Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:00 -19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:00:03 Où étiez-vous, Charlotte, hier soir, à dîner ?
00:00:06 -Avec vous. -Oh zut !
00:00:07 Je pensais qu'elle aurait dit "avec Mathieu".
00:00:11 En effet, c'était génial.
00:00:13 Mathieu était là aussi, Marc aussi.
00:00:15 Guillaume, vous étiez où ? -J'étais dispensé.
00:00:18 J'avais un mot d'excuse. -En effet.
00:00:20 Bonsoir, Michael De Santos, les enfants du soir.
00:00:23 -Bonsoir à tous.
00:00:24 Il planifiait une action violente
00:00:26 lors du passage de la flamme olympique
00:00:28 dans deux jours à Bordeaux.
00:00:30 Un homme de 26 ans a été interpellé
00:00:32 suite à un signalement de la plateforme Pharos.
00:00:35 L'individu rendait hommage à Elliot Rodger,
00:00:37 auteur de la tuerie de masse d'Isla Vista aux Etats-Unis.
00:00:41 C'était il y a 10 ans.
00:00:42 Israël donne son feu vert
00:00:43 à la reprise des négociations pour libérer les otages.
00:00:47 Cette décision du cabinet de guerre
00:00:49 survient après la diffusion d'une vidéo-choc.
00:00:51 Des soldats sont enlevés lors des attaques du 7 octobre.
00:00:54 Certaines sont attachées,
00:00:56 d'autres sont humiliés par des membres du Hamas.
00:00:59 Enfin, le président iranien a été inhumé ce jeudi
00:01:01 dans sa ville natale.
00:01:03 Ses funérailles, auxquelles ont assisté
00:01:05 des centaines de milliers de personnes,
00:01:07 clôturent 5 jours de deuil national.
00:01:09 Ibrahim Raisi est décédé dimanche dernier
00:01:12 dans un accident d'hélicoptère.
00:01:13 Une élection présidentielle aura lieu le 28 juin.
00:01:16 -Merci beaucoup, mon cher Michael.
00:01:18 Et au sommaire, ce soir, d'abord,
00:01:21 nous nous arrêterons sur ce mot
00:01:23 employé par Emmanuel Macron
00:01:24 à plusieurs reprises en Nouvelle-Calédonie.
00:01:27 Le mot "racisme".
00:01:28 On a bien compris qu'il reconnaît, sans le dire,
00:01:31 le racisme anti-blanc.
00:01:32 Le chef de l'Etat déplore un racisme
00:01:34 qu'on n'en sait pas avoir à revenir.
00:01:36 Il précise que les inégalités sociales se sont accrues,
00:01:40 ce qui a fait émerger le racisme de manière désinhibée et assumée.
00:01:43 Et le président ajoute que personne ne peut accepter
00:01:46 qu'on puisse avoir accès à de la nourriture
00:01:49 parce qu'on a telle ou telle couleur de peau
00:01:51 ou telle origine.
00:01:53 De quel racisme parle-t-il ?
00:01:55 En quoi ce racisme peut-il conduire à la violence ?
00:01:57 L'édito de Mathieu Beaucoup.
00:01:59 "Au nom de l'humanité à préserver en prison,
00:02:04 "la permissivité nous a explosés en plein visage aujourd'hui."
00:02:08 Alors que Mohamed Amracon, toujours,
00:02:10 "personne ne comprend comment, en toute impunité,
00:02:14 "il n'a pu gérer, tel un chef de gang,
00:02:16 "toutes ces opérations criminelles depuis sa cellule."
00:02:19 Impunité à l'extérieur, mais en cause 19 fois.
00:02:22 Entre l'âge de 11 et 14 ans.
00:02:24 Impunité à l'intérieur, la sonorisation de sa cellule
00:02:28 révèle sa haute dangerosité.
00:02:30 Comment peut-on en arriver à faire la loi dans la rue ?
00:02:34 Et puis surtout, en pleine prison.
00:02:36 L'analyse de Guillaume Bigot.
00:02:38 "Quel bilan politique du voyage d'Emmanuel Macron
00:02:41 "en Nouvelle-Calédonie ?
00:02:43 "Il a voulu réaffirmer l'ordre républicain
00:02:45 "et réengager le dialogue.
00:02:47 "Rien ne justifie la violence, a-t-il tenu à souligner.
00:02:50 "Nous n'avons pas collectivement pensé le jour d'après.
00:02:54 "Il déplore le manque de vision d'avenir commune dans l'archipel.
00:02:57 "Il repart sans réponse, sans réel succès,
00:03:01 "mais avec une feuille de route, la levée des barrages,
00:03:04 "la levée de l'état d'urgence et la mise en place
00:03:06 "d'une mission vers un accord global.
00:03:08 "Un petit tour et puis s'en va, le regard de Marc Menon."
00:03:12 Ces informations viennent faire voler en éclat le profil
00:03:16 du petit délinquant, qu'il ne semblait pas si dangereux.
00:03:19 Y aura-t-il une prise de conscience politique
00:03:22 à l'heure où les magistrats alertent,
00:03:24 où la police alerte,
00:03:25 où les familles de victimes crient leur souffrance,
00:03:28 où les surveillants hurlent leur impuissance ?
00:03:31 Mohamed Adrna, la caricature de l'impunité
00:03:34 au-delà de l'imaginable,
00:03:36 le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:38 Et puis, le Centre d'expression artistique et culturelle LGBT+
00:03:42 va être créé à Paris, un centre ?
00:03:45 Alors, attendez, je vous cite l'enthousiasme
00:03:48 de Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris.
00:03:50 Ce sera un véritable pôle d'expression,
00:03:52 des expositions inédites, des conférences, des débats,
00:03:55 ce qui permettra de reconnaître la singularité et la richesse
00:03:58 de l'apport des identités LGBT+.
00:04:01 Bon, pas sûr que ce n'apaise à Mathieu Bourcouté ce soir.
00:04:04 Est-ce que pour lutter contre l'homophobie
00:04:06 et les commerces LGBT,
00:04:07 doivent être identifiés à Paris
00:04:10 les ditos de notre chef d'équipe, notre d'Artagnan du soir ?
00:04:13 C'est parti avec nos mousquetaires.
00:04:15 Et oui, on n'a plus notre ancien d'Artagnan,
00:04:18 mais on a un nouveau d'Artagnan, Mathieu Bourcouté.
00:04:20 (Générique)
00:04:24 ---
00:04:32 - Emmanuel Macron devrait quitter la Nouvelle-Calédonie ce soir.
00:04:37 Sur place, il a cherché à se montrer ferme mais ouvert en parlant...
00:04:42 On en parle dans un instant avec vous au niveau politique,
00:04:45 mon cher Marc.
00:04:46 Avec vous, Mathieu Bourcouté, on va s'arrêter sur le fait
00:04:49 qu'il a tenu à montrer sa désolation de voir, je cite,
00:04:52 "un racisme qu'on ne pensait pas voir revenir".
00:04:55 En faisant référence notamment à l'accès à l'alimentation
00:04:58 et à l'eau sur ce territoire,
00:05:00 en quoi, Mathieu Bourcouté, le chef de l'État,
00:05:02 reconnaît-il le racisme anti-blanc ?
00:05:05 - Il faut de temps en temps s'intéresser
00:05:08 à la formulation exacte des termes du président de la République
00:05:11 pour voir de quoi il nous parle exactement.
00:05:13 Il nous parle de racisme. De quel racisme nous parle-t-il ?
00:05:17 On regarde un peu, on écoute et on comprend
00:05:19 qu'il nous parle des manifestations de racisme anti-blanc sur ville.
00:05:23 Il n'utilise pas ces termes, mais on ne va pas lui imposer.
00:05:27 Il n'utilise pas ces termes, mais c'est la réalité
00:05:30 dont il nous parle dans les circonstances,
00:05:32 notamment dans le tri entre les personnes
00:05:34 sur le noir de couleur de peau pour l'accès à l'eau et à l'alimentation,
00:05:36 ce qui est effectivement discrimination raciale
00:05:38 pour avoir accès à l'alimentation ou à l'eau.
00:05:41 On est dans le racisme pur.
00:05:42 Mais on pourrait se contenter de s'en indigner
00:05:44 et on pourrait faire 15 minutes d'indignation sur tout cela.
00:05:47 Moi, ce qui m'intéresse, c'est cette formule.
