• il y a 5 mois
Entre 2020 et 2024, la France est passée de 23 % à seulement 8 % de ses actifs qui envisage une expatriation professionnelle. Comment s’explique ce recul spectaculaire ? On en parle avec Fanny Potier-Koninckx, Partner et Directrice au BCG, qui publie une étude internationale sur le sujet.

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Transcription
00:00Générique
00:12Et on termine notre émission avec fenêtre sur l'emploi pour parler des expatriés.
00:16On en a beaucoup parlé de ces expats comme on dit pendant toute la saison.
00:20Et on en parle encore aujourd'hui avec une étude passionnante que vous portez,
00:24Fanny Potier-Coninck, ravie de vous accueillir.
00:26Vous êtes partenaire et directrice au BCG, au Boston Consulting Group.
00:31C'est ça.
00:32C'est bien cela.
00:33Avec un chiffre, commençons peut-être par le premier, le plus éloquent.
00:36Seulement 8% des Français veulent travailler à l'étranger.
00:39Alors on peut affiner par tranche d'âge.
00:41Les jeunes sont un peu plus mobilisés.
00:42Mais globalement c'est peu.
00:44Comment vous l'expliquez ?
00:45Alors je vais me permettre de vous contredire.
00:47Je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle en fait.
00:49Parce qu'on est dans un pays qui a un sujet démographique.
00:52On a une démographie qui diminue.
00:54Donc on a moins de gens qui arrivent sur le monde du travail.
00:57Et on a quand même des conditions de vie,
01:00une qualité de vie et des conditions financières qui sont assez attractives.
01:03Vous prenez à l'envers.
01:04Vous dites si on ne veut pas partir, c'est qu'on est bien chez nous.
01:06C'est ça.
01:07Et ça se relativise.
01:09C'est une moyenne.
01:10Donc ça se relativise, comme vous le disiez, par âge.
01:12Donc en fait ce chiffre est représentatif de la tranche d'âge 35-65.
01:16Où de facto, on est moins mobile.
01:19Et on a plus de contraintes familiales en général.
01:22Et avant c'est mieux.
01:23Les jeunes et les plus séniors ont des intentions de départ qui sont beaucoup plus élevées.
01:28Je m'étais laissé dire quand même qu'on part moins pour les raisons que vous évoquez.
01:33Mais on part moins aussi parce que le statut d'expatrié n'est plus tout à fait le même.
01:36On signe des contrats locaux.
01:38On n'a plus ce statut de l'expat qui avait la maison, la voiture, l'école.
01:43Et qui avait une forme de notabilité locale.
01:46C'est fini ça ?
01:47Ça tend à se réduire ?
01:48Alors je ne dirais pas que c'est complètement fini.
01:50En fait ça dépend un petit peu des industries, des secteurs d'activité.
01:53Donc il y a des secteurs d'activité qui ont besoin de l'expatriation plus que d'autres secteurs d'activité.
01:57Par exemple dans l'énergie, vous avez besoin de continuer à envoyer un certain nombre de gens.
02:01Et à faire tourner un certain nombre de gens à l'international.
02:04Le 8% il vous donne aussi une indication de la demande.
02:08Vous avez aussi besoin en tant qu'entreprise de répandre à cette demande.
02:11Vous avez quand même des collaborateurs qui veulent partir à l'étranger.
02:14Donc ça, ça s'appelle du talent management.
02:16Donc vous avez un point d'équilibre qui va dépendre quand même un petit peu des secteurs.
02:20Donc c'est vrai que pendant la période du Covid notamment, il y a eu un travail assez important.
02:25Mais c'était de toute façon une trajectoire qui existait avant le Covid.
02:28De redéfinition un petit peu des politiques d'expatriation.
02:31Mais encore une fois, ça se démoyennise un petit peu en fonction des secteurs.
02:35Si on prenait le problème dans l'autre sens, on voit qu'il y a finalement le plaisir de rester sur ce territoire.
02:39Parce qu'il y a du travail, parce que les talents sont accompagnés.
02:42A l'inverse, est-ce que la France est un pays attractif ?
02:44C'est-à-dire dans l'ensemble des pays du monde.
02:46Est-ce qu'on a une forte pression des expats venus des Etats-Unis, du Japon, de Chine et j'en passe ?
02:53Alors il y a des cartes qui ont été pas mal rebattues.
02:55C'est une étude, vous savez, qu'on conduit avec le Figaro et les cadres emploi en France.
02:59Mais plus généralement, c'est le Network.
03:01Il y a 150 000 participants et on est dans 180 pays.
03:05Donc c'est la plus grosse étude en fait sur les préférences des individus.
03:08Une bonne photographie en tout cas.
03:10Voilà, exactement.
