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Le 9 juin dernier, à la suite des résultats des élections européennes, Emmanuel Macron a dissous l'Assemblée nationale. S'ensuivit une campagne électorale soudaine, courte et intense pour les candidats qui aura tenu en haleine les Français jusqu'au bout. Deux mois après les élections législatives, Michel Barnier est nommé au poste de Premier ministre. Pour échanger à ce sujet, Jean-Pierre Gratien accueille le directeur général de l'Institut Ipsos, Brice Teinturier, la rédactrice en chef de La Tribune dimanche, Soazig Quéméner et le politologue Olivier Rouquan.LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5 Suivez-nous sur les réseaux ! Twitter : https://twitter.com/lcpFacebook : https://fr-fr.facebook.com/LCPThreads : https://www.threads.net/@lcp_anInstagram : https://www.instagram.com/lcp_an/TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_anNewsletter : https://lcp.fr/newsletterRetrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/#LCP #documentaire #debat

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous.
00:00:17En annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale
00:00:20le 9 juin dernier, à l'issue des élections européennes,
00:00:23le chef de l'Etat, Emmanuel Macron,
00:00:25espérait une clarification politique.
00:00:27Nous allons y revenir dans ce débat doc,
00:00:30avec tout d'abord le documentaire exclusif qui va suivre,
00:00:33intitulé Législative 2024,
00:00:36chronique d'une folle campagne
00:00:38réalisée par Céline Crespi et Maxime Rioux.
00:00:41Une campagne électorale soudaine, courte, intense,
00:00:45qui aura ménagé le suspense jusqu'au bout
00:00:48pour aboutir, deux mois après le second tour,
00:00:51à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre.
00:00:55Je vous laisse le découvrir
00:00:56et je vous retrouverai, juste après, sur ce plateau,
00:00:59en compagnie du directeur général de l'Institut Ipsos,
00:01:03Brice Stinturier, de la journaliste Soazig Kemmener
00:01:07et du politologue Olivier Roucan,
00:01:09avec cette question,
00:01:10quelles ont été les conséquences de la dissolution ?
00:01:13Bon drac.
00:01:15Musique douce
00:01:17...
00:01:20Un ancien président de la République redevenu député
00:01:23et des socialistes deux fois plus nombreux
00:01:25qu'en 2022 au Palais-Bourbon.
00:01:27Une gauche arrivée en tête à l'Assemblée nationale
00:01:30pour, au final, un Premier ministre de droite
00:01:34et un gouvernement composé de figures LR et macronistes.
00:01:37Pas même les esprits les plus fertiles
00:01:40auraient imaginé un tel scénario,
00:01:42surtout avec un RN vainqueur
00:01:43à l'issue du premier tour des législatives.
00:01:46Musique douce
00:01:48C'est la première fois, sous la Ve République,
00:01:51qu'on verse l'ordre des gagnants.
00:01:53La perspective d'une prise de pouvoir
00:01:56par le RN est apparue extrêmement crédible
00:02:00au soir du premier tour.
00:02:01Une situation inédite,
00:02:04conséquence d'une décision jugée insensée.
00:02:07Musique douce
00:02:09Personne, il ne faut pas se cacher les choses,
00:02:11n'avait anticipé cette dissolution.
00:02:14Comme une mauvaise farce
00:02:17ou alors un espèce de coup de poker,
00:02:20un pari qui tourne mal.
00:02:22Nous allons vous raconter cette incroyable épopée,
00:02:25un épisode unique avec ses coups de théâtre,
00:02:28ses tergiversations et ses déceptions,
00:02:30l'aboutissement d'une folle campagne.
00:02:32Musique douce
00:02:34Il est 19h, en ce dimanche 9 juin.
00:02:38La soirée s'annonce belle,
00:02:40pour les cadres et les militants RN,
00:02:43réunis au coeur du bois de Vincennes.
00:02:45Les sondages sont bons
00:02:47et les premières indiscrétions
00:02:49confirment que Jordan Bardella,
00:02:51de plus en plus populaire,
00:02:53va finir largement premier
00:02:55des élections européennes.
00:02:56...
00:02:59Il est 20h, les premiers résultats
00:03:01confirment la suprématie du parti d'extrême droite
00:03:04et la claque électorale donnée au camp présidentiel.
00:03:08Le Rassemblement national arrive largement en tête
00:03:11avec 31,5 % des voix.
00:03:14Vous gardez là !
00:03:16Et Jordan Bardella, de réitérer une demande faite
00:03:19il y a plusieurs semaines déjà.
00:03:21...
00:03:25Le président de la République doit choisir
00:03:27de s'en remettre à l'esprit des institutions.
00:03:30Nous lui demandons solennellement de prendre acte
00:03:33de cette nouvelle donne politique,
00:03:35de revenir au peuple français
00:03:36et d'organiser de nouvelles élections législatives.
00:03:39...
00:03:41A 21h, ce qui n'était qu'un mantra
00:03:45va soudain devenir réalité.
00:03:48...
00:03:51J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir
00:03:55parlementaire, par le vote.
00:03:59Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale.
00:04:02...
00:04:03Dissolution ! Dissolution !
00:04:06...
00:04:08Un mot qui sonne comme une première victoire
00:04:10pour le parti nationaliste.
00:04:12...
00:04:13Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale.
00:04:17Au QG de la majorité présidentielle,
00:04:19les visages traduisent stupeur et tremblement,
00:04:22comme le pressentiment que cette décision
00:04:24est la genèse d'un séisme politique.
00:04:26...
00:04:27On revote, cette fois,
00:04:29pour des législatifs totalement inattendus.
00:04:31Macron a choisi de dissoudre l'Assemblée
00:04:33après la victoire du RN aux Européennes en France.
00:04:36Enorme surprise, d'où une matinale remaniée
00:04:39pour mieux couvrir cette info.
00:04:40En ce lundi 10 juin,
00:04:42la France se réveille avec la gueule de bois.
00:04:46Et les stigmates d'un pays qui sait qu'il pourrait être
00:04:49pour la première fois depuis Vichy
00:04:51dirigé par l'extrême droite dans moins de trois semaines.
00:04:55La décision du président de la République
00:04:57est qualifiée de coup de poker dangereux.
00:05:01...
00:05:02Avec son annonce de dissolution,
00:05:04là, il a ouvert la porte grande ouverte
00:05:07au Front national, donc il ne faudra pas se plaindre.
00:05:10C'est donner le pays aux fachos.
00:05:12Peut-être que les gens vont se rendre compte
00:05:14que c'est sa partie qui ne peut pas gouverner.
00:05:17Peut-être qu'en 2027, ils vont se casser la gueule.
00:05:20Cette décision a saisi les Français.
00:05:23Très clairement, avec toute mon expérience,
00:05:26je n'ai jamais appréhendé, de la part des Français,
00:05:30une telle incompréhension
00:05:31s'agissant d'une décision politique.
00:05:34Qu'est-ce qui se passe ? Les élections européennes,
00:05:37un score très mauvais d'Emmanuel Macron.
00:05:39Il va voter au Touquet avec Macron,
00:05:41il revient dans la voiture,
00:05:43on comprend qu'il est sous la barre des 15.
00:05:45C'est là que la décision se prend,
00:05:47donc très tardivement, en fin d'après-midi,
00:05:50le dimanche 9 juin.
00:05:53C'est à ce moment-là qu'il décide d'appuyer sur le bouton.
00:05:56Dans la confidence, il n'y a pas grand monde.
00:05:58Je pense que le chef de l'Etat a souhaité
00:06:01prendre de court ses adversaires politiques.
00:06:06En décidant une dissolution imprévue,
00:06:09en l'annonçant le soir même des élections européennes.
00:06:13...
00:06:17Décision inconsidérée,
00:06:19stratagème cynique ou piège tendu au RN,
00:06:22cette dissolution va donner lieu à une recomposition à gauche,
00:06:26une nupèce saison 2, appelée de ses voeux le soir même
00:06:29de la déclaration présidentielle par François Ruffin.
00:06:32...
00:06:35J'en appelle à Marine Tourdelier,
00:06:38j'en appelle à Fabien Roussel,
00:06:39j'en appelle à Olivier Faure, à Manuel Bompard
00:06:42pour qu'on se mette derrière une bannière commune,
00:06:45une bannière Front populaire.
00:06:46Il nous faut nous unir dans ce moment.
00:06:48...
00:06:51Mais cette dissolution va aussi causer,
00:06:53du côté de la droite,
00:06:55des scènes de campagne rocambolesque.
00:06:58...
00:07:02A droite, les Républicains au bord de l'implosion
00:07:05après le ralliement de leur numéro 1
00:07:07au RN.
00:07:09Jordan Bardella...
00:07:10Il y a aujourd'hui une force qui va se lever,
00:07:13qui doit se lever pour s'opposer à l'impuissance du macronisme.
00:07:17Il faut une alliance, c'est le sens de la 5e République.
00:07:20Nous le faisons.
00:07:21Une alliance avec Marine Le Pen ?
00:07:23C'est ce que vous nous annoncez ?
00:07:25Une alliance avec le RN, avec ses candidats,
00:07:28une alliance à droite.
00:07:30...
00:07:33J'ai eu envie de vomir.
00:07:35J'ai eu envie de vomir quand j'ai entendu
00:07:37que le chef de ma famille politique,
00:07:39de la famille politique d'égolistes,
00:07:41allait se vendre au RN.
00:07:42En franchissant le Rubicon,
00:07:46Éric Ciotti est frappé d'anathème
00:07:48par ses amis politiques, comme par ses ennemis.
00:07:51Honte à vous.
00:07:52Vous ne méritez pas le nom qui est inscrit
00:07:56sur votre façade, monsieur.
00:07:58Votre diatribe m'honore, madame.
00:08:01Je n'avais pas vu que c'était tel.
00:08:04Rires
00:08:06Dans la foulée,
00:08:08les cadres des Républicains
00:08:09convoquent un bureau politique
00:08:11pour exclure Éric Ciotti.
00:08:13Il n'y a pas de place pour les traîtres
00:08:15et les putschs à la petite semaine.
00:08:17En représailles,
00:08:18Éric Ciotti licencie tous les collaborateurs du parti
00:08:22qui refusent de lui obéir.
00:08:24Il y a la porte.
00:08:26Le président DLR s'enferme au siège,
00:08:29tel un forcené bien décidé
00:08:32à empêcher le bureau politique de se tenir.
00:08:35On a l'impression de vivre dans une série canale.
00:08:38Une CNI peut se tenir ?
00:08:39Bien sûr.
00:08:41Elle doit se tenir jusqu'à dimanche.
00:08:43Si vous vous banqueriez, vous allez faire quoi ?
00:08:45On appellera le Samuche.
00:08:47On appellera Jordan Bardella pour le sortir de son bureau.
00:08:50Au terme du bureau politique, le verdict tombe.
00:08:54Le chef devient Persona non grata.
00:08:57Éric Ciotti est en rupture totale
00:09:00avec les statuts et la ligne portée par les Républicains.
00:09:03Il est exclu ce jour des Républiques.
00:09:06Exclu, mais toujours président,
00:09:08tel le décide la justice.
00:09:13Éric Ciotti s'accroche à son siège.
00:09:16La décision a été jugée solitaire.
00:09:19Ca a été l'épisode principal
00:09:21de cette série Netflix de la 1re semaine de campagne,
00:09:24post-9 juin 2024.
00:09:25Ca fait beaucoup rire de voir...
00:09:29Ciotti qui pose des scellés ou des verrous
00:09:32au siège de LR.
00:09:34C'était au début un peu dangereux.
00:09:36La vérité, c'est que tout ce qui s'est passé depuis un mois
00:09:40n'est pas drôle du tout.
00:09:42Le ralliement d'Éric Ciotti au Rassemblement national,
00:09:46qui a mis fin à la stratégie de cordon sanitaire,
00:09:52qui avait été déployée par la droite de Jacques Chirac.
00:09:56Les électeurs des Républicains eux-mêmes n'ont pas suivi.
00:10:01Dans les urnes, ils ont voté contre le Rassemblement national.
00:10:05Et pour ajouter de la dramaturgie,
00:10:08Reconquête se déchire.
00:10:10Marion Maréchal, c'est l'heure de la réconciliation.
00:10:13Marion Maréchal met tout son poids
00:10:15pour faire une union avec le RN.
00:10:18J'ai le souhait ardent
00:10:20que nous puissions trouver le moyen de nous rassembler
00:10:24et de faire participer ces idées de Reconquête à ce rassemblement.
00:10:28J'en discuterai avec Éric Zemmour
00:10:30pour qu'une décision soit prise
00:10:32et que nous puissions revenir vers Jordan Bardella et Marine Le Pen.
00:10:36Oui, mais voilà, le RN ne veut pas d'Éric Zemmour.
00:10:40Alors, c'est la rupture entre les deux visages de Reconquête.
00:10:47Éric Zemmour a décidé, malgré notre opposition,
00:10:50de présenter le maximum de candidats
00:10:52contre cette coalition des droites dans toute la France,
00:10:55prenant ainsi le risque de faire perdre
00:10:57cette inédite espérance de battre Emmanuel Macron
00:11:01et l'extrême gauche.
