Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00Jour J, ravie de vous retrouver à 19h, c'est l'heure pour Face à l'Info, Barbara Durand, l'info du soir, bonsoir Barbara.
00:08Bonsoir Christine, bonsoir à tous. Dans l'actualité de ce jeudi, un français soupçonné d'espionnage arrêté en Russie.
00:16L'homme serait suspecté d'avoir collecté des informations sur des activités militaires russes.
00:22Une affaire pénale a été ouverte contre le français selon la commission d'enquête russe qui s'occupe des crimes graves.
00:29En France, au lendemain de l'accident de circulation impliquant un groupe d'enfants à vélo et une automobiliste,
00:35le parquet de La Rochelle annonce qu'une fillette de 10 ans a été déclarée ce jeudi en état de mort cérébrale.
00:41Hier, la conductrice de 83 ans a renversé 7 enfants.
00:45Enfin, y aura-t-il une nouvelle trêve dans la bande de Gaza ?
00:49L'Egypte dit avoir reçu des signaux positifs de la part du Hamas.
00:53D'après un haut responsable égyptien cité par une télévision, le mouvement terroriste va présenter sa réponse dans les jours à venir.
01:03Et au sommaire ce soir, merci beaucoup Barbara.
01:06Le monde entier s'est rassemblé en France aujourd'hui, ou presque.
01:11De Joe Biden à Albert de Monaco en passant par Justin Trudeau,
01:14l'Occident était présent pour commémorer en grande pompe les 80 ans du débarquement.
01:20Un moment chargé d'émotions, rendant hommage aux courageux soldats qui ont participé à cet événement décisif de la Seconde Guerre mondiale.
01:27Un patriotisme pour sa patrie, mais également au-delà de sa patrie.
01:31Que reste-t-il du patriotisme aujourd'hui ?
01:34Ce mot qui résonne au plus profond de nos âmes, au-delà de nos limites.
01:38Cette flamardante, cette force motrice continue-t-elle de nous porter ?
01:43L'éditeur de Mathieu Gaultier.
01:46A-t-on le droit d'être mal à l'aise lorsque le président Joe Biden,
01:51sur les terres de la commémoration du débarquement en Normandie,
01:55fait ressurgir la guerre entre l'Ukraine et la Russie ?
01:59Nous ne pouvons pas tolérer céder face à ces envahisseurs,
02:02ce serait oublier ce qu'il s'est passé sur les plages normandes.
02:05Vous voulez connaître le coup de la liberté ?
02:08C'est le sang des jeunes et des braves, a-t-il déclaré ?
02:11Une question ce soir, pourquoi cette fuite en avant,
02:15de la part de notre président lui aussi, vers la guerre ?
02:19Un bon moyen de diluer la dette ? De ressouder le pays ?
02:22D'éviter la guerre civile ? De sauver l'Union Européenne ?
02:25L'analyse de Guillaume Bigot.
02:28Parmi ceux qui ont eu l'audace d'affronter l'ennemi le 6 juin 1944,
02:31sur les plages de Normandie, il y avait ceux encore vivants,
02:34que l'on a décorés, et puis les autres,
02:36dont les noms apparaissaient ici et là dans les évocations.
02:39Des noms qui resteront dans les mémoires,
02:41et il y a un qui n'a jamais été cité.
02:44Cet homme, c'est Pierre-Louis Bourgouin,
02:47et pourtant son parcours durant cette Seconde Guerre mondiale
02:50mérite d'être connu de tous.
02:52Retour sur le parcours d'un héros oublié.
02:55Marc Menand raconte.
02:58En ce genre de commémoration des 80 ans du débarquement,
03:01comment ne pas penser à Betty, 91 ans,
03:04tabassée à mort en juin 2021,
03:07et qui disait toujours « J'irai revoir ma Normandie ».
03:10Elle a vécu cette période du débarquement.
03:13Il y a 3 ans, on la retrouvait inerte,
03:15déshabillée sur le sol de son appartement.
03:18Le procès de son meurtrier présumé,
03:20un homme de 25 ans, sous OQTF,
03:23a débuté hier, et le verdict est attendu pour vendredi.
03:26À l'heure où le courage incarné par les soldats du débarquement
03:29est mis à l'honneur, comment expliquer cette plongée
03:32dans une horreur qui nous semble toujours
03:35impossible à réfréner, le dériptage de Charlotte Dornelas.
03:38Et puis les commémorations du débarquement s'achèvent,
03:41les jours des élections européennes arrivent.
03:44Quel avenir pour la droite en France ?
03:47Agit-y moins 3 des européennes ?
03:50Seront-elles finalement les élections de l'union des droites ?
03:53Celles qui permettront de redéfinir le paysage politique des droites pour 2027 ?
03:56On le sait, 3 candidats portent son étendard,
03:59Jordan Bardella, Mario Maréchal et François-Xavier Bellamy.
04:02Qu'ont-ils révélé lors de cette campagne ?
04:05Qui s'achève l'édito de Mathieu Boquete ?
04:08Et voilà, il a l'air pour prendre un peu de hauteur
04:11avec nos mousquottes ce soir.
04:14Eh oui, je sais vous faire sourire, c'est parti !
04:17...
04:29Un grand jour aujourd'hui, on l'a vu, une journée vouée
04:32à la commémoration du 6 juin 1944
04:35avec de grands hommes d'État venus pour l'occasion.
04:38L'occasion pour nous de revenir avec Mathieu Boquete.
04:41On commencera avec cette notion qui est très importante pour nous
04:44sur le sens du patriotisme,
04:47son évolution d'hier à aujourd'hui.
04:50En fait, je pense que c'est le concept central
04:53qui nous permet de comprendre de quelle manière
04:56des hommes ont pu résister à la bête immonde,
04:59la vraie, qui était le nazisme,
05:02de quelle manière des hommes ont pu débarquer en Normandie
05:05avec la certitude d'à peu près de se faire descendre par les mitrailleuses nazies
05:08et ils ont eu quand même le courage de s'y présenter pour libérer
05:11non seulement un pays, mais une civilisation.
05:14C'est une journée, soit dit en passant, célébrée depuis un temps
05:17et qui est célébrée dans la culture populaire.
05:20De Michel Sardou à Jean-Pax Méfrait, il y a eu des chansons pour célébrer
05:23le 6 juin 1944, d'autant qu'il s'agit,
05:26rappelons-le de manière technique, de la plus grande opération logistique
05:29à l'échelle de l'histoire, non seulement de la Deuxième Guerre mondiale,
05:32mais à l'échelle de l'histoire et c'est une grande date dans l'histoire militaire
05:35en tant que telle. Mais la question qui se pose aujourd'hui
05:38et je pense que tout le monde se la pose,
05:41quel est le sens de cet événement pour notre temps?
05:44Que nous disent les événements de juin 1944 pour aujourd'hui?
05:47Ce que l'on constate, c'est que les interprétations sont nombreuses,
05:50très nombreuses et on ne peut pas se contenter, je crois,
05:53de répéter les slogans des uns et des autres
05:56qui veulent s'emparer du 6 juin 1944
05:59pour le mettre au service d'un agenda actuel.
06:02Je pense qu'il faut prendre un peu de hauteur par rapport
06:06aux slogans des uns et des autres, même s'ils sont présidents des États-Unis.
06:09Un siècle plus tard, on pourrait se demander,
06:12c'est assez intéressant, s'il s'agit de la libération,
06:15enfin la libération de l'Europe, j'y reviendrai,
06:18s'il s'agit du moment fondateur des temps présents pour l'Europe.
06:21Est-ce que le 6 juin 1944 commence l'histoire contemporaine?
06:24On peut le penser, on le voit encore aujourd'hui dans la vie politique,
06:27quand certains osent se réclamer de ce qui s'est passé le 6 juin 1944
06:30pour justifier un choix électoral aux élections européennes.
06:33Il faut quand même être culotté pour nous expliquer
06:36que ce qui s'est joué sur les plages du débarquement
06:39se rejouera dimanche dans les urnes.
06:42Il faudrait manquer complètement de décence pour oser nous dire
06:45que ce qui s'est passé sur les plages du débarquement
06:48devrait nous dire de quelle manière voter.
06:51D'ailleurs, j'imagine que personne n'osait faire cela.
06:54On constate aussi que la mystique antifasciste,
06:57qui est absolument centrale, il faut comprendre le courage de ces hommes
07:00contre une bête atroce, aujourd'hui on se dit
07:03qu'il faut combattre le fascisme encore, le nazisme aussi, pourquoi pas.
07:06On le cherche sans le trouver.
07:09On vit dans cette espèce de grand écart mémoriel
07:12où on voit des gens nous parler d'une bête que l'on doit continuer de combattre,
07:15mais on cherche ces traces aujourd'hui et on ne les trouve pas.
07:18Quel est le sens de cet événement aujourd'hui
07:21si l'ennemi qu'on combattait alors n'existe plus?
07:24On peut dire, soit dit en passant, et ça c'est dramatique,
07:27le rapport à la Deuxième Guerre mondiale a complètement réorienté
07:30notre vie politique et c'est paradoxal.
07:33C'est au nom du débarquement,
07:36c'est au nom du combat anti-nazi qu'on a créé,
07:39qu'on a diabolisé en fait toutes ces paradoxales,
07:42toute la critique de l'immigration massive, toute la critique de la société diversitaire.
07:45On nous a dit, si vous êtes fidèles au 6 juin 1944,
07:48ça fait 40 ans qu'on nous dit ça, alors vous êtes pour l'immigration massive.
