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Après cinq mois de travaux et une centaine d'auditions de près de 400 professionnels, la commission parlementaire sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité a remis ses conclusions le 9 avril dernier, réalisant ainsi l'autopsie des pratiques des dysfonctionnements dans ce milieu. Sa présidente, Sandrine Rousseau, et son rapporteur, Erwan Balanant, reviennent sur les moments clés de cette commission d'enquête qui leur ont permis de formuler des propositions afin que les violences morales sexuelles et sexistes cessent dans le milieu culturel.

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00:00Musique
00:00J'avais dix ans quand j'ai tourné pour la première fois, ça m'est tombé dessus.
00:13Et dans ce film, il y a une scène de viol.
00:16Je demande qui va jouer cet homme et on me dit que la réalisatrice ne veut pas que je le rencontre avant.
00:21Je ne comprends pas pourquoi, mais apparemment, ce sera mieux pour la scène.
00:26On m'explique que je dois marcher, qu'il me collera contre l'arbre.
00:29Ça va être très simple.
00:32Silence, moteur, ça tourne.
00:34Je vois arriver en courant un jeune acteur qui me saute dessus, qui me prend la poitrine et essaie de me soulever la robe.
00:40On refera cette scène plusieurs fois.
00:42J'ai dix ans, je n'ai même jamais embrassé un garçon.
00:45Je suis tétanisée.
00:47À la fin de la scène, la jeune fille qui s'occupe de nous depuis le début du tournage m'a même voulu voir les poussins qui sont nés dans la ferme à côté pour me changer les idées.
00:55Et du haut de mes dix ans, je sais déjà qu'il y a quelque chose qui cloche.
01:00Je me souviens, comme si c'était hier, me dire « Mais tu crois que tu vas me faire oublier ça avec des poussins ? »
01:07Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode des Grands Débats.
01:12Pendant une heure, nous allons revivre ensemble les moments clés de la commission d'enquête relative aux violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
01:27À travers le regard de la présidente de cette commission d'enquête, Sandrine Rousseau, et de son rapporteur, Erwann Valen.
01:35On a vraiment vu le plus de personnes qu'on pouvait, des personnes qui sont les institutionnels, les syndicats, les acteurs, les actrices, les techniciens.
01:46Mais c'est l'anatomie de ce système que nous avons essayé de faire.
01:53Je crois que ces auditions, elles nous ont tous et toutes poussé dans notre humanité.
01:58C'est-à-dire qu'on a tous été un peu bousculés, toutes étaient un peu bousculés.
02:02On a tous, toutes à un moment, versé une petite larme, à voir la voix qui a tremblé.
02:09Anna Mouglalis, Dinamuris, mais incroyable ces paroles, incroyable.
02:12Puis elles ont parlé face cam, face caméra pour le coup.
02:17Et puis ce qu'elles ont dit, alors je retiens les paroles d'Anna Mouglalis qui dit
02:22non seulement moi je me suis battue contre les violences que j'ai pu subir,
02:26mais je me suis aussi battue à l'intérieur des tournages,
02:29contre des scénarios qui minimisaient trop la place des femmes,
02:32qui en faisaient des marionnettes aux mains d'hommes.
02:35Tout cela était quand même hyper puissant.
02:38Mesdames et messieurs, je tenais à vous remercier sincèrement pour cette invitation.
02:41Je me réveille seulement d'un long sommeil, mais aujourd'hui je peux raconter.
02:44C'est grâce à toutes celles qui ont osé, Adèle Hanel, Judith Godrech et tant d'autres,
02:48que je me réveille, que je me rends compte.
02:50Je commence à raconter ce qui pour moi faisait partie du jeu,
02:54faisait partie des règles du métier que j'aime tant, le prix à payer.
02:58J'avais dix ans quand j'ai tourné pour la première fois, ça m'est tombé dessus.
03:02Et dans ce film, il y a une scène de viol.
03:04Je demande qui va jouer cet homme et on me dit que la réalisatrice ne veut pas que je le rencontre avant.
03:09Je ne comprends pas pourquoi, mais apparemment ce sera mieux pour la scène.
03:14On m'explique que je dois marcher, qu'il me collera contre l'arbre.
03:17Ça va être très simple. Silence, moteur, ça tourne.
03:22Je vois arriver en courant un jeune acteur qui me saute dessus, qui me prend la poitrine et essaie de me soulever la robe.
03:28On refera cette scène plusieurs fois.
03:30J'ai dix ans, je n'ai même jamais embrassé un garçon.
03:33Je suis tétanisée.
03:35À la fin de la scène, la jeune fille qui s'occupe de nous depuis le début du tournage
03:38m'a même voir les poussins qui sont nés dans la ferme à côté pour me changer les idées.
03:44Et du haut de mes dix ans, je sais déjà qu'il y a quelque chose qui cloche.
03:48Je me souviens, comme si c'était hier, me dire
03:50« Mais tu crois que tu vas me faire oublier ça avec des poussins ? »
03:55Quelques années à peine majeures, je dois faire une scène de représentation sexuelle avec un homme de l'âge de mon père.
04:01Je connais bien le réalisateur.
04:02J'ai une grande confiance.
04:03On a toujours parlé de ces scènes ensemble.
04:05Elles sont chorégraphiées.
04:06Il y a un cadre.
04:07Malgré tout, le jour du tournage, cet acteur décide de ne pas mettre de peignoir entre les prises.
04:13Ça gêne ou ça agace l'équipe, je ne peux pas vraiment dire, mais en tout cas, on ne l'oblige pas à le mettre.
04:20Je trouve ça déjà un peu étonnant.
04:22On règle la scène.
04:24On sait ce qu'on va faire.
04:25Donc, il doit m'appeler dans la salle de bain, me dire de me mettre à genoux pour lui faire une fellation.
04:29Je dois hésiter.
04:31Et alors, il doit me donner une baffe.
04:33On tourne la scène.
04:35Il se met à improviser.
04:37Il me met les mains sur les épaules.
04:39Il m'écrase au sol avec une grande force.
04:42Je me fais très mal aux genoux.
04:43Il enfonce son pouce dans ma bouche et la tête en arrière.
04:46Et de son autre main, il me donne plein de baffe.
04:48Et il me dit, t'aimes ça, salope.
04:50Alors, je me mets à pleurer.
04:52Je suis tétanisé.
04:53Il me donne une violente baffe.
04:54Et je m'écrase au sol.
04:56Coupé.
04:57Le réalisateur et les techniciens trouvent cette scène bouleversante.
05:02Alors, on la refera parce que ce sera beau pour le film.
05:05Et à la fin de cette scène, je me revois à la machine à café en larmes.
05:08Et un machiniste vient me voir et me dit, c'était très dur ce que tu viens de faire.
05:12Je l'ai vu.
05:14Eh bien, heureusement qu'il y avait cette phrase.
05:16Mais encore une fois, sur le moment, pas d'excuses, pas de reconnaissance, pas de cadrage.
05:21Aujourd'hui, j'en ai parlé avec ce réalisateur.
05:23Et il m'a entendu.
05:24Il reconnaît.
05:25Il s'excuse.
05:25Et je le crois.
05:26Mais pendant 20 ans, cette scène m'a marquée au fer rouge.
05:30Des violences, il y en a eu quand j'étais mineure, majeure.
05:34Et même aujourd'hui, en femme avertie.
05:36La violence, elle s'ancre en vous.
05:39Et elle vous ronge.
05:40Alors, j'espère très sincèrement que vous, que nous, trouverons des solutions pour arrêter cela.
05:45Pour condamner.
05:47Pour éduquer.
05:48Je sais que beaucoup de choses sont faites.
05:49Mais quand je vois encore aujourd'hui qu'il est envisageable de projeter un film comme
05:54Dernier tango à Paris à la Cinémathèque, où une scène réelle de viol est filmée,
05:59et que certains s'insurgent encore que l'on puisse questionner cette projection,
06:04alors je pense qu'il y a un grand travail à faire.
06:06Ce milieu concentrant énormément de pouvoirs, d'argent, est très propice aux abus, au fait qu'ils soient tus.
06:22Très souvent, quand on est une jeune femme, on nous demande de venir,
06:28enfin moi on me proposait de venir pour des rôles de femmes dites séduisantes.
06:32Et il se trouve que généralement, on décroche le rôle quand le réalisateur est séduit.
06:36Mais nous on n'est pas venu pour le séduire, on est venu pour jouer.
06:41Donc là il y a déjà un gros problème.
06:43En 1997, pour mon premier film, je me suis retrouvé à être convoqué par la production
06:51pour me rendre au domicile de Gérard Miller pour travailler sur le scénario du film Terminal
07:01qui était réalisé par Francis Giraud.
07:04Je rencontre Gérard Miller qui me propose de me faire visiter son home cinéma.
07:10Il est à peu près 20h30 parce que je répétais à la journée une pièce de théâtre,
07:14donc j'avais eu ce rendez-vous le soir.
07:16C'est normal d'avoir confiance quand on est envoyé par la production chez un scénariste
07:24qu'on a envie de jouer dans un film.
07:26Tout ça devrait être très normal.
07:29Mais donc je me retrouve à ce domicile.
07:33Je refuse de voir le home cinéma parce que je ne vois pas tout ça à faire là-dedans.
07:37et là il me propose une séance d'hypnose que je refuse parce qu'encore une fois je ne vois pas
07:44et puis je trouve le mec franchement pas sympathique.
07:50Mais il commence à se tendre et à devenir un petit peu agressif
07:55et à me dire alors qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'il faut faire sur ce scénario ?
