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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 - 19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:00:04 Charlotte Dornelas est de retour. Ça y est, tout va bien.
00:00:07 - Ça va, Charlotte ? - Vous allez pouvoir le tweeter ?
00:00:10 - Oui. J'aime bien parce que c'est plus à la mode, puisque Twitter n'existe plus.
00:00:15 - Ah ! - Mettez-moi vos messages.
00:00:17 - Je vous vois pas avec Mark Riggs, donc.
00:00:19 - C'est un style de chat.
00:00:21 - Chut. Simon Guilain. Bonsoir. L'info du soir.
00:00:26 - Bonsoir, Christine. Et bonsoir à tous, chers téléspectateurs,
00:00:29 l'humoriste Guillaume Meurice a été suspendu par Radio France.
00:00:32 Dimanche, il a réitéré ses propos polémiques tenus fin octobre
00:00:35 sur le Premier ministre israélien Benhamin Netanyahou.
00:00:38 L'humoriste de France Inter est dans l'attente d'une nouvelle sanction
00:00:41 pouvant aller jusqu'au licenciement.
00:00:43 L'Assemblée nationale approuve la création d'une commission d'enquête
00:00:46 sur les violences sexuelles dans le cinéma.
00:00:48 Les députés ont adopté à l'unanimité cette proposition
00:00:51 initiée par l'écologiste Francesca Paschini.
00:00:54 Présente dans l'hémicycle aujourd'hui, l'actrice Judith Godrej,
00:00:57 qui est devenue l'une des figures de proue de la lutte
00:01:00 contre les violences sexuelles, n'a pas caché son émotion.
00:01:03 Et puis, la famille de Mathis souhaite une marche blanche solidaire
00:01:06 et dans un esprit serein samedi à Châteauroux.
00:01:09 Cette adolescente de 15 ans a été tuée à coups de couteau
00:01:12 le 27 avril dernier. Son agresseur a été mis en examen
00:01:15 et placé en détention provisoire, chère Christine.
00:01:18 - Merci beaucoup, mon cher Simon.
00:01:21 Et au sommaire ce soir, l'Europe est en danger de mort.
00:01:24 Le président de l'Etat, Emmanuel Macron,
00:01:27 a dit que la meilleure façon de construire ensemble
00:01:30 c'est d'avoir le moins de nationalistes possible.
00:01:33 Aujourd'hui, nous nous pencherons avec précision
00:01:36 sur ce sujet de l'Europe. Allons-nous vers une majorité
00:01:39 de droite ou conservatrice au Parlement de Bruxelles
00:01:42 le 9 juin au soir? Qu'est-ce que cela peut changer?
00:01:45 Ce Parlement est-il un vrai Parlement?
00:01:48 Quelles sont les droites du Parlement européen?
00:01:51 Voici un petit extrait de l'article de Guillaume Bidoux.
00:01:54 Alors qu'Emmanuel Macron veut mettre l'arme nucléaire française
00:01:57 au service de l'Europe, alors que le chef de l'Etat déclare
00:02:00 que tous les nationalistes européens sont des brexiteurs cachés
00:02:03 en visant le rassemblement national, il explique que confier
00:02:06 l'Europe à la droite nationale, c'est comme confier la banque
00:02:09 au braqueur. Que veut Emmanuel Macron?
00:02:12 Pourquoi milite-t-il pour une Europe fédérale?
00:02:15 Pourquoi cet effacement de la France au service de l'Europe?
00:02:18 Pourquoi le rassemblement national
00:02:21 est en tête aux européennes? Pourquoi la droite nationale
00:02:24 fait-elle peur à Emmanuel Macron? Nous nous arrêterons
00:02:27 sur les nouveaux conservateurs en Europe. La droite nationale
00:02:30 est au pouvoir en Pologne, en Hongrie, en Suède,
00:02:33 en Italie avec Giorgia Meloni. En Allemagne,
00:02:36 la FD monte en puissance. Au Portugal, le parti Chega
00:02:39 lui aussi est en progression. Pourquoi la droite nationale
00:02:42 progresse-t-elle en Europe? Le regarde Marc Menand.
00:02:45 Quelles sont les différences
00:02:48 de vision de l'Europe entre RN et
00:02:51 Reconquête? Pourquoi des différences
00:02:54 sont-elles significatives? Comment les comprendre?
00:02:57 Reconquête joue le vote du courage
00:03:00 et des convictions. Le RN joue celui
00:03:03 du vote utile. Reconquête, RN,
00:03:06 les frères ennemis, le décryptage de Charlotte Dornelas,
00:03:09 le retour. Et puis alors que les
00:03:12 manifestations pro-palestiniennes déstabilisent les démocraties
00:03:15 occidentales, qu'en est-il au sein de l'Europe?
00:03:18 En Allemagne, en France, ces manifestations se multiplient.
00:03:21 Nos sociétés au sein de l'Union Européenne, devenues
00:03:24 multiculturelles, tendent-elles à être des sociétés
00:03:27 multiconflictuelles? Va-t-on
00:03:30 vers une sorte de libanisation de l'Europe?
00:03:33 La Palestine from the river to the sea ou bien
00:03:36 la Palestine des mondes lorals à l'Atlantique,
00:03:39 coup de poing de Guillaume Picu.
00:03:42 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur la qualité avec nos
00:03:45 mousquetaires en pleine forme. Allez, c'est parti.
00:03:48 Où étiez-vous comme ça, Charlotte?
00:04:03 Je suis allée à Cameroun, à Aubagne. J'ai beaucoup pensé à vous.
00:04:06 C'est vrai, c'était bien. On a parlé de vous aussi.
00:04:09 J'ai croisé quelques téléspectateurs de Face à l'Info.
00:04:12 Merveilleux. En tout cas, on est content
00:04:15 de vous retrouver.
00:04:18 On parlera enfin un petit tour de table ce soir, même si on va beaucoup parler de l'Europe.
00:04:21 Enfin un petit tour de table à propos de Guillaume Meurisse et ce que nous
00:04:24 avons appris ce soir à propos
00:04:27 de ce tumoriste de France Inter qui a
00:04:30 été suspendu par Radio France
00:04:33 après avoir répété ses propos
00:04:36 sur Netanyahou. D'abord, Emmanuel Macron
00:04:39 fait la une des économistes en criant une fois encore que
00:04:42 l'Europe est en danger de mort. Il déclare
00:04:45 "la meilleure façon de construire ensemble, c'est d'avoir le moins de nationalistes
00:04:48 possibles", déclare-t-il. Nous allons nous poser toutes les questions
00:04:51 ce soir au sein de cette émission sur la droite et l'Union Européenne.
00:04:54 D'abord, Guillaume Picu, va-t-on
00:04:57 vers une révolution conservatrice ?
00:05:00 Une vague patriote identitaire
00:05:03 au sein du Parlement européen ?
00:05:06 Suspense. En fait,
00:05:09 on ne peut pas vraiment... C'est très dangereux de faire des prévisions
00:05:12 en général quand on est un politologue, en particulier
00:05:15 quand il y a aussi proche d'un scrutin, parce que vous savez que les sondages
00:05:18 ce n'est pas le scrutin. Mais enfin, on va quand même essayer
00:05:21 de jouer le jeu et pour comprendre ce qui peut se passer, on va commencer par partir
00:05:24 disons de la photographie de 2019, c'est-à-dire le Parlement
00:05:27 européen actuel, et commencer par constater
00:05:30 que le Parlement européen actuel, tel qu'il va fonctionner jusqu'au
00:05:33 9 juin prochain, eh bien la droite, si on additionne
00:05:36 tous les partis de droite, vous voyez le PPE, parti de centre-droit,
00:05:39 ECR, les conservateurs identitaires,
00:05:42 ID, populistes identitaires et les non-inscrits, si on additionne
00:05:45 tous ces gens-là, sur 705 sièges,
00:05:48 la droite représente 305 sièges, donc pas de majorité.
00:05:51 Qu'est-ce qui s'est passé en 2019 ? Une poussée
00:05:54 de Rignoud, le parti centriste européen,
00:05:57 une poussée déjà du parti populiste
00:06:00 ID, une poussée
00:06:03 déjà des conservateurs identitaires ECR.
00:06:06 Alors ID, c'est Identité et Démocratie,
00:06:09 Rassemblement National se raccroche à Identité et Démocratie, comme
00:06:12 la Ligue italienne, la Lega, comme la FD allemande.
00:06:15 ECR sont les conservateurs et réformistes, dont
00:06:18 Fratelli Italia de Madame Mélanie, et dont
00:06:21 le parti espagnol Vox, Droits et Justices en Pologne.
00:06:24 Et pour être clair encore, pour nos téléspectateurs, le PPE
00:06:27 c'est bien sûr la formation traditionnelle
00:06:30 de centre-droit et LR est raccroché
00:06:33 au PPE. Et en fait, ce qui s'est passé,
00:06:36 il faut y revenir en 2019, c'est toujours le Parlement européen
00:06:39 actuel, c'est que normalement, depuis les élections au Parlement
00:06:42 européen depuis 1979, le centre-droit
00:06:45 qu'elle se raccroche, donc le PPE, et le centre-gauche
00:06:48 la social-démocratie, avait toujours eu la majorité. Là, pour la première fois,
00:06:51 tremblement de terre en 2019, plus de majorité.
00:06:54 Donc comment ils ont fait ? Ils ont déjà été obligés de se réunir.
00:06:57 Ils ont fait une grande coalition, comme ce qu'on voit assez souvent
00:07:00 en Allemagne d'ailleurs. Mais le soutien
00:07:03 à Ursula von der Leyen, qui elle-même est du PPE, n'a pas été
00:07:06 obtenu que par cette coalition. Ils se sont alliés à RIGNOU
00:07:09 d'un côté, et ils se sont alliés aussi aux écologies.
00:07:12 Donc on a eu une gigantesque alliance, ils ont centre-gauche,
00:07:15 centre-droit, RIGNOU, et vert.
00:07:18 Alors la question qu'on peut se poser à partir de cette photographie du Parlement
00:07:21 européen aujourd'hui, c'est à quoi ça peut ressembler demain ?
00:07:24 Ah, ça, ça nous intéresse.
00:07:27 C'est vrai. Non, non, pas du tout.
00:07:30 Il faut partir de Constanze pour savoir où on va.
00:07:33 Très bien. Qu'est-ce que ça pourrait donner ? Alors, si on agrège
00:07:36 les sondages, voilà ce que ça pourrait donner. Donc là, c'est une agrégation
00:07:39 de tous les sondages. D'abord, on voit que
00:07:42 l'ECE a gonflé considérablement son score.
00:07:45 Après, le PPE qui serait à peu près stable
00:07:48 finalement, le parti de LR à l'échelle européenne, ça donne PPE,
00:07:51 serait à peu près stable, il perdrait quelques voix.
00:07:54 l'IDE va augmenter, l'ECR va augmenter.
00:07:57 Et RIGNOU va se contracter finalement.