07:51Si vous êtes fidèles au 6 juin 1944,
07:54vous êtes favorable à la déconstruction des nations.
07:57Ce qu'on a vu, soit dit en passant, c'est qu'au nom de la déconstruction des nations,
08:00pour l'immigration massive, pour le transvasement du sud vers le nord,
08:03on a créé en Europe aujourd'hui
08:06les conditions d'un retour de l'antisémitisme qu'on a combattu.
08:09Alors, je prends la peine de le rappeler pour tous ceux
08:12qui décident de traficoter l'histoire.
08:15Cela dit, vous l'avez dit, c'est le beau mot d'aujourd'hui, il faut le garder à l'esprit.
08:18C'est véritablement le sens du patriotisme qui anime ces gens
08:21et qui fait en sorte qu'on se dit que nous sommes les héritiers,
08:24quelles que soient nos préférences politiques, de leur combat.
08:27Mais qui dit patriotisme, dit patrie.
08:30Et c'est probablement la part manquante de cette réflexion
08:33sur le patriotisme qu'on entend beaucoup.
08:36De quelle patrie nous parlait-on à l'époque?
08:39On pourrait distinguer trois grandes figures, les trois leaders du monde libre de l'époque,
08:42De Gaulle, Churchill et Roosevelt,
08:45qui chacun ont une conception de la patrie qui ne ressemble pas nécessairement
08:48à celle qui est à la mode aujourd'hui.
08:51De Gaulle, qui a une conception sacrée de la nation,
08:54il faut imaginer De Gaulle, ses valeurs, ses convictions dans ses oeuvres,
08:57l'homme se veut porteur d'une légitimité millénaire
09:00qui l'oppose d'une conception sacrée de la patrie.
09:03Une conception sacrée de la patrie
09:06qui exige tous les sacrifices pour être capable de chasser l'envahisseur
09:09qui a volé à la France sa souveraineté.
09:12De Gaulle a une conception de la patrie qui est sacrée,
09:15qui est à la fois charnelle et civilisationnelle.
09:18Churchill, qui est intéressant dans tout ça,
09:21parce que si on prend la peine de lire les textes de Churchill sur le nazisme,
09:24il ne se contente pas de dire qu'il faut défendre la patrie et l'Empire britannique.
09:27Il dit que nous devons lutter contre cette barbarie païenne
09:30qui est en train de s'emparer de l'Europe chrétienne,
09:33lui-même qui avait des convictions religieuses assez approximatives.
09:36Mais il sentait qu'il y avait dans le combat contre le nazisme
09:39un combat contre une régression
09:42qui l'assimilait au paganisme.
09:45C'est intéressant. Donc, lui se réclame,
09:48alors qu'il n'est pas croyant, de l'Europe chrétienne
09:51qui doit se délivrer du monstre nazi.
09:54Et je pense qu'il l'avait vu dès les années 30.
09:57Ça vaut la peine de le dire.
10:00Roosevelt, qui lui a une conception de l'Empire américain qui doit s'étendre,
10:03qui doit servir la démocratie, mais dans son esprit,
10:06c'est le lien civilisationnel intime entre l'Amérique et la vieille Europe
10:09qui fait en sorte qu'il doit se porter à la défense de cette vieille Europe
10:12qui est une forme, c'est l'ancêtre de l'Amérique.
10:15Les Américains, à l'époque, ne doutent pas de leur racine européenne.
10:18Ils ont l'impression d'aller défendre un peu leur mère patrie
10:21en traversant l'Atlantique. C'est une époque où les deux rives
10:24de l'Occident se savent de la même civilisation.
10:27Donc, il y a deux patriotismes au moment de la Deuxième Guerre mondiale,
10:30même si on ne le disait pas dans ces mots-là à l'époque,
10:33le patriotisme national et une forme de patriotisme civilisationnel
10:36qui est porté par tous contre la bête hitlérienne,
10:39contre le nazisme. J'ajoute évidemment un quatrième acteur
10:42qui est important, mais qui est un peu différent, c'est Joseph Staline.
10:45Staline, vous devinez l'immense tendresse que j'ai pour ce personnage.
10:48Mais certains s'en réclament encore aujourd'hui.
10:51Il porte le même nom d'idéologie. Mais Staline, au début,
10:54c'est au nom du communisme qu'il veut battre les nazis.
10:57Mais qu'est-ce qu'il va faire pour être capable de mobiliser ses troupes?
11:00Il va mobiliser le nationalisme russe et l'orthodoxie,
11:03la religion russe dans ses profondeurs historiques et spirituelles.
11:06Donc Staline, l'anti-national.
11:09Staline, qui fondamentalement à l'origine est un communiste
11:12hostile aux nations, va mobiliser le patriotisme profond
11:15des Russes pour les mobiliser contre le nazisme.
11:18Comme quoi plusieurs conceptions du patriotisme sont mobilisées
11:21par ces événements.
11:24Venons-en à la Russie, justement, puisque Guillaume parlait hier
11:27du rôle de la Russie, où je vous ai entendu un peu grincer des dents.
11:31Est-ce qu'il n'est pas naturel, pour autant, mon cher Mathieu,
11:34de rappeler le rôle de l'URSS dans la chute du nazisme?
11:37Vous avez tout à fait raison de le faire et Guillaume avait raison
11:40de le faire dans son excellente chronique. Il nous rappelait
11:43le rôle essentiel de l'URSS dans la lutte contre le nazisme.
11:46Et ça, il faut le rappeler parce que le souci de la vérité est important.
11:49Mais je pense que lorsqu'on raconte l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale,
11:52nous sommes obligés d'écrire le mot libération au pluriel.
11:55Et c'est probablement la part manquante.
11:58Quand on met l'accent sur le 6 juin 1944, quand on met l'accent
12:01sur ce qui s'est passé aujourd'hui, on met effectivement l'accent
12:04sur deux points de vue occidentaux sur le vrai tournant de la guerre.
12:08C'est-à-dire que c'est la reconquête de l'Europe occidentale par elle-même
12:12grâce à l'allié américain. Et c'est fondamental.
12:15Et la France, effectivement, est libérée en 1944,
12:18restaure pleinement sa souveraineté alors, 1944-1945, nous le savons.
12:21Mais si vous regardez la guerre de l'autre point de vue,
12:24c'est-à-dire du point de vue de l'Est,
12:27effectivement, les nazis, les communistes étaient anti-nazis,
12:31mais ils n'étaient pas anti-totalitaires.
12:34Et ça, je crois que c'est la chose que nous avons oubliée
12:37quand on pense à la Deuxième Guerre mondiale.
12:40La libération pour les Polonais, la libération pour les Baltes,
12:43la libération pour les Hongrois, la libération pour tant de peuples,
12:46elle n'arrive ni en 1945, ni en 1947.
12:49Elle arrive, en fait, en 89, 90, 91...
12:52Autrement dit, quand le communisme tombe.
12:56Et lui-même, un horrible tyran, une force d'oppression,
12:59on a tendance à l'oublier quand on raconte l'histoire
13:02de la Deuxième Guerre mondiale.
13:05Et ça nous conduit encore une fois sur le chemin du patriotisme un instant.
13:08Après 45, les peuples d'Europe de l'Est ont continué
13:11de se défendre contre le communisme, au nom de quoi?
13:14Mais d'une conception patriotique forte, pensée aux Baltes,
13:17qui ont mis de l'avant leur tradition, leur folklore.
13:20Le folklore était véritablement l'instrument de l'identité profonde.
13:24C'est au nom de l'identité profonde qu'on résistait au communisme.
13:27Pensée aux Polonais, qui ont mis de l'avant le catholicisme
13:30pour résister au communisme. Pensée à la Tchécoslovaquie,
13:33qui a mis de l'avant son appartenance à la civilisation occidentale.
13:36Pensée à la Hongrie, qui a fait preuve d'un immense patriotisme.
13:39Donc, quand on se raconte l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale,
13:42c'est une histoire souvent tronquée qu'on se raconte.
13:45C'est une histoire très américano-centrée, parce que la libération
13:48de l'Europe va se faire en deux temps, et en ces deux temps,
13:51il y a 45 ans de distance. J'ajoute une chose.
13:54Quand on se raconte l'histoire du XXe siècle, on peut dire qu'il y a
13:57deux idéologies. Chantal Nelson nous a conduits sur cette piste
14:00dans un de ses livres. Il y a deux idéologies qui ont voulu
14:03véritablement mutiler l'homme. Le nazisme a voulu réduire
14:06l'homme à la race. Et la race seule, c'est le contraire de la patrie.
14:10La race seule, c'est... En fait, la race, c'est l'animalisation
14:13de l'être humain. Ça, c'est le nazisme. Le communisme a voulu
14:16arracher les hommes à leur appartenance, à leur patrie,
14:19et tout ce qu'ils avaient de plus précieux en eux-mêmes.
14:22Une forme d'universalisme radical et fanatisé. Mais on peut dire
14:25que le XXe siècle a cherché à broyer, en fait, les hommes,
14:28à les broyer de toutes les manières possibles, et c'est lorsqu'ils
14:31retrouvaient la patrie, pas la race, mais non plus l'homme nouveau
14:34absolument fou des soviétiques, c'est lorsqu'ils retrouvaient
14:37la patrie qu'ils retrouvaient les conditions de la liberté.
