Depuis dimanche, le passé de certains candidats Rassemblement national aux Législatives, les approximations ou les dérapages des autres interpellent. L'opposition s'en saisit. Plusieurs questions se posent. Le RN a-t-il eu du mal à trouver des candidats ? Comment leur passé est-il vérifié ? Et plus globalement, le parti est-il en mesure de gouverner ? Est ce que la marche du pouvoir arrive trop tôt ? Écoutez Julien Fautrat, qui suit le RN pour RTL, et Clément Guillou, journaliste qui suit le RN au "Monde".
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00:00RTL bonsoir, Julia Selvier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04Allez, la bataille finale se joue donc et on reprend comme promis le fil de notre édition
00:09spéciale avec nos invités pour tout comprendre.
00:12Et on s'interroge ce soir, pourquoi l'ERN a autant de candidats qui font polémique ?
00:16Et c'est vrai que depuis dimanche, le passé de certains, les approximations ou les dérapages
00:21d'autres interpellent, l'opposition d'ailleurs s'en saisit et du coup plusieurs questions
00:24se posent.
00:25L'ERN a-t-il eu du mal à trouver des candidats ? Comment leur passer ? Vérifiez, plus globalement
00:29le parti est-il en mesure de gouverner ? Est-ce que la marge du pouvoir arrive trop tôt ?
00:34Alors pour nous éclairer, Julien Fautrat qui suit l'ERN pour RTL, bonsoir Julien.
00:39Bonsoir à tous.
00:40Clément Guillou qui suit l'ERN pour Le Quotidien Le Monde, bonsoir Clément Guillou.
00:43Bonsoir.
00:44Julien Fautrat tout d'abord, la gauche et la Macronie pointent des candidats aux propos
00:48xénophobes, c'est le cas et combien y'en a ?
00:51Alors y'a déjà Daniel Grenon, le procureur de la République est saisi après ses propos
00:54lors d'un débat avec la presse locale, Daniel Grenon a estimé que les maghrébins n'ont
00:59pas leur place dans les hauts lieux.
01:01Le candidat ERN assure avoir évoqué la question des binationaux, nos confrères de Lyon républicaine
01:06maintiennent la citation.
01:08Libération par ailleurs.
01:09A retrouver des messages de Marie-Christine Sorin, candidate ERN de la première circonscription
01:13des Hauts-de-Pyrénées est arrivée en tête au premier tour, elle expliquait par exemple
01:17que toutes les civilisations ne se valent pas et que certaines, je cite, sont juste
01:22restées au-dessous de la bestialité dans la chaîne de l'évolution, fermez les guillemets,
01:27elle regrettait aussi de ne pas pouvoir dire à la porte-parole du gouvernement Priska
01:30Thévenot d'origine mauricienne, Priska Thévenot, de retourner sur son île sans être taxé
01:35de racisme.
01:36Écoutez aussi Jean-Yves Le Boulanger, candidat dans la cinquième circonscription des Côtes-d'Armor.
01:41Pas plus tard que dimanche, je suis allé à un rassemblement de motards et c'est
01:45un curé de couleur qui m'a béni, vous voyez donc je ne l'ai pas écrasé ma moto.
01:49Et ce n'est pas terminé, Monique Grisetti arrivait en tête dans la première circonscription
01:53des Bouches-du-Rhône, elle a publié sur Facebook, selon nos confrères de Libération,
01:57à propos du chanteur Gims, qu'il retourne de là où il vient, qu'il amène toute
02:01sa tribu avec lui, qu'il aille traire la chèvre, j'ai du mal à le dire, ça nous
02:06fera des vacances, fermez les guillemets.
02:07Une autre prétendante à l'Assemblée nationale du Calvados est épinglée pour des publications
02:13racistes et complotistes, il s'agit de Jocelyne Liban, en février 2016, elle reposte
02:18un montage opposant un homme noir et un chien, l'homme noir disait « je suis français »
02:23et le chien répondait « et moi je suis un chat ».
02:25Julien, il y a des dérapages et il y a aussi des approximations.
02:29Oui, un candidat RN dénonce l'insécurité d'un centre d'accueil pour mineurs, sauf
02:33que ce centre n'a pas encore ouvert, Dylan Lemoyne, candidat à Saint-Malo, 7ème circonscription
02:38dit les vilaines.