00:08:00 Donc l'ECR, où il y aurait Reconquête,
00:08:03 Frères d'Italie, etc., devrait
00:08:06 augmenter. Donc on le voit à l'image. Oui, c'est ça. Tous les sondages indiquent
00:08:09 que l'ECR est en augmentation, l'IDE est en augmentation,
00:08:12 le PPE stagne. Il dérient le RN. Exactement, on se contracte.
00:08:15 Et donc, la majorité va nécessairement changer.
00:08:18 C'est ce que tous les sondages indiquent. Enfin, en tout cas, numérique, si on additionne
00:08:21 les voix. Autrement dit, on n'aura pas de
00:08:24 ras-de-marée, si vous voulez, conservateur, identitaire,
00:08:27 de droite, on n'aura pas un ras-de-marée, mais on aura quand même cette fois-ci
00:08:30 une majorité. Parce qu'on va passer à 720 sièges.
00:08:33 Alors, pourquoi 705, 720 ? Parce qu'il y a eu un petit changement démographique
00:08:36 en Europe, donc on a ajusté le nombre de parlementaires, et la droite
00:08:39 représentera 396 sièges sur 720.
00:08:42 Quand je dis la droite, c'est l'addition de PPE.
00:08:45 Voilà, l'addition de PPE, l'addition,
00:08:48 on le voit maintenant, donc le centre droit NR,
00:08:51 ECR, dont Reconquête, et ID, dont le Rassemblement
00:08:54 national. Si on additionne tout ça, ça sera normalement la majorité
00:08:57 du Parlement européen de demain. Très intéressant. Je regarde
00:09:00 ce qu'il y a à l'antenne avec ce qu'on a
00:09:03 actuellement, et ce que ça devrait donner, donc avec
00:09:06 les projections des sondages, et on voit
00:09:09 voilà, c'est très intéressant, vous avez fait une très très très belle...
00:09:12 - Une poussée de droite, mais pas un ras-de-marée, en clair. - Une poussée de droite, mais pas un ras-de-marée.
00:09:15 Alors, vous nous dites que la droite va gagner, mais que cela
00:09:18 implique qu'elle... Est-ce que cela implique, pardon, qu'elle va
00:09:21 gouverner en Europe ? On a beaucoup de questions, on verra aussi
00:09:24 avec Charlotte, la différence entre ERN, Reconquête,
00:09:27 on verra aussi avec Marc, la poussée des néoconservateurs
00:09:30 au niveau de l'Union européenne. - Alors, pour répondre à cette question,
00:09:33 non, en fait, non, et en fait pour deux raisons très simples à comprendre.
00:09:36 La première raison, c'est que ce n'est pas le Parlement européen
00:09:39 qui a le pouvoir de faire un peu de défaire,
00:09:42 ils peuvent mettre un veto ou une sorte de censure
00:09:45 de la Commission européenne, ils n'ont pas le pouvoir de faire la Commission.
00:09:48 La Commission européenne, elle est choisie en réalité par le Conseil
00:09:51 européen, et le Conseil européen sont les représentants
00:09:54 des gouvernements à l'intérieur du Conseil qui décident
00:09:57 et qui vont choisir en fait la Commissaire
00:10:00 européenne, le ou la Commissaire européenne, demain.
00:10:03 Donc, le Parlement européen va avaliser, va voter, mais
00:10:06 ce n'est pas eux qui vont choisir, et ça, c'est fondamental à comprendre,
00:10:09 même si, je répète, le Parlement européen a un droit de veto.
00:10:12 Voilà la raison pour laquelle ce n'est pas parce qu'il y a un changement
00:10:15 au Parlement européen que ça va automatiquement enclencher un changement
00:10:18 à la Commission européenne. La deuxième raison, c'est parce qu'au sein
00:10:21 du Parlement européen, il va y avoir des alliances. C'est une cuisine parlementaire
00:10:24 qui est assez classique, on en a moins l'habitude parce qu'on est plus sous la 4e ou la 3e République.
00:10:28 Non mais j'aime bien parce que personne n'en parle et c'est très très important d'expliquer ça.
00:10:31 C'est fondamental. Je pense que cette cuisine parlementaire, encore une fois,
00:10:35 elle existe dans tous les Parlements. Notamment en Israël, on voit bien
00:10:38 comment des tout petits partis peuvent faire ou défaire la majorité, etc.
00:10:41 Et cette cuisine parlementaire, et là, il y a plein de questions
00:10:44 qui vont se poser. Donc, si on sait à peu près qui va
00:10:47 monter et qui va descendre et à quoi va ressembler la majorité, on ne sait pas
00:10:50 comment cette majorité va se constituer, comment
00:10:53 avec des légaux, en quelque sorte, politiques, ça va se constituer.
00:10:56 Prenons un exemple. Le parti de Viktor Orbán.
00:10:59 Le parti de Viktor Orbán qui est très important, qui a la majorité hongrie,
00:11:02 parti qui va avoir des représentants hongrois au Parlement européen,
00:11:05 avec qui ils vont s'allier ? Ils étaient il y a longtemps dans le PPE.
00:11:08 Ils ne sont plus dans le PPE. Est-ce qu'ils vont s'allier à ECR,
00:11:11 le fameux parti auquel se raccroche Reconquête ? Peut-être que oui, peut-être que non.
00:11:14 ECR, finalement, est devenu assez européiste avec Mme Mélanie.
00:11:17 Ils sont devenus aussi très pro-Ukraine. M. Orbán, il n'est pas très pro-Ukraine.
00:11:20 Compliqué. Est-ce que ECR va s'allier avec ID ?
00:11:23 C'est-à-dire le parti de Reconquête au Parlement européen va s'allier
00:11:26 avec le parti de Jordan Bardella au Parlement européen ? Peut-être que oui, peut-être que non.
00:11:29 Est-ce que ECR, ID et le PPE,
00:11:32 c'est possible ? Donc finalement,
00:11:35 LR, RN et Reconquête vont s'allier au Parlement européen ?
00:11:38 C'est possible. Par contre,
00:11:41 ils n'auront probablement pas de majorité.
00:11:44 Donc il faudra qu'ils s'allient. Mais avec qui ? Avec Renew ? Ça devient complètement
00:11:47 vertigineux. Parce qu'on imagine demain Jordan Bardella
00:11:50 voter avec les macronistes pour soutenir L'Ursula von der Leyen.
00:11:53 C'est complètement fou. Alors, pourquoi c'est aussi bizarre ?
00:11:56 Je répète, il y a quelque chose qui est dû au parlementarisme, mais il y a quelque
00:11:59 chose qui est renforcé par la dimension supranationale
00:12:02 de ce Parlement. Ce qui fait que les partis
00:12:05 ne sont pas les mêmes au Parlement européen et ne sont pas les mêmes dans
00:12:08 les pays. Et on le voit très bien en France. Nos partis,
00:12:11 si on prend les trois partis de droite, ils ont un discours à l'égard des électeurs français
00:12:14 et ils vont sans doute faire tout à fait autre chose. Prenons un exemple.
00:12:17 LR d'abord. François-Xavier Benhamy, il se targue
00:12:20 de ne pas avoir voté pour Ursula von der Leyen.
00:12:23 Il dit "oui, alors le PPR, c'est vrai,
00:12:26 a soutenu Ursula von der Leyen, mais on peut être fier du fait
00:12:29 que LR n'a pas soutenu Ursula von der Leyen". Très bien, mais au Parlement
00:12:32 européen, pardon mon garçon, mais tu seras PPR quand même.
00:12:35 Et comme tu es relié
00:12:38 au PPE,
00:12:41 c'est le PPE, mais ça ne change pas le raisonnement.
00:12:44 En réalité, il sera tout de même PPE. Donc comme il sera au PPE,
00:12:47 son parti va peut-être soutenir Ursula von der Leyen ou pas le soutenir.
00:12:50 Mais vous voyez, il y a bien un décalage. Le RN,
00:12:53 c'est la même chose. La stratégie de dédiabolisation du RN
00:12:56 est brillante, elle est achevée en France.
00:12:59 Mais ils vont se retrouver avec qui au Parlement européen ? Pas tout à fait achevée en France.
00:13:02 C'est un avis, mais je pense
00:13:05 qu'il y a beaucoup de... Elle est avancée. Si on regarde ça sur le long terme,
00:13:08 les politologues se disent que c'est un parti qui est maintenant...
00:13:11 Enfin, il n'y a vraiment que les macronistes pour parler de Dark Républicain.
00:13:14 Ils sont au pouvoir, justement. Exactement. Et ce n'est peut-être pas sans lien.
00:13:17 Donc, en fait, finalement, le RN va peut-être se retrouver demain
00:13:20 avec des partis comme l'AFD, qui sont ses alliés,
00:13:23 et qui eux, pour le coup, sont loin d'être dédiabolisés. Et d'ailleurs, ils sont isolés
00:13:26 et mis de côté. Reconquête, quelle est la chanson que nous
00:13:29 chante Reconquête, si j'ose dire, sur le terrain électoral en France ?
00:13:32 Ils disent "écoutez, le RN, c'est quand même un parti qui est maintenant
00:13:35 à gauche sur le plan économique, etc. Nous, on n'est plus à droite."
00:13:38 Ah bon ? Mais au Parlement européen, vous vous retrouverez sans doute
00:13:41 dans une formation ECR qui est en fait moins à droite
00:13:44 que idée où va se retrouver le RN.
00:13:47 Donc, on va jouer finalement à front renversé. Reconquête, à mon avis,
00:13:50 n'adhère pas à cette stratégie de l'arc républicain pour isoler
00:13:53 le RN à Paris. Ah, par contre, ils sont très contents de ça
00:13:56 à Bruxelles, parce qu'ils disent "justement, si vous votez pour nous,
00:13:59 on sera dans un parti qui, lui, n'est pas isolé."
00:14:02 Il est valide, au plan européen, ce qu'il déteste au plan national.
00:14:05 Donc, vous voyez, tous les partis sont dans ce grand écart
00:14:08 parce que la vie politique nationale n'est pas du tout la vie politique
00:14:11 intra-européenne au sein du Parlement européen qui est suspendue dans l'air.
00:14:14 Très intéressant tout ça.
00:14:17 Le Parlement européen, est-ce qu'il est comparable
00:14:20 au Parlement nationaux ? Est-il aussi démocratique
00:14:23 que les Parlements nationaux ?
00:14:26 Écoutez, soit on est pro-européen,
00:14:29 on est européiste et on a tout à fait le droit et on dira
00:14:32 de manière honnête que ce Parlement, c'est un embryon de Parlement,
00:14:35 c'est un Parlement en devenir. Si on est souverainiste,
00:14:38 que je suis, comme vous le savez, on dira que c'est quand même
00:14:41 un simulacre de Parlement. Pourquoi dans les deux cas,
00:14:44 qu'on soit européiste ou pas européiste ? D'abord, un Parlement contrôle
00:14:47 l'exécutif. Là, le contrôle de l'exécutif, il y a des questions écrites,
00:14:50 il y a des questions orales que les parlementaires européens peuvent poser à la Commission,
00:14:53 mais en fait, le pouvoir de contrôle de la Commission est très faible.
