Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 On est en direct, on est en direct. Tout le monde me parle de mon T-shirt.
00:04 Oui, c'est marqué. Si vous avez un message à me laisser, c'est sur Twitter, Christine_.
00:10 C'est ce qu'on dit.
00:11 - Oui, bravo.
00:11 - Barre le soulignement.
00:12 - Comment ça ?
00:13 - Barre le soulignement.
00:14 - N'hésitez pas à me laisser un message.
00:18 Sommeil à la BD pour commencer la Minute Info. C'est parti.
00:21 Une fusillade boulevard de Courcel au nord de Paris.
00:26 Un homme est décédé après avoir été blessé par balle dans le cadre d'un probable règlement de compte.
00:32 Les auteurs des coups de feu auraient ensuite pris la fuite l'un sur une moto, l'autre sur un scooter.
00:36 Des moyens de locomotion qu'ils auraient ensuite abandonné pour s'enfuir à bord d'une voiture volée.
00:42 Une marche de soutien aux maires de Saint-Brévin.
00:45 L'exil a pris la parole lors de ce rassemblement et a déclaré qu'il ne s'attendait pas à autant de soutien.
00:50 La manifestation a été organisée par le Parti socialiste et l'Association des maires de France
00:54 en présence de nombreuses personnalités politiques.
00:57 Yannick Moraise avait annoncé sa démission suite à l'incendie de son domicile
01:01 et aux menaces reçues par l'extrême droite opposées à un projet de centre d'accueil pour migrants.
01:07 Et puis Marine Le Pen, entendue par la Commission d'enquête parlementaire sur des soupçons d'ingérence étrangère.
01:13 Au cœur de cette audition, un prêt contracté par le Rassemblement national en 2014 auprès d'une banque tchéco-russe.
01:19 « Si cela m'avait engagé à quoi que ce soit, je n'aurais pas signé à affirmer la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale. »
01:27 Au sommaire ce soir, alors que l'hebdomadaire Maria en appelle à gérer l'immigration,
01:34 cette volonté des citoyens toujours pas réglée malgré les 21 lois sur l'immigration en 21 ans,
01:42 les Républicains de leur côté demandent à Emmanuel Macron de ne pas se dérober
01:47 face à l'immigration jugée hors de contrôle.
01:50 Le parti souhaite également inscrire l'assimilation dans la Constitution.
01:54 Faut-il s'en émouvoir ou faut-il au contraire définir ce qu'est aujourd'hui l'assimilation ?
01:59 A-t-elle encore un sens ? L'édito de Mathieu Bocoté.
02:04 Une minute de silence a été observée dans tous les hôpitaux de France en hommage à l'infirmière tuée au CHU de Reims.
02:12 En quoi cet assassinat est bien plus que le passage à l'acte d'un psychopathe ?
02:17 En quoi est-il révélateur d'une société qui va mal ?
02:19 La crise de la psychiatrie et celle de la justice qui se combinent dans cette terrible histoire
02:25 ne sont-ils pas les symptômes d'un dérèglement général de la société ?
02:30 L'analyse de Guillaume Bigot.
02:33 Le gouvernement pousse les SDF à quitter la région parisienne.
02:36 Enfin, ils sont appelés SDF mais ce sont des migrants.
02:38 L'objectif est de désengorger les centres d'hébergement de la capitale en vue des JO 2024.
02:45 Des sas d'accueil sont créés dans toutes les régions.
02:48 Mais une fois encore, les maires sont-ils favorables ?
02:51 Les habitants voient-ils ces mutations d'un bon oeil sans être concertés ?
02:56 À l'heure où Éric Dupond-Moretti avoue la puissance de l'État sur les OQTF,
03:00 que reste-t-il ?
03:01 Sinon accueillir contre les maires, contre la population, contre de nombreux élus,
03:06 ceux qui sont obligés de quitter le territoire de décryptage de Charlotte Bernalès.
03:13 Il a fallu 30 ans pour organiser une société pacifiée par une laïcité stricte.
03:17 C'était en 1905.
03:19 Et ces 30 années commencent avec le 24 mai 1873, il y a 150 ans, jour pour jour,
03:26 avec l'élection du maréchal Mac Mahon, qui veut imposer l'ordre moral
03:32 et le retour de la toute-puissance de l'Église.
03:35 Les républicains Gambetta en tête n'auront de cesse de forger le principe d'une morale laïque
03:42 que la France est en train de perdre aujourd'hui, Marc Menand raconte.
03:48 Et puis alors que le chef de l'État doit se déplacer demain à Roubaix
03:51 après le meurtre des trois policiers sur la route,
03:54 Emmanuel Macron alerte contre une décivilisation de la société.
03:59 Au Conseil des ministres, il a demandé au gouvernement d'être intraitable
04:02 face à des violences qui ne sont jamais justifiables.
04:06 La décivilisation.
04:08 Qu'est-ce que la décivilisation, sinon le réel, que personne ne veut voir,
04:13 mais que la population subit, les dictaux de Mathieu Beaucout.
04:18 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
04:21 C'est parti.
04:23 (Générique)
04:35 - Guillaume Bigot est avec nous ce soir. Vous êtes en forme mon cher Guillaume.
04:38 - Très en forme.
04:39 - Vous pouvez leur montrer une deuxième fois ?
04:40 - Ah mon t-shirt ?
04:42 Oui alors voilà, si jamais vous voulez me laisser un petit message.
04:44 Que des mots doux, je préfère.
04:45 - Il m'engêne de plus en plus.
04:46 - Que des mots gentils.
04:49 - Une passion soudaine.
04:51 - C'est très sain, celui-là.
04:53 - Charlotte, c'est très sain.
04:56 Charlotte rayonnante.
04:58 Marmenant la pêche.
05:01 Et Mathieu Beaucotter la pochette.
05:03 - Toujours aussi heureux.
05:04 - Toujours aussi heureux.
05:05 On va commencer.
05:06 Le parti Réuné Républicain a décidé d'envoyer un signal fort sur l'immigration.
05:12 Ils entendent non seulement réduire significativement les flux migratoires,
05:16 du moins l'affirme-t-il, mais ils veulent aussi prendre au sérieux
05:19 la question de l'assimilation en inscrivant ce concept dans la Constitution.
05:24 S'agit-il d'une proposition utile ?
05:27 Que voudrait dire l'inscription de ce principe dans la loi fondamentale, Mathieu ?
05:30 - Alors, on peut déjà envisager les raisons politiques qui poussent les LR
05:35 à s'emparer de cette question.
05:37 Ils ont été explosés, ils se sont...
05:40 Oui, ils ont implosé.
05:41 On choisira l'image qu'on souhaitera sur la question des retraites.
05:44 C'est désormais un parti qui, s'il a une base d'élus un peu partout,
05:48 il conserve une base militante, il n'a plus vraiment de base électorale.
05:52 Et c'est un parti, dans les sondages, qui est quelquefois groupusculaire.
05:56 Bien que de pas mauvaises nouvelles soient annoncées pour les Européennes,
05:58 mais globalement, c'est un parti qui doit se reconstruire et qui est même écartelé
06:02 entre la tentation d'embrasser le macronisme
06:05 ou la tentation de marquer une différence réelle.
06:07 Sur l'immigration, la différence réelle est marquée.
06:10 C'est un désaccord non pas de degré avec le macronisme qui est proposé ici,
06:14 un référendum sur l'immigration,
06:16 une reprise en main complètement des institutions
06:19 pour être capable de justement décider sur l'immigration,
06:21 ce qui est interdit en ce moment.
06:23 Et j'y arrive, une volonté de renouer avec l'assimilation,
06:28 un principe qui a marqué véritablement l'histoire française.
06:30 On pourrait dire qu'un principe qui était aussi dans tous les pays occidentaux,
06:34 jusqu'à tout récemment, on n'utilisait pas le mot assimilation,
06:37 mais il allait de soi.
06:39 Mais un principe qui, depuis 40 ans, a été bien mal servi, qui a été déconstruit.
06:43 Donc, raison politique, raison idéologique,
06:46 les républicains disent qu'on doit marquer notre différence,
06:48 marquer notre identité.
06:49 Comment? En renouant avec l'assimilation.
06:52 Pourquoi renouer avec elle?
06:54 Parce qu'effectivement, elle a été déconstruite,
06:56 elle a été, on pourrait même dire qu'elle a été détruite.
06:59 Les conditions sociologiques, politiques, culturelles,
07:03 anthropologiques et politiques de l'assimilation
07:06 se sont décomposées au cours des 40 dernières années.
07:09 Le point de départ de tout cela, on le sait,
07:11 c'est la conversion de la gauche,
07:13 autant aux premières années du mitterrandisme,
07:15 à ce qu'on a appelé l'antiracisme.
07:17 L'antiracisme qui n'a jamais été un véritable antiracisme.
07:21 L'antiracisme, dès le début des années 80,
07:23 est d'abord un antinationisme,
07:25 pour reprendre une formule de Pierre-André Taguieff,
07:27 un antinationisme, c'est-à-dire on prétend lutter contre le racisme,
07:30 mais dans les faits, on lutte contre la nation
07:33 en assimilant au racisme toute définition substantielle de la nation.
07:37 Et faites l'histoire des 40 dernières années dans le discours public,
07:40 à gauche comme à droite soit dit en passant,
07:42 surtout à gauche, mais aussi à droite,
07:44 c'est l'histoire d'une capitulation conceptuelle,
07:46 mais aussi une capitulation politique.
07:48 On est passé de l'assimilation,
07:50 le principe en gros, l'étranger qui arrive en France devient français,
07:53 et être français n'est pas qu'une carte d'identité,
07:55 c'est le fameux "à Rome, on fait comme les Romains",
07:58 finalement l'assimilation c'est ça,
08:00 à l'intégration, qui était cette idée
08:02 qu'on pouvait conserver son identité culturelle,
08:05 mais pour peu qu'on participe à la vie économique et sociale,
08:08 on était jugé bien intégré à la société française,
08:11 au droit à la différence,
08:12 le droit à la différence ça fait partie de cet univers-là,
08:14 où là il fallait désormais marquer publiquement
08:16 la différence identitaire des immigrés,
08:18 qui était en droit de ne pas se fondre culturellement,
08:21 qui était même invité à ne pas se fondre culturellement
08:23 dans le pays d'accueil.
08:25 Et ces dernières années, on était vers la fameuse inclusion,
08:28 dont on avait parlé avec le rapport Tuo ici,
08:30 l'inclusion c'est finalement, c'est ce que j'appelle,
08:32 c'est l'autre nom du multiculturalisme,
08:34 c'est l'inversion du devoir d'intégration,
08:36 ce n'est plus à l'immigré à prendre le pli de la société d'accueil,
08:40 c'est à la société d'accueil de se transformer
08:42 pour accueillir la diversité.