00:05:49 Un racisme qu'on ne pensait pas voir revenir.
00:05:53 Donc, le racisme surgirait soudainement,
00:05:56 à la grande surprise de tous,
00:05:57 parce qu'on ne pensait pas que le racisme reviendrait.
00:06:00 Je me trompe peut-être, mais j'avais l'impression
00:06:02 que depuis le début des années 80 en France,
00:06:04 on ne parlait que du retour du racisme
00:06:07 qui était partout présent en France.
00:06:10 Depuis SOS Racisme, 1983,
00:06:12 le moment de refondation du socialisme méditerrandien
00:06:16 dans le multiculturalisme,
00:06:17 j'ai l'impression que le racisme...
00:06:20 Je suis dans la logique de ceux qui pensent comme ça.
00:06:23 Il n'est pas de retour depuis quelques jours.
00:06:25 Il est là depuis 30 ans, depuis 40 ans.
00:06:28 Qu'est-ce que veut dire le chef de l'État ainsi ?
00:06:31 Quand, il faut simplement définir correctement les mots,
00:06:34 le racisme dont on a parlé depuis 1983, 84, SOS Racisme et tout ça,
00:06:39 c'est un racisme qui avait changé de définition.
00:06:41 Le racisme historique a été,
00:06:43 je pense que c'est l'expérience traumatique de la Deuxième Guerre mondiale,
00:06:46 le racisme, dans son horreur,
00:06:47 le véritable racisme a été vaincu par l'Europe en 45.
00:06:51 Elle s'est purgée de la tentation raciste qui pouvait l'habiter,
00:06:54 qui l'avait habité,
00:06:55 et il y a une purge nécessaire qui a eu lieu.
00:06:58 Mais on dit que depuis le début des années 80,
00:07:00 le racisme est de retour en Europe.
00:07:02 Mais de quel racisme parlait-on ?
00:07:03 Depuis le début des années 80, le racisme en question,
00:07:05 c'était évidemment la résistance à l'immigration massive.
00:07:09 À ça, il y avait du racisme partout, apparemment.
00:07:10 Si vous étiez opposé à l'immigration massive,
00:07:12 vous étiez raciste.
00:07:14 Si vous vous opposiez,
00:07:15 j'y reviendrai, à l'islamisation de l'Europe ou de la France,
00:07:19 alors là, vous étiez raciste, assurément.
00:07:22 Si vous constatiez les effets de l'immigration massive
00:07:27 sur la vie sociale,
00:07:28 et vous l'observiez de manière descriptive,
00:07:31 vous pouviez être tellement raciste
00:07:33 que les autorités pourraient même vous condamner à payer des amendes
00:07:35 pour avoir nommé cette réalité.
00:07:37 Vous imaginez un pays où on condamnerait, par exemple,
00:07:40 des journalistes qui nommeraient une réalité,
00:07:43 et parce que cette réalité est désagréable,
00:07:45 on condamnerait une chaîne télé
00:07:46 à payer des dizaines de milliers d'euros pour cela.
00:07:50 Je ne peux pas l'imaginer, pas dans un pays démocratique,
00:07:51 mais imaginez un pays où ce serait possible.
00:07:54 Par ailleurs, il ne faut pas oublier la contribution
00:07:56 des sciences sociales à l'extension infinie
00:08:00 de la définition du racisme.
00:08:02 Donc, le racisme historique, le vrai, celui qui tue,
00:08:04 celui qui hiérarchise les humains selon la couleur de peau,
00:08:08 celui-là, on ne le voyait plus.
00:08:10 Mais là, on a étendu la définition du racisme
00:08:12 parce que si on voulait être en guerre contre le racisme tout le temps,
00:08:13 il fallait étendre sans cesse sa définition
00:08:15 pour en trouver de nouvelles traces.
00:08:17 Donc là, on a eu, par exemple, je vous fais un petit inventaire,
00:08:20 le racisme universaliste.
00:08:22 Il fallait trouver le racisme universaliste.
00:08:24 Qu'est-ce que c'était le racisme universaliste ?
00:08:25 C'était la laïcité.
00:08:26 C'était le refus de tenir compte
00:08:28 des différences ethno-culturelles dans une société.
00:08:31 Ça, c'était du racisme universaliste.
00:08:33 Il fallait partir à ça en guerre contre lui.
00:08:36 Il y avait aussi le racisme différentialiste.
00:08:38 Ça, c'était quoi ? C'était le fait de constater
00:08:40 des différences fondamentales entre les cultures,
00:08:43 des différences quelquefois insurmontables entre les cultures.
00:08:46 Ça, si vous constatiez ces différences,
00:08:48 vous étiez coupable de racisme différentialiste.
00:08:52 Le racisme systémique.
00:08:53 Le racisme systémique, qu'est-ce que c'était ?
00:08:55 Si vous avez une règle,
00:08:56 mais apparemment, elle n'a pas été adaptée à chaque groupe
00:08:59 qui prétend s'inscrire dans la société selon sa propre identité,
00:09:02 dès lors, racisme systémique.
00:09:04 On entend très souvent racisme structurel et policier.
00:09:07 Ça, c'était la poursuite de l'aventure coloniale,
00:09:09 apparemment, dans les banlieues par les forces de l'ordre.
00:09:12 Donc, le racisme tel qu'on l'avait connu,
00:09:15 le racisme hitlérien, le racisme persécuteur,
00:09:18 le racisme génocidaire,
00:09:19 le racisme sur le mode de l'apartheid, tout ça,
00:09:22 ça, ça n'existait plus en Europe.
00:09:23 Mais on a changé la définition pour pouvoir en voir partout.
00:09:27 Je note que le racisme anti-blanc, lui, par ailleurs,
00:09:30 on avait décrété qu'il était impossible théoriquement,
00:09:32 ce qui règle beaucoup de problèmes.
00:09:34 Dès lors, vous vous dites que c'est impossible théoriquement
00:09:36 et si vous pensez le contraire, vous êtes d'extrême droite.
00:09:38 Alors là, on n'en parle plus.
00:09:39 Emmanuel Macron lui-même dit, 2020,
00:09:42 "Nous serons intraitables face au racisme et aux discriminations."
00:09:45 On est au moment de l'affaire George Floyd, 2020.
00:09:48 2022, le président Emmanuel Macron rappelle l'importance
00:09:52 de la lutte contre la haine et l'ensemble des discriminations
00:09:55 et annonce la nécessité de lutter contre certaines...
00:09:57 d'assumer la réalité de certaines formes de racisme en France.
00:10:02 Alors, pourquoi je prends la peine de dire tout cela?
00:10:05 Parce qu'Emmanuel Macron nous dit, je reviens avec sa formule,
00:10:08 "un racisme qu'on ne pensait pas voir revenir."
00:10:10 Eh bien, la réalité est la suivante.
00:10:12 Depuis 30 ans, 40 ans, on a inventé des définitions falsifiées,
00:10:17 mensongères, du racisme pour combattre dans les faits la nation,
00:10:21 pour combattre dans les faits l'identité nationale,
00:10:23 pour combattre dans les faits ceux qui voulaient résister
00:10:25 à l'immigration massive.
00:10:27 Mais quand le vrai racisme arrive, le vrai, le classique,
00:10:30 celui qui discrimine les êtres humains en fonction de la peau,
00:10:32 celui qui dit, ce groupe-là, nous n'en voulons plus chez nous,
00:10:34 dehors les Blancs, dégagez les Blancs,
00:10:36 du vrai, vrai racisme,
00:10:37 celui-là, on a construit notre appareil mental
00:10:40 pour ne plus être capable de l'apercevoir,
00:10:43 pour ne plus être capable de le comprendre,
00:10:45 pour ne pas être capable de le nommer lorsqu'on le voit.
00:10:47 Et Emmanuel Macron, voyant ce racisme surgir,
00:10:50 se dit très étonné.
00:10:51 Est-il très étonné ou tout simplement aveugle, théoriquement,
00:10:54 devant ce qu'il a devant les yeux?
00:10:56 - Vous dites que ce racisme anti-Blanc était repérable
00:11:00 depuis longtemps si on voulait prendre la peine de le voir.
00:11:04 - Ah bien, c'est ça l'enjeu.
00:11:05 C'est pas nouveau, le racisme anti-Blanc.