00:14:56 Le Parlement européen, c'est peut-être la clé.
00:14:59 Un Parlement, il décide ce sur quoi il légifère.
00:15:02 On disait du parlementarisme anglais, le Parlement anglais peut tout faire
00:15:05 sauf changer un homme en femme. Enfin, c'est plus tout à fait vrai aujourd'hui,
00:15:08 mais de toute façon. Eh bien là, le Parlement européen, il ne peut pas choisir
00:15:11 ses sujets. Il n'a pas le pouvoir d'initiative. Qui décide
00:15:14 ce sur quoi il se prononce ? La Commission européenne
00:15:17 a le monopole de l'initiative. Ensuite,
00:15:20 le Parlement européen, il ne vote pas complètement le budget
00:15:23 en réalité. Ça, c'est l'origine du parlementarisme.
00:15:26 No taxation without representation. C'est ça la base du parlementarisme.
00:15:29 Eh bien, en fait, en dépense,
00:15:32 le Parlement européen se prononce sur des dépenses, mais en réalité,
00:15:35 le budget est établi dans un processus assez long,
00:15:38 assez complexe, assez peu transparent. Et on recette. Alors là,
00:15:41 il ne touche pas à une cacahuète puisque c'est réglé par les traités et c'est
00:15:44 uniquement le Conseil européen qui a la main. Finalement, pour terminer,
00:15:47 dans l'architecture globale de l'Union européenne, institutionnelle,
00:15:50 on peut dire que 1) le Parlement n'est pas au cœur et 2) l'ensemble
00:15:53 n'est pas très démocratique. La Commission a des pouvoirs exorbitants,
00:15:56 la Commission n'est en rien démocratique. Le Conseil européen,
00:15:59 oui, c'est constitué de gouvernements qui sont normalement démocratiques
00:16:02 dans leur pays, mais ils votent entre eux. Autrement dit, c'est des démocraties
00:16:05 indirectes. Quant au Parlement européen, il n'a que peu
00:16:08 de pouvoir, mais en réalité, il est assez peu représentatif.
00:16:11 J'espère l'avoir montré. Il y a un débat au sein du Parlement
00:16:14 européen, des partis au sein du Parlement européen, mais ça ne se
00:16:17 reflète pas dans la vie démocratique européenne parce qu'il n'y a pas
00:16:20 de peuple européen. Et quand quelqu'un est élu au Parlement européen,
00:16:23 en général, il faut déclencher une alerte en réveillement parce qu'on n'en entend plus
00:16:26 généralement beaucoup parler. Et dernier point, peut-être le plus
00:16:29 essentiel, toute la vie démocratique européenne se déroule à l'intérieur
00:16:32 d'un cadre très strict qui est celui des traités.
00:16:35 Et à l'intérieur de ces traités, vous ne pouvez pas faire grand-chose.
00:16:38 J'aime bien parce que ça rappelle un peu votre livre
00:16:43 qui sort demain. On marche sur la tête
00:16:46 aux éditions Artilleur.
00:16:49 C'est ça ? - Exactement. - Que vous avez écrit avec
00:16:52 vous, politologue et un juriste, un avocat, pour passer
00:16:55 au scanner l'Europe et expliquer
00:16:58 que l'Europe fait marcher les peuples
00:17:01 des différents pays européens sur la tête
00:17:04 qui pilotent la machine, quelles sont les vraies intentions de nos décideurs.
00:17:07 Vous avez emmené un livre pour chacun. Je vais l'emmener.
00:17:10 Faites passer jusqu'au moins vilain.
00:17:13 - Voilà, tenez mon carmat. Très intéressant.
00:17:16 Ce livre sort demain, on a bien compris quand vous êtes
00:17:19 votre regard sur l'Europe.
00:17:22 Mais on va se raccrocher un peu à Emmanuel Macron parce que à la fois
00:17:25 vous êtes contre l'Europe, à la fois on a
00:17:28 le président de la République qui milite
00:17:31 absolument pour une Europe fédérale
00:17:34 et Gabriel Cluzel, la question qu'on a envie de se poser
00:17:37 on l'a vu avec Guillaume Bigoud, avec Mathieu Bocoté, comment
00:17:40 l'arme nucléaire il veut la partager, on a vu son discours de la soeur Bonnevra
00:17:43 Revoir un peu la vision
00:17:46 d'Emmanuel Macron, pourquoi milite-t-il
00:17:49 pour une Europe fédérale ?
00:17:52 - Oui, alors ce qui saute aux yeux depuis longtemps c'est que Emmanuel Macron
00:17:55 trouve le costume France étriqué.
00:17:58 Vous savez, il y a des maires dont on se dit "il est à l'étroit dans sa ville
00:18:01 il se rêve un destin national", bien lui il est à l'étroit dans son
00:18:04 pays, il se rêve un destin supranational et donc
00:18:07 européen, je me sens à l'aise dans le cadre européen, vous savez
00:18:10 il m'a toujours rappelé cette chanson de Michel Deschperges, on dirait que ça
00:18:13 dienne de marcher dans la boue, on dirait que ça dienne de marcher avec nous
00:18:16 - Faut que tu me le fasses ! - Non, non, je m'épargne les oreilles
00:18:19 - Retenez-vous, Martha
00:18:22 - Et là c'est pas le Loir-et-Cher, donc c'est la France
00:18:25 mais moi j'ai toujours été persuadée
00:18:28 qu'Emmanuel Macron, en son fort intérieur, trouvait moins
00:18:31 fasciste que Plouc, quoi qu'il en dise, les électeurs du RN
00:18:34 accrochés à leur drapeau tricolore
00:18:37 pour lui, ce qui le comble du
00:18:40 chic, c'est l'Europe
00:18:43 Alors, "Europe fédérale", c'est un mot tabou parce qu'il fait peur en France
00:18:46 dans notre grand pays qui tient
00:18:49 à sa souveraineté, déjà en 1962
00:18:52 Raymond Haron parlait de "fédéralisme
00:18:55 clandestin", mais aujourd'hui c'est un peu
00:18:58 pour Macron la formule de Gambetta à propos
00:19:01 de l'Alsace-Lorraine, il pensait toujours
00:19:04 n'en parler jamais. En réalité,
00:19:07 Emmanuel Macron rêve de toujours plus d'intégration européenne
00:19:10 et d'Europe fédérale, et le mot
00:19:13 qui cache l'Europe fédérale, c'est en réalité
00:19:16 la souveraineté européenne
00:19:19 Et "toujours plus d'Europe", c'est une vraie idéologie
00:19:22 Je ne sais pas si vous avez remarqué ça avec les vieux communistes
00:19:25 quand vous leur dites "écoutez, ton truc, ça a foiré
00:19:28 à la moitié des pays qui ont appliqué le communisme, ça a été une catastrophe"
00:19:31 et bien, il vous explique que c'est pas parce que
00:19:34 il n'y a pas eu assez de communisme
00:19:37 justement, c'est souvent des gouvernants qui ont trahi
00:19:40 le communisme chimiquement pur, donc en fait
00:19:43 il aurait fallu plus de communisme pour que ça fonctionne
00:19:46 Emmanuel Macron avec l'Europe, c'est un peu ça, c'est-à-dire qu'il considère
00:19:49 que l'Europe, ce n'est pas
00:19:52 une réussite, en tout cas beaucoup d'européens
00:19:55 le constatent et le disent dans les urnes
00:19:58 mais lui, il considère qu'il faut encore plus
00:20:01 d'Europe, et il n'a
00:20:04 aucun bilan sur les échecs
00:20:07 pas tant européens, pour lui, il ne faut absolument pas revenir en arrière
00:20:10 Alors, il faut rappeler qu'en ce sens, il a longtemps, tout jeune
00:20:13 qu'il soit, jeune pour un président en tout cas, il a longtemps été en phase
00:20:16 avec son électorat âgé, donc on dit âgé
00:20:19 parce que c'est un électorat qui est né sur les décombres
00:20:22 de guerres fratricides qui envoyaient
00:20:25 se faire tuer toute la fine fleur européenne
00:20:28 il faut bien le dire, qui a été biberonné
00:20:31 au libéralisme glorieux dans une Europe
00:20:34 fondée sur le commerce, la communauté
00:20:37 européenne du charbon et de la ciesse, qui était dès l'origine
00:20:40 convertie au capitalisme anglo-saxon, elle ne voyait pas
00:20:43 pourquoi le mondialisme aurait été un problème
00:20:46 donc elle était tout à fait en phase
00:20:49 avec Emmanuel Macron
00:20:52 Mais l'Europe c'est un mot ambigu Emmanuel Macron, est-ce qu'il n'use pas
00:20:55 justement de cette ambiguïté derrière l'Europe ?