14:40Et ça, je pense qu'on doit le garder à l'esprit. J'ajoute une chose
14:43qui me semble assez importante, et ça, sachant qu'aujourd'hui,
14:46c'est trop long pour le dire, mais je le dirai quand même.
14:49Je ne suis pas certain que la Deuxième Guerre mondiale soit
14:52le contexte qui nous éclaire le plus pour comprendre les temps
14:55présents. On a quelquefois l'impression que pour certains,
14:58on est toujours en train de revivre 39-45, 39-45.
15:01Or, il se peut que pour éclairer les temps présents, les nôtres,
15:04nous soyons plus proches d'autres événements historiques
15:07que de la Deuxième Guerre mondiale. Il se pourrait,
15:10pour penser l'Occident contemporain, qu'on se rapproche davantage
15:14de la Deuxième Chute de Rome. Il se peut que l'Union européenne
15:17aujourd'hui ressemble à l'URSS des années 70. Il se peut qu'en matière
15:20de politique internationale, on soit plus proche de 1914
15:23et de l'engrenage qui nous a conduit à une guerre mondiale,
15:26mais aujourd'hui à l'heure nucléaire. Il se peut que notre monde
15:29ressemble davantage à celui de 1914 que celui de 1939.
15:32Donc, ayant tout cela à l'esprit, ça nous permet par ailleurs
15:35de ne pas confondre les années, ce que nous commémorons
15:38aujourd'hui et les temps présents.
15:42Vous avez commencé votre éditorial en parlant de la notion
15:45de patriotisme, mais finalement, est-ce qu'on ne doit pas convenir
15:48qu'il y a quand même deux sens de la notion de la patrie?
15:51Il y en a plusieurs, mais il y en a effectivement deux qui se rencontrent.
15:54D'un côté, Jean de Vigrie, un historien assez remarquable
15:57qui a une oeuvre substantielle publiée dans de bonnes maisons d'édition.
16:00Jean de Vigrie parlait des deux patries. Il disait qu'il y a la patrie
16:03charnelle, la patrie des appartenances, la patrie culturelle,
16:06la patrie de l'identité, la patrie de nos pères, de notre mère,
16:09de transmettre à ses enfants. Il dit qu'il y a la patrie idéologique,
16:12la patrie des grandes valeurs, la patrie politiquement construite
16:15et quelquefois la patrie abstraite. Il dit que ces deux conceptions
16:18de la patrie, ces deux manières de penser la patrie,
16:21il se peut que l'une soit contradictoire avec l'autre.
16:24Elles ont cohabité longtemps. Elles ont cohabité de quelle manière?
16:27En France, on l'a vu. Par la République d'un côté,
16:30par la mémoire longue de l'histoire du pays de l'autre,
16:33ces deux conceptions se combattaient, mais ont fusionné
16:36au moment de la Première Guerre mondiale, dans les tranchées,
16:39dans ce moment d'incandescence patriotique pour défendre la patrie
16:42justement. Mais il se pourrait qu'aujourd'hui, ces deux
16:45conceptions de la patrie se décomposent avec
16:48le changement de peuple que nous connaissons aujourd'hui.
16:51Autrement dit, le patriotisme des uns n'est pas nécessairement
16:54le patriotisme des autres, même si les deux disent patrie.
16:57Je terminerai avec une phrase d'Emmanuel Macron hier qui m'a
17:00intéressé, qui m'a interpellé. Il nous parle de la génération
17:03qui a eu le courage de se battre en 1944, pendant la guerre,
17:06contre le nazisme. Et pour la France, il nous dit, c'est intéressant,
17:09ils se sont battus pour le territoire de France
17:12et les valeurs de la République. Ça m'a étonné,
17:15parce que j'ai l'impression qu'il y a un absent dans ce récit,
17:18et c'est le peuple français. Ils ne se sont pas battus pour les valeurs
17:21lointaines de la République. Le général de Gaulle et les valeurs de la République,
17:24c'est assez compliqué. Et non plus que pour le territoire de France
17:27à la manière d'un territoire désincarné, d'un territoire administratif.
17:30Ils se sont battus pour un peuple, un peuple dont la continuité
17:33historique était vitale. Peut-être est-ce l'absent aujourd'hui.
17:36On nous parle sans cesse d'un patriotisme au pouvoir, quelquefois,
17:39mais c'est un patriotisme sans patrie, sans enracinement,
17:42sans tout ce qui fait en sorte qu'on aime absolument son pays.
17:45On fera un tour de table sur... J'avais pas pensé,
17:48mais c'est tellement fort, je trouve, ce que vous venez de dire,
17:51sur la notion de patrie, de patriote. Vous vous sentez patriote
17:54et à quel... Est-ce que vous vous sentez patriote? Si oui,
17:57à quel titre, à quelle notion faites-vous référence?
18:00Le premier élément, plusieurs fois déjà,
18:03je l'ai dit, et pardon de me répéter,
18:06c'est l'amour d'une langue. Car la langue,
18:09c'est ce qu'il y a de plus subtil pour permettre
18:12à la petite intelligence, qui est la mienne,
18:15de chercher à s'accomplir. Et c'est ce qui est offert
18:18à tout un chacun. Par ailleurs, cette intelligence
18:21a été servie par le courant des Lumières,
18:24la philosophie, et donc c'est la traduction
18:27de tout cela qui nous donne une sorte d'âme
18:30et une continuité. Nous sommes
18:33des Français au nom de la culture
18:36et non pas au nom du territoire.
18:39Moi, je me sens patriote à la manière d'une héritière,
18:42en réalité. C'est-à-dire que je n'arrive pas...
18:45Tout ne commence pas avec moi et se terminera avec moi.
18:48Je ne peux pas concevoir mon existence simplement
18:51à partir de moi-même. Et c'est la tentation, je crois, aujourd'hui.
18:54On parle beaucoup de lutter contre les idéologies. Il y en a qui sont bien présentes
18:57aujourd'hui et que personne n'a l'air de voir
19:00de manière aussi dangereuse. Donc oui, c'est à la manière
19:03d'un héritage. Il y a beaucoup de gens qui m'ont précédée
19:06et qui ont façonné ce pays-là, qui ont fait ce que je suis aujourd'hui,
19:09la langue que je parle, les paysages qui sont autour de moi,
19:12mes réflexes, ma manière d'être au monde, en réalité.
19:15Et c'est ça, évidemment, que j'aimerais transmettre et préserver.
19:18D'abord, je pense qu'il y a autant de notions de patrie,
19:21de façon de vivre la patrie, qu'il y a de patrie.
19:24En fait, la définition de la patrie appartient à chaque peuple.
19:27Pour nous, Français, puisque c'est l'alliance de la mer du Nord
19:30et de la Méditerranée, c'est l'alliance finalement
19:33d'identités locales, régionales, assez différentes.
19:36On n'a même pas parlé des Outre-mer.
19:39La notion de la patrie, d'opposer la patrie du passé,
19:42d'opposer la patrie charnelle à la patrie, disons,
19:45idéale, ça n'a aucun sens.
19:48C'est comme si on essayait de faire de la musique sans l'instrument.
19:51On ne peut pas avoir la musique sans l'instrument et on ne peut pas avoir l'instrument sans la musique.
19:54En tout cas, pour nous, Français, ça n'a pas de sens.
19:57Votre regard sur la notion de patriote, vous l'expatriez.
20:00Patriote, comment vous vous sentez ?
20:03Je ne me sens pas très expatrié.
20:06C'est ça, la vérité des choses.
20:09Ma patrie, de mon côté, si vous me permettez cette confession,
20:12c'est que notre côté de l'Atlantique, on cherche à vivre
20:15dans l'autre côté de l'Atlantique, en français.
20:18C'est une aventure qui se poursuit depuis 250 ans.
20:21C'est une bataille pour continuer à chaque génération à vivre en français,
20:24demeurer fidèle à ce que nous sommes, ne jamais trahir cet héritage premier,
20:27le poursuivre et lui permettre de se parachever dans la pleine existence politique.
20:30C'est ma manière d'être patriote par chez moi.
20:33Et par ailleurs, puisque la France est pour nous, mère patrie,
20:36je me permets d'être patriote un peu chez vous et pour vous.
20:40Passons maintenant à vous, Guillaume Bigot,
20:43puisque le lien entre les commémorations et une possible troisième guerre,
20:46ou bien la guerre en Ukraine, en tout cas qui se prolonge,
20:49a été largement abordé aujourd'hui par Joe Biden lors des cérémonies.
20:52Ça peut mettre mal à l'aise, j'ai osé le dire dans le titre,
20:55parce qu'on a vu aussi Emmanuel Macron qui a déclaré de son côté
20:58qu'ils étaient prêts à mourir sur un sol qui n'est pas le sien
21:01pour une cause qui n'est pas la sienne.
21:04Pour rebondir un peu sur ce que disait Emmanuel Macron,
21:07pourquoi cette fuite en avant vers la guerre en Ukraine
21:10alors que plus personne ne veut la guerre ?
21:13C'est la question que j'ai envie de vous poser.
21:16Mais juste avant, écoutons Emmanuel Macron.
21:19Il y a à peine une heure, ce qu'il a dit en présence de Volodymyr Zelensky.
21:22Alors oui, face au retour de la guerre sur notre continent,
21:25face à la remise en cause de tous ceux pourquoi ils se sont battus,
21:28face à ceux qui prétendent changer les frontières par la force
21:31ou réécrire l'histoire,
21:34soyons dignes de ceux qui débarquèrent ici.
