Sera-t-il lui-même candidat lors des élections législatives des dimanche 30 juin et 7 juillet ? Que pense-t-il de la dissolution ? Du score du RN aux Européennes ? De la conférence de presse d'Emmanuel Macron ? Écoutez l'interview du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 12 juin 2024
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00:00RTL bonsoir, Julia Sellier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04Allez RTL bonsoir, dans cette édition spéciale nous accueillons maintenant un
00:07premier invité, c'est le ministre de la Justice. Bonsoir Eric Dupond-Moretti.
00:12Bonsoir. Merci d'être avec nous. Vous étiez présent à la mi-journée quand
00:15Emmanuel Macron a tenu sa conférence de presse pour expliquer la dissolution de
00:20l'Assemblée, pour appeler aussi au sursaut
00:22à 18 jours seulement des législatives. Est-ce que vous serez candidat d'ailleurs
00:26Eric Dupond-Moretti ?
00:28Écoutez, à l'instant où je vous parle, je ne le sais pas encore.
00:32Mais ce qui est sûr, c'est que
00:34si je ne suis pas candidat, je mènerai campagne comme je l'ai toujours fait.
00:39J'ai fait plus de 50 meetings lors des dernières législatives, je me suis
00:43battu
00:45pour ces élections européennes, donc je serai présent et
00:49je donnerai tout ce que j'ai d'énergie pour convaincre nos compatriotes.
00:54Je vous pose la question parce qu'on sait que vous n'hésitez pas à aller au combat,
00:57on se souvient des régionales face à Marine Le Pen. On peut vous imaginer
01:01face à une personnalité erraine ou peut-être même dans une ville de Nice
01:05que vous connaissez très bien face à un certain Eric Ciotti ?
01:08Je vous ai répondu.
01:10Je serai là où le président de la République me demande d'aller.
01:15Mais vous avez envie d'y aller ?
01:17Ça, ça s'appelle de la prétérition, c'est-à-dire poser une question
01:21sans la poser tout en la posant. Je pense avoir été tout à fait clair.
01:26Moi, je suis quelqu'un qui s'engage
01:30totalement.
01:31J'approuve totalement cette dissolution, c'était la seule solution et
01:36disons-le clairement,
01:38personne ne doit avoir peur
01:40du peuple qui va être amené
01:42à s'exprimer.
01:45On verra peut-être que demain le président de la République me demandera
01:49d'aller me battre dans une
01:51circonscription et j'irai.
01:54Juste un mot sur Eric Ciotti, parce qu'hier vous avez eu ses mots, il a livré
01:57sur un plateau d'argent le parti gaulliste à l'extrême droite, c'est
02:01encore l'événement du jour, c'est Dallas aujourd'hui chez les Républicains,
02:04où les ténors ont été visiblement surpris et pris de court.
02:07Vous avez été surpris, vous ?
02:10Ah oui,
02:11oui, évidemment, parce que
02:13Eric Ciotti appartient aux Républicains,
02:17c'est l'héritage gaulliste,
02:19c'est l'héritage chiracien,
02:22sarcosiste,
02:25toujours très clair d'ailleurs sur le positionnement que ce parti
02:31devait avoir
02:34vis-à-vis du Rassemblement National. Et d'un coup d'un seul,
02:38voilà que le président des LR,
02:41au nom des LR qu'il n'a pas consulté,
02:44décide d'aller chez madame Le Pen.
02:48Dans l'espoir peut-être d'une place, d'un poste,
02:54qui c'est d'un ministère,
02:56celui de l'intérieur peut-être.
02:58Et le président des LR est aujourd'hui
03:02le seul LR qui choisit cela, quelques autres l'ont suivi.
03:06Vous avez vu que les sénateurs LR
03:09ne sont pas d'accord avec lui et pour cause.
03:13Vous avez vu que monsieur Marlex, que madame Becqueresque...
03:16Les députés LR sortants sont investis ce soir sauf Éric Ciotti et une de ses proches.
03:21Ben voilà.