08:01Je lui dis qu'on n'a qu'à rien faire du tout, que vu comme c'est parti, c'est pas la peine.
08:07Ce à quoi il me répond qu'il retirera donc les répliques de mon personnage pour les donner à d'autres actrices.
08:13Je lui dis tant mieux.
08:16Mais ensuite il y a eu le tournage.
08:19Et il se trouve qu'on n'était que des jeunes femmes de 19 ans.
08:23C'est une histoire qui maintenant a été révélée au grand public.
08:27Il y a eu une enquête qui a été menée par Mediapart et aussi par le magazine Elle
08:33dans laquelle j'avais pu témoigner.
08:36On est à 90 victimes de cet homme.
08:42À l'époque, je n'en ai pas parlé au réalisateur ni au producteur, j'aurais dû.
08:49Mais comme, en fait je suis parti, je me suis dit c'est juste un connard.
08:54Mais il se trouve qu'ensuite pendant le tournage, il y avait une classe, on avait toutes à peu près entre 18 et 20 ans.
09:04Il y a deux jeunes femmes qui assez spontanément, parce qu'elles se sont rendues compte qu'elles avaient vécu la même chose,
09:12ont parlé devant nous ouvertement.
09:14Elles ont vécu la même chose chez Gérard Milain, mais elles ont vécu la séance d'hypnose.
09:18Et elles ont vécu les agressions.
09:22C'était en 97, c'est sorti l'année dernière cette affaire.
09:27Bon, donc ça c'était sur le travail préparatoire au scénario.
09:32En ce qui concerne les tournages,
09:35je voulais parler à la fois de scènes, de représentations de la sexualité.
09:44Vous avez parlé de la coordination d'intimité.
09:48Ça n'existait pas.
09:50Je pense que ça peut être un outil extrêmement intéressant.
09:54Et donc je vais illustrer mes propos par des expériences.
09:57J'ai travaillé sur un film pendant lequel je devais être nu au-dessus d'un homme.
10:09C'est très très souvent ces positions-là.
10:12C'est le corps de la femme qui est exposé, surexposé,
10:15qui cache celui de l'homme qui est généralement à peu près 25 ans de plus que l'actrice.
10:19Donc sur cette scène, je devais me relever pour m'allonger sur l'homme.
10:27Et je dis au metteur en scène,
10:29mais non, je ne vais pas faire ça parce que la caméra va se retrouver littéralement sur mon sexe.
10:37On me dit non, non, ne t'inquiète pas,
10:38puisqu'à ce moment-là, la caméra va monter sur ton dos et t'accompagner.
10:42Donc il n'y aura pas de problème.
10:44Je tourne la scène.
10:45La confiance était déjà un peu limitée.
10:46Je vais vérifier à la vidéo le combo où la prise a été enregistrée.
10:51Je me rends compte qu'on voit même mes lèvres.
10:56C'est un plan par derrière.
10:57Donc je le signale à la script.
11:00Je refuse ce plan.
11:02Je le signale à mon agent.
11:05J'exige que l'axe du lit soit changé.
11:09Il y a toute une équipe qui est témoin.
11:12Ce plan non seulement est monté dans le film,
11:15mais a été dans la bande-annonce.
11:18Et il y est toujours.
11:21Forte de ses expériences.
11:24Je me suis retrouvée sur un autre tournage
11:26où il y avait une scène à nouveau de représentation de la sexualité
11:30avec trois caméras.
11:32Donc trois caméras qui bougent en permanence
11:36à la faveur de ce que la personne qui dirige cette caméra à distance va filmer.
11:43Mais ce n'est pas découpé.
11:44C'est un peu au hasard.
11:46Je refuse d'être complètement nu.
11:49Donc je porte des sous-vêtements en disant
11:52que c'est beaucoup plus simple.
11:53A chaque fois que vous voyez le sous-vêtement, vous coupez.
11:55Puisqu'il cache la partie qu'il ne faut pas voir.
11:57Mais la tension monte.
12:01Le réalisateur crie.
12:03Mais soyez généreux.
12:05L'acteur se met nu.
12:08Moi, je reste sur ma position.
12:11Et puis bon, on me demande aussi.
12:13Donc c'est juste pour dire que ce n'est pas très propice au fait de jouer quoi que ce soit.
12:17Puis là, c'était un rôle de prostituée.
12:19On me demande de pleurer et puis de simuler l'orgasme.
12:25Et je convoque Anna Magnani.
12:28Je dis, maman Romain, on peut représenter les prostituées autrement.
12:32Et puis, ce n'est pas drôle, je peux pleurer.
12:35Donc je lui montre que je peux pleurer, mais que je ne le ferai pas dans la scène.
12:37Et là, il hurle.
12:39Tu ne veux pas pleurer, tu ne veux pas jouir.
12:41Pourquoi tu fais l'actrice ?
12:43C'est un de mes plus gros fou rires de cinéma.
12:45Mais à la hauteur de la violence des propos.
12:49Ensuite, je me suis retrouvée sur un tournage aussi
12:54qui représentait directement la violence masculine,
13:01encore une fois, contre une prostituée.
13:03Parce que pendant tout un temps, c'est la maman et la putain.
13:06Et on n'en sort pas.
13:09C'est une scène pendant laquelle j'ai été frappée.
13:16J'ai pris une droite.
13:17C'était très prévisible, puisque l'acteur,
13:22ainsi que tout le reste de cette équipe qui était masculine,
13:28s'était alcoolisé dès le petit-déjeuner.
13:32Au moment où cet acteur m'a mis une droite,
13:36le réalisateur a dit,
13:38« On continue à tourner ! »
13:42Donc, il a fallu que je lui saute dessus en lui expliquant que non,
13:45il fallait qu'il s'arrête, qu'on pouvait jouer sain.
13:50Mais le film entier, en fait,
13:53je l'ai revu pour préparer cette audition,
13:58est un film d'une violence à mon endroit,
14:03mais inouï.
14:04Donc, j'ai commencé jeune, le cinéma, à 13 ans,
14:08en faisant des castings.
14:10Et je dois dire, j'ai commencé ma carrière en disant non.
14:13Lors de mon premier casting,
14:15quand on m'a demandé de retirer ma culotte
14:16pour la faire tournoyer dans les airs,
14:19parce qu'il y avait une scène soi-disant comique pour ce court-métrage,
14:23et je devais la faire atterrir dans l'assiette d'un autre personnage.
14:28J'ai dit non.
14:29Et là, on m'a toisé avec pression,
14:32ils étaient outrés.
14:33Comment est-ce que j'osais dire non ?
14:35J'avais 13 ans,
14:37j'étais personne,
14:37j'avais jamais fait de film.
14:38Mais j'ai dit non,
14:40et puis je suis partie.
14:41Et en fait, ces noms,
14:42ils m'ont accompagnée toute ma carrière,
14:43c'est des noms qui constituent votre carrière,
14:46mais aussi votre personnalité,
14:47votre rapport aux autres,
14:48votre rapport à votre corps.
14:49Plus tard, pas très longtemps après,
14:53je fais mon premier film,
14:54Les esquives.
14:55J'ai 15 ans.
14:56Sur le plateau,
14:57un des régisseurs,
14:58alors qu'on attend entre deux scènes,
15:01me dit j'ai envie de te faire l'amour dans les fesses.
15:04Il a 30 ans.
15:08Il a 30 ans, j'ai 15 ans.
15:10Bon, je suis choquée,
15:12mais heureusement,
15:12un autre régisseur l'arrête immédiatement
15:14et lui dit non mais t'abuses là,
15:15elle est trop jeune, t'abuses quoi.
15:17Et ça s'est arrêté là.
15:18On est passé à autre chose
15:20et ça a été un non-événement.
15:23On n'en a pas reparlé,
15:24ça a été un non-événement.
15:27Il se trouve qu'un peu avant,
15:29sur ce tournage,
15:30il y a eu une scène avec un acteur
15:33qui devait en fait tenter de m'embrasser dans la scène.
15:38Et cet acteur,
15:39il s'amusait à cracher par terre avant les prises
15:41pour m'humilier.
15:45Bon, j'étais mal.
15:45J'en ai parlé au réalisateur
15:47qui m'a dit de l'ignorer,
15:48que c'était juste un petit con.
15:51Et voilà,
15:53on utilise toujours des termes,
15:54petits cons,
15:55des mots qui, en fait,
15:57ne définissent pas les choses.
15:58J'y reviendrai.
15:59Et donc,
16:01le réalisateur est quand même allé voir cet acteur
16:04pour le recadrer.
16:05Et puis, on est passé à autre chose.
16:07C'était un non-événement.
16:09Et il y a aussi ce rapport au corps.
16:11Je me souviens notamment,
16:12lors de ce tournage,
16:14une scène où,
16:15en fait,
16:16on avait les mains sur le capot d'une voiture,
16:18la portière était ouverte,
16:20et puis quelqu'un,
16:21sans faire exprès,
16:21a fermé la portière.
16:22Mon doigt est resté dans la voiture.
16:25J'étais blessée.
16:26Mon doigt était tordu.
16:27Il était violé.
16:28Ils ont appelé les pompiers.
16:29On a arrêté le tournage.
16:31Enfin, on a arrêté la scène.
16:33Et pendant qu'on attendait les pompiers,
16:35le réalisateur est venu me voir.
16:36Il m'a dit,
16:37Sarah,
16:38est-ce que ça serait,
16:40je crois, formidable
16:41si on pouvait utiliser
16:42l'état dans lequel tu es ?