00:20:58 Oui, complètement, l'Europe c'est un mot qui a plusieurs
00:21:01 significations, alors Paul Valéry, vous le savez, la situation
00:21:04 est connue, il disait, est absolument européenne, toute terre
00:21:07 qui a été successivement romanisée, christianisée
00:21:10 est soumise, quant à l'esprit, à la discipline des grecs
00:21:13 et de fait, l'Europe est à la confluence de Athènes
00:21:16 Rome et Jérusalem, elle est à la fois le produit
00:21:19 l'Europe au sens ancien du terme
00:21:22 originel du terme, elle est à la fois le produit d'une
00:21:25 philosophie et d'une religion, c'est la foi et la raison, c'est ce qui fait son originalité
00:21:28 parce qu'en principe ça devrait être antinomique
00:21:31 en fait c'est des forces qui se sont jointes
00:21:34 comme les contreforts d'une cathédrale pour faire monter la flèche
00:21:37 européenne
00:21:40 Cette Europe, c'est l'Europe dont la reine Victoria pouvait se prévaloir
00:21:43 d'être la grand-mère, vous savez, on disait qu'elle était la grand-mère de l'Europe
00:21:46 c'est l'Europe de Victor Hugo, qu'on dit le grand-père
00:21:49 de l'Europe, vous savez, il disait dans son discours de la paix
00:21:52 en 1849, un jour viendra
00:21:55 où la guerre paraîtra aussi
00:21:58 absurde entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin
00:22:01 entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible
00:22:04 et qu'elle paraîtrait absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens
00:22:07 entre Boston et Philadelphie, donc c'est vraiment
00:22:10 l'Europe séduisante de la paix, des synergies économiques
00:22:13 de la communauté culturelle et civilisationnelle
00:22:16 c'est une Europe évidemment
00:22:19 qui ne fait pas peur. Sauf qu'on a bien compris que
00:22:22 l'Union Européenne c'est pas ça. C'est pas du tout ça
00:22:25 l'Union Européenne c'est un
00:22:28 léviathan, mouvant, technocratique
00:22:31 sans adhésion populaire, dont les dirigeants n'ont pas été élus d'ailleurs
00:22:34 sans identité culturelle, on a refusé sciemment
00:22:37 d'y inscrire ses racines chrétiennes
00:22:40 et aux contours géographiques étirables à l'infini
00:22:43 on est passé de 6 à 27, sans parler des nombreux
00:22:46 pays sur le seuil, que Victor Hugo n'aurait jamais eu
00:22:49 l'idée saugrenue de qualifier d'européen. Si tout est Europe
00:22:52 rien n'est Europe, donc
00:22:55 ce qui est le plus triste et le plus terrible je trouve c'est que l'Union Européenne
00:22:58 bras de les frères entiers, qu'ont payé de leur
00:23:01 vie ceux à la mémoire
00:23:04 desquels s'est créé l'Europe de la paix, voyez on disait
00:23:07 cette Europe, on a dit plus jamais ça après ces deux guerres fratricides
00:23:10 et bien si on brade ces frontières
00:23:13 ça voudrait dire qu'ils seraient morts pour rien
00:23:16 et le plus
00:23:19 comique si ce n'était pas tragique, c'est que l'Europe de la paix
00:23:22 devient contre toute attente de plus en plus belliqueuse
00:23:25 on a des épiciers qui veulent devenir des soldats
00:23:28 et l'idée, même l'idée
00:23:31 qu'unis, parce que ça c'est vraiment aussi un lieu commun, qu'unis l'Europe
00:23:34 serait plus forte, pourrait s'opposer aux gros blocs comme les Etats-Unis et la Chine
00:23:37 même ça c'est un peu en train de s'effondrer
00:23:40 et beaucoup d'Européens le comprennent, déjà parce que la Suisse
00:23:43 qui convenons-en est un petit pays
00:23:46 s'en sort plutôt mieux que nous et puis
00:23:49 en fait à l'origine l'Europe de Monet et de Schuman a été
00:23:52 voulue par les Etats-Unis dans le cadre
00:23:55 de la guerre froide mais aussi pour constituer
00:23:58 un marché commun qui pourrait
00:24:01 lui permettre de constituer un débouché pour sa
00:24:04 production et il y a jusqu'à la
00:24:07 tentation messianique de s'étendre à l'infini
00:24:10 et d'étendre à l'infini, vous voyez ces fameuses values
00:24:13 ces valeurs européennes qui sont devenues une sorte de
00:24:16 décalogue mondiale, où elle l'étendra tout
00:24:19 jusqu'au sud global qu'il déteste, eh bien c'est bien
00:24:22 les Etats-Unis qui ont insufflé cet esprit
00:24:25 aux Européens. - A quoi voit-on le fédéralisme
00:24:28 obstiné d'Emmanuel Macron ? On en parle
00:24:31 juste après la pause, on verra aussi avec Charlotte Dornelas
00:24:34 la différence entre RN reconquête
00:24:37 la vision de l'Europe de ces deux parties.
00:24:40 On marque une pause, à tout de suite.
00:24:43 Retour sur le plateau de face
00:24:46 à l'info, on parle beaucoup de l'Europe ce soir
00:24:49 Emmanuel Macron a fait la une-deuxième économiste en disant que
00:24:52 l'Europe est en danger de mort et la France, chut, on en parle pas
00:24:55 mais nous on en parle. Et Emmanuel Macron déclare
00:24:58 "la meilleure façon de construire ensemble, c'est d'avoir le moins de nationalistes
00:25:01 possible". Question pour vous Gabrielle Cluzel
00:25:04 à quoi voit-on le fédéralisme obstiné
00:25:07 si je puis me permettre, d'Emmanuel Macron ?
00:25:10 - Alors à 1000 indices, mais dont la liste suivante ne saurait être exhaustive
00:25:13 parce que c'est très compliqué de faire le tour. Alors, il y a quand même
00:25:16 des points très simples et frappants. Tout d'abord, il ne parle que de
00:25:19 la souveraineté européenne. Exit la souveraineté française
00:25:22 alors je vous en joins à aller écouter son discours de la Sorbonne
00:25:25 récent, mais j'allais dire ces deux discours de la Sorbonne
00:25:28 puisqu'il y en a eu un aussi en 2017. Vous savez, on accuse
00:25:31 Macron d'être inconstant, d'avoir des sincérités successives
00:25:34 et dans le même temps, ben la une constance, c'est celle-là
00:25:37 c'est sa constance européenne, ça il ne bouge pas
00:25:40 d'un iota. Et puis ce sont ses amis
00:25:43 qui en parlent le mieux. En janvier dernier à Davos, Emmanuel Macron
00:25:46 a été présenté par Klaus Schwab, le fondateur du Forum
00:25:49 économique mondial, comme un leader dont le cœur bat
00:25:52 pour l'Europe. Et de fait, au cours de son intervention
00:25:55 là-bas, il n'a été question là encore que de souveraineté
00:25:58 européenne et pour aller toujours plus loin
00:26:01 dans cette souveraineté. Puis évidemment, l'épisode
00:26:04 ce n'est pas neutre parce que c'est un symbole très fort du drapeau
00:26:07 européen déployé par deux fois à trois mois d'intervalle
00:26:10 sous l'arc de triomphe au mépris des usages
00:26:13 une fois pour célébrer la présidence française du Conseil de l'Union
00:26:16 européenne et une autre fois à l'occasion du sommet de l'Union
00:26:19 européenne à Versailles. Et puis il y a cette obstination
00:26:22 qui est très frappante à ne prendre aucune décision
00:26:25 sans avoir l'aval de l'Union
00:26:28 européenne. Moi j'ai été très frappée
00:26:31 pour la crise sanitaire et puis même encore pour la crise
00:26:34 agricole. Emmanuel Macron est allé chercher ses
00:26:37 ordres, entre guillemets, auprès de Ursula von der Leyen
00:26:40 au coeur de la crise. - Ça pour envoyer les troupes en Ukraine
00:26:43 je fais même la parenthèse.
00:26:46 - Et puis on l'a vu aussi pour la crise
00:26:49 de l'électricité. Nous ne sommes pas sortis du marché commun
00:26:52 européen et tant pis si nous avions les moyens, nous autres français
00:26:55 de payer notre électricité moins chère.
00:26:58 Et puis il pousse le candidat fédéraliste
00:27:01 si l'en est, Mario Drahi, l'ancien président de la BCE
00:27:04 pour remplacer Ursula von der Leyen
00:27:07 qui est très impopulaire. Alors on peut
00:27:10 citer une liste à l'infini. Il a milité avec les députés
00:27:13 de Renews pour la réouverture de la Convention des institutions.
00:27:16 Il pousse pour l'extension
00:27:19 des domaines très stratégiques du vote à la majorité
00:27:22 qualifiée et non plus à l'unanimité, ce qui est
00:27:25 extrêmement important. Et puis il plaide
00:27:28 dans le discours de la sœur Bonne
00:27:31 pour une intégration de la défense, toujours plus importante.
00:27:34 Vous l'avez dit, ça c'est vraiment le dernier coup d'éclat, pour un partage
00:27:37 de l'arme nucléaire, une mutualisation de cet instrument
00:27:40 de souveraineté s'il en est.
00:27:43 Mais rappelons que si la dissuasion nucléaire est précieuse, elle a un coût.
00:27:46 Moi j'ai envie de dire qu'elle n'appartient pas à Emmanuel Macron.
00:27:49 Ce sont tous les contribuables par leur sacrifice
00:27:52 qui sont arrivés à construire cette dissuasion
00:27:55 nucléaire et pendant ce temps, les Allemands par exemple faisaient autre chose.
00:27:58 Les Allemands construisaient leur industrie et je crois qu'ils n'ont pas
00:28:01 proposé de la partager avec nous, sauf erreur de ma part.
00:28:04 Donc vous voyez, c'est une mutualisation qui paraît
00:28:07 bien légère.
00:28:10 On pourrait en parler pendant des heures, parce que je crois que l'aviez dit d'ailleurs
00:28:13 Guillaume, la dissuasion en multipliant les décisionnaires
00:28:16 alors est-ce que c'est toi ou moi, t'es d'accord ?
00:28:19 On appuie sur le bouton, ils sont 27. - A la majorité qualifiée peut-être.
00:28:22 - Oui, alors peut-être à la majorité qualifiée.
00:28:25 Et quand même très diluée. Et puis de même que la notion
00:28:28 d'intérêts vitaux, c'est quoi les intérêts vitaux de la nation ?
00:28:31 De l'Europe ? Enfin ça devient extrêmement compliqué.
00:28:34 Et l'étape suivante, moi je vous fiche mon billet,
00:28:37 c'est le partage, parce que ça a déjà été évoqué, c'est le partage
00:28:40 du siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
00:28:43 C'est ce qu'avait proposé en 2018, sans vergogne,
00:28:46 Olaf Scholz.
00:28:49 A l'époque il était vice-chancellier.
00:28:52 La mutualisation avec l'Union Européenne et le droit de vote
00:28:55 afférent. - De veto même.
00:28:58 - Le droit de veto, pardon, excusez-moi. Le droit de veto afférent.
00:29:01 Alors il avait dit quand même, Olaf Scholz, que la France
00:29:04 avait refusé, parce que c'est vraiment
00:29:07 quelque chose d'éminemment fort pour la France,
00:29:10 qu'elle a gagné de hautes luttes
00:29:13 à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
00:29:16 Alors Olaf Scholz avait dit être parfaitement conscient d'avoir un grand
00:29:19 travail en perspective pour convaincre. Donc vous voyez, c'est un travail
00:29:22 de longue haleine. Et moi, je vais vous dire, on parle toujours
00:29:25 du couple franco-allemand.
00:29:28 Eh bien, écoutez, c'est un couple sadomaso et le problème, c'est que le
00:29:31 maso, c'est la France. - Dernière question,
00:29:34 Gabrielle, en quelques secondes.
00:29:37 L'Europe est mortelle ? Elle peut mourir ?
00:29:40 A dit Emmanuel Macron, je disais, elle a une deuxième économiste.
00:29:43 Et lors de son intervention à la Sormone. - Exactement.
00:29:46 Alors là aussi, je crois qu'il a joué vraiment sur l'ambiguïté.
00:29:49 Que faisait-il allusion ? Vous savez, c'est Paul Valéry
00:29:52 aussi qui a dit "Nous autres civilisations, nous savons que nous sommes mortelles".
00:29:55 Eh bien, c'était à l'Europe en tant que
00:29:58 civilisation, cette fibre romantique
00:30:01 qu'il faisait appel. Mais vous savez, si l'Union européenne cette fois
00:30:04 est mortelle, eh bien, il aura peut-être à ne s'en prendre qu'à lui-même le rôle
00:30:07 d'être Emmanuel Macron parce que
00:30:10 en multipliant ces signes d'intégration,
00:30:13 par exemple, cette majorité qualifiée qui est étendue,
00:30:16 il va faire peur à nombre de pays
00:30:19 qui ne vont voir pour celui-ci que des exits.
00:30:22 Et ça, ça pourra peut-être
00:30:25 signer la fin de l'Union européenne et il ne saura s'en prendre qu'à lui-même.
