre de sécession,
04:49prétendue une guerre concernant l'esclavage,
04:51ne concernait pas du tout l'esclavage.
04:53Mais les États-Unis se sont constitués comme un empire.
04:56Les États-Unis, c'est un impérialisme.
04:59Les communistes l'ont dit à une époque.
05:01Mais il y a un impérialisme qui est l'impérialisme américain.
05:03Il y a un autre impérialisme qui est l'impérialisme de Poutine.
05:05Et il y a un petit impérialisme qui est celui de l'Europe mastrichienne,
05:08qui compte pour rien, ou pour zéro.
05:10Poutine a d'ailleurs dit,
05:11si vous voulez mettre des soldats européens sur le territoire ukrainien,
05:15moi j'ai ma bombe atomique et ça ne le fera pas.
05:17Donc évidemment, l'Europe va dire pardon, pardon.
05:19On n'aurait jamais dû.
05:20Donc il faut penser en termes civilisationnels.
05:24J'ai regardé cette semaine une conférence très intéressante d'Éric Zemmour en Hongrie.
05:28C'est pas pour dire que je partage la totalité de ce qu'il dit,
05:32mais il met les choses en perspective historique.
05:35Et c'est un grand discours de philosophie politique.
05:37Il fait de la philosophie politique et de la philosophie de l'histoire également.
05:39Il faut faire de la philosophie de l'histoire avec ces deux-là,
05:41c'est-à-dire avec Trump et avec Poutine.
05:43Et savoir que l'Europe est éjectée de toute façon,
05:47et que lui veut se refaire son empire.
05:49D'ailleurs il veut tellement le refaire que dès qu'il est arrivé,
05:51il ne l'avait pas dit avant les élections,
05:52il a dit le Groenland m'intéresse, le Panama m'intéresse, le Canada également.
05:56C'est quoi ça ? Si ce n'est la signature d'un impérialiste.
05:58Donc c'est pas seulement un nationaliste protectionniste, c'est un impérialiste.
06:02Un nationaliste c'est quelqu'un qui défend sa nation, son peuple.
06:04Je suis un nationaliste.
06:06Et un impérialiste c'est celui qui pense qu'il est tellement génial
06:08qu'il doit pouvoir aller chercher d'autres états,
06:10en disant vous allez faire partie de notre monde.
06:13C'est ce qui anime Mme Ursula von der Leyen,
06:15et ceux qui aiment Mme Ursula von der Leyen.
06:17Et voilà pourquoi, aussi bien Poutine que Trump,
06:19estiment que l'Europe est devenue leur ennemi.
06:21Puisqu'ils veulent jouer dans la cour des grands,
06:23alors qu'ils sont des petits, dirigés et commandés par des petits.
06:26Donc si on fait de la philosophie de l'histoire,
06:28on voit bien où il va, Trump, et on voit bien où Poutine va.
06:31Il n'est pas question pour Poutine de laisser un cessez-le-feu de 30 jours
06:35qui permettrait de refaire, d'un point de vue stratégique et militaire,
06:38de refaire un armement, de ramener des armes, de repartir de plus belle.
06:42Il faut repenser véritablement la paix.
06:44Donc à un moment donné, où Poutine dira tout ce qu'il pense
06:46de la totalité de la feuille de route,
06:48il est bien évident qu'il ne va pas lâcher l'affaire,
06:51puisque depuis qu'il sait que ça se négocie,
06:53c'est-à-dire depuis que Trump a été élu,
06:55même pas quand il est arrivé au pouvoir,
06:57il y a eu probablement des coups de fil,
06:58mais il sait qu'il va falloir négocier.
07:00Donc évidemment, vous faites des attaques massives,
07:02et vous avancez, puis après vous dites
07:04bon, les attaques massives qui nous ont permis des avancées,
07:06on va reculer, puis finalement on aura la ligne de front
07:08qui nous intéressait dès le départ.
07:10C'est comme ça que Poutine pense, et c'est comme ça que Trump pense aussi.
07:12Ce sont des marchands de tapis.
07:14Effectivement Michel, on l'a vu,
07:16ce n'est pas simple de négocier avec Vladimir Poutine.
07:18La Russie considérera comme un conflit armé direct
07:21le déploiement de soldats de la paix européenne en Ukraine.
07:23C'est extrêmement dur comme position pour les Russes.
07:27Oui, mais moi je n'ai pas besoin d'attendre qu'il ait parlé
07:29pour savoir ce qu'il va dire sur ce sujet,
07:31il le dit depuis toujours.
07:33Il estime que l'Europe s'épinote,
07:35et que de toute façon l'Europe veut avancer,
07:37c'est d'ailleurs pourquoi il y a eu ce problème avec l'Ukraine,
07:40l'Europe veut avancer ses pièces vers l'Est,
07:42et lui ne veut pas, l'Europe maastrichtienne,
07:44et lui ne veut pas, et c'est le conflit.
07:46Le moindre soldat européen sur le sol ukrainien, c'est la guerre.
07:49Il estime que l'Europe a gagné,
07:51et donc il ne veut pas faire un traité de paix
07:53dans lequel il dirait à l'Europe
07:55je vous offre ce que vous voulez,
07:57c'est-à-dire votre propre présence dans ce pays
07:59où il n'y aura rien, mais pas vous.
08:01Donc je ne veux pas qu'il y ait de l'OTAN,
08:03je ne veux pas qu'il y ait de l'Europe,
08:05éventuellement une espèce de neutralité.
08:07Je pense que Poutine pourrait négocier jusqu'à l'acceptation
08:09d'une neutralité avec une espèce de gouverneur général
08:11qui lui dirait on ne touche pas à la Crimée,
08:13on ne touche pas aux dons base dans l'État dans lequel ça se trouve.
08:15Je pense que c'est le genre de négociations
08:17qu'il est susceptible de faire.
08:19Et je pense que c'est le type de négociations
08:21que Zelensky ne peut pas se permettre de refuser,
08:23vu l'état de ses troupes, de son moral
08:25et puis de destruction de son propre pays.
08:27On va aussi évoquer l'attitude du président Macron.
08:29Je me posais la question il y a quelques instants dans le sommaire.
08:31Est-ce qu'il peut se mettre au centre du jeu en Europe ?
08:33C'est ce qu'il fait.
08:35Il réunit les chefs d'État-major
08:37qui étaient à Paris pour un colloque sur la défense.
08:39Il multiplie les sommets de crise.
08:41Il a pris la parole cette semaine dans le cadre
08:43de la campagne victime du terrorisme.
08:45Mais il a évoqué évidemment ces sujets de sécurité.
08:47Écoutez-le.
08:49Une grande nation, elle n'a pas à choisir.
08:51Elle a à répondre.
08:53Et elle n'a pas à décider de lutter
08:55contre les menaces géopolitiques
08:57qui s'imposent à elle
08:59ou contre les menaces sur son sol
09:01projetées par les terroristes.
09:03Elle a affaire les deux en même temps.
09:05C'est ce que nous faisons.
09:07A l'heure où l'équilibre du monde se reconfigure,
09:09où ceux qu'on croyait acquis s'éloignent
09:11et où ceux qui paraissaient exclus se rapprochent,
09:13il nous faut en effet
09:15défendre ces valeurs indéfectibles
09:17de notre République.
09:19Parce que nous n'avons aucunement
09:21envie de subir.
09:23Nous voulons choisir
09:25le destin qui est le nôtre.
09:27Là-dessus, Michel Langreve,
09:29vous ne pouvez être que d'accord avec lui.
09:31Nous ne devons pas subir. Nous devons être une grande nation
09:33qui doit répondre et choisir notre destin.
09:35Oui, il cause toujours.
09:37L'image est très intéressante.
09:39Expliquons-la à nos auditeurs.
09:41Oui, parce qu'on le voit
09:43à une tribune en train de parler et derrière,
09:45il y a un immense chantier.