16:44Effectivement, j'étais blême.
16:45J'étais blanche.
16:47Et si on pouvait utiliser
16:49cet état de fébrilité,
16:50en fait,
16:50pour tourner une scène
16:53dans la voiture
16:53et que ça serait fort.
16:56Alors, je suis retournée
16:57dans la voiture
16:57et j'ai tourné cette scène
17:01en étant dans cet état.
17:04Donc, ce rapport au corps,
17:05je l'ai intégré
17:06très tôt, en fait.
17:08Et c'est ce rapport au corps
17:09qui fait que,
17:10dans d'autres films,
17:12par exemple,
17:12je me rappelle un film
17:13où on tournait une scène
17:14où j'étais dans un bassin
17:16où je nageais
17:17et on tourne,
17:18vous savez,
17:19on fait beaucoup de prises,
17:19on tourne des heures
17:20et dans l'eau,
17:21on attrape très vite froid.
17:23Et c'est ce qui fait
17:24qu'à un moment donné,
17:25je me retrouve
17:25à force
17:27avec la bouche violette
17:29presque bleue,
17:30la mâchoire qui claque,
17:31j'ai mon corps
17:32qui presque convulse
17:33et on vient me prendre
17:35dans les bras
17:36et on me dit
17:36que je suis courageuse.
17:37Et c'est vrai,
17:39on donne tout, en fait.
17:42Je pense que
17:42quand on fait ce métier,
17:44il y a cette expression
17:45où on dit
17:45on se donne corps et âme
17:47et on a envie
17:48de faire le meilleur.
17:49je me rends compte
17:49en fait que
17:50tout le long de ma carrière,
17:52j'ai été vraiment
17:53un bon soldat,
17:54un bon petit soldat.
17:56J'essayais de tout donner
17:58pour une œuvre,
17:58tout donner
17:59pour un metteur en scène
18:01et il y avait cette idée
18:03de ce rapport au corps.
18:05Et le rapport au corps,
18:07c'est aussi
18:07me retrouver nue
18:09dans une scène
18:10alors que
18:12je n'avais jamais été nue
18:13devant quelqu'un d'autre
18:14dans mon intimité,
18:15dans ma vraie vie à moi.
18:16j'étais jeune
18:18et être actrice,
18:20c'est aussi
18:20être sexuée
18:21avant même
18:22d'avoir investi
18:23sa propre sexualité.
18:25C'est aussi mentir,
18:26faire comme si
18:27on connaissait le sexe
18:29pour pas trop
18:29se foutre la honte
18:30dans une scène d'amour
18:31qu'on doit jouer
18:32alors que
18:33j'étais encore vierge.
18:36Ça donne même
18:36des situations
18:37assez cocasses.
18:40Mais durant ces années,
18:41j'ai intégré des choses.
18:42mais en parallèle de ça,
18:45j'étais toujours
18:46accompagnée de mes noms.
18:47Voilà,
18:47mes noms qui me protégeaient.
18:50Par exemple,
18:51tout au long de parcours,
18:52effectivement,
18:52j'ai rencontré
18:53des metteurs en scène
18:53qui m'ont dit
18:55qu'ils voulaient coucher
18:55avec moi
18:56et qui m'ont fait sentir
18:58du chantage
18:58que si ce n'était pas le cas,
19:00je savais bien
19:01que je n'aurais pas le rôle.
19:02Et j'ai dit non.
19:03J'ai dit non
19:04et puis je n'ai pas fait
19:05ces films-là.
19:07Donc ces noms m'ont protégé.
19:09Et puis un jour,
19:10il y a eu le nom de trop.
19:11le nom qu'on ne m'a pas
19:13laissé passer,
19:15le nom que j'ai exprimé
19:16et qu'on m'a fait payer.
19:18J'étais en préparation
19:19d'un tournage.
19:21On faisait des essais caméras.
19:22Et puis j'avais très très mal
19:23au ventre,
19:25mal au point de m'allonger
19:26sur un canapé.
19:28Personne n'a fait attention à moi.
19:30Et puis le soir même,
19:32en fait,
19:32en rentrant,
19:33j'ai été aux urgences.
19:34J'avais vraiment trop mal.
19:35Et là,
19:36la médecin qui m'a auscultée
19:38m'explique que,
19:39en fait,
19:40je fais une hémorragie interne.
19:42J'ai un litre et demi de sang
19:44répandu dans le ventre
19:45parce qu'en fait,
19:46je venais de faire
19:46une grossesse extra-utérine
19:48et que j'avais une trompe
19:49qui avait explosé.
19:51Donc,
19:52j'ai été immédiatement
19:53opérée.
19:56Et suite à ça,
19:57j'ai eu une péritonite.
19:59Donc c'est une infection
19:59assez grave.
20:01On peut mourir.
20:01Donc j'ai été hospitalisée
20:03et ils m'ont mis
20:04sous intraveineuse
20:04d'antibiotiques.
20:07Au bout de deux jours,
20:09je suis toujours à l'hôpital.
20:10J'appelle la réalisatrice
20:11pour la prévenir.
20:13Et là,
20:14elle m'engueule.
20:14Elle me dit
20:15que j'aurais dû l'appeler plus tôt.
20:17Bon.
20:18Il va y avoir
20:19le début de tournage.
20:21Le début de tournage
20:21est décalé
20:22d'une dizaine de jours.
20:25Et puis,
20:25avant de tourner,
20:27j'apprends,
20:27on me dit
20:28que l'acteur
20:28avec qui je vais tourner,
20:29il est un peu énervé.
20:31Ça le fait chier,
20:33je cite,
20:34qu'on ait décalé le tournage
20:35parce que ça ne l'arrange pas
20:36pour son tournage d'après
20:37parce qu'il était
20:38serré dans les plannings.
20:41Aucune compassion pour moi,
20:43aucun mot de soutien
20:43concernant mon hospitalisation.
20:45Rien.
20:47Elle a permis
20:48à un certain nombre
20:49de personnes
20:50de parler
20:51pour la première fois.
20:52Parce qu'on l'a vu,
20:54dans ce milieu
20:54règne une omerta,
20:57règne une peur de parler
20:58pour plein de raisons.
20:59Parce que vous allez perdre
21:00votre métier,
21:00parce que vous êtes
21:01en précarité économique,
21:02parce que vous avez
21:04à tout prix envie
21:05de ce rôle aussi.
21:07Et un certain nombre
21:08de personnes
21:09nous ont dit merci
21:10parce que c'était
21:10la première fois
21:11qu'ils pouvaient parler
21:11devant une institution
21:12de la République.
21:15Alors,
21:15il y a eu différents huis clos
21:16et j'ai accordé
21:17les huis clos
21:18selon des principes différents.
21:19Il y a un huis clos
21:20qui m'a beaucoup marquée
21:21qui était ce huis clos
21:22où il y avait,
21:23je ne sais pas,
21:23peut-être une quinzaine,
21:24peut-être une vingtaine
21:25de femmes
21:26qui étaient tellement terrorisées
21:29par les conséquences
21:31que pouvaient avoir
21:31leurs paroles
21:32qu'elles s'appelaient
21:33devant nous
21:33Madame A,
21:34Madame B,
21:34Madame C,
21:35Madame D,
21:35Madame...
21:35Et moi,
21:37en tant que présidente,
21:37je donnais la parole
21:38à Madame E
21:39ou à Madame L.
21:41Et en fait,
21:42c'est extrêmement troublant.
21:44C'est-à-dire qu'on est
21:45à huis clos,
21:46on est dans l'Assemblée nationale,
21:48on est dans un endroit
21:49qui normalement protège
21:51la parole.
21:51Et même là,
21:52même là,
21:53ça n'est pas possible,
21:53même à huis clos,
21:55ça n'est pas possible
21:56de donner les noms.
21:57Et ça,
21:57ça m'a vraiment...
21:59Oui,
22:00ça m'a perturbée
22:01sur à la fois
22:05les violences
22:06dont elles témoignaient
22:06mais aussi la violence
22:09consécutive à la parole.
22:11Ce souvenir des comédiennes
22:12à huis clos
22:13qui n'étaient pas
22:14des comédiennes débutantes,
22:17qui étaient des comédiennes
22:17qui avaient une grande carrière
22:18et qui se sont livrées
22:21et qui nous ont aussi montré
22:23que durant toute leur carrière,
22:25quasiment,
22:25elles avaient subi
22:26soit des atteintes physiques,
22:30à leur intégrité physique,
22:31soit sur des questions
22:32sexistes et sexuelles,
22:34mais aussi sur des questions
22:35de mise en danger de leur vie,
22:36sur les tournages,
22:37etc.
22:37Et cette audition
22:40était assez révélatrice
22:41de ce que j'ai nommé
22:44une anatomie
22:45à broyer des talents.
22:47En tous les cas,
22:48pour ce qui me concerne,
22:48j'ai reçu énormément
22:49d'appels en dehors,
22:50de témoignages en dehors.
22:52Donc voilà,
22:53c'était à chaque fois
22:53des coups de téléphone
22:54qui étaient assez durs,
22:56de personnes qui avaient
22:57tellement peur
22:57qu'elles ne voulaient pas
22:58venir dans la commission.
22:59Mais voilà,
23:00tout ça,
23:00il faut le prendre.
23:01On n'en sort pas indemne,
23:03mais surtout,
23:04on en sort avec des convictions
23:05sur le caractère systémique
23:07de ces violences.
23:07Il y a eu des moments
23:08où on a vraiment vu
23:10des trous dans la raquette,
23:11comme on le dit
23:12selon une expression populaire.
