Emanuel Macron a-t-il eu raison de dissoudre l'Assemblée national ? Le Rassemblement National peut-il prendre le pouvoir ? Que va-t-il se passer le 8 juillet ? Écoutez l'interview du ministre des Armées.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 14 juin 2024
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00:00RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:06Amandine Bégaud, vous recevez ce matin le ministre des armées, Sébastien Lecornu.
00:09Monsieur le ministre, après l'alliance entre le Rassemblement National et Éric Ciotti,
00:13c'est au tour des partis de gauche de se mettre d'accord sur des candidatures uniques.
00:16Ce nouveau front populaire, c'est comme ça qu'il l'appelle, a été annoncé et signé hier soir.
00:21Est-ce que ce matin, finalement, vous ne vous retrouvez pas un peu seuls contre tous ?
00:25Ce sont les électeurs qui devront le trancher en fonction des programmes qui sont proposés
00:29et faire des alliances de partis, y compris contre Nature.
00:31Au fond, ce n'est pas très compliqué, se répartir des circonscriptions législatives,
00:34ça sent bon l'andouillette, comme on disait dans les vieux films.
00:37Si je prends les sujets militaires, ce sont des sujets dont on ne peut pas complètement s'exonérer
00:42ou s'extraire aujourd'hui au regard du contexte international
00:45parce qu'un électeur ne peut pas s'exonérer aussi au moment où il prend sa responsabilité
00:50de regarder la situation qu'il y a dans le monde.
00:52Regardez la question de la dissuasion nucléaire, la voûte qui protège nos intérêts vitaux,
00:58y compris au moment où la Russie mène une guerre d'agression sous sa propre voûte nucléaire.
01:02Europe Écologie Les Verts est contre la dissuasion.
01:05Le Parti Communiste Français est historiquement contre la dissuasion, pas de surprise.
01:09La France Insoumise est contre la dissuasion nucléaire.
01:12Et le Parti Socialiste, parti de gouvernement,
01:14on a entendu le président Hollande hier soir à la télévision, est pour la dissuasion.
01:18L'OTAN, Europe Écologie Les Verts, le Parti Socialiste sont très atlantistes,
01:23très engagés historiquement dans l'alliance atlantique de l'Atlantique Nord
01:27et vous avez le Parti Communiste et les filles qui sont contre l'OTAN.
01:32L'Europe Écologie Les Verts ne veut pas du nom d'un successeur au porte-avions Charles de Gaulle,
01:40le Parti Socialiste, pendant l'autre programmation militaire,
01:43a déposé des amendements pour qu'il y en ait un deuxième.
01:45Ce que je veux dire par là, c'est que ce sont des questions qui sont redoutablement importantes.
01:50Est-ce que votre question c'est qui fait quoi en matière de défense nationale ?
01:55Au G7, hier soir, Emmanuel Macron était interrogé sur cette question,
01:59est-ce que les partenaires sont inquiets ou pas ?
02:01Et il l'a dit, sur les sujets internationaux et sur le sujet de défense,
02:04je rappelle qu'il y a une constitution et qu'en la matière c'est le président qui gère.
02:07C'est pas faux !
02:08Mais qu'est-ce que dit la constitution ?
02:09C'est vers ça que le Président de la République nous renvoie,
02:11donc on va le faire peut-être 30 secondes ensemble.
02:13Le Président de la République, il est chef des armées,
02:15il est le garant de l'intégrité du territoire et de l'indépendance nationale
02:20et donc il dispose, pour cela évidemment aussi, de la capacité à faire le feu nucléaire.
02:25C'est d'ailleurs pour ça que le Général de Gaulle, en 1962,
02:27a souhaité que l'élection se fasse au suffrage universel direct.
02:30Et la même constitution, vue par le Général de Gaulle, par Michel Debray, je le rappelle,
02:34tout ça a été très pensé, très organisé,
02:36le gouvernement est responsable de la défense nationale.
02:39Ça veut dire que le gouvernement doit au Président de la République
02:43un système d'armée qui fonctionne,
02:45c'est le ministre qui gère le corps des officiers généraux,
02:47les questions de ressources humaines,
02:49les questions budgétaires, on pourra y revenir parce que c'est un point clé,
02:52et qui gère aussi un certain nombre d'actes
02:55qui concernent directement notre défense nationale.