08:44 Si vous voulez jeter un oeil sur un livre qui a une trentaine d'années,
08:47 qui a été tout récemment réédité, cela dit, chez l'artilleur,
08:49 de Paul Ionnet, début des années 90, Paul Ionnet, Y-O-N-N-E-T,
08:53 il voyage au cœur du mal-à-être français,
08:56 tout ce que je vous dis, il le comprend,
08:58 au début des années 90, il comprend tout, tout, tout,
09:00 avec une finesse d'analyse, une qualité de style dans le livre,
09:03 il voit tout, et parce qu'il voit tout, qu'est-ce qui arrive?
09:05 Il vient, il est diabolisé, il va se faire traiter
09:08 d'extrême droite, de fasciste, de raciste, et ainsi de suite,
09:11 mais retrouver ce livre aujourd'hui disponible,
09:13 Voyage au cœur du mal-à-être français,
09:15 il raconte en temps réel la destruction de l'identité française.
09:18 Alors, c'est très bien, on peut être renoé avec la simulation,
09:21 c'est renoé avec un modèle, c'est renoé avec un principe,
09:23 c'est renoé avec un principe, à Rome, on fait comme les Romains,
09:26 et c'est très bien.
09:28 Le problème, c'est que les principes constitutionnels
09:30 ou les politiques publiques ne peuvent pas grand-chose
09:33 quand il n'existe plus qu'à l'état de principe,
09:36 lorsqu'ils ne s'ancrent pas dans une sociologie et une démographie.
09:39 Or, qu'est-ce qu'on a vu depuis 40 ans en France?
09:42 C'est un changement de population tel que ça transforme
09:45 la culture et l'identité du pays.
09:47 On en parlait avec Charlotte hier dans les écoles,
09:50 la population musulmane existe, la composition culturelle
09:53 et démographique du peuple français, ou de la société française,
09:56 à tout le moins, s'est transformée profondément depuis 40 ans,
10:00 et là, ensuite, quand vous n'avez plus le même peuple,
10:03 vous n'avez plus la même identité,
10:05 vous pouvez bien brandir vos principes hauts et forts très fièrement,
10:08 ces principes-là deviennent impuissants.
10:11 Le plus bel exemple de ça, c'est la laïcité.
10:13 La laïcité s'inscrivait dans des mœurs, une culture et tout ça.
10:16 Mais si vous avez une population globalement musulmane,
10:18 et vous vous dites, non, non, mais il y a la laïcité,
10:20 la laïcité, c'est plus fort que tout,
10:22 bien, votre laïcité, elle se calcifie, elle s'assèche,
10:24 et elle finit par tomber, parce que c'est un principe
10:26 qui n'est plus incarné dans la réalité.
10:28 Et les sociétés qui se réfugient en se braquant à tout prix
10:31 sur des principes quand la réalité leur échappe,
10:33 on peut y voir le dernier spasme d'une société en train de mourir.
10:37 Cela dit, tant que la simulation dans la Constitution,
10:40 c'est une bonne idée, oui, mais c'est un peu tardif,
10:43 et on a l'impression, je le dis, que c'est le dernier spasme
10:46 d'un parti politique qui est un courant de pensée
10:48 qui a tout abandonné depuis 40 ans
10:50 et qui soudainement se réveille lorsqu'il est trop tard.
10:52 - Mais donc, tout cela ne servirait à rien,
10:54 ce serait vain, ça ne servirait à rien du tout?
10:56 - Alors, je n'irai pas jusque-là.
10:58 Alors, vain, non, très tardif, oui,
11:00 mais à court terme, ça ne règle rien.
11:03 Mais on ne règle absolument aucun problème de fonds à court terme.
11:06 La question de fonds, en matière d'immigration,
11:09 aujourd'hui, elle est toute simple,
11:11 au-delà même du fait d'en finir avec les flux de l'immigration massive.
11:14 On a aujourd'hui, en France, mais on a dans tous les pays occidentaux,
11:17 je le répète, il faut toujours garder à l'esprit
11:19 que c'est partout pareil, à différents degrés,
11:21 on a une population qui a été naturalisée,
11:24 mais qui n'a pas été acculturée.
11:26 Donc, des gens qui ont les papiers d'identité,
11:28 qui ont la carte d'identité, qui ont tout ce qu'il faut,
11:31 mais qui n'ont pas adhéré culturellement
11:33 à ce qu'on a appelé traditionnellement le peuple français.
11:36 Donc, devant cela, on se dit que faire?
11:38 Comment réussir? Et ça ne se fera pas en deux ans,
11:40 ça se fera pas en trois ans.
11:42 Comment, sur une, deux, trois générations,
11:44 être capable d'acculturer ces populations?
11:46 On dira que ce n'est pas possible à court terme, c'est vrai,
11:49 mais à moyen et long terme, des choses qui semblent inimaginables
11:52 immédiatement peuvent s'accomplir.
11:54 Alors, qu'est-ce que ça implique si on se dit
11:56 que dans trois générations, il faut changer les choses?
11:58 Ça implique tout simplement de changer le cadre politique,
12:01 le cadre institutionnel, le cadre mental
12:03 dans lequel se pose la question
12:05 de la composition de la population française.
12:07 Et là, on rencontre un concept qui traverse l'histoire
12:10 de la philosophie politique,
12:12 avec lequel je vous casse les oreilles tout le temps,
12:14 c'est la question du régime.
12:16 Le régime, pas au sens de 4e République ou 5e République,
12:19 mais l'organisation générale d'une société.
12:21 Je donne un exemple.
12:23 Un régime, ça influence les mentalités,
12:25 ça influence la culture,
12:27 ça fabrique même un type d'humanité différent.
12:29 Une société socialiste, une société libérale,
12:31 une société traditionnaliste
12:33 ne donne pas le même type d'être humain.
12:35 Ça fait que...
12:37 Ça ne pousse pas au développement des mêmes qualités,
12:39 des mêmes vertus, des mêmes défauts, et ainsi de suite.
12:41 Alors, qu'est-ce qui est intéressant là-dedans?
12:43 On pourrait dire que le régime diversitaire,
12:45 dont je vous parle souvent,
12:47 qui pousse, lui, à la survalorisation de la différence,
12:49 qui nie l'existence de normes communes,
12:51 qui voit du racisme systémique
12:53 comme un système d'institution, d'identité,
12:55 de normes, de culture.
12:57 Ce régime qui s'est implanté peu à peu depuis 40 ans,
12:59 ce régime a poussé les gens
13:01 à se désassimiler,
13:03 à se dénationaliser,
13:05 à s'arracher, à se désaffilier du corps national.
13:07 L'idée, c'est que si on se dit que dans 40 ans,
13:09 si on souhaite que les gens soient redevenus culturellement français,
13:13 il faut un régime qui fasse de l'assimilation son principe cardinal.
13:17 Donc, c'est très bien.
13:19 Sur un horizon, à mon terme,
13:21 on peut faire des Français un peuple
13:23 sur un horizon qui n'est pas, évidemment, celui d'une seule vie.
13:25 Mais là, on tombe sur le problème suivant.
13:27 Assimiler, mais assimiler à quoi?
13:29 Il y a 40 ans, il y a 50 ans,
13:31 être français, ça allait de soi.
13:33 On n'avait pas à le définir, on n'avait pas à le penser,
13:35 on n'avait pas à le théoriser, ça allait de soi.
13:37 40, 50 ans plus tard, c'est un peu plus compliqué.
13:39 On assimile à quoi exactement aujourd'hui?
13:41 À quelle identité culturelle,
13:43 parce que c'est de ça dont on parle,
13:45 veut-on, souhaite-t-on, peut-on assimiler?
13:47 Là, je vais évoquer quelques problèmes.
13:49 La langue. Dans une langue,
13:51 et là, je vais me faire plaisir à Marc,
13:53 mais dans un environnement où la langue a été séparée
13:55 de la littérature et massacrée par la littérature,
13:57 l'écriture inclusive et tout ça,
13:59 s'assimiler à la langue, c'est un peu plus compliqué
14:01 qu'auparavant, avec l'anglais partout.
14:03 La culture, la culture française aujourd'hui,
14:05 est-ce que c'est la culture traditionnelle
14:07 telle qu'on l'a compris avec ses grandes figures
14:09 ou c'est la culture version rapisée américaine?
14:11 L'histoire, est-ce que s'approprier
14:13 l'histoire de France, c'est s'approprier
14:15 l'histoire culpabilisée,
14:17 l'histoire de Patrick Boucheron,
14:19 l'histoire qui consiste à dire qu'il y a une histoire
14:21 d'un peuple sans substance? Il faut le savoir.
14:23 Le cadre de référence, c'est la nation ou l'Europe.
14:25 Et comment assimiler, par ailleurs,
14:27 des territoires où la population est à ce point transformée
14:29 qu'on voit mal, qu'on voit mal,
14:31 comment on pourrait, par je ne sais quel décret,
14:33 dire, vous embarquez culturellement
14:35 dans la nation. Je note une chose,
14:37 cela dit, la proposition des Républicains
14:39 au moins une vertu, c'est qu'elle suscite
14:41 des réactions très vives de deux types
14:43 chez leurs adversaires. Évidemment, il y a
14:45 la critique classique d'extrême-droite, extrême-droite, extrême-droite.
14:47 Je la laisse de côté, elle n'est pas intelligente, mais elle est là.
14:49 La critique la plus intéressante
14:51 est celle d'Olivier Dussopt, figure importante
14:53 de la Macronie, qui s'oppose
14:55 à la grande réforme des Républicains. Au-delà de l'assimilation,
14:57 le référendum, les institutions,
14:59 tout ça, qu'est-ce qu'il dit?
15:01 C'est le contraire de la construction
15:03 européenne et ça nécessite évidemment
15:05 une révision constitutionnelle, chose
15:07 assez impossible à mes yeux,
15:09 surtout dans ce sens-là, et qui, par ailleurs,
15:11 singulariserait et stigmatiserait
15:13 la position de la France au sein de l'Union
15:15 européenne. Autrement dit, si la France
15:17 fait le choix de l'assimilation et se donne les moyens
15:19 constitutionnels de le faire, elle entrerait
15:21 en rupture avec l'Europe. C'est peut-être vrai,
15:23 mais ça nous en dit beaucoup sur l'Europe.
15:25 - Dernière question.
15:27 Dans Marianne, Natasha Polony invite
15:29 à reprendre à neuf
15:31 le débat sur l'immigration en posant
15:33 un principe simple, le droit
15:35 des peuples à décider qui
15:37 ils accueillent et selon
15:39 quels critères.
15:41 Est-ce que c'est la bonne marche à suivre?
15:43 - Je dirais oui et non. Natasha Polony, c'est l'incarnation
15:45 d'une gauche républicaine la plus exemplaire.
15:47 Si c'était ça la gauche, ça irait quand même mieux.
15:49 Mais je crois qu'elle est minoritaire dans son camp
15:51 aujourd'hui. Cela dit, donc, elle nous
15:53 dit cela, mais dans son texte, elle nous dit
15:55 qu'il faut éviter de présenter l'immigration
15:57 comme un fléau et non plus
15:59 comme une chance. - C'est un beau texte, quand même.