00:30:28 Pourquoi le
00:30:31 RN est en tête aux européennes ? Pourquoi
00:30:34 la droite nationale fait-elle peur à Emmanuel Macron ?
00:30:37 Nous allons nous arrêter sur les nouveaux
00:30:40 conservateurs en Europe avec vous, Marc Menon. La droite nationale
00:30:43 est au pouvoir en Pologne, en Hongrie, en Suède,
00:30:46 en Italie, en Allemagne, elle monte, ainsi
00:30:49 qu'au Portugal. Pourquoi la droite nationale progresse-t-elle
00:30:52 en Europe ? Alors déjà,
00:30:55 on pourrait se poser la question, avant que l'Europe soit mortelle,
00:30:58 est-ce que la France n'est pas mortelle ? Est-ce qu'on ne va
00:31:01 pas assister aux funérailles dans la France
00:31:04 si l'on continue dans certaines directions ?
00:31:07 C'est intéressant l'analyse parce que
00:31:10 quand on prend les différents
00:31:13 partis, dits de droite ou d'extrême droite,
00:31:16 et qu'on tente un effet loop pour voir
00:31:19 qui ils sont, quels sont les éléments
00:31:22 qui feraient qu'on ait un même enthousiasme,
00:31:25 un même programme, une même logique,
00:31:28 ce n'est pas si évident que cela.
00:31:31 Alors, pour justifier, à mon sens,
00:31:34 la montée de ces nationalismes,
00:31:37 il faut retenir comme point essentiel
00:31:40 l'immigration, la sur-immigration,
00:31:43 cette immigration qui fait que
00:31:46 les gens vivent un quotidien
00:31:49 qui ne correspond pas à ce qu'ils attendaient
00:31:52 d'une vie dans laquelle ils avaient
00:31:55 une culture qui les animait. Et puis,
00:31:58 il y a, dans la même filiation,
00:32:01 un islam qui devient extrêmement prégnant,
00:32:04 c'est le thème de l'islam politique qui a de plus en plus
00:32:07 d'antrisme et qui fait qu'au quotidien,
00:32:10 quand vous vous promeniez il y a quelques années dans la rue,
00:32:13 il n'y avait pas des femmes voilées à tous les coins de rue,
00:32:16 il y a de plus en plus d'hommes aujourd'hui qui portent des tenues
00:32:19 affichant clairement, non pas une origine ethnique,
00:32:22 mais une volonté
00:32:25 de se positionner en religieux.
00:32:28 Et puis, on l'a évoqué plusieurs fois la semaine dernière,
00:32:31 le fait que dans les entreprises,
00:32:34 il y a de plus en plus de revendications pour
00:32:37 des temps de prière pour tout un chacun
00:32:40 en fonction de sa religion. Alors, il est évident
00:32:43 que quand on a la fibre républicaine,
00:32:46 on ne peut être que dans un rejet.
00:32:49 Et comme les gauches en tant que telles,
00:32:52 elles se sont nourries du wokisme,
00:32:55 qu'elles ont en quelque sorte
00:32:58 réalisé cette montée d'une contre-culture,
00:33:01 d'un contre-culture, il est certain
00:33:04 qu'elles sont là un peu en panique ces foules. Elles se disent
00:33:07 "mais où peut-on trouver le petit espoir qui nous permettrait
00:33:10 de rester, non pas dans une identité ?"
00:33:13 Ça veut dire quoi une identité ? D'abord parce que là, ça prête à confusion
00:33:16 puisque ceux qui viennent en contre-culture revendiquent
00:33:19 une identité. Et nous, on revendique aussi une identité.
00:33:22 Quelle est l'identité de l'identité qui sera l'identité ?
00:33:25 Vous imaginez, enfin, c'est un monde de fou !
00:33:28 "Rémon, reviens avec nous, éclaire-nous un peu." Je parlais de De Vos.
00:33:31 Et il est évident que là, on est dans une situation
00:33:34 qui est intenable, alors. De façon peut-être
00:33:37 caricaturale, les gens vont vers le parti
00:33:40 qui leur donne cette sensation
00:33:43 de voir la petite étincelle dans le tunnel.
00:33:46 Alors, la dernière illustration, elle se trouve où ?
00:33:49 Au Portugal.
00:33:52 Le Portugal, c'est quand même une dictature. Il y a eu
00:33:55 deux grandes dictatures. Nous oublions les nazis, etc.
00:33:58 Mais dans le XXe siècle,
00:34:01 deux grandes dictatures qui ont marqué,
00:34:04 fractionné les pays pendant des décennies.
00:34:07 C'est l'Espagne avec Franco
00:34:10 et puis c'est le Portugal avec Salazar.
00:34:13 Et ce qui fait que quand ces pays ont émergé,
00:34:16 qu'ils sont sortis, qu'ils ont vu ce parfum de liberté,
00:34:19 qu'enfin ils pouvaient se laisser aller
00:34:22 à quelques manifestations d'enthousiasme
00:34:25 dans les rues, eh bien il est évident
00:34:28 que personne ne votait pour ce que l'on appelait
00:34:31 l'extrême droite, ce qui pouvait être dans le
00:34:34 Rolando de Salazar ou de Franco.
00:34:37 Et bien, que s'est-il passé, là, aux élections ?
00:34:40 On avait arrivé à un monsieur qui s'appelle André Ventura
00:34:43 dont le parti se nomme Chega.
00:34:46 Assez ! Assez ! Et que dit
00:34:49 notre André Ventura ? D'abord, il s'est lancé
00:34:52 dans la politique il y a peu de temps. Il était là,
00:34:55 c'était un prof de droit, d'abord, après, il a été
00:34:58 inspecteur du fisc, c'est pas ce qui vous rend populaire,
00:35:01 inspecteur du fisc, en général, si vous vous présentez,
00:35:04 les cartons, ils restent de côté.
00:35:07 Non, ben, lui, il va réussir, pourquoi ? Alors, le petit point
00:35:10 qui pouvait le rendre populaire, c'est qu'il était un fan de football.
00:35:13 Et on lisait ses commentaires du Benfica.
00:35:16 Et puis, il y avait aussi
00:35:19 cette idée d'une identité,
00:35:22 mais cette identité qui est de voir un Portugal
00:35:25 échapper à toutes les submersions
00:35:28 telles qu'elles se produisent. Alors, il y a même des
00:35:31 submersions qui viennent de chez nous, les retraités qui vont
00:35:34 s'installer là-bas au Portugal
00:35:37 et qui s'accaparent les petits coins de paradis
00:35:40 aux dépens des Portugais. Alors, il dit
00:35:43 "c'est formidable, notre succès".
00:35:46 Il a terminé 3e la désélection, 3e avec
00:35:49 18%. Il y a 5 ans, ce personnage était
00:35:52 totalement inconnu. C'est-à-dire, vous vous rendez compte,
00:35:55 c'est d'une fulgurance incroyable, cette percée.
00:35:58 Et avec des propos parfois très extrêmes
00:36:01 qui pourraient déranger et se dire "mais quand même".
00:36:04 Oui, il a interpellé, par exemple, une députée
00:36:07 qui est historienne, qui est noire
00:36:10 et qui vient de Guinée-Bissau. Alors, vous savez,
00:36:13 la Guinée-Bissau faisait partie de ces pays
00:36:16 colonisés par le Portugal. Il y a eu le Mozambique,
00:36:19 il y a eu le Cap-Vert, etc.
00:36:22 Et il dit, cette femme qui
00:36:25 demandait éventuellement à ce que l'on fasse une sorte
00:36:28 d'état de patrimoine
00:36:31 de Guinée-Bissau qui était exposé
00:36:34 dans les musées au Portugal, de dire "il y a une partie qui doit
00:36:37 revenir chez nous". Il a dit "dehors qu'elle retourne dans son
00:36:40 pays d'origine". On pourrait penser que ça choque.
00:36:43 Eh bien, à la fin, ce qui ressort, c'est
00:36:46 cet espoir de voir simplement
00:36:49 la possibilité d'exister
00:36:52 selon une culture et de ne pas sentir
00:36:55 cette submersion. N'oublions pas également
00:36:58 ce qui s'est passé en Espagne, et ça a frisé
00:37:01 le Portugal. C'est les 8 siècles
00:37:04 de pénétration islamique.
00:37:07 Alors on peut dire qu'il y a des monuments fabuleux, etc.
00:37:10 Il y a une créativité architecturale
00:37:13 qui a marqué ces pays, mais c'était surtout le fait
00:37:16 que l'on n'était plus chez soi. Alors ces éléments-là
00:37:19 sans doute occupent l'ensemble des
00:37:22 Européens. On pourrait parler en Suède. La Suède,
00:37:25 l'espoir d'une gauche utopiste
00:37:28 qui était la référence pour tout à chacun
00:37:31 et qui voit aujourd'hui l'extrême droite
00:37:34 dans une percée à un endroit
00:37:37 où on n'aurait jamais pu songer que cela
00:37:40 soit possible. – Et ça veut aussi dire en creux
00:37:43 que les partis politiques actuels
00:37:46 qu'ils ont testés ne répondent pas à leurs interrogations.
00:37:49 – Bien sûr, c'est ce que je vous dis, c'est le refuge.
00:37:52 C'est presque... On ne veut même pas savoir
00:37:55 ce qu'il y a dans le détail. On se dit "il y a quand même quelque chose".
00:37:58 – Merci beaucoup pour votre regard.
00:38:01 Avant de parler des différences entre RN,
00:38:04 Reconquête et leur vision de l'Europe,
00:38:07 enfin un temps de table. Je vous le disais tout à l'heure,
00:38:10 c'est un guillaume Meurice puisque l'humoriste a été suspendu
00:38:13 par Radio France après avoir répété
00:38:16 ses propos sur Benhamin Netanyahou.
00:38:19 C'est lui-même qui l'a annoncé sur son compte Twitter,
00:38:22 pour un entretien préalable en vue d'une éventuelle sanction disciplinaire
00:38:25 pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de son contrat.
00:38:28 Alors vous vous rappelez qu'il avait dit
00:38:31 que Benhamin Netanyahou était un nazi sans prépuce.
00:38:34 Réaction, Gabrielle Cluzel.
00:38:37 – Écoutez, je vois que Guillaume Meurice...
00:38:40 – Là, pardonnez-moi, on voit qu'il tweet à propos de la liberté d'expression.
00:38:43 – Non mais je suis frappée de voir,
00:38:46 là à gauche c'est Guillaume Meurice, à l'extrême gauche,
00:38:49 découvrir ce qu'est la liberté d'expression.
00:38:52 Le problème c'est que c'est comme le cholestérol,
00:38:55 il y a la bonne liberté d'expression et la mauvaise liberté d'expression.
00:38:58 En fait c'est leur liberté d'expression qu'ils défendent,
00:39:01 mais en réalité quand il s'agit de défendre celle des autres,
00:39:04 je peux vous dire que la phrase de Voltaire, elle est bien loin.