00:11:02L'ex-journaliste du Figaro
00:11:05semble être le grand perdant de l'union des droites,
00:11:08lui qui en avait fait un graal politique.
00:11:12Musique douce
00:11:14A gauche, en revanche,
00:11:16on va ressortir la vieille idée de l'union.
00:11:20...
00:11:22A la une de l'actualité,
00:11:23ce matin, des candidatures uniques à gauche,
00:11:26dès le premier tour.
00:11:27Les partis de gauche ont trouvé un accord de principe.
00:11:30En vue du premier tour des législatives,
00:11:32le président de la République, lui, se lance dans la campagne.
00:11:36Depuis des semaines, la Nupes battait de l'aile.
00:11:40L'union de la gauche était fragilisée
00:11:42par la question palestinienne
00:11:44et les conséquences des attaques du Hamas.
00:11:46Pourtant, en moins de cinq jours,
00:11:49les quatre partis de gauche vont mettre leur désaccord de côté.
00:11:54Attendez, laissez passer ce coup de tête.
00:11:56Et c'est l'élunité pour les législatives.
00:11:59Musique douce
00:12:01Dans la surprise, c'est que Macron, sans doute,
00:12:04je dis bien sans doute, et c'est proche,
00:12:06imaginait une gauche en incapacité de se réunir en bloc,
00:12:09compte tenu d'une campagne européenne
00:12:12quand même extrêmement âpre, violente.
00:12:14S'il y a une chose sur laquelle la gauche française
00:12:17peut se fédérer et faire bloc,
00:12:19c'est quand il s'agit de se battre contre l'extrême-droite.
00:12:22Et là, il le méconnaît et il se prouve.
00:12:25Applaudissements
00:12:26La NUPES apparaissait comme une alliance électorale.
00:12:29Le Front populaire va se présenter comme un devoir moral.
00:12:33L'extrême-droite est aux portes du pouvoir.
00:12:35Je connais comme vous leurs idées,
00:12:37je connais comme vous leurs valeurs,
00:12:39je connais comme vous leur méthode et tout ce qui nous en sépare.
00:12:43Et donc, aujourd'hui, c'est soit eux, l'extrême-droite,
00:12:46soit nous, soit nous.
00:12:48Et ça doit être vous. Et ça va être nous.
00:12:51Nous avons signé, hier soir, un accord
00:12:54qui comprend des candidatures uniques
00:12:56sur l'ensemble des circonscriptions
00:12:58de l'Hexagone et des Français de l'étranger,
00:13:01ainsi qu'un contrat de législature
00:13:05que vous avez ici.
00:13:07Musique douce
00:13:08Selon cet accord,
00:13:10sur 577 circonscriptions,
00:13:13229 sont représentées par un candidat LFI,
00:13:17175 par un candidat socialiste.
00:13:20Musique douce
00:13:23Communistes et socialistes
00:13:26obtiennent plus de circonscriptions qu'il y a deux ans,
00:13:29jouant des gouttes pour peser davantage face à LFI,
00:13:33qui perd plus de 130 candidats par rapport à 2022.
00:13:37Pourtant, une question cruciale n'est pas tranchée.
00:13:42Applaudissements
00:13:44M. Ford a menoncé sur un leader. Il n'a pas été donné.
00:13:47Il arrivera quand ?
00:13:48Pourquoi voulez-vous me personnaliser,
00:13:51y compris une élection parlementaire ?
00:13:53Moi, je souhaite un front populaire,
00:13:55un front qui, d'ailleurs, aille au-delà
00:13:57de ce que nous sommes les partis politiques.
00:14:00Je souhaite que ce soit une décision prise
00:14:02par l'ensemble des parlementaires du nouveau groupe,
00:14:05donc, du nouveau front populaire,
00:14:09qui prennent la décision au lendemain de l'élection.
00:14:12Qui rentrerait à Matignon si le front populaire était en tête ?
00:14:15En 2022, la figure de Jean-Luc Mélenchon s'imposait.
00:14:20Mais le contexte a changé, et le leader insoumis le sait.
00:14:24Je m'en sens capable, et nous avons, dans nos rangs,
00:14:27de quoi faire.
00:14:28Je ne m'élimine pas, mais je ne m'impose pas.
00:14:30Désormais, l'EPS est plus fort,
00:14:33et les positions du leader insoumis sur Israël
00:14:36ont plutôt un effet repoussoir.
00:14:38Je pleure, j'ai peur.
00:14:40Alors, les candidatures ne manquent pas.
00:14:43Quel que soit le poste que je puisse occuper,
00:14:46si c'est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas ?
00:14:49J'étais capable de faire ça.
00:14:51Je fais partie de celles et ceux qui peuvent prétendre
00:14:54être Premier ministre.
00:14:55Je pense à Laurent Berger.
00:14:57Musique douce
00:14:59D'autant que Jean-Luc Mélenchon
00:15:02va encore renforcer son image d'autocrate.
00:15:05...
00:15:08Alexis Corbière, figure incontournable des insoumis,
00:15:11fait campagne en Seine-Saint-Denis.
00:15:14Pourtant, il n'a pas été investi
00:15:16pour être le candidat du Front populaire,
00:15:19El-Effi l'ayant remplacé par une inconnue.
00:15:22Tout va bien.
00:15:23On vous adore.
00:15:24Jean-Luc Mélenchon lui a fait payer ses critiques
00:15:27sur le fonctionnement du parti,
00:15:29comme trois autres candidats qui avaient mis en cause
00:15:32la ligne El-Effi sur le Hamas.
00:15:34Vous allez bien ?
00:15:35Ca va ?
00:15:36Quoi de neuf ?
00:15:37Bon, il y a une situation un peu paradoxale.
00:15:40Oui, j'ai vu que vous mainteniez votre...
00:15:42Je peux pas accepter ce genre de méthode.
00:15:44C'est pas par un mail à 23h30
00:15:47qu'on règle des problèmes internes.
00:15:50En tout cas, c'est tout à votre honneur
00:15:53que d'être un peu, entre guillemets,
00:15:56la victime de ce qui vient de se passer.
00:15:58Ca veut dire que vous avez eu le courage
00:16:01de dire des choses importantes.
00:16:03Merci, hein. Merci, merci beaucoup.
00:16:06...
00:16:09Alexis Corbière, dissident en son propre pays,
00:16:13mais soutenu par les grandes figures du Front populaire.
00:16:17...
00:16:23Chers amis...
00:16:24...
00:16:30Union pluvieuse, union heureuse !
00:16:34...
00:16:38Hasard ou coïncidence,
00:16:40c'est à Montreuil, dans la circonscription d'Alexis Corbière,
00:16:44que se tient un des premiers meetings du Front populaire.
00:16:48Y participe la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon.
00:16:52Pourtant, François Ruffin, l'homme qui monte,
00:16:55va avoir des propos sans équivoque.
00:16:58Chers amis, je veux dire mon plein soutien
00:17:02à mon camarade et ami Alexis Corbière.
00:17:05...
00:17:06Jean-Luc Mélenchon est considéré comme un handicap pour son parti
00:17:11par plus de 70 % des Français,
00:17:14même chez les sympathisants du Front populaire.
00:17:17...
00:17:18Unité ! Unité ! Unité !
00:17:20Unité ! Unité !
00:17:23Unité ! Unité !
00:17:25Unité ! Unité !
00:17:27Unité ! Unité !
00:17:29Unité ! Unité !
00:17:31...
00:17:34Aurélien Saint-Aul,
00:17:35investi par LFI, est pratiquement certain
00:17:38de renouveler son mandat dans les Hauts-de-Seine.
00:17:42Pourtant, en campagne, il ne peut y échapper.
00:17:46Oui, bonjour.
00:17:47Bonjour, M. Saint-Aul, merci.
00:17:49On est de tout coeur avec vous et avec le Front populaire.
00:17:53Mais on n'est pas très fiers des manoeuvres actuelles à LFI
00:17:57et du débarquement, la purge qu'il y a eue avec Clémentine Autain.
00:18:01C'est une histoire interne.
00:18:02C'est une histoire interne qui concerne tout le monde.
00:18:06Et ça a cassé la dynamique qu'on avait.
00:18:09On ne comprend pas ce que Mélenchon fait.
00:18:11On verra ce qui casse la dynamique.
00:18:13Elle est au niveau national, elle relève du Front populaire.
00:18:17Mais quel intérêt, Corbière et Garrido,
00:18:20sur les gens qui s'investissent dans le mouvement
00:18:23et sur les sectarismes trotskistes
00:18:25où on purge les gens, les unes après les autres.
00:18:28Mélenchon est un boulet. Il faut le faire taire.
00:18:32Mais il y a un autre homme qui est prié de se taire
00:18:35par les membres de son propre camp.
00:18:37Et c'est plutôt inattendu.
00:18:39C'est le président de la République lui-même.
00:18:42...
00:18:44Les députés veulent que ce soit Gabriel Attal
00:18:47qui conduise la bataille, pas le président,
00:18:50jugé repoussoir.
00:18:51...
00:18:52Emmanuel Macron ne peut pas s'empêcher
00:18:54d'être en première ligne.
00:18:56Après la dissolution, il prend la parole
00:18:58dans une conférence de presse fleuve.
00:19:01Si j'avais été devant vous, à l'issue de Dimanche soir,
00:19:04avec 50 % des Français qui votent aux extrêmes,
00:19:07en vous disant qu'on ne change rien,
00:19:09on continue, vous m'auriez dit
00:19:12qu'il est déconnecté, ce type.
00:19:14...
00:19:17Voilà une photo qui en dit long sur les réactions
00:19:20des proches du président le lendemain de la dissolution.
00:19:23Un Premier ministre député,
00:19:25une présidente de l'Assemblée nationale
00:19:28qui semble ailleurs.
00:19:29D'ailleurs, le quatrième personnage de l'Etat
00:19:33essaie de faire changer d'avis le président de la République.
00:19:36Mais visiblement, Emmanuel Macron a choisi en petit comité.
00:19:41...
00:19:44Je pense pas qu'il y ait eu beaucoup d'acteurs
00:19:47du champ politique qui n'aient pas été surpris.
00:19:49La fameuse photo d'une forme de Conseil des ministres
00:19:52au dimanche, c'est dévastatrice.
00:19:54L'avoir fait sortir, ça dénote une certaine irresponsabilité
00:19:59et une certaine maladresse,
00:20:00parce que comment peut-on mobiliser sa base
00:20:03quand on voit les principaux, les principales têtes d'affiches
00:20:07de la majorité présidentielle aussi défaites ?
00:20:09Les députés ont eu le sentiment, sans doute,
00:20:13d'avoir été, d'une certaine manière,
00:20:15sacrifiés sur l'autel de la décision présidentielle.
00:20:19Donc, évidemment,
00:20:21ça devrait laisser un peu d'amertume.
00:20:25C'est pas facile. On a des territoires
00:20:27extrêmement différents les uns des autres.
00:20:30D'ailleurs, quand Yael Broun-Pivet fait campagne
00:20:32dans son fièvre des Yvelines, son tract ne mentionne
00:20:35aucune référence au président de la République.
00:20:38Quand les électeurs lui parlent de cette drôle
00:20:40de décision présidentielle, elle a une réaction qui en dit long.
00:20:44C'est clair.
00:20:45Malheureusement, il y a eu des solutions, je veux le dire.
00:20:48C'est tout. J'ai pas rien à noter.
00:20:50Vous avez compris pourquoi le président de la République
00:20:53avait choisi de disparaître ?
00:20:54Voilà. C'est tout dit.
00:20:57Merci.
00:20:58A bientôt. Merci pour tout. Au revoir.
00:21:01Alors qu'elle a bien conscience d'être filmée,
00:21:04c'est elle qui aborde le sujet avec un militant sur place.
00:21:10Ouais, non, mais c'est bien, après.
00:21:12Mais...
00:21:13C'est bizarre, quoi, ce moment, tu vois,
00:21:16qu'on n'avait pas forcément attendu,
00:21:19programmé, tout ça, c'est...
00:21:21C'est le mieux.
00:21:22C'est le mieux.
00:21:23Ouais, quand même.
00:21:24C'est un arrêt brutal, alors qu'il y a plein de projets.
00:21:27En fait, c'est ça, le truc.
00:21:29Une petite musique commence à être entendue.
00:21:32Emmanuel Macron ferait perdre des points
00:21:35à la majorité présidentielle.
00:21:37En tout cas, la campagne va son point.
00:21:39Oui. Bonjour, monsieur.
00:21:41Vous, vous êtes bien,
00:21:42mais il faudra dire au président qu'il ferme sa gueule.
00:21:45C'est tout.
00:21:46C'est lui qui nous fout dans la merde, c'est tout.
00:21:49Bon courage.
00:21:50On compte sur vous.
00:21:51On compte sur vous pour le trancher.
00:21:54C'est une élection législative.
00:21:56Pour le Premier ministre.
00:21:58OK, allez, au revoir.
00:21:59Merci beaucoup.
00:22:00Au revoir, monsieur.
