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À 17 jours des législatives qu'il a provoqués, la présence du Président de le République dérange dans la majorité. Faut-il cacher Emmanuel Macron ? Écoutez le débat entre Bruno Jeudy, directeur délégué de "La Tribune Dimanche", Rokhaya Diallo, éditorialiste au "Guardian" et au "Washington Post", et Étienne Gernelle, directeur du "Point".
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 13 juin 2024

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00:00Allez les grands débats, Etienne Gernel, Bruno Jeudy, Rocaïa Diallo autour de la table.
00:10Est-ce qu'il faut cacher Emmanuel Macron ? C'est notre deuxième grand débat ce soir.
00:15Le président qui veut apparaître en première ligne dans cette campagne, il est d'ailleurs
00:17en train de s'exprimer depuis le G7 en Italie, à 17 jours de ces législatives qu'il a donc
00:22lui-même provoquées, seulement voilà, dans la majorité, sa présence semble quelque
00:27peu dérangée.
00:28Edouard Philippe déjà estimait cette semaine qu'il n'était pas sain de voir le président
00:32mener la bataille.
00:33Et alors maintenant, hasard ou non, puisqu'on voit sur les affiches de campagne qui sortent
00:36des imprimeries, souvent les candidats de la majorité oublient le président sur ces
00:40affiches.
00:41Par exemple, il n'y a pas d'Emmanuel Macron sur l'affiche d'un certain Karl-Olive, député
00:44pourtant proche du chef de l'État.
00:45Sur le trac de renaissance sorti des imprimeries, c'est le visage plutôt de Gabriel Attal qui
00:49est présent.
00:50Et horizon, le parti d'Edouard Philippe va défendre cette fois ses propres couleurs
00:52et non plus celles de la bannière commune avec la Macronie.
00:55Etienne Gernel montrait le président, ça fait perdre des points ?
00:58Oui, c'est normal, il y a l'usure du pouvoir et puis là, on ne peut pas dire qu'il était
01:02brillant sur ce coup, parce que finalement, c'est de sa faute, pas de la faute là d'avoir
01:07dit cela à l'Assemblée, c'est d'avoir refusé le jeu démocratique en 2022 quand il n'y avait
01:12pas une majorité absolue à l'Assemblée et pas voulu le faire d'alliance.
01:15Donc il a été lamentable.
01:16C'est une logique que les gens lui enveuillent, qu'ils n'ont pas envie d'y aller avec lui.
01:21Il y a manifestement un vote sanction parmi les raisons du vote, il y en a plein des raisons
01:25du vote, toujours plein, mais il y a quand même une hostilité envers sa personne.
01:29Ils ont raison, ce n'est pas la première fois que ça se produit dans l'histoire politique,
01:32mais ils ont raison évidemment de se cacher derrière.
01:34Je pense qu'Attal représente quelque chose, qu'Édouard Philippe plus ou moins, mais oui,
01:39sans doute quelque chose, que d'autres représentent quelque chose dans la vie politique.
01:43Je pense que ce n'est pas un atout d'avoir Macron.
01:44Peut-être que ça changera, peut-être qu'il va être très brillant, mais je pense qu'il
01:47se surestime un peu Macron, à force d'avoir été très bon quand même dans des débats.
01:51Vous savez, il aimait bien, il était en bras de chemise comme ça, le grand débat.
01:54Il faisait le numéro, il était trop sûr de son charme.
01:56Il y a un moment, le charme n'opère plus, il faut s'en rendre compte.
01:59Tout le monde le sait, on l'a tous vécu individuellement.
02:01La question c'est, est-ce qu'il va rester discret Emmanuel Macron ?
02:06Il a tenu sa grande conférence de presse hier.
02:09Là, depuis le G7, il est en train, devant les caméras et les micros, de réexpliquer
02:14la dissolution.
02:16Bruno Jeudy, il ne va pas se cacher Emmanuel Macron, il ne va pas rester discret, ce n'est
02:19pas dans son caractère.
02:20Si on est précis, d'abord, au G7, il y a une conférence de presse, elle est statutaire,
02:24c'est comme ça, c'est obligé, et quand il va à Bruxelles, il y a la conférence
02:29de presse de fin de sommet, c'est statutaire, c'est obligé.
02:31On l'a déjà entendu dire, je ne parle pas des affaires françaises quand je suis étranger.
02:34Il n'a jamais fait, mais il le dit parfois.
02:36Bien sûr, on verra ce qu'il va se dire, mais de toute façon, il ne va pas se cacher,
02:39ou à tous les cas, on va l'entendre, c'est évident, cette campagne va être courte,
02:43mais on va entendre Emmanuel Macron, même si la plupart, et beaucoup de ses ministres,
02:48et beaucoup des leaders de cette majorité, nous disent qu'il faudrait qu'il se taise,
02:52et ça n'a pas commencé cette semaine, c'était déjà le cas sur la fin de la campagne des
02:56européens.