23:15Il y avait des moments
23:16où on se dit,
23:16par exemple,
23:17les castings,
23:17c'est complètement en dehors.
23:18Moi, une des auditions
23:19qui m'a le plus énervée,
23:20je dois dire,
23:21c'est les auditions
23:21des agents,
23:22d'acteurs et actrices
23:23qui, à mon sens,
23:26ne sont confrontés
23:27à aucune espèce
23:28de règle éthique
23:29ou morale
23:30ou de protection.
23:33Voilà,
23:33et puis,
23:33il y a aussi
23:35les enfants
23:36et que deviennent
23:37ces enfants.
23:38Puis surtout,
23:40enfin vraiment,
23:40ce qui me fascine,
23:41c'est que les personnes
23:42qui ont témoigné
23:43n'ont pas témoigné
23:43d'un épisode de violence
23:45survenu comme ça
23:46au hasard
23:47d'une mauvaise rencontre,
23:49j'ai envie de dire.
23:50Les personnes
23:50qui ont témoigné
23:51de violence
23:52à cette commission
23:52témoignent
23:53de la récurrence
23:55des violences,
23:56quels que soient
23:56les tournages,
23:57quels que soient
23:58les équipes,
23:58quels que soient
23:59leur âge,
24:01parfois jeunes.
24:03Et donc,
24:04voilà,
24:04on ne peut pas
24:05fermer les yeux.
24:07Est-ce que certaines auditions
24:10vous ont déçues ?
24:12Beaucoup,
24:13celles de la cinémathèque,
24:14par exemple,
24:14énormément,
24:15énormément.
24:17Et même,
24:18même mise
24:19assez en colère
24:21sur l'hypocrisie,
24:24l'hypocrisie complète.
24:26Cette espèce
24:26d'hypocrisie crasse,
24:28quoi,
24:29dégueulasse,
24:31qui dit que,
24:32devant notre commission,
24:34que oui,
24:35Maria Schneider
24:36a du talent,
24:37alors qu'il rit,
24:39il soupire,
24:41il lève les yeux au ciel
24:42dans les autres interviews
24:44sur le fait que,
24:46oui,
24:46ce n'était pas si grave
24:47ce qu'a subi Maria Schneider
24:48ou que,
24:49oui,
24:50est-ce que finalement,
24:51tourner un film
24:52n'est pas systématiquement
24:53un viol ?
24:53Enfin,
24:53vraiment,
24:54c'était...
24:57Il y avait quelque chose
24:58de l'ordre de...
25:00Comment je peux dire ça ?
25:02De la domination toute puissante
25:05sur l'histoire du cinéma.
25:07Nous sommes ici
25:09pour parler de la projection
25:10du dernier tango à Paris
25:12dans le cadre
25:13de la rétrospective
25:15consacrée à Marlon Brando
25:16pour le centième anniversaire
25:20de sa naissance.
25:23Elle a suscité
25:23un nombre considérable
25:26de réactions.
25:26Notre volonté
25:29était loin de la provocation.
25:33Elle était
25:33de présenter
25:34une œuvre importante
25:36avec un acteur légendaire
25:38pour
25:39l'anniversaire
25:42des cent ans
25:43de sa naissance.
25:44Le témoignage
25:50de Marie Schneider
25:51est devenu
25:52une clé
25:53de lecture du film.
25:56Le film
25:56aurait dû faire
25:58l'objet
25:59d'une présentation
26:00des séances
26:01avec
26:02très détaillée
26:03et approfondie.
26:04car ce film
26:07est une conséquence
26:08grave
26:09et indiscutablement
26:12sur
26:12la vie
26:13de Marie Schneider
26:16des mariages
26:17de Marie Schneider
26:18pardon.
26:20Et la
26:20scène
26:22incriminée
26:23était
26:24indiscutablement
26:26d'une
26:27grande
26:28violence.
26:30Je regrette
26:31nous regrettons
26:32que
26:33alors que
26:33la scène
26:34était bien évoquée
26:35dans l'article
26:36de la présentation
26:37de la rétrospective
26:39nous n'avons pas
26:40accompagné
26:41ce film.
26:43Je prends
26:44ma responsabilité
26:45je reconnais
26:47que nous avons
26:48mal apprécié
26:49la situation
26:50et que nous avons
26:51manqué
26:52de vigilance
26:53et de discernement.
26:55Nous aurions
26:56dû faire
26:57différemment
26:59et nous ferons
27:00différemment
27:01à l'avenir
27:02ce qui aurait
27:03évité
27:04une annulation
27:05de séance
27:06un désordre
27:07or la cinémathèque
27:08n'est pas là
27:09pour créer
27:09du désordre.
27:11Je reviens
27:12sur
27:12les
27:13épisodes
27:15et après
27:16je passerai
27:16la parole
27:16aux rapporteurs
27:18sur
27:19ce qu'on a appelé
27:20l'affaire Polanski
27:20en 2017
27:21sur
27:22l'annulation
27:24de la rétrospective
27:25de Jean-Claude Brissot
27:26sur deux films
27:26de Benoît Jacot
27:27de 2024
27:28en 2024
27:30et là
27:31cette dernière
27:32projection
27:33du dernier
27:34Tango à Paris
27:34c'est autant
27:35de moments
27:35qui ont été
27:36des moments
27:36de tension
27:37et de tension
27:38pas avec n'importe qui
27:39c'est à dire
27:39avec les mouvements
27:40féministes
27:40qui vous reprochaient
27:41la programmation
27:43de ses oeuvres
27:43M. Bono
27:44pourriez-vous nous dire
27:46dans quelles conditions
27:47et comment vous avez
27:48géré ces crises successives
27:49vous savez
27:51Madame la Présidente
27:52nous n'en faisons
27:54pas mystère
27:54et c'est pour ça
27:55que nous sommes
27:56là pour répondre
27:56à vos questions
27:57nous sommes sur
27:58une voie étroite
27:59et sur une ligne
28:00de crête
28:01qui est difficile
28:01c'est à dire que
28:02d'un côté
28:03il y a nos statuts
28:03d'un côté
28:05il y a nos missions
28:05d'un côté
28:06il y a l'importance
28:08artistique
28:08des gens
28:09que vous venez
28:10de citer
28:11et donc
28:11notre devoir
28:13d'un certain point
28:14de vue
28:14de les montrer
28:15et de l'autre
28:16effectivement
28:17il y a les faits
28:18dont cette commission
28:19s'occupe
28:20et l'évolution
28:21de la société
28:22nous on doit passer
28:23entre ces portes
28:25qui parfois
28:26peuvent être
28:26assez serrées
28:27je vais vous répondre
28:28très précisément
28:29dans le cas
28:30de la rétrospective
28:31Roman Polanski
28:32de 2017
28:33il faut rappeler
28:35qu'à ce moment là
28:35Roman Polanski
28:36vient presque
28:37d'être au sommet
28:37de sa carrière
28:38il a reçu
28:39pour le pianiste
28:40quelques années avant
28:41la Palme d'or
28:42au festival de Cannes
28:43et l'Oscar
28:44du meilleur film
28:45de l'année
28:46pas l'Oscar
28:46du meilleur film
28:47étranger
28:47l'Oscar
28:48du meilleur film
28:49de l'année
28:50c'est dire
28:50qu'il est un peu
28:51au firmament
28:52quand même
28:53du cinéma
28:54quand il présente
28:56son film
28:57en 2017
28:58au festival de Cannes
28:59il n'y a aucun problème
29:00rien ne se passe
29:01l'affaire
29:02Weinstein
29:03éclate
29:04absolument
29:05tout d'un coup
29:06on rappelle
29:06ses antécédents
29:07le problème
29:08c'est que nous
29:08nous avons
29:09déjà choisi
29:10de faire cette
29:11rétrospective
29:12et de l'inviter
29:12ce n'était nullement
29:14une provocation
29:15Roman Polanski
29:16quelques années plus tard
29:18je me permets également
29:19de vous le rappeler
29:20a fait un film
29:21sur l'affaire Dreyfus
29:22qui a beaucoup fait parler
29:23de lui au moment
29:24des Césars
29:24avec l'intervention
29:25d'Adèle Haenel
29:26mais qui avant
29:27les Césars
29:28a fait plus d'un million
29:29d'entrées en salle
29:30et a été produit
29:31par une société
29:32aussi respectable
29:33que la Gaumont
29:33donc Roman Polanski
29:35est-ce que les films
29:36de Roman Polanski
29:37ont leur place
29:38à la cinémathèque française
29:39en 2017
29:40oui
29:41que ça suscite
29:42une émotion
29:43et bien c'est dans
29:44cette contradiction
29:45que nous nous trouvons
29:46si votre question
29:47pour l'avenir
29:48est-ce que nous ferons
29:49une autre rétrospective
29:51Roman Polanski
29:52ces prochaines années
29:53bien sûr que non
29:54puisque nous ne sommes
29:55absolument pas
29:56dans la provocation
29:58et que contrairement
29:59à l'époque
29:59c'est un cinéaste
30:00qui n'est plus du tout
30:01en pleine activité
