L’association l’Autre Cercle vient de rendre publics les résultats de son baromètre annuel sur l’inclusion des personnes LGBT+ au travail en France. Si la visibilité des personnes homosexuelles s’améliore, le chemin est encore long concernant l’intégration des personnes transgenres ou non-binaires. On en parle avec Julien Hamy, co-porte-parole de l’organisation.
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00:12 Et on termine notre émission avec "Fenêtre sur l'emploi", un baromètre très instructif sorti par l'Autre Cercle.
00:19 J'accueille Julien Ami. Bonjour Julien. Bonjour.
00:22 Très heureux de vous accueillir, coporte-parole de l'Autre Cercle.
00:25 Vous avez avec vous ce baromètre qui sort tous les deux ans. Tous les deux ans.
00:28 Donc c'était intéressant de revenir sur ces chiffres.
00:31 D'abord, un petit mot sur ce premier chiffre. Commentons-le.
00:34 60% des personnes LGBT+ qui ont été interrogées se déclarent visibles au travail.
00:39 C'est +10 en 6 ans.
00:41 En un mot, ça va mieux. Ça veut dire que l'égalité est réelle.
00:45 Tout à fait. On se rend compte qu'effectivement, la perception des Françaises et des Français
00:49 qu'on a interrogée dans le cadre de l'enquête est plutôt positive.
00:53 On a 77% des Françaises et des Français qui considèrent leur employeur comme LGBT friendly.
00:59 Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'il pose un cadre bienveillant pour les personnes LGBT+.
01:03 C'est vrai que la chronique LGBT+ va regrouper beaucoup de choses.
01:06 On va parler d'orientation affective, on va parler d'identité et d'expression de genre.
01:10 Autant de sujets qui sont des sujets du monde professionnel.
01:14 Alors nous, on a choisi le LGBT+, mais on sait que c'est LGBT+Q et d'autres lettres.
01:21 Oui, tout à fait.
01:23 On va y revenir. La chronique est très longue.
01:25 Quand même, ça va mieux. Des cadres clairs sont posés par l'entreprise.
01:29 Et la société, je dirais, les mentalités ont évolué.
01:32 Néanmoins, 28% des personnes LGBT+ ont été victimes d'au moins une agression LGBTphobe.
01:40 C'est le verre à moitié vide et le verre à moitié plein.
01:43 Tout à fait. Mais même sur la visibilité, on se rend compte que c'est 60%, donc 6 sur 10.
01:47 Il ne sont que 49% à être visibles auprès de leur manager, leur supérieur hiérarchique.
01:51 Et ça pourrait être assez surprenant, puisque c'est quand même vers eux, qui, ils, elles doivent se tourner pour activer des droits.
01:56 Et souvent, ils ne le font pas parce que 3 LGBT sur 10 sont victimes d'agressions.
02:00 Et à la fois les agressions, puis je me rappelle que votre collègue, Mme Crépon, qui était venue sur ce plateau,
02:07 je l'avais d'ailleurs appelée Crépon, elle va m'en vouloir, évoquait quand même...
02:10 Deux fois.
02:11 Deux fois. Elle va être très sévère.
02:13 Elle expliquait quand même qu'il y avait aussi une censure.
02:15 Tout à fait.
02:16 Et des personnes qui n'assumaient pas et qui se cachaient, en fait.
02:20 Tout à fait. Il y a un phénomène d'auto-censure, dans le sens où avant d'être visible au travail,
02:24 il y aurait eu aussi un long chemin d'acceptation personnelle auprès de soi-même, auprès de sa famille, auprès de ses amis.
02:30 Et c'est vrai que se rendre visible au travail, c'est quelque chose qu'on fait peut-être un peu vers la fin,
02:33 quand on est vraiment, je dirais, bien dans ses baskets.