09:47C'est celui de la DGSI.
09:49C'est un déplacement
09:51de la DGSI qui est dans un endroit
09:53qui va aller dans un autre état.
09:55Ce chef de l'État dit
09:57qu'il faudrait un vrai état et derrière,
09:59il montre l'état de la France.
10:01On devrait avoir des services secrets en pleine forme
10:03et là, on est juste en train de dire
10:05qu'on va les déménager, on va les déplacer.
10:07On va les reconstruire. Mais juste derrière,
10:09vous avez vu l'état. Vous avez vu Poutine,
10:11vous avez Trump, vous avez la Chine,
10:13vous avez l'Inde, vous avez un tas de pays
10:15qui ne veulent pas que du bien, l'Iran par exemple
10:17ou le Hezbollah et le Hamas
10:19et là, vous êtes en train de dire
10:21je prends la posture devant un chantier
10:23et n'ayez crainte, on va faire le nécessaire
10:25pour qu'on ait des services secrets.
10:277 ans pour faire une prison, combien de temps pour faire des services secrets ?
10:29Vraiment, il y a des moments où
10:31je ne sais pas s'il a un conseiller en communication,
10:33il doit en avoir une cinquantaine,
10:35il lui a dit il faut que tu fasses une prise de parole
10:37sur un fond neutre, mais sûrement pas sur un chantier
10:39en disant voilà à quoi ressemblent nos services secrets.
10:41Mais sur le fond, encore une fois, dire qu'on est
10:43une grande nation, rappeler que la France est
10:45une grande nation, qu'il dispose de l'arme nucléaire,
10:47tenter de se mettre au centre du jeu européen,
10:49ça, évidemment, il doit le faire.
10:51Ça s'appelle du performatif en linguistique.
10:53Le performatif, c'est que quand vous dites la chose est faite,
10:55le maire dit je vous déclare mari et femme.
10:57Vous ne l'étiez pas, il fait cette phrase, etc.
10:59Le prêtre aussi. Et vous l'êtes.
11:01Vous êtes mari et femme. Vous signez, l'affaire est réglée.
11:03Lui, il fait du performatif.
11:05Il croit qu'en disant que la France est une grande nation,
11:07elle est une grande nation du simple fait
11:09qu'il l'a dit. Mais il est le seul en France
11:11à pouvoir faire de telle sorte que
11:13le performatif soit sa signature.
11:15C'était le cas du général de Gaulle.
11:17Le général de Gaulle ne disait pas un truc.
11:19Le lendemain, autre chose.
11:21Le surlendemain, encore autre chose.
11:23Un ministre qui dirait le contraire, ou je ne sais quoi.
11:25Sa parole ne porte pas.
11:27Donc dire que la France est grande, qu'il le montre.
11:29Et qu'il fasse de telle sorte que la France ne se rapetisse pas.
11:31Elle est en train de se rapetisser depuis qu'il est au pouvoir.
11:33Donc, il le montre et on le croira.
11:35Mais ce n'est pas parce qu'il le dit qu'on va le croire.
11:37On ne peut plus croire sur parole quelqu'un
11:39qui nous a menti si longtemps.
11:41Vous savez, c'est l'histoire des loups.
11:43Quand le berger appelle au loup...
11:45Les loups, ils ne viennent pas.
11:47Un jour, le loup, il vient.
11:49Là, on est dans le même état.
11:51Devant une espèce de friche industrielle,
11:53on nous dit que la France est forte, que la France est puissante,
11:55que la France est dominatrice, etc.
11:57Mais non, la France n'est plus ça.
11:59C'est la France qui a contribué à détruire tout ça.
12:01Et que les maastrichtiens ont contribué à détruire tout ça depuis 1992.
12:03En disant, contribuons à ce fameux État maastrichtien,
12:05dépouillons la mariée
12:07et puis donnons tout ce qui faisait le génie de la France à l'Europe.
12:09Dernier rendez-vous,
12:11dernier cadeau que Macron prévoit de faire
12:13à l'Europe maastrichtienne,
12:15à cet État maastrichtien,
12:17le siège à l'ONU et l'arme nucléaire.
12:19Il ne l'a pas dit comme tel.
12:21Il l'a dit il y a quelque temps.
12:23Il a rappelé qu'il ne partagerait pas la dissuasion nucléaire,
12:25mais qu'il ouvrait le débat.
12:27Il l'a dit il y a plus longtemps.
12:29En même temps, on ne peut pas dire
12:31ce qu'il y a de plus récent,
12:33c'est un peu la logique du journalisme,
12:35c'est de croire que ce qui est plus récent est plus vrai.
12:37Mais il a dit précédemment quelque chose de beaucoup plus grave.
12:39Macron ne change pas d'avis, il n'a pas d'avis.
12:41Simplement, quand vous dites ça,
12:43vous dites, on est prêt à partager le bouton nucléaire
12:45avec Angela Merkel,
12:47et puis après vous dites...
12:49J'entends Michel, mais sur l'effort de réarmement français,
12:51là vous dites, il faut le faire, évidemment.
12:53Il faut le faire, il faut que notre pays se réarme.
12:55Il lui a fallu ne pas commencer par détruire.
12:57Ce qui est plus facile,
12:59c'était plus facile de conserver que de détruire.
13:01On détruit puis on veut reconstruire.
13:03Je rappelle que le général de Villiers est parti
13:05sur des conflits de ce genre-là,
13:07sur des conflits budgétaires.
13:09Quand vous êtes le chef d'État-major de la France,
13:11vous savez très bien, vous avez des rapports qui vous arrivent sur le bureau,
13:13vous savez très bien à quoi ça ressemble la France,
13:15et vous savez très bien quels sont les enjeux.
13:17Donc quand vous allez voir le chef de l'État en lui disant,
13:19on a besoin d'argent, un chef d'État digne de ce nom,
13:21c'est quelqu'un qui dit, vous aurez.
13:23Je ne vais pas vous entendre, je vais vous écouter, je vais vous entendre bien sûr,
13:25mais on va commencer par là.
13:27Vous aurez ce budget puisque vous me le demandez.
13:29Et qu'il n'était pas du genre à demander un budget
13:31juste pour avoir d'autres petits chars en plus.
13:33On n'a plus d'armée,
13:35on n'a plus l'aviation.
13:37Tout ça, on nous dit, en trois jours
13:39d'une guerre intense, on serait à plat.
13:41Un conflit d'autres intensités, oui.
13:43C'est très exactement ce qui s'est passé avec la débâcle.
13:45C'est très exactement ce qui s'est passé.
13:47Reprenez, je ne suis pas du genre à dire,
13:49regardez les années 30, etc.
13:51Comme dans du beurre.
13:53Parce qu'un certain général de Gaulle avait dit précédemment
13:55qu'il fallait une aviation, qu'il fallait des chars,
13:57qu'il fallait des radios qui permettaient aux chars
13:59et aux avions d'être en relation de façon à ce que
14:01on puisse avancer sur un front.
14:03Ah non, on a la ligne Maginot, nous.
14:05Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté ?
14:07Un Guderian qui lui, se fait traduire de Gaulle
14:09et comprend bien que de Gaulle a raison et fait le nécessaire.
14:11Et quand il arrive avec ses blindés dans les Ardennes,
14:13qu'est-ce qu'il se passe ? Il y a les avions, il y a les chars
14:15et il arrive, l'affaire est réglée, l'affaire est pliée.
14:17Donc tous les gens, comme le général de Villiers par exemple,
14:19qui ont dit des choses avant et à qui on a dit
14:21allez vous faire voir, ou le général de Gaulle
14:23à qui on a dit en son temps, dans les années 30,
14:25allez vous faire voir, sont des gens qui avaient raison.
14:27Alors c'est facile aujourd'hui de dire y'a qu'à.
