• l’année dernière
Un dialogue avec l'ensemble des formations politiques représentées au Parlement pour des textes "transpartisans", voire des référendums : Emmanuel Macron a esquissé mercredi les contours de son "initiative politique d'ampleur", censée débloquer une situation complexe au Parlement. Pour en parler, Olivier Bost, chef du service politique de RTL, et Etienne Gernelle, directeur du magazine Le Point.
Regardez Le débat du 24 août 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Jérôme Florin.
00:07 RTL, il est 8h24, Macron, la grande explication. Le président a choisi votre journal, Etienne Gernel, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:15 Directeur du magazine Le Point, Emmanuel Macron a donc choisi votre journal pour faire sa rentrée, livrer tout un tas de réflexions, notamment sur
00:21 l'école, on va y revenir. Et je salue aussi Olivier Bost, chef du service politique de RTL.
00:26 Bonjour.
00:27 Etienne Gernel, vous avez mené cet entretien jeudi dernier, donc il y a une semaine en fait, au fort de Brégançon, dans le Var,
00:33 la résidence d'été des présidents. Il était comment Emmanuel Macron, détendu ?
00:36 Plutôt détendu.
00:38 En forme physiquement, visiblement,
00:41 bronzé, il fait du sport, avec ça. Un peu tendu, parce que l'entretien, il était parfois un peu... Il répond,
00:48 il rend les coups, c'est assez étonnant. D'ailleurs, il est souvent meilleur quand il est
00:52 un peu bousculé, dès qu'il fait des discours, parfois, quand il fait des grands discours, parfois, ça peut être un peu plat.
00:57 Il est bousculé, il est un peu meilleur.
00:59 Combattif, il a envie de se battre, il était visiblement énervé, énervé par les commentaires autour
01:06 du dénouement des 100 jours d'Elizabeth Borne, y compris dans Le Point, d'ailleurs, on a fait une couverture,
01:10 il a encore un président.
01:11 Voilà, justement, vous l'aviez un petit peu titillé, il a répondu à quoi ? Il a répondu comment, cette question ? D'ailleurs, y a-t-il un président ?
01:17 Vous l'avez trouvé ou pas ?
01:18 Oui, oui, lui, il avait l'air plus président, voilà, il avait l'air plus président.
01:23 Mais il n'a pas aimé, oui, c'est vrai, quand on lui a posé "est-ce que c'est un lame duck ?" vous savez, c'est une expression aux Etats-Unis.
01:27 Un lame duck ?
01:28 Un canard sans tête, qui veut dire c'est le président dans un deuxième mandat qui n'a plus les manettes, en fait.
01:32 Alors, non, non, je ne suis pas du tout un lame duck.
01:34 Il répond, il répond, y compris à Nicolas Baverez, qu'il avait beaucoup critiqué dans le journal,
01:38 d'une manière assez virulente. Oui, oui, combattif, visiblement.
01:41 Alors, bon, à quelques jours de la rentrée scolaire, Emmanuel Macron donne ses pistes sur l'école.
01:46 Et il lance un pavé dans la mare en disant vouloir raccourcir les vacances d'été, en tout cas pour les élèves en difficulté.
01:53 Il s'attaque à un tabou, là.
01:55 Ah oui, oui, oui, mais ça c'est évidemment... Alors ça c'était prémédité, visiblement, parce qu'il en a parlé assez vite.
02:00 C'est de faire revenir des élèves, en fait d'évaluer des élèves, le niveau des élèves.
02:04 Vous savez que ça c'est un des grands tabous français aussi, c'est qu'on voit bien le niveau de maths,
02:07 le niveau de langue, le niveau de français des élèves qui chutent.
02:11 Et donc l'idée c'est d'évaluer et de faire rentrer plus tôt ceux qui en ont besoin pour des cours de rattrapage le 20 août.
02:16 On va voir comment ça réagit.
02:18 - C'est déjà mal au niveau des syndicats, je peux vous le dire.
02:20 - Ben ça c'est normal, c'était un peu attendu. Et puis en même temps c'était aussi une réponse.
02:24 Parce que ce qu'il dit c'est que l'école c'est un sujet régalien.
02:26 Que la réponse aux émeutes, évidemment ça a traumatisé un peu tout le monde cette affaire.
02:30 Ça commence par là. Alors il dit "y'a pas que les coups de matraque".
02:33 Ça serait tout, nous ne serions que le coup de matraque.
02:35 - Et l'ordre, l'ordre, l'ordre... - Olivier Bost.
02:37 - Il peut prier à l'intérieur de l'école, c'est ça l'idée qu'il intente en avancer.
02:41 Après, moi, là c'est en fait une nouvelle promesse.
02:43 Celle d'une rentrée avant le 1er septembre.
02:47 Ce qui a toujours été impossible jusque-là en France.
02:50 Qui efface aussi une autre promesse qui pour l'instant n'est pas encore tenue.