21:37Votre présence ici en ce jour,
21:40M. le Président d'Ukraine,
21:43c'est une occasion pour nous de remercier
21:46tous ceux qui se sont battus
21:49face à la guerre en Ukraine.
21:52C'est une occasion pour nous de remercier
21:55M. le Président d'Ukraine
21:58dit tout cela.
22:10Guillaume Bigot, pourquoi cette fuite en avant
22:13vers la guerre en Ukraine alors que, j'ose le dire,
22:16plus personne ne veut la guerre ?
22:19D'abord, c'est ce qu'on avait évoqué hier,
22:22même assez grossier entre le passé et le présent.
22:25C'est ce qu'il fait. Il y a un arraisonnement mémoriel.
22:28Il débarque en pleine anachronisme et il dit
22:31l'Ukraine et l'Europe assiégées par le nazisme
22:34c'est très comparable.
22:37C'est ça qu'il dit.
22:40Si on entend Mathieu Lassiter aussi
22:43les mots prononcés par le Président de la République en Bretagne,
22:46alors que les périls montent,
22:50alors que les périls montent,
22:53nous sommes prêts à consentir
22:56au même sacrifice pour défendre ce qui nous est le plus cher,
22:59notre terre de France et nos valeurs républicaines.
23:02Je sais notre pays, fort d'une jeunesse audacieuse,
23:05vaillante, prête au même esprit de sacrifice
23:08que ses aînés.
23:11Ça veut dire que les jeunes d'aujourd'hui,
23:14il faut qu'ils se préparent au sacrifice,
23:18dans quel combat exactement ?
23:21La présence de Volodymyr Zelensky, les paroles de Joe Biden,
23:24les paroles d'Emmanuel Macron nous éclairent.
23:27Ça fait vraiment écho à des déclarations réitérées
23:30du Président de la République sur l'envoi de troupes au sol.
23:33J'ajoute, peut-être encore plus inquiétant,
23:36que le chef d'état-major de l'armée,
23:39de l'armée de terre, ont repris
23:42pour expliquer qu'il y avait une mobilisation
23:45sur le sol.
23:48Quand on se dit, avec un peu de recul,
23:51que finalement toutes les lignes rouges fixées par l'Occident
23:54dans le soutien à l'Ukraine ont été franchies allègrement,
23:57on est quand même passé des casques aux chars, des chars aux avions,
24:00des armes défensives aux armes offensives,
24:03on en est maintenant à des missiles qui vont frapper directement la Russie,
24:06on se dit que non seulement elles ont été franchies,
24:09mais elles ont été franchies après coup, sans qu'on le sache.
24:13Beaucoup de questions à vous poser sur ce sujet précis.
24:16On marque une pause, on revient sur ce sujet,
24:19mais aussi avec vous, un héros oublié,
24:22avec vous, Charlotte, une femme oubliée,
24:25avec vous, Mathieu, une droite peut-être oubliée.
24:34Selon vous, le président Emmanuel Macron
24:37préparerait les Français à, justement,
24:41cette guerre avec la Russie qu'il juge inévitable ?
24:45En tout cas, soit c'est une manœuvre électorale, électoraliste,
24:48bon, et dans ce cas il n'y a pas vraiment à s'alarmer,
24:51soit il estime que la guerre avec la Russie est inévitable,
24:54il l'appréhende, il la voit arriver,
24:57il prépare ses concitoyens,
25:00il y a peut-être, peut-être même imaginer une autre hypothèse,
25:03c'est-à-dire qu'il la voit peut-être comme un moindre mal,
25:06cette guerre avec la Russie, peut-être qu'il en voit,
25:09je dirais que, alors, je ne vais pas aller jusqu'à dire
25:12qu'il souhaite la guerre avec la Russie, ce serait, à mon avis,
25:15ce n'est pas ce que je pense, mais je pense qu'il se dit,
25:18si on arrivait à voir les avantages que procure une guerre
25:21sans les inconvénients de la guerre, c'est-à-dire, c'est vraiment,
25:24on est en même temps, c'est typiquement macroniste,
25:27peut-être qu'on peut pousser, pousser, pousser jusqu'à l'extrême limite
25:30de la guerre, parce qu'il peut penser
25:33que compte tenu de la situation actuelle de la France,
25:36c'est délicat, c'est le moins qu'on puisse dire, la guerre avec la Russie
25:39aurait quelques vertus.
25:42Premièrement,
25:45ça pourrait diluer la dette.
25:48La dette qui est quand même dans une situation assez alarmante
25:51et quoi de mieux finalement pour diluer la dette
25:54que d'imaginer qu'on est tellement au bord
25:57de la guerre avec la Russie dans l'Union Européenne
26:00que ça va faire exploser des dépenses et des dépenses militaires,
26:03donc des dépenses astronomiques qui sont des dépenses en commun.
26:06Et là, donc, ça va mutualiser au plan européen la dette française.
26:09Parce que sinon, la situation de la dette, elle est quand même assez inquiétante.
26:12Un scénario à la grecque d'un côté où l'explosion de l'euro
26:15sont des scénarios possibles.
26:18Deuxième avantage que pourrait avoir le Président de la République
26:21à pousser, pousser, pousser au maximum
26:24le fait de croire, de rendre tangible
26:27une sorte de guerre avec la Russie sans pour autant franchir le seuil,
26:30c'est d'empêcher quand même une guerre civile en France.
26:33C'est d'empêcher que le pays se fracture. On voit bien, on parle souvent sur ce plateau,
26:36l'ensauvagement est en marche, c'est le moins qu'on puisse dire.
26:39Il s'accélère, ça devient très inquiétant.
26:42Il y a des fractures partout dans le pays, ça s'est accéléré après le 7 octobre
26:45et quoi de mieux finalement pour ressouder les Français
26:48ou pour les empêcher de se taper dessus que de leur désigner un ennemi commun
26:51qui serait la Russie. Enfin, et là je n'invente rien,
26:54c'est dans tout ce que dit non seulement le Président de la République
26:57mais aussi les autorités de l'Union Européenne,
27:00c'est que ce qui se passe en Ukraine,
27:03c'est au cœur de l'Europe, ça concerne l'Europe, c'est la guerre de l'Ukraine
27:06mais c'est la guerre de l'Union Européenne puisque l'Ukraine est
27:09dans la salle d'attente de l'Union Européenne et que d'après eux,
27:12si Poutine gagne, je les cite, alors c'en est fini de l'Union Européenne
27:15et de la construction européenne. Donc évidemment, pousser l'hypothèse
27:18d'une guerre contre la Russie,
27:21c'est un moyen aussi de sauver le projet européen finalement,
27:24si on réfléchit. Qu'est-ce qui manque à l'Europe pour faire un peuple ?
27:27D'avoir finalement un ennemi commun.
27:30Il y a une dimension qui n'existe pas dans l'Union Européenne,
27:33c'est la dimension un peu tragique. Je n'ai pas dit qu'Emmanuel Macron
27:36se voyait en premier Président régalien de l'Europe,
27:39on aurait fait le saut vers un État européen avec une armée européenne,
27:42mais le fait en tout cas d'avoir un ennemi commun,
27:45évidemment ça ressoude et ça relance d'une certaine façon
27:48le projet européen parce que le projet européen depuis le départ, c'est comme le vélo,
27:51c'est-à-dire que si on s'arrête, on tombe. Donc il faut tout le temps aller de l'avant
27:54et tout le temps pousser plus loin. Donc oui, je pense qu'il est dans une idée
27:57qu'à la fois la guerre est inéluctable, il la voit arriver
28:00et en même temps, il se dit que cette peur de la guerre,
28:03c'est quelque chose qui peut le relancer.
28:06C'est intéressant parce que je comprends ce que vous dites et en même temps,
28:09lorsque je vois ce qu'a dit Joe Biden aujourd'hui,
28:12qui a été encore presque plus loin que ce qu'a dit Emmanuel Macron,
28:15je me dis, je ne sais pas, à la limite,
28:18Joe Biden a même dit, nous ne vous abandonnerons pas.
28:21Donc est-ce que ça sera avec les Etats-Unis ?
28:24Est-ce que ça sera sans les Etats-Unis ? Qu'est-ce qu'on peut penser ?
28:27C'est sûr que sans les Etats-Unis, ça paraît quand même compliqué.
28:30On n'en a pas les moyens.
28:33Il ne faut pas oublier que Joe Biden lui aussi est en séquence électorale.
28:36Lui aussi peut avoir envie d'un effet drapeau.
28:39Lui aussi peut essayer d'empêcher,
28:42imaginons que les choses se précipitent avec la Russie,
28:45que les tensions deviennent plus graves sans pour autant qu'il y ait une guerre directe.
28:48Il pourra lui aussi, sur sa scène électorale,
28:51accuser Trump d'être un traître à la patrie, en quelque sorte.
28:54Mais effectivement, on a bien compris que les Etats-Unis
28:57et même la Grande-Bretagne, d'ailleurs, ne veulent pas.
29:00Il y a « no boots on the ground », pas envoyer d'hommes au sol.
29:03Ça, c'est vraiment uniquement notre président de la République
29:06et peut-être les baltes qui sont dans cette configuration de fuite en avant.
29:09Ce qu'on peut dire, en tout cas, c'est qu'il y a quelque chose,
29:12d'ores et déjà, de très inquiétant,
29:15sur lequel on est passé assez rapidement, quand même.