00:11:07 Mais lorsqu'il a été nommé, on a tout de suite dit,
00:11:10 le peine, extrême droite, fasciste, blablabla.
00:11:12 Donc, si vous parlez de ce sujet-là,
00:11:14 sachez que vous en paierez le prix.
00:11:16 Si vous parlez de ce sujet,
00:11:17 il y a un prix à payer et il est élevé.
00:11:20 Par ailleurs, et c'est assez intéressant,
00:11:22 le racisme anti-Blanc a même été revalorisé
00:11:25 intellectuellement et théoriquement.
00:11:27 Il faut juste se prouver que dans nos universités,
00:11:29 depuis quelques décennies,
00:11:30 et plus encore depuis quelques années,
00:11:32 le racisme anti-Blanc, à bonne presse,
00:11:34 peut vous permettre de faire une très belle carrière.
00:11:37 Vous pouvez même, en certaines circonstances,
00:11:40 devenir une figure très à la mode dans certains milieux.
00:11:44 On vous présentera comme une grande activiste remarquable.
00:11:47 Et de quelle manière se présente-t-il ce racisme anti-Blanc?
00:11:50 D'abord, sur le signe du néo-antiraciste
00:11:53 dont on parle beaucoup aujourd'hui.
00:11:54 On clive la société entre les Blancs et les racisés.
00:11:57 Le Blanc est nécessairement raciste,
00:11:58 le raciste est nécessairement Blanc,
00:12:00 le racisé est nécessairement dans son droit.
00:12:02 Dès lors, c'est une lutte des classes
00:12:03 transformée en lutte des races.
00:12:05 Et dans cette logique, il faut en finir avec le dominant,
00:12:07 qui est le Blanc, entre guillemets.
00:12:09 Tout le discours sur la Blanchité,
00:12:10 dont on a beaucoup parlé depuis George Floyd,
00:12:12 le discours sur la Blanchité, ça consiste à dire
00:12:14 le Blanc est par définition oppresseur,
00:12:17 par définition coupable, par définition colonialiste,
00:12:20 par définition persécuteur.
00:12:21 Puis en plus, il y avait une folie là-dedans,
00:12:23 je me rappelle que la grande théoricienne de la chose disait
00:12:25 le Blanc, c'est le rationalisme, la science,
00:12:29 la ponctualité, la famille.
00:12:31 Vous faites des insultes,
00:12:32 vous êtes en train de faire des compliments, c'est pas trop,
00:12:34 et se trouve, vous êtes fous de croire
00:12:35 que la rationalité, c'est le monopole des Blancs.
00:12:37 Les Noirs sont aussi rationnels,
00:12:38 les Asiatiques sont aussi rationnels,
00:12:40 les Latinos sont aussi rationnels,
00:12:41 mais il y avait une construction caricaturale du Blanc
00:12:43 qu'il fallait déconstruire.
00:12:45 Les programmes de discrimination positive,
00:12:47 on connaît ça surtout en Amérique du Nord,
00:12:49 dans le monde anglo-saxon, moins en France,
00:12:51 l'idée que ce poste est réservé à une personne non-blanche.
00:12:54 Vous pouvez pas y accéder, vous êtes Blanc,
00:12:55 désolé, c'est pas permis.
00:12:57 Qu'est-ce que c'est un poste auquel vous pouvez pas accéder
00:12:59 si vous avez pas la bonne couleur de peau ?
00:13:01 C'était du racisme anti-Blanc.
00:13:03 L'ensemble des séances d'équité, diversité, inclusion,
00:13:06 la rééducation en entreprise, à l'université, à l'école,
00:13:09 pour pousser les jeunes Blancs, entre guillemets,
00:13:11 à développer une conscience raciale autodestructrice.
00:13:15 Rappelez-vous, c'est Vedette d'Hollywood
00:13:16 qui allait parler à Hollywood aux Oscars en disant,
00:13:18 « J'ai tellement honte d'être Blanche,
00:13:20 j'aimerais ne plus être Blanche. »
00:13:22 C'est quand même pas mal comme discours.
00:13:24 Mais il y avait aussi le racisme anti-Blanc
00:13:26 dans sa forme la plus primitive.
00:13:28 Mais ça, les tribunaux préféraient ne pas le nommer
00:13:29 lorsqu'ils le voyaient.
00:13:30 On peut passer à Crépole.
00:13:32 Crépole, hein ?
00:13:33 « Planté du Blanc ».
00:13:34 Je note qu'on a décidé de pas le retenir,
00:13:35 les autorités juridiques l'ont pas retenu,
00:13:38 mais dans ma définition à moi,
00:13:39 « Planté du Blanc », c'est du racisme anti-Blanc pur.
00:13:43 Et dans la même logique, rappelez-vous Telford,
00:13:45 en Grande-Bretagne, 2018, le grand scandale,
00:13:48 une mafia pakistanaise qui avait organisé
00:13:50 un système d'esclavage sexuel des jeunes Blanches
00:13:54 de la classe ouvrière, entre guillemets,
00:13:56 pour satisfaire les fantasmes sexuels
00:13:58 des gens d'une autre communauté.
00:13:59 C'est un scandale qui a pris du temps à remonter.
00:14:01 Et pourquoi on en a peu parlé ?
00:14:03 Parce qu'on voulait pas avoir l'air raciste
00:14:06 en dénonçant un véritable racisme
00:14:08 qui, cette fois-là, cible une communauté en disant,
00:14:10 « Vous serez la chair sexuelle désirée
00:14:12 qu'on pourra exploiter de différentes manières. »
00:14:14 Alors, voyons tout cela, le racisme anti-Blanc
00:14:16 a eu une belle carrière depuis 30 ans, depuis 40 ans.
00:14:18 Mais une carrière d'autant plus belle
00:14:20 qu'il n'était pas permis de le nommer
00:14:21 même lorsqu'il violait, même lorsqu'il tuait.
00:14:23 C'est tragique. C'est tragique
00:14:25 parce que, quoi, c'est la réalité qui était censurée.
00:14:27 - La question du racisme s'invite aussi
00:14:32 dans ces élections européennes.
00:14:33 C'est justement pour faire barrage au racisme
00:14:36 que le recteur de la Grande Mosquée de Paris,
00:14:38 Shem Sedin Hafiz, a appelé les musulmans
00:14:41 à s'engager contre, je cite, l'extrême droite,
00:14:44 qui porterait une vision de la société
00:14:46 poussant en discrimination.
00:14:48 Est-ce qu'il faut s'en surprendre ?
00:14:50 - Voilà, nouvelle définition du racisme.
00:14:52 Encore, je disais que c'est une question...
00:14:53 Tout est question de définition.
00:14:54 Si on commence avec les bonnes définitions,
00:14:56 on finit inévitablement dans le marécage intellectuel.
00:15:00 Alors, qu'est-ce qu'on nous dit ?
00:15:01 Le recteur de la Grande Mosquée de Paris
00:15:03 en appelle un vote communautariste
00:15:06 contre un parti « nationaliste »,
00:15:09 où les partis nationalistes soupçonnaient le racisme.
00:15:11 Donc, il dit, nous, nous, les musulmans, dit-il,
00:15:14 nous devons faire barrage à ce vote nationaliste,
00:15:18 le vote, il dit, d'extrême droite,
00:15:20 dont l'objet consiste essentiellement
00:15:22 à résister à l'immigration massive
00:15:24 et à l'islamisation de la France.
00:15:25 Donc, encore une fois, on comprend que refuser
00:15:27 l'islamisation de la France,
00:15:29 c'est de l'extrême droite, donc du racisme,
00:15:32 donc de la xénophobie.
00:15:34 Donc, je note, soit dit en passant,
00:15:35 qu'on est avec un argument de Joe Biden ici.
00:15:37 Un bon musulman ne saurait voter
00:15:40 pour ce qu'ils appellent l'extrême droite.
00:15:41 Tout comme Joe Biden nous dit,
00:15:43 un bon noir ne saurait voter pour Trump.
00:15:45 C'est une étrange forme d'essentialisation.
00:15:47 Je note, soit dit en passant,
00:15:48 que le recteur a publié une tribune tout récemment
00:15:51 en disant, l'identité de la France,
00:15:54 c'est cette diversité, c'est cette diversité.
00:15:56 Et ce qui est intéressant, c'est qu'il a fait
00:15:57 une autre intervention récemment.