16:01 - Oui, mais je dirais que c'est le culte des faux
16:03 équilibres. Parce que c'était un texte probablement
16:05 courageux et très vif en 1996.
16:07 Aujourd'hui, en 2023,
16:09 quand on voit la situation,
16:11 nous ne sommes plus dans la position du "peut-être ben oui,
16:13 peut-être ben non", position normande,
16:15 en position "un peu de ci, un peu de ça, mais pas trop de ci, pas trop de ça".
16:17 Le problème de ce texte, qui est par ailleurs
16:19 une grande vertu, qui nous dit qu'on devrait être capable
16:21 de débattre de ça rationnellement, c'est que ça
16:23 sous-estime une question toute simple, me semble-t-il.
16:25 C'est que nous sommes engagés...
16:27 La dynamique de la désassimilation,
16:29 la dynamique de la dénationalisation,
16:31 la dynamique de la déculturation,
16:33 la dynamique d'un changement de peuple est tellement
16:35 engagée qu'au terme du présent siècle,
16:37 au terme du présent siècle,
16:39 on peut dire raisonnablement que pour peu que le mot "France"
16:41 veuille dire quelque chose. C'est pas seulement
16:43 une carte avec un territoire sur la carte.
16:45 La France ne sera plus la France.
16:47 La Suède ne sera plus la Suède. Le Québec ne sera plus le Québec.
16:49 L'Italie ne sera plus l'Italie, et ainsi de suite.
16:51 Donc on peut, je crois, présenter ça,
16:53 non pas seulement comme un enjeu de politique publique,
16:55 mais comme une menace existentielle
16:57 à l'immigration massive, j'entends.
16:59 Alors, d'où, puis tout cela, un dernier mot.
17:01 Voyez ce qu'on dit en passant.
17:03 L'idée est un référendum sur l'immigration.
17:05 Pourquoi pas? On en parle beaucoup ces temps-ci.
17:07 On dit non, c'est pas possible selon la Constitution.
17:09 On peut faire des référendums sur à peu près tout,
17:11 sauf sur ça. Comme quoi l'immigrationnisme
17:13 est véritablement le principe,
17:15 c'est le principe absolu
17:17 du régime diversitaire, celui qu'on n'a pas
17:19 le droit de critiquer. Donc au principe que nous propose
17:21 Polony, qui nous dit le droit des peuples
17:23 à décider qui les accueille et selon quels critères,
17:25 je dirais qu'on est rendu un principe plus loin.
17:27 Il faut désormais parler du droit des peuples
17:29 à demeurer eux-mêmes. Nous en sommes rendus là.
17:31 Et si on nous dit que c'est inconstitutionnel
17:33 pour le moment, je dirais que c'est à ce moment-là
17:35 qu'on se rappelle qu'un peuple est plus important
17:37 que la Constitution qui l'encadre et quelquefois
17:39 l'étouffe et une Constitution, ça change.
17:41 - Merci Mathieu Beaucotter.
17:45 Aujourd'hui, il y a une minute de silence
17:49 dans tous les hôpitaux en mémoire de Karen Mezino.
17:51 Et Guillaume Bigot, vous,
17:53 vous allez nous expliquer ce soir
17:55 en quoi cet assassinat
17:57 est bien plus que le passage à l'acte
17:59 d'un psychopathe.
18:01 Et là, on verra dans un instant
18:03 avec Mathieu Beaucotter,
18:05 quand le chef de l'État parle de décivilisation,
18:07 ce que ça veut dire. Mais vous dites que c'est
18:09 plus qu'un passage à l'acte
18:11 d'un psychopathe, c'est révélateur d'une société
18:13 qui va mal, on peut presque dire
18:15 une société folle.
18:17 - Moi, je crois. On peut bien sûr dire
18:19 qu'il s'agit d'un fait atroce, mais isolé.
18:21 C'est vrai que les psychopathes,
18:23 les démons qui passent à l'acte
18:25 ne sont pas si nombreux que ça.
18:27 Mais ce qu'il a dit, je veux
18:29 planter une blouse blanche.
18:31 Je veux planter une blouse blanche.
18:33 Evidemment, cet homme n'avait pas toute sa tête.
18:35 Mais derrière cette agression, est-ce qu'il n'y a pas...
18:37 - Je peux me permettre ? - Je vous en prie.
18:39 - A chaque fois, on dit qu'il n'a pas toute sa tête,
18:41 mais il a eu toute sa tête pour fuir.
18:43 - On va voir. - Je ferme la parenthèse.
18:45 - Il avait toute sa tête pour fuir.
18:47 - Il avait suffisamment sa tête pour ne pas...
18:49 - Pas de sa tête pour tuer et toute sa tête pour fuir.
18:51 - Exactement. Il avait suffisamment sa tête pour ne pas
18:53 être mis en état de nuire. Vous avez tout à fait raison.
18:55 - Pardonnez-moi. - Non, non, je vous en prie.
18:57 - Il y a un autre problème. Il y a un autre problème.
18:59 C'est la sécurité des soignants. Ces soignants qu'on a
19:01 célébrés, qu'on a applaudis, etc., et qui sont en danger.
19:03 Il y a 22% d'augmentation des agressions contre les soignants
19:05 l'année dernière. Deuxièmement, il y a derrière
19:07 cette affaire, bien sûr, on l'a dit, on a à juste titre,
19:09 l'état lamentable de la psychiatrie, de la psychiatrie
19:11 hospitalière dans un hôpital qui est en guenille.
19:13 Il y a derrière cette affaire la montée, je pense,
19:15 d'une violence absolument protéiforme, mais qui s'en
19:17 prend aux soignants, mais qui s'en prend finalement
19:19 à tous les détenteurs. C'est-à-dire que,
19:21 il y a un système qui est absolument protéiforme,
19:23 mais qui s'en prend aux soignants, mais qui s'en prend
19:25 finalement à tous les détenteurs d'une autorité.
19:27 Les policiers, les professeurs,
19:29 évidemment, les soignants.
19:31 Derrière, donc, je pense qu'il y a aussi,
19:33 évidemment, une justice qui est d'abord
19:35 très lente à réagir, on va le voir.
19:37 Non seulement elle est très lente à réagir,
19:39 mais elle est très gênée et très réticente,
19:41 en fait, à contraindre les individus
19:43 qui sont dangereux et à les mettre hors
19:45 d'état de nuire. Et on a derrière,
19:47 à mon avis, cette affaire, au-delà
19:49 de cette personne qui a épuis sa tête,
19:51 il y a toute une société,
19:53 effectivement, du passage à l'acte.
19:55 Il y a toute une société de l'individu
19:57 sans frein, de l'individu capricieux,
19:59 qui ne supporte plus la frustration,
20:01 qui ne supporte pas la limite, qui ne supporte plus l'autre.
20:03 Et ça m'a vraiment fait penser
20:05 à cette formule de Lacan,
20:07 qui est très simple, il dit "Qu'est-ce que c'est la société ?"
20:09 Le psychanalyste Jacques Lacan dit
20:11 "La société, c'est le couvercle qu'on met
20:13 sur la tête des individus."
20:15 Moi, je pense que le couvercle, là, il tient de moins
20:17 en moins bien, en réalité.
20:19 Pourquoi il tient de moins en moins bien ?
20:21 D'abord parce que la société, elle n'en veut plus de ce couvercle.
20:23 Ensuite, parce que ceux qui sont
20:25 chargés de l'autorité,
20:27 on ne leur donne finalement
20:29 plus de raison morale,
20:31 plus de raison légitime de poser ce couvercle,
20:33 et on ne leur donne plus de moyens matériels
20:35 de poser ce couvercle. Et lorsque, finalement,
20:37 ils le posent, ils récoltent la violence.
20:39 Et pas seulement la violence des malades mentaux, d'ailleurs.
20:41 - Alors, vous dites qu'il faut relier la crise
20:43 de la psychiatrie et celle de la justice.
20:45 Pourquoi ?
20:47 - Alors, d'abord, ce n'est pas moi qui la relie,
20:49 c'est l'affaire elle-même qui la relie.
20:51 Et qui voit, on sent, on entrecroise,
20:53 effectivement, deux crises. Pourquoi ?
20:55 D'abord parce que cet homme, il n'a pas commencé
20:57 sa carrière de psychotique et d'individu dangereux hier.
20:59 En 1985,
21:01 il a été reconnu par la faculté
21:03 comme étant quelqu'un d'extrêmement
21:05 dangereux. En 2017,
21:07 il est passé à l'acte. Il a attaqué
21:09 quatre soignants au couteau,
21:11 déjà en 2017. Donc, effectivement,
21:13 ça nous renvoie à la crise de la justice. Pourquoi ?
21:15 Parce que la justice, déjà, elle a mis
21:17 cinq ans pour déterminer.
21:19 Il y a des enquêtes, il y a
21:21 effectivement des experts. Cinq ans
21:23 pour donner une ordonnance d'irresponsabilité.
21:25 Une fois que l'ordonnance d'irresponsabilité
21:27 était donnée, alors le gars était dans la nature pendant cinq ans,
21:29 après avoir donné des coups de couteau. Et ensuite,
21:31 il fallait demander à un collège de juges
21:33 si oui ou non, il fallait l'interner.
21:35 Et la décision n'était pas encore rendue.
21:37 Crise de la justice, donc. Crise de la psychiatrie.
21:39 Bien sûr, on la trouve avec des médicaments
21:41 sur lui. Donc, manifestement, l'encadrement
21:43 de soignants qui devaient le suivre
21:45 et qui devaient le forcer à prendre ces médicaments,
21:47 déjà, ce n'était pas le week-end. Et ensuite, personne
21:49 ne veillait à ce qu'il les avale réellement, ces médicaments.
21:51 Et en plus, ça pose le problème de la psychiatrie
21:53 réduite aux médicaments.
21:55 Donc, je crois qu'en effet, on est face
21:57 à une société dans laquelle, faute de moyens,
21:59 faute de moyens, effectivement, on ne soigne plus,
22:01 on n'incarcere plus,
22:03 on ne limite plus les libertés.
22:05 Alors, évidemment, on pense tous
22:07 et on a raison que c'est lié à la
22:09 volonté de faire des économies, à la volonté
22:11 comptable, à la volonté gestionnaire, à la raison pour laquelle
22:13 on a fermé des tribunaux, on a fermé des lits,
22:15 on peine à créer des places
22:17 de prison, etc. On veut économiser les deniers publics.
22:19 Mais c'est aussi cette raison qui fait
22:21 qu'on préconise, et dans la psychiatrie,
22:23 et dans la justice, des solutions alternatives.
22:25 Solution alternative à l'emprisonnement,
22:27 ça coûte trop cher, donc Bras-St-Électronique.
22:29 Solution alternative à l'emprisonnement,
22:31 donc réduction des peines, donc on les remet en liberté.
22:33 Solution alternative aux soins
22:35 qui prennent du temps, allez,
22:37 on les bourre de médicaments.