29:18C'est l'accord qui a été signé entre la France et l'Ukraine
29:21le 16 février, qui a donné lieu à un petit débat
29:24avec un vote, article 50 de la Constitution,
29:27mais pas de ratification formelle, comme l'exige de la Constitution,
29:30entre le 12 et le 13 mars. C'est l'accord franco-ukrainien.
29:33Et qu'est-ce que dit cet accord franco-ukrainien ?
29:36Je ne vais pas le prendre en long et en large et en travers, mais d'abord vous dire que cet accord prévoit
29:39d'envoyer des conseillers militaires. Quand on parle, là, aujourd'hui, d'envoyer des conseillers militaires français,
29:42ça y est, on a déjà signé un texte qui nous engage à faire ça,
29:45on ne s'en est même pas rendu compte, que ce texte, c'était un texte en anglais,
29:48c'était un texte envoyé par l'OTAN, c'était un copier-coller envoyé à tous les États membres de l'OTAN,
29:51et qu'on l'a vite traduit en français et qu'on l'a vite fait adopter et fait signer.
29:54Toute invasion russe, dit ce texte, toute invasion russe future
29:57violerait la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux
30:00du droit international et porterait gravement atteinte
30:03à la sécurité euro-atlantique, y compris
30:06à celle de la France. En cas de future agression armée russe
30:09contre l'Ukraine, à la demande de l'un ou l'autre des participants,
30:12les participants mèneront des consultations dans les 24 heures
30:15pour déterminer les mesures nécessaires,
30:18attention, pour contrer ou dissuader l'agression.
30:21Ce n'est pas n'importe quoi. Contrer l'agression,
30:24ça veut dire que si on juge qu'il y a une nouvelle attaque russe,
30:27on en verra finalement, on sera belligérant.
30:30D'une certaine façon, le texte dit aussi, c'est quelque chose
30:33qui est signé avant que l'Ukraine rentre dans l'OTAN.
30:36Autrement dit, c'est quasiment l'effet de l'OTAN sans l'OTAN.
30:39D'une certaine façon, c'est assez inquiétant.
30:42Et le fait d'envoyer des conseillers militaires français, imaginons
30:45qu'ils se fassent tuer, qu'ils soient ciblés, on serait dans une nouvelle
30:48agression russe ? On déclencherait la mise en œuvre de ce texte ?
30:51Si demain les Ukrainiens nous appellent au secours, on a signé ce texte ?
30:54Est-ce qu'on est engagé par ce texte ? Je pose la question, je n'ai pas
30:57la réponse. Il ne faut pas non plus sous-estimer le cynisme
31:00de nos amis américains et le suivisme des Européens.
31:03Le cynisme des Américains, ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas été
31:06capables de fabriquer des événements du type...
31:09Vous savez, l'USS Maddox en 1964, ils se sont tirés sur eux-mêmes
31:12pour déclencher la guerre avec le Vietnam, je le rappelle.
31:15Ils nous ont raconté quand même qu'il y avait des armes de destruction
31:18massive pour pouvoir intervenir en Irak. Qu'est-ce qu'ils feront demain ?
31:21Je n'en sais rien. Est-ce qu'ils ont été capables de se battre jusqu'aux
31:24derniers Ukrainiens ? Oui, c'est manifestement le cas. Est-ce que
31:27ils ont été capables de se battre jusqu'aux derniers Européens ? Moi, je pense
31:30qu'heureusement, nous avons l'arme nucléaire, la Grande-Bretagne a l'arme
31:33nucléaire et je pense que c'est ce qui nous protège.
31:36Merci beaucoup pour votre regard, mon cher Guillaume,
31:39pour cette journée, en tout cas,
31:42des commémorations du débarquement.
31:45Dans un instant, on ira à Pornic,
31:48puisqu'à 19h en Noir-Atlantique, ce n'est pas pour vous,
31:51on nous ira voir les cloches
31:54qui doivent sonner à 19h44,
31:57comme 1944 pour célébrer
32:00ses 80 ans, donc nous allons vivre ce moment en direct.
32:03Et puis aujourd'hui, j'ai pour vous une petite pépite, une petite vidéo.
32:06Je ne sais pas à quel moment j'ai déjà passé, mais une petite surprise pour vous.
32:09Je pense que ça fera plaisir à Charlotte Dornelas particulièrement.
32:12D'abord, parmi ceux qui ont eu l'audace,
32:15Marc Menand, d'affronter le 6 juin 1944
32:18sur les plages de Normandie, plusieurs noms ont été cités,
32:21il y a un nom qui a été oublié, celui de Pierre,
32:24Louis Bourguin, vous teniez,
32:27vous qui avez parlé de toute l'histoire
32:30de la Seconde Guerre mondiale quasiment aujourd'hui sur l'antenne,
32:33celui-ci, on n'en a pas parlé. Qui est-il et pourquoi ?
32:36Alors ce jour-là, c'est vrai qu'il n'est pas sur le sol français, mais ses hommes y sont.
32:39C'est un personnage qui nous montre ce qu'est.
32:42C'est la question initiale que vous nous avez posée tout à l'heure.
32:45Qu'est-ce que la culture française ?
32:48Il est né en Algérie, dans une famille
32:51où on n'a pas beaucoup d'argent,
32:54mais où on s'entiche de la langue, on s'entiche des grands philosophes.
32:57C'est une sorte d'Albert Camus.
33:00Et on est avec les autochtones
33:03dans une forme de fraternité.
33:06On se pense un avenir commun.
33:09Et du coup, il envisage quoi ? D'être instituteur.
33:12Pour permettre aux jeunes gamins
33:16qu'ils soient de n'importe quelle couleur,
33:19de connaître ce plaisir qui est le nôtre
33:22de pratiquer le français,
33:25d'avoir nos grands principes de fraternité,
33:28de liberté.
33:31En 1929, il est appelé pour faire son service militaire.
33:34Il sort sous lieutenant.
33:37La mobilisation de 39.
33:40Le voilà lieutenant. La guerre est vite terminée.
33:43Et il apprend quoi ? L'armistice.
33:46Et ça, ça le rend furieux.
33:49Comment nous, la France,
33:52nous qui pouvons charmer, enchanter
33:55un peuple, s'offrir cette fraternité,
33:58on se laisse déborder
34:01par le monstre, par les nazis.
34:04C'est impossible. Alors il gagne Londres.
34:07Et il plaide pour pouvoir entrer dans les forces françaises libres.
34:10L'Afrique, c'est une base arrière
34:13qui peut devenir la base de l'avant.
34:16Un socle formidable.
34:19Il participe au ralliement
34:22de Loubanguichari.
34:25Aujourd'hui, c'est en Centrafrique.
34:28C'est une colonie française.
34:31Ça rappelle tout le travail
34:34qui est effectué par les Africains
34:37pour pouvoir permettre cet essor
34:40des Français. Et de là, il entre en guerre.
34:43Bien évidemment. Et on le verra
34:46face aux Français. Où ? En Syrie.
34:49Une bataille sinistre. Il est blessé. Oh, ça ne l'arrêtera pas.
34:52Il peut lui arriver n'importe quoi.
34:55Il est toujours debout. De là,
34:58il entame une campagne en Libye.
35:01À nouveau blessé. Et il reprend le fusil.
35:04Avec ses gars. C'est cet esprit
35:07de camaraderie. Le désir que la France
35:10retrouve sa grandeur, sa splendeur. Que la liberté rayonne.
35:13C'est ça qui l'anime. Et les gars,
35:16on s'en moque. On peut mourir. On sera dans la dignité.
35:19On sera dignes de nos ancêtres.
35:22Et puis, il y a
35:25différentes opérations comme ça. Il décide
35:28de se former comme parachutiste. Il entre
35:31dans les forces de renseignement. Alors, c'est pour monter des coups.
35:34Au nom des Anglais. Et on le voit
35:37en Tunisie. Et ensuite,
35:40de nouveau en Algérie. Où là,
35:43il est associé à un camarade, le capitaine
35:46Jordan, qui est fait prisonnier. Et lui, quelques temps
35:49plus tard, qui subit la grande mitraille.
35:52En plein désert, la grande mitraille.
35:55Et les Allemands qui sont autour.
35:58Comment échapper à ceux qui le cherchent ?
36:01Il a le courage de faire un trou dans le sable.
36:04Et sans sable, il n'y a plus que la tête.
36:07Il restera six heures comme ça, sous les
36:10tisons solaires, sans rien boire, jusqu'à
36:13ce que des Anglais le découvrent.
36:16Et il repartira. Et de nouveau,
36:19eh bien, c'est le drame. Une autre mitraille
36:22lors d'une reconnaissance. Et là, c'est terrifiant.
36:25Le bras gauche, eh bien, il y a la main
36:28qui est à moitié broyée, le radius, etc.
36:31La cuisse, les éclats d'obus.
36:34Et le bras droit, en charpie.
36:37Tant et si bien que quand il est conduit à l'hôpital,
36:40quand il en ressort, ça serait qu'un bras
36:43en moins. Dorénavant,
36:46on l'appellera le manchot. Car il n'abandonne
36:49pas. Il repartira au combat,
36:52après sept mois de convalescence.
36:55Tous les détails, je ne peux pas les égrener,
36:58mais il finit par monter un commando de parachutistes
37:01en vue du débarquement.
37:04Et il demande au général De Gaulle
37:07d'avoir l'honneur d'être le commando
37:10qui le premier sautera en France.
37:13Il prévient ses gars.
37:16Il leur dit, c'est cet honneur
37:19que nous vous donnons. Le général De Gaulle
37:22vous l'accorde. Nous serons les premiers
37:25sur le sol français.