30:03pour plein de raisons
30:04en revanche
30:05Madame la Présidente
30:06si vous me demandez
30:07ou à Costa Gavras
30:09est-ce que dans
30:1020 ou 30 ans
30:11à la cinémathèque française
30:13mais aussi sur les chaînes
30:14de télévision
30:15nous ne sommes pas
30:16les seuls diffuseurs
30:17de films de patrimoine
30:18une chaîne comme Arte
30:20passe sans arrêt
30:21des films de patrimoine
30:22d'autres chaînes
30:23de télévision
30:24passent sans arrêt
30:24des films de patrimoine
30:26donc est-ce qu'on pourra
30:27rayer
30:27d'un trait de plume
30:29les films de Roman Polanski
30:31comme Chinatown
30:32le bal des vampires
30:34Rosemary's Baby
30:35ou Ghostwriter
30:36qui dénonce
30:38la manipulation
30:39lors de la guerre
30:40du golfe
30:40en s'en prenant
30:42à Bush
30:42et à Tony Blair
30:43je pense que
30:44la réponse est non
30:45ces films
30:46seront de toute façon
30:47continués
30:49seront continués
30:50à être montrés
30:50que ça soit
30:51à la cinémathèque
30:52ou ailleurs
30:53voilà ce que je peux
30:54vous répondre
30:54de la façon
30:55la plus précise
30:57et également
30:58la plus honnête
30:59sur Roman Polanski
31:00là vous avez admis
31:01à rater
31:02on peut prendre acte
31:04c'est pas
31:06c'est pas
31:06c'est pas
31:07c'est important aussi
31:08de prendre acte
31:09mais
31:09le sujet
31:11de votre réticence
31:13parce que
31:14je reprends juste
31:17c'est
31:18je le reprends
31:20c'est une interview
31:20donc je peux
31:22je peux la reprendre
31:22au risque de déplaire
31:24le changement de paradigme
31:25de la cinémathèque française
31:26ne passera pas par moi
31:27c'est monsieur Frédéric Bonneau
31:28qui parlait
31:29je veux bien être celui
31:30qui fait une exposition
31:31sur Louis Funès
31:32mais je ne resterai pas
31:34dans l'histoire
31:34de cette maison
31:35comme celui
31:36qui a fait entrer
31:37tous les délires sociétaux
31:38voilà
31:39je veux bien avoir
31:40une explication
31:40sur ce sujet
31:41qui me semble
31:42en contradiction
31:42avec vos missions
31:43le délire sociétaux
31:45s'ajoutant à un autre terme
31:46que vous avez utilisé
31:46qui était demi-folle
31:47je crois
31:48je me permets
31:49de le souligner
31:50en même temps
31:51je peux répondre
31:52est-ce que mon micro marche
31:54oui
31:54je peux répondre
31:55sans aucun problème
31:56aux deux questions
31:57mais société
31:57demi-folle
31:58vous voyez bien
31:59que ça n'a pas
31:59la même qualité
32:01sur les délires sociétaux
32:02je vous propose
32:02de vous expliquer
32:03alors je réponds
32:04d'abord à monsieur
32:05le rapporteur
32:05si vous permettez
32:07l'exemple que vous prenez
32:09est un exemple
32:10qui sert le coeur
32:12de l'historien d'art
32:13que je suis aussi
32:14puisque c'est ma formation
32:15à l'université
32:17de Tolberg
32:17Paris
32:18pas à l'école du Louvre
32:19mais en tout cas
32:22quelqu'un qui s'attaque
32:24à l'urinoir
32:25de Marcel Duchamp
32:26dans un musée
32:27vous admettrez
32:28que c'est vraiment
32:29la pire intervention
32:31physique
32:32de la société
32:33dans un musée
32:34donc je pense
32:34que nous allons
32:35écarter cette question
32:36puisque c'est pas de ça
32:37exactement
32:38dont nous parlons
32:39d'abord
32:39effectivement
32:40je ne peux que me répéter
32:42le dernier tango
32:43à Paris
32:44est-ce que vous
32:46m'accordez
32:46de vous lire
32:47dix lignes
32:47merci beaucoup
32:49je vous lis
32:50sous la plume
32:52de Arthur Cerf
32:53qui est un spécialiste
32:54de Marlon Bandeau
32:55un très court extrait
32:57du texte
32:58qui était publié
32:59dans notre programme
33:00trimestriel
33:01qui est tiré
33:02à plusieurs dizaines
33:03de milliers d'exemplaires
33:04et mis sur internet
33:06évidemment
33:07mis en ligne
33:07voilà ce qu'Arthur Cerf
33:09écrit sur le film
33:10ce qui vaut donc
33:12position
33:13de la cinémathèque française
33:14Marlon Bandeau
33:17est arrivé
33:17comme une comète
33:18en une décennie
33:19et une poignée de films
33:20il a redéfini
33:21l'homme au cinéma
33:22et ouvert la voie
33:22à une nouvelle conception
33:24des normes
33:24il a donné à voir
33:26une masculinité
33:26puissante et tourmentée
33:28symbolisant l'homme
33:29en lutte contre lui-même
33:31contre la société
33:32contre les conventions
33:33il est aussi
33:34l'homme d'un scandale
33:35le tournage
33:36de la scène de viol
33:37du dernier tango
33:38à Paris
33:38dont l'actrice
33:39Maria Schneider
33:40n'avait pas été avertie
33:42et dont elle ne s'est jamais
33:44remise
33:44remise pardon
33:45dans sa vie privée
33:47l'acteur a semé
33:48la mort
33:49et la désolation
33:50la représentation
33:52de la masculinité
33:54incarnée par Marlon Brando
33:55mérite d'être questionnée
33:57aujourd'hui
33:58tant elle semble
33:59dépassée
34:00en décalage
34:02avec l'époque
34:02de nouveaux modèles
34:04émergent
34:04et mettent en avant
34:05l'expression
34:06des émotions
34:07l'empathie
34:08la déconstruction
34:09de la figure
34:11de l'homme
34:11au bord
34:12de la violence
34:12voilà ce qu'écrit
34:14Arthur Serres
34:15évidemment
34:15ce texte
34:16nous l'avons
34:17pardon
34:19ah ben la date
34:21c'est le programme
34:21donc il a dû écrire ça
34:22il y a quelques mois
34:23le temps que le programme
34:25soit fait
34:26fabriqué
34:26mis en page
34:27etc
34:27nous sommes en
34:29en janvier
34:30c'est un programme
34:31qui a commencé en novembre
34:32on a dû lui demander
34:34ce texte pour septembre
34:35pour le mois de septembre
34:36si vous voulez
34:36donc voilà la parole
34:38de la cinémathèque française
34:39sur Marlon Brandeau
34:40est-ce que cette parole
34:42aurait dû s'accompagner
34:43d'une présentation
34:44de séance
34:45par Arthur Serres
34:46par exemple
34:47comme c'est souvent le cas
34:48on prend la personne
34:49qui a écrit le texte
34:50on prend la personne
34:51qui a écrit le texte
34:53pour présenter
34:54une séance
34:55par Jean-François Roger
34:57par Muriel Joudet
34:58par un ou une spécialiste
35:00de Marlon Brandeau
35:01ou du cinéma italien
35:03de l'époque
35:03puisque Bernardo Bertolucci
35:05encore une fois
35:06nous ne pouvons reconnaître
35:08qu'un raté
35:09qu'une erreur
35:11encore une fois
35:12nous faisons 1600 séances
35:14dans l'année
35:14c'est énorme
35:15nous avons trois salles
35:17de cinéma
35:17nous nous sommes trompés
35:19cette séance
35:20aurait dû être accompagnée
35:22je ne peux que le répéter
35:23sur la question
35:24que vous posez
35:25monsieur le rapporteur
35:26elle est passionnante
35:27puisque c'est
35:28le rapport
35:29entre l'art
35:31et la société
35:32j'ai envie de vous répondre
35:34que nous le faisons
35:37quand on ne se loupe pas
35:38tout naturellement
35:39je vous donne un exemple
35:40très court
35:42nous avons fait un petit festival
35:43de films restaurés
35:44il y a quelques semaines
35:45des restaurations récentes
35:47je suis allé présenter
35:49en tant que directeur
35:49de la cinémathèque
35:50cette fameuse présentation
35:51de séance
35:51on parle quoi ?
35:52dix minutes, un quart d'heure
35:54il ne s'agit pas
35:54de parler beaucoup plus
35:55avant un film
35:56un film de Brian De Palma
35:57qui s'appelle Body Double
35:59c'est une variation
36:00sur l'oeuvre d'Alfred Hitchcock
36:01en peinture
36:02on dirait que Brian De Palma
36:03est un maniériste
36:04si vous voulez
36:05or dans ce film
36:06il y a une toute jeune comédienne
36:08qui s'appelle
36:08Mélanie Griffith
36:09elle est la fille de qui ?