02:53 On va voir dans les semaines suivantes si elle est tenue.
02:55 Qui était celle qui avait été faite l'année dernière.
02:58 Qui était de dire "il n'y aura plus aucun prof absent non remplacé".
03:02 - Ce n'était pas le cas.
03:04 - C'est une promesse qui finalement vient en écraser une autre.
03:08 Qu'on n'a pas encore vérifiée.
03:10 Et c'est vrai qu'Emmanuel Macron, moi je trouve, dans tout ce qu'il avance sur l'éducation,
03:15 vient aussi effacer un échec qu'il n'assume pas comme un échec.
03:18 Qui est celui de Pape Ndiaye.
03:20 - Oui, alors en fait, si on lit entre les lignes, on comprend qu'il dit que le ministre de l'éducation c'est lui.
03:25 Blanquer, Ndiaye, Attal...
03:28 - Il dit que c'est un domaine réservé.
03:30 Ce qui est une formule qu'il y a jusque-là.
03:32 - Justement, messieurs, sur Blanquer, il veut revenir sur les dates du bac.
03:37 Justement mis en place par Jean-Michel Blanquer.
03:40 Les épreuves ont commencé cette année en mars.
03:43 C'est beaucoup trop tôt, c'est ce qu'il dit.
03:46 - Oui, oui, oui. Et c'est très étonnant, d'ailleurs, comme il rentre dans les détails sur ces sujets-là.
03:49 Visiblement, c'est le sujet qui le turlupine.
03:52 Parce qu'on n'arrivait pas à l'arrêter pendant l'interview sur le sujet.
03:55 - Sur l'école ?
03:56 - Oui, sur l'école. Parce qu'il fallait quand même qu'on parle du reste, des questions régaliennes.
03:59 Qu'on parle de l'économie, qu'on parle de l'international, de l'Ukraine.
04:02 Mais on n'arrivait pas à l'arrêter. C'est son sujet.
04:04 Je souhaite bonne chance à Gabriel Attal, qui, visiblement, on va l'avoir sur le dos de manière assez présente.
04:09 Où il s'attaque à des tabous et à l'éducation, comme chacun sait.
04:12 C'est un sujet brûlant en France.
04:13 - Et il se fait plaisir en justement s'attaquant à ce tabou-là, Olivier Bost ?
04:16 - Je pense qu'il parle aussi, quelque part, parce qu'on va parler après de l'initiative politique qu'il veut lancer.
04:22 Mais il parle aussi à un électorat, qui peut être l'électorat de droite, et un peu aussi à la droite.
04:27 Parce que quand il dit qu'il va amener la question de l'ordre, la question régalienne, à l'école,
04:32 ça parle à un électorat, en fait.
04:36 Et ça peut parler, éventuellement, à la droite.
04:38 Moi, j'y vois aussi un message politique, quand il parle de l'école.
04:41 - Alors justement, venons-en à cette initiative d'ampleur politique qu'il avait annoncée avant les vacances,
04:47 et qu'il détaille dans le point ce matin.
04:49 Il annonce qu'il va réunir, la semaine prochaine, les principaux responsables politiques.
04:53 Donc en fait, c'est pas que l'arc républicain, comme on dit.
04:55 C'est de la France Insoumise, pour rassemblement national.
04:58 C'est ça, Étienne Gernard ?
04:59 - Oui, c'est plus large que ça.
05:00 Et d'ailleurs, ça se comprend tout à fait, parce que sinon, c'était compliqué, avec la NUPS,
05:03 de diviser, de faire où est-ce qu'il met la trace, la ligne.
05:06 - Alors dans quel but, maintenant ? Qu'est-ce qu'il va faire de tout ça ?
05:09 - L'idée, quand même, c'est qu'il n'a pas de majorité.
05:12 Et donc, la question, il ne sait pas comment faire.
05:14 Et d'ailleurs, il répond à cette question.
05:16 On lui a demandé pourquoi est-ce qu'il n'avait pas fait un accord politique avec d'autres forces, il y a un an.
05:20 Et il dit, en fait, aucune.
05:22 D'abord, elles sont divisées entre elles.
05:23 Il fait une analyse politique à l'intérieur du PS et de LR, d'ailleurs, c'est assez surprenant.
05:26 Il dit qu'elles sont divisées à l'intérieur, et puis aucune d'entre elles n'apporterait une majorité à elle seule.
05:31 - C'est une façon de dire que la majorité relative, ce n'est pas sa responsabilité.
05:33 C'est-à-dire que c'est la responsabilité des oppositions qui ne sont pas responsables.
05:37 C'est un peu, oui, qu'ils sont divisés.
05:38 - Oui, c'est assez étonnant, mais c'est son raisonnement.
05:41 Et après, il dit qu'il va en faire des majorités de projet.
05:43 Donc, il parle de référendum, de projet de loi.