14:29Je le rappelle, s'il faut 7 ans pour faire une prison,
14:31combien de temps faut-il pour fabriquer
14:33une armée nouvelle ? Pour utiliser la formule
14:35de Jean Jaurès.
14:36Et dans ce contexte, Michel Longfray,
14:38où certains voient une politique de la peur
14:40s'instaurer dans notre pays,
14:42on entendra dans un instant l'inquiétude des Français,
14:44on va écouter Charles Millon, ancien ministre de la Défense,
14:47qui demande justement au président Macron
14:49d'arrêter cette politique de la peur.
14:51On a effectivement un pays
14:53qui a agressé un autre pays,
14:55la Russie a agressé l'Ukraine,
14:58mais on cherche maintenant
15:00les chemins de la paix, on va pas continuellement
15:02alimenter un climat
15:04de peur et de guerre.
15:06Donc pour aller sur les chemins
15:08de la paix, il faut le faire avec intelligence,
15:10avec discrétion, avec finesse,
15:12avec modestie,
15:14et un peu d'enthousiasme,
15:16parce qu'en fait on voudrait voir
15:18un avenir plus serein.
15:20C'est pour ça que je crois
15:22qu'il faudrait que le président de la République
15:24revienne à
15:26une pratique qui soit
15:28une pratique classique
15:30de la diplomatie. On est quand même étonnés
15:32par ces réunions
15:34qui sont répétées tous les jours aujourd'hui
15:36pour pouvoir faire
15:38comme si on était à la veille
15:40d'une conflagration
15:42demain dans le continent européen.
15:44Voilà pour Charles Millon. Vous partagez
15:46son analyse, Michel Onfray.
15:48Écoutez, je souscris à tout, et je me disais
15:50que finalement il y avait une opposition entre les anciens
15:52et les modernes. Moi je redécouvre
15:54le visage de ce monsieur
15:56que j'ai connu à une époque où effectivement
15:58il avait peut-être 20 ans de moins, où il faisait de la politique.
16:00Charles Millon comme
16:02je ne sais quoi président de région, je crois.
16:04Oui, je ne sais pas, mais en tout cas
16:06il était ancien ministre de la Défense à coup sûr.
16:08Et en fait je me dis, il a raison
16:10sur tout. Cette façon à l'ancienne
16:12de faire de la politique en disant, oui, je constate
16:14qu'effectivement c'est la Russie qui a envahi l'Ukraine.
16:16Il ne s'agit pas de prendre position pour Poutine
16:18et puis d'inventer tout et n'importe quoi.
16:20Oui, il faut faire une diplomatie qui va vers la paix.
16:22Non, on ne doit pas utiliser la peur.
16:24Oui, il faudra discuter, etc.
16:26Je me dis, mais c'est formidable, à l'ancienne comme ça.
16:28Plutôt que de faire le kéké devant les caméras
16:30en disant, il y a qu'à, il faudrait,
16:32et on y va. De fait, la question
16:34de la peur,
16:36c'est quelque chose d'assez facile
16:38à utiliser en démocratie.
16:40Il vous suffit juste de trouver quelqu'un en vous disant,
16:42c'est le loup, c'est le grand méchant loup.
16:44Et ça marche avec Marine Le Pen, il faut avoir peur de Marine Le Pen,
16:46il faut avoir peur du fascisme, il faut avoir peur du nazisme,
16:48il faut avoir peur de Radour Surglane, il faut avoir peur
16:50du retour du
16:52fascisme en France. Et on se dit juste, oui,
16:54bien sûr qu'il faut avoir peur de tout ça. Sauf que tout ça
16:56n'est pas là. Il n'y a pas de
16:58Waffen SS qui circule dans les rues de Paris
17:00en disant, nous sommes aux portes du pouvoir
17:02et dans les élections prochaines, etc.
17:04Donc il a raison, il ne faut surtout pas,
17:06comme j'ai dit, conjurer la peur en disant,
17:08de la raison, c'est le contraire de la peur.
17:10Mais la réalité, Michel,
17:12c'est que les Français ont peur maintenant, ça y est, c'est installé
17:14dans l'opinion publique, que ce soit chez les jeunes,
17:16chez les moins jeunes, surtout
17:18chez ceux qui ont connu la guerre. Écoutez
17:20la réaction des Français que
17:22nous avons interrogés sur ce thème-là.
17:24J'ai très peur qu'il y ait
17:26vraiment une troisième guerre mondiale
17:28et puis qu'il y ait des soldats au sol,
17:32et notamment qu'on prenne mes enfants.
17:34J'avoue, je ne me suis pas forcément posé la question.
17:36Pour l'instant, ça ne me touche pas.
17:39Peut-être mon naturel optimiste.
17:41Peut-être que ça va finir par s'arranger.
17:43J'essaye de relativiser
17:45et de prendre les choses,
17:47de voir, de rester confiante.
17:49Ça ne vaut pas grand-chose.
17:51C'est un peu bizarre du jour au lendemain
17:53de partir au fond comme ça.
17:55Je n'y ai jamais trop pensé
17:57et partir comme ça du jour au lendemain,
17:59ça fait un peu peur.
18:01M'engager, ça ne me dérangerait pas.
18:03Pour la patrie, je le ferai.
18:05Après, ce n'est pas mon ambition
18:07tout de suite de partir.
18:09Voilà pour ces réactions assez intéressantes
18:11de Français, les plus jeunes,
18:13qui disent, oui, je n'ai pas très envie,
18:15mais s'il faut le faire, je le ferai.
18:17Le jeune nous dit qu'il le ferait,
18:19mais à la retraite.
18:21Pour l'heure, il ne faut pas trop exagérer.
18:23Je ne suis pas pour les micro-trottoirs.
18:25Non, mais ça dit quelque chose du climat.
18:27Ça dit quelque chose de ceux qui choisissent,
18:29ceux qui auront été sélectionnés.
18:31C'est ce que je voulais dire.
18:33Je crois qu'il y a quelque chose de grave
18:35dans cette histoire, c'est que c'est compliqué.
18:37Les gens à qui on pose des questions compliquées
18:39ne veulent pas ne pas donner de réponse
18:41en disant que c'est trop compliqué.
18:43Je n'y comprends rien.
18:45Si vous commencez à entrer dans le détail
18:47en disant qu'il s'est passé quoi, quand, etc.
18:49La presse vous dit aujourd'hui
18:51que depuis que Poutine a envahi l'Ukraine,
18:53la guerre a commencé.
18:55Elle a 10 ans, cette guerre.
18:57On n'en parle pas depuis 10 ans,
18:59on parle depuis 14 ans.
19:01Avec l'invasion de la Crimée.
19:03Les gens ne savent pas
19:05ce qui distingue la Crimée, le Donbass
19:07et pourquoi, qui veut quoi à qui.
19:09Il y a des gens qui disent que ce n'est pas bien
19:11de faire la guerre, donc Poutine a tort.
19:13Il a raison, les gens qui pensent comme ça.
19:15On négocie, on fait de la politique,
19:17on fait des bras de fer, on fait tout ce qu'il faut
19:19pour faire avancer la cause et les idées.
19:21Mais on ne bombarde pas des populations civiles,
19:23ça n'a aucun sens.
19:25Donc oui, les gens ont peur,
19:27mais si la patrie a besoin de nous, pourquoi pas ?
19:29On parle de patriotisme, Emmanuel Macron,
19:31il faut le faire quand même, patriotisme.
19:33Est-ce qu'il croit qu'il y a une seule cause en France
19:35qui permettrait à des enfants, à des jeunes,
19:37à des ados, des gens qui ont 20 ans,
19:39de dire je mets mon portable de côté, j'y vais, je vais mourir,
19:41pour une cause ? Laquelle ? L'Ukraine ?
19:43L'Europe de Maastricht ?
19:45Même la République ou je ne sais quoi.
19:47Je ne pense pas qu'il y ait une seule cause aujourd'hui.