22:39 Solution alternative aux soins, hospitalisation à domicile.
22:41 La psychologue
22:43 Marie-Estelle Dupont que j'ai consultée m'a dit
22:45 qu'en moyenne, un médecin
22:47 psychiatre des hôpitaux, il voyait
22:49 deux minutes ses patients
22:51 par jour. Deux minutes, c'est tout.
22:53 C'est pas possible, ça prend énormément de temps.
22:55 Donc, à la fois, il y a ce côté
22:57 libéral, cette volonté d'économiser,
22:59 de faire... Enfin, l'idée, c'était plus
23:01 de soigner pour soigner, l'idée c'est d'abord
23:03 d'économiser des deniers publics et d'abord
23:05 de dépenser le moins d'argent. Et on injecte
23:07 dedans une logique de management,
23:09 une logique de contrôle des coûts,
23:11 etc., qui est complètement délirante.
23:13 Mais cette logique libérale, qui est
23:15 aussi, il faut le dire, la logique consumériste
23:17 qui pousse les individus à consommer
23:19 davantage, à aller au bout de leurs désirs,
23:21 à ne plus rencontrer de freins, etc.,
23:23 cette logique-là, elle est
23:25 en écho à une logique libertaire.
23:27 Le libéral et le libertaire se connectent.
23:29 Le libertaire, qu'est-ce qu'il dit ? Eh bien, en fait,
23:31 il n'y a rien au-dessus de l'individu.
23:33 Il n'y a rien au-dessus de l'individu, donc
23:35 on n'a plus de raison morale de le
23:37 stopper, de l'enfermer.
23:39 C'est bien ça l'idée, c'est qu'on est réticent
23:41 à enfermer, on est réticent à contraindre.
23:43 Et on est évidemment réticent
23:45 à soigner. Je crois que les deux
23:47 se rejoignent, les deux se connectent.
23:49 Michel Foucault avait un livre très célèbre,
23:51 "Surveiller et punir", c'est-à-dire il ne faut pas que l'État
23:53 ni ne surveille ni ne punisse
23:55 les individus, il faut les laisser libres d'aller au bout
23:57 de leurs désirs, surveiller et punir.
23:59 Et Bill Gates lui répond, en fait, à
24:01 40 ans de distance, à 50 ans de distance,
24:03 monitorer et réduire le coût.
24:05 Et donc je pense que le libéral
24:07 et le libertaire sont main dans la main
24:09 dans cette affaire et sont au cœur du processus
24:11 de décivilisation piloté depuis l'Élysée.
24:13 Le prolon proposé par
24:17 le ministre de la Santé, François Brown,
24:19 et sa ministre déléguée,
24:21 est-il à la hauteur ?
24:23 J'aimerais bien qu'il soit à la hauteur, mais lorsqu'on
24:25 entend François Brown expliquer, il a raison
24:27 d'ailleurs de dire, il faut assez,
24:29 on a assez parlé d'incivilité,
24:31 il faut parler maintenant de violences inacceptables.
24:33 Violences inacceptables, évidemment qu'elles sont
24:35 inacceptables par définition les violences.
24:37 Mais quand une aide-soignante et une infirmière
24:39 sont respectivement décapitées et égorgées
24:41 à peau en 2004, c'est quoi ?
24:43 C'est une incivilité qui les a tuées ?
24:45 Il fallait attendre tout ce temps-là pour découvrir
24:47 que cette violence était inacceptable ? Ça suffit
24:49 maintenant. Donc qu'est-ce qu'il recommande,
24:51 M. Brown ? Alors je vous fais le catalogue
24:53 des campagnes de prévention
24:55 et de sensibilisation du public
24:57 pour ne pas agresser les soignants.
24:59 Mais ça fait vraiment penser au sketch de Blanche Gardin
25:01 après les attentats de 2015. Vous savez, la mairie
25:03 de Paris avait dit "Paris c'est une fête".
25:05 Alors Blanche Gardin avait réalisé, elle avait dit "Oui, ben ici
25:07 c'est fête". D'accord ? Donc il y a des terrasses, etc.
25:09 Si vous voulez faire le djihad, c'est plus loin. Ici, c'est la fête.
25:11 Donc dans l'hôpital, il faut comprendre quoi ?
25:13 Il y aura des affiches et une campagne de com' en disant
25:15 "Bon, si vous voulez être violent, c'est à l'extérieur,
25:17 mais dans l'hôpital, il faut être gentil". Non mais c'est
25:19 complètement délirant. Il y a quelque chose
25:21 de fou, effectivement. Alors on va marquer une pause, parce que je vous sens
25:23 motivé, je sens Mathieu Bocoté
25:25 qui a envie de réagir, à Charlotte,
25:27 Marc aussi. On va réagir,
25:29 faire un tour de table sur ce sujet dans un instant.
25:31 Et vous allez nous dire en quoi ce plan
25:33 peut être utile ou pas dans un instant. On marque une pause
25:35 à tout de suite.
25:37 Retour sur le plateau de
25:41 Face à l'info. Je ne sais plus
25:43 où on en était, mais je sais
25:45 que vous étiez en colère. Mais quand on s'en prend la fête, il y a une solution de M. Braun.
25:47 Oui, et puis vous étiez en train de nous expliquer
25:49 que François Braun,
25:51 par rapport à tout ce qui se passe,
25:53 la violence dans les hôpitaux,
25:55 il met en place un certain plan.
25:57 Est-ce que ce plan peut être à la hauteur ?
25:59 De toute façon, il est question de réagir dans l'immédiateté,
26:01 dans l'émotion, de faire quelque chose,
26:03 de cocher, de dire que c'est fait, que c'est
26:05 quantifiable. Par exemple, il est question de
26:07 sécuriser les bâtiments. Et M. Braun,
26:09 qui a été urgentiste, connaît par cœur le problème de la sécurité
26:11 dans les hôpitaux, j'imagine. Mais non, il va nommer une commission,
26:13 attendre que la commission
26:15 dépose un rapport
26:17 pour reprendre des mesures pour la sécurisation des bâtiments.
26:19 Tout ça est quand même assez incroyable.
26:21 Réorganiser l'hôpital, mais réorganiser l'hôpital,
26:23 on est à combien de plans ? On est à combien de
26:25 grenelles exactement ? On ne sait pas. Il y a 40%
26:27 d'administratifs dans les hôpitaux, c'est-à-dire deux fois plus
26:29 que dans la plupart des pays européens,
26:31 et qu'il y en a trop et qu'il n'y a pas assez de soignants, on ne le sait pas
26:33 par hasard. On ne sait pas par hasard que c'est les
26:35 administratifs qui gouvernent l'hôpital et pas les
26:37 soignants et que ça tourne à... On marche sur la tête.
26:39 Et enfin, cette histoire de
26:41 meilleure réponse face
26:43 aux violences des soignants. Donc là aussi,
26:45 il y a un comité Théodule qui va étudier
26:47 peut-être qu'on va proposer de
26:49 renforcer la répression si on s'en prend aux
26:51 soignants. Alors, ça donne quoi ? Ça donne que
26:53 chaque fois qu'il y a un corps de métier ou une partie
26:55 de la société qui est agressée, on fait une loi pour
26:57 durcir les lois pénales. Lesquelles lois pénales qu'on n'applique
26:59 déjà pas ? Donc lundi, on fait une loi pour
27:01 renforcer la répression des gens qui sont prêts aux soignants.
27:03 Mardi, on fait une loi pour renforcer
27:05 la répression des gens qui sont prêts aux maires.
27:07 Mercredi, on fait une loi pour renforcer la répression
27:09 des gens qui sont prêts aux policiers. Jeudi, on fait une loi
27:11 pour renforcer la répression
27:13 de je sais plus trop qui. Enfin,
27:15 moi, je pense que la solution, c'est que
27:17 toute la semaine, en fait, lundi,
27:19 de lundi à lundi, plus personne
27:21 ne puisse agresser en toute impunité
27:23 qu'il y ait une répression, y compris quand on s'attaque
27:25 à des simples citoyens. Ça me paraît simple.
27:27 Mais finalement,
27:29 la folie peut-être, le nec plus ultra
27:31 là-dedans, le point
27:33 le point
27:35 oméga, on peut dire, de la décivilisation
27:37 qui a été, je pense, franchie en septembre
27:39 2021 par le chef de l'État lui-même
27:41 lors des assises de la santé mentale.
27:43 Parce qu'on est, me semble-t-il, dans un univers
27:45 dans lequel les individus sont à la fois
27:47 stimulés pour aller au bout de leurs désirs
27:49 et ne peuvent plus être frustrés, on l'a dit, mais ils sont
27:51 isolés, ils sont angoissés
27:53 comme jamais. Il y a un Français sur quatre qui dit avoir
27:55 des troubles psychiques. Ils ont peur des autres.
27:57 Ils se réfugient derrière les écrans, et notamment
27:59 les jeunes. Ces gens-là
28:01 n'ont plus de médecins psychiatres. Il y a des déserts
28:03 médicaux en psychiatrie. Il manque 30%
28:05 de médecins psychiatres dans les hôpitaux.
28:07 Et quelle est la réponse du chef de l'État pendant les assises
28:09 de la santé mentale ? Confier
28:11 à des start-up, du secteur privé bien sûr,
28:13 le développement de logiciels et
28:15 d'applications qui permettraient aux malades mentaux
28:17 d'auto-évaluer leur santé mentale.
28:19 Mais attendez, mais on est chez les fous là.
28:21 D'auto-évaluer. Auto-évaluer, oui, c'est ça.
28:23 Donc avec une petite application
28:25 vous arrivez à savoir quel est votre état de santé mentale.
28:27 L'étape suivante, c'est quoi ? C'est qu'il y a
28:29 une puce électronique qui déclenche la molécule
28:31 chimique produite par les laboratoires.
28:33 Là aussi, on cachetonne
28:35 au passage,
28:37 d'une certaine façon.
28:39 C'est absolument incroyable.
28:41 On est au cœur du processus de décivilisation
28:43 avec cette histoire parce qu'on ne veut ni
28:45 soigner, ni réprimer.
28:47 Très intéressant.
28:49 Merci beaucoup.
28:51 Le Psychodôme qui agit pour la santé mentale
28:53 d'ailleurs organise le 12
28:55 juin à l'Olympia une
28:57 soirée avec des artistes justement
28:59 pour agir contre la santé mentale.
29:01 On va peut-être coordonner avec
29:03 le ministre de la Santé.
29:05 En tout cas, je vous invite à participer
29:07 à cette soirée à l'Olympia.
29:09 Non, mais je veux dire que
29:11 est-ce que c'est peut-être utile, complémentaire,
29:13 plus utile ?
29:15 Je vous ai senti un petit peu
29:17 réactif sur le sujet.
29:19 Mathieu, Charlotte, rapidement, sur le sujet
29:21 justement de la santé mentale. Mathieu.
29:23 Non, mais en fait, surtout sur le thème
29:25 de la campagne
29:27 de publicité pour inciter les gens
29:29 à ne pas taper sur les soignants.