05:45 Et ce qui est intéressant, c'est les propositions de loi.
05:46 C'est ça qui risque le plus d'aboutir.
05:48 Et notamment, ce qu'on sent venir un petit peu, c'est sur l'organisation territoriale,
05:51 sur le nombre de strates territoriales.
05:53 Donc, est-ce que ça va marcher ou pas ?
05:55 La mise en scène des choses pourrait agacer des gens.
05:57 - Oui, parce qu'il y a déjà eu le Conseil National de l'Europe Fondation,
06:02 il y a eu le Grand Débat, il y a eu les conventions citoyennes.
06:04 On a réuni du monde depuis six ans, ça n'a jamais vraiment donné grand-chose.
06:08 - Oui, après, la question, c'est de trouver des sujets qui peuvent créer un consensus.
06:11 Aux États-Unis, il y a ça, des projets de loi bipartisan.
06:13 Donc, on ne sait jamais, ça peut aboutir à des choses.
06:15 Peut-être, je ne sais pas si c'est les référendums qui font le plus parler,
06:18 c'est le point qui a le plus de chance d'aboutir.
06:20 Peut-être que c'est les propositions de loi.
06:22 Olivier, ça peut marcher, ça ?
06:23 - Moi, je trouve qu'il y a une contradiction dans le message que porte Emmanuel Macron sur cette initiative.
06:28 C'est qu'à la fois, il dit tout au long de l'interview qu'il n'est pas empêché,
06:31 qu'il a fait adopter un nombre de lois sinon record, en tout cas très important.
06:37 Et il défend aussi une constance politique.
06:39 Et en même temps, il n'est pas contraint, finalement, il l'explique tout au long de l'interview,
06:43 qu'il n'est pas contraint par la situation politique.
06:45 Et en même temps, il cherche des chemins, et ça fait un an qu'il cherche des chemins
06:49 pour faire face à cette majorité relative.
06:54 Et je trouve que c'est assez contradictoire.
06:55 C'est-à-dire que soit vous n'êtes pas empêché, puis vous gouvernez comme vous voulez gouverner.
06:58 Soit vous prenez des initiatives.
07:00 Il fait un peu les deux en même temps.
07:02 Et c'est un "en même temps" qui finalement donne l'impression que cette rentrée politique
07:06 est encore compliquée pour Emmanuel Macron.
07:08 - C'est sûr qu'elle est compliquée.
07:09 - Etienne Gernel, comment il gère cette colère contre lui depuis 6 ans ?
07:13 - Il a un peu de recul par rapport à ça, et puis en même temps,
07:16 on voit qu'il y a des moments où il est vraiment piqué.
07:18 C'est très étonnant, c'est un peu "on/off".
07:21 Comme souvent, vous savez, on répond toujours aux critiques, ça ne me touche pas, etc.
07:23 Mais en fait, oui, souvent ça le touche.
07:25 Evidemment, mais ce qui est très curieux, c'est qu'on voit qu'il y a deux Emmanuel Macron.
07:27 Il y a celui qui observe le monde, et qui est d'ailleurs très intéressant sur ce sujet,
07:31 quand il parle de l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce, qui n'existe plus,
07:35 du jeu non coopératif des États-Unis.
07:37 Il dit ça pour le climat, pour l'IA, pour l'intelligence artificielle.
07:40 Donc ça, c'est un observateur, un analyste du monde,
07:42 qui est très informé, parce qu'il le connaît, il le rend compte, tous ces gens-là.
07:45 Et puis après, il y a le Macron national,
07:47 où on voit que c'est très très difficile de visser le moindre boulon.
07:49 Et oui, là, il est dans l'exécution, dans les petites choses, dans les détails.
07:53 On voit qu'il serre les points quand il parle de ça, d'ailleurs, très souvent.
07:57 - Vous lui demandez s'il est content de lui ?
07:58 - C'est une drôle de question, ça.
07:59 - C'est une question piège, hein.
08:01 - Qu'est-ce qu'il répond ?
08:02 - Il dit non, non, évidemment, mais il a effleuré le piège.
08:05 Il répond que oui, parce que, évidemment, comme on l'attaque beaucoup,
08:08 il défend son bilan, donc on lui pose la question
08:10 "Est-ce que vous êtes content de vous ?"
08:11 Les gens qui sont contents d'eux, c'est horrible, c'est atroce.
08:14 Ce qui prouve qu'il est quand même lucide, c'est qu'il n'est pas tombé dans le panneau,
08:17 il a répondu qu'il n'était pas content de lui.
08:19 - Macron, la grande explication, c'est à la Une du Point, ça sort ce matin.
08:22 Merci à tous les deux, Étienne Gernel, directeur du Point,
08:24 et au Wikipost, chef du service politique de RTL.
08:26 Bonne journée à tous les deux, il est 8h32.
08:31 [SILENCE]

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