02:39L'insécurité due au centre pour faux mineurs ne cesse d'augmenter, ils ne sont pas arrivés,
02:47je suis conseiller départemental, ils ne sont pas arrivés, c'est un mensonge.
02:52On ne peut pas toutes les donner, mais je vous citerai quand même pour finir le cas
02:55d'Annie Bell, candidate RN en Mayenne, qualifiée pour le second tour des législatives, condamnée
03:00à de la prison ferme en 1995 pour une prise d'otage à main armée dans une mairie du
03:04département.
03:05Elle avait séquestré pendant trois heures et sous la menace d'une carabine le secrétaire
03:09général de la mairie d'Ernay, toujours en Mayenne.
03:11Je ne sais pas s'il y a un rapport, mais d'ailleurs on voit très peu de candidats
03:14RN dans cet entre-deux-tours, en fait c'est quoi, c'est qu'ils ne veulent pas s'exposer ?
03:17Vous avez raison, il y a deux choses en fait, on a envie de les rencontrer, nous, à RTL,
03:21pour savoir qui ils sont, ce sont souvent des nouvelles têtes, on a envie de savoir
03:25qui va être élu, surtout qu'ils ont des chances d'être élus.
03:28On a aussi l'obligation de les rencontrer, quand vous faites un reportage sur une circonscription
03:32nous sommes tenus à l'égalité, c'est-à-dire entendre tous les candidats, donc pour entendre
03:36les autres candidats, il faut les entendre eux aussi.
03:38On a du mal à entrer en contact par exemple, avec le candidat RN dans la circonscription
03:44d'Elisabeth Borne, on n'arrive pas à le joindre, Nicolas Calbry, il est dans le Calvados,
03:47il n'y a aucun signe de vie de Thierry Besson, cinquième circonscription de la Marne, l'homme
03:52qui peut l'emporter face à Charles de Courson, Thomas Duchalard, circonscription face à
03:56Aurore Berger, ça aurait été intéressant d'entendre l'homme qui met Aurore Berger
04:00en bas l'otage.
04:01Une candidate a prétexté, ça c'est une info RTL, a prétexté des rendez-vous médicaux
04:06pour échapper à un débat face à un candidat au législatif, vous savez les débats organisés
04:10par la presse locale.
04:11Alors sur ces profils embarrassants de candidats au Rassemblement National, Jordan Bardella
04:17a réagi aujourd'hui, écoutez-le.
04:18Lorsqu'il y a des brebis galeuses, il peut y arriver qu'il y en ait d'ailleurs, moi
04:22je n'ai pas la main qui tremble, donc effectivement j'ai souhaité retirer l'investiture à
04:26des gens dont je n'avais pas connaissance, c'est-à-dire que quand on va chercher sur
04:29les pages Facebook, des tweets, des profils, des propos qui ont été tenus il y a 10 ans,
04:34il y a 15 ans, c'est vrai que parfois la presse a des moyens de police, parce qu'il
04:39y a des, il faut savoir qu'il y a des journalistes dont le travail c'est d'enquêter toute
04:42la journée, toute la journée sur les candidats, les suppléants, la grand-mère des suppléants,
04:46la boulangère de la grande tente du suppléant.
04:47Ce n'est pas un travail d'enquête que vous faites dans les partis ?
04:49Et donc, c'est-à-dire qu'en 48 heures, quand on nous annonce une dissolution en
04:5348 heures, on a 577 candidats à investir, donc évidemment qu'on regarde tout ça avec
04:57un très grand intérêt, mais dans 99,9% des cas, il n'y a absolument eu aucune difficulté.
05:02Jordan Bardella, chez nos confrères de France Bleue, Clément Guillaume, spécialiste du
05:06RN au Monde, je me tourne vers vous, comment expliquer cette difficulté à trouver des
05:12candidats solides, des candidats sans histoire ? Là, visiblement, ce n'est pas 0,1% des
05:17candidats.
05:18Le RN a du mal à trouver des candidats partout en France ? Et qui plus est, dans un temps
05:23aussi réduit après la dissolution ?