03:23Est-ce que ça veut dire que ces députés LR qui ne suivent pas Éric Ciotti,
03:26est-ce qu'il faut les aider ? On a entendu Gérald Darmanin
03:30hier émettre cette possibilité et ne pas présenter de candidats de la
03:34majorité face à eux.
03:35Je vais vous répondre.
03:37J'ai porté avec enthousiasme un certain nombre de textes
03:41qui viennent de chez les LR.
03:44Et notamment
03:45des LR du Sénat, mais aussi d'ailleurs de l'Assemblée nationale.
03:50J'ai travaillé avec Éric Ciotti
03:53sur un certain nombre de textes, sur un certain nombre d'amendements.
03:57Aujourd'hui on constate quoi ? Qu'il y a les LR du Sénat,
04:00ils se sont exprimés, je pense très clairement,
04:02et même à l'unanimité sur ce que faisait
04:04monsieur Ciotti.
04:06Et à l'Assemblée nationale, il y a, si j'ose dire, les Ciottistes,
04:09assez peu nombreux,
04:10qui sont aujourd'hui les Marinistes.
04:12Et puis, il y a les autres qui disent,
04:15vous ne pouvez pas vendre pour un plat de lentilles
04:18ce parti qui est un grand parti républicain.
04:21On n'est pas d'accord avec ça.
04:23Et regardez aujourd'hui, c'est un gag, ce n'est pas Dallas.
04:26C'est une série comique.
04:28Parce que monsieur Ciotti s'enferme
04:31dans l'immeuble des LR. Ecoutez, c'est absolument
04:35une histoire folle.
04:36Il prend ensuite un communiqué avec le papier en tête des LR alors qu'il n'en est plus le président.
04:42Et là, c'est madame Annie Gennevard
04:45qui vient avec son double déclé.
04:47C'est du buesque cette histoire.
04:49Pour ouvrir la porte.
04:51Voilà le spectacle
04:55pathétique
04:57et comique
04:58que génère au fond l'initiative de monsieur Ciotti.
05:03Dans ce contexte, je vous repose la question, il faut du côté de la majorité ne pas
05:06présenter de candidats face
05:08aux députés LR investis ce soir et qui
05:12ne suivent pas Eric Ciotti.
05:13Mais il faut que l'on puisse travailler avec des gens
05:18qui sont des gens raisonnables. Qu'est-ce que l'on a comme choix aujourd'hui ?
05:22Cette dissolution, on va le dire,
05:26le président de la république a eu raison parce que
05:29dès le mois d'octobre, on aurait été sous la menace...
05:32Vous redoutiez une motion de censure.
05:34Et de toute façon des législatives qui allaient arriver.
05:36Mais qu'on aurait subi sur un certain nombre de textes
05:39dont des textes que je prépare. On a besoin d'une majorité pour avancer.
05:44Je prépare un texte sur les mineurs, vous le savez, je l'ai dit.
05:48Je prépare un texte sur le grand banditisme et le narcotrafic.
05:52Il faut des gens raisonnables
05:54que l'on puisse discuter. Et puis le parlement enrichit les textes.
05:59C'est le pouvoir d'amendement. Alors on a d'un côté
06:03l'extrême droite qui n'est constituée que de démagos.
06:07On va dire les choses très clairement.
06:09Et l'extrême gauche qui a eu l'indécence
06:14d'appeler son nouveau rassemblement le Front populaire.
06:17Et j'étais très ému d'entendre le président de la république rappeler que
06:23le Front populaire, dans nos mémoires, c'est Léon Blum, le juif.
06:27Et quand on sait combien d'antisémites de LFI vont être investis,
06:33je me dis que Ford a une nouvelle fois, Olivier Ford, vendu le Parti socialiste,
06:39qui était un grand parti de gouvernement, là aussi pour quelques places,
06:43et qu'on a balayé d'un revers de manche M. Glucksmann,
06:47qui a fait une campagne, on en pense qu'on en veut,
06:48moi je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit M. Glucksmann,
06:50mais il a fait une campagne qui mérite le respect.