00:39:07 Et je vois du reste beaucoup de gens sur lesquels il a craché
00:39:10 qu'il le défende ce soir et je me dis, bah écoutez, panache.
00:39:13 – Et oui, il a réitéré donc ses propos
00:39:16 parce que ça avait été classé sans suite,
00:39:19 il a réitéré ses propos dimanche.
00:39:22 – C'est classé sans suite, alors théoriquement on a…
00:39:25 voilà c'est classé sans suite et lui il fait une suite.
00:39:28 – Oui, exactement.
00:39:30 – Il y va tout seul.
00:39:32 En fait, comment dire, moi je suis tout à fait contre
00:39:35 la judiciarisation de ces sujets dans une démocratie saine,
00:39:41 dans une agora, les idées doivent circuler,
00:39:43 les paroles doivent circuler, etc.
00:39:46 Par contre, un employeur, oui, peut considérer
00:39:49 que des propos vont porter atteinte à l'image,
00:39:52 et là en l'occurrence du service public.
00:39:54 Oui, le service public c'est quelque chose qui doit réunir tout le monde.
00:39:57 Donc des propos aussi dérangeants,
00:39:59 peut-être que c'est gênant le service public.
00:40:01 Par contre, je ne comprends pas pourquoi on a porté plainte en réalité.
00:40:04 – Il y a deux choses, il y a cette question de liberté d'expression,
00:40:07 on en a beaucoup parlé, notamment par le biais du livre qu'il avait écrit,
00:40:10 où Mathieu nous en avait parlé, parce qu'en effet,
00:40:12 Guillaume Meurice avait l'air de s'étonner dans son livre
00:40:14 que des gens soient poursuivis en France pour des propos qu'ils ont tenus.
00:40:18 Alors, il n'est pas le premier, on ne l'a pas entendu pour les autres,
00:40:22 et je pense qu'on ne l'entendra pas demain non plus pour certaines autres personnes.
00:40:25 Ça c'est sûr, ça joute à ses propos, en plus le fait qu'il est un humoriste,
00:40:29 que la justice déteste poursuivre, parce que qui décide de ce qui est drôle,
00:40:33 à quel moment et avec quelles limites, c'est une question qui est légitime d'ailleurs.
00:40:37 Mais la troisième chose, par ailleurs, c'est aussi le comportement.
00:40:40 Il y a une plainte qui a été déposée, il n'avait pas été suspendu à l'époque,
00:40:43 elle est classée sans suite, donc la justice s'en débarrasse,
00:40:46 et il le redit, et là il y a un comportement qui est différent.
00:40:49 Donc, on se dit à la fois qu'il faut attendre les décisions de justice,
00:40:51 en même temps quand elles sont rendues, du coup elles n'ont pas d'impact non plus.
00:40:54 Tout est un peu gênant dans cette histoire, en fait,
00:40:56 parce que les comportements s'adaptent vraiment en permanence.
00:40:59 Je pense que c'est en effet pour des raisons éditoriales,
00:41:01 le service de public qui est probablement à Radio France,
00:41:04 n'avait pas du tout envie de s'embêter avec une deuxième polémique sur les mêmes propos.
00:41:08 Il y a un petit côté provocateur, un peu solitaire,
00:41:11 et un manque de solidarité avec son entreprise,
00:41:14 mais bon, c'est vrai que de quel côté qu'on le prenne,
00:41:16 on aimerait bien que Guillaume Meurice élargisse sa réflexion.
00:41:18 Il ne s'est pas étonné que Jean-François Aquillie soit renvoyé.
00:41:21 Alors, voilà, il s'occupe uniquement de sa chapelle.
00:41:25 Moi, je suis pour la liberté d'expression, je ne vais pas m'étendre,
00:41:28 je suis en écho avec mes camarades.
00:41:30 Parce que quand vous êtes humoriste, ouvert au grand public,
00:41:34 je pense qu'on peut rester dans un certain cadre.
00:41:37 On a la chance d'avoir des journaux satiriques,
00:41:39 comme le Canard en Charnay, Charlie Hebdo,
00:41:41 là on peut être dans l'outrance pour l'outrance.
00:41:44 Mais à un moment donné, quand on s'adresse au très grand public,
00:41:48 et là, moi ça ne me fait pas rire,
00:41:50 mais bon, on ne veut pas savoir ce qui fait rire ou pas,
00:41:52 mais je pense qu'il y a quelque chose de grinçant,
00:41:55 et pas grinçant dans le bon sens,
00:41:57 je ne vois pas l'espace de liberté que ça ouvre,
00:41:59 or la caricature doit ouvrir une liberté.
00:42:02 Oui, l'outrance n'est pas l'insulte,
00:42:04 et la liberté d'expression est encadrée, les limites,
00:42:06 comme on a dit hier encore, apologie pour le terrorisme,
00:42:09 incitation à la haine, insulte, etc.
00:42:11 La première qualité de l'humour, c'est d'être drôle, en l'occurrence,
00:42:13 c'est même pas drôle.
00:42:14 Ça c'est un problème beaucoup plus large que le humorisme.
00:42:17 On a vu que le Rassemblement national,
00:42:20 évidemment caracole en tête des sondages pour les européennes,
00:42:23 selon le sondage Opinion Way,
00:42:25 Reconquête prendrait encore deux points,
00:42:27 serait à huit points depuis l'arrivée de Sarah Knafo, a priori.
00:42:33 Charlotte Dornelas, on va se poser une question clé ce soir.
00:42:37 Certains électeurs, qui commencent évidemment à s'intéresser très sérieusement aux élections,
00:42:42 demandent souvent quelle différence entre RN et Reconquête,
00:42:46 comment la comprendre ?
00:42:48 Alors, c'est vrai que la première question,
00:42:50 elle se pose sur le terrain du positionnement politique en France,
00:42:54 c'est-à-dire des sujets, des différents sujets que vous prenez de la vie politique française,
00:42:58 et elle se pose, et là je vais un peu écho à ce que disait Guillaume tout à l'heure,
00:43:01 elle se pose parfois de manière extrêmement différente dans le rapport à l'Union européenne,
00:43:05 et surtout dans le rapport de force,
00:43:07 et donc dans ce qu'il est possible de faire en tant que parlementaire européen.
00:43:10 Donc on va commencer par les divergences.
00:43:12 Par exemple, il y en a une qui était assez évidente,
00:43:14 il y a évidemment des points communs entre ces deux parties,
00:43:17 il y en a même avec François-Xavier Bellamy,
00:43:19 qui est encore un autre sujet que les LR.
00:43:21 Donc vous voyez, tout ça est très composite, on va dire,
00:43:24 et on l'a vu aux dernières élections présidentielles,
00:43:27 par exemple dans la hiérarchie de l'importance,
00:43:30 dans la manière de s'adresser aux Français sur le terrain migratoire,
00:43:33 il y a une inquiétude partagée entre ces deux parties,
00:43:35 c'est le moins qu'on puisse dire, pas forcément dans les outils,
00:43:38 pas forcément dans les manières d'en parler simplement par exemple.
00:43:41 Éric Zemmour est arrivé en politique en portant Reconquête
00:43:44 en parlant premièrement de la question civilisationnelle,
00:43:47 donc des conséquences civilisationnelles de l'immigration.
00:43:50 Et on a vu que la grande Marine Le Pen a continué à assumer
00:43:53 cette question-là en la mettant derrière la question du pouvoir d'achat.
00:43:57 Donc il y avait une différence dans la manière de s'adresser aux Français,
00:44:00 dans la question de l'urgence, dans la manière de concevoir aussi
00:44:03 l'urgence politique.
00:44:05 Ensuite, on a plusieurs questions qui opposent ces deux partis,
00:44:08 on a évidemment la stratégie politique,
00:44:11 Marine Le Pen a beaucoup progressé ces dernières années
00:44:14 en ne parlant ni de droite ni de gauche, mais en faisant une union.
00:44:17 Vous avez eu plusieurs noms qui sont arrivés,
00:44:20 Éric Zemmour est arrivé dans la vie politique en parlant d'union des droites
00:44:23 uniquement, donc il voulait vraiment unir d'un côté
00:44:26 de l'échec politique avec une base.
00:44:29 Ensuite, on a le rapport à l'islamisation ou à la laïcité.
00:44:32 Alors, ça a l'air d'aller ensemble, mais c'est deux choses différentes.
00:44:35 Qu'entre Reconquête affirme que l'islam par exemple n'est pas
00:44:38 compatible avec la République ou avec la France et que les musulmans
00:44:41 peuvent l'être, mais pas l'islam, il se place sur un terrain
00:44:44 civilisationnel. Marine Le Pen l'avait dit dans une interview
00:44:47 où Jordan Bardella l'a répété il y a quelques jours,
00:44:50 il ne croit pas, ni l'un ni l'autre, au choc des civilisations.
00:44:53 Ce n'est pas une question de civilisation, c'est une question
00:44:56 d'encadrement par le biais de la laïcité, c'est pour ça que je dis
00:44:59 qu'il y a une conception différente entre les deux.
00:45:02 La question de la remigration, on a vu Marine Le Pen demander des comptes
00:45:05 à son allié européen justement, l'AFD allemande,
00:45:08 qui parlait de remigration.
00:45:11 Remigration, ça peut vouloir dire beaucoup de choses.
00:45:14 Quand vous expliquez, et que vous êtes ministre de l'Intérieur par exemple,
00:45:17 que les gens clandestins aujourd'hui en France ont vocation
00:45:20 à retourner dans leur pays, on peut y voir une forme de
00:45:23 remigration, c'est-à-dire de migration à l'envers. Est-ce que vous parlez
00:45:26 de gens de la troisième génération, vous ne parlez pas exactement de la même chose,
00:45:29 de gens qui viennent d'arriver qui sont clandestins, de gens qui sont
00:45:32 arrivés mais qui sont en situation légale, ce mot peut recouvrir énormément
00:45:35 de situations différentes, mais on a vu au moment où l'AFD en parlait,
00:45:38 Marine Le Pen demander des comptes à son allié européen et Reconquête
00:45:41 assumer précisément ce mot et cette idée.
00:45:44 Donc là aussi, il y a une différence de stratégie, le terrain économique
00:45:47 évidemment, on a Marion Maréchal-Le Pen
00:45:50 qui est aujourd'hui tête de liste Reconquête,
00:45:53 parlait encore récemment de l'assistanat, interroger le financement
00:45:56 public des syndicats, interroger même le droit de grève
00:45:59 dans la fonction publique, c'est évidemment pas le discours,
00:46:02 certainement pas la manière de le présenter
00:46:05 au rassemblement national qui, il y a peu de temps,
00:46:08 refusait par exemple des contreparties sur le RSA.