02:57Les exportations d'armes, par exemple,
02:59et donc de savoir demain les moyens que l'on met dans tel ou tel type d'armes,
03:04c'est le gouvernement, c'est le Parlement qui le décide.
03:06Et en fait, on parle de domaine à réserver,
03:08c'est Jacques Chabond-Helmas qui avait inventé en tout cas cette terminologie en 1959,
03:12si ma mémoire est bonne,
03:13la réalité constitutionnelle c'est que c'est un domaine partagé.
03:16Donc le Président de la République a ses compétences,
03:18mais le gouvernement et le Parlement a les siennes.
03:20Et au fond, c'est une situation inédite dans laquelle on se trouve.
03:22Oui, parce que jusqu'à présent c'était en cas de cohabitation,
03:24on avait un Président et un Premier ministre d'accord sur ces questions-là.
03:27En fait, et c'est ça.
03:28Alors aussi, regardez un tout petit peu dans cette campagne législative,
03:31vous avez eu trois cohabitations,
03:32qui d'ailleurs, pardon, mais se sont inscrites dans des contextes sécuritaires qui étaient plus calmes.
03:3686-88, c'est le début de la détente,
03:39le début des grands traités internationaux de désarmement,
03:42les deux cohabitations des années 90,
03:44c'est la guerre des Balkans, qui a été une guerre épouvantable,
03:46enfin, qui ne présentait pas complètement les mêmes risques de sécurité pour la France,
03:49c'est le moins que l'on puisse dire.
03:50Et surtout, pour la première fois, on a deux blocs politiques,
03:52le Rassemblement National d'un côté,
03:54et cet accord Nouvelle Version d'UPS avec M. Mélenchon de l'autre,
03:57qui remettent effectivement en question des grands fondamentaux
04:00que nous croyions pourtant acquis depuis le Général Legault,
04:03avant ce militant à Emmanuel Macron.
04:05Leur est trop grave pour laisser la main au RN ou à l'IFI ?
04:07Non, leur est suffisamment grave pour que les électeurs posent des questions
04:10à leurs candidats sur les questions de sécurité et de défense.
04:12On ne peut pas s'exonérer du contexte.
04:14On pense ce que l'on veut de la politique que nous menons,
04:16et en tout cas que je défends depuis deux ans comme ministre des Armées,
04:18mais la réalité, c'est que ces candidats législatifs ne pourront pas se dérober.
04:22J'ai vu passer cette nuit sur les réseaux sociaux,
04:24les textes d'accords de fond de cette nuppesse Nouvelle Version,
04:28rien sur la défense. Rien.
04:30Donc, c'est le moment aussi de la grande clarification.
04:32C'est aussi pour ça que le Président a souhaité cette élection législative anticipée.
04:36Sébastien Lecornu, vous êtes, je le rappelle, un élu de terrain,
04:38élu de l'heure, depuis votre plus jeune âge,
04:41l'heure qui a voté à plus de 42% pour le RN dimanche dernier.
04:44Près de 26% chez vous à Vernon,
04:46c'est 10 points de plus que la liste de Valérie Ayé.
04:48Comment en est-on arrivé là ? Qu'est-ce que vous avez raté ?
04:52Déjà, il y a des sociologies très différentes.
04:54Le vous, il est large, ce n'est pas vous Sébastien Lecornu.
04:56Si vous me parlez de l'heure, je peux parler plus précisément de ce que je ressens.
05:00J'ai toujours été confronté au Rassemblement National,
05:02à chaque fois au second tour de mes élections,
05:04depuis que je suis candidat.
05:05Donc, je vois la difficulté de le combattre.
05:09Au fond, on voit, il y a un petit socle de ces électeurs
05:12qui reste inscrit dans ce qui a pu être une tradition un peu xénophobe, etc.
05:16Mais enfin, c'est une minorité aujourd'hui.
05:18Deuxième des choses, vous avez beaucoup de gens...
05:20Vous disiez, la guerre en Ukraine, c'est très bien d'aider les Ukrainiens,
05:23mais nous, on ne nous a pas aidés, on nous oublie.
05:25Deuxième des choses, vous avez évidemment beaucoup de gens déçus
05:28des systèmes politiques traditionnels.
05:30Je rappelle que le président Sarkozy, le candidat Nicolas Sarkozy en 2007,
05:33avec d'ailleurs Madame Royal, avait réussi à offrir un duel aux Français
05:36qui avait privé, justement, le RN de ce second tour.