06:53Alors évoquons cette campagne express, puisqu'il reste dix juifs jours
06:57avant les législatives anticipées, face, vous l'avez dit, au RN,
07:00face à ce nouveau Front populaire qui est en train de se dessiner.
07:03On a entendu Emmanuel Macron, à la mi-journée, appeler au sursaut,
07:06il a déroulé un cap, il a rappelé ses principes,
07:09il a déroulé un cap pour les trois ans à venir, en cas de victoire,
07:11mais dimanche dernier, toutes ces idées n'ont pas convaincu
07:15pourquoi là, soudainement, en 18 jours, ça fonctionnerait, Éric Dupond-Moretti.
07:18Mais le président de la république, il a dit, bien sûr qu'elle était le cap,
07:23et il a eu raison de le fixer, il dit aussi qu'on n'a pas tout bien fait.
07:27Vous l'avez entendu, il y avait beaucoup d'humilité
07:29dans les propos du président de la république.
07:32Et puis dans le domaine qui est le mien, par exemple,
07:34mais beaucoup d'autres ministres pourraient s'exprimer ainsi.
07:38Moi, j'ai renforcé le nombre de magistrats, de greffiers, de contractuels dans la justice.
07:44Mais monsieur, il faut du temps pour que tout cela se mette en place.
07:47On a réformé la justice des mineurs.
07:49Est-ce que les français sont prêts à l'entendre ?
07:51Il reste 18 jours pour renverser les prévisions des sondages.
07:55Les français doivent l'entendre parce que c'est une réalité.
07:58Moi, je n'ai pas de baguette magique.
07:59On a fait un certain nombre de choses.
08:00On n'a sans doute pas tout bien fait.
08:02Il y a encore beaucoup de choses à faire.
08:04Il y a un travail, je vous l'ai dit, qui est en cours sur les mineurs.
08:07Ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
08:09Vous devez réunir les magistrats.
08:11Vous devez réunir les avocats.
08:12Vous devez réunir les forces de l'ordre.
08:15On simplifie la procédure pénale.
08:16C'est exactement la même chose.
08:18Ça ne se fait pas comme ça.
08:19Moi, je veux vous dire, le Rassemblement national
08:24se voit déjà franchir la porte de Matignon.
08:29Et déjà, ils se rendent compte que le Yaka Faucon Faudrait,
08:33dont ils nous ont abreuvé pendant des années,
08:37ça ne marche pas comme ça.
08:38Regardez les retraites.
08:41Chez vous, ici, sur RTL.
08:43Jordan Bardel a été très évasif à la question.
08:46Est-ce que vous allez trouver la réponse des retraites ?
08:48Il n'est pas évasif.
08:49Il est très clair.
08:51Il dit, on verra ça après.
08:54Il y a des priorités.
08:54C'est-à-dire que ce qu'ils ont promis ne se fera pas.
09:00Le programme, comment dirais-je, finance public,
09:06que va nous imposer, que veut nous imposer l'ERN,
09:10c'est 100 milliards.
09:13C'est totalement surréaliste.
09:14Et ce sont des experts indépendants qui le disent.
09:16Un dernier mot encore, vous êtes une station privée
09:20et vous avez évidemment l'habitude du pluralisme
09:22et personne ne peut vous le contester.
09:24Mais dites-moi, la privatisation du service public de l'audiovisuel,
09:28on va mettre qui à la tête de France Inter, de France Info ?
09:35Qui va venir ?
09:36Qui va propager la bonne nouvelle ?
09:38Et pourquoi pas, Monsieur, un ministre de l'Information ?
09:42Voilà un certain nombre de réalités.
09:44Et le président de la République dit aux Français,
09:46écoutez, c'est très clair, vous avez la parole.
09:49Parce que dans les électeurs du RN, il y a qui ?
09:52Il y a les aficionados, toujours.
09:54Ceux-là, peu de chance qu'ils changent d'avis.
09:56Puis vous avez ceux qui disent, on va voter Bardella
09:58parce que l'Europe, c'est très, très loin.
10:01Puis il y a ceux...