00:46:11 Donc vous voyez entre le discours sur l'assistanat et celui-ci,
00:46:14 il y a de véritables différences et le rapport aux questions qu'on appelle
00:46:17 sociétales, éthiques, bioéthiques, appelez-les comme vous voulez,
00:46:20 Marine Le Pen avait dit lors de la dernière élection présidentielle
00:46:23 qu'elle voulait un moratoire sur ces questions qui divisent,
00:46:26 disait-elle inutilement, le pays, donc elle voulait
00:46:29 que pendant quelques années, pendant qu'on s'occupait de questions
00:46:32 éthiques de fond, on n'arrive pas là, il n'y a pas de consigne de vote
00:46:35 par exemple sur ces sujets au sein du Rassemblement National,
00:46:38 on l'a vu sur l'ouverture de la PMA, sur l'IVG dans la Constitution,
00:46:41 probablement demain sur la question de l'euthanasie,
00:46:44 reconquête à une ligne beaucoup plus assumée d'opposition
00:46:47 très ferme sur ces sujets-là, et enfin, vous le disiez,
00:46:50 le rapport à l'Europe, là on voit bien qu'il y a quelque chose
00:46:53 de commun entre ces deux parties, c'est le positionnement
00:46:56 par rapport à ce qu'est l'Union Européenne aujourd'hui.
00:46:59 On sent qu'il y a un positionnement dans cette Union Européenne
00:47:02 qui est contraint en réalité dans ces deux parties,
00:47:05 c'est-à-dire de dire "ça ne fonctionne pas comme on voudrait que ça fonctionne,
00:47:08 on veut défendre une souveraineté nationale et donc une primauté
00:47:11 du droit national sur le droit européen", on le retrouve d'ailleurs
00:47:14 aussi dans le discours chez les LR depuis quelques années,
00:47:17 mais en revanche, "elle existe telle qu'elle aujourd'hui,
00:47:20 donc nous voulons vouloir peser", ça c'est quand même un discours
00:47:23 qu'on retrouve très clairement chez ces différentes droites.
00:47:26 - Et c'est vrai que c'est là où on voit l'opposition frontale,
00:47:29 on voyait avec Emmanuel Macron. Alors, vous évoquiez donc
00:47:32 une position commune en tout cas, perçue comme telle
00:47:35 sur l'immigration, notamment au niveau européen,
00:47:38 donc c'est ça leur véritable point commun, RNE.
00:47:41 - C'est d'ailleurs pour ça, il n'y a qu'à voir comment les ennemis vous désignent,
00:47:44 ou les adversaires en l'occurrence, sur le terrain politique, mais tout ça
00:47:47 est de loin appelé l'extrême droite par les autres, notamment en raison
00:47:50 de la question de l'immigration et du rapport, en effet,
00:47:53 à la place de l'islam, la manière dont on le pense,
00:47:56 et notamment sur le terrain culturel et politique.
00:47:59 Donc c'est évidemment ça qui les désigne et ce qui fait leur point commun.
00:48:02 D'ailleurs, pendant toute la campagne électorale, on s'est demandé qui est le plus à droite,
00:48:05 qui a dépassé par la droite, et est-ce qu'ils sont les plus à droite,
00:48:08 et est-ce qu'ils sont envoyés, donc c'était vraiment sur ce terrain-là que ça se jouait.
00:48:11 Et d'ailleurs, en période électorale, vous voyez que l'imbroglio
00:48:14 qu'il y a eu entre Reconquête et le RN,
00:48:17 et même avec participation parfois des LR,
00:48:20 c'est fait sur le vote du pacte de Marrakech,
00:48:23 ils s'accusaient les uns les autres d'être plus ou moins immigrationnistes,
00:48:26 ce qui probablement faisait impérieur lors des adversaires politiques
00:48:29 qui ne les définissent que comme des opposants à l'immigration.
00:48:32 Vous voyez aussi, il y a le rapport en période électorale,
00:48:35 il y a une distance qui est plus ou moins grande par rapport au sujet, évidemment, qu'on traite.
00:48:38 Mais ce qui est vrai, c'est que pour le RN, pour Reconquête,
00:48:41 et même pour le LR, en tout cas version François-Xavier Bellamy
00:48:44 dans les différentes prises d'opposition qu'il a prises,
00:48:47 dans ce terrain-là et par rapport à l'Union européenne,
00:48:50 il y a de véritables points communs dans la manière de le concevoir.
00:48:53 La première chose, c'est qu'ils veulent, quand ils parlent de reprendre le contrôle des frontières,
00:48:56 ils ne le pensent pas comme Emmanuel Macron ou comme les défenseurs du pacte de Marrakech,
00:49:01 puisque eux pensent que pour reprendre le contrôle,
00:49:04 il faut commencer par savoir les fermer et donc qu'elles soient établies,
00:49:08 et par ailleurs, ils défendent une double frontière "française" et européenne,
00:49:12 c'est-à-dire les frontières extérieures de l'Union européenne.
00:49:15 On a le RN qui nous parle de blocus maritime,
00:49:18 Marion Maréchal parlait de blocus naval, donc du côté de Reconquête,
00:49:22 François-Xavier Bellamy expliquait qu'il fallait forcer les ONG,
00:49:26 une fois qu'elles portaient secours au bateau,
00:49:28 à pouvoir les rapatrier dans les ports sur les plus proches
00:49:31 et non pas les débarquer en Europe, comme l'obligent aujourd'hui les traités,
00:49:35 et notamment Genève.
00:49:37 Donc vous voyez que sur le rapport même à l'existence des frontières,
00:49:41 ensuite il y a la question de la vision de Frontex, là aussi vous voyez,
00:49:44 nous sommes en période électorale, Fabrice Leggeri a rejoint la liste
00:49:48 du Rassemblement national, et du côté de Reconquête et du côté des ALR,
00:49:52 on s'est dit que c'est étonnant que le RN revendique la présence de Fabrice Leggeri,
00:49:57 puisqu'ils ont beaucoup critiqué Frontex, Jordan Bardella a beaucoup critiqué Frontex,
00:50:01 mais si on va jusqu'au bout, Fabrice Leggeri lui-même a démissionné de Frontex,
00:50:06 parce que pour l'argument qu'ils ont tous les trois en commun, encore une fois,
00:50:11 c'est-à-dire que Frontex doit être une force de garde-frontière,
00:50:15 et non pas une force d'accompagnement de la migration,
00:50:18 et c'est ce qu'avait dit Fabrice Leggeri au moment où il avait rejoint le RN,
00:50:22 il critiquait la Commission européenne, qui lui demandait précisément
00:50:25 d'être une force d'accompagnement, beaucoup plus que de contrôle.
00:50:28 Donc là encore, il y a des points d'accord.
00:50:30 Sur la question des demandes d'asile, ils veulent tous les trois les traiter
00:50:33 depuis l'extérieur, soit par le biais de hotspots, soit dans les pays d'origine,
00:50:36 pour que précisément les déboutés du droit d'asile ne mettent jamais
00:50:40 un pied en Europe. François-Xavier Bellamy même lui parlait du rapatriement
00:50:44 des illégaux, ce que je vous disais tout à l'heure, de quoi on parle exactement
00:50:47 quand on parle de "remigration", c'est-à-dire de "migration inversée".
00:50:51 Il y a aussi la question de la souveraineté juridique en matière d'asile,
00:50:55 c'est cette interrogation qu'ils ont en commun, et là pour le coup,
00:50:58 on l'avait vu même à l'élection présidentielle, c'est-à-dire que la Constitution
00:51:01 française soit changée pour que prime le droit national sur les traités
00:51:07 internationaux ou le droit européen, et la renégociation de certains articles
00:51:12 de la Convention européenne des droits de l'homme, c'est aussi quelque chose
00:51:15 qu'ils ont bien sûr en commun.
00:51:18 - Alors, mais quelles sont donc leurs différences dans une telle élection
00:51:22 européenne, d'un côté reconquête qui joue le vote du courage et des convictions,
00:51:29 le RN qui joue celui du vote utile ?
00:51:32 - Il y a évidemment des stratégies électorales qui leur appartiennent,
00:51:35 et donc je les laisserai les développer les uns les autres,
00:51:39 mais il y a plusieurs choses. Il y a d'abord une chose qui relève du scrutin,
00:51:42 et donc ce scrutin est très particulier de l'élection européenne,
00:51:45 il se répand une fois, à partir de 5%, on voit ça dans aucune autre élection
00:51:49 en France, à partir de 5%, à chaque nouveau pourcent que vous gagnez,
00:51:53 vous avez un député de plus, en dessous de 5% vous n'en avez pas,
00:51:56 à 5% vous en avez 5, et après à chaque pourcentage,
00:51:59 donc si vous voulez, faire 6, vous avez déjà 6 députés,
00:52:03 donc il ne faut surtout pas faire 4,8, mais à partir de 6,
00:52:06 quand même, vous avez une existence, et ces parties-là,
00:52:10 et là j'inclus encore une fois LR, ne jouent pas du tout la même chose,
00:52:14 même sur le terrain national, dans cette élection européenne.
00:52:17 Le RN joue évidemment la différence entre la victoire et le triomphe,
00:52:22 je crois que c'est Guillaume qui avait parlé de ça l'autre jour,
00:52:24 mais est-ce qu'ils vont atteindre les 30% qu'on leur prête dans les sondages,
00:52:27 et donc est-ce qu'il va y avoir une conséquence dans la vie intérieure,
00:52:30 et d'ailleurs Jordan Bardella parle souvent des conséquences
00:52:33 qu'aurait un très bon score du RN dans la vie politique française.
00:52:37 Reconquête joue évidemment son existence dans une institution,
00:52:42 et donc le fait d'avoir des parlementaires,
00:52:45 et donc de pouvoir intervenir en tant qu'élu au Parlement européen,
00:52:50 et LR, on pourrait dire, joue aussi une forme de survie extrêmement différente,
00:52:55 qui est là une survie dans les institutions,
00:52:57 avec un passé évidemment très existant, on va dire, sur le terrain de l'élection.
00:53:03 Donc vous voyez, ils ne jouent pas la même chose,
00:53:05 mais ils ont tous intérêt à se positionner par rapport à ce mode de scrutin extrêmement particulier.
00:53:11 Et ensuite il y a la question du fonctionnement de l'Union européenne,
00:53:14 et là je renvoie aussi à ce que disait Guillaume tout à l'heure,
00:53:18 ces parties appartiennent à des groupes,
00:53:20 donc on a le RN qui appartient à ID,
00:53:23 l'Identité et la Démocratie,
00:53:26 Reconquête qui a réussi un bon coup dans ces derniers mois,
00:53:31 de se rattacher aux conservateurs et réformistes,
00:53:34 qui est en effet le groupe avec Georgia Bellamy,
00:53:38 mais qui attire beaucoup d'autres parties qui pourraient demain les rejoindre.
00:53:43 Mais on a aussi, et là on voit la limite de ce que veut dire un groupe sur les questions européennes,
00:53:48 François-Xavier Bellamy appartient au PPE,
00:53:51 auquel appartient également Ursula von der Leyen,
00:53:53 défendue depuis le premier jour par Emmanuel Macron,
00:53:55 qui lui n'appartient pas à ce groupe-là,
00:53:57 et François-Xavier Bellamy, de se défendre aujourd'hui en disant,
00:54:00 mais précisément au sein du PPE, comme d'autres disent, au sein de l'Union européenne,
00:54:04 nous pèserons beaucoup plus contre Ursula von der Leyen qu'à l'extérieur de ce groupe.