19:49Même la cause des jeunes, le réchauffement climatique,
19:51aller au front pour mourir.
19:53Des vraies causes de mobilisation.
19:55Le tri sélectif,
19:57les bicyclettes à moteur électrique,
19:59ce genre de choses.
20:01Quelles sont les causes qui permettraient,
20:03quand on a 20 ans aujourd'hui, de dire je donne ma vie.
20:05Le patriotisme, c'est ça.
20:07J'aime bien ma patrie, mais vaguement, de loin.
20:09Venez me chercher, mais prenez votre temps.
20:11C'est plus compliqué que ça.
20:13Je rappelle quand même que quand les poilus partent
20:15avec la fleur au fusil, ils se disent
20:17on y va et on va mourir.
20:19C'était une époque où on croyait en Dieu aussi,
20:21et où on pensait que si on mourait sur le front,
20:23c'était notre devoir. Il n'y a plus de paradis,
20:25il n'y a plus de devoir, y compris dans la religion.
20:27Et il n'y a rien qui motiverait les gens à dire
20:29je donne mon corps à la patrie.
20:31Je suis vraiment patriote.
20:33Quand Emmanuel Macron utilise ce mot, il est un peu imprudent.
20:35Il fait peur aux gens, et en même temps,
20:37quand il parle de patriotisme, c'est bien la première fois
20:39que je l'entends parler de patriotisme.
20:41Donc il faut comprendre, quand il dit patriotisme,
20:43patriotisme européen.
20:45L'autre chose qu'ont très bien compris les Français,
20:47c'est que l'effort de guerre,
20:49parce qu'on est dans un réarmement militaire
20:51de notre pays, va peser aussi sur eux.
20:53On va écouter, et vraiment,
20:55les mots employés sont très importants.
20:57Les mots d'Éric Lombard,
20:59le ministre de l'économie, qui a dit à l'Assemblée nationale
21:01que l'épargne privée,
21:03celle des Français, serait mobilisée.
21:05Écoutez-le.
21:07Nous allons mobiliser effectivement l'épargne privée.
21:09Je peux vous dire que le 20 mars,
21:11vous vous demandez quand, avec mon collègue
21:13ministre des Armées, nous allons réunir
21:15à Bercy les investisseurs
21:17et les entreprises de la base
21:19industrielle et technologique de défense
21:21afin de mobiliser l'épargne privée
21:23et afin que cette épargne finance
21:25notre effort de défense
21:27qui va s'accroître.
21:29Je ne suis pas sûr qu'un livret dédié
21:31soit une solution, puisqu'il y a déjà
21:33beaucoup d'outils d'épargne qui existent,
21:35que ce soit les fonds du livret A,
21:37gérés par la Caisse des dépôts,
21:39ou les fonds qui sont sur l'ensemble des véhicules d'investissement
21:41gérés par les banques, par les assureurs,
21:43par les gestionnaires d'actifs.
21:45C'est surtout cette épargne que nous souhaitons mobiliser
21:47afin qu'effectivement les Françaises
21:49et les Français participent à cet effort
21:51qui nous permette d'assurer la sécurité
21:53de notre pays
21:55et de l'ensemble de l'Union Européenne.
21:57Très important ce que vient de dire Eric Lombard,
21:59c'est que l'effort, c'est les Français
22:01évidemment qui vont le porter.
22:03Trois fois mobiliser, vous avez entendu ?
22:05Le vocabulaire de guerre.
22:07Donc je comprends que des jeunes hommes
22:09ou des jeunes femmes puissent se dire
22:11est-ce qu'il va vraiment y avoir la guerre ?
22:13Voilà un homme qui nous dit, moi je m'occupe de l'économie et des finances,
22:15mobiliser, mobiliser, mobiliser.
22:17Plus l'épargne privée.
22:19Je ne suis pas un technicien de ces choses-là
22:21mais je me rappelle qu'à une époque, Michel Sapin,
22:23ministre socialiste, avait
22:25concocté une loi qui en gros permettait
22:27d'aller récupérer les bas de laine des Français
22:29en disant vous avez de l'argent, on n'en a plus
22:31donc c'est normal qu'on puisse aller
22:33récupérer ce dont on a besoin.
22:35Là il n'y a pas d'argent pour les paysans,
22:37il n'y a pas d'argent pour les médecins,
22:39il n'y a pas d'argent pour les prisons,
22:41il n'y a pas d'argent, on ne peut pas construire des prisons,
22:43on ne peut pas construire des écoles.
22:45Il y a une dette abyssale.
22:47Et là d'un seul coup on se dit, reprenons un crédit,
22:49recommençons, et on se dit mais l'argent se trouve,
22:51il n'y aura pas d'impôt.
22:53Faites-nous voir votre compte,
22:55et vous avez de l'argent, à quoi vous allez utiliser,
22:57vous allez partir en vacances avec ça.
22:59Allez, les vacances sont annulées, vous allez financer l'effort de guerre.
23:01Par ailleurs, je ne sais pas si ces gens savent
23:03à quoi ressemble la France.
23:05Les Français sont pauvres,
23:07ils sont miséreux pour beaucoup.
23:09Il y a des gens qui travaillent beaucoup,
23:11qui dorment dans leur voiture, je le dis souvent,
23:13mais travaillent, dorment dans leur voiture parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter.
23:15Après, il y a une réalité économique,
23:17Michel, c'est que le taux d'épargne n'a jamais été aussi haut en France,
23:19parce que les Français ont peur de l'avenir, tout simplement.
23:21Ceux qui ont quelques moyens, les mettent de côté en disant
23:23on ne sait pas ce qui nous attend dans les mois qui arrivent.
23:25J'ai vu des gens me dire qu'ils mettaient 20 euros par mois
23:27d'économie sur un compte ou en décompte.
23:29Mais bien sûr.
23:31On ne parle pas des milliardaires là.
23:33Non, on n'aurait pas non plus sollicité les milliardaires tout le temps.
23:35Il y a un moment donné où on se dit,
23:37on dépense, peut-être qu'on pourrait regarder en se disant,
23:39chacun fait ça chez soi,
23:41on va peut-être commencer par, je ne sais pas,
23:43si on a trois abonnements de téléphone, on va peut-être en prendre un seul,
23:45faire des économies,
23:47plutôt que d'aller taper toujours sur les mêmes.
23:49Et toujours les mêmes, c'est quoi ? C'est souvent les pauvres aussi.
23:51Quand vous augmentez la TVA,
23:53il ne paie pas d'impôts ces gens-là.
23:55Mais il y a des gens qui ne paient pas d'impôts. Mais si, tout le monde paie des impôts.
23:57Quand vous faites votre petit déjeuner le matin,
23:59sur le pain, vous avez payé de la TVA, sur le café, TVA,
24:01sur le beurre, TVA, sur les croissants, TVA, etc.
24:03Donc vous payez des impôts.
24:05Cette façon de dire toujours, mais pour les pauvres,
24:07pour les miséreux, pour les sans-grâce, il n'y a pas d'argent.
24:09Tirez-vous. Les paysans, on leur envoie les blindés.
24:11Quand ils disent juste,
24:13on est obligés de se pendre. Nous n'avons qu'à continuer à vous pendre,
24:15ce n'est pas notre problème, on n'a pas d'argent.
24:17Sauf que là, d'un seul coup, quand il s'agit d'accueillir
24:19toute l'immigration du monde, il y a de l'argent.
24:21Quand il s'agit de faire une guerre qui n'est pas la nôtre.
24:23Qui n'est pas la nôtre.
24:25Le destin de l'Europe ne se joue pas en Ukraine ?
24:27Mais le destin de l'Europe, il se joue ailleurs et autrement.
24:29Et que je sache, l'Ukraine ne fait pas partie de l'Europe.
24:31Et la Russie ne fait pas partie de l'Europe.