00:15:59 Il poussait les gens à aller voter
00:16:00 aux élections européennes ici
00:16:01 et aux élections présidentielles, je crois, en Algérie.
00:16:04 Et il dit, j'ai un père, une mère,
00:16:06 j'aime mes deux parents,
00:16:07 mais j'ai une préférence pour ma mère, l'Algérie.
00:16:11 Est-ce qu'il définit l'Algérie simplement
00:16:13 comme un pays de diversité sans identité propre
00:16:16 ou est-ce qu'il réserve ce privilège à la France
00:16:19 qui aurait le privilège d'être le pays sans identité?
00:16:21 Je note, soit dit en passant,
00:16:22 qu'il s'est mêlé de politique ces derniers jours
00:16:24 en serrant la main publiquement et l'affichant
00:16:27 avec Reema Hassan, la figure de la France insoumise,
00:16:31 qui est au coeur de la présidence,
00:16:32 que dis-je, des européennes en ce moment,
00:16:34 et en la présentant comme une grande figure
00:16:36 du combat pour les réfugiés,
00:16:38 pour les droits humains et ainsi de suite.
00:16:40 Je rappelle que Mme soutient les actions du Hamas,
00:16:42 même si elle fait des nuances ensuite dans son soutien.
00:16:45 Est-ce que soutenir Mme Hassan,
00:16:48 c'est la manière qu'a trouvée Shemselin Afizdij,
00:16:52 d'être antiraciste?
00:16:53 Est-ce que soutenir Mme Hassan,
00:16:55 c'est la bonne manière de lutter contre le racisme,
00:16:57 contre l'intolérance en France?
00:17:00 C'est une manière originale, à tout le moins,
00:17:01 de poursuivre le combat contre le racisme.
00:17:04 -Charlotte, en quoi ce déni face au racisme anti-blanc
00:17:10 a fait croître, justement, les tensions identitaires,
00:17:15 notamment en France, selon vous?
00:17:17 -Je pense qu'il a fait croître la colère, sans doute,
00:17:20 de beaucoup de gens qui, constatant une réalité interdite à dire,
00:17:24 ont en effet exprimé leur colère.
00:17:27 Mais en revanche, je pense que c'est le mouvement
00:17:29 qui ne veut pas nommer le racisme anti-blanc.
00:17:32 C'est très particulier, quand même,
00:17:34 parce qu'en gros, ces gens-là expliquent
00:17:36 ce qui refuse l'existence du racisme anti-blanc,
00:17:38 expliquent que ça ne peut être que général,
00:17:40 que le racisme ne peut être qu'exercé par les dominants,
00:17:43 puisque tout est rapport de dominants et de dominés,
00:17:46 et pas par des personnes envers d'autres personnes.
00:17:48 Mais à l'inverse, vous avez le droit d'essentialiser
00:17:51 tout ce que vous voulez à partir du moment où votre discours est positif.
00:17:54 Donc, vous ne pouvez pas, par exemple,
00:17:56 critiquer l'apport de l'immigration sans viser qui que ce soit,
00:18:00 mais en revanche, à l'inverse, vous ne pouvez généraliser
00:18:03 que pour expliquer que tout est absolument formidable.
00:18:05 Ca, ça rend les gens fous, en fait, le principe de non-contradiction,
00:18:08 quand il est à ce point piétiné en permanence,
00:18:11 que vous ne pouvez pas voir tout simplement ce que vous voyez,
00:18:13 c'est-à-dire le racisme s'exprimer d'une personne à une autre,
00:18:16 quelles que soient les circonstances, oui, ça, ça rend fou.
00:18:19 Et avant la folie, il y a, en général, une colère
00:18:22 qui est, en effet, très sourde, oui.
00:18:24 Et ça réveille même, comme je disais aussi,
00:18:28 des passions identitaires... -Bientôt avant.
00:18:30 -Voilà, qu'on ignorait, voilà.
00:18:33 -Mais c'est-à-dire que vous dites...
00:18:35 -Qu'on passait sous silence.
00:18:36 -Non, mais vous dites, par exemple,
00:18:38 "La laïcité, c'est notre façon de fonctionner,
00:18:42 "et par conséquent, il faut que l'islam qui arrive
00:18:45 "n'affiche pas les signes religieux."
00:18:47 Mais là, vous êtes un raciste.
00:18:49 C'est-à-dire qu'on en revient à ces mots
00:18:52 qui perdent leur sens original.
00:18:54 Vous êtes un raciste parce que vous vous défiez
00:18:58 d'un élément culturel qui perturbe l'osmose de la société.
00:19:03 Donc, vous êtes un pourri,
00:19:04 et c'est obligatoirement un blanc qui est contre l'islam,
00:19:08 car effectivement, dans un premier temps,
00:19:10 le blanc, spontanément, il n'est pas islamique,
00:19:13 même si on a eu des gens comme Cousteau
00:19:16 qui se convertissent.
00:19:17 Mais il n'en reste pas moins que c'est ce symbole-là
00:19:20 qui l'emporte, et par conséquent, l'exclusion,
00:19:24 enfin, l'inquiétude par rapport à une culture
00:19:27 devient l'élément qui projette le blanc
00:19:30 en dehors de l'honorabilité.
00:19:33 -Est-ce que la reconnaissance de tous les racismes...
00:19:36 C'est-à-dire, simplement,
00:19:38 la définition n'apaiserait pas les tensions identitaires ?
00:19:42 -Ca devient vraiment cocasse,
00:19:44 c'est que le comble du racisme,
00:19:46 c'est de penser que le racisme a une couleur,
00:19:49 ou n'aurait pas de couleur, inversement.
00:19:51 C'est le comble du racisme, c'est par définition absurde.
00:19:55 En réalité, si on creuse un peu cette question,
00:19:58 reprenons les textes classiques de Lévi-Strauss,
00:20:01 il explique très bien que c'est la base de l'anthropologie
00:20:04 que tous les peuples premiers...
00:20:06 "Kanak", en langue mélanésienne, veut dire "l'homme".
00:20:09 Tout peuple premier se définit comme l'homme
00:20:12 et l'autre comme un singe.
00:20:14 Ca, c'est ce que font tous les peuples premiers.
00:20:16 Donc, il faut une progression,
00:20:18 découvrir l'autre, être dans un échange universel.
00:20:21 Evidemment, il y a eu le Troisième Reich,
00:20:24 du racisme en Occident,
00:20:25 mais l'Occident, sa caractéristique par rapport au racisme,
00:20:29 c'est d'avoir aboli et condamné le racisme.
00:20:32 C'est la seule civilisation du monde
00:20:34 qui a condamné le racisme.
00:20:35 Je pense qu'on nous fait payer d'avoir aboli le racisme.
00:20:39 C'est ça, en réalité.
00:20:40 -Je vous sens un peu énervé.
00:20:42 -Oui, parce que c'est un renversement complet.
00:20:44 Les Allemands ont fauté, c'est bien,
00:20:47 les Américains ont détruit les Indiens,
00:20:49 mais les Français ont-ils à se reprocher ?
00:20:51 C'est insupportable.
00:20:53 On pourrait donner de la leçon de racisme
00:20:55 à beaucoup de peuples.
00:20:56 -Un dernier mot ? -Anti-racisme.
00:20:59 Ce qui choque, c'est l'incapacité de reconnaître la bête humaine.
00:21:02 Le mal est dans le coeur de tout homme.
00:21:04 -Vous le dites souvent. -La pulsion raciste,
00:21:07 en guillemets, habite tous les groupes humains,
00:21:10 et la civilisation pousse à la refouler,
00:21:12 à la disqualifier, etc.
00:21:14 Mais ce qu'on nous dit, c'est qu'il y a une bête,
00:21:17 en fait, diabolique dans le genre humain,
00:21:19 c'est l'homme blanc, qui serait capable de tout le mal,
00:21:22 et les autres, des petits anges vertueux.
00:21:25 J'ai une vision pessimiste de tout le genre humain.
00:21:28 La civilisation est capable de calmer les mauvaises passions
00:21:31 dans chaque communauté.
00:21:33 Mais quand on dit que le mal est incarné,
00:21:35 c'est le sale petit Satan qu'on doit faire dégager.
00:21:38 -Vous ne vous surprenez pas. -On reste sur cette notion culturelle.
00:21:42 On n'est plus avec le racisme.