37:28Et le 5 au soir,
37:31avant le 6, ceux qui sont
37:34parachutés sur la Bretagne,
37:37ce sont ces hommes du 2e régiment.
37:40Il y en a un, c'est le caporal Bouétard.
37:43Bouétard se retrouve dans les arbres.
37:46Il est blessé.
37:49Une rafale de mitraillettes le fauche.
37:52Il a été emporté par un ukrainien qui vient de le tirer.
37:55Il n'en reste pas moins, qu'il réorganisera
37:58deux jours après. Il est parachuté à son tour.
38:01Lui, le manchot, avec un parachute
38:04bleu-blanc-rouge. Les Anglais lui ont accordé ça.
38:07Que de résistance.
38:10Le 11 novembre 1944,
38:13devant ces hommes, sur les Champs-Elysées,
38:16il est salué par le général De Gaulle
38:19et par Churchill. Il avance.
38:22Diminué forcément, mais il a été
38:25le français avec les siens qui ont été
38:28les premiers sur le sol pour la reconquête.
38:31On entend en direct ces cloches
38:34qui sonnent.
38:37Toutes les cloches dans plusieurs villes de France
38:40ont célébré ces 80 ans.
38:43Ce sont ces mêmes cloches qui sonnaient
38:46il y a 80 ans au moment de la libération.
39:11...
39:14...
39:17...
39:20Vous avez suivi ce moment en direct
39:23grâce à notre caméraman Jean-Michel Decazes.
39:26Merci encore pour toute cette journée.
39:29Vous nous avez fait vibrer à ces commémorations.
39:32Rappel qu'elle est réveillée depuis 3h du matin.
39:35Mon chéri, vous pouvez aller vous coucher.
39:38Je vous ai fatigué à ce point-là ?
39:40Non, vous avez plus d'énergie que nous tous réunis.
39:43Charlotte, il y a quelqu'un dont je disais qu'on a un peu oublié.
39:46Nous allons parler d'une femme qui était plus âgée encore que le débarquement
39:50et qui fête aujourd'hui ses 80 ans.
39:52Elle, elle avait 91 ans.
39:54Elle s'appelait Betty, elle a été retrouvée morte
39:57et le procès de son meurtrier présumé a lieu ces jours-ci.
40:01C'est une femme qui a vécu le débarquement,
40:03qui vient de la Normandie et c'est important pour nous de nous arrêter
40:07si en son histoire, elle a été violemment, sauvagement tuée
40:12par un homme sous EQTF, par les Nodels.
40:16C'est vrai, vous dites souvent dans cette émission
40:18qu'il y a des histoires qui se répètent
40:20et on ne sait même plus quoi dire en fait.
40:22On les voit se répéter, on a envie de dire la colère, le dégoût.
40:27On a envie de marquer aussi notre compassion à l'égard de la famille
40:30qui reste ou des victimes qui sont mutilées.
40:34Aujourd'hui, en effet, cette femme qui a connu le débarquement,
40:38qui est plus âgée encore que le débarquement,
40:41c'est l'histoire d'une femme française, en l'occurrence,
40:43qui n'a rien demandé à personne, que personne ne connaissait
40:46au-delà de ses amis et de sa famille
40:49et qui a vécu sa vie en France en construisant précisément sa famille
40:52jusqu'à 91 ans.
40:54Cette femme, elle a rencontré, je mets des guillemets,
40:57un homme étranger, vous le disiez, pakistanais en l'occurrence,
41:00que personne n'avait invité en France,
41:02qui n'avait pas le droit d'y être en vertu de la loi française,
41:06mais qui fait partie de ceux qu'il faudrait accueillir,
41:10et là aussi, je mets des guillemets,
41:11qui bénéficient d'un système idéologique, celui-là,
41:14qui est pensé pour protéger,
41:16et les mots qu'on utilise souvent sont les plus vulnérables,
41:19alors évidemment, en opposition à Betty,
41:21qui a 91 ans et qui était, de fait, extrêmement vulnérable,
41:25ça fait particulièrement mal,
41:26et d'une idéologie qui rend déjà coupable toute colère
41:30devant la répétition, précisément, de ces horreurs qui brisent des vies,
41:34et j'ajoute qu'elles les brisent toutes les vies,
41:36parce que les vies de personnes, et Marc nous en parle souvent,
41:39qui sont soi-disant accueillies et qui sont objectivement brisées,
41:42il suffit d'avoir des yeux pour le voir,
41:44elles le sont aussi,
41:45et vous le disiez, le procès de son agresseur présumé,
41:48de son meurtrier présumé,
41:49se tient à la cour d'assise en ce moment,
41:52c'est une histoire, je ne vais pas m'attarder sur les détails,
41:54qui est absolument abominable de bout en bout,
41:56elle a été retrouvée battue à mort chez elle,
41:58quasiment intégralement dévêtue,
42:00alors qu'elle ne pouvait pas le faire toute seule,
42:02c'est pour ça que dans un premier temps,
42:03il était également poursuivi pour viol,
42:05finalement il n'y a pas les preuves pour le faire,
42:07l'accusé est un Pakistanais, vous le disiez, de 25 ans,
42:09qui avait déjà été condamné pour vol avec violence,
42:11qui a reçu une OQTF,
42:13qui dit aujourd'hui se souvenir de rien de cette soirée,
42:16mais il y a son ADN dans l'appartement de cette femme,
42:19et par ailleurs il y avait son portefeuille dans sa poche
42:21quand on l'a retrouvé quelques jours après,
42:23et le reste de la nuit est faite de drogue, d'alcool,
42:26avec un voisin qui lui non plus ne se souvient plus de rien,
42:29c'est la misère totale.
42:31Une chose est sûre, Béthier est morte, vous l'avez dit,
42:33comme jamais elle n'aurait dû mourir en France,
42:35comme jamais elle n'aurait dû mourir à cet âge-là,
42:37ni à aucun autre âge évidemment,
42:39certainement pas dans ces conditions,
42:41et elle ressemble à cette cohorte de femmes,
42:43parfois vraiment très âgées,
42:45on l'a souligné plusieurs fois,
42:47qui sont agressées, parfois violées,
42:49et auxquelles on prétend s'intéresser en théorie,
42:51vous savez, les violences faites aux femmes,
42:53c'est une immense cause,
42:55on s'y intéresse en théorie,
42:57et que l'on délaisse sitôt que l'agresseur
42:59ne correspond pas à ce que l'on veut faire
43:01de cette grande cause des violences faites aux femmes.
43:03Ça marche beaucoup mieux quand il s'agit d'un patron,
43:05quand il s'agit d'un chanteur,
43:07quand il s'agit d'un acteur,
43:09quand il s'agit de quelqu'un de connu,
43:11là c'était un inconnu qui correspondait en tout point
43:13lui-même à l'image de la victime,
43:15et donc cette femme nous intéresse nettement moins.
43:17Alors évidemment la police ne la délaisse pas,
43:19elle a fait son travail,
43:21la justice ne la délaisse pas,
43:23il y a actuellement un procès en cours d'assises,
43:25l'enquête a été faite évidemment,
43:27et il y aura un prononcé.
43:29Mais il y a un système qui lui invisibilise
43:31très largement les conditions de sa mort,
43:33qui interdit par ailleurs la colère,
43:35qui condamne la réaction
43:37et la volonté de protection
43:39de plus en plus exprimée par une masse de Français
43:41qui devant la répétition de ces horreurs
43:43réclament précisément une réaction.
43:45Alors évidemment,
43:47et je le précise encore une fois,
43:49certaines femmes
43:51vivent ce même genre
43:53de calvaire sans qu'il soit question
43:55d'immigration, sans qu'il soit question de drogue,
43:57sans qu'il soit question de statut
43:59administratif, et bien sûr
44:01que toutes ces
44:03précisions ne changent rien à l'horreur
44:05que vive telle ou telle femme. Le statut administratif
44:07de leur agresseur ne change pas grand-chose
44:09à l'horreur qu'elle vive. La seule chose
44:11c'est que collectivement et politiquement
44:13au beau sens du terme,
44:15ça change une chose, c'est que
44:17factuellement, certains de ces drames
44:19auraient dû être évité si la loi,
44:21je ne parle même pas d'une discussion
44:23de changer la loi telle qu'elle est aujourd'hui,
44:25la loi que nous nous sommes donnée de manière démocratique
44:27par le biais de représentants élus du peuple
44:29n'est pas respectée et dans
44:31trop de cas quand elle n'est pas respectée,
44:33elle provoque des drames.
44:35Le seul fait de le dire est simplement factuel.
44:37Et on parle beaucoup
44:39ces jours-ci et aujourd'hui en particulier
44:41de civilisation,
44:43d'honneur, de salut, de courage et d'héroïsme
44:45et on tire
44:47par ailleurs de ce qu'il s'est passé,
44:49on en a beaucoup parlé ici, des conclusions plus ou moins
44:51manipulatrices et de l'histoire
44:53et du présent, mais il me semble
44:55assez impossible de faire semblant
44:57de ne pas voir que nous ne réagissons pas
44:59collectivement à la hauteur du
45:01drame que vivent certains aujourd'hui.
45:03Évidemment que ça n'est pas comparable
45:05au débarquement et ce que vit cette femme aujourd'hui,
45:07simplement dans notre réaction
45:09et dans le courage nécessaire à la réaction
45:11et la protection de certains parmi les
45:13plus vulnérables, nous ne sommes clairement pas
45:15à la hauteur et la seule répétition de ces horreurs
45:17nous le rappellent trop souvent.