24:33Ce sont deux pays qui ne sont pas dans l'Europe mastrichienne.
24:35Et qu'on voudrait ramener, du moins pour l'Ukraine.
24:37Moi, je voudrais qu'on puisse solliciter les peuples.
24:39Vous savez que moi, je suis gaullien.
24:41Et que je crois à la possibilité des référendums.
24:43Demander au peuple s'il veut que cette guerre soit faite.
24:45Demander au peuple s'il veut...
24:47Alors d'ailleurs, il y a un référendum qui serait extrêmement simple.
24:49C'est justement d'ouvrir les portes.
24:51Demander au peuple s'il veut...
24:53Alors d'ailleurs, il y a un référendum qui serait extrêmement simple.
24:55C'est justement d'ouvrir un livret en disant, donnez de l'argent.
24:57Alors là, je rigole. Je rigole.
24:59Parce que franchement, il n'y aurait rien du tout.
25:01Les gens qui sont obligés de finir les fins de mois,
25:03de terminer leurs fins de mois sans manger de la viande,
25:05voire en économisant un repas sur deux,
25:07je vois mal qu'ils mettent de l'argent.
25:09Mettraient-ils de l'argent qu'ils mettraient 10 euros ?
25:11Il en faut des billets de 10 euros pour faire des missiles,
25:13pour faire des tanks, pour faire des chars, pour faire des bombes.
25:15Et peut-être même une bombe atomique.
25:17Et finalement, notre président de la République
25:19semble ne pas craindre un conflit ouvert
25:21avec la Russie en se disant que
25:23cette puissance nucléaire,
25:25elle rencontre en face d'elle une autre puissance nucléaire
25:27et que ça fait bien longtemps que la bombe atomique
25:29n'a pas servi et qu'elle pourrait bien servir dans cette occasion.
25:31C'est peut-être le moment où on peut solliciter.
25:33Ça fait 10 ans qu'elle dure, cette guerre.
25:35C'est le moment de solliciter les peuples.
25:37Qu'on aille vraiment au référendum
25:39plus que l'Assemblée nationale.
25:41On sait comment elle est construite.
25:43Mais en disant, voulez-vous,
25:45c'est extrêmement clair, voulez-vous que la France
25:47mène un effort de guerre pour mener une guerre
25:49en soutenant l'Irak
25:51contre l'invasion russe ?
25:53Oui ou non ? Si c'est oui, c'est oui.
25:55Moi je suis un démocrate.
25:57J'ai dit l'Irak ?
25:59Oui, parce que tout ça se ressemble.
26:01Tout ce qu'on a fait en Ukraine,
26:03en Libye, etc. C'est exactement la même chose.
26:05On veut redessiner les frontières du monde
26:07indépendamment des peuples.
26:09Et qu'on sollicite aussi
26:11les Ukrainiens, y compris les Ukrainiens
26:13qui, en base, voudraient rester russes.
26:15Ça fait partie des choses possibles et envisageables.
26:17On pourrait même imaginer qu'avec Israël
26:19et la Palestine, on puisse penser
26:21en termes d'État qui ne serait pas
26:23des États jacobins.
26:25Qu'on puisse sortir du modèle jacobin
26:27et retrouver le modèle d'Albert Camus
26:29qui est un modèle de fédération.
26:31Pas forcément la Suisse, mais encore que.
26:33Je pense que la Suisse a beaucoup plus de vertu
26:35qu'un État jacobin qui lui impose
26:37et détruit tout ce qui n'est pas lui.
26:39Michel Onfray, on va faire une petite pause
26:41pour parler de l'Union européenne
26:43et de cette union peut-être fédéraliste
26:45qui avance à pas feutrer
26:47petit à petit dans la tête de nos dirigeants.
26:49A tout de suite sur CNews et sur Europe 1.
26:51Et on se retrouve en face à Michel Onfray
26:53pour la seconde partie sur CNews et sur Europe 1.
26:55Michel, on va parler de la défense européenne,
26:57de l'Union européenne, évidemment, parce que cette idée
26:59chemine petit à petit dans le champ lexical
27:01de nos dirigeants. Je sais que le général De Gaulle
27:03et je ne vais pas vous l'expliquer à vous
27:05qui est un gaulliste, a toujours plaidé en faveur
27:07d'une Europe des États et des nations
27:09une Europe fédérale. Vous avez l'impression que c'est vers ça
27:11qu'on nous emmène ?
27:13Ah oui. Alors d'abord je le dis depuis des années,
27:15je ne peux pas imaginer que Emmanuel Macron puisse me lire
27:17ou m'écouter ou je ne sais quoi.
27:19Ou même Marine Le Pen, mais j'entends de temps en temps des idées
27:21On va l'écouter justement, Marine Le Pen, après.
27:23Très bien. Mais mes idées ne m'appartiennent pas
27:25si elles sont justes, il faut qu'elles avancent.
27:27Et je le dis depuis très longtemps
27:29qu'il y a un État mastrichien et que cet État,
27:31je dis d'ailleurs, il a son drapeau,
27:33il a son hymne, il a sa monnaie,
27:35il a sa langue anglaise, il a son droit,
27:37il a même ses juridictions,
27:39et que tout ça est supérieur aux juridictions nationales.
27:41Et que donc à chaque fois, on ne peut pas d'ailleurs
27:43voir un drapeau France apparaître
27:45sans qu'il soit tout de suite flanqué d'un drapeau européiste,
27:47je dirais.
27:49Donc il faut savoir que dans l'esprit d'Emmanuel Macron,
27:51à chaque fois qu'il parle de la France, c'est la France
27:53au service de l'Europe. Et ce n'est pas l'Europe
27:55au service de la France. Quand le général De Gaulle veut faire une Europe,
27:57il veut faire une Europe française.
27:59Et il s'est passé quoi ? Il s'est passé une Europe allemande.
28:01L'Europe, elle a été allemande pendant très longtemps.
28:03Et puis maintenant que l'Allemagne n'a plus grand chose
28:05à faire de ce jouet qu'est l'Europe,
28:07on le balance.
28:09Et puis on dit maintenant on va faire autre chose et autrement.
28:11À défaut de faire une Europe allemande.
28:13Maintenant ils peuvent très bien refaire
28:15une Europe américaine.
28:17Trump se trompe quand il dit que ça a toujours été fait
28:19pour ennuyer.
28:21C'est pas le mot qu'il utilise.
28:23Ennuyer les Etats-Unis ? Pas du tout.
28:25Ça a été fabriqué par Jean Monnet qui était lui-même
28:27agent de la CIA, PIA, etc.
28:29C'est l'Europe de Mitterrand qui lui vient de la Francisque.
28:31C'est pas du tout une Europe gaullienne.
28:33Et l'Europe du général de Gaulle
28:35c'est sûrement pas une Europe
28:37de Jean Monnet.
28:39Donc l'Europe de Jean Monnet c'est celle d'Emmanuel Macron.
28:41Et c'est une Europe post-nationale.
28:43Donc il faut détruire tout ce qui est nation.
28:45C'est pourquoi il n'y a pas de culture française.
28:47Tout ce qui détruit la culture française c'est formidable.
28:49C'est pourquoi aux Jeux Olympiques,
28:51dès qu'on peut décapiter la Reine une seconde fois, c'est formidable.
28:53Dès qu'on peut moquer la Seine
28:55et l'Eucharistie.
28:57C'est formidable, continuez aussi.
28:59Donc détruisez tout ce qui est national.
29:01Et il nous faut du post-national et cantonoral.
29:03Et pourquoi ? C'est pourquoi d'ailleurs
29:05Mélenchon est l'allié, l'idiot utile,
29:07si je puis me permettre l'expression, sans que l'heure comme nous tombe dessus,
29:09de cette idéologie-là.
29:11Parce qu'au bout du compte, in fine, ils finissent tous par voter
29:13pour ce projet-là. Les uns en disant
29:15il est formidable, les autres en disant...