00:21:43 On vient de parler de couleur. C'était l'origine du mot.
00:21:47 Aujourd'hui, vous êtes raciste parce que, simplement,
00:21:51 et donc, ce repliement, c'était votre question initiale,
00:21:54 ce repliement identitaire,
00:21:56 parce que vous estimez que les différences cultures
00:22:00 doivent s'amenuiser pour que l'on puisse être
00:22:03 dans un esprit républicain, que l'on se sente citoyen.
00:22:07 -C'est surtout dans les quartiers dits populaires que...
00:22:10 Pardon, excusez-moi.
00:22:12 En fait, qui dit que les Blancs ont le monopole du racisme ?
00:22:16 En fait, ce sont généralement des Blancs.
00:22:18 C'est surtout un discours de Blancs.
00:22:20 C'est ce que dans les quartiers populaires,
00:22:23 c'est un discours tenu par les Blancs sur les Blancs.
00:22:25 Ca n'intéresse pas le reste du monde.
00:22:28 -En tout cas, merci beaucoup pour votre regard sur la question
00:22:32 et ce mot qui a été, donc, racisme,
00:22:35 qui a été cité plusieurs fois par Emmanuel Macron.
00:22:38 Il a cité un autre mot, le mot "humilité".
00:22:40 On va regarder ça avec vous dans un instant,
00:22:43 Marc, sur l'aspect politique de son voyage.
00:22:45 Un petit tour et puis s'en va.
00:22:47 Tel est le nom de votre chronique.
00:22:49 Les informations du Parisien ont eu l'effet
00:22:52 d'une bombe, aujourd'hui.
00:22:54 L'impunité de Mohamed Amra, en prison.
00:22:56 C'est depuis sa cellule que Mohamed Amra
00:22:59 téléphone à la main, se fait livrer de la nourriture,
00:23:02 dirige son réseau de criminels, se fait livrer du cannabis,
00:23:06 comme si, Guillaume Bigot,
00:23:07 la prison était une quasi-protection
00:23:11 pour ses délits.
00:23:12 -On a vraiment l'impression qu'il est en télétravail.
00:23:15 On dirait un cadre sup en télétravail
00:23:17 qui se fait livrer de la nourriture.
00:23:19 -Ca lui donne une certaine forme de recul,
00:23:22 ça lui donne un peu plus d'efficacité
00:23:24 dans son "travail", entre guillemets.
00:23:26 Séquestration, trafic d'armes, de stupéfiants, etc.
00:23:29 D'ailleurs, il est protégé par la prison,
00:23:32 contre les représailles, déjà, d'une certaine façon.
00:23:34 Et comme tout cadre sup qui se respecte
00:23:37 et qui est en télétravail, il se fait livrer
00:23:39 de la nourriture à domicile.
00:23:41 Effectivement, ça pose un petit problème.
00:23:43 J'avais cru comprendre que la prison,
00:23:45 c'était un sanctuaire, c'était l'endroit, d'abord,
00:23:48 où il était supposé être appliqué la loi,
00:23:51 pas dans la cellule d'Amra, manifestement.
00:23:53 C'était l'endroit où, en République,
00:23:55 c'est le châtiment suprême, d'être privé de liberté.
00:23:58 Il n'avait pas l'air de se sentir trop puni.
00:24:00 C'est l'endroit où l'individu est contraint.
00:24:03 Mais là, il faisait ce qu'il voulait.
00:24:05 C'est le lieu de la sévérité et de la sanction.
00:24:08 Pour Amra, c'était le lieu de l'impunité.
00:24:10 Je sais bien que, de temps en temps,
00:24:12 il y a des écoutes et qu'on laisse les choses se dérouler
00:24:16 pour des raisons de renseignement.
00:24:18 Mais là, il avait neuf téléphones, quand même, le gars.
00:24:21 Neuf téléphones.
00:24:22 Renseignement, que fait la police,
00:24:24 que font les magistrats et les gardiens de prison ?
00:24:27 - Comment expliquer cette impunité dont bénéficie cet individu ?
00:24:31 On reviendra dessus, en détail, avec Charlotte, dans un instant.
00:24:34 - Je vois trois explications.
00:24:36 C'était quand même assez étonnant,
00:24:38 peut-être qu'on ne sait pas tout et qu'on aura des nouvelles révélations,
00:24:42 pour cette extravagante marche de manoeuvre,
00:24:44 mais la première explication, c'est la corruption.
00:24:47 C'est ce que disait Pierre Botton, ancien homme d'affaires,
00:24:50 qui a été lui-même incarcéré.
00:24:52 "En prison, dit-il, il parlait sur CNews,
00:24:54 "la loi est faite par les caïds."
00:24:56 Avec la drogue qui est rentrée en prison,
00:24:59 l'argent est rentré en prison.
00:25:00 La corruption tend à devenir un peu systémique,
00:25:03 surtout quand les salaires sont très faibles,
00:25:06 et ils le sont, que les risques sont immenses,
00:25:09 et que la hiérarchie se lave les mains.
00:25:11 Deuxième explication à ce laxisme,
00:25:13 qui est un défi assez systémique en prison,
00:25:15 c'est la lâcheté des dirigeants.
00:25:17 La hiérarchie ferme forcément les yeux.
00:25:20 Le laxisme, c'est une sorte de moyen de réguler la surpopulation.
00:25:24 Et la troisième raison, suspense.
00:25:26 -On va marquer une pause.
00:25:27 On va rester sur la lâcheté des dirigeants.
00:25:30 On va voir la troisième raison que vous évoquez
00:25:33 pour expliquer l'incroyable impunité
00:25:35 dont bénéficiait Mohamed Amra.
00:25:37 Ensuite, on va décortiquer tout cela
00:25:39 avec Charlotte Dernelas.
00:25:41 A tout de suite.
00:25:43 -Retour sur le plateau de Face à l'Info,
00:25:45 même pendant la publicité.
00:25:47 On discutait de Mohamed Amra.
00:25:49 On est vraiment tous sous le choc, quand même.
00:25:52 On a l'habitude d'expliquer
00:25:54 à quel point le laxisme et l'impunité sont graves,
00:25:57 mais là, on tombe de haut.
00:25:59 On était avec vous, Guillaume Bigot.
00:26:01 On reviendra avec vous, Charlotte,
00:26:03 sur cette incroyable impunité
00:26:05 dont a bénéficié Mohamed Amra.
00:26:07 Vous parliez des trois explications.
00:26:09 La première, la corruption.
00:26:11 La deuxième, le laxisme.
00:26:13 Et la troisième ?
00:26:14 -La troisième est paradoxale.
00:26:16 C'est ce concept que je n'apprécie pas,
00:26:18 qu'on appelle l'état de droit,
00:26:20 qui est souvent le droit contre l'Etat,
00:26:23 le droit des individus placés au-dessus de tout
00:26:26 pour faire plier l'Etat.
00:26:27 On a cette application assez méthodique,
00:26:30 assez tatillonne, jusqu'à l'absurde.
00:26:33 Pour faire respecter les sacro-saints
00:26:35 droits de l'individu et de la vie privée,
00:26:38 on ne peut plus contraindre en prison.
00:26:40 On en parlait il y a peu.
00:26:42 Charlotte nous expliquait
00:26:44 qu'on ne peut pas fouiller en prison
00:26:46 sans un formalisme absolument ubuesque.
00:26:49 On peut très difficilement
00:26:50 sanctionner à l'intérieur d'une prison
00:26:53 sans la présence d'un avocat.
00:26:55 On place sur le même plan, au nom des droits de l'homme,
00:26:58 dévoyés de droit de l'homisme,
00:27:00 la parole du détenu et la parole du gardien.
00:27:03 A la fin des fins,
00:27:04 ce n'est pas les droits de l'homme ou l'état de droit
00:27:07 qui règnent à l'intérieur de la prison.
00:27:10 Le droit de l'homme, c'est un homisme abstrait.
00:27:12 Il piétine les droits de l'homme réels.
00:27:15 A la fin, c'est la loi du plus fort qui règne en prison.
00:27:18 La sécurité des gardiens n'est plus assurée,
00:27:21 4 000 agressions par an.
00:27:22 La sécurité des prisonniers n'est plus assurée,
00:27:26 11 000 agressions par an.
00:27:27 Il n'y a rien au-dessus des droits de l'individu.
00:27:30 C'est consacrer la loi du plus fort.