00:22:01Certains, et pas des moindres,
00:22:03commencent à penser à l'après-Macron.
00:22:07Edouard Philippe, avec son parti Horizon,
00:22:10a décidé de s'émanciper.
00:22:12En présentant 82 candidats aux législatives,
00:22:16il va seul aux élections, sauf ses propres couleurs,
00:22:19et sépare son financement de celui de Renaissance.
00:22:23Une façon, peut-être, d'enterrer le macronisme
00:22:26et de lancer des lignes pour 2027.
00:22:29C'est le président de la République
00:22:31qui a mis un terme tout seul.
00:22:32Je veux construire une nouvelle majorité parlementaire.
00:22:36Je ne suis pas là pour refaire ce qui a déjà été.
00:22:38Je suis là pour essayer de construire
00:22:40une base politique plus large avec des formations politiques
00:22:44qui n'étaient pas jusqu'à présent et qui n'avaient pas voulu rejoindre
00:22:47la majorité présidentielle.
00:22:49Venons-en aux intentions de vote.
00:22:51Le RN et ses alliés à 36, légère hausse.
00:22:5632 pour le RN, 4 % pour les...
00:22:58Et pendant ce temps-là, le RN bat la campagne.
00:23:02Dans le Loiret, il y a deux ans,
00:23:04le parti d'extrême droite a remporté
00:23:07deux circonscriptions sur six.
00:23:09Mais au vu des scores aux Européennes,
00:23:12le RN est persuadé de pouvoir faire mieux,
00:23:15notamment ici, dans la cinquième circonscription,
00:23:18où ça s'est joué à quelques voix près.
00:23:21C'est triste, ce temps, pour les exposants, les commerçants.
00:23:24Alors, exite l'ancien candidat,
00:23:27on a envoyé un poids lourd.
00:23:30Jean-Lacapelle est un très proche de Marine Le Pen,
00:23:34un ancien député européen qui sait faire campagne.
00:23:40Alors, cette petite dame, vous l'avez vue ?
00:23:43Non ? Je vais la voir.
00:23:45Faut voter.
00:23:46Allez, bon courage, madame.
00:23:48Merci.
00:23:52Elle n'a pas voté aux Européennes, cette dame.
00:23:55Mais elle va voter le chef-d'IVE.
00:23:57Elle aime bien Jordan Bardella, alors...
00:24:00Dans tous les bureaux de vote,
00:24:02il est arrivé en tête qu'il se passe quelque chose.
00:24:05Les dix sont en train de céder.
00:24:07Je suis convaincu que nous allons créer plus qu'une surprise.
00:24:10Nous allons remporter la majorité absolue,
00:24:13il l'a faut, pour avancer le pays, le 30 juin prochain.
00:24:16On était préparé.
00:24:17On a ce qu'on appelle le plan Maty.
00:24:19On l'a dit depuis très longtemps, la dissolution est possible.
00:24:23Gouverner, c'est prévoir.
00:24:24On s'était dit qu'on se prépare.
00:24:26Je suis membre de la commission d'investiture.
00:24:29Je suis en commission pour investir les candidats au chef d'IVE.
00:24:32J'ai une équipe de choc. Ca ne plaisante pas.
00:24:35Ce qui n'était qu'un vote de protestation
00:24:37est devenu un vote d'adhésion.
00:24:39La France rurale et périphérique
00:24:41pensent que le RN est le seul parti qui peut améliorer leur vie.
00:24:44Bon, super.
00:24:46Vous allez bien ?
00:24:47Ouais, ça va, ça va.
00:24:48Il ne faut pas croire que c'est gagné.
00:24:50Il faut se déplacer. Ca s'est bien vomisé aux organes.
00:24:53Pour faire les procurations,
00:24:55j'ai dit à beaucoup de monde de faire les procurations.
00:24:58Si vous avez du mal à trouver quelqu'un pour les procurations,
00:25:01on connaît pas mal de gens.
00:25:03On a monté une structure pour faciliter les procurations.
00:25:06Les Français votent souvent parce que,
00:25:08sur le pouvoir d'achat, on apporte des solutions.
00:25:11On apporte de vraies solutions, l'immigration, l'insécurité.
00:25:14Mais on redresse le pays et on met des gens
00:25:16qui ne l'ont jamais été.
00:25:18C'est ça. Pourquoi les gens,
00:25:19ils se plaignent de plein de choses, comme quoi ça va pas,
00:25:22mais ils ont jamais tenté ça.
00:25:24Et je leur dis, vous n'avez jamais tenté ça.
00:25:27Comment savez-vous que ça marche pas ?
00:25:29Laissez-les au pouvoir, laissez-les passer,
00:25:31et après, vous pourrez juger.
00:25:33Eh ouais.
00:25:34Essayez-nous.
00:25:35Voilà le principal argument de campagne.
00:25:38Car, pour le programme, on reste évasif.
00:25:43Officiellement, c'est le même qu'en 2022,
00:25:46lors de la présidentielle, mais, au fur et à mesure,
00:25:49Jordan Bardella renonce au programme,
00:25:51renvoyant la mise en place des mesures phares
00:25:54au calandre grec.
00:25:55On va se plaitre, ça va, ça bouge un peu.
00:25:57Ca va bouger.
00:25:58Les baisses d'impôts pour les moins de 30 ans.
00:26:01Nous le ferons dans le second temps.
00:26:03La nationalisation des autoroutes.
00:26:05Je vais devoir faire des choix.
00:26:06Sur la réforme des retraites.
00:26:08Je veux avoir, entre mes mains,
00:26:10l'audit financier de tous les services publics de l'Etat
00:26:13et de l'Etat réel des finances publiques
00:26:15pour engager cette réforme.
00:26:17L'interdiction du voile dans l'espace public.
00:26:19Pourquoi vous voulez attendre ?
00:26:21Madame.
00:26:22Et la surprise est totale
00:26:24quand Jordan Bardella est très ferme
00:26:27et dit que s'il n'obtient pas 289 sièges,
00:26:30il pourrait refuser Matignon.
00:26:32Il y a de moins en moins de programmes
00:26:34et de plus en plus de conditions.
00:26:36Ca commence à ressembler à un refus d'obstacle, tout ça.
00:26:39On a vu le Rassemblement national reculer
00:26:42sur toute une série de mesures
00:26:44qui étaient présentées comme des mesures fortes.
00:26:47Alors, je crois que c'est aussi
00:26:50un des effets de la décision présidentielle.
00:26:55Imprévu.
00:26:56Il y avait une impréparation programmatique.
00:26:59Alors, je ne pense pas que le fait
00:27:02que le RN ait un peu modifié son offre programmatique,
00:27:07en a un petit peu rebattu,
00:27:09a enlevé quelques propositions polémiques,
00:27:13parce qu'au contraire, j'ai beaucoup de Français,
00:27:16et je l'ai vu dans des qualitatifs,
00:27:18qui ne sont pas si radicaux que ça,
00:27:20ils ne vont pas faire ce qu'ils ont dit.
00:27:22C'est eux, l'alternative, on ne les a jamais essayés, etc.
00:27:25Sur le terrain, le discours n'a pas changé.
00:27:29Dans la première circonscription du Var,
00:27:32la seule du département qui ne soit pas tombée
00:27:35dans l'escarcelle du RN en 2022,
00:27:37le parti a dépêché Sébastien Soulé,
00:27:40un policier venu dérouler
00:27:42le traditionnel discours sur l'insécurité.
00:27:47Là, ça fait partie des fauteuils ou les chouffres,
00:27:52c'est comme ça que ça s'appelle,
00:27:53se mettre en place pour annoncer l'arrivée des policiers.
00:27:56Vous avez la loi des trafiquants de drogue
00:27:59qui agit sur tous les habitants,
00:28:00en ayant des peines qui soient plus conséquentes,
00:28:03avec une justice plus ferme, je pense qu'on peut y arriver.
00:28:06Il faut que la peur change de camp.
00:28:08Même sur cette terre promise pour le RN,
00:28:11des centaines de manifestants se sont mobilisés ici
00:28:14depuis quelques semaines contre l'extrême droite.
00:28:17Alors, quand nous interviewons Sébastien Soulé,
00:28:21il se fait interpeller par une habitante mécontente.
00:28:25Je vois ça, j'appelle toujours aux gens qui habitent ici,
00:28:28qui payent des fortunes, qui essayent de s'en sortir,
00:28:31qui payent des assurances.
00:28:32Pas de récupération interne, je suis désolée.
00:28:35Ça brûle et ça fait le jeu du Front national.
00:28:38Faut arrêter de croire que c'est de la délinquance.
00:28:40Je suis désolée.
00:28:41C'est quoi, pour vous ?
00:28:43Je n'en sais rien, mais ça fait monter le FN.
00:28:45Il faut faire front au Front national.
00:28:47Sur la sécurité, je peux vous amener plein de solutions.
00:28:50Mais bien entendu, il faut arrêter les musties récidivistes,
00:28:53dont les familles touchent les allocations familiales
00:28:56et qui ne viennent pas chercher leurs enfants.
00:28:58Vous pensez que c'est les parents qui...
00:29:00L'éducation, c'est pas les parents, c'est la police.
00:29:03Moi, je suis pas d'accord.
00:29:05Bonne journée.
00:29:06Le RN souffre encore d'un effet repoussoir
00:29:09étant considéré comme un parti extrémiste
00:29:12par une partie de la population.
00:29:13Mais un nouveau fait politique va apparaître
00:29:16durant cette campagne.
00:29:18L'union de la gauche va être diabolisée.
00:29:21Emmanuel Macron semble aussi renvoyer dos à dos
00:29:24les deux partis RN et Nouveau Front populaire,
00:29:26les extrêmes dont les programmes pourraient conduire
00:29:29à la guerre civile.
00:29:30Reprenez-vous cette expression ?
00:29:32Durant la campagne, le camp présidentiel n'a eu de cesse
00:29:35d'apparaître comme le seul vote raisonnable
00:29:38et de renvoyer le Front populaire au rang de parti infréquentable.
00:29:43Est-ce qu'il y a eu des termes très passionnels,
00:29:46encore une fois, je trouve que c'est le mot qui ressort,
00:29:49comme celui de guerre civile, me paraît tendancieux et grave,
00:29:53notamment pour un président de la République
00:29:55qui est le gardien des institutions,
00:29:57celui qui donne le cap, l'arbitre.
00:29:59Donc, agiter ce terme-là,
00:30:01qui a beaucoup, d'ailleurs, angoissé nos partenaires étrangers,
00:30:04a sûrement un but électoral qui, finalement,
00:30:07se retourne toujours contre celui qui l'emploie,
00:30:09parce que je crois que c'est la plus profonde angoisse
00:30:12des Français, c'est de terminer plus divisé que jamais
00:30:15à la suite d'un scrutin électoral.
00:30:17Emmanuel Macron, il décide de renvoyer dos à dos
00:30:20les extrêmes, l'extrême droite,
00:30:22même si, d'ailleurs, certains dans son camp
00:30:24ont du mal à prononcer ce nom,
00:30:26et se plient au diktat du Rassemblement national
00:30:28qui refuse qu'on l'appelle en ces termes,
00:30:31et puisqu'il appelle l'extrême gauche,
00:30:33il a un peu tendance à mettre dans ce vocable
00:30:37toute la gauche française, y compris François Hollande.
00:30:41Ca en fait sourire, certains.
00:30:42Des éléments de langage repris par les ténors
00:30:45de la majorité présidentielle.
00:30:47La seule chose que je sais, c'est que l'extrême gauche
00:30:50comme l'extrême droite sont aussi nocives pour le pays
00:30:53du point de vue économique comme du point de vue des valeurs.
00:30:56On n'a pas envie de l'extrême droite,
00:30:58de l'extrême gauche, de leur projet de division du pays.
00:31:01Je ne voterai jamais pour la France insoumise
00:31:04ni pour le RN. C'est clair ?
00:31:06Mais cette stratégie va se montrer peu payante.
00:31:11Est-ce que le RN peut avoir cette majorité absolue ?
00:31:14Est-ce qu'il y a aussi un risque d'une assemblée ingouvernable ?
00:31:17Réponse dans quelques secondes.
00:31:19Dimanche 30 juin, les résultats du premier tour tombent.
00:31:23C'est donc le RN et ses alliés
00:31:26qui arrivent en tête de nos estimations
00:31:28avec 34 % des suffrages suivis du nouveau Front populaire
00:31:31et 28,1 % du nouveau Front populaire.
00:31:35Conformément aux prévisions,
00:31:37le RN est en tête,
00:31:39la projection en nombre de sièges est bleu marine.
00:31:43Pour autant, rien n'est gagné.
00:31:45Et le second tour sera déterminant.
00:31:48Il nous faut une majorité absolue
00:31:50pour que Jordan Bardella soit, dans huit jours,
00:31:53nommé Premier ministre par Emmanuel Macron.
00:31:55Acclamations
00:31:57La participation a été importante.
00:32:00Résultat, dans plus de 300 circonscriptions,
00:32:03ce profil des triangulaires.
00:32:05C'est donc là que va être la clé du second tour.