02:57Et ses conseillers, qu'est-ce qu'ils lui disent ? Est-ce qu'on sait ce que ses conseillers
02:59lui disent ? Parce que beaucoup de ministres disent aujourd'hui qu'il est dans une bulle,
03:01Emmanuel Macron.
03:02En gros, le coâteur de conseillers qu'il y a autour de lui, qui a beaucoup activé
03:07autour de cette idée de dissolution, pensent qu'ils accompagnent le mouvement.
03:13Au fond, Emmanuel Macron se surestime et tient à raison, il pensait encore en Allemagne
03:18dix jours avant les européennes, qu'il a dit à un ancien ministre qui me l'a répété
03:23qu'il ferait plus de 20, qu'il était pessimiste.
03:25Bon ben non, il s'est trompé, voilà, il se trompe, et ses conseillers ne lui disent
03:30pas le contraire.
03:31– Ce sont des miroirs qui lui disent qu'il est beau.
03:33– Mais ça c'est toujours comme ça, vous savez, moi j'ai vécu la dissolution de
03:36Jacques Chirac.
03:37– Je suis toujours le plus beau.
03:38– Franchement, c'est la même chose, pour le coup, c'est la même chose, personne
03:42n'arrête la voiture qui est lancée, et puis au bout d'un moment, c'est, j'ai
03:46fait une connerie.
03:48Ce qui va se passer, et donc voilà, on voit bien d'ailleurs que Gabriel Attal a été
03:55obligé de dire devant les députés, il a été obligé, a dit devant les députés
03:58en réunion de groupe mardi, il leur a dit, vous pouvez utiliser ma photo.
04:01Résultat des courses, ils vont utiliser massivement la photo de Gabriel Attal plutôt que celle
04:05d'Emmanuel Macron.
04:06Quant aux députés horizon, alors en 2022, ils n'utilisaient déjà plus la photo d'Emmanuel
04:10Macron, ils étaient déjà passés à celle d'Edouard Philippe.
04:13– Roccaia Diallo, est-ce qu'il est en train de se couper de sa majorité, de ses
04:17hommes, de ses femmes qui ont porté le projet macroniste depuis maintenant 7 ans ? Parce
04:21qu'on a souvent dit pendant ces temps que les députés macronistes étaient très obéissants,
04:25là on sent une amertume.
04:27RTL révélait par exemple cette semaine qu'il y avait eu des pleurs lors du bureau exécutif
04:30du Modem après la dissolution.
04:32Il y a quelque chose qui s'est cassé entre la majorité et le Président ?
04:36– Oui, là c'est une immense trahison pour des personnes qui étaient engagées parfois
04:39corps et âme dans le projet d'Emmanuel Macron malgré son impopularité qui est quand même
04:44assez conséquente dans une certaine frange de la population française.
04:47C'est vraiment un coup de massue extrêmement violent pour des personnes qui ne s'y attendaient
04:53pas avec une implication très importante pour eux.
04:57C'est-à-dire qu'imaginez que vous avez été élue députée avec le projet de rester
04:59un certain temps et qu'au bout de 2 ans vous vous rendez compte que non seulement vous
05:02retournez en campagne mais en plus sur un terrain où les personnes sont en très très
05:06grand rejet de ce que vous incarnez, c'est tout un projet quand on est engagé politiquement,
05:13un projet politique qui s'effondre mais aussi un projet de vie.
05:17Donc oui, et de manière évidente l'image d'Emmanuel Macron est complètement démonétisée
05:23et elle ne fait pas vendre, bien au contraire, elle peut faire office de repoussoir pour
05:27de nombreuses personnes.
05:28Et là, de voir que notre Président est entouré de quelques personnes, quelques hommes, je
05:32note qu'Emmanuel Macron a quand même tendance à ne pas vraiment faire confiance aux femmes
05:36quand il s'agit d'être conseillé de resserrer le cercle, on l'a vu pendant le Covid et
05:40on le voit encore aujourd'hui, et ce n'est pas toujours très heureux, et bien ça pose
05:45aussi un problème de démocratie, je trouve que d'avoir ce petit cercle de personnes
05:48qui sont un peu béni-oui-oui autour de lui et qui lui donnent manifestement des conseils
05:52vraiment qu'ils auraient pu éviter de lui donner, c'est problématique.
05:56Le fait que sa personne cristallise les tensions, qu'il y ait une forme de rejet chez une
06:00partie des électeurs, il en est conscient Emmanuel Macron, Etienne Gernel ?