00:27:32 Comme dirait Marx, c'est la liberté du renard
00:27:35 dans le poulailler.
00:27:37 La prison, c'est d'une certaine façon,
00:27:39 une société inversée, une micro-société,
00:27:42 mais c'est aussi un miroir grossissant.
00:27:44 Comme dans les gares, on voit des gens qui ne sont rien
00:27:48 et des gens qui ont tout,
00:27:50 dans les prisons, il y a des caïds qui ont tout
00:27:53 et des gens qui ne sont rien.
00:27:55 C'est ça, quand on consacre le droit de l'individu absolu.
00:27:59 C'est la loi du plus fort.
00:28:00 On dirait que ce qui se passe dans cette prison
00:28:03 montre que le pas de vague a encore de beaux jours.
00:28:06 Absolument. Je suis convaincu
00:28:08 que le pas de vague a de beaux jours devant lui.
00:28:11 Si on réfléchit bien, cette espèce d'ultra droit de l'homisme
00:28:14 est liée à un ultra-individualisme.
00:28:17 Et le pas de vague a partie liée logiquement
00:28:21 avec l'ultra-individualisme. Pourquoi et comment ?
00:28:24 D'abord, puisque seul,
00:28:26 puisque l'individu est l'horizon indépassable,
00:28:28 on nomme des gens comme dirigeants.
00:28:30 Ce sont des gens qui défendent leur intérêt individuel
00:28:34 et qui sont complètement individualistes
00:28:36 et qui vont, par carriérisme, étouffer les problèmes.
00:28:39 Mon coauteur Jean-Claude Barrault me racontait
00:28:42 que son grand-père avait été nommé dans le cabinet
00:28:45 d'un ministre de l'économie et du budget
00:28:48 au tournant du 20e siècle, entre le 19e et le 20e siècle,
00:28:51 parce qu'il avait, lors d'une visite d'inspection de ce ministre,
00:28:55 tenu tête courageusement au ministre en disant
00:28:58 "Vous vous trompez."
00:28:59 Le ministre a dit "C'est quelqu'un de caractère,
00:29:02 "on va le nommer."
00:29:03 C'est le contraire des gens promus.
00:29:05 Aujourd'hui, ce sont des serviles, des prudents,
00:29:08 des cyniques, des gens qui soignent leur image,
00:29:11 qui mettent la poussière sous le tapis et ouvrent le parapluie.
00:29:14 Là, on rejoint l'espèce de jungle des normes,
00:29:18 des droits, des procédures, y compris des droits de l'homme,
00:29:22 des cabinets de conseil, à quoi sert cette compliance,
00:29:25 comme on dit dans la finance, à ouvrir le parapluie.
00:29:28 Si le chef ouvre constamment le parapluie,
00:29:31 qu'est-ce que fait le gars en bas ?
00:29:33 Il va ouvrir le parapluie.
00:29:35 On ne peut pas avoir d'informations,
00:29:37 tout est caché.
00:29:38 Si il y a un problème dans la prison,
00:29:40 c'est celui de la personne qui a dénoncé le problème.
00:29:43 Le pas de vague est le reflet du management contemporain
00:29:46 qui place l'individu au coeur de tout.
00:29:49 Auparavant, on dirigeait au nom d'un "nous" collectif,
00:29:52 d'un bien commun, d'une sorte de surmoi social.
00:29:55 On disait aux subordonnés "obéissez"
00:29:57 au nom de la République, de la France, etc.
00:30:00 Désormais, on dit aux subordonnés
00:30:02 "c'est mon intérêt à moi que vous obéissiez,
00:30:05 "et éventuellement, c'est votre intérêt à vous."
00:30:07 En cas de succès, le chef attribue tous les mérites.
00:30:10 En cas d'échec, c'est la faute de celui qui est en dessous.
00:30:14 Dans la prison, c'est la faute du lampiste, du surveillant.
00:30:17 Si on supprime l'idée de service public,
00:30:19 de bien commun, pourquoi prendre des risques ?
00:30:22 On insiste à une inversion des valeurs.
00:30:24 On a la magistrate de Marseille...
00:30:27 -J'ai prévu un petit sonore pour vous.
00:30:29 -Parfait. -Pas d'hélas,
00:30:31 pas de procureur. Tout à l'heure.
00:30:33 Surprise. -Vous décidez, vous êtes la patronne.
00:30:35 La magistrate de Marseille...
00:30:37 -Vous êtes le petit gars au fond de la salle
00:30:40 qui obéit à la patronne. -Je reste à ma place.
00:30:42 -Pas de diversion. -L'intérêt général.
00:30:45 -J'ai un petit sonore surprise. -Vous vous souvenez
00:30:48 de cette magistrate de Marseille qui expliquait
00:30:50 que l'Etat était en train de perdre face aux narcotrafiquants ?
00:30:54 Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
00:30:56 Le ministre lui a remonté les bretelles, lui a tapé sur les doigts.
00:31:00 Eric Dupond-Moretti aurait dû la promouvoir, immédiatement.
00:31:03 Vous vous souvenez du proviseur au lycée Hélène Boucher
00:31:06 qui explique qu'il est menacé ?
00:31:08 Il n'a pas été du tout promu, lui.
00:31:10 On l'a mis à la retraite, soit disant à sa demande,
00:31:13 alors que sa sécurité n'était plus assurée.
00:31:15 C'est le monde à l'envers,
00:31:17 un renversement complet de responsabilité.
00:31:19 -Est-ce qu'il y a un lien
00:31:21 entre le trafic de stupéfiants et la mondialisation ?
00:31:24 -On va boucler la boucle facilement.
00:31:26 Le trafic de stupes, c'est un business mondialisé,
00:31:29 est défiscalisé.
00:31:31 Le rapport sénatorial rapporte que le trafic génère
00:31:34 un chiffre d'affaires de 4 à 6 milliards par an,
00:31:36 pour le trafic de stupéfiants,
00:31:38 4 à 6 milliards par an.
00:31:39 C'est une activité extrêmement lucrative.
00:31:42 Une telle échelle n'aurait jamais pu être atteinte
00:31:45 sans la libération totale, la fluidification des échanges,
00:31:48 de biens, de capitaux, de marchandises.
00:31:50 Sans les paradis fiscaux, on retrouve les bénéfices.
00:31:53 Les multinationales respectent la loi,
00:31:55 ou elles contournent la loi.
00:31:57 Les trafiquants, les cartels, eux, ils violent la loi.
00:32:00 C'est pas la même chose.
00:32:02 Mais ce qui est sûr, c'est que dans ce monde-là,
00:32:04 la loi est minimaliste.
00:32:06 Par exemple, retenez qu'on ne contrôle
00:32:10 que 6 % des containers.
00:32:11 Si on contrôlait davantage de containers
00:32:14 pour y détecter de la drogue,
00:32:15 ce serait au détriment du business
00:32:17 et de la fluidité des affaires.
00:32:19 Donc, le business first, le business commande.
00:32:23 Et la mondialisation, finalement,
00:32:25 est profondément liée à la consécration
00:32:27 du bon plaisir individuel comme horizon indépassable.
00:32:30 Dans sa dimension libérale, bien sûr,
00:32:33 dans sa dimension libertaire.
00:32:34 Rejet de l'Etat, rejet du service public,
00:32:37 abaissement de toute autorité.
00:32:39 "Jouir sans entrave", disait Mai 68,
00:32:41 "faire du business sans frontières",
00:32:43 c'est des éléments qui se répondent.
00:32:45 Au fond, les capitalistes mondialisés
00:32:48 et les trafiquants mondialisés
00:32:49 ne croient pas du tout au collectif,
00:32:52 ils croient au bon plaisir individuel,
00:32:54 ils détestent les limites.
00:32:55 Il y a quand même une grande différence
00:32:58 entre les deux, et je vais finir là-dessus,
00:33:00 c'est que les premiers ne disposent que de l'appât du gain.
00:33:03 Les multinationales, elles ne disposent que de l'appât du gain.
00:33:07 Les trafiquants de drogue, c'est l'appât du gain,
00:33:09 mais aussi la violence.
00:33:11 Comme dit la série Netflix sur Pablo Escobar,
00:33:13 c'est "plata au plomb", c'est-à-dire le plomb ou l'argent.