00:32:09Très vite, la gauche appelle ses candidats
00:32:11à arriver en troisième position, à s'effacer,
00:32:14pour faire barrage au RN.
00:32:18Nulle part, nous ne permettrons au RN de l'emporter,
00:32:23et c'est pourquoi,
00:32:25dans l'hypothèse où il serait arrivé en tête
00:32:28tandis que nous ne serions qu'en troisième position,
00:32:31nous retirerons notre candidature.
00:32:34Acclamations
00:32:36...
00:32:43Nous allons faire élire Mme Borne ou M. Marlex.
00:32:46Dans les 105 circonscriptions concernées.
00:32:49Est-ce que c'est si facile que ça pour moi de le dire ?
00:32:52Je vous le dis, ça n'est pas simple,
00:32:55parce que je me suis battu contre les uns et les autres.
00:32:58Je l'ai fait, mais en ayant le sentiment aussi
00:33:01que nous étions adversaires, pas ennemis.
00:33:03Au nom du Front républicain,
00:33:05la gauche se retire dans plus d'une centaine de circonscriptions.
00:33:09Mais au sein de la majorité présidentielle,
00:33:13la réciproque n'est pas évidente.
00:33:15C'est plutôt 50 nuances de Front républicain.
00:33:19Si le Premier ministre est sans ambiguïté...
00:33:22Pas une voix ne doit aller au RN.
00:33:27Cela passera par le désistement de nos candidats,
00:33:29dont le maintien en troisième position
00:33:32aurait fait élire un député RN
00:33:34face à un autre candidat qui défend comme nous
00:33:37les valeurs de la République.
00:33:38Votez pour les candidats qui défendent la République.
00:33:41Je vous remercie.
00:33:42D'autres ténors de la majorité
00:33:45veulent un Front républicain à géométrie variable.
00:33:50Aucune voix ne doit se porter sur les candidats du RN
00:33:54ni sur ceux de la France insoumise.
00:33:56Avec lesquels nous divergeons sur des valeurs fondamentales.
00:34:01Je combats le RN,
00:34:03mais je ne vote pas pour la France insoumise.
00:34:06Je ne vote pas pour la France insoumise
00:34:08car elle a pris des positions contre la nation française.
00:34:12Je vais réagir à ce que dit Bruno Le Maire.
00:34:14Je suis, un, atterrée et, deux, extrêmement en colère.
00:34:18On vous sent très émus.
00:34:19Oui, car je vis dans une ville tenue par le RN.
00:34:22Et ce que vient de faire Bruno Le Maire,
00:34:25c'est un comportement de lâche et de privilégié.
00:34:28De privilégié.
00:34:30C'est hors-sol, c'est lunaire et ce n'est pas à la hauteur de l'histoire.
00:34:36A l'Assemblée nationale,
00:34:37les 76 élus au premier tour font leur rentrée des classes.
00:34:43La gauche...
00:34:44On est tous unis.
00:34:45Il y a des hommes arrivant.
00:34:47...dans toute sa diversité.
00:34:51Et le Rassemblement national.
00:34:55Voici les trois premiers députés,
00:34:58parmi les 38 déjà élus.
00:35:00Je vous préviens, j'ai le CP qui nous suit.
00:35:03Je préfère le dire.
00:35:04Ils nous suivent depuis quelques jours.
00:35:07On la refera la semaine prochaine avec tout le monde.
00:35:10C'est ça.
00:35:11A 300.
00:35:12A 300.
00:35:13A 300.
00:35:14Bonjour, messieurs, dames.
00:35:16Merci.
00:35:17Je vous préviens, j'ai le CP qui me suit et il y a un micro.
00:35:22Voilà.
00:35:23Des novices qui ne veulent pas commettre d'impair.
00:35:29Je vais faire par là, je pense.
00:35:30Et qui continuent de donner une image lisse et apaisée,
00:35:34comme leur demande de faire Marine Le Pen.
00:35:37Merci.
00:35:38...
00:35:43Vous allez tout faire, là.
00:35:48Selon le journal Le Monde,
00:35:49on compte au moins 185 désistements
00:35:51de candidats du nouveau Front populaire
00:35:54ou macronistes pour faire barrage au Rassemblement national.
00:35:57La consigne de vote était claire.
00:35:59Mais durant cet entre-deux-tours, le vent semble tourner.
00:36:03L'ERN apparaît de plus en plus
00:36:05comme un parti décidément différent des autres,
00:36:08avec une polémique autour des binationaux,
00:36:11une résurgence du thème de la préférence nationale.
00:36:14C'est toujours inquiétant.
00:36:16On verra bien ce que ça va donner,
00:36:18ce que les barrages vont fonctionner ou pas.
00:36:20Je croise les doigts.
00:36:22Je trouve ça angoissant.
00:36:23La montée du ERN me fait très peur.
00:36:25Je ne sais pas trop ce que ça va donner
00:36:28dans nos vies de tous les jours.
00:36:29Certains sympathisants de gauche
00:36:31ou optimistes se mettent à rêver d'un tiers C
00:36:34pas forcément dans l'ordre envisagé il y a quelques jours.
00:36:37...
00:36:39C'est très serré.
00:36:40Par rapport au résultat final,
00:36:42il y a beaucoup de chances quand même
00:36:45et les filles,
00:36:47que le NFP puisse passer réellement
00:36:50et avoir une certaine majorité et une certaine influence.
00:36:53Encore faudrait-il que le Front républicain fonctionne.
00:36:56Et il y a des circonscriptions
00:36:58où il doit être particulièrement puissant
00:37:01pour éviter la victoire du ERN.
00:37:04En Neurel-Loire, Olivier Marlex, le député sortant
00:37:08et patron des LR à l'Assemblée,
00:37:10a 12 points de retard sur le candidat d'extrême droite.
00:37:14Alors, il mise sur la proximité.
00:37:17Bonjour, madame.
00:37:18Bonjour, Olivier Marlex.
00:37:21Vous voyez ma permanence pour Saint-Martin ?
00:37:23Je reçois à tout le monde, toutes les semaines,
00:37:26à 15, 20 personnes.
00:37:27Quand il y a des problèmes, j'arrange de les régler.
00:37:30La candidate PS, arrivée en 3e position,
00:37:33s'est désistée en sa faveur.
00:37:35Un désistement qui ne lui a pas valu
00:37:37le moindre remerciement d'Olivier Marlex.
00:37:40D'ailleurs, il a un discours ambigu
00:37:42sur le front républicain.
00:37:44J'ai honte de ces expressions de front, de barrage, de tout ça.
00:37:47Moi, je pense que chaque Français qui a des valeurs
00:37:51est capable de se positionner très clairement là-dessus.
00:37:53Et vous, par exemple ?
00:37:55Vous l'avez fait en 2022, par exemple.
00:37:57En 2022, oui, j'avais expliqué très clairement
00:38:00que mon choix, il n'était évidemment pas...
00:38:02Enfin, que c'était non Marine Le Pen, oui.
00:38:06Vous avez voté Macron ?
00:38:07Non.
00:38:08Je crois que j'ai voté Blanc,
00:38:10mais je vais dire qu'on ne vote pas Marine Le Pen.
00:38:13En tout cas, on ne vote pas Marine Le Pen.
00:38:15Ce que vous aimeriez, c'est qu'on vote pour vous et pas Blanc.
00:38:18Pourquoi ? Les gens sont responsables, vaccinés.
00:38:21Je ne peux pas croire qu'un électeur de gauche,
00:38:24entre l'ORN et moi,
00:38:26dit que c'est bonnet blanc et blanc bonnet.
00:38:28Oui, mais vous l'avez fait pour Macron et Le Pen.
00:38:34Selon lui, être élu avec les voix de gauche
00:38:37ne veut pas dire prendre en compte les idées de gauche.
00:38:42Là, après, c'est du biais.
00:38:44C'est un vrai sujet.
00:38:46Non, non, non.
00:38:47J'ai rencontré des gens depuis,
00:38:49dans des collectifs, dans des quartiers,
00:38:51qui me disent, est-ce que vous allez, du coup,
00:38:54venir et faire une politique, essayer de faire un compromis sur...
00:38:57Je dis, non, non, vous connaissez mes convictions,
00:39:00vous savez qui je suis, je suis de droite,
00:39:02je ne vais pas m'en excuser, mais d'une droite gaulliste,
00:39:05et je suis comme je suis.
00:39:07En clair, les Républicains s'opposent d'ores et déjà
00:39:10à toute participation à une coalition
00:39:13après les législatives.
00:39:14Finalement, le front républicain fonctionne
00:39:18et contribue à faire baisser l'extrême droite,
00:39:21d'autant que quelques profils de candidats RN,
00:39:23arrivés au second tour, vont encore faire douter les électeurs.
00:39:31Une casquette de Waffen SS dérangeante,
00:39:35une candidate qui se défend de racisme
00:39:37avec cet argument au choc.
00:39:40J'ai comme hôpital mot un juif
00:39:44et j'ai comme doctrice un musulman.
00:39:46Un candidat inéligible car placé sous curatel,
00:39:50jugé par la justice d'efficience mentale,
00:39:52mais qui pourtant est autorisé à se présenter.
00:39:55Je crois être en possession de tous mes moyens mentaux,
00:39:58j'en suis même certain, et par contre,
00:40:02l'erreur vient de ce que je n'ai pas,
00:40:04c'est potasser le code électoral.
00:40:13Il y a eu 4 ou 5 candidats qui sont passés sous les mailles du filet.
00:40:17Je l'ai dit.
00:40:18Mais il n'y a pas 80 candidats problématiques.
00:40:21Non, c'est l'argument de Gabriel Attal
00:40:23et de la majorité présidentielle.
00:40:25Il n'y a pas 80 candidats problématiques.
00:40:28Dernier jour avant le début d'une nouvelle ère politique en France.
00:40:32On ne sait pas quels seront ces contours,
00:40:34mais l'Assemblée nationale ne sera pas la même
00:40:37à l'issue du second tour des législatives.
00:40:39La France retient son souffle
00:40:41alors que le RN est annoncé en tête dans tous les sondages.
00:40:45Le résultat, à 20h, est une énorme surprise.
00:40:49...inédite, inconnue, plus que quelques secondes
00:40:51avant cette première estimation de notre partenaire Ipsos Talent.
00:40:56Il est 20h et on découvre la nouvelle Assemblée.
00:41:00Ce n'est pas le tiercé qui était attendu à l'issue du premier tour.
00:41:03C'est d'abord la gauche, le nouveau front populaire,
00:41:06qui arrive en tête avec 172 à 192 sièges.
00:41:12La gauche arrive en tête.
00:41:14Ses sympathisants réunis dans le nord de Paris
00:41:17l'avaient à peine imaginé.
00:41:21On ne voulait pas la majorité absolue pour le RN,
00:41:23mais là, enfin, quoi !
00:41:26La gauche, qu'on disait fracturée par les dissensions,
00:41:29renaît de ses cendres.
00:41:31La rectification du second tour par rapport au premier tour,
00:41:34c'est un fonds républicain qui a très bien marché.
00:41:37C'est des reports de vote des électeurs de droite vers la gauche,
00:41:41de gauche vers la majorité présidentielle,
00:41:45de la majorité présidentielle vers la gauche,
00:41:47même s'il y a des intensités différentes,
00:41:50qui a très bien fonctionné.
00:41:51Il y a eu des partis politiques de droite,
00:41:53mais aussi de gauche, qui ont refusé le RN.
00:41:56C'était parfois un peu nouveau.
00:41:57On n'avait pas l'habitude de ça.
00:42:00En revanche, les Français, ils l'ont fait jouer.
00:42:03Je trouve que c'est quand même une belle leçon de cette élection.
00:42:07Les Français ont dit non au RN.
00:42:11Il y a beaucoup de candidats qui ont accepté de se désister,
00:42:15alors qu'au plus haut sommet de l'État,
00:42:18ça ne semblait pas évident pour certains.
00:42:20C'était assez désolant.
00:42:22A la soirée électorale organisée par le RN,
00:42:26forcément, c'est la douche froide.
00:42:28De nombreux Français fondaient beaucoup d'espoir
00:42:30dans l'arrivée de Jordane Bardella au pouvoir,
00:42:33le seul considéré comme capable d'améliorer leur vie.
00:42:38Les sondages, ils nous mettaient en tête.
00:42:41Les sondages plaçaient Jordane Bardella
00:42:43en tant que Premier ministre.
00:42:45C'est vraiment dur, je pense, d'affronter cette réalité
00:42:48là, ce soir. J'ai envie de pleurer.
00:42:50Un petit sentiment d'injustice, c'est vrai,
00:42:52parce que je suis persuadée qu'on aurait pu gagner,
00:42:55mais il y a, comme il y a depuis des années,
00:42:57ce barrage contre l'extrême droite qui nous affaiblit un peu.
00:43:01On va batailler sur le terrain.
00:43:03Il y aura les municipales, il y aura les présidentielles.
00:43:07Peut-être une autre dissolution, on ne sait pas,
00:43:10mais en tout cas, on sera là.