10:02Plus de la moitié des ouvriers ont voté Jordan Bardella dimanche dernier.
10:07En quoi c'est un danger, l'ERN, pour les ouvriers ?
10:09Puisque vous insistez sur le danger du Rassemblement national.
10:11Parce que dans les urnes, aujourd'hui, la réalité, c'est que ces ouvriers,
10:14ils voient plutôt Jordan Bardella et l'ERN comme un espoir.
10:16Je viens de vous le dire.
10:18Le programme économique, c'est 100 milliards d'euros.
10:21Cette histoire de TVA a été testée en Espagne.
10:26Ça ne fonctionne absolument pas.
10:28Et c'est l'appauvrissement du pays.
10:30Je pense que le président, ce matin, en fixant le cap,
10:33a rappelé ces choses et de façon extrêmement claire.
10:37Il y a, pardonnez-moi, vous savez ce que c'est qu'un démagogue ?
10:39Je vais vous dire.
10:40C'est quelqu'un qui vous dit, monsieur, ce que vous avez envie d'entendre.
10:43Et donc, dans les électeurs, il y a, je l'ai dit,
10:45et pardon d'y revenir un instant,
10:47ceux qui sont convaincus que l'extrême droite, c'est formidable.
10:51Il y a ceux qui veulent nous mettre un petit coup de pied
10:56parce qu'ils estiment que les choses ne vont pas assez vite,
10:58parce qu'on n'a pas tout bien fait, parce que, tout ce que vous voulez.
11:01Il y a les protestataires, oui.
11:03Il y a ceux qui pensent que l'Europe est très très loin.
11:05Et puis, il y a ceux qui sont séduits par un discours de démagogie
11:08qui consiste à dire ce que nos compatriotes veulent entendre.
11:13Moi, vous voyez, je suis évidemment très très circonspect sur, comment dirais-je,
11:23l'idée, au fond, que ce ne serait pas bien de donner la parole aux Français.
11:29Moi, je pense exactement le contraire.
11:31Regardez.
11:32Mais je vous sens très combatif et Emmanuel Macron l'était aussi ce matin.
11:35Il a eu cette phrase, il l'a répétée à plusieurs reprises.
11:38Je n'ai pas l'esprit de défaite.
11:40Hors antenne, Éric Dupond-Moretti, on ne va pas se mentir.
11:42Depuis dimanche, certains ministres des députés sortants ont confié à RTL,
11:47à l'inverse, qu'ils étaient plutôt pessimistes.
11:50Vous la ressentez, la peur de la défaite, dans vos rangs ?
11:52Non, mais moi, je me dis que ce pays est un pays merveilleux,
11:56qu'il y a évidemment des choses à régler, qu'il y a des gens qui sont dans la difficulté,
12:00qu'il y a des questions de délinquance, délinquance des mineurs en particulier.
12:04Le président de la République en a parlé ce matin qu'il faut régler.
12:09Tout ça ne se fait pas avec une baguette magique.
12:11Vous êtes tous aussi combatifs ?
12:12Pardonnez-moi, je n'en sais rien.
12:14Je ne sais pas si les autres sont combatifs ou pas combatifs.
12:17Mais c'est important pour mener une campagne.
12:19Moi, je le suis et une campagne, c'est de fédérer.
12:23C'est ça le sens d'une campagne.
12:25C'est de fédérer toutes les énergies.
12:26Ce pays est trop beau pour qu'on le confie à l'extrême droite ou au front, comment s'appelle-t-il déjà ?
12:33Populaire.
12:34Populaire, oui, exactement.
12:36Merci Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice.
12:38Merci d'avoir été notre premier invité aujourd'hui dans RTL.
12:42Bonsoir.
12:42Les invités qui évidemment se succèdent dans ce studio pendant cette édition spéciale,
12:47c'est Sophie Binet qui va nous rejoindre dans un instant.
12:49La numéro 1 de la CGT qui appelle comme la CFDT à défiler ce week-end face à,
12:53je cite, le danger pour la démocratie que représente l'extrême droite.
12:57A tout de suite sur RTL.