00:33:17 Entre l'État de droit très affaibli,
00:33:19 à la mode de la CEDH et les narco-réseaux,
00:33:21 je peux facilement deviner qui va gagner.
00:33:24 - Du coup, mon cher Guillaume, dans un instant,
00:33:26 je vais vous faire goûter un petit sonore.
00:33:29 Il faut revenir quand même...
00:33:30 Au moment où Mohamed Amra a été...
00:33:33 a été... et a été en fuite, en fait,
00:33:35 on va revenir sur un des mots de la procureure
00:33:38 qui parlait un peu de son profil.
00:33:40 Je vous ferai écouter ça dans un instant.
00:33:42 On reviendra avec vous sur ce profil,
00:33:44 parce qu'on parlait, vous et moi, ce matin,
00:33:47 du fait qu'on le présentait comme pas si délinquant que ça,
00:33:50 pas si dangereux que ça.
00:33:52 On va s'arrêter avec vous pour voir à quel point
00:33:55 on s'est trompés dans sa définition,
00:33:57 dans son profil, en tout cas.
00:33:59 Quel bilan politique du voyage d'Emmanuel Macron
00:34:01 en Nouvelle-Calédonie avec Marc Menon ?
00:34:04 Il a voulu réaffirmer l'ordre républicain,
00:34:06 il a dit lui-même et réengagé le dialogue.
00:34:09 "Rien ne justifie la violence", a-t-il souligné.
00:34:12 Nous n'avons pas collectivement pensé le jour d'après.
00:34:15 Il déplore le manque de vision d'avenir commune
00:34:18 dans l'archipel, mais il repart quand même sans réponse,
00:34:21 sans réel succès, même s'il laisse une feuille de route,
00:34:24 l'arrêt de la violence, la levée des barrages,
00:34:27 et ensuite, il lance sa mission.
00:34:29 Un petit tour et puis s'en va. Pourquoi ?
00:34:31 -Parce que moi, j'ai pensé...
00:34:33 Ca m'est revenu comme ça.
00:34:35 J'ai entendu Henri Salvator dans mon oreille.
00:34:37 Vous savez quand il parlait des chanteurs,
00:34:40 "Macron est arrivé
00:34:44 "sans se presser
00:34:46 "et renvolé, le grand Macron..."
00:34:50 -On va faire du Macron, non.
00:34:52 -Non, mais...
00:34:53 -On va faire du Macron, non.
00:34:54 -C'est extraordinaire. Il est arrivé sur place.
00:34:57 Aux journalistes, on va voir ce qui se passe.
00:35:00 Donc, j'improvise.
00:35:03 Et les premières personnes qu'il rencontre,
00:35:05 c'est Sonia Baques, qui est la chef de file
00:35:08 de la branche radicale loyaliste.
00:35:11 Les loyalistes, ce sont ceux qui, sur place,
00:35:14 représentent le monde blanc,
00:35:16 ceux qui sont soi-disant les possédants.
00:35:19 Et Philippe Denoyer, qui est pour Calédonie Ensemble.
00:35:22 Avec eux, il a fait un petit point.
00:35:24 C'est vrai que ce sont avant tout ces gens-là
00:35:27 qui ont été les plus touchés
00:35:30 par les violences et les dégradations de matériel,
00:35:33 puisque ce sont les propriétaires.
00:35:35 Après, il a rencontré les indépendantistes.
00:35:38 Il y avait Roque Wamita,
00:35:40 qui est le président du congrès de Nouvelle-Calédonie.
00:35:43 Il y avait Louis Mapou,
00:35:45 qui est le président du gouvernement californien.
00:35:48 Il y avait l'Union calédonienne.
00:35:50 Il y avait également le pestiféré,
00:35:52 celui qui est assigné à résidence.
00:35:54 On avait passé un petit extrait, l'autre jour, de lui.
00:35:57 Christian Tint. -Il l'a appelé au calme.
00:35:59 -Il l'a appelé au calme. -Un indépendantiste.
00:36:02 -On considère que c'est lui qui est le meneur des jeunes.
00:36:05 C'est lui qui les a enflammés,
00:36:07 rappelant qu'ils étaient les victimes d'un système
00:36:10 et que la loi telle qu'elle avait été votée
00:36:13 était intolérable et qu'il fallait donc la combattre.
00:36:18 Alors, voilà. Et de tout cela, il en ressort,
00:36:20 "je laisse trois hauts fonctionnaires
00:36:23 "avec lesquels vous aurez à dialoguer
00:36:26 "pour tenter de trouver une solution."
00:36:28 Ce qui est déjà intéressant,
00:36:30 c'est que quand vous êtes sur place
00:36:32 en tant que grand fédérateur, en tant que sauveur, le Messie,
00:36:36 il faudrait au moins qu'il y ait les gens ensemble
00:36:39 pour montrer qu'il y a une possibilité de dialogue.
00:36:42 Non, là, il va d'un côté, il va de l'autre,
00:36:45 vous pourrez vous rencontrer, il n'y a pas la peine.
00:36:48 Ça, ça se dit au téléphone, c'est le premier point.
00:36:51 Et ensuite, il y a le fameux plan,
00:36:55 vous savez, qui était les 450 marches
00:37:00 qui devaient être proposées afin d'offrir au Canac
00:37:04 la possibilité d'une intégration dans les hiérarchies,
00:37:08 c'est-à-dire favoriser le système d'études,
00:37:12 que les uns et les autres aient une perspective
00:37:16 de promotion sociale.
00:37:18 Il y en a un qui a la réussite dans ce cadre-là,
00:37:20 c'est le président du gouvernement calédonien,
00:37:24 Louis Mapou.
00:37:25 Alors, très tôt, il s'est montré interrogatif et contestataire,
00:37:29 il était un petit gamin lycéen, il avait les grandes gueules,
00:37:33 il disait "mais la répartition des terres, elle va pas,
00:37:36 "parce que nous autres, Canac, on est confinés dans le Nord,
00:37:40 "on est confinés sur l'île de l'Illoyauté,
00:37:44 "là, ce sont les terres les moins prospères,
00:37:46 "il faudrait donc redistribuer tout ça."
00:37:49 C'est un vindicatif, mais on fait attention à sa personnalité
00:37:53 et on lui offre la possibilité de suivre ses études
00:37:56 dans les facultés en France, on le voit à Nantes,
00:37:59 on le voit à Paris, il retourne sur place,
00:38:02 il fait toute une carrière, il est intégré véritablement,
00:38:05 il a vraiment obtenu sa chance
00:38:09 et montré les capacités des uns et des autres.
00:38:11 Reste la question fondamentale posée par le président Macron,
00:38:16 il manque une vision commune.
00:38:19 -Il l'a dit à plusieurs reprises. -Oui.
00:38:22 Mais essayons de comprendre. Vous avez les Canacs,
00:38:25 je rappelle l'île de l'Illoyauté, 98 %, le Nord,
00:38:30 et ces gens, pour la plupart, respectent les chefs.
00:38:34 On est dans la coutume, on croit également à sa façon d'être.
00:38:38 Le point commun entre eux
00:38:40 et ceux qui sont pour beaucoup les descendants des communeux,
00:38:45 entre autres, et de quelques droits communs
00:38:48 envoyés au bagne là-bas, en Calédonie,
00:38:50 c'est le coup de foudre pour une terre.
00:38:53 C'est un lieu qui, tout de suite, vous prend aux tripes
00:38:56 et vous avez envie de vivre en osmose avec la nature.
00:38:59 Reste que les uns sont dans cette logique
00:39:04 d'une vie où on est dans cette harmonie
00:39:08 et où, à la limite, on ne pense pas spécialement
00:39:11 à un développement économique.
00:39:13 De l'autre côté, vous avez ceux qui viennent avec leur enthousiasme,
00:39:17 mais un enthousiasme qui est lié à notre façon d'envisager la société.
00:39:21 Donc, il faut rendre une terre prospère.
00:39:23 On découvre le nickel, comment exploiter le nickel ?
00:39:27 Comment faire en sorte que demain,
00:39:29 c'est-il, soit dans l'élan de la prospérité ?
00:39:32 Vous voyez bien que là, il y a deux mondes
00:39:34 qui ne peuvent pas se réunir, même s'ils sont sincères.
00:39:38 Il y a ceux qui ne sont pas dans une dolence,
00:39:41 ils sont dans une façon d'être.