29:31 On a basculé dans un moment.
29:33 Premièrement, qui croit qu'il s'agit d'une véritable action politique ?
29:35 Deuxièmement,
29:37 d'abord, dans une société
29:39 où il devient normal, où tout le moins
29:41 fréquent qu'on tape sur les soignants,
29:43 c'est que des mécanismes sociaux
29:45 élémentaires sont brisés
29:47 et ce sont ces ressorts et ces mécanismes qu'il faut réparer
29:49 davantage que faire une campagne de pub
29:51 sur le mode. Et surtout, surtout, ne frappez
29:53 pas sur les soignants.
29:55 Un homme a été tué par balle en plein Paris
29:57 aujourd'hui. Un commandant de police
29:59 a été percuté cet après-midi
30:01 par un chauffard de police à Vienne.
30:03 Tout le temps, il y a des incivilités.
30:05 Emmanuel Macron parle de
30:07 décivilisation. Vous allez nous en parler
30:09 dans un instant. Charlotte, je me tourne vers vous
30:11 parce que plusieurs maires font entendre leur voix
30:13 sur le sujet de la répartition
30:15 de migrants en France. Comme
30:17 je le disais en titre, en fait,
30:19 le gouvernement pousse les SDF à
30:21 quitter la région parisienne. En fait, ce sont des migrants.
30:23 L'objectif est de désengorger la
30:25 capitale et les centres d'hébergement en vue
30:27 des JO. Alors, un
30:29 rapport de parlementaires Renaissance
30:31 souligne une expérience positive
30:33 de ces déplacements de migrants un peu dans
30:35 toute la France. Qu'en est-il réellement ?
30:37 Alors, en effet, on se souvient, le début de la
30:39 répartition, c'était au moment du démantèlement,
30:41 un des démantèlements de la jungle de Calais, où déjà
30:43 il y avait eu ces répartitions. Ensuite,
30:45 il y a deux ans, il y a eu la volonté d'Emmanuel Macron
30:47 de répartir sur le modèle
30:49 allemand un peu les migrants
30:51 en France. Et là, on a une
30:53 accélération, en effet, à l'approche des JO.
30:55 Alors, ce n'est pas dit comme ça, parce que ce serait difficile
30:57 à assumer, mais c'est très clair.
30:59 En gros, vous avez beaucoup d'hôteliers qui préfèrent
31:01 faire des travaux et accueillir
31:03 des personnes qui viennent pour les JO
31:05 avec des chambres probablement un coût plus intéressant
31:07 aussi pour eux, et avec un
31:09 respect aussi peut-être de leur bâtiment
31:11 plus assuré.
31:13 Et il y a donc 5 000 places d'hébergement
31:15 qui ont disparu en Ile-de-France
31:17 à l'approche des JO. Et donc,
31:19 le gouvernement a, prenant
31:21 cet exemple-là, a expliqué qu'il voulait
31:23 répartir en commençant par les
31:25 camps, les camps donc sans
31:27 hébergement des personnes. Donc, bon,
31:29 en gros, il y a beaucoup trop de gens
31:31 dans la rue en Ile-de-France,
31:33 et donc, il faut les répartir. Ils ont
31:35 réclamé la création de 10 SASS régionaux,
31:37 dont 10 régions,
31:39 justement pour
31:41 ces SASS temporaires, en vue
31:43 d'évaluer la situation et de leur offrir
31:45 un hébergement dans la région dans laquelle ils auront été
31:47 envoyés ensuite. Alors,
31:49 pour répartir ces personnes, nous avons des critères.
31:51 Il y a les capacités d'hébergement
31:53 des régions en question, le taux
31:55 de chômage, le produit intérieur brut
31:57 de chaque région, ainsi
31:59 que les besoins et la situation
32:01 personnelle et familiale des migrants
32:03 qui sont normalement examinés.
32:05 Ensuite, nous précisons la destination
32:07 choisie pour ces personnes est choisie
32:09 aléatoirement par un algorithme.
32:11 Vous voyez, tout ça est au nom de l'humanité,
32:13 mais c'est un algorithme qui va vous dire que vous allez
32:15 partir par ici ou vous allez partir par là.
32:17 Alors, immédiatement, les réactions,
32:19 ça a été grosse inquiétude des associations,
32:21 forcément, les associations sont toujours inquiètes
32:23 à chaque fois qu'on fait quelque chose, de toute façon,
32:25 sur la violence potentielle au moment des démantèlements,
32:27 sur le déracinement de ces personnes
32:29 qui ne choisissent pas forcément où elles vont,
32:31 vous avez bien entendu,
32:33 sur le choix qu'elles ne peuvent pas faire
32:35 forcément de l'endroit où elles vont aller,
32:37 sur les droits
32:39 qui ne seraient pas nécessairement respectés,
32:41 puisque si vous refusez de partir,
32:43 vous pouvez avoir certains droits qui seraient
32:45 mis en cause, bref, il y a une grosse inquiétude,
32:47 on connaît ça par cœur. Vous avez le récit
32:49 médiatique qui accompagne, on va dire,
32:51 cette répartition, en gros, sur le mode
32:53 "on ne parle de rien, sauf quand c'est la faute
32:55 à l'extrême droite", on l'a vu assez
32:57 régulièrement ici, et là, vous avez en effet
32:59 un rapport de deux parlementaires renaissants,
33:01 donc de la majorité, qui nous explique
33:03 qu'en gros, l'expérience est très positive,
33:05 en "loin des fantasmes"
33:07 de l'extrême droite, la revoilà.
33:09 Donc, tout est assez positif,
33:11 et quand on rentre dans le détail, tout n'est pas vraiment
33:13 positif, mais quand même, globalement, c'est positif.
33:15 Alors, tellement bien que, dans l'actualité,
33:17 ces derniers temps, on a quand même eu
33:19 plusieurs indices
33:21 d'une entreprise politique risquée.
33:23 C'est-à-dire, un, on a d'abord
33:25 eu Calac, on a beaucoup parlé de Calac,
33:27 alors Calac, le maire, avait
33:29 abandonné le projet, après
33:31 avoir refusé lui-même de faire un référendum,
33:33 il avait dit sur le marché à ses administrés, évidemment,
33:35 si je fais un référendum, 80% des gens vont dire non.
33:37 Donc, je ne fais pas de référendum,
33:39 confessant par là une opposition de la population,
33:41 et il avait fini par abandonner le projet
33:43 en raison des tensions que ça avait généré
33:45 dans sa ville. On a eu Saint-Brévin,
33:47 dont on a beaucoup parlé,
33:49 où, une petite ville paisible, tout a
33:51 tourné à la guerre civile, concrètement, au-delà
33:53 même des attaques faites aux maires,
33:55 c'est-à-dire que c'est des affrontements entre les
33:57 pros, les anti, et tout le monde
33:59 s'insulte, et donc, c'est
34:01 quand même aussi une donnée à prendre en compte
34:03 quand vous prenez une décision politique.
34:05 Et là, vous avez deux autres maires,
34:07 alors il y en a beaucoup qui parlent, mais,
34:09 vous avez le maire de Bruse, alors c'est une petite commune au sud
34:11 de Rennes, c'est un maire d'Hivergausses
34:13 qui, lui, refuse d'apprendre ce projet.
34:15 Un, il l'a appris à la dernière seconde,
34:17 deux, ses administrés l'ont appris dans le journal,
34:19 et, troisièmement, lui parle de conditions
34:21 indignes d'accueil, et, au détour,
34:23 il dit, puis, voire ailleurs, ça pose un peu d'autres questions,
34:25 la scolarisation, la question
34:27 des services publics qui accompagneront
34:29 ces personnes, donc, voilà, on sent que
34:31 les conditions indignes, c'est la manière un peu
34:33 un peu vertueuse de se
34:35 positionner contre le projet, et vous avez
34:37 un maire dans les Yvelines, alors celui-ci est écolo,
34:39 étiquette écolo,
34:41 qui lui refuse, alors il invoque également des
34:43 raisons sanitaires, mais je note que ces maires qui invoquent
34:45 des raisons
34:47 pour les migrants, c'est-à-dire, ils disent, c'est pour eux, c'est pas possible
34:49 de les accueillir ici, ils s'empressent pas de proposer
34:51 un autre lieu pour les accueillir non plus, je le note
34:53 au passage. Et vous voyez
34:55 que les grands absents de tous ces
34:57 projets-là, ce sont les élus locaux,
34:59 en effet, qui sont pas prévenus, on leur impose
35:01 les projets, et les Français,
35:03 c'est-à-dire qu'alors, eux, pour eux, personne ne s'inquiète,
35:05 y'a pas une assaut qui explique qu'eux n'ont rien décidé
35:07 du tout, et que quand, par hasard,
35:09 ils expriment leurs oppositions, ils se font carrément
35:11 insulter, donc comme ça, c'est beaucoup plus simple.
35:13 Et le rapport de ces deux parlementaires
35:15 préconise un dialogue automatique
35:17 avec les élus, parce qu'il arrive que les préfectures
35:19 quand même, prennent, attachent avec
35:21 les élus, mais ça n'est pas automatique,
35:23 ils préconisent un dialogue automatique, donc,
35:25 avec ces élus, bon, pour les Français,
35:27 toujours rien. Donc, en fait, on comprend
35:29 que ce qui est vrai à l'échelle nationale
35:31 est concrètement vrai à l'échelle locale,
35:33 vous pouvez parler de référendum,
35:35 vous pouvez faire des conventions citoyennes à Paris,
35:37 si possible, mais dans les faits, vous pouvez
35:39 demander leur avis aux Français sur absolument
35:41 tout ce que vous voulez, sauf sur l'immigration, donc on finit
35:43 par comprendre pourquoi, parce qu'on sait exactement
35:45 ce qu'ils en pensent, on le sait à force
35:47 d'études, on le sait à force de sondages,
35:49 on le sait à force d'expériences très concrètes,
35:51 qui ne se passent pas si bien que ça.
35:53 - Mais que vont devenir ces
35:55 personnes une fois réparties sur le
35:57 territoire ? Qu'est-ce qui est prévu
35:59 justement pour leur intégration ?
36:01 - Alors bon, c'est ça, je vous l'ai dit, c'est censé
36:03 durer trois semaines, pendant trois semaines, on examine
36:05 le profil pour ensuite proposer une solution
36:07 d'hébergement, puisque l'hébergement est un droit
36:09 inconditionnel, nous a rappelé le ministre,
36:11 donc, pour examiner et ensuite
36:13 les rediriger. Alors,
36:15 un, il faut préciser une chose,
36:17 c'est le rapport qui nous l'apprend,
36:19 40% des personnes qui sont
36:21 visées par cette orientation
36:23 directive, je cite, refusent
36:25 cette orientation, et alors là, on apprend,
36:27 un, que eux, ils ont le droit
36:29 de refuser d'aller vivre à tel endroit.
36:31 C'est pas rien quand même, eux, ils ont le droit
36:33 de refuser sans que personne ne les insulte.