00:43:12Applaudissements
00:43:14Malgré la déception,
00:43:16le RN passe de 88 à 126 députés en deux ans.
00:43:21143 avec ses alliés LR d'Eric Ciotti
00:43:25et progresse encore, dans tout le pays.
00:43:27Musique rythmée
00:43:31...
00:43:35Le Rassemblement national s'approche encore un peu plus du pouvoir.
00:43:39...
00:43:41Ce que certains ont vécu comme un sursaut
00:43:44pourrait naître.
00:43:46Qu'un sursis.
00:43:47...
00:43:53Le lendemain des résultats,
00:43:55dans la ville d'Enyn-Beaumont,
00:43:57qui a élu Marine Le Pen dès le premier tour,
00:44:00on a le sentiment de s'être fait voler la victoire.
00:44:04C'est vraiment catastrophique, d'en arriver là, hein.
00:44:08Les Macronistes sont arrivés en 2e position,
00:44:10le RN en 3e position, alors que c'est pas du tout logique.
00:44:13Parce qu'eux se sont regroupés, se sont mis à 3-4.
00:44:16C'est pas de bonne guerre.
00:44:18Est-ce que c'est parti remise ? Ca va changer quelque chose ?
00:44:21C'est surtout l'avenir.
00:44:22C'est pas ce qui va se passer maintenant.
00:44:24C'est ça qu'on a peur.
00:44:25Le maire RN d'Enyn-Beaumont,
00:44:29Steve Brégois, revendique lui un droit d'inventaire
00:44:32sur cette fin de campagne qui a coûté des points au parti.
00:44:35Ce qui a manqué, c'est peut-être ce qui nous a valu
00:44:39cette campagne de l'entre-deux-tours,
00:44:41avec des candidats qui n'étaient pas vraiment prêts
00:44:43et avec des erreurs de casting
00:44:46que la direction nationale aurait peut-être dû anticiper.
00:44:49Musique douce
00:44:50D'ailleurs, quelques jours après le second tour,
00:44:53le responsable des investitures au sein du plan Matignon
00:44:57a démissionné de ses fonctions.
00:44:59...
00:45:02Les conciliabules s'enchaînent à gauche
00:45:04pour s'accorder sur celui ou celle qui pourrait accéder à Matignon
00:45:08d'ici la fin de la semaine.
00:45:11Musique joyeuse
00:45:13...
00:45:16Rentrer des classes dans la bonne humeur pour les socialistes.
00:45:20...
00:45:22Diana Badiop est une nouvelle élue des Yvelines.
00:45:26Elle a réussi à abattre un candidat RN.
00:45:29J'ai du mal à y croire.
00:45:31En fait, elle est montagneuse, avant les européennes,
00:45:34puis après, la Saoudie.
00:45:35C'est ouf, hein ?
00:45:36C'est ouf. Bravo.
00:45:38Merci.
00:45:39Les socialistes sont deux fois plus nombreux
00:45:42qu'à la dernière législature,
00:45:44mais au moment d'aller prendre la photo de tout le groupe...
00:45:47Il y a une manif, apparemment.
00:45:49Vous allez marrer.
00:45:50C'est une manif de gens qui crient
00:45:52que vous ne vous mettez pas avec les Insoumis.
00:45:55C'est énorme.
00:45:56Bonjour.
00:45:57On les ignore ?
00:45:58Les premiers ennuis commencent.
00:46:01...
00:46:04Certains manifestants
00:46:05leur reprochent leur alliance avec les Insoumis.
00:46:08...
00:46:10Mais pour les socialistes, la donne est claire.
00:46:13Le gouvernement se fera dans l'Union.
00:46:16...
00:46:21Il y aura un gouvernement populaire
00:46:23et puis, il y aura ensuite une discussion
00:46:25qui se mourra au Parlement, texte après texte,
00:46:28et qui permettra éventuellement de nouer des compromis,
00:46:31mais je ne suis pas devin,
00:46:33et donc nous allons devoir avancer
00:46:34et traiter une situation complètement inédite
00:46:37de manière inéditable.
00:46:39Pour gouverner, il va falloir former
00:46:41des coalitions indispensables
00:46:43pour obtenir la majorité à l'Assemblée.
00:46:46Une pratique étrangère à notre culture politique ?
00:46:49Alors est-ce vraiment envisageable ?
00:46:51Sur un peu de papier, je peux imaginer
00:46:54un gouvernement où, au fond,
00:46:55les populaires sont les Insoumis, Macroniens et LR.
00:46:58La majorité absolue est absolument assurée,
00:47:01mais comment imaginer que ça puisse s'opérer,
00:47:04s'enclencher et fonctionner ?
00:47:06Et surtout, je le répète,
00:47:08répondre à la promesse du politique,
00:47:10améliorer la vie de nos concitoyens.
00:47:12On a besoin de faire de la politique autrement
00:47:15et que pour sortir l'Assemblée de l'instabilité chronique
00:47:18qu'elle peut connaître, il faut vraiment repenser les choses.
00:47:22Mais je ne suis pas naïve et j'ai tendance à penser
00:47:25qu'on aura un peu de quatrième
00:47:27avant d'avoir la sixième dans la cinquième.
00:47:29C'est-à-dire qu'il y aura une longue période d'instabilité
00:47:32où chacun jouera de son égo politique
00:47:35pour aller chercher une gouvernance,
00:47:37une loi-clé qui marquera peut-être les esprits.
00:47:40Et peut-être que seulement après cette valse des gouvernements,
00:47:44on arrivera à réfléchir autrement,
00:47:46à proposer peut-être un peu plus de temps,
00:47:49un gouvernement plus élargi, etc.
00:47:51-"Mais quel serait le candidat de la gauche
00:47:54pour être Premier ministre ?
00:47:55Durant des jours, on nous promet un non.
00:47:59Socialistes, LFistes, communistes et écologistes
00:48:02ne parviennent pas à se mettre d'accord.
00:48:05Une indécision qui laisse la place à des scénarii
00:48:07où la gauche ne serait pas au gouvernement.
00:48:10Au sein du camp présidentiel,
00:48:12la constitution d'une majorité sans le NFP
00:48:15fait son bout de chemin.
00:48:16Avec pour acte 1, Emmanuel Macron,
00:48:18qui explique que personne n'a remporté les élections.
00:48:21Ou comment remettre en cause le statut de vainqueur
00:48:24du Front populaire ?
00:48:29Puis pour acte 2, les ténors de la Macronie.
00:48:33Ce que je sais, c'est qu'un bloc de Nouveau Front populaire
00:48:36ne peut pas s'élargir, ne gagnera pas un seul nouveau député.
00:48:39Mathématiquement, idéologiquement, c'est absolument impossible.
00:48:43Les seuls qui seraient en capacité de s'élargir,
00:48:46c'est au sein du Bloc central.
00:48:47Si nous construisons une alliance programmatique
00:48:51sur une année, sur 18 mois,
00:48:53avec les centristes, l'UDI et les Républicains,
00:48:57nous sommes capables de représenter
00:48:59une autre force politique.
00:49:01C'est au bout de dix jours que deux noms
00:49:03émergent des négociations de la gauche.
00:49:06D'abord, Huguette Béleau,
00:49:08présidente du Conseil régional de la Réunion,
00:49:11soutenue par les communistes,
00:49:13mais dont les socialistes ne veulent pas.
00:49:19Puis l'économiste Laurence Tubiana,
00:49:21ex-madame à Cors de Paris sur le climat,
00:49:24la candidate des socialistes,
00:49:26mais qui ne fait pas l'unanimité.
00:49:28Je tombe de ma chaise.
00:49:30Oui, puisqu'il s'agit de nous proposer une personne,
00:49:33contre qui je n'ai rien de personnel,
00:49:35que les choses soient claires,
00:49:36mais qui signait, il y a quatre jours,
00:49:39une tribune dans laquelle elle appelait
00:49:41à constituer une coalition et un programme commun
00:49:44avec les macronistes.
00:49:46Les Insoumis suspendent les négociations
00:49:49car un autre enjeu se profile pour les députés,
00:49:52l'élection du président de l'Assemblée nationale.
00:49:55Cette fois, le NFP arrive à trancher.
00:49:58Leur candidat unique sera André Chassaigne,
00:50:01parlementaire communiste depuis 22 ans.
00:50:04Notre bloc, si on peut parler de bloc,
00:50:07est arrivé en tête des élections législatives
00:50:09et qu'à ce titre, nous avons une légitimité collective
00:50:14pour présider l'Assemblée nationale.
00:50:16On vous laisse digérer cette excellente nouvelle.
00:50:19Merci.
00:50:20L'enjeu est immense car cette élection,
00:50:23avec ses coalitions et ses désistements,
00:50:26serait comme un signal pour former la majorité.
00:50:29Emmanuel Macron aurait d'ailleurs considéré
00:50:32que l'élection du locataire du perchoir
00:50:34donnerait la tonalité pour la nomination
00:50:37du Premier ministre.
00:50:41En lice, face à André Chassaigne,
00:50:45Yael Brounpivet, candidate à sa propre succession,
00:50:48Naïma Moutchou, pour Horizon,
00:50:51Charles de Courson, pour l'IOT,
00:50:53Philippe Juvin, pour la droite républicaine,
00:50:55et Sébastien Chenu, pour l'ERN.
00:50:59A l'issue du premier tour,
00:51:00André Chassaigne arrive largement en tête,
00:51:03mais n'obtient pas la majorité absolue.
00:51:06Restent quatre candidats au second tour.
00:51:10Les députés parlementent
00:51:12et la droite négocie des postes clés à l'Assemblée
00:51:15contre son désistement en faveur de la candidate macroniste.
00:51:19Résultat...
00:51:21Madame Yael Brounpivet, 220 voix.
00:51:24Applaudissements
00:51:26Yael Brounpivet l'emporte
00:51:28et cette alliance de la droite et des macronistes
00:51:30va augurer de la suite.
00:51:32La gauche s'annonce la grande perdante
00:51:34de ce premier round.
00:51:38Et pourtant, le NFP s'entend sur un nom
00:51:41de premier ministrable issu de la société civile.
00:51:45Lucie Castet.
00:51:47Elle a 37 ans, est énarque,
00:51:49fondatrice d'un collectif pour la défense des services publics
00:51:52et spécialiste de la lutte contre la fraude fiscale.
00:51:58Les résultats des élections sont clairs.
00:52:00C'est un rejet de la politique du gouvernement,
00:52:03du gouvernement sortant.
00:52:05C'est la demande d'une nouvelle orientation politique,
00:52:08d'une rupture pour le pays.
00:52:09Je suis prête, nous sommes prêts.
00:52:11Je demande maintenant au président de la République
00:52:14de prendre ses responsabilités et de me nommer premier ministre.
00:52:18Pas emballé, Emmanuel Macron joue la montre.
00:52:23Prêve olympique et politique.
00:52:25Et les Français s'offrent une parenthèse enchantée.
00:52:30Mais l'effet gît au passé,
00:52:32la candidature Castet se pose à nouveau.
00:52:36Le président reçoit à l'Elysée les différentes forces de l'Assemblée.
00:52:40Mais du centre à l'extrême droite,
00:52:42tous ressortent avec un même mot d'ordre.
00:52:47Le Nouveau Front populaire a positionné l'extrême gauche
00:52:50aux portes du pouvoir.
00:52:51Nous avons donc indiqué que nous étions, évidemment,
00:52:55en faveur d'un vote d'une motion de censure.
00:52:57Rien n'y fait.
00:52:59Même quand Jean-Luc Mélenchon propose un gouvernement Castet
00:53:02sans ministre à l'EFI,
00:53:04Emmanuel Macron considère qu'un tel exécutif
00:53:07n'aura jamais la majorité à l'Assemblée
00:53:09et ferme la porte à cette option.
00:53:12Au nom de quel droit divin,
00:53:15il y aurait une possibilité, pour des gens qui ont perdu les élections,
00:53:19d'expliquer qui gouverne et qui ne gouverne pas.
00:53:22S'en suit une valse de noms,
00:53:25parmi lesquels émergent Bernard Cazeneuve,
00:53:27Thierry Baudet ou Xavier Bertrand.
00:53:31Jusqu'au 5 septembre,
00:53:32où après sept semaines d'attente depuis les législatives,
00:53:35c'est Michel Barnier, une vieille figure de la droite,
00:53:38qui entre à Matignon et annonce des priorités
00:53:40avec un gouvernement bien plus à droite que le précédent.
00:53:43Juste devant vous, sur votre droite.
00:53:45Je pense à la sécurité au quotidien.
00:53:48Juste devant vous, monsieur Otaïo, s'il vous plaît.
00:53:52Encore une, encore une.
00:53:53Je pense aussi à la maîtrise de l'immigration.
00:53:58Merci.
00:53:59Je pense évidemment au travail.
00:54:01Sur votre droite, s'il vous plaît.
00:54:03Un alliage de macronistes et de LR
00:54:06que le RN promet pour le moment de ne pas censurer dans l'hémicycle,
00:54:10mais une alliance sans majorité en réalité.
00:54:14Une question se pose.