00:39:43 Ils sont dans le désir d'aller dans le lagon,
00:39:46 profiter de la pêche...
00:39:48 -Vous permettez ? -Oui.
00:39:49 -Vous, qui êtes de gauche et tout,
00:39:54 pourquoi est-ce que vous dites que c'est normal
00:39:56 qu'ils ne puissent pas trouver une vision commune ?
00:39:59 -Il y a deux cultures. -Même si il y a deux cultures,
00:40:02 vous, qui souliez tout le temps le pouvoir des mots,
00:40:05 le pouvoir du dialogue, vous ne pensez pas qu'il y a un chemin
00:40:09 possible avec deux visions différentes ?
00:40:11 -La difficulté, déjà, c'est que vous n'avez pas de territoire.
00:40:14 Est-ce qu'on peut créer une dynamique économique ?
00:40:17 Vous êtes au bout du monde, qu'allez-vous fabriquer,
00:40:20 que ce soit rentable ou pas ?
00:40:22 Il y a cette logique-là.
00:40:24 Et à côté, des gens qui ont simplement envie
00:40:27 de vivre selon les principes
00:40:30 et qui sont envisageables dès lors
00:40:32 qu'il n'y a pas une démographie galopante.
00:40:35 Et là où ils se retrouvent, je vous dis,
00:40:37 c'est dans cet amour unanime de cette terre.
00:40:40 Mais cette terre, est-ce qu'elle peut rester telle qu'elle est
00:40:44 s'il y a un développement économique ?
00:40:46 Ce sont ça, les vraies questions à se poser.
00:40:49 Alors, après, comment on se rencontre
00:40:51 quand vous avez des jeunes
00:40:53 qui sont dans une sorte de perdition ?
00:40:56 Pourquoi la perdition ?
00:40:57 Parce qu'ils ne savent pas, ils sont tentés par le progrès.
00:41:00 "Ca fait rêver d'avoir de l'argent, de ceci, de cela."
00:41:04 "On a toujours été à l'école."
00:41:05 Et là, qu'est-ce que l'on fait ?
00:41:07 On se refuse, c'est l'alcool, la drogue et compagnie.
00:41:10 Les chefs coutumiers disent
00:41:11 qu'on veut rester dans ce qui fait notre âme.
00:41:14 Et par conséquent, vous avez ceux
00:41:16 qui sont totalement perdus,
00:41:19 qui s'enflamment, et aujourd'hui, d'ailleurs,
00:41:21 alors que le président s'apprête à repartir,
00:41:24 vous avez toujours des barrages dressés,
00:41:27 vous avez des jeunes masqués dans le Grand Nouméa
00:41:30 qui sont avec des banderoles,
00:41:32 qui crient des injures vis-à-vis du ministre de la Culture,
00:41:36 ils ont les lance-pierres qu'ils ont refabriquées,
00:41:38 et on a l'impression qu'à tout moment,
00:41:41 ils peuvent rebasculer dans la violence.
00:41:43 Que leur dire ? Est-ce que Christian Thin,
00:41:46 malgré sa bonne volonté, réussira à leur dire
00:41:49 qu'il y a un avenir, même si le président avoue
00:41:52 qu'il faut prendre son temps, qu'on n'est pas pressés ?
00:41:55 Revoyons-nous dans un mois. Je sais pas s'il fera l'aller-retour.
00:41:59 -Merci beaucoup, mon cher Marc. Ne chantez pas trop souvent,
00:42:02 vous faites "blub blub", il paraît. -Je taquine.
00:42:05 -Charlotte Dornelas, on va continuer
00:42:08 sur la grosse information du jour,
00:42:10 puisque Guillaume nous parlait dans sa chronique
00:42:13 des révélations du Parisien sur les écoutes de la cellule
00:42:16 de Mohamed Amra en prison.
00:42:18 Que nous apprennent réellement ces écoutes ?
00:42:20 -D'abord, la première chose qu'il faut voir,
00:42:23 c'est que le Parisien Monsant Pépier nous précise
00:42:26 que ces écoutes datent de 2022-2023,
00:42:28 qu'il a été écouté dans sa cellule,
00:42:31 dans ses écoutes aujourd'hui par des journalistes
00:42:34 et donc par le plus grand nombre, étaient connues
00:42:36 des enquêteurs au minimum avant, évidemment, le drame.
00:42:40 La question qui arrive immédiatement,
00:42:42 c'est est-ce que le genre de profil de Mohamed Amra
00:42:46 et la manière dont il se comportait en prison
00:42:48 est tellement fréquent qu'il est passé sous les radars,
00:42:51 ou est-ce qu'à l'inverse, notre faiblesse est pire
00:42:54 que ce que nous imaginions, parce qu'il n'y a pas eu de réaction
00:42:58 par rapport à ce profil-là, en l'occurrence ?
00:43:00 Dans ces deux cas, nous avons des raisons d'être inquiets,
00:43:03 mais pas vraiment de raisons d'être étonnés.
00:43:06 On a tous été extrêmement choqués par ces révélations,
00:43:09 c'est indiscutable.
00:43:10 Mais quand vous regardez dans le détail,
00:43:13 il y a finalement un discours théorique
00:43:15 sur l'état de la prison, l'état du crime organisé,
00:43:18 l'état de l'impunité de certains profils,
00:43:20 et là, vous allez voir qu'il y a une traduction concrète
00:43:23 de tous les mots qui sont très régulièrement dénoncés.
00:43:27 On a appris, premièrement,
00:43:29 qu'il obtient exactement ce qu'il veut en prison.
00:43:32 Guillaume avait raison de rappeler tout à l'heure
00:43:34 que parfois, les cellules sont mises sur écoute
00:43:38 et on laisse passer un téléphone
00:43:39 parce qu'on arrive à remonter des réseaux,
00:43:42 mais le renseignement se satisfait moins
00:43:44 des livraisons de nourriture dans la cellule
00:43:46 ou d'une chicha.
00:43:47 À mon avis, c'est moins utile.
00:43:49 Le problème est un peu plus large.
00:43:51 Mais sur cette question, combien d'agents pénitentiaires
00:43:54 ont alerté sur ces jets de colis ?
00:43:57 Combien ont alerté sur ce qui passait au parloir ?
00:44:00 Et avec la question des fouilles,
00:44:01 qui a été un peu revue ces dernières années,
00:44:03 mais qui était quand même très limitée pendant longtemps,
00:44:06 combien ont évoqué l'impossibilité
00:44:08 ou la lâcheté devant la sanction ?
00:44:10 L'impossibilité, en raison, on en a parlé il y a peu de temps,
00:44:13 de la surpopulation carcérale,
00:44:14 donc vous achetez la paix parce que vous ne pouvez pas
00:44:17 la gérer vous-même ou l'imposer,
00:44:19 et donc, la lâcheté, c'est-à-dire au moment
00:44:21 où vous avez besoin de sanctionner, vous ne pouvez pas le faire,
00:44:24 et donc, il y a cette prison qui échappe totalement
00:44:26 à la surveillance nécessaire des agents
00:44:28 qui sont pris par autre chose,
00:44:29 et donc, parfois, par la gestion de violences quotidiennes.
00:44:32 Et on parle ici d'un homme qui était emprisonné,
00:44:34 à l'époque de ces écoutes, à la prison de la Santé.
00:44:37 La prison de la Santé, c'est particulier.
00:44:38 Il y a un collectif de riverains qui s'est composé.
00:44:42 En 2019, la prison a été rénovée, elle a rouvert.
00:44:45 Il y a un collectif de riverains qui, depuis 2019,
00:44:48 et ils ont fait une grosse sortie médiatique en 2023,
00:44:51 il y a quelques mois seulement, en disant qu'on n'en peut plus
00:44:54 et qu'on doit être collés au-dessus des murs de la prison.
00:44:56 Donc, là, encore une fois, on a une traduction concrète
00:44:59 de ce que l'on a, par ailleurs, traité très régulièrement
00:45:02 grâce aux alertes des acteurs de terrain.
00:45:05 Deuxième chose qu'on apprend,
00:45:07 il multiplie les activités illégales depuis sa cellule.
00:45:10 On a extorsion de fonds, gestion de guet-apens,
00:45:13 carotage, c'est-à-dire il volait la drogue d'autres groupes.
00:45:17 Il organisait tout ça très sereinement depuis sa cellule,
00:45:20 alors au téléphone et en visio