36:11T.P. Edraine
36:12c'est à dire l'actrice
36:13que Alfred Hitchcock
36:14a harcelée sexuellement
36:16sur deux films
36:17Marnie et Les Oiseaux
36:19pensez-vous
36:20que j'ai caché ça
36:21une seconde au public
36:22c'est la première chose
36:24évidemment que je leur ai dite
36:25c'est à dire
36:26qu'une bonne présentation
36:27pour vous répondre
36:28M. le rapporteur
36:29elle fait tout à la fois
36:31elle fait la société
36:32elle fait l'histoire
36:34elle dit ce qu'elle est arrivée
36:35aux individus
36:37et elle parle
36:38d'un moment esthétique
36:39c'est à dire
36:39Brian De Palma
36:40cinéaste maniériste
36:42vous voyez
36:42ça c'est une présentation
36:43pardon de mon manque
36:44de monestie
36:45sur cette présentation
36:46c'est pas à moi
36:47de la trouver bonne
36:48mais en tout cas
36:48idéalement
36:49c'est ce que doit être
36:51une présentation
36:52c'est à dire tout
36:52prendre à la fois
36:54pour vous répondre
36:55je suis d'accord avec vous
36:56à une condition
36:57c'est qu'on ne parle pas
36:59de ce qui sont
37:00des évolutions sociales
37:02fondamentales
37:03comme des délires sociétaux
37:05c'est à dire qu'en fait
37:05qu'on qualifie correctement
37:07ce qui est en train
37:07de se passer
37:08et ce qui est en train
37:09de se passer
37:10et qui secoue le cinéma
37:11et je vous ai entendu
37:12M. Costa Gavras
37:13parler d'Adèle Haenel
37:14par exemple
37:14sur Mediapart
37:15c'est véritablement
37:16un mouvement de fond
37:17une lutte sociale
37:18un combat social
37:20multicentenaire
37:21peut-être même millénaire
37:22un des plus anciens
37:24qui s'appelle
37:24la lutte contre le patriarcat
37:26et en fait
37:27ça n'est pas
37:27des délires sociétaux
37:29dans votre présentation
37:30liminaire
37:31M. Bono
37:31vous avez parlé
37:32d'actualité
37:33il n'y a pas d'actualité
37:35ça n'est pas un fait divers
37:36auquel on répond
37:37c'est un mouvement
37:38qui s'installe
37:39depuis 2016
37:40et depuis l'affaire Weinstein
37:41et qui profondément
37:42modifie les rapports
37:44de genre
37:44qui profondément
37:45modifie aussi
37:46la représentation
37:47de ces rapports
37:48de genre au cinéma
37:49Mme Legrin
37:50comment avez-vous pu
37:52concrètement
37:53après toutes ces polémiques
37:55successives
37:55toutes ces dernières années
37:56après même
37:57le texte dont vous nous dites
37:58qu'il avait été écrit
37:59dans le programme
37:59avant d'annuler
38:00vous avez proposé
38:01que ce soit contextualisé
38:02par vous
38:03il me semble
38:03M. Jean-François Roger
38:05qui est programmateur
38:05depuis 35 ans
38:06à la Cinémathèque
38:07donc vous connaissez
38:08votre métier
38:09vous connaissez les polémiques
38:10aussi autour de ces films
38:11et vous avez récemment dit
38:12est-ce qu'on peut faire
38:13du cinéma
38:13sans violer
38:14et moi j'aimerais
38:16voilà c'est tout ça
38:17que j'aimerais entendre
38:17c'est en fait au fond
38:19est-ce qu'il n'y a pas pire
38:20dans ce que vous faites là
38:21c'est pas seulement
38:21de ne pas avoir vu
38:22qu'il y avait une polémiques
38:23c'est de quelque part
38:24continuer à accréditer
38:26au moment où vous avez
38:27autant de femmes
38:27dans le monde du cinéma
38:28qui disent
38:28il y a des choses
38:29il y a une façon
38:30d'intriquer la violence
38:31et la fabrique du cinéma
38:32qui n'est plus possible
38:33et vous continuez à dire
38:34en réalité
38:35et à banaliser
38:36la nature d'un viol
38:37en disant
38:37quand on fait un film
38:38on viole
38:39et vous venez de le faire
38:40je dis juste
38:41est-ce que vous pourriez
38:41revenir sur la phrase
38:42où vous dites
38:42Maria Schneider
38:43il a eu tort
38:44de ne pas lui demander
38:45parce qu'elle en était capable
38:47et bien moi je crois
38:47que le coeur de la question
38:48c'est de savoir
38:49si elle voulait
38:49et cette question
38:50du consentement en fait
38:51des femmes et des actrices
38:53dans ce que leur fait faire
38:55le cinéma
38:56et le réalisateur
38:57elle me semble centrale
38:58dans la réflexion
38:59que vous auriez dû avoir
39:00autour de ce film
39:00et que visiblement
39:01vous n'êtes pas en train
39:02de mener ici même non plus
39:03merci Sarah
39:05pour cette longue question
39:06est-ce qu'on peut répondre
39:07oui mais ça fait partie
39:09permettez que j'attribue
39:11les paroles
39:12merci
39:12donc qui souhaite répondre
39:14monsieur Roger
39:15le cinéma
39:16le cinéma
39:16c'est aussi un lieu de pouvoir
39:18et qui dit pouvoir
39:19dit abus de pouvoir
39:20et donc
39:21il y a une part maudite
39:22dans l'histoire du cinéma
39:23qui est que nous avons
39:24nous à la cinémathèque
39:25en héritage
39:26et qui nous donne
39:27une grande responsabilité
39:28là-dessus
39:29il n'y a aucun doute là-dessus
39:30cette part maudite
39:33d'une certaine façon
39:35elle a été mise en lumière
39:36par MeToo
39:37c'est-à-dire que
39:39tout d'un coup
39:39quand MeToo est apparu
39:40ce mouvement est apparu
39:41a été mis en lumière
39:43les pratiques
39:44de prédation
39:45dans le cinéma
39:46pas seulement
39:46mais dans le cinéma
39:47où s'installaient
39:49depuis parfois des décennies
39:51des systèmes de prédation
39:52on se souvient
39:53des relations
39:54entre les producteurs
39:55et les actrices
39:55dans le cinéma
39:56hollywoodien classique
39:57etc
39:57nous avons
39:59lorsque
40:00depuis que cette affaire MeToo
40:01enfin l'affaire MeToo
40:03depuis que le mouvement MeToo
40:04a explosé
40:06les interventions
40:08à la cinémathèque française
40:08en ont été touchées
40:09c'est aujourd'hui
40:10il n'y a pas un débat
40:11une discussion
40:12avec un spécialiste
40:14du cinéma
40:14parce que notre objet
40:15c'est le cinéma
40:16ou avec les spectateurs
40:18le public
40:18où ça ne soit pas
40:19lorsque c'est nécessaire
40:21lorsque c'est opportun
40:22signalé
40:24c'est aujourd'hui
40:25MeToo
40:26est au centre
40:27de la plupart
40:29des discussions
40:30autour des films
40:31avant
40:31après
40:32à la cinémathèque
40:33je vous assure
40:34c'est vraiment
40:35quelque chose
40:37qui nous a touchés aussi
40:38et que nous avons intégré
40:40dans notre travail
40:40d'accompagnement
40:41parce que le mot clé
40:42en fait
40:42c'est l'accompagnement
40:43il ne s'agit pas
40:44pensons-nous
40:45de ne plus projeter
40:46des films
40:47mais il s'agit
40:47de les expliquer
40:48de les contextualiser
40:50etc
40:50c'était la confrontation
40:53entre deux mondes
40:54un monde
40:56qui l'incarnait
40:58qui était vraiment
40:59l'ancien monde
41:00du cinéma
41:01et un monde
41:02que nous peut-être
41:04incarnions
41:05Sandrine Rousseau
41:06et moi
41:06à ce moment-là
41:08d'être
41:09peut-être
41:10modestement
41:11l'incarnation
41:12de cette société
41:12qui change
41:13et une société
41:14qui change
41:15sur ces sujets-là
41:17sur tous ces aspects-là
41:18c'est pas simple
41:19ça s'accompagne
41:20il y a des moments
41:21d'aller-retour
41:21alors après
41:22entre ma personnalité
41:24et celle
41:25et la personnalité
41:26de Sandrine Rousseau
41:27on était parfois
41:27peut-être complémentaires
41:28quand j'étais
41:29agent
41:31moi j'ai quand même
41:32vu des actrices
41:33un peu
41:34un peu dépasser
41:36les bornes
41:36on va pas
41:37dans un hôtel
41:38avec un metteur
41:39en scène
41:40excusez-moi
41:42Weinstein
41:44qui allait
41:45qui allait
41:46à Cannes
41:47et toutes les actrices
41:48quand même
41:48certaines actrices
41:49allaient
41:50dans sa chambre
41:51pour peut-être
41:52faire une carrière
41:53américaine
41:54je l'ai vu ça
41:55j'ai même des actrices
41:56dont je me suis occupé
41:57qui sont allées
41:58alors à un moment donné
42:00c'est peut-être
42:00c'est peut-être
42:01c'est pas une histoire
42:03de talent
42:04c'est qu'elles veulent réussir
42:05mais par contre
42:07on reparle de Béatrice Dalle
42:08qui est une femme courageuse
42:10Béatrice Dalle
42:11Weinstein
42:12lui a proposé
42:12de monter dans
42:13elle a dit
42:14mais vous rigolez ou quoi ?
42:16vous rigolez ?
42:17et voilà
42:18il y a un moment donné
42:19je dis pas
42:20et moi je connais
42:21peut-être
42:21je suis la personne
42:22qui connaît peut-être
42:23le mieux
42:23les actrices
42:24entre les divas
42:26que j'ai fréquenté
42:27Nathalie Baye
42:28Isabelle Adjani
42:29je les connais toutes
42:30je crois pas que
42:32Isabelle Huppert
42:33jeune comédienne
42:35monte dans un hôtel
42:37avec un metteur
42:39un producteur
42:40qui a déjà
42:40une mauvaise réputation
42:42je suis désolé
42:42donc juste pour qu'on comprenne bien
42:46la personne
42:47je ne sais pas si je compréhense
42:48la personne qui invite
42:51dans une chambre d'hôtel
42:53une actrice
42:54pour lui proposer un casting
42:56ou je ne sais quoi d'autre
42:57ou de travailler le scénario
42:59elle n'est pas responsable
43:01c'est-à-dire qu'en fait
43:01à vos yeux
43:02c'est l'actrice qui monte
43:03qui est responsable
43:04c'est ça ?