06:05Non mais vous savez, la déconnexion c'est toujours intéressant parce qu'elle est toujours
06:08moindre, les gens lisent quand même ce qu'on dit d'eux, savent ce qu'on dit d'eux, d'ailleurs
06:12et s'il fait la gueule à tant de gens, c'est parce qu'il sait très bien et les gens...
06:16Dimanche, je l'ai pris pour moi, c'est ce qu'il vient de dire aux journalistes en Italie.
06:19Oui, donc il sait, il sait, il sait tout ça, après il pense qu'il va y arriver, il fait
06:25confiance à son charme, à sa capacité, son capacité à redresser les situations, à convaincre,
06:32sans comprendre qu'il y a une usure du temps.
06:34Moi qui suis un défenseur de la 5ème, Etienne, ce qui est fou, on voit bien, c'est qu'il
06:38y a ce côté superman des présidents de la République, c'est-à-dire que tant qu'ils
06:42n'ont pas à un moment pris l'échec, ils continuent à penser qu'ils vont retourner
06:48les cartes, qu'ils vont renverser la table, qu'ils vont passer par-dessus la tête de
06:54leurs élus, qu'ils ne comprennent rien, donc il y a un côté fou, parce que c'est vrai
07:00que ces décisions en plus qui sont cachées, elle les a cachées jusqu'à son premier ministre.
07:04Là c'est un problème démocratique, un majeur quand même, moi je trouve que ça pose vraiment
07:09une question.
07:10Nous en tant que Français, on n'a pas voté pour ça en fait.
07:11Il y a juste un truc, moi je vais quand même le défendre sur ce point-là, c'est qu'on
07:15ne pourra jamais reprocher un président de la République de retourner devant le peuple
07:17quand il a pris une claque comme une dimension, c'est que les ministres qui étaient sur
07:21les plateaux de télé-radio le soir de l'élection, ils ont découvert en même temps que nous
07:26les solutions.
07:27Simplement, on peut se dire aussi que peut-être qu'aujourd'hui, on commenterait encore
07:31les Européennes catastrophiques pour le pouvoir, et beaucoup diraient, ben franchement il serait
07:36peut-être temps de penser à la dissolution ou je ne sais pas quoi.
07:38Et on y allait, c'est ce que dit Emmanuel Macron, de toute façon.
07:42Le gouvernement ne dirige pas en fonction des commentaires, et donc il devait se préoccuper
07:46des choses.
07:47Et là c'est très curieux d'ailleurs, quand même dans sa conférence de presse, où il
07:50dit mais qu'auriez-vous dit si et que ça, ça veut dire qu'il accorde quand même paradoxalement
07:53beaucoup trop d'importance aux commentaires qui sont faits.
07:56Il lit trop les journaux, il écoute trop la radio, il regarde trop la télé.
08:00Alors il n'est pas déconnecté.
08:01Les journaux et la radio, ce n'est pas le quotidien des Français.
08:04C'est pas pareil, pour y ajouter, qu'il regarde trop la télé, notamment les conseillers,
08:07parce qu'ils n'ont plus que la fièvre à la bouche.
08:10C'est d'ailleurs cette série, un carton, qui regarde moins la télé et qui écoute
08:15plus les Français.
08:16On est en plein dedans.
08:17Une série de télé que tous nos auditeurs n'ont pas forcément regardé, mais qui montre
08:21comment on peut parfois tenter de manipuler l'opinion, et notamment via les réseaux sociaux.
08:25Il écoute aussi trop, c'est-à-dire qu'il faut avoir une direction quand on dirige.
08:28Et je pense que la fièvre démagogique qui est la nôtre en France aujourd'hui, elle
08:33tient aussi du fait qu'il n'a jamais été capable de dire à la France des réalités,
08:37notamment des réalités économiques, qui sont intangibles.
08:39Etienne Gernel Bruno, jeudi, Rocadialo, on va se pencher sur l'Union à gauche.
08:43Maintenant, on attend la fumée blanche, l'insoumise Manon Aubry nous disait que ça allait être
08:48une question de minutes ou d'heures.
08:49C'est plus des heures là pour l'instant.
08:50Parce qu'elle était avec nous il y a une heure, donc oui déjà ce n'est plus une question
08:53de minutes.
08:54On va se demander si la gauche est devenue raisonnable.
08:56Parce que ça, je vous sens bon dire, ça va être formidable ce débat.
09:01On a quand même l'impression que c'est un peu devenu le monde des bisounours, la gauche
09:03depuis 72 heures.
09:04Et je sais que ça, ça vous étonne Etienne Gernel.
09:07Allez, gardez vos forces, on revient juste après ça.

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