00:54:09 Donc vous voyez que sur différents sujets, ils ne seront pas forcément d'accord,
00:54:12 il y aura aussi des intérêts nationaux qui ne sont pas les mêmes entre tous ces partis-là,
00:54:16 quand vous êtes aujourd'hui, et la question ukrainienne est très intéressante,
00:54:19 quand vous n'avez pas les mêmes intérêts, par exemple géopolitiques,
00:54:24 entre les différents partis, vous pouvez être dans un groupe,
00:54:27 et c'est extrêmement pertinent sur certaines questions,
00:54:29 et ça ne le sera pas du tout sur d'autres.
00:54:31 Donc en effet, il y a des partis aujourd'hui,
00:54:34 le Rassemblement national par exemple,
00:54:36 et a des bisbis extrêmement sévères,
00:54:40 notamment avec l'AFD, on l'a vu récemment, au sein de son propre groupe,
00:54:44 ça pourrait aussi arriver demain sur d'autres sujets, avec d'autres personnes,
00:54:48 et je pense que l'exemple de François-Xavier Bellamy,
00:54:50 qui se pose en opposant numéro 1 interne à Ursula von der Leyen,
00:54:53 qui est par ailleurs extrêmement vrai sur le terrain des idées,
00:54:55 ils ne sont pas d'accord sur deux choses,
00:54:57 mais quand François-Xavier Bellamy vote contre le PPE,
00:55:00 il n'empêche qu'une partie du PPE vote quand même,
00:55:02 et que c'est le même groupe aussi.
00:55:04 Donc ça ne résume pas tout ce que pensent évidemment ces partis-là,
00:55:08 encore moins au niveau national, et comme l'expliquait très bien mon camarade Guillaud.
00:55:13 Alors, on a envie de se demander effectivement à quoi ça sert de voter.
00:55:18 (Rires)
00:55:20 Belle conclusion !
00:55:21 J'aime bien parce que ça fait juste une heure qu'on explique...
00:55:23 (Rires)
00:55:25 ... à son utilité !
00:55:27 Mais c'est vrai !
00:55:28 Mais il faut surveiller ce qui se passe, sinon ils font des trucs...
00:55:30 Non mais Guillaume, dites-moi, très sincèrement,
00:55:32 on a compris effectivement qu'il y a un poids à peser au sein du Parlement européen,
00:55:38 mais qui reste léger, mais dites-nous à quoi ça sert de voter ?
00:55:42 Parce que je pense que c'est un point d'observation...
00:55:44 D'abord, je rappelle que Nigel Farage a été élu au Parlement européen,
00:55:47 il a dynamité le système de l'intérieur,
00:55:49 et c'est très important, parce qu'en fait,
00:55:51 Boris Johnson, il a aussi contribué énormément par son talent,
00:55:55 par son intelligence, par son humour très britannique,
00:55:58 à faire sauter le système.
00:55:59 En fait, Boris Johnson, il a listé toutes les dingueries,
00:56:03 on pourrait dire, de l'Union européenne, qui sont à peine croyables.
00:56:05 Moi, si vous me donnez un quart d'heure, je vous raconte des choses,
00:56:07 mais les gens vont tomber à la reverse !
00:56:09 Et bien évidemment, on parle, on fait manger des insectes,
00:56:11 on va à Paris, etc.
00:56:13 C'est complètement fou !
00:56:14 Donc, vous voyez, il a fait ça avec beaucoup de détachement,
00:56:17 et il a informé les gens de ce qui se passait.
00:56:19 Il faut leur dire ce qui se passe à l'intérieur.
00:56:21 Très intéressant. Votre coup de poing final.
00:56:23 On va parler un peu...
00:56:25 Vous ne croyez pas que les sociétés multiculturelles puissent être pacifiques ?
00:56:29 En fait, la question, c'est...
00:56:31 On est en train de voir, en Suisse,
00:56:33 manifestations pro-palestinienne au Royaume-Uni,
00:56:36 bon, ils ne sont pas dans l'Union européenne.
00:56:38 En Allemagne, en France, manifestations pro-palestinienne partout.
00:56:40 Question, au niveau de l'Union européenne,
00:56:43 est-ce qu'on ne va pas vers une certaine "libanisation" de l'Union européenne ?
00:56:47 Entre guillemets.
00:56:49 C'est une question complexe, parce qu'il y a toujours des contre-exemples.
00:56:51 Il y a eu des sociétés multiculturelles dans le passé,
00:56:53 il y en a aussi aujourd'hui.
00:56:55 On pourrait dire que la Suisse, finalement, c'est une société multiculturelle,
00:56:58 ça ne marche pas si mal.
00:56:59 La Fédération de Russie, c'est multiculturel,
00:57:01 tout le monde n'est pas russe au sein de la Fédération de Russie,
00:57:03 ça ne marche pas si mal.
00:57:05 Voilà, il y a le monde anglo-saxon,
00:57:08 même si maintenant, il est quand même bien, bien, bien bousculé,
00:57:11 notamment par l'islamisme, il a plutôt bien fonctionné.
00:57:13 Mais en fait, il faut qu'il y ait un patriotisme très puissant.
00:57:16 En Suisse, il y a un patriotisme très puissant,
00:57:18 en Russie, il y a un patriotisme très puissant, aux États-Unis aussi.
00:57:21 Ensuite, il faut, en général, vous vous rendez compte qu'il y a toujours un groupe dominant
00:57:24 qui donne le ton, qui donne la culture, qui donne la langue,
00:57:27 et qui a un point de repère.
00:57:28 Tout le monde n'est pas russe en Russie,
00:57:30 mais c'est autour de la culture russe que ça se joue.
00:57:32 Tout le monde n'est pas anglo-saxon d'origine,
00:57:34 mais ça se joue autour de la langue.
00:57:35 Donc, on peut avoir des sociétés diverses,
00:57:37 mais en général, le paradoxe, c'est qu'il y a quelque chose de très fort qui les tient.
00:57:40 Voilà. S'il n'y a pas quelque chose de très fort,
00:57:42 si les sociétés sont pluriculturelles et multiconfessionnelles,
00:57:45 il y a des exemples, et notamment, nous, Français, on est proches du Liban,
00:57:48 on sait ce qui s'est passé au Liban.
00:57:49 Le Liban, il faut rappeler, dans les années 70,
00:57:51 on parlait du Liban comme de la Suisse du Moyen-Orient.
00:57:55 La Suisse du Moyen-Orient, au cœur de Beyrouth, dans les beaux quartiers de Beyrouth,
00:57:57 ça coûtait plus cher le mètre carré qu'à Manhattan.
00:57:59 D'accord ? Donc, c'était un pays de cocagne, la Suisse.
00:58:02 Pardon, le Liban. Qu'est-ce qui s'est passé au Liban ?
00:58:05 Il y a eu 250 000 morts pour 3 millions d'habitants.
00:58:08 250 000 morts ! Imaginez les proportions en France,
00:58:11 ce serait des millions et des millions de morts en France.
00:58:13 Pourquoi ? Parce que la société a été déséquilibrée,
00:58:16 il y a eu une arrivée massive de réfugiés palestiniens,
00:58:19 ils ont importé la guerre et ils ont déséquilibré l'équilibre confessionnel.
00:58:22 Donc, une société, c'est très délicat, une société.
00:58:26 C'est très compliqué de faire vivre des gens ensemble sur un territoire,
00:58:29 surtout s'ils sont différents, et on ne peut pas jouer avec ça.
00:58:32 Et là, on est en train de jouer avec ça, c'est extrêmement dangereux,
00:58:35 surtout qu'en Europe, on n'a aucun patriotisme, pour le coup, européen,
00:58:39 et on a un État qui est par définition très faible.
00:58:42 L'Union Européenne ne pourra pas assimiler les nouveaux venus ?
00:58:45 Mais déjà, l'Union Européenne, pourquoi veut-elle faire venir des migrants en grande quantité ?
00:58:50 Elle nous explique, c'est essentiellement pour des raisons démographiques,
00:58:53 parce qu'on a un vieillissement de la population.
00:58:55 Mais rien que ça, c'est complètement inept quand on réfléchit.
00:58:58 Pourquoi ? Qu'est-ce qui permet d'assimiler ?
00:59:01 Ce qui permet d'assimiler, c'est quand vous avez des enfants locaux,
00:59:04 des enfants italiens, des enfants américains, au XIXe siècle,
00:59:07 vous avez des enfants français quand l'immigration a été assimilée ici,
00:59:10 en quantité suffisante.
00:59:12 Vous faites venir des nouveaux venus, ils deviennent français,
00:59:14 ils deviennent italiens, ils deviennent américains,
00:59:16 parce qu'ils ont beaucoup de petits camarades.
00:59:18 Si vous n'avez plus, si vous avez un vieillissement, vous n'avez plus suffisamment d'enfants,
00:59:21 vous faites venir des paquets de gens de l'extérieur,
00:59:23 excusez-moi, ça s'appelle une invasion, c'est pas du tout,
00:59:25 c'est pas une invasion militaire, si vous voulez,
00:59:27 c'est absolument normal, les gens vont s'assimiler à qui ?
00:59:29 Ils vont s'assimiler à quoi ? C'est-à-dire, ce qui se passe,
00:59:31 ils vont se retrouver entre eux.
00:59:33 Donc, c'est une folie.
00:59:35 Par ailleurs, j'insiste sur un point, l'Union Européenne,
00:59:38 en plus, c'est un projet par nature multiculturelle, je m'explique.
00:59:41 Si l'État européen, que veut Emmanuel Macron,
00:59:43 passons même sur le petit détail qui s'appelle la démocratie, d'accord ?
00:59:47 Le problème, dans ce cas, si l'Union Européenne fonctionne jusqu'au bout,
00:59:50 ça veut dire qu'un Suédois est séduit en France, un Français est séduit en Suède.
00:59:53 Vous avez une déliaison entre d'un côté l'État et la politique
00:59:56 et de l'autre côté le culturel, le linguistique, les origines, le peuple.
01:00:00 Et donc, dans ces conditions où vous avez un État faible,
01:00:02 vous n'aurez plus de patriotisme, vous faites venir des gens de l'extérieur,
01:00:05 mais c'est un suicide.
01:00:06 Ils pensent imiter le peuplement des États-Unis au 19e siècle,
01:00:09 en fait, ils vont imiter la chute de l'Empire romain très rapidement.
01:00:11 On marche sur la tête.
01:00:16 Le livre de Guillaume Bigot qui sort demain.
01:00:18 Merci beaucoup.
01:00:19 Merci à vous.
01:00:20 Merci à tous.
01:00:21 Excellent suit de programme.
01:00:22 L'heure des profs de Pascal Prost.
01:00:23 À demain.
01:00:24 Non, à lundi.
01:00:25 (rires)