43:06non je veux dire
43:06je vais vous dire une chose
43:09moi
43:11quand je parle à Nathalie Baye
43:13quand je parle
43:14qui est une autre génération
43:15Mardenne Jobert
43:16ou Anouk Aimé
43:17elles ont fait des carrières
43:19elles ont débuté
43:20j'en parlais il y a trois jours
43:22parce que
43:23j'ai dit à Nathalie Baye
43:23que je venais ici
43:24j'ai dit
43:25est-ce que toi
43:26elle me dit
43:27une fois un type
43:28je dis basta
43:29voilà
43:30et elle ne serait jamais
43:33allée dans une chambre
43:34surtout à mettre
43:35à un
43:36enfin Weinstein
43:37il avait quand même
43:39une réputation
43:40quand il montait
43:41les marches
43:42de Cannes
43:43il y avait toujours
43:43une actrice différente
43:44c'est là
43:46c'est aussi la formation
43:47c'est-à-dire que
43:48quand on va au conservatoire
43:49ou qu'on va dans une école
43:51on a quand même averti
43:52mais une jeune fille
43:53qui débarque
43:53qui va dans un cours privé
43:55et tout d'un coup
43:56elle voit une annonce
43:57pour aller faire
43:58un film
43:59elle y va
43:59elle est très contente
44:00et à un moment donné
44:02peut-être que
44:03le metteur en scène
44:05ou la personne
44:06sent sa fragilité
44:07ça c'est extrêmement condamnable
44:10mais
44:11et que la fille
44:12à la limite
44:12c'est une victime
44:14mais quand on a
44:15la connaissance
44:16en plus
44:18alors c'est là
44:19où le mouvement
44:20MeToo est important
44:20c'est que maintenant
44:21on ne peut plus dire
44:22qu'on ne sait pas
44:23vous êtes d'accord ?
44:24je suis heureuse
44:25je suis heureuse
44:25de vous entendre dire
44:25que le mouvement
44:26MeToo est important
44:27monsieur Wessner
44:28est-ce que
44:29quand vous tenez
44:30le discours de dire
44:31que les filles
44:32qui sont
44:33que ce que vous appelez
44:34vous des filles
44:34qui sont montées
44:35dans les chambres d'hôtel
44:37avec des hommes
44:38qui avaient des réputations
44:39elles savaient
44:39ce qui allait leur arriver
44:40et qu'une certaine façon
44:41elles ne sont pas des victimes
44:42est-ce que
44:43de quelle façon
44:43ce discours-là
44:44aide à libérer
44:45la parole de femmes
44:46qui auraient été victimes
44:47et qui auraient été victimes
44:48y compris
44:49par leur vulnérabilité
44:50par le fait
44:51que justement
44:52ils n'étaient pas
44:52en position de force
44:53c'est en position
44:54de pouvoir
44:55refuser des propositions
44:57professionnelles
44:58qui tournent finalement
44:58à des violences sexuelles
45:00monsieur Wessner
45:01je ne comprends pas
45:05la question
45:06excusez-moi
45:06la question
45:09si je peux me permettre
45:10de la reformuler
45:11c'est
45:11vous avez eu
45:13des propos multiples
45:14pour
45:15de dénigrement
45:17quand même
45:18des femmes
45:18non mais arrêtez là
45:19non mais je vous le dis
45:19en fin de compte
45:21vos sources
45:21c'est la presse
45:23c'est que la presse
45:24et même là
45:25vous venez d'en dire
45:25en fait
45:26et la question
45:27c'est un peu
45:27parce que vous êtes
45:29un homme de pouvoir
45:30vous êtes un homme important
45:31dans le cinéma français
45:32vraiment important
45:33et ça
45:33de multiples auditions
45:36nous en ont fait part
45:37donc
45:37en fait
45:38votre
45:39votre vision
45:40de
45:41de
45:42la place
45:43des violences
45:43de la manière
45:44dont on doit réagir
45:45aux violences
45:46de celles qui ont du courage
45:47de celles qui en ont moins
45:48etc
45:48façonne
45:50d'une certaine manière
45:51le cinéma français
45:52et donc c'est en cela
45:53que nous avons
45:54des questions à vous poser
45:56sur comment
45:57parce que
45:58évidemment
45:58quand vous avez
45:59des propos dénigrants
46:00sur les personnes
46:01qui parlent
46:02et bien derrière
46:03vous envoyez un message
46:04à l'ensemble
46:04mais c'est quoi
46:04les propos dénigrants
46:06dites moi
46:07vous racontez
46:08des histoires
46:09que vous voyez
46:10dans la presse
46:10moi d'abord
46:11j'ai pas de tweet
46:12et des choses
46:14que j'ai dites
46:14à une époque
46:15quand Gérard Depardieu
46:16c'est il y a combien d'années
46:17il y a un moment donné
46:18ça va
46:19si c'est mon procès
46:21je me taille
46:22tout de suite
46:22déjà vous êtes
46:24dans une commission
46:25d'enquête
46:25non mais une commission
46:26d'enquête
46:26on a l'impression
46:27que vous voulez
46:28me faire dire quoi
46:29que Gérard Depardieu
46:30je ne dois pas
46:31dire que je l'ai
46:32apprécié à une époque
46:33qu'est-ce que vous voulez
46:35savoir
46:35la question en plus
46:36vous avez le droit
46:37encore de l'apprécier
46:38j'ai le droit
46:38d'avoir mon opinion
46:39vous n'êtes pas là
46:40pour me faire la morale
46:41je suis désolé madame
46:43absolument
46:43et vous arrêtez
46:44de faire la morale
46:45à tout le monde
46:46est-ce que je peux
46:46vous poser une question
46:47comment ça vient de faire
46:48je peux vous poser une question
46:50en tant que présidente
46:51de cette commission
46:51oui
46:52merci
46:52donc vous venez de dire
46:54de Charlotte Arnoux
46:55mais Charlotte Arnoux
46:56je ne sais même pas
46:57qui c'est
46:58très bien
46:58alors
46:59très bien
47:00madame Charlotte Arnoux
47:01vous dites
47:02son père connaissait
47:03Gérard Depardieu
47:04donc vous laissez la suspicion
47:05ce que je vous
47:05la suspicion
47:07sur les motivations
47:08pour lesquelles
47:08elle est allée
47:09chez Gérard Depardieu
47:10moi la question
47:10que je ne sais pas
47:11c'est que ça qui vous intéresse
47:12dans le truc MeToo
47:14c'est que Gérard Depardieu
47:15non puisque je viens
47:16si vous ne parlez
47:17que de Gérard Depardieu
47:18la question que je souhaite
47:20vous poser
47:21monsieur Besner
47:22c'est que
47:22quand vous avez
47:23on peut parler de
47:24on peut parler de
47:25en effet
47:26monsieur Doyon
47:26quand vous parlez
47:28votre parole
47:29a de l'importance
47:30a de l'importance
47:32pas tellement
47:33parce que
47:33si elle en a
47:34elle en a
47:35elle en a
47:36sur le monde du cinéma
47:37elle en a
47:38sur les acteurs
47:39que vous connaissez
47:39elle en a
47:40sur les réalisateurs
47:41avec lesquels vous travaillez
47:42elle en a
47:42sur le monde de la production
47:44elle en a
47:44votre parole
47:45elle a de l'importance
47:46elle a du poids
47:47et quand
47:48vous avez
47:49des propos
47:51sur
47:52la libération
47:54de cette parole
47:55qui est MeToo
47:55et que vous avez
47:57des propos
47:57minimisant le courage
47:59des femmes
47:59et bien derrière
48:01ça envoie
48:03peut-être un message
48:03et c'est la question
48:04que je vous pose
48:05à l'ensemble
48:05du monde du cinéma
48:06de dire
48:07je vous protégerai
48:08je protégerai
48:10le monde du cinéma
48:12de la parole
48:13des femmes
48:13et nous
48:13notre commission
48:14elle est finalement
48:15de dire
48:16dans quelles conditions
48:16la parole des femmes
48:18et des hommes
48:19d'ailleurs
48:19parce qu'il y a
48:20des hommes victimes
48:20on va y venir
48:21mais la parole
48:22des victimes
48:23peut se déployer
48:24être entendue
48:25instruite
48:26et avoir
48:27de l'importance
48:28dans ce monde
48:28je comprends ça
48:29mais ça fait quand même
48:3010 minutes
48:31qu'on parle de la même chose
48:32ça veut dire que quoi
48:34je pense que MeToo
48:34est inutile
48:35ça va franchement
48:36j'ai jamais dit ça
48:37mais le problème
48:38c'est que vous
48:39vous voulez réduire
48:41des choses
48:41par des petites phrases
48:42c'est quelque chose
48:44alors que
48:44excusez-moi
48:45s'il y a bien quelqu'un
48:46qui est féministe
48:47c'est moi
48:48je peux vous le dire
48:49toutes les personnes
48:51vous diront
48:52que je traite les femmes
48:53comme personnes
48:54comment se fait-il
48:55que j'ai eu
48:55toutes les actrices
48:56quand j'étais agent
48:58je vous propose
48:59qu'on termine
49:00cette audition
49:01juste en vous disant
49:03que MeToo
49:03est un mouvement social
49:04d'ampleur
49:04et que
49:05voilà
49:05il est important
49:06ce mouvement-là
49:07parce que je rappelle
49:08qu'il y a une femme
49:08qui est violée