00:54:16Combien de temps cet attelage pourra-t-il résister
00:54:19face à une Assemblée nationale bien fragmentée ?
00:54:25Après la dissolution de l'Assemblée nationale,
00:54:27annoncée le 9 juin dernier,
00:54:29à l'issue des élections européennes par le chef de l'Etat,
00:54:32Emmanuel Macron,
00:54:33la campagne des législatives aura donc été soudaine, courte, intense
00:54:37et aura ménagé le suspense jusqu'au bout.
00:54:40Et fait unique sous la Ve République,
00:54:43il aura donc fallu attendre deux mois après ces résultats
00:54:46pour connaître le nom du nouveau Premier ministre,
00:54:49Michel Barnier,
00:54:50comme vient de nous le rappeler à l'instant
00:54:53ce documentaire exclusif réalisé par Céline Crespi et Maxime Rioux.
00:54:57Avec un peu de recul, désormais,
00:54:59quelles conséquences a eu cette dissolution ?
00:55:02Nous allons en parler maintenant sur ce plateau de débats d'oc
00:55:05avec nos invités présents sur ce plateau.
00:55:08Brice Saint-Urier est avec nous.
00:55:10Bienvenue, Brice Saint-Urier.
00:55:12Vous êtes directeur général de l'Institut de sondage Ipso.
00:55:15C'est enseignant à Sciences Po Paris.
00:55:17Soazic Kemeneh est également avec nous.
00:55:19Bienvenue. Vous êtes journaliste politique,
00:55:22rédactrice en chef de La Tribune dimanche.
00:55:24Et puis, enfin, Olivier Roucan est également là.
00:55:27Bienvenue. Vous êtes politologue,
00:55:29enseignant-chercheur en sciences politiques
00:55:31et chercheur associé au CERZA,
00:55:33le Centre d'études et de recherche de sciences administratives
00:55:37et politiques.
00:55:38On va peut-être rappeler un fait
00:55:40qui a été peut-être un peu passé sous silence
00:55:43dans ce documentaire, mais il est important.
00:55:46On a beaucoup voté à ces élections législatives.
00:55:49Deux tiers des Français ont été votés,
00:55:52à la fois au premier et au second tour.
00:55:55Autrement dit, est-ce qu'on peut dire
00:55:58que le résultat de ce vote est entièrement légitime
00:56:02du fait de cette très forte participation ?
00:56:04On n'avait pas vu ça, je crois, sous votre contrôle depuis 97.
00:56:07C'était une autre dissolution, d'ailleurs.
00:56:10Vous avez raison, c'est un fait absolument majeur.
00:56:13Le taux de participation était déjà assez élevé pour les Européennes,
00:56:16mais aux législatives, il est de 20 points supérieurs
00:56:19aux mêmes législatives de 2022.
00:56:2120 points supérieurs, plus les deux tiers des Français
00:56:24qui sont allés voter.
00:56:25Donc, l'intensité de la campagne, l'intensité dramatique
00:56:28et l'ampleur de la mobilisation font que les résultats
00:56:31sont totalement légitimes, même s'il va falloir s'interroger
00:56:35sur leur interprétation possible.
00:56:37Mais c'est un élément indiscutable de cette séquence électorale
00:56:40qui a montré l'extraordinaire mobilisation,
00:56:43parce qu'il y avait de l'enjeu,
00:56:44au moment de ces élections législatives,
00:56:47qui ne sont pas des élections de confirmation
00:56:49dans la foulée de l'élection d'un président de la République,
00:56:53où, là, on voyait le taux de participation
00:56:55décliner régulièrement,
00:56:57mais qui traduisent la possibilité pour le Bloc de Gauche
00:57:00et pour l'ERN de se dire que, finalement,
00:57:02il peut y avoir une alternance, donc il y a de l'enjeu,
00:57:06et pour le Bloc central, aussi, il y avait cet enjeu
00:57:08de préserver ses positions.
00:57:10Donc il y a de l'enjeu, de l'intensité dramatique,
00:57:13les Français vont voter.
00:57:14On va voir ce qu'a été, tout d'abord, la projection.
00:57:18C'est d'ailleurs votre institut qui avait fourni cette projection
00:57:21dans le cadre de notre soirée électorale,
00:57:24et à France Télévisions, à l'issue du premier tour.
00:57:27Voilà ce que disait cette projection
00:57:29que nous fournissait Ipsos,
00:57:31avec cette fourchette concernant l'ERN et ses alliés,
00:57:35entre 230 et 280 sièges.
00:57:39On rappelle que la majorité absolue est à 289,
00:57:42donc, après tout, c'est vrai,
00:57:44l'ERN et ses alliés auraient pu, à l'issue de ce premier tour,
00:57:48potentiellement obtenir la majorité absolue.
00:57:50On rappelle que l'ERN avait été arrivée en tête
00:57:53avec 33,1 % des suffrages,
00:57:56et le nouveau Front populaire, 28 %.
00:57:58On va voir. Vous voulez dire quelque chose, peut-être,
00:58:01sur ce qu'était cette projection ?
00:58:03C'est important. C'est la projection
00:58:05au soir du premier tour.
00:58:06Notre fourchette maximale ne donne pas la majorité absolue
00:58:10pour le RN, et je précise, à ce moment-là,
00:58:13que nous allons avoir des retraits et des reports,
00:58:16qui vont se faire le lundi et le mardi,
00:58:18qui vont encore plus affaiblir le RN.
00:58:20Et malgré tout, il y a cette peur intense
00:58:24et cette idée qui va courir durant tout l'entre-deux-tours
00:58:27que l'ERN est aux portes du pouvoir.
00:58:29C'est vrai qu'il était à un niveau exceptionnellement élevé,
00:58:33mais au début de départ, on avait les ingrédients pour dire
00:58:36pas de majorité absolue, mais ça n'a pas été entendu.
00:58:39On l'avait plus haut, il faut être honnête,
00:58:42mais ça, c'est la campagne, les reports, etc.
00:58:44Au moment où on avait fait cette projection,
00:58:47on l'avait plus haut que ce qu'il va donner à l'arrivée,
00:58:50même si on a fait une seconde projection
00:58:52qui montrait déjà la baisse du RN.
00:58:54Dans l'entre-deux-tours, un Front républicain
00:58:57s'est mis en place, des désistements,
00:58:59on pourra en reparler. Voici maintenant
00:59:01ce qu'ont été les résultats à l'issue du second tour.
00:59:04L'hémicycle tel qu'il se présente, à peu près aujourd'hui,
00:59:07même si ça ne représente pas les groupes politiques de l'Assemblée,
00:59:11regardez les trois blocs qui se dégagent.
00:59:14Rassemblement national et ses alliés, 142 sièges.
00:59:18Un bloc central, constitué de la droite républicaine
00:59:21et de Ensemble,
00:59:23qui cumule à eux deux 207 sièges,
00:59:27et puis le nouveau Front populaire,
00:59:29qui lui totalise 193 sièges.
00:59:31Pour obtenir la majorité absolue,
00:59:33il manquait 96 sièges du côté du nouveau Front populaire
00:59:37et 82 sièges du côté du bloc central,
00:59:41le RN et ses alliés n'ayant pas, lui non plus,
00:59:44la majorité absolue.
00:59:46Est-ce qu'on peut dire, au vu de ce qu'ont été ces résultats,
00:59:49ces 30 tours, le Front républicain,
00:59:52que c'est le Front républicain
00:59:54qui a remporté ces élections et qui a rempli son objectif,
00:59:57qui était, finalement, de contrer le RN et ses alliés ?
01:00:02La question que vous posez, c'est le grand malheur français.
01:00:05Il est difficile de répondre à cette question
01:00:08car elle donne lieu à toutes les interprétations.
01:00:11Au premier tour, le RN est arrivé en tête, c'est un fait.
01:00:15Au second tour, c'est un fait que,
01:00:17quand on regarde l'alliance la plus forte,
01:00:19celle du nouveau Front populaire,
01:00:21sauf que les alliances, entre-temps, ont changé,
01:00:24puisqu'on a un Premier ministre LR
01:00:26qui incarne un rassemblement, même s'il est très compliqué,
01:00:30entre le Bloc central et les LR.
01:00:32Donc, c'est aussi, je trouve,
01:00:34que ce qu'on voit là,
01:00:36c'est-à-dire cette assemblée 2024,
01:00:38juin 2024, enfin, juillet 2024, plus exactement,
01:00:41elle montre à la fois le blocage d'une façon tellement forte
01:00:46puisqu'on voit que, de toute façon,
01:00:48les partis politiques ne se sont pas mis d'accord sur sa lecture.
01:00:52Répondre à votre question est un acte politique.
01:00:55Effectivement, le nouveau Front populaire avait un bloc
01:00:58qui s'est présenté ainsi, devant les électeurs,
01:01:01mais depuis, un autre bloc s'est créé.
01:01:03D'ailleurs, Michel Barnier, c'est ça qui est intéressant,
01:01:06tient sa légitimité du fait que l'addition, aujourd'hui,
01:01:10des LR du Bloc central dépassent l'addition
01:01:12du nouveau Front populaire.
01:01:14Donc, bon courage pour trouver une solution pérenne.
01:01:17D'ailleurs, le documentaire se termine là-dessus,
01:01:20et c'est la vraie question.
01:01:21Là, on a une photographie.
01:01:23Est-ce que cette photo va être un film qui va durer
01:01:25ou est-ce qu'on va avoir d'autres photographies assez vite,
01:01:28dans un an, quand le président de la République,
01:01:31constitutionnellement, pourra ordonner une nouvelle dissolution ?
01:01:35Rien que le fait de poser cette question,
01:01:37c'est devenu un acte politique ?
01:01:39Oui, on ne peut pas démentir ce qui vient d'être dit
01:01:42en nous mesurant à quel point la question est polémique.
01:01:46Ceci dit, on peut s'appuyer sur quelques jalons
01:01:49pour essayer d'analyser les choses.
01:01:51C'est-à-dire que ce qui donne sens au second tour,
01:01:55c'est l'opposition au Rassemblement national
01:01:59et le fait que les personnes qui votent
01:02:02acceptent de voter éventuellement pour une sensibilité différente,
01:02:06voire très différente de la leur,
01:02:08pour faire barrage au RN.
01:02:11Il y a eu 215 désistements.
01:02:12Oui, et on va peut-être reparler de ceci,
01:02:15mais ça signifie que la politique,
01:02:19c'est ensuite une traduction institutionnelle.
01:02:22Institutionnellement, il faut tenir compte de ce message.
01:02:25On ne sait que ça, finalement, du Front populaire.
01:02:29C'est la volonté de faire barrage au RN.
01:02:32Du Front républicain ?
01:02:34Vous avez dit Front populaire. Pardonnez-moi.
01:02:36Du Front républicain, oui, pardon.
01:02:38Ensuite, il faut essayer de traduire ceci
01:02:42avec ce paysage morcelé.
01:02:44Et c'est là qu'il y a échec.
01:02:46C'est là qu'il y a échec.
01:02:49Vous nous dites que la traduction qu'a faite le chef de l'Etat,
01:02:52lorsqu'il a fallu prendre la décision
01:02:55de nommer un Premier ministre...
01:02:56Oui, le chef de l'Etat, mais je dirais
01:02:59les partis également, l'ensemble des acteurs politiques,
01:03:03ne prend pas la mesure de ce qui a déplacé les électeurs
01:03:06massivement au second tour,
01:03:08parce que la participation a été importante
01:03:10également au second tour.
01:03:12Alors, ce que l'on peut dire, quand même,
01:03:14c'est qu'on ajoute au baroque de la prêt, si vous voulez,
01:03:20lorsqu'on remarque que le Nouveau Front populaire
01:03:25et préalablement, évidemment, le Rassemblement national
01:03:30avaient, dès le premier tour,
01:03:33plus de candidats ou élus ou en tête,
01:03:37et nettement plus, qu'ensemble,
01:03:40et que les Républicains, évidemment.
01:03:43Donc, on ne traduit pas non plus, finalement,
01:03:46le premier tour, dans ce qui se passe après.
01:03:49Donc, il y a un problème démocratique de fond.
01:03:53C'est votre avis.
01:03:55D'abord, quelle a été la traduction de ces résultats
01:03:59du point de vue des Français, dans l'opinion ?
01:04:02On a une idée ?
01:04:04Ce qu'on sait, c'est que oui, pour les Français,
01:04:06parce que ça, on l'a mesuré, la traduction génère
01:04:10de la déception, de la colère, de l'amertume,
01:04:12ils considèrent, si vous êtes RN, c'est la déception.
01:04:16Si vous êtes Nouveau Front populaire,
01:04:18comme c'est la coalition qui est arrivée en tête,
01:04:21là aussi, vous avez un sentiment de dévoiement du scrutin,
01:04:24et dans le Bloc central, malgré tout,
01:04:26il n'y a pas non plus l'idée que tout cela
01:04:29reflèterait parfaitement les désidératats des électeurs.
01:04:32Pour répondre à votre question,
01:04:34est-ce le Front républicain le vainqueur de cette élection ?
01:04:37Je ne crois pas, je ne dirais pas ça.