03:11Donc les cartes ont un peu été rebattues dans le top 10 des préférences en termes de destination.
03:17Sachant que dans les grands facteurs pour lesquels on veut partir,
03:22je ne parle pas des Français ou des gens qui veulent venir en France,
03:25c'est d'abord un travail intéressant.
03:28Donc des opportunités de travail.
03:30Ensuite, la qualité de vie et des raisons financières.
03:32Donc en fait, c'est un besoin de marché de travail.
03:35C'est un besoin d'enrichissement personnel et d'enrichissement de cadre de vie
03:40et d'enrichissement financier aussi.
03:42Et il y a d'autres facteurs.
03:44Elle se situe où ?
03:45Alors, on est neuvième.
03:47Mais il y a d'autres facteurs qui sont importants aussi qui sont la langue.
03:50Pourquoi on part ?
03:51Pourquoi on choisit un pays ? C'est la langue.
03:54Le fait qu'on a des recommandations positives de son environnement
03:57et le fait qu'il y a une diaspora de notre nationalité dans le pays.
04:01Voilà, je vais créer des liens. Je ne vais pas me sentir seule.
04:04La France est en neuvième position.
04:05Oui.
04:06C'est une position qui est fixe, qui a bougé, qui a évolué.
04:08C'est la même que lors de la dernière étude.
04:10C'est relativement stable.
04:12Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a des pays,
04:14notamment l'Australie est passée en tête de classement
04:17parce qu'il y a une grosse participation aussi des pays d'Asie du Sud-Est.
04:22Je parlais de 180 pays participants, donc ce n'est pas neutre.
04:25Et on reste quand même avec cet échantillon qui est énorme
04:30à préférer des pays anglo-saxons.
04:33Donc la France ne sera jamais en haut.
04:35Oui, c'est ce que je voulais dire.
04:36C'est-à-dire que les pays francophones, dont la France,
04:38ça restera en haut mais relativement bas,
04:41c'est les pays anglophones qui dominent.
04:43Ce sont eux qui sont en haut du classement, c'est évident.
04:46Un dernier mot sur ces jeunes, parce que quand même dans l'étude,
04:498% c'est une moyenne, mais quand on regarde les jeunes de moins de 25 ans,
04:52c'est 20%. Je parle sous votre contrôle.
04:56Ça veut dire qu'on a quand même une jeunesse qui est très mobile,
04:59qui a très envie de bouger, qui a une forme d'aventure aussi
05:02de partir comme ça en expat.
05:03On les appelle les expats, les jeunes de moins de 25,
05:05parce que c'est parfois des stages, c'est de l'Erasmus.
05:07Ce n'est plus tout à fait le statut d'expat.
05:09Non, je pense que c'est plutôt une autre forme de mobilité
05:12que l'expatriation. Mais c'est bien, parce que je réinsiste.
05:15La mobilité internationale, c'est bien.
05:17Ça permet d'adresser des questions de marché et de l'emploi.
05:21Ça permet de continuer à croiser les cultures
05:25et à échanger des perspectives et à se comprendre.
05:28Et on en a besoin.
05:29Et ça permet encore une fois d'avoir des trajectoires financières
05:34sur toute une vie qui vont vers le haut.
05:38Donc, ça permet de redistribuer les richesses.
05:40C'est bien connu.
05:41Et puis, c'est très bon pour un CV quand on a 25 ans
05:43et qu'on a fait l'Australie, qu'on a fait la Chine
05:45ou qu'on a fait des pays un peu plus complexes.
05:47C'est toujours intéressant pour un recruteur de voir ça.
05:50Juste un mot avant de nous quitter, parce qu'il reste peu de temps.
05:52Paris, parce qu'on a parlé des pays.
05:53Vous avez affiné jusqu'aux villes.
05:55Paris, 13e position ?
05:57Relativement stable aussi.
05:59Et je n'ai que des facteurs émotionnels à partager,
06:02donc je ne les partagerai pas.
06:04Eh bien, gardez vos facteurs émotionnels, Fanny Potier-Connac.
06:06Merci d'être venue nous éclairer sur cette étude qui est passionnante,
06:09qui est une vraie photographie très précise
06:12de la situation des expats à travers tous les pays et des villes du monde.
06:16Merci, vous êtes partenaire directrice au BCG.
06:19C'est la fin de notre émission.
06:21Merci de l'avoir suivie.
06:22Merci de votre fidélité, évidemment,
06:23et de vos messages sur l'ensemble des réseaux sociaux.
06:25Je vous dis à très, très bientôt.
06:26D'ici là, portez-vous bien.
06:28Merci à toute l'équipe qui m'a accompagnée.
06:30Alexis Mathieu, mais aussi Nicolas Juchat.
06:34J'en perds son prénom.
06:35Bye bye, à bientôt.

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