49:09toutes les 7 minutes
49:10en France
49:11et que toutes les victimes
49:14que nous avons reçues ici
49:15hommes comme femmes
49:15d'ailleurs
49:16alors évidemment
49:16il y avait plus de femmes
49:17que d'hommes
49:17mais il y a eu aussi
49:18des hommes
49:18nous ont tous
49:20relaté
49:21des agressions multiples
49:23en fait
49:23pas juste une fois
49:24pas juste sous
49:26dans un tournage
49:28qui s'est mal passé
49:29mais vraiment
49:29de manière régulière
49:30dans leur carrière
49:31et en fait
49:31c'est ça
49:32à quoi on s'attelle
49:33dans cette réunion
49:34et loin d'être
49:36de la morale
49:36comme vous l'avez qualifié
49:37tout à l'heure
49:38la question est de savoir
49:39comment on fait respecter
49:40le droit et le corps
49:40des personnes
49:41parce qu'en fait
49:42c'est essentiel
49:42parce qu'il y a plein de gens
49:44qui ont quitté le cinéma
49:45à cause de ça
49:46et sans doute
49:46le cinéma a-t-il perdu
49:47des talents
49:48à cause de cela
49:48parce qu'il y a plein de personnes
49:50qui ont subi des choses
49:52qu'elles n'avaient pas à subir
49:53et il y a eu une forme
49:55je pense quand même
49:56de complaisance
49:57et c'est ce qu'a dénoncé aussi
49:58Judith Godrech
49:59quand elle dénonçait
50:01le fait que
50:02quand elle avait 15 ans
50:0314 ans
50:04et bien personne
50:04finalement on a trouvé ça
50:06anormal
50:06qu'elle puisse être avec
50:08et c'est normal
50:09qu'elle le dise
50:10et c'est bien
50:11qu'elle le dise
50:11parce que ça fait avancer
50:12les choses
50:12alors vous qui dites
50:13tout le temps
50:13que vous êtes de l'ancien temps
50:15et bien peut-être
50:15que je conclurai
50:16cette commission
50:17en disant
50:18soyez de ce temps-là
50:19monsieur Besnéard
50:20parce que nous avons
50:20aussi besoin de vous
50:21merci beaucoup
50:22madame la présidente
50:23on a eu
50:26oui de la minimisation
50:27alors de la part
50:27des victimes
50:28mais aussi
50:29de la part
50:30de certaines
50:31grandes personnalités
50:33de ce cinéma
50:33du cinéma
50:34par exemple
50:35il y avait des évitements
50:36et des stratégies
50:37d'évitement
50:38parfois ça se voyait
50:40au milieu
50:40comme le nez
50:41au milieu d'une figure
50:42parfois ça pensait
50:43être un peu plus malin
50:44que nous
50:45mais enfin
50:45je crois que
50:47avec la présidente
50:49Sandrine Rousseau
50:50on a
50:51on a beaucoup travaillé
50:53et donc à un moment donné
50:54on connaît
50:56on connaît
50:56certaines histoires
50:57on connaît
50:58on connaît
50:59on a une appréhension
51:01du milieu
51:01on ne va pas dire
51:02qu'on connaît
51:02le milieu
51:02mais on connaît
51:04on connaît
51:05les ressorts
51:05l'écosystème
51:06et donc
51:07évidemment
51:08parfois
51:08on a été un petit peu
51:09mené
51:10par le bout du nez
51:12mais
51:12on n'était pas dupe
51:14et parfois
51:15on a fait des procédures
51:17de parjure
51:17il y en a un certain nombre
51:18qui sont en cours
51:19si les gens
51:20ne veulent pas parler
51:21ils peuvent ne pas parler
51:22par contre
51:23ce qu'ils n'ont pas le droit
51:23de faire
51:23c'est de mentir
51:24et certains
51:25on les a peut-être
51:25un petit peu
51:26ils ont peut-être
51:28essayé de nous la faire
51:30à l'envers
51:30mais voilà
51:31c'est le juge
51:32le procureur
51:33maintenant
51:33qui décidera
51:34je n'ai jamais entendu
51:35une parole
51:35regrettant
51:36le fait que
51:38des personnes
51:39qui ont parlé
51:39qui ont été victimes
51:41et qui ont parlé
51:42aient quitté le cinéma
51:43je n'ai jamais entendu
51:44aucun regret
51:44sur le départ
51:45d'Adèle Haenel
51:46par exemple
51:46ce qui pose question
51:48au système
51:49pourquoi Adèle Haenel
51:50est partie
51:51et pourquoi
51:52personne ne voit
51:53qu'elle est partie
51:53pourquoi personne
51:54n'analyse
51:55les conditions
51:55de son départ
51:56on la laisse partir
51:57parce que
51:58sa parole
51:59sa présence
52:00dérange plus
52:01que son départ
52:01et c'est ça
52:02qu'il faut changer
52:03c'est que les paroles
52:04dérangent moins
52:04que les départs
52:06on nous a parlé
52:07de désir
52:07on nous a parlé
52:08de création
52:08on nous a parlé
52:09d'art
52:09on nous a parlé
52:10de talent
52:10tous ces mots
52:11étaient extrêmement
52:11présents dans les auditions
52:13mais finalement
52:15on a beaucoup moins
52:16parlé de ce qu'est
52:17un cadre de travail
52:18de ce que sont
52:18les horaires de travail
52:19de ce qu'est
52:20la relation de subordination
52:22de ce qu'est
52:23la responsabilité
52:24d'un employeur
52:25de ce qu'est
52:25la sécurité
52:26des salariés
52:27et en fait
52:28c'est cela
52:30peut-être
52:30qu'il faut remettre
52:31dans le juste chemin
52:33c'est de se dire
52:34certes il y a la création
52:36certes il y a les talents
52:37l'art etc
52:37mais il y a aussi
52:38un cadre de travail
52:39ce rapport est une étape
52:43c'est une anatomie
52:45d'un secteur
52:46un certain nombre
52:46de constats
52:47nous faisons un certain
52:48nombre de préconisations
52:49et aujourd'hui
52:50on les pose
52:51sur la table
52:51donc on va
52:53on va proposer
52:54enfin j'ai proposé
52:55qu'on systématise
52:57l'accompagnement
52:58des mineurs
52:58par un référent mineur
53:00que ça soit
53:01dans le monde du cinéma
53:02mais aussi dans le spectacle
53:03vivant
53:04on souhaite
53:06et c'est une mesure
53:07assez forte
53:07moi je souhaite
53:09qu'on aille vers
53:09l'interdiction
53:10des photos
53:12sexualisantes
53:14ou sexualisées
53:15pour les mineurs
53:16c'est à dire que
53:17toutes les jeunes femmes
53:18de moins de 18 ans
53:20je pense que
53:21nous devons interdire
53:22la sexualisation
53:24de leur corps
53:25c'est une mesure forte
53:27mais aussi la formation
53:28des acteurs
53:30des actrices
53:31la formation
53:31des techniciens
53:32techniciennes
53:33aujourd'hui dans les écoles
53:34qui forment nos acteurs
53:36il n'y a aucune formation
53:38au droit
53:38aucune formation
53:40à ce qu'est
53:40le droit du travail
53:42et le droit tout court
53:44et moi je suis persuadé
53:45c'est une conviction
53:46que j'ai sur ce sujet
53:47et sur plein d'autres sujets
53:48c'est que quand on connaît
53:50ces droits
53:50on est bien plus à même
53:52de voir que
53:54ce que l'on a subi
53:55n'est pas normal
53:57et n'est pas tolérable
53:58on a je pense
54:00un champ
54:02sur lequel
54:02il faut qu'on travaille
54:03c'est sur la question
54:04des agents
54:05parce que les agents
54:06ont une particularité
54:08c'est qu'ils sont
54:09les représentants
54:11et quelque part
54:12ils doivent être
54:13des protecteurs
54:14de ce qu'ils appellent
54:15les talents
54:16donc qui sont
54:17les comédiens
54:17les comédiennes
54:18ou les réalisateurs
54:19les réalisatrices
54:20et donc
54:21aujourd'hui
54:23depuis la directive
54:24Wolkenstein
54:25ils n'ont plus du tout
54:26d'encadrement
54:27et qui veut
54:29peut être
54:30à partir du moment
54:31où vous avez
54:31deux mandats
54:33deux personnes
54:34que vous suivez
54:34vous pouvez être agent
54:35et je pense
54:36qu'il faut
54:36retrouver
54:38une certaine régulation
54:40dans ce monde
54:41parce qu'ils ont
54:41un rôle fondamental
54:42de protection
54:43et d'accompagnement
54:44et donc
54:45eux aussi
54:45doivent être formés
54:46et eux aussi
54:48par exemple
54:48je propose
54:49qu'ils soient formés
54:49à la capacité
54:51à écouter
54:52la parole
54:53d'un de leurs talents
54:55qui vient leur dire
54:55voilà j'ai été victime
54:57une partie des recommandations
54:58va se transformer
54:59en loi
55:00transpartisane
55:01je l'espère du moins
55:02il va aussi y avoir
55:04une partie réglementaire
55:05qui va tenir
55:05du ministère de la culture
55:07et j'ai entendu
55:08la volonté
55:09de la ministre de la culture
55:10de faire bouger
55:11les lignes
55:11de ce point de vue là
55:12par contre
55:15il y a aussi
55:17une bataille culturelle
55:18et un renversement
55:20à faire
55:21de l'ordre
55:25moral, éthique
55:28à l'intérieur du cinéma
55:29et ça
55:30ça dépend pas de nous

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