45:19Oui, c'est vrai, peut-être que le lien abusif
45:21entre le débarquement
45:23et ce calvaire, mais quel rapport quand même ?
45:25Il n'y a évidemment pas de lien
45:27entre les deux.
45:29Il ne s'agit pas d'établir un parallèle
45:31entre même le sacrifice
45:33de tous ces hommes le jour du débarquement
45:35et ce qui nous est demandé aujourd'hui
45:37dans la réaction et dans la protection qu'ils nécessitent.
45:39Simplement, on peut constater
45:41que d'autres poursuivent
45:43l'imposition d'une idéologie d'aveuglement
45:45aujourd'hui, en se servant
45:47précisément du courage et de l'héroïsme
45:49de ceux d'hier. Mathieu nous en a
45:51parlé, Guillaume nous en a parlé, Marc
45:53nous en a parlé également.
45:55Évidemment que ces commémorations sont importantes.
45:57Il ne s'agit pas de les relativiser. Elles sont importantes pour
45:59nombre de choses et notamment précisément
46:01pour cette transmission. Elles sont même
46:03nécessaires, mais elles servent
46:05aussi des ambitions politiques ici et là.
46:07C'est inévitable dans des commémorations.
46:09Le seul fait de défendre l'idée d'un roman
46:11national est évidemment une manière
46:13politique de se servir de l'histoire pour
46:15unifier un peuple. Là, en l'occurrence,
46:17c'est vraiment dans une mesure
46:19politicienne, à la veille d'élection
46:21et c'est trop souvent le cas.
46:23Parce que des hommes ont débarqué, nous
46:25expliquons depuis quelques jours et même jusqu'à aujourd'hui,
46:27parce que des hommes ont débarqué, il faut
46:29plus d'Europe. Et on utilise le mot
46:31Europe pour entretenir une confusion volontaire
46:33entre, évidemment, la vieille Europe,
46:35c'est-à-dire un environnement
46:37civilisationnel hérité et que personne ne discute
46:39par la force des choses, il est à la fois territorial et
46:41historique, c'est indiscutable,
46:43une confusion avec l'Union Européenne telle qu'elle est aujourd'hui,
46:45ces institutions. Parce que des
46:47hommes ont débarqué, il nous faudrait
46:49être plus ouverts au monde.
46:51Il faudrait vraiment préciser ce que veut dire cette phrase
46:53parce qu'en l'occurrence, il y avait une ouverture,
46:55il y avait aussi beaucoup de fermeture dans la
46:57volonté de ceux qui débarquaient.
46:59Parce que des hommes ont débarqué, il faudrait se
47:01méfier de certains courants politiques aujourd'hui
47:03dont aucun ne se revendique
47:05de ceux contre lesquels se battaient
47:07ceux qui ont débarqué hier, je le précise
47:09quand même. Parce que des hommes ont débarqué,
47:11il faudrait soutenir l'Ukraine aujourd'hui
47:13puisque la Russie, aujourd'hui,
47:15ne serait que le prolongement de l'Allemagne
47:17nazie d'hier. Mais sur
47:19la question de l'Ukraine aujourd'hui, elle est défendue
47:21pourquoi ? En raison de ses frontières
47:23territoriales, d'une part,
47:25et en raison du courant politique
47:27que porte Vladimir Poutine depuis des
47:29années. Mais là, dans ces cas-là, l'Allemagne nazie,
47:31si elle est assimilable à Poutine, elle est assimilable
47:33à beaucoup de pays dans le monde. Il faut
47:35s'inquiéter bien au-delà de la question russe
47:37aujourd'hui, me semble-t-il. Et d'autres
47:39ne nous intéressent pas du tout, je le précise
47:41aussi. Parce que des hommes ont débarqué, il faudrait
47:43combattre l'extrême droite dans son
47:45acception aujourd'hui.
47:47Je ne sais pas où se
47:49situerait De Gaulle aujourd'hui dans ceux qui
47:51commencent l'extrême droite, à peu près à François Bayrou,
47:53mais ce serait très compliqué de nous expliquer
47:55que ceux qui ont débarqué hier combattaient
47:57l'extrême droite telle qu'elle est pensée aujourd'hui.
47:59Parce que des hommes ont débarqué, il faudrait
48:01refuser le repli sur soi.
48:03Nous expliquons. On l'a bien
48:05compris, le débarquement, il y a
48:07une commémoration nécessaire. Il est aussi
48:09aujourd'hui un prétexte pour
48:11trop de gens qui sont soucieux, ici comme
48:13ailleurs, d'imposer leur lecture idéologique
48:15de l'appréhension de la réalité.
48:17Ils se servent du débarquement pour
48:19lutter contre l'extrême droite, ce
48:21qu'ils appellent l'extrême droite,
48:23en raison de son refus notamment de l'immigration
48:25massive, et Mathieu nous en parlait, ça a été beaucoup
48:27rapporté, qui serait elle-même,
48:29ce refus-là, simplement, serait lui-même
48:31le prolongement du nazisme. Et c'est donc
48:33la raison pour laquelle le débarquement
48:35s'invite dans la question politique
48:37aujourd'hui. Mais s'il était
48:39possible d'être adulte et sérieux, deux secondes,
48:41le débarquement, on nous parle d'héroïsme,
48:43on nous parle de vie d'homme qui ont donné la
48:45leur pour que précisément on puisse vivre
48:47comme on vit aujourd'hui, tout ça est vrai.
48:49Si on est sérieux, adulte, et qu'on a un
48:51minimum de décence au moment de les
48:53évoquer, on sait que
48:55la raison du débarquement, c'est la lutte contre
48:57l'Allemagne nazie. Ils ont
48:59gagné. Ils ont gagné,
49:01justement, dans le prolongement de ce débarquement,
49:03cette lutte a été gagnée. Aujourd'hui,
49:05personne, dans le débat politique, on peut
49:07contester les idées de tel ou tel, personne
49:09ne rouvre cette bataille-là
49:11quand ils parlent même de la
49:13question migratoire, évidemment,
49:15surtout quand ils en dénoncent les effets
49:17incontrôlés, par rapport à la
49:19loi que nous nous sommes donnés
49:21tous, collectivement, aujourd'hui,
49:23sauf peut-être ceux qui refusent de le faire
49:25et qui, en invoquant
49:27ceux qui ont débarqué hier, finalement,
49:29insultent un nombre de Français incalculable
49:31qui, précisément, démocratiquement,
49:33disent en permanence leur refus
49:35de ce qu'est devenu l'absence
49:37de maîtrise de la politique migratoire.
49:39Il est vrai que
49:41certains, les évêques de France,
49:43par exemple, appellent à se souvenir
49:45du débarquement pour refuser
49:47le repli sur soi
49:49à l'approche des européennes.
49:51Comment comprendre cette lecture ?
49:53Franchement, je ne sais pas.
49:55Je suis sincère avec vous, je ne sais pas.
49:57Les évêques de France ont, en effet,
49:59publié, à l'occasion du débarquement,
50:01il y a quatre pages entières signées par des évêques
50:03qui ne nous parlent jamais, précisément,
50:05de la foi catholique. Pour des évêques,
50:07à des moments comme ça, c'est quand même assez étonnant
50:09et qui nous parlent beaucoup, justement, de tous ces mots
50:11et, en effet, ce qui a été beaucoup retenu,
50:13c'est la question du refus du repli sur soi.
50:15Très franchement, je ne sais pas ce que ça veut dire.
50:17Le refus du repli sur soi,
50:19je ne comprends pas, en fait, ce que ça veut dire,
50:21surtout à l'occasion de cette question
50:23du débarquement. Le débarquement,
50:25et d'ailleurs, beaucoup l'ont rappelé dans ces circonstances,
50:27les évêques eux-mêmes,
50:29c'est l'histoire aussi d'une guerre et d'un engagement,
50:31parfois jusqu'à la mort,
50:33contre l'idéologie qui voulait faire un homme nouveau,
50:35le nazisme, évidemment,
50:37et, dans les années qui ont suivi,
50:39et Mathieu nous le rappelait, le communisme.
50:41Alors, c'était très différemment, mais c'était
50:43ces idéologies-là. Or,
50:45les parallèles qui sont faits parfois entre le débarquement
50:47et ce qu'on vit aujourd'hui politiquement
50:49relèvent précisément de l'idéologie, c'est-à-dire
50:51qu'elles n'ont pas de prise sur la réalité
50:53de ce qui est vécu et la réalité
50:55de l'inquiétude, parfois, qui est exprimée.
50:57Or, les soldats qui ont débarqué,
50:59par exemple, ils étaient assez repliés
51:01sur l'idée qu'ils se faisaient
51:03de ce pour quoi ils pouvaient mourir.
51:05Ils étaient assez repliés dessus et, par ailleurs,
51:07ils avaient assez peu d'ouverture aux personnes
51:09contre qui ils étaient précisément en train de se battre
51:11pour préserver le modèle qu'ils voulaient transmettre
51:13à leurs enfants. Parce que c'est quand même ça,
51:15l'histoire, c'est pour ça qu'on donne sa vie.
51:17C'est pas au nom d'idées absolument
51:19abstraites. L'Ukraine, dont on parle
51:21beaucoup dans cette histoire du débarquement,
51:23il me semble que depuis quelques mois,
51:25elle est assez repliée sur elle-même.