29:17Pardon ? Les autres en disant
29:19il y a Marine Le Pen en face, c'est le fascisme.
29:21Globalement tout le monde se retrouve pour voter pour cet État
29:23devenu totalitaire, de plus en plus.
29:25Écoutons Marine Le Pen justement.
29:27Elle était l'invité de nos antennes cette semaine.
29:29Ils ne sont pas en train de créer
29:31une Europe fédéraliste.
29:33Ils sont en train de créer
29:35un État unitaire européen.
29:37C'est un tout petit peu différent
29:39et c'est beaucoup, j'allais dire,
29:41c'est beaucoup plus grave.
29:43On peut très bien engager encore une fois des projets
29:45avec des nations européennes.
29:47Je vais vous donner un exemple
29:49fondamental.
29:51On est en train de discuter de réarmement,
29:53on parle d'autonomie,
29:55on se pousse du col. Très bien.
29:57Eh bien, faisons-le.
29:59Faisons-le.
30:01La première des choses, c'est peut-être
30:03de ne pas dépendre des puces
30:05que l'on met dans nos missiles
30:07et qui viennent de Taïwan.
30:09Donc, est-ce qu'on ne peut pas,
30:11par exemple, créer
30:13un MBDA
30:15des puces, puisque
30:17les machines qui fabriquent les puces
30:19sont néerlandaises. Eh bien,
30:21ne peut-on pas, avec les nations européennes,
30:23se mettre ensemble en disant
30:25on va réfléchir
30:27à créer une filière
30:29européenne
30:31des puces.
30:33Marine Le Pen, qui était l'invité de Sonia Mabrouk
30:35cette semaine, vous êtes d'accord avec son analyse ?
30:37Michel Onfray, ce n'est pas une Europe fédéraliste,
30:39c'est autre chose.
30:41Elle est d'accord avec mon analyse.
30:43Je l'entends parler, moi ça fait une quinzaine d'années que je le dis.
30:45Je ne suis pas sûr que depuis une quinzaine d'années
30:47elle tienne ce discours. Formidable, elle le tient,
30:49les idées avancent, c'est très bien.
30:51Même chose, le mot souverainiste, ils sont mauvais.
30:53On a créé Front Populaire pour
30:55désencrasser tout ça, on commence à réutiliser
30:57le mot, très bien. Je ne veux pas dire que
30:59je ne veux pas m'accorder les mérites
31:01d'un certain nombre de concepts.
31:03Quand ils sont volés, ils réapparaissent sur le marché
31:05et on ne dit jamais comme le dit, etc.
31:07Certains ont droit à ça, il y a des individus qu'on peut citer
31:09et d'autres qu'on ne cite pas.
31:11Donc oui, évidemment, je suis d'accord avec elle, puisqu'elle est d'accord avec moi.
31:13Je ne sais pas quand elle a découvert
31:15qu'il y avait un état maastrichtien, mais ça me réjouit
31:17qu'elle l'ait découvert.
31:19Vos idées avancent, vous voyez Michel.
31:21L'important c'est que l'idée soit juste, ce n'est pas qu'elle soit mienne.
31:23Et si c'est une idée qui peut permettre
31:25quelque chose pour la France,
31:27alors je suis très heureux, très content, et qu'on efface mon nom.
31:29Ça m'est égal d'avoir la paternité du concept.
31:31Si les gens, avec ce concept,
31:33peuvent penser qu'effectivement il y a des choses à faire
31:35sur ce terrain-là en disant il ne faut pas
31:37de cet état maastrichtien, alors c'est formidable.
31:39Moi je me moque des histoires de paternité
31:41des concepts.
31:43Michel Onfray, on est sur CNews et sur Europe 1.
31:45On va évoquer autre chose maintenant,
31:47quelque chose qui vous tient à cœur, c'est
31:49la détention de Boilem Sansal.
31:51Votre ami depuis 4 mois
31:53dans les geôles algériennes.
31:55Son avocat, Maître François Zimré,
31:57est désespéré, il n'a aucune nouvelle de lui,
31:59il n'a pas pu voir son client. Il a décidé
32:01de saisir l'ONU désormais
32:03pour dénoncer le caractère arbitraire
32:05de cette détention. On va l'écouter et après on va parler
32:07de l'Algérie. Maître Zimré.
32:09Le message c'est que 4 mois après son incarceration,
32:11je suis obligé de me rendre
32:13au constat
32:15que ni la modération,
32:17ni la pondération,
32:19ni le respect du cadre procédural
32:21algérien dans lequel j'ai voulu m'inscrire
32:23n'ont porté leurs fruits
32:25et qu'aujourd'hui
32:27aucun accès n'est possible à Boilem Sansal
32:29ni au dossier,
32:31sa défense est impossible.
32:33Et qu'à partir du moment où il n'a pas de défense possible,
32:35il ne peut pas y avoir de procès équitable,
32:37de procès juste, et sans procès juste
32:39la détention est arbitraire.
32:41Et puisque la détention est arbitraire,
32:43nous allons saisir les procédures spéciales des Nations Unies
32:45pour dénoncer l'absence
32:47de procès équitable
32:49et le caractère arbitraire
32:51de cette persécution
32:53devant les instances onusiennes.
32:55Maître François Zimré,
32:57l'avocat de Boilem Sansal,
32:59évidemment en appeler à l'ONU
33:01c'est aléatoire mais c'est sans doute
33:03une des dernières cartouches qui lui restent.
33:05Moi j'aime beaucoup François Zimré,
33:07j'ai eu l'occasion de le rencontrer quand il était ambassadeur
33:09à Copenhague et que j'étais encore invité pour faire des conférences
33:11à l'étranger et que je n'étais pas pestiféré.
33:13Mais revenons au Général de Gaulle.
33:15Quand le Général de Gaulle intervient
33:17pour Régis Debray,
33:19Régis Debray ce n'est pas sa tasse de thé,
33:21à l'époque Régis Debray il défend Che Guevara,
33:23mais le Général de Gaulle intervient pour le libérer
33:25des eaux de Bolivie. Il ne vient pas à la télévision
33:27dire j'ai fait ceci, j'ai fait cela, etc.
33:29Mais le Général intervient.
33:31Quand Sartre distribue la cause du peuple
33:33et qu'on dit on va embarquer Sartre,
33:35que dit le Général de Gaulle ?
33:37On n'enferme pas Voltaire, on n'en bastille pas Voltaire.
33:39C'est-à-dire qu'il faut lire
33:41les entretiens de Sartre avec Garaci.
33:43Je vous assure que les grossièretés, les vulgarités
33:45que Sartre utilise pour parler
33:47du Général de Gaulle, c'est assez terrible.
33:49Eh bien le Général de Gaulle avait le sens
33:51de ce qu'était un écrivain.
33:53Que ce soit Régis Debray ou que ce soit Jean-Paul Sartre.
33:55Emmanuel Macron qui nous fait le coup
33:57du G3 pléiade sur mon bureau
33:59où j'écris
34:01dans la NRF, la NRF qui ouvre
34:03ses colonnes d'ailleurs dès qu'il est devenu jeune président
34:05de la République, ou qui nous dit j'aime beaucoup le théâtre
34:07et j'aime beaucoup les lettres, etc.
34:09La littérature. Qu'il en fasse une affaire personnelle.
34:11Qu'il soit un peu De Gaulle sur ce seul sujet-là.
34:13Et qu'il fasse comme le Général de Gaulle
34:15avec Régis Debray ou avec Jean-Paul Sartre
34:17en disant on n'en bastille pas Boilem-Sensal.
34:19Coupable de quoi ?
34:21D'avoir écrit, d'avoir pensé,
34:23d'avoir manifesté une pensée qui n'est pas la pensée
34:25que le gouvernement algérien
34:27voudrait voir propager.