36:35 Ils n'ont pas envie de vivre là-bas, ils n'ont pas envie
36:37 de vivre avec les habitants de tel ou tel endroit,
36:39 eux, il n'y a pas de problème, c'est normal, c'est
36:41 leur droit après tout. Bon,
36:43 alors, nous, les habitants n'ont pas cette chance-là,
36:45 et on précise, et les associations
36:47 s'inquiètent évidemment, qu'ils perdent
36:49 leur aide, pendant
36:51 qu'on examine en gros leur situation
36:53 administrative, ils ont une aide
36:55 financière, plus ils ont un droit
36:57 au logement, et le rapport nous dit,
36:59 et par ailleurs, c'est déjà
37:01 normalement le cas,
37:03 ceux qui refusent cette orientation pourraient
37:05 se voir supprimer l'aide et le logement.
37:07 Bon, évidemment, les habitants, on leur pose pas
37:09 la question, de toute façon, ils risquent pas de les perdre
37:11 et de les ont pas, ces aides-là, puisque
37:13 leur situation administrative, en gros,
37:15 elle est examinée. Et alors, vous avez
37:17 Stella Dupont, qui est un des auteurs de ce
37:19 rapport, qui recommande
37:21 d'enrichir l'algorithme,
37:23 le fameux algorithme qui vous envoie ici
37:25 ou là, afin de tenir compte
37:27 de la présence d'attaches
37:29 particulières de ces migrants.
37:31 Donc, vous avez bien compris,
37:33 les migrants n'ont seulement le droit de
37:35 choisir où ils vont habiter et avec qui ils vont habiter,
37:37 ils ont le droit de refuser, sans que personne
37:39 ne juge illégitime leur droit
37:41 de refuser d'aller vivre avec tel ou tel,
37:43 et ils sont légitimes
37:45 à vouloir vivre entre eux,
37:47 puisque c'est ça, des attaches particulières,
37:49 à vouloir vivre entre eux, en France.
37:51 Là où les Français sont illégitimes
37:53 et insultés, quand ils aimeraient pouvoir
37:55 vivre comme des Français, en France,
37:57 puisque c'est ça, l'enjeu.
37:59 La deuxième chose qu'on apprend, c'est que
38:01 la situation des demandeurs d'asile,
38:03 elle, elle est étudiée comme d'habitude.
38:05 Mais le nouveau dispositif, les fameux SAS,
38:07 ne fait aucun tri. Donc,
38:09 non seulement vous avez les demandeurs d'asile qui sont répartis,
38:11 les réfugiés, les sans-papiers,
38:13 les personnes déjà déboutées,
38:15 bref, toute personne qui accepte de monter
38:17 dans les bus, est répartie dans
38:19 ces fameux SAS temporaires.
38:21 Donc là, c'est un nouveau sujet d'inquiétude
38:23 pour les associations. Pourquoi ?
38:25 Parce que si vous avez des personnes déjà
38:27 déboutées administrativement,
38:29 au passage, je vous noterai que là, on les retrouve, pour les mettre
38:31 dans des bus, on sait où elles sont exactement, apparemment,
38:33 et on peut les envoyer ici ou là.
38:35 Vous avez, eux, ils craignent
38:37 quoi ? Que ça serve à faire des expulsions
38:39 discrètes des personnes
38:41 déboutées. Alors, un,
38:43 on a envie de leur dire, si elles sont déboutées du droit
38:45 d'asile, ce serait quand même assez logique
38:47 que la France fasse respecter
38:49 sa propre loi, donc on ne voit pas très bien où est le
38:51 problème. Et deux, on a envie de leur dire
38:53 qu'elles se rassurent, puisque le ministre de
38:55 la Justice, vous le disiez pendant le sommaire, Éric Dupond-Moretti,
38:57 nous a expliqué très récemment
38:59 dans le fameux reportage
39:01 de France 5 dont nous a parlé Mathieu,
39:03 que les OQTF, il nous a dit deux choses. D'abord,
39:05 les OQTF, elles sont graduées, alors que
39:07 je sache, obligation de quitter le territoire français,
39:09 je ne vois pas où il voit des grades, en fait,
39:11 je ne sais pas où il a vu ça. Donc, c'est
39:13 obligatoire, mais avec des grades quand même plus ou moins
39:15 obligatoires. C'est des obligations
39:17 plus ou moins obligatoires et il nous dit,
39:19 en s'énervant en plus, parce qu'apparemment c'est de notre faute,
39:21 c'est lui qui est ministre de la Justice, mais c'est de notre faute,
39:23 et il nous dit, on sait très bien qu'il y a des obligations de
39:25 quitter le territoire français qui sont infaisables.
39:27 Donc, c'est des obligations infaisables.
39:29 Donc, il ne faut pas changer le
39:31 processus, il faut plutôt s'énerver contre les gens
39:33 qui pointent qu'il y a des obligations
39:35 apparemment infaisables. - Ça marche pour les impôts ?
39:37 - Ah non, ça marche moins pour les impôts.
39:39 Ne tentez pas, c'est vous.
39:41 Et donc, on comprend qu'on a un pays littéralement
39:43 dépassé par la situation, qui
39:45 essaie de disséminer un peu sur le territoire
39:47 et le rapport qui explique
39:49 que globalement tout se passe bien
39:51 nous précise quand même que la situation
39:53 est extrêmement fragile. Pourquoi ? Parce que
39:55 on a commencé à répartir des gens, mais
39:57 les demandes d'asile sont en explosion.
39:59 Donc, il y en a tellement plus qu'il y en a encore
40:01 plus également en Ile-de-France, parce que c'est vrai que la
40:03 pression est très forte en Ile-de-France, et que
40:05 comme ça s'accélère, ce sera temporaire
40:07 mais probablement pour toujours, et probablement
40:09 toujours plus. - Il y a pourtant
40:11 des exemples de répartition réussie.
40:13 Est-ce qu'il ne faut pas se pencher, Charlotte Dornelas,
40:15 dessus, justement, pour reproduire les réussites ?
40:17 - Alors, Dieu merci, ça se passe
40:19 bien dans certains endroits, et avec
40:21 beaucoup de ces personnes. Dieu merci,
40:23 j'ai envie de dire. Mais simplement, on ne peut pas se concentrer
40:25 sur la partie qui se passe bien pour oublier
40:27 ou pour nier l'existence de ce qui
40:29 ne va pas. Et le rapport
40:31 nous explique que ce qui ne va pas, c'est
40:33 essentiellement, ouvrez les guillemets, une instrumentalisation
40:35 politique ayant conduit à des menaces
40:37 et des violentes. Donc, les chiffres
40:39 du lien entre
40:41 l'augmentation de la délinquance
40:43 et l'immigration, notamment irrégulière,
40:45 ça n'existe pas. Le refus
40:47 massif des Français, malgré la diabolisation
40:49 de ce refus, ça n'existe pas.
40:51 Tout ça, c'est une instrumentalisation politique.
40:53 Les gens ne réfléchissent pas par eux-mêmes
40:55 ni en raison de la réalité.
40:57 Deuxièmement, il y a quand même des chiffres
40:59 que personne ne veut commenter. J'en ai pris
41:01 simplement deux. On a une augmentation de la délinquance
41:03 à Saint-Brévin, par exemple, ces deux
41:05 dernières années. Plus 20% de la délinquance.
41:07 Donc, on nous explique qu'ils ont déjà accueilli des gens, il y a
41:09 deux ans, et tout se passe bien. Alors,
41:11 je ne sais pas, parce que, évidemment, ces chiffres-là, on ne les a pas.
41:13 C'est encore des chiffres. On va nous expliquer que demander
41:15 les chiffres, c'est d'extrême droite, déjà. Donc, on ne sait pas
41:17 exactement. D'accord. Mais,
41:19 on a, autour de Rennes,
41:21 donc, la fameuse ville de Bruse, vous savez,
41:23 avec le maire qui est un peu inquiet de ce qui va se passer.
41:25 Alors, autour de Rennes, d'y vers gauche,
41:27 le Télégramme, journal,
41:29 qui nous dit, ouvrez les guillemets, "Entre 2020
41:31 et 2022, la délinquance a davantage
41:33 augmenté dans les communes autour de Rennes
41:35 que dans la ville-centre".
41:37 Alors, une explication. Le phénomène touchant
41:39 particulier, les communes autour de Rennes,
41:41 pardon, le phénomène touchant particulier,
41:43 les endroits où les bouleversements démographiques
41:45 sont les plus importants. Alors, moi, je veux bien la novlangue,
41:47 mais les bouleversements démographiques
41:49 qui sont les plus importants, c'est précisément
41:51 cette question-là. Donc, oui, il y a des préjugés,
41:53 mais des préjugés qui sont
41:55 basés solidement
41:57 sur une réalité. Deuxième chiffre, qui fait
41:59 écho à la chronique qu'on vient d'entendre,
42:01 Santé publique France estime que les
42:03 troubles psychiques graves
42:05 s'élèvent à 16,6%
42:07 sur ce groupe de personnes.
42:09 Vous savez que les troubles psychiatriques, c'est une des
42:11 raisons du droit d'asile en France. Donc, vous voyez
42:13 l'état de notre système psychiatrique.
42:15 Là, ça relève de l'inconscience
42:17 totale, c'est-à-dire de ne pas
42:19 réévaluer la manière dont
42:21 on accueille notamment les personnes
42:23 déséquilibrées, troubles graves.
42:25 C'est de l'ordre, vraiment, de l'inconscience.
42:27 Et la troisième chose,
42:29 c'est l'exemple cité par tous les partisans
42:31 de cette solution autoritaire de répartition
42:33 partout, que les gens le veuillent ou non,
42:35 c'était celui de l'Allemagne qui avait choisi
42:37 ce modèle-là
42:39 ces dernières années. Alors, on parle beaucoup moins de l'Allemagne
42:41 ces derniers jours. Pourquoi ?
42:43 Ah bah, pourquoi ? Parce qu'il y a de grosses tensions qui sont
42:45 apparues en Allemagne, si bien que vous avez
42:47 69% des communes allemandes
42:49 à qui on a demandé
42:51 qui affirment n'avoir plus les moyens de faire face aux
42:53 nombres croissants, qui ne veulent plus accueillir.
42:55 Et Olaf Scholz qui nous dit, "La grande
42:57 tâche à laquelle nous sommes désormais confrontés est de gérer,
42:59 de limiter la migration irrégulière."
43:01 Et vous avez, ils en appellent à l'Europe
43:03 pour bloquer les frontières extérieures.
43:05 L'AFD, qui est le parti
43:07 d'extrême droite, progresse considérablement
43:09 en Allemagne, et même les Verts
43:11 ont appelé, il y a quelques jours,
43:13 à sécuriser
43:15 les frontières extérieures de l'Europe.
43:17 Donc on parle beaucoup moins de l'Allemagne ces derniers jours.