51:27Elle est assez jalouse de ses frontières.
51:29Elle est assez accrochée à ses frontières et c'est même pour ça
51:31qu'elle appelle ses enfants
51:33à venir y mourir. Elle est assez peu
51:35ouverte sur son voisin, en ce moment, l'Ukraine.
51:37Précisément, elle se bat pour que le voisin
51:39reste le voisin et ne vienne pas
51:41s'inviter chez elle. Alors, allez imaginer
51:43que ces soldats étrangers sont venus
51:45combattre en France
51:47et que donc, en déduire que la France
51:49doit accueillir le monde entier
51:51parce qu'être ouverte sur le monde, c'est précisément
51:53accueillir ça, ça n'a aucun sens.
51:55Tous ces hommes sont venus se battre
51:57et parfois mourir pour protéger
51:59la France. Aujourd'hui, on nous fait
52:01un parallèle avec des gens qui veulent venir en France
52:03parce que la France est une chance pour eux.
52:05Non pas parce qu'ils veulent lui donner sa vie,
52:07c'est plutôt la France qui, parfois,
52:09par le biais des Français, lui donne la sienne.
52:15Merci infiniment. Merci à tous
52:17pour vos chroniques passionnantes.
52:19Avant de passer à vous, Mathieu Bocoté,
52:21parce que c'est notre dernière émission avant les élections.
52:23Lundi, on parlera
52:25du résultat des élections.
52:27La petite pépite que je voulais vous montrer,
52:29c'est Gaspard Proust
52:31sur Europe 1 qui en a parlé ce matin.
52:33Et, Charles-Alex, je vous donne la parole juste après.
52:35Regardez, écoutez, mais
52:37posez-vous pour écouter.
52:39La vidéo dont je vous parle s'intitule
52:41Prosélytisme et neutralité des professionnels.
52:43Alors, on voit un jeune rentrer
52:45dans le bureau d'une personne que la vidéo nous présente
52:47comme étant un directeur d'établissement scolaire.
52:49Écoutez donc ce savoureux dialogue
52:51en songeant toujours, évidemment,
52:53à bien bloquer le périnée.
52:55Respirez. Allons-y.
52:57Bonjour, monsieur le directeur. Bonjour, Robin.
52:59J'ai une question à vous poser. Ouais ?
53:01C'est quoi, ça, sur votre bureau ?
53:03Ah, ça ? C'est Jésus.
53:05Tu sais, Jésus, il me porte bonheur, il me guide.
53:07Il te porte bonheur à toi aussi, tu sais.
53:09Mais tu le sais pas encore.
53:11Même si tu veux, je peux t'amener
53:13à l'église dimanche pour rencontrer le prêtre.
53:15Cela pourrait te faire beaucoup de bien.
53:17Oui, chers auditeurs,
53:19vous avez bien entendu le bordel autour de la laïcité
53:21dans l'éducation nationale, l'éléphant dans la pièce
53:23de Gerard Larcher in the room.
53:25Comme disent les ricains, c'est Jesus Christ.
53:27Non mais cette vidéo,
53:29on a tous eu la même réaction hier à quand
53:31on l'a vue, on a tous cru que c'était une parodie,
53:33on a vérifié quatre fois que c'était bien une vidéo postée par le ministère.
53:35Et par ailleurs, moi, ce qui m'a fait
53:37le plus rire dans cette vidéo, c'est que non seulement
53:39l'espèce d'énorme chapelet qui a déjà vu quelqu'un
53:41porter ça, ça n'existe pas, et alors
53:43que la personne censée incarner le catholique
53:45prosélyte derrière son bureau explique
53:47que Jésus est un porte-bonheur.
53:49Je précise aux ministères de la justice que s'ils
53:51veulent rencontrer les catholiques, il en existe, des vrais,
53:53qui n'ont pas un gros chapelet autour du cou,
53:55c'est difficile à reconnaître peut-être, ils parleront jamais de Jésus
53:57comme d'un porte-bonheur. Tout est grotesque,
53:59évidemment, de bout en bout dans cette vidéo.
54:01Ils ne se distinguent pas,
54:03ils respectent la laïcité
54:05contrairement à d'autres.
54:07L'islamisme à plein nez.
54:09Oui, mais bon, qui dit les choses, qui parle.
54:11Ils n'osent pas, ils ont peur.
54:13Le catholicisme, il ne faut pas s'en prendre au catholicisme
54:15pour expliquer la peur de l'islamisme.
54:19Les élections de dimanche seraient-elles celles qui permettront
54:21de redéfinir le paysage politique
54:23des droites pour 2027 ?
54:25C'est la question que je repose Mathieu Bocoté.
54:27Dernière émission avant les élections.
54:29On verra, ça va être intéressant.
54:31Plusieurs se sont demandés, au début de cette campagne,
54:33pourquoi Bardella,
54:35Maréchal, Bellamy, se présentaient
54:37sur des listes distinctes.
54:39N'ont-ils pas beaucoup plus en commun
54:41qu'ils n'ont de différence ?
54:43Et c'était une question légitime, je crois.
54:45Au terme de cette campagne,
54:47on peut dire que les trois ont quand même
54:49marqué au sillon distinct
54:51qui confirme que chacun représente
54:53un segment particulier des droites.
54:55Jordan Bardella, qui représente
54:57assurément le pôle majoritaire des droites
54:59aujourd'hui et qui a confirmé
55:01que le RL était capable de sortir de son bassin
55:03premier délecteur et de s'étendre
55:05chez des gens qui autrefois ne lui disaient pas oui.
55:07Premier élément, ça compte.
55:09Marion Maréchal, qui est parvenue
55:11à imprimer sa propre marque sur sa campagne.
55:13On pourrait dire que, sans elle,
55:15le côté combat civilisationnel aurait été absent
55:17de la campagne. Ses interventions
55:19sur la GPA, ses interventions plus encore
55:21sur l'idéologie trans radicale
55:23qu'on impose à l'école, sa volonté de centrer
55:25le débat sur l'immigration, sans elle,
55:27ça aurait été absent.
55:29François-Xavier Bellamy, qui s'est, je crois,
55:31distingué dans la campagne à la fois par son courage
55:33et aussi par sa capacité à critiquer
55:35directement le système médiatique.
55:37J'ajoute une chose chez Bellamy,
55:39il fait partie de la droite classique,
55:41mais c'est la droite classique qui refuse
55:43de pratiquer le cordon sanitaire
55:45contre les deux autres droites dont je viens
55:47de parler, à la différence de plusieurs
55:49chez les LR qui ont l'impression
55:51que les deux autres droites, ce sont des fascistes.
55:53Donc, il y a quelque chose d'intéressant,
55:55il y a un bloc majoritaire,
55:57potentiellement majoritaire, qui pourrait émerger,
55:59qui est sorti de ses élections européennes,
56:01mais avec trois identités suffisamment
56:03distinctes pour qu'on puisse dire
56:05que pour que ce bloc émerge, pour qu'il puisse
56:07compter, chacune de ses parts
56:09doit pouvoir poursuivre son histoire
56:11et ne pas disparaître le soir du
56:139 juin, à tout le moins d'un point de vue
56:15extérieur, on pourrait dire que chacune de ses composantes
56:17représente quelque chose à part entière.
56:19Ensuite, chacun à ses préférences.
56:21Alors, projetons-nous le 10 juin,
56:23date de notre prochaine émission Face à l'info,
56:25ces droites sont-elles appelées
56:27à coopérer politiquement
56:29ou sont-elles condamnées à la guerre
56:31civile politique?
56:33Faisons une petite leçon d'histoire. 1981,
56:35quelles gauches prennent le pouvoir?
56:37C'est un programme commun,
56:39c'est une alliance des gauches qui vont
56:41au-delà de leur division et qui savent qu'elles
56:43représentent plusieurs segments
56:45et qui savent se rassembler.
56:47Prenons la droite classique pendant longtemps,
56:49RPR-UDF, deux droites qui ne s'entendaient
56:51pas surtout, mais qui savaient
56:53forger un bloc potentiellement majoritaire
56:55à cette époque. Aujourd'hui,
56:57le bloc centriste, qui est très important,
56:59qui rassemble à la fois le modem
57:01Édouard Philippe, mais aussi la gauche,
57:03la macronie, le macronisme est né à gauche,
57:05ne l'oublions pas, et qui ont su travailler
57:07politiquement ensemble. La question de savoir
57:09si le bloc national parvient à se constituer,
57:11s'il ne s'effondre pas encore une fois,
57:13on n'en sait jamais, s'il parvient à exister,
57:15est-ce qu'il y parviendra
57:17en rassemblant ces trois morceaux,
57:19les trois morceaux de robots, comme il dirait,
57:21autour de la table? Mais pour cela,
57:23pour être capable de les rassembler,
57:25il doit être capable de reconnaître
57:27leur légitimité distincte et non pas
57:29les amputer. Autrement dit,
57:31personne ne doit dire que c'est moi seul
57:33la droite et les autres n'existent pas.
57:35On va voir si vous en sont capables,
57:37c'est loin d'être certain, mais ces trois
57:39identités distinctes sont apparues pendant
57:41cette campagne, nul ne pourrait dire que
57:43l'une d'entre elles est inutile.
57:45On va suivre tout ça, et lundi dans la journée,
57:47rendez-vous lundi soir à 19h, tout de suite,
57:49l'heure des pro 2, avec Pascal Praud.
57:53Sous-titrage Société Radio-Canada