34:29Le chef de l'État pourrait très bien dire
34:31j'en fais une affaire personnelle
34:33et je me donne tant de temps, sans forcément
34:35venir à la télévision, mais de se dire à lui-même
34:37je me donne tant de temps, vous allez m'aider ?
34:39Avec les chancelleries, comme il a détruit
34:41toutes les chancelleries. Avec un certain nombre de gens
34:43dont le métier consiste à aller faire
34:45les passages. Je pense à Jean-Pierre Chevènement.
34:47Des gens qui ont l'oreille. Et même Dominique
34:49de Villepin, pour lequel j'ai pas forcément beaucoup de sympathie.
34:51Mais qui pourrait faire ce genre de travail en disant
34:53s'il vous plaît, c'est notre écrivain.
34:55Je rappelle qu'il est franco-algérien.
34:57Donc c'est un compatriote français.
34:59Et le chef de l'État devrait y mettre
35:01tout son poids.
35:03Un petit mot de la France Insoumise.
35:05Pas une semaine sans une nouvelle polémique.
35:07Cette semaine, à l'Assemblée Nationale,
35:09c'est un député, Raphaël Arnaud,
35:11fiché S, qui a décidé d'organiser
35:13une conférence sur l'islamophobie
35:15avec le CCIE,
35:17qui est le nouvel avatar du CCIF,
35:19qui était un comité justement
35:21dissous par Gérald Darmanin.
35:23Ça a donné lieu d'ailleurs à une passe d'armes entre
35:25députés de droite et LFistes.
35:27On va écouter surtout Florence Bergeau-Belaclaire,
35:29qui est connue pour ses études sur
35:31l'antrisme et les frères musulmans.
35:33Elle dit que l'islamophobie est un prétexte.
35:35Écoutez-la.
35:37La lutte contre l'islamophobie,
35:39c'est pour moi un djihad défensif
35:41qui consiste dans un premier temps
35:43à marteler que l'État
35:45est raciste structurellement,
35:47que les musulmans
35:49sont maltraités, qu'ils sont des citoyens
35:51de seconde zone, voire
35:53qu'ils sont traités comme les juifs des années 30.
35:55Et dans un second temps,
35:57appeler les musulmans à se défendre,
35:59voire à se soulever, voire à attaquer
36:01ceux qui les persécuteraient.
36:03Donc on voit que l'islamophobie,
36:05ce n'est pas un instrument
36:07de lutte contre la discrimination,
36:09c'est un instrument politique, ou en tout cas
36:11qui permet de légitimer le passage
36:13aux politiques des frères musulmans,
36:15voire même légitimer
36:17la violence.
36:19Florence Bergeau-Belaclaire est chercheuse au CNRS,
36:21Michel, on le sait.
36:23Oui, elle a raison, d'autant que d'abord,
36:25elle est sous protection policière pour dire des choses vraies,
36:27pour dire des choses justes.
36:29Elle n'est pas sous protection policière pour avoir appelé
36:31à égorger des gens, pas du tout.
36:33Elle dit des choses justes et vraies,
36:35elle est même interdite de conférences, etc.
36:37Donc tout ce qu'elle dit est vraiment toujours
36:39très bienvenu.
36:41Donc on voit bien qu'aujourd'hui,
36:43il y a des gens qui laissent faire.
36:45Pourquoi la présidente de l'Assemblée nationale
36:47qui s'est fait insulter par la France insoumise
36:49quand on a dit qu'elle était allée en Israël
36:51en disant qu'elle l'avait campée ?
36:53Dans le genre, le camp,
36:55Mme Brun-Pivet est juive, etc.
36:57Elle se prend une gifle et le temps, l'autre joue.
36:59Ça peut se faire, mais il faut le dire.
37:01On peut dire à un moment donné, moi je suis interdit
37:03de plein d'endroits, je ne vois pas pourquoi on n'interdirait pas
37:05des gens à l'Assemblée nationale en estimant
37:07qu'on ne peut pas accepter des gens qui défendent la France.
37:09– Elle a dit qu'elle regrettait cette réunion, qu'elle ne pouvait pas l'interdire.
37:11– Pourquoi elle ne pouvait pas l'interdire ?
37:13Je vous assure que quand on veut, on peut dans ce genre de milieu.
37:15Il vous suffit juste d'aller chercher des juristes
37:17et ils vont vous trouver les bons articles qui vous permettront de le faire.
37:19– Michel, juste encore au papeau de la France insoumise,
37:21il y a eu beaucoup d'indignation après une affiche qui a été propagée
37:27par la France insoumise dans le cadre d'une manifestation
37:29organisée le 22 mars prochain par l'extrême gauche.
37:31Une affiche qui montre Cyril Hanouna, et je le dis pour nos auditeurs,
37:35dans une posture d'abord qui n'est pas la sienne
37:39et qui rappelle sinistrement les affiches des années 30,
37:41les affiches antisémites des années 30.
37:45Ce sont des affiches honteuses, éminemment condamnables,
37:49la France insoumise les a retirées, mais ça dit quoi pour vous ?
37:53– D'abord je vois que Jean-Luc Mélenchon dit
37:55j'ai pas vu ces affiches, on va le croire, évidemment.
37:57Cet homme qui décide de tout, qui donne tous les mots qu'il faut utiliser,
38:01qui donne tous les éléments de langage, qui donne la feuille de route,
38:03tout le monde obéissant, il n'a pas vu les affiches.
38:05Étonnant quand même, bon, il n'a pas vu ces affiches.
38:07Elles sont faites par un maquettiste qui lui travaille,
38:09donc il y a un conseiller, on sait bien comment on fabrique une affiche,
38:13quand on dirige un journal ou quand on travaille comme ça,
38:15on travaille sur le choix de la photo.
38:17Et puis après aujourd'hui, vous avez pas seulement l'intelligence artificielle,
38:20mais toute la palette graphique qui vous permet de faire un monstre
38:23avec un visage gentil, quoi.
38:25Et quand vous avez en tête, et c'est formidable d'avoir mis
38:27ces deux affiches côte à côte, un schéma que vous voulez faire passer…
38:30– L'affiche des années 30 et l'affiche de 1995.
38:33– L'affiche des années 30, franchement, clairement antisémite,
38:36et on voit comment elle fonctionne.
38:37Donc il y a des codes.
38:38Vous pouvez mettre une école, même dans un lycée normalement,
38:41dans un cours d'art, je ne sais plus comment on dit aujourd'hui,
38:44mais on doit pouvoir vous dire, regardez comment fonctionne cette affiche,
38:47comment elle est construite.
38:48Donc le maquettiste, quand il fait son affiche,
38:50il sait comment il l'a construite.
38:51Le message subliminal, c'est, faites-moi une affiche antisémite.
38:54Donc elle est faite, et puis elle est envoyée,
38:56Mélenchon dit, ah, je ne l'ai pas vue, ça s'est fait dans mon dos,
38:59il ne doit pas se faire grand-chose dans le dos de M. Mélenchon.
39:02Et puis après, que disent-ils ?
39:04Ils disent, mais c'est la boulosphère qui fait ce genre de choses.
39:07D'ailleurs, regardez, ils ont inventé un antisémitisme
39:09qui n'existe pas, etc.
39:10Si d'ailleurs vous dites qu'il y a de l'antisémitisme
39:12dans le soutien au Hamas,
39:14dans le fait que vous voudriez une Palestine du Jourdain jusqu'à la Méditerranée,
39:18et si vous dites qu'il y a de l'antisémitisme là-dessus,
39:20il va y avoir une note, et on va vous faire savoir que,
39:22l'Arkham va vous faire savoir que vous n'avez pas le droit
39:24de dire des choses pareilles.
39:25Donc on n'a pas le droit de dire ce qu'il faut voir,
39:28puisque des maquettistes payés par la France Insoumise
39:30fabriquent une affiche antisémite,
39:32et que quand on dit qu'elle est antisémite,
39:34on dit, mais prouvez qu'elle est antisémite,
39:37en utilisant l'image du juif,
39:38on n'a jamais pensé à une chose pareille, bien sûr.