05:25Oui, alors c'est absolument édifiant la liste que vous venez de dérouler et ça montre
05:31qu'on n'est pas du tout sur des cas isolés et il faut savoir que ça a quand même toujours
05:35été le problème du RN de trouver des candidats crédibles sur la durée, il n'y a pas une
05:41élection sans que cela se passe, c'est cette recension des propos racistes tenus par les
05:47candidats RN que souvent le parti semble découvrir.
05:50Ce qui étonne là, c'est que le parti, depuis que Jordan Bardella a été élu président
05:58en 2022, faisait mine de s'être professionnalisé, il a nommé un secrétaire général qui est
06:06quelqu'un d'expérimenté, qui s'appelle Gilles Penel, qui lui-même a eu par ailleurs
06:10un passé assez radical et qui prétendait avoir, depuis deux ans, mis en place de manière
06:17extrêmement scrupuleuse ce qu'ils appelaient un plan Matignon, puisque évidemment ça
06:22fait deux ans que la rumeur d'une dissolution revient régulièrement.
06:26Et là, on se rend compte, en fait, depuis trois semaines que ce plan Matignon, soit
06:31il était prêt mais mal ficelé, soit il a été fait dans la précipitation en 48 heures.
06:38Alors justement, comment le RN vérifie le passé ou les réseaux sociaux des candidats ?
06:42Visiblement, tout n'a pas été épluché, c'est qu'ils n'ont pas eu le temps ?
06:45Alors là, je ne peux pas croire que ces vérifications de base aient été faites.
06:52Il suffit, il n'y a pas besoin de pouvoir de police, comme le sous-entend Jordan Bardella,
06:59pour faire ce travail de vérification, il suffit d'un ordinateur, a priori.
07:03Face à ces candidats, est-ce qu'il y a un embarras au sommet du parti, alors que l'opération
07:08dédiabolisation a fonctionné parfaitement jusqu'à présent ?
07:11Alors, j'ai eu ce matin un responsable du parti au téléphone qui était absolument
07:16affligé par la série de dérapages qui étaient débusqués par la presse et qui en voulait
07:25très clairement à la direction du parti de ne pas avoir fait son travail de vérification
07:32élémentaire qui, encore une fois, est un problème tellement récurrent au RN qu'ils
07:38ne peuvent pas dire qu'ils ne savaient pas, si vous voulez.
07:40On voit que la gauche et la Macronie s'emparent de cet argument, tentent de rediaboliser le
07:46RN.
07:47Est-ce que ça fonctionne encore sur les électeurs ?
07:49Eh bien ça, on le verra la semaine prochaine, on le verra dimanche.
07:53Je pense sincèrement que tout cela n'aura qu'un effet à la marge sur le vote de dimanche
08:00prochain, ne serait-ce que, regardez, dans une circonscription en Meurthe-et-Moselle,
08:05il y a un candidat qui s'appelle M.
08:08Péché, Louis-Joseph Péché, dont nous avons révélé qu'il était finalement en fait
08:12membre de la famille Ghana, qui est une famille très connue à l'extrême droite radicale.
08:16Marine Le Pen a découvert qu'il était candidat et qu'il s'appelait en réalité M.
08:21Péché de Ghana dans les colonnes du Monde, et la semaine suivante, le site Street Press
08:26recensait des dizaines et des dizaines de messages antisémites, xénophobes, misogynes
08:32sur les réseaux sociaux.
08:33Il a été désinvesti par partie, il a fait 30%, et il y a un autre candidat à l'extrême
08:39droite qui a fait 10%, c'est-à-dire qu'il a des bonnes chances de faire tomber…
08:42Même s'il a été écarté par Marine Le Pen ?
08:44Exactement, exactement.
08:46Il a été écarté, mais il a quand même gardé apparemment l'étiquette Rassemblement
08:51National sur ses bulletins, et il pourrait faire tomber un candidat socialiste très
08:55implanté, qui a élu je crois depuis deux mandats dans cette circonscription.
09:00Donc on voit bien que l'étiquette a vraiment fait le jeu dimanche dernier.
09:05Merci beaucoup Julien Fautra, spécialiste du RN ici RTL.
09:08Merci Clément Guillot, spécialiste du RN au Monde, merci d'avoir été avec nous
09:12pour répondre à cette question.