43:19 Ah, regardez en replay
43:21 sur cnews.fr, en boucle,
43:23 la chronique de Charlotte, de
43:25 Mathieu et de
43:27 Guillaume. On va voir si on peut regarder
43:29 votre chronique en boucle.
43:31 - Vous pouvez l'ouvrir.
43:33 - Non, mais je le taquais.
43:35 - Je vous offre des fléchettes, et avec ma photo,
43:37 c'est pas mal non plus.
43:39 - Il a fallu 30 ans pour organiser
43:41 une société pacifiée par une laïcité
43:43 stricte. C'était en 1905.
43:45 Ça, ça vous parle beaucoup.
43:47 Et ces 30 dernières années commencent
43:49 avec le 24 mai
43:51 1873, il y a 150 ans,
43:53 jour pour jour, avec l'élection
43:55 du maréchal Macron.
43:57 - Et là, il y a tout l'ordre
43:59 moral, le retour de
44:01 la toute-puissance de l'Église.
44:03 Et c'est le républicain Gambetta en tête,
44:05 et les républicains qui n'auront de cesse
44:07 de forcer ce principe,
44:09 et qui vont commencer
44:11 la laïcité. Racontez-nous.
44:13 - La lutte, la lutte. Alors c'est extraordinaire
44:15 parce que si on
44:17 essaie de réfléchir
44:19 sur ces 30 années qui commencent
44:21 ce jour-là, on voit
44:23 quand même ce qui peut déterminer
44:25 les peuples et attiser les haines.
44:27 Alors n'oublions pas ce qui s'est passé
44:29 avant cela, 1870.
44:31 C'est la guerre
44:33 contre la Prusse, l'envahissement,
44:35 Paris qui est entouré,
44:37 les traités qui sont signés
44:39 de façon léonine et qui nous sont
44:41 fatales, et pour autant,
44:43 eh bien,
44:45 il nous faut choisir
44:47 un intérimaire, ce sera
44:49 le petit Pertière. Ah ben voilà, c'est lui
44:51 qui est à la tête
44:53 de ce qu'on n'appelle pas la République
44:55 mais qui devient une République
44:57 sans qu'on l'affiche. - Adolphe Thiers.
44:59 - Adolphe Thiers. Et
45:01 Adolphe Thiers
45:03 n'arrive pas à imposer
45:05 un courant républicain.
45:07 Il y a derrière les monarchistes.
45:09 Il est obligé d'organiser
45:11 des élections et les monarchistes
45:13 vont l'emporter
45:15 littéralement et
45:17 il démissionnera
45:19 et les monarchistes,
45:21 eh bien, ils élisent
45:23 le maréchal Mac Mahon.
45:25 Alors on se dit, il a milité,
45:27 il a mené campagne, non, non, non, non,
45:29 en ce temps-là, ce sont les élus
45:31 et eux n'ont qu'une idée
45:33 en tête, le retour de la monarchie
45:35 et également la toute-puissance
45:37 de la religion car l'un ne va
45:39 pas sans l'autre.
45:41 Et il y a un représentant
45:43 de cette royauté qui attend
45:45 là-bas de l'autre côté des frontières,
45:47 le comte de Chambord Henri V
45:49 et on se précipite sur place
45:51 en lui demandant
45:53 de pouvoir
45:55 se présenter sur le trône.
45:57 Il dit "oui, pourquoi pas,
45:59 à une condition quand même, c'est qu'on ait
46:01 le drapeau blanc, le drapeau de la royauté
46:03 qui n'a jamais existé". Bref, il nous fait un caprice
46:05 et tout cela est
46:07 préjudiciable pour ceux qui rêvent
46:09 de cette monarchie.
46:11 Quant le 25,
46:13 le 26 exactement,
46:15 Mac Mahon, rappelons quand même que Mac Mahon,
46:17 c'est l'homme de tous les régimes.
46:19 Il a été sous Charles X,
46:21 il a été sous Louis-Philippe,
46:23 il a été sous Napoléon
46:25 et à chaque fois, il est un homme
46:27 militaire important.
46:29 Napoléon lui donnera de grandes responsabilités,
46:31 on l'a vu
46:33 aussi bien durant la guerre de Crimée,
46:35 l'exploit de Malakoff,
46:37 Magenta, on en fait même
46:39 le duc de Magenta. Ça, c'est la
46:41 guerre d'Italie mais il y a quelque chose
46:43 de beaucoup plus sinistre pour une
46:45 partie du peuple français, c'est le rôle
46:47 que Thiers lui fait jouer
46:49 durant la Commune. Le mois de mai,
46:51 là aussi, on est dans cette période
46:53 en 1871,
46:55 deux ans auparavant, c'était
46:57 les sinistres carnages
46:59 qui se passaient du
47:01 côté du cimetière du
47:03 Perlachèse. On fusille des femmes,
47:05 on les éventre, les
47:07 nourrissons, tout est...
47:09 L'abjection la plus
47:11 absolue. Eh bien, l'un des responsables,
47:13 c'est lui le patron
47:15 des Versaillais. Mais il représente quoi ?
47:17 Parce qu'à la fin, c'est quand même les Versaillais
47:19 qui l'ont emporté. Il représente l'ordre
47:21 et c'est pour ça qu'on lui demande
47:23 de prendre la place. Alors Thiers,
47:25 à l'instant où il se retire
47:27 puisqu'il démissionne, il dit
47:29 "La présidence
47:31 est un enfer, je n'y retournerai
47:33 pas", on lui a pas demandé d'y revenir d'ailleurs,
47:35 "et vous,
47:37 mon cher Mazar-Y-Achal, n'y
47:39 entrez pas, le pouvoir
47:41 est un guet-pied". Ce à quoi
47:43 Macmaron répond
47:45 l'ordre moral, la
47:47 religion et les monarchistes
47:49 derrière qui essaient de
47:51 lever ceux qui sont dans
47:53 leur tendance. Et on voit partout
47:55 dans toute la France, eh bien
47:57 ceux qui se sentent frustrés,
47:59 pour autant la religion, elle est revenue
48:01 depuis quand même maintenant
48:03 des années, sous Napoléon III,
48:05 on ne connaît pas de catholique qui
48:07 soit en frustration d'exercer
48:09 leur foi, mais il faut aller plus loin
48:11 et on organise de grandes processions,
48:13 on plante, comme sous Charles X,
48:15 des calvaires dans les carrefours
48:17 que Dieu rayonne à nouveau
48:19 sur la France. – C'est comme l'être suprême.
48:21 – Oui, c'est comme l'être suprême,
48:23 voilà. Et puis à côté de ça, vous avez
48:25 les fanatiques, entre guillemets,
48:27 je me sens un peu leur descendant,
48:29 comme Gambetta, qui disent "la République,
48:31 la République, la République",
48:33 c'est-à-dire que, oui, on peut
48:35 avoir un ordre qui ne soit pas moral,
48:37 mais un ordre qui permette
48:39 aux hommes de vivre en moral.
48:41 Et ce n'est pas parce qu'il y a
48:43 une instance supérieure qu'on n'est pas
48:45 capable de ça. Et quand
48:47 MacMahon, quelques temps plus tard,
48:49 sera obligé
48:51 de choisir un nouveau
48:53 président du Conseil,
48:55 il voudra Gambetta,
48:57 mais Gambetta, il n'en veut pas,
48:59 enfin, pardon, il ne veut pas de Gambetta,
49:01 alors que Gambetta a été élu,
49:03 car là, les monarchistes
49:05 ont été balayés. Notons
49:07 que ce n'est qu'en 1875.
49:09 Un petit décret de rien
49:11 du tout qui apparaît comme ça,
49:13 et c'est un amendement
49:15 d'Henri-Alexandre Vallon,
49:17 le président est élu
49:19 par le Sénat
49:21 et l'Assemblée réunies,
49:23 et c'est ainsi que
49:25 la République apparaît,
49:27 mais sans... à chaque fois,
49:29 c'est presque clandestinement
49:31 qu'elle est imposée
49:33 par les textes. Ça rappelle
49:35 ce qui s'est passé précédemment.
49:37 Merci beaucoup, Macron. Je peux
49:39 vous poser une question, Macron, hier ? La décivilisation,
49:41 ça vous dit quoi, vous ?
49:43 Parce que c'est un mot qui a été employé aujourd'hui par le
49:45 chef de l'État. Eh bien, la décivilisation,
49:47 c'est effectivement
49:49 les atrocités dont on
49:51 est malheureusement témoins au quotidien,
49:53 encore, vous l'avez cité aujourd'hui.
49:55 C'est également
49:57 de voir une religion
49:59 qui cherche à s'imposer en ayant
50:01 ses codes au mépris de la République,
50:03 au mépris de cette laïcité
50:05 que, pendant 30 ans,
50:07 on a forgé à partir de Gambetta
50:09 qui aboutit à cette loi de 1905.
50:11 Voilà l'incivilisation,
50:13 car notre civilisation,
50:15 c'était la capacité de vivre ensemble,
50:17 en fraternité. C'est intéressant,
50:19 Charlotte. Le chef de l'État n'a pas dit
50:21 "incivilisation" et "décivilisation". Qu'est-ce que
50:23 vous entendez par là, vous ? Ensuite, Guillaume,
50:25 et la chronique de Mathieu. Je pense que la décivilisation,
50:27 elle est même interne, en fait.
50:29 C'est-à-dire qu'en effet, on ne sait plus
50:31 une civilisation. Il peut y avoir plusieurs définitions.
50:33 Il y a aussi celle qui consiste à se dire
50:35 que, naturellement, vous savez, c'est l'idée
50:37 des lois intérieures. Nous avons les mêmes
50:39 lois intérieures, la même
50:41 conscience du bien et du mal de manière naturelle.
50:43 Et, en effet, la France
50:45 vit un processus de décivilisation
50:47 qui est interne avant d'avoir un
50:49 apport civilisationnel étranger.
50:51 Guillaume, rapidement. C'est ça.
50:53 Toutes les générations doivent recommencer
50:55 la civilisation. L'être humain, il a doublé
50:57 son code génétique par un code culturel. Ce code
50:59 culturel, il est artificiel. Il est
51:01 transmis. Il est lié aux idées qu'on a
51:03 dans la tête et aux préjugés.
51:05 Or, les préjugés d'aujourd'hui, le bon plaisir
51:07 individuel au-dessus de tout,
51:09 c'est le cœur du processus de décivilisation.
51:11 Et c'est ça qu'on apprend aux gens.
51:13 C'est pour ça qu'ils n'obéissent plus à rien.
51:15 Le coup de poing, on va dire, de
51:17 Mathieu Bocotte sur la décivilisation.
51:19 Emmanuel Macron a confessé,
51:21 en Conseil des ministres, son inquiétude devant une France
51:23 qui sent sauvage, une France
51:25 hyper violente. Une France, dit-il,
51:27 reprenons ces mots, qui se décivilise.
51:29 La formule est forte, Mathieu.
51:31 De quoi parlons-nous quand nous parlons
51:33 de décivilisation? - Alors, le terme existe.