01:04:39Le Front républicain a été, dans l'alchimie du vote,
01:04:42il n'y a qu'en 78 que le second tour législatif
01:04:46a infirmé un premier tour qui était très orienté
01:04:49en faveur de la gauche.
01:04:50Donc, il s'est passé quelque chose de tout à fait spécifique
01:04:54dans la réactivation de ce Front républicain.
01:04:56Mais pour dire que c'est lui le vainqueur,
01:04:59d'abord, c'est pas une force homogène,
01:05:01et puis, on n'est pas, vous savez, Spinoza disait
01:05:04que si les triangles avaient un dieu, ils seraient triangulaires.
01:05:07Il n'y a pas un Front républicain incarné par une seule force
01:05:11donc il aurait été vainqueur s'il y avait eu
01:05:13un gouvernement d'Union nationale reprenant ceux
01:05:16qui avaient effectivement activé ce Front républicain.
01:05:19Donc, du Nouveau Front populaire jusqu'à une bonne partie des LR.
01:05:23Mais ce n'est pas le cas.
01:05:25On ne peut pas dire qu'il est le vainqueur.
01:05:27Il est essentiel dans l'alchimie,
01:05:29mais il n'y a pas un vainqueur qui serait le Front républicain,
01:05:32pas plus qu'il n'y a un vainqueur
01:05:34qu'il serait la coédition du Nouveau Front populaire,
01:05:37parce que c'est une coédition qui arrive en tête,
01:05:40mais on ne peut pas dire qu'elle a gagné non plus les élections.
01:05:44Comme Soazic le soulignait,
01:05:45l'interprétation devient très vite très politique
01:05:48ou sujette à l'interprétation politique.
01:05:51Si vous dites que c'est le Nouveau Front populaire
01:05:54qui a gagné, à ce moment-là, il y a eu captation du vote
01:05:57puisque le gouvernement ne reflète pas ça.
01:05:59Si vous dites que c'est la coalition qui est arrivée en tête,
01:06:03c'est déjà un peu différent.
01:06:05Quoi qu'il en soit, il y a eu 22 noms dévoqués
01:06:07à la nomination de Michel Barnier
01:06:10en ce début de mois de septembre.
01:06:13Parmi ces 22 noms, il y en a beaucoup qui viennent de la gauche,
01:06:18du Nouveau Front populaire, notamment.
01:06:20Il a fallu attendre 16 jours
01:06:22pour que le Nouveau Front populaire en arrive à se mettre d'accord
01:06:26sur le nom de Lucie Castex,
01:06:28complètement inconnue du grand public,
01:06:30directrice des finances de la ville de Paris.
01:06:33Est-ce que la gauche, le Nouveau Front populaire,
01:06:36n'a pas pâti du manque de leadership
01:06:38qui apparaît très clairement tout au long de cette campagne ?
01:06:41La question est posée, d'ailleurs.
01:06:43Est-ce que ça n'a pas contribué
01:06:47à avoir ce feuilleton à épisodes
01:06:50pendant 16 jours pour aboutir sur le nom de Mme Castex
01:06:54et puis, au final, de ne pas prendre ce poste à Matignon,
01:06:57de ne pas sembler pouvoir être en capacité, à un moment,
01:07:00de faire en sorte qu'Emmanuel Macron désigne quelqu'un
01:07:04en partant de la gauche de l'hémicycle ?
01:07:06Dès la première heure, le dimanche soir du second tour,
01:07:10on sait que ça va être très compliqué
01:07:12pour le Nouveau Front populaire.
01:07:14On a Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat à la présidentielle,
01:07:17qui représente le plus de votants.
01:07:19Les hommes politiques se définissent par le nombre de votants
01:07:23qu'ils avaient derrière eux à la dernière présidentielle.
01:07:26On a tendance à prendre ça comme base de réflexion.
01:07:29Il explique qu'il faudra partir du programme du Nouveau Front populaire,
01:07:33mais surtout ne pas quitter.
01:07:35Dans les négociations qui ont été faites avec le Parti socialiste,
01:07:38comme il voulait un programme de rupture différent du macronisme,
01:07:42ils ont embarqué dans ce programme du Nouveau Front populaire.
01:07:46La matrice, c'est le programme de Jean-Luc Mélenchon
01:07:49à la présidentielle.
01:07:50Il prend la parole tout de suite, c'est même le premier,
01:07:53en disant ceci, tout programme, rien que programme.
01:07:56Il ferme la porte.
01:07:58Dès le départ, c'est bloqué.
01:07:59On a moins de 200 députés du Nouveau Front populaire.
01:08:02Qui va venir sur le programme de Mélenchon,
01:08:05qui ne faisait pas partie du Nouveau Front populaire ? Personne.
01:08:08Dès le début, il place le débat sur ce thème-là.
01:08:11Ce sera impossible.
01:08:12Après, il y a une aspiration des électeurs.
01:08:15On sait que l'aspiration militaire à gauche est très importante.
01:08:19Ils l'entendent en permanence sur les marchés,
01:08:21trouver une solution.
01:08:22Ils ont tous pensé, à un moment,
01:08:24que le Rassemblement national allait l'emporter.
01:08:27Finalement, il y a ce petit miracle à leurs yeux,
01:08:30qui n'est pas non plus une majorité,
01:08:32mais un réveil de ce qu'ils voient comme un réveil de la gauche.
01:08:36Ils ne peuvent pas aller jusqu'à maintenant.
01:08:38Il y a une frustration des électeurs.
01:08:40Ils trouvent une solution, le plus petit dénominateur commun.
01:08:44Ils ont mis énormément de temps.
01:08:46Il y a eu différents noms qui ont été rejetés par les uns.
01:08:49On sentait bien que ça n'allait pas fonctionner,
01:08:52mais que, dès le départ, c'était vicié.
01:08:54Il y a une autre impression que ça donne,
01:08:56la séquence que nous avons vécue.
01:08:58C'est que, d'emblée, Emmanuel Macron
01:09:01n'accepte pas l'idée d'une alternance.
01:09:05Et la traduction qu'il en fait, lui,
01:09:07c'est qu'il souhaite avoir un Premier ministre
01:09:11qui reste en place,
01:09:13donc qui ne saute pas à la première motion de censure,
01:09:16et ne souhaite pas mettre en cause
01:09:18un certain nombre de points de son bilan,
01:09:21comme la réforme des retraites.
01:09:22Que semble en avoir fait le chef de l'Etat ?
01:09:25Nous évoquions la difficulté
01:09:28qu'ont les acteurs à s'adapter à ce contexte
01:09:32issu des urnes,
01:09:34pour traduire la notion de front républicain.
01:09:37Et là, on a un chef de l'Etat
01:09:40qui se comporte en président, je dirais,
01:09:44en temps présidentialiste.
01:09:46C'est-à-dire qu'il fait tout pour conserver une marge de manoeuvre
01:09:51dans les désignations du Premier ministre,
01:09:53et pour le coup, il a eu une stratégie
01:09:57qui a conduit à la nomination de Michel Barnier,
01:10:01et il a défendu sa position avec succès.
01:10:06Il a réussi à trouver un Premier ministre
01:10:11qui, d'une part, ne le place pas en situation de cohabitation,
01:10:16et il a su défendre aussi, sur le fond, ce qu'il souhaitait,
01:10:21c'est-à-dire avoir un Premier ministre
01:10:23le plus compatible possible
01:10:25avec le reliquat de son premier mandat
01:10:28et des premières années de second mandat,
01:10:31sur le fond, et notamment les engagements,
01:10:35entre guillemets,
01:10:37vu la situation, on mettra des guillemets,
01:10:39de sérieux économiques.
01:10:41Mais il l'a fait tout en s'assurant
01:10:43que le RN ne voterait pas une motion de censure
01:10:46contre un tel gouvernement.
01:10:47Donc, il remet, d'une certaine manière,
01:10:50le Rassemblement national au centre du jeu, aujourd'hui ?
01:10:54Non, je ne dirais pas exactement cela, mais...
01:10:58Ce serait très contradictoire avec ce frompeau républicain
01:11:01dont on a parlé juste avant.
01:11:03Il y a une chose claire, je crois, qui sort du scrutin,
01:11:06c'est que les Français ont dit, pour des raisons opposées,
01:11:09qu'ils ne voulaient plus de la politique menée
01:11:12et de l'équipe qui l'avait menée pendant sept ans.
01:11:15C'est la seule chose sur laquelle on peut s'accorder.
01:11:17Ce que fait le chef de l'Etat, c'est qu'il évoque
01:11:20l'idée d'un parfum de cohabitation.
01:11:22Ca résume tout.
01:11:23Ce n'était pas un parfum de cohabitation.
01:11:26C'était véritablement autre chose.
01:11:28Encore une fois, ils ne mettaient pas les mêmes choses derrière.
01:11:32Donc, eux souhaitaient une alternance.
01:11:34A gauche, une alternance.
01:11:35A gauche, au RN, une alternance en faveur du RN.
01:11:39Donc, il est là, le malentendu initial.
01:11:41Et ce que fait le chef de l'Etat,
01:11:43c'est, plutôt que de nommer, au nom du critère de stabilité,
01:11:48une personnalité issue de la coalition en tête,
01:11:51la coalition de gauche,
01:11:52qui aurait permis de purger, je pense, la situation
01:11:55et au moins de donner le sentiment aux Français
01:11:58qu'on respectait ce qui s'était passé dans les urnes.
01:12:01Eh bien, il cherche quelqu'un qui sera assuré d'une stabilité.
01:12:06C'est pour ça qu'il y a cette idée que vous évoquez
01:12:09d'être otage ou pas du RN.
01:12:12Oui, parce que c'est arithmétique.
01:12:14C'est arithmétique.
01:12:15Si le RN décide de voter une motion de censure,
01:12:17en le faisant avec le nouveau Front populaire,
01:12:20qui est dans l'opposition aujourd'hui,
01:12:22le gouvernement ne tiendra pas.
01:12:24Il y avait une possibilité, à un moment donné,
01:12:27avec Bernard Cazeneuve, d'avoir quelqu'un issu de la gauche.
01:12:30Là, on a à la fois le jeu, je crois, du chef de l'Etat,
01:12:33mais aussi du PS et d'Olivier Faure,
01:12:35qui ne voulaient pas, fondamentalement,
01:12:38d'une solution à Bernard Cazeneuve.
01:12:40C'est tout cela qui nous amène à la solution
01:12:42qui est un peu baroque, quand vous regardez les résultats.
01:12:45D'un Premier ministre issu des rangs des LR,
01:12:48alors que les LR, c'est 7 % aux européennes
01:12:50et à peine ce score aux législatives...
01:12:53C'est 6 % législatives.
01:12:54Tout à fait, 6 % législatives et 47 députés.
01:12:585e groupe politique de l'Assemblée nationale en nombre.
01:13:02Tout à fait.
01:13:03Le malaise démocratique qu'évoquait Swazik au début,
01:13:07il est bien là,
01:13:08mais on est dans cette configuration
01:13:10où, à partir du moment où personne n'a la majorité absolue,
01:13:14vous n'avez que des solutions
01:13:16qui ne peuvent être que temporaires
01:13:18et mal acceptées par l'ensemble des Français.
01:13:20Encore une fois, l'ensemble des Français
01:13:23ne se retrouve pas dans ce système.
01:13:25Aujourd'hui, ils attendent pour voir
01:13:27et le film ne fait, entre guillemets, que commencer.
01:13:30Mais le malentendu du scrutin,
01:13:32il est aussi dans cette fracturation de l'électorat,
01:13:35dans cette multi-tripartition,
01:13:37parce que ce n'est même plus une tripartition,
01:13:39c'est fragmenté à l'intérieur de blocs plus ou moins homogènes.
01:13:43Pour reprendre une expression que vous avez utilisée,
01:13:46parfum de cohabitation.
01:13:48C'est du chef de l'Etat, en fait.
01:13:50Est-ce que nous sommes avec un parfum de cohabitation ?
01:13:53Pas du tout dans une cohabitation avec ce gouvernement
01:13:56tel qu'il existe aujourd'hui, ce Premier ministre
01:13:59et Emmanuel Macron à l'Elysée.
01:14:01C'est la preuve que rien n'est clair.
01:14:03Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel,
01:14:06a utilisé une expression que je trouve intéressante.
01:14:09Il a dit qu'on est dans une multi-cohabitation.
01:14:12Quand vous regardez, il y a des clivages,
01:14:14des divisions partout, dans chaque camp.
01:14:16On a l'impression, aujourd'hui,
01:14:18que certains, même à l'intérieur des Insoumis
01:14:21et des anciens Insoumis, cohabitent.
01:14:23On a l'impression qu'on a une cohabitation, quelque part,
01:14:26entre Michel Barnier et certains macronistes.
01:14:30On a l'impression qu'on a une cohabitation
01:14:33aussi entre certains LR,
01:14:34certains qui tireraient plus vers le gouvernement
01:14:37ou qui auraient aimé être au gouvernement,
01:14:40et d'autres qui, à l'Assemblée, pensent davantage à 2027.