39:40Donc c'est de toute façon une espèce de guérilla perpétuel
39:43fabriqué par Jean-Luc Mélenchon,
39:45il faut que toutes les semaines,
39:46voire tous les jours si c'est possible,
39:47avec les chaînes d'info continue,
39:48il faut nourrir la bête en disant,
39:50allez-y, un propos, une photo, une image,
39:53une saillie, une invitation,
39:56une poignée de main à un salaud,
39:58mise en scène en disant les héros, etc.
40:01On a Feuilleton-Rimasane, etc.
40:02Et ça continue parce qu'il faut occuper le terrain,
40:04ils font de la politique politicienne lui aussi,
40:06ils songent à arriver au pouvoir.
40:08La France, il n'y en a pas grand-chose à faire.
40:10– Michel, j'aimerais aussi qu'on évoque ce qui s'est passé
40:12avec les éditions des PUF, qui sont les éditions…
40:15– Presse universitaire de France.
40:16– De France, ils ont décidé de ne pas publier un ouvrage
40:18dénonçant le wokisme à l'université,
40:20il y a une campagne qui a été menée contre ce livre,
40:23menée notamment par l'historien Patrick Boucheron,
40:26et c'est l'éditeur qui finalement l'a annoncé par mail
40:30aux trois co-directeurs de l'ouvrage,
40:32l'historien Pierre Vermeuren, les professeurs de lettres
40:34Emmanuel Hénin et Xavier-Laurent Salvador,
40:37que cet ouvrage n'allait pas pouvoir être publié aux PUF.
40:42Est-ce que c'est de la censure, pour vous ?
40:45– Oui, mais c'est sûr, il faut expliquer comment ça se fait, un livre.
40:48Les gens pensent qu'un jour on fait un livre,
40:50puis le lendemain il est en librairie, etc.
40:51C'est compliqué.
40:52Donc d'abord il faut qu'un éditeur vous prenne le livre,
40:54ensuite il vous signe un contrat.
40:56Dans le contrat, il est très précisément spécifié
40:58ce que vous allez dire, ce que vous allez faire, etc.
41:00Il faut donner des notes d'intention, etc.
41:02Le patron de la maison d'édition,
41:04c'est-à-dire le chef des presses universitaires de France,
41:06c'est pas un sous-fifre, signe et contre-signe, tout ça.
41:08Donc le patron des presses universitaires de France a passé commande.
41:12Je ne sais pas s'il a passé commande ou s'il a accepté le livre qu'on lui a proposé,
41:15enfin toujours est-il qu'il a donné son accord.
41:17Et par la suite, il y a des libraires,
41:19parce qu'il y a une fronde aujourd'hui d'un certain nombre de libraires
41:21qui disent ce genre de livre…
41:22– On n'en veut pas.
41:23– Je n'en veux pas.
41:24Il y a des libraires qui disent on va boycotter
41:28tous les livres de la fameuse bolosphère,
41:30de bolorésphère, bolosphère,
41:32ou fachosphère, ils mélangent tout ça,
41:34en disant maintenant on va décider des livres qu'on prend,
41:36des livres qu'on ne prend pas.
41:37– Ce que le peuple doit pouvoir lire ou pas lire.
41:39– Absolument.
41:40– On n'a rien à foutre dans la même histoire.
41:41– Et là, la terreur, parce que ce sont des éléments de terreur,
41:43ça fonctionne, c'est une terreur intellectuelle.
41:45Jean Sévillat parle de terrorisme intellectuel,
41:47ça en procède cette façon de faire.
41:48Parce que là c'est, ah mais nous allons boycotter les pufs.
41:51Et il n'y aura plus de livres des presses universitaires de France
41:54dans nos librairies.
41:55Et un patron ne peut pas se permettre ça,
41:56il se dit mais moi c'est ma boîte qui tombe.
41:58Il l'a dit d'ailleurs, moi j'ai lu les papiers qui ont été écrits
42:00sur ce sujet-là, il lui dit mais moi je sauve ma boîte.
42:02Je ne fais pas de la politique en disant,
42:04j'ai signé pour un livre anti-Woke,
42:06et puis là les gens me disent, ah mais si vous faites ça,
42:09vous allez avoir tout M. Boucheron et toute sa bande,
42:11toute sa clique, toute France Inter, tout machin, etc.
42:13qui va vous dire, ah mais il ne faut pas acheter ce genre de livre.
42:15– Mais le wokisme est toujours aussi puissant Michel Onfray, non ?
42:17– Bien sûr qu'il est puissant.
42:18Et les gens qui pensent que parce que Trump s'attaque au wokisme
42:22du côté de l'Atlantique et de ce côté-là de l'Atlantique
42:24et puis que ça va arriver chez nous parce que ça arrive toujours.
42:26Pas du tout.
42:27Nous on a un pays très centralisé, au contraire des États-Unis
42:29qui est un pays très fédéral, où il y a des États
42:32dans lesquels vous avez le droit de porter des armes,
42:34des États où vous n'avez pas le droit à l'avortement,
42:36où vous n'avez pas le droit à l'avortement,
42:37des États où la peine de mort existe, des États où elle n'existe pas.
42:40Donc ce n'est pas du tout la même chose.
42:41Nous on a une France très jacobine, très centralisée.
42:45Depuis Philippe Lebel c'est comme ça, de toute façon.
42:48Et le général de Gaulle, que j'aime beaucoup, est rentré dans cette logique
42:51et à la fin il était en train de penser à une espèce de décentralisation
42:54de type girondin.
42:56Donc vous avez des gens qui dans des blocs particuliers,
42:59l'université, la recherche, l'édition, le business, le show-biz, etc.
43:03font la loi, une ou deux personnes.
43:05Et si ces gens disent, on fait le pouce en bas,
43:08les presses universitaires de France, on les détruit, elles n'existent plus.
43:11Moi j'ai été invité dans un lycée en périphérie de Caen, à Yves,
43:14lycée hôtelier pour parler de l'avenir de la paysannerie française.
43:17– On en avait parlé ? – On en avait parlé.
43:18Le directeur avait dit oui.
43:20Un ou deux de la France insoumise, dont un prof d'histoire, je crois,
43:23dans la salle des profs, on dit pas question que, etc.
43:25C'est le directeur qui est coupable.
43:26C'est pas les gens de la France insoumise, après tout,
43:28ils font leur boulot de syndicalistes, ils ne veulent pas de moi.
43:30Le directeur aurait dit, un, j'ai dit oui,
43:32deux, mon frère sera là, vous allez pouvoir l'agresser,
43:34et il n'y aura aucun problème, il y aura un débat contradictoire.
43:36– L'agresser intellectuellement.
43:37– Oui, enfin, oui.
43:39Oui, j'ose espérer que tu peux lui mettre des coups.
43:41Et puis il s'est passé quoi ?
43:43Il s'est passé qu'il a couché les pouces.
43:45Et donc, cette espèce de terrorisme, il avance doucement.
43:47Donc, il y a des gens qui, aujourd'hui, ne font plus certains spectacles,
43:49certains auteurs, certaines mises en scène, en se disant,
43:52c'est pas possible, c'est pas pensable, etc.
43:54Moi, je suis allé à Bayreuth, j'ai même entendu des directions d'orchestre
43:56qui sont des directions wauquistes.
43:58Puisqu'il s'agissait, par exemple, de faire de telle sorte
44:00que la chevauchée des Valkyries ne soit pas martiale.
44:02Il fallait que ce soit avec du rose et des fleurs et des pompons.
44:05– Merci beaucoup Michel Monfret.
44:07C'était un plaisir de passer cette heure en votre compagnie,
44:09sur CNews et sur Europa. À la semaine prochaine.

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