51:35 Le chef de l'État ne l'a pas inventé.
51:37 Et de ce point de vue, voyons quel sens
51:39 on peut lui prêter au-delà de son usage
51:41 circonstanciel. Alors, dans les circonstances,
51:43 dans les circonstances présentes,
51:45 il est lié aux violences. Les violences
51:47 qui, effectivement, se radicalisent dans tous les
51:49 domaines de l'existence. Les violences
51:51 entre les gangs, par exemple. Charlotte nous en parle
51:53 souvent. La violence même des gangs,
51:55 la violence du monde interlope, la violence des
51:57 univers mafieux, cette violence
51:59 se radicalise et elle touche des jeunes
52:01 de plus en plus jeunes.
52:03 Il vaut la peine... On se canarde un peu partout
52:05 désormais, même plus dans les quartiers qu'on disait
52:07 "ça, c'est les quartiers difficiles". Les quartiers difficiles
52:09 se multiplient et les quartiers ordinaires
52:11 ou les quartiers protégés sont désormais
52:13 agressés. Gardons ça à l'esprit.
52:15 Il y a aussi les violences contre les représentants
52:17 des services publics. On en a parlé ce soir.
52:19 Contre les représentants de l'État sous le signe
52:21 de la jacquerie, ce n'est pas des violences
52:23 politiquement pensées, il faut le comprendre. Ce n'est pas la violence
52:25 sauf quand on parle des Black Blocs, évidemment.
52:27 Mais la violence, souvent, contre les élus,
52:29 c'est une violence sauvage, une violence nihiliste,
52:31 une violence colérique,
52:33 une violence désespérée.
52:35 Ajoutons à ça des violences ordinaires,
52:37 une société qui sent sauvage au quotidien.
52:39 On le voit dans les transports en commun qui ne sont
52:41 plus des lieux particulièrement protégés.
52:43 Mais allons-y pendant un instant de la question
52:45 des seules violences pour prendre ce concept
52:47 de décivilisation au sérieux.
52:49 Mais ça réfère aussi, pour peu qu'on se dise
52:51 que les violences sont le symptôme de quelque chose d'autre,
52:53 à l'effondrement de la politesse
52:55 dans nos sociétés. On peut penser que c'est un détail,
52:57 mais c'est fondamental. Les formes,
52:59 c'est essentiel dans la vie, parce que quelle est
53:01 la fonction des formes? C'est justement de retenir
53:03 mon petit moi qui voudrait s'étaler
53:05 et s'exprimer dans tout son égoïsme.
53:07 Eh bien non, les formes, la politesse
53:09 nous oblige envers l'autre
53:11 et c'est, je dirais, le premier apprentissage
53:13 de la société.
53:15 L'effondrement de la culture, quoi qu'on en dise.
53:17 L'effondrement de la culture, c'est d'être capable
53:19 de métaboliser les pulsions, de symboliser
53:21 les pulsions. J'ai une grande colère en moi,
53:23 mais puisque j'ai quelques mots, plutôt que de donner
53:25 un coup de poing sur la gueule de quelqu'un,
53:27 je suis capable de verbaliser cette colère
53:29 et de passer, de ce point de vue, de la violence physique
53:31 à l'échange symbolique. Ça, c'est une manière
53:33 de civiliser les gens.
53:35 Et là, on pourrait multiplier les exemples.
53:37 La fin de la transmission scolaire à la transmission culturelle
53:39 à l'école. Donc, vous voyez, quand on parle de décivilisation,
53:41 si on veut prendre ce concept au sérieux,
53:43 il faut aller au-delà des violences,
53:45 de la désagrégation du lien social.
53:47 Parce que, renversons la formule,
53:49 qu'est-ce qu'une civilisation?
53:51 Je ne parle pas ici au sens d'Occidentale Institute,
53:53 je parle du processus de civilisation.
53:55 C'est d'abord et avant tout, je dirais,
53:57 un processus pour adoucir les mœurs, tout simplement.
53:59 L'être humain est naturellement violent.
54:01 Il est porté à la coopération, mais il est aussi violent.
54:03 Il est aussi médiocre aussi.
54:05 Et le propre d'une culture qui fonctionne bien,
54:07 c'est de sélectionner parmi les comportements sociaux
54:09 ceux qui permettent, ceux qui permettent
54:11 d'avoir une société mieux tissée,
54:13 plus coopérative, plus généreuse,
54:15 plus intégrée, plus institutionnalisée.
54:17 Et de trier de laisser de côté
54:19 des comportements qui sont antisociaux,
54:21 des comportements antisociaux.
54:23 Par exemple, si j'avais l'idée idiote et imbécile
54:25 de me tatouer le visage intégralement,
54:27 je me présenterais aux autres avec le visage d'un monstre.
54:29 Une société normale dit,
54:31 "Ne te tatoue pas le visage, peut-être sur le bras en cachette,
54:33 mais pas le visage."
54:35 Une société qui dit, "Fais ce que tu veux,
54:37 en toutes circonstances, tu peux te tatouer le visage,
54:39 ce que tu veux, une croix gammée,
54:41 ou la foisseyer le marteau, les deux symboles,
54:43 c'est possible, c'est permis, il n'y a pas de soucis."
54:45 Une société comme ça, c'est une société qui a oublié
54:47 la figure de l'autre et qui n'est plus capable
54:49 d'avoir des normes élémentaires.
54:51 Donc des cadres civilisateurs, des cadres inhibiteurs,
54:53 des autorités légitimes qui coopèrent naturellement.
54:55 Ça, ça veut dire, par exemple,
54:57 dans le cas de l'école, que les parents
54:59 et les enseignants sont censés coopérer
55:01 les uns les autres et ne pas être en guerre
55:03 les uns les autres. C'est ce qu'on pourrait appeler
55:05 la solidarité des adultes.
55:07 Des signes ostentatoires, je l'ai dit,
55:09 le langage, l'habillement. Alors tout ça,
55:11 il y a une forme de hiérarchie naturelle
55:13 qui s'accompagne d'un principe d'égalité
55:15 qui s'appelle une société qui se tient.
55:17 Tout ça, on peut dire que depuis,
55:19 chacun à sa date de préférence,
55:21 certains diraient 68, d'autres diraient
55:23 les dernières années, d'autres diraient 89, 93,
55:25 quand c'est, pour certains, ça revient
55:27 avec la fin du Moyen Âge, on l'en tête.
55:29 Quoi qu'il en soit, les 30 dernières années,
55:31 qu'est-ce qu'on a vu? Un effondrement
55:33 des systèmes normatifs.
55:35 On a du petit moi absolu, du petit moi tout puissant,
55:37 du petit moi absolu, du petit moi
55:39 qui se veut petit roi.
55:41 Et ça, cette espèce de tyrannie
55:43 de l'individu triomphant,
55:45 qu'est-ce qu'en traîne une forme de décomposition,
55:47 de désagrégation de la civilisation
55:49 telle qu'on le voit? Est-ce que ça rend
55:51 l'individu heureux, comme le disent certains?
55:53 Mais pas du tout. Quel est le type
55:55 humain formé par la société contemporaine?
55:57 C'est une espèce de visage à deux faces
55:59 qui, d'un côté, c'est un zombie catatonique
56:01 et de l'autre côté, c'est un zombie
56:03 violent et agressif. Donc, il passe
56:05 de l'espèce de côté complètement
56:07 tétanisé par la société, mais il peut
56:09 basculer dans la violence,
56:11 complètement manipulable, soit dit en passant,
56:13 parce qu'il n'est plus ancré dans une culture,
56:15 des mœurs, une civilisation. Donc, cet individu,
56:17 ce zombie agressif est délié.
56:19 Comment on encadre ça néanmoins?
56:21 Parce qu'il faut quand même s'assurer que la société
56:23 n'explose pas tout le temps. Il y a différents modes
56:25 de régulation de la société présente.
56:27 Les écrans qui abrutissent en hypnotisant,
56:29 c'est-à-dire l'écranisation de la société
56:31 est une technique, à certains égards,
56:33 pour calmer les consciences, pour être capable
56:35 de refroidir les passions et les âmes.
56:37 La régulation pharmaceutique des émotions,
56:39 le divertissement de masse,
56:41 les prestations sociales
56:43 qui transforment l'individu en assisté
56:45 permanent, les manipulations médiatiques
56:47 à répétition. Autrement dit, nous avons cru
56:49 nous engager dans un modèle d'émancipation
56:51 individuelle absolue. Le résultat,
56:53 c'est une société aplatie,
56:55 bureaucratisée et un peu, beaucoup
56:57 zombie. - En 10 secondes,
56:59 qui dit décivilisation
57:01 peut alors dire recivilisation?
57:03 - Oui, alors en deux temps.
57:05 Sur le plan politique, parce qu'il y a toujours
57:07 une réponse politique, devant les violences
57:09 dont on parlait, la plus grande fermeté,
57:11 reconstruire des digues, reconstruire des interdits,
57:13 faire respecter les interdits, faire en sorte
57:15 que l'autorité ne s'aplatisse plus, qu'elle ne se
57:17 liquéfie plus. Et pour le reste,
57:19 donnons-nous un siècle pour reconstruire
57:21 cette société lentement, passionnement,
57:23 en espérant que nos petits-petits-petits-enfants
57:25 prennent le relais et soient capables de reconstruire
57:27 quelque chose qui se tient, mais c'est pas gagné d'avance.
57:29 - Ça s'organise.
57:31 Merci à tous,
57:33 excellent suite de programme. Laissez-moi un petit message
57:35 aussi. Un petit
57:37 message d'amour, seulement des
57:39 messages d'amour. La Minute Info
57:41 Adrien Spiteri, et puis à demain.
57:43 - Un homme
57:53 tué par balles, aujourd'hui à Paris.
57:55 Une fusillade a éclaté près de la
57:57 station de métro Courcelles.
57:59 Selon une source policière, il pourrait s'agir
58:01 d'un règlement de compte. La victime est
58:03 un agent immobilier d'une trentaine
58:05 d'années. Plusieurs auteurs auraient pris
58:07 la fuite sur des deux roues.
58:09 Le Conseil d'Etat valide l'usage des drones
58:11 par les forces de l'ordre. La plus haute
58:13 juridiction administrative avait été
58:15 saisie par l'Association de Défense
58:17 des Libertés Constitutionnelles.
58:19 Les préfets avaient autorisé
58:21 le survol des cortèges du 1er
58:23 mai. Le juge estime qu'il n'existe
58:25 pas de doute sérieux sur la
58:27 légalité. Je n'ai
58:29 pas signé de près avec Vladimir
58:31 Poutine. Ce sont les mots de Marine Le Pen,
58:33 l'ancienne présidente du Rassemblement
58:35 National. C'est expliqué sur le
58:37 pré-russe contracté par l'UEFN
58:39 en 2014. Elle se défend de toute
58:41 contrepartie politique. Elle
58:43 était entendue par la Commission d'enquête
58:45 parlementaire aujourd'hui.
58:47 ♪ ♪ ♪