01:14:43Il y a aussi la cohabitation entre ceux qui vivent le moment,
01:14:46en se disant qu'il faut faire quelque chose à l'Assemblée,
01:14:49et ceux qui vivent le moment 2027,
01:14:51où, avant, on verra bien la prochaine présidentielle.
01:14:54Il y a une multitude de fractures.
01:14:56Entre le chef de l'Etat et son Premier ministre ?
01:14:58De ce qu'on sait, de ce qu'on comprend pour l'instant,
01:15:01parce que les choses sont en train de se mettre en place,
01:15:05il y a quand même une certaine autonomie
01:15:07au Premier ministre.
01:15:08On a bien compris qu'il voulait partager
01:15:11certains des champs qui sont normalement réservés
01:15:14au chef de l'Etat.
01:15:15Le chef de l'Etat qui a recevu la semaine dernière
01:15:18l'université d'Allensky est au premier plan à l'international,
01:15:22mais sinon, le sujet du chef de l'Etat,
01:15:24normalement, c'est l'économie.
01:15:26Là, c'est Michel Barnier qui a pris la main,
01:15:28mais quand on regarde qui s'occupe d'économie,
01:15:31ce ne sont que des macronistes à Bercy.
01:15:33Vous voyez la complexité de ce qui se met en place.
01:15:36On est dans une semi-cohabitation
01:15:38qui est en train à peine de s'installer.
01:15:40Pour l'instant, les deux hommes se respectent
01:15:43et il y a quelque chose d'indéniable,
01:15:45c'est que Michel Barnier a réussi à faire redescendre
01:15:48le débat politique d'un ton.
01:15:50Ca, c'est porté à son crédit.
01:15:52Pour l'instant, par les Français, on verra ce qu'il en sera ensuite.
01:15:56Donc, on n'est pas dans une cohabitation,
01:15:58il n'y a pas de mots à propos du chef de l'Etat
01:16:01comme il pouvait y en avoir
01:16:03lors des deux grandes cohabitations antagonistes,
01:16:05mais on est trois dans ce sujet.
01:16:07Votre avis sur ce sujet ?
01:16:09Si on le lit...
01:16:10On est dans quelque chose d'inédit.
01:16:12On ne parle pas de cohabitation,
01:16:14mais il y a cohabitation.
01:16:16On vient de nous dire
01:16:18que Soazie Kemener est à tous les étages.
01:16:21Il faut peut-être changer de lunettes.
01:16:23On continue à...
01:16:25Je propose qu'on s'aspire un peu
01:16:27de ce qui se passait sous les Quatrièmes,
01:16:30voire les Troisièmes Républiques.
01:16:32Parce que l'idée d'avoir des blocs très divisés,
01:16:36des négociations permanentes,
01:16:38et on va avoir droit à ceci, on a déjà droit à ceci,
01:16:41à l'Assemblée nationale,
01:16:42des coalitions, alors pas de l'instant,
01:16:45mais dans tous les cas, très variables,
01:16:47voire aléatoires,
01:16:48on l'a déjà connu dans notre histoire politique
01:16:51et nos partenaires européens en régime parlementaire.
01:16:54Peut-être qu'on reviendra sur ce sujet
01:16:56du régime politique et de sa dominance.
01:16:59On a beaucoup entendu dire
01:17:00que le pouvoir passait de l'exécutif
01:17:02au législatif à la sortie des élections.
01:17:05C'est formidable pour le Parlement.
01:17:07Vous êtes d'accord avec ça ?
01:17:09Vous êtes d'accord avec ça ?
01:17:11C'est à quoi on assiste ?
01:17:12Le centre de gravité s'est déplacé
01:17:14à l'Assemblée nationale pour l'instant.
01:17:16Le chef de l'Etat n'a plus les moyens
01:17:19d'être aussi directif et présidentialiste
01:17:21qu'il ne l'a été depuis 2017.
01:17:24La cohabitation au sens institutionnel,
01:17:26nous n'y sommes pas,
01:17:28puisqu'il s'agit d'une majorité assez suffisante
01:17:32et opposée à celle du président de la République.
01:17:35Ce n'est pas tout à fait ce qui se passe.
01:17:38Nous ne sommes pas en cohabitation
01:17:40au sens où nous les avons connus
01:17:42sous François Mitterrand et Jacques Chirac.
01:17:44Ceci étant dit, nous voyons la fragilité
01:17:47et la difficulté, tout simplement,
01:17:49à identifier une majorité.
01:17:50C'est autre chose, finalement.
01:17:52Ce n'est pas une cohabitation au sens institutionnel du terme.
01:17:56Peut-être faut-il le reprendre
01:17:57en la complexifiant, la formule de François Mitterrand.
01:18:00Coexistence institutionnelle, difficile et diversifiée.
01:18:05Ca fait un peu long, comme formule.
01:18:07Ca fait peut-être un peu long pour les Français
01:18:09qui ont été votés à ces législatives.
01:18:11Ce n'est pas ce qu'ils attendaient, au final.
01:18:14On a parlé des éventuels gagnants.
01:18:16Tout le monde désigne, comme Emmanuel Macron,
01:18:19comme le perdant de cette élection
01:18:21et de cette grande séquence qu'il a lui-même provoquée.
01:18:24C'est le cas ? C'est ce que vous constatez ?
01:18:27Oui, totalement.
01:18:29On a fait une grande enquête postélectorale,
01:18:31fin juillet, début août,
01:18:33avec le Cevipof et des grandes fondations,
01:18:36la Fondation Georges Laurès, l'Institut Montaigne, etc.
01:18:39Ce qu'on voit, alors même qu'on était dans un moment
01:18:42un peu de pacification, les JO, etc.,
01:18:44c'est des Français extraordinairement critiques
01:18:47sur la séquence, qui n'ont toujours pas compris
01:18:49l'intérêt de cette dissolution,
01:18:51qui en veulent au chef de l'Etat,
01:18:53avec un taux de jugement défavorable
01:18:56exceptionnellement élevé pour Emmanuel Macron,
01:18:58qui se défie de cette Assemblée,
01:19:00qui dit à plus de 70 % qu'ils n'ont pas confiance
01:19:03dans cette nouvelle Assemblée.
01:19:05Ils n'en ont pas confiance.
01:19:07Et fait nouveau et important,
01:19:08par rapport à ce que vous avez rappelé et souligné,
01:19:11qui nous disent maintenant que c'est quand même
01:19:14pas une bonne chose qu'il n'y ait pas de majorité à l'Assemblée,
01:19:17alors que durant ces deux dernières années,
01:19:20ils nous affirmaient le contraire en nous disant
01:19:23qu'il y aurait forcément des compromis,
01:19:25des négociations, et finalement, c'est bien.
01:19:27C'est notre revenu de cette idée,
01:19:29qu'il y ait mécaniquement des compromis
01:19:31et que ce serait un surcroît pour la démocratie.
01:19:34C'est effectivement ce que Michel Barnier a aussi perçu,
01:19:37parce que sur ces mots, sur ces querelles sémantiques,
01:19:40mais qui ne sont pas des querelles anodines,
01:19:43il a dit aussi que nous ne sommes pas en cohabitation.
01:19:46Je crois que le véritable juge de paix,
01:19:48ça va être à l'Assemblée,
01:19:50le comportement au moment du budget,
01:19:52et là, nous verrons si le Bloc central,
01:19:54par exemple, censé soutenir malgré tout
01:19:56ce Premier ministre,
01:19:58s'il va se diviser ou pas sur la question de la fiscalité.
01:20:01Nous verrons ce que feront l'ERN, l'ELR.
01:20:03Ils sont encore très divisés.
01:20:05C'est là où on verra si on est dans une multicohabitation
01:20:08ou s'il y a malgré tout un socle qui, qu'à un, qu'à un,
01:20:11peut permettre à Michel Barnier, pendant quelques mois,
01:20:14où on ne sait pas trop la durée, d'avancer.
01:20:17Concernant la politique publique,
01:20:19vous diriez qu'on va vers une forme d'immobilisme,
01:20:21au mieux, de continuité.
01:20:23Comment voyez-vous les choses pour l'avenir ?
01:20:25Avec ce fameux budget, bien sûr, mais peut-être pas seulement.
01:20:29Il y a un exemple assez intéressant, c'est les retraites.
01:20:32Le glissement de l'indexation des retraites
01:20:35du mois de janvier jusqu'au mois de juillet.
01:20:37Quand la question est posée à Barnier, il dit
01:20:39qu'il a décidé ça, mais on va voir à l'Assemblée ce que ça donne.
01:20:43Vous imaginez un débat sur les retraites,
01:20:45pas sur la réforme des retraites, mais sur les retraités,
01:20:48ce que ça peut donner dans un hémicycle
01:20:51qui peut très vite se transformer en chaudron bouillant
01:20:54dans l'année 2024.
01:20:55On comprend que chaque thème...
01:20:57Il y avait déjà des thèmes qui étaient très irritants,
01:21:00mais les porter devant l'Assemblée, ça va être très compliqué.
01:21:03On voit bien ce que fait Bruno Rotaille,
01:21:05ministre de l'Intérieur.
01:21:07Il veut une nouvelle loi immigration,
01:21:09mais il sait que ce sera difficile d'obtenir une nouvelle loi
01:21:12et ensuite de la faire voter.
01:21:14Il utilise tout le pouvoir réglementaire
01:21:16en sa possession.
01:21:17C'est pour ça qu'Emmanuel Macron ne voulait pas
01:21:20d'une Lucie Castex à Matignon.
01:21:21Il ne voulait pas qu'elle utilise son pouvoir réglementaire
01:21:24avant même que l'Assemblée commence à siéger.
01:21:27Donc, le bloc...
01:21:28Enfin, la difficulté pour le gouvernement,
01:21:31c'est qu'il va avoir du mal à faire des projets de loi,
01:21:34il va avoir du mal à les faire voter,
01:21:36donc on va avoir peut-être une sensation d'immobilisme,
01:21:39on va peut-être avoir une agitation d'un côté
01:21:41sur le plan réglementaire et dans les annonces,
01:21:44mais en vrai, sur ce qui arrivera à la fin de cette législature,
01:21:48il y a un énorme point d'interrogation
01:21:50sur les marges de manœuvres politiques.
01:21:52On arrive bientôt à la fin de l'émission,
01:21:54il reste deux minutes.
01:21:55On se dit que finalement, tout est là
01:21:58pour qu'on repasse aux urnes dans quelques mois.
01:22:01Ca pourrait être à la fin du printemps prochain,
01:22:05par exemple, si on respecte à peu près les délais.
01:22:08Est-ce que c'est aussi votre sentiment ?
01:22:10On va devoir aller re-voter pour une nouvelle Assemblée ?
01:22:16Ou est-ce que cet attelage, bon en mal en,
01:22:19peut continuer ainsi jusqu'à, pourquoi pas,
01:22:21l'élection présidentielle prochaine pour remettre les cartes ?
01:22:25Je ne parierai pas parce qu'il suffit de poser la question
01:22:30de quel acteur a vraiment intérêt, l'an prochain,
01:22:33à retourner devant les électeurs dans un tel contexte et climat aussi
01:22:38parce qu'on peut supposer que tout ce qui vient de se passer,
01:22:42ça a été dit par Brice Tinturier,
01:22:44laisse quand même les Français assez amers.
01:22:48Et...
01:22:51Y compris le Rassemblement national,
01:22:53dont on nous a dit qu'il avait intérêt,
01:22:55parce qu'il serait peut-être assuré d'avoir sa majorité absolue,
01:22:59je ne suis pas sûr, moi, qu'il soit, pour l'instant,
01:23:02engagé dans cette stratégie.
01:23:04Donc...
01:23:08En contrepartie, si ce n'est pas la volonté des acteurs
01:23:11qui sont à l'Assemblée que de voter une censure,
01:23:14il faut qu'ils donnent des gages, justement,
01:23:17de changement de culture politique et s'engager
01:23:20dans des négociations pour trouver des compromis sur des textes.
01:23:24Donc, pour l'instant, je dirais qu'on ne peut pas parier.
01:23:27Ca va beaucoup dépendre de ce que les acteurs décident.
01:23:30Ca sera le mot de la fin.
01:23:32L'avenir nous dira, évidemment,
01:23:34de quoi sera faite cette suite
01:23:37et l'avenir de cette Assemblée,
01:23:39de ce Premier ministre, Michel Barnier, aujourd'hui.
01:23:42Merci à tous les trois d'avoir participé à cette émission
01:23:45et à nous dire sur ce qu'ont été ces législatives,
01:23:48les conséquences de cette fameuse dissolution
01:23:50annoncée le 9 juin dernier par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron.
01:23:54Vos réactions, elles vont être nombreuses,
01:23:56ce sera sur hashtag débadoc.
01:23:58Merci à Félifié Gavaldar et Victoria Bellet,
01:24:02qui m'ont, comme à l'accoutumée, aidé à préparer cette émission.
01:24:06Je vous retrouve pour un prochain Débadoc,
01:24:08avec son documentaire et son débat. A très bientôt.
01:24:15SOUS-TITRAGE ST' 501

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