05:39Et puis, on le voit bien, il y a aussi toute l'espérance en nous depuis 2017,
05:43avec des résultats qui, parfois, ne vont pas assez vite pour nos différents concitoyens.
05:47Et puis, vous avez ce sentiment, donc, face à la réalité de l'action publique,
05:52parce que tout ça prend du temps.
05:53Dans l'heure, c'est le principal désert médical dans l'Hexagone.
05:56Je vois bien, je mène des projets de maisons de santé.
05:58Avec le gouvernement, on a remédié en partie à cette situation,
06:02mais ça prend du temps sur le terrain.
06:03Et j'ai des députés à l'Assemblée nationale,
06:05et j'ai des députés à l'Assemblée nationale,
06:07qui se votent dans le mensonge, dans les promesses démagogiques,
06:11et avec, au fond, parce que je réponds à votre première question,
06:14des électeurs, des concitoyens qui nous disent
06:16« Mais, au fond, on n'a pas essayé ».
06:17Et donc, il y a cette volonté d'essayer quelque chose
06:19qui n'a pas été essayée jusqu'à présent.
06:21Mais, je vais vous dire, moi, dans la vie, il y a beaucoup de choses que je n'ai pas essayées,
06:23y compris de me balancer par la fenêtre sans parachute, voyez-vous.
06:26Donc, je pense que...
06:27C'est ça, vos TRN aujourd'hui ?
06:28Non, non, mais, moi, je suis ministre des armées.
06:30Je suis venu vous dire ce matin
06:32que je suis inquiet pour la sécurité de mon pays,
06:34que la guerre est aux portes de l'Europe,
06:36que la situation proche au Moyen-Orient est dramatique,
06:39que la menace terroriste, elle est présente.
06:41Et je dis donc à mes concitoyens, en conscience et en responsabilité,
06:44parce que ça fait deux ans que je suis ministre en charge des armées,
06:46que la menace sur le pays, elle rôde.
06:48Et donc, je veux juste dire que ces élections anticipées
06:51sont aussi le moyen, pour chacun, de prendre ses responsabilités.
06:55Et je demande aux candidats de cette nupèce nouvelle version du RN
06:59de faire aussi ce travail de clarification sur leurs attentions.
07:03L'Alliance Atlantique, on va voir le sommet à Washington au mois de juillet,
07:05ce n'est pas anecdotique pour la sécurité.
07:07On parle de démographie médicale dans l'heure,
07:09mais la sécurité des oroises et des orois,
07:11elle passe aussi par une sécurité globale et collective.
07:13Ce que je veux vous dire par là, c'est qu'on a désormais
07:15ce moment de clarté, il est clé,
07:17il est fondamental pour l'avenir du pays.
07:19Moi, j'en suis intimement convaincu.
07:21Pour la situation du pays, dites-vous,
07:23ce matin, Sébastien Lecornu, mais
07:25cette dissolution, elle n'intervient pas
07:27au pire moment, dans les pires circonstances.
07:29Ce sont les mots de François Hollande.
07:31On n'avait pas besoin de ça.
07:32On est une démocratie, donc que les élections aient lieu,
07:34on ne peut pas s'en offusquer. Je suis désolé.
07:36Beaucoup de démocraties en Europe ont des systèmes électoraux
07:38qui sont beaucoup plus complexes.
07:40Et les Etats-Unis vont voter pour leur président des Etats-Unis
07:43à l'automne. Les Britanniques, actuellement,
07:45aussi, sont appelés aux urnes.
07:47Donc oui, c'est le principe même des démocraties.
07:49Si vous voulez, on ne peut pas dire que le macronisme,
07:51c'est un pouvoir qui confisque tout,
07:53de techno, etc. Parfois, d'ailleurs, j'ai pu aussi avoir
07:55des mots un peu durs, moi-même, sur ce que nous sommes,
07:57parce qu'il faut être lucide. Au moment où le Président de la République
07:59a une geste un peu gaullienne en disant
08:01on va laisser le corps électoral s'exprimer et choisir
08:03ce qu'il veut pour son Assemblée Nationale,
08:05le reprocher. Je pense qu'il faut faire preuve de cohérence.
08:07Merci beaucoup, Monsieur le Ministre.