02:36 Et quand on voit aujourd'hui, en 2024, on a encore 3 LGBT sur 10 qui sont victimes d'agressions sur leur lieu de travail,
02:43 c'est des signaux qui ne sont pas positifs.
02:45 - Agression verbale, Julien.
02:46 - Agression verbale, agression physique, menace d'agression physique, outing aussi.
02:50 C'est quand on dit "je vais révéler votre orientation affective", alors que généralement, les personnes ne veulent pas le dire.
02:55 C'est passible d'amende par la loi.
02:57 Et pour autant, il y a des gens qui menacent leurs collègues pour leur nuire, avec volonté de nuire.
03:02 - Les queers, les transsexuels, c'est un sujet qui reste dans votre étude, dans le genre, maître.
03:06 - Transgenre.
03:07 - Transgenre, un sujet sensible.
03:09 Là aussi, c'est quoi ? C'est l'entreprise n'a pas fixé un cadre suffisamment clair.
03:13 Il y a une difficulté aussi d'appréhension.
03:15 Comment c'est vécu dans cette...
03:18 - Il y a plein de facteurs, en fait.
03:19 On se rend compte que sur les sujets d'orientation affective, donc l'homosexualité, la bisexualité,
03:23 c'est des sujets qui... Il y a eu une vraie évolution réglementaire ces dernières années.
03:27 Donc ça devient, je ne vais pas dire un non-sujet, mais presque.
03:29 Il n'y a que 6%, que 6% des Françaises et des Français qui sont mal à l'aise face à un coming-out homosexuel.
03:35 Donc c'est plutôt positif.
03:37 Par contre, quand on regarde un coming-out transgenre ou non-binaire, on est aujourd'hui à 21% de personnes mal à l'aise.
03:44 Et donc, nous, on milite pour justement poser un cadre qui soit inclusif, qui soit bienveillant,
03:49 qui permet aussi d'accompagner les personnes et les équipes qui sont touchées par ce qu'on appelle une transition,
03:55 un collaborateur, une collaboratrice qui...
03:57 - Qui est long, qui va, qui va.
03:58 - Lourd.
03:59 Ben oui, ce n'est pas forcément long et lourd, c'est bien fait, en fait.
04:02 L'important, c'est de répondre aux questions, de lever les freins.
04:05 Beaucoup de pédagogie et de sensibilisation, parce qu'au final, il y a beaucoup de non-connaissance du sujet.
04:11 Et donc, quand un sujet n'est pas bien connu, forcément, en face, on peut être un petit peu surpris et un peu...
04:16 - Et moi, je disais lourd parce que ça nécessite des absences. Il y a quand même parfois des opérations.
04:20 - Ça dépend. Ça dépend. En fait, chaque personne va avoir son propre parcours de transition.
04:24 On va avoir ce qu'on appelle de la transition sociale, où on va changer son prénom et pas forcément son apparence.
04:29 Et effectivement, il y a d'autres personnes qui vont aller jusqu'à des opérations et pas...
04:33 Mais ce n'est pas obligé. Ce n'est pas obligé.
04:35 - Merci, Julien Amis. Lisez cette étude d'abord. Elle est bien nouvelle.
04:38 C'est-à-dire une fois tous les deux ans. Elle est très, très riche, très documentée.
04:40 Et elle est portée par l'autre cercle. Et nous accueillons Julien Amis, coporte-parole, avec Mme Tripon.
04:47 - Tout à fait. C'est un cadeau pour vous. - Merci beaucoup. Je le prends.
04:50 - C'est un cadeau pour l'analyse. - Et je vais le décortiquer un peu plus encore.
04:53 Merci à vous. C'est la fin de notre émission. Merci de l'avoir suivie.
04:56 Merci à vous. Merci de votre fidélité, évidemment, et de vos messages, de vos réactions.
04:59 Et puis, je vous retrouve évidemment très prochainement pour un prochain numéro de Smart Job.
05:03 Je vous dis à très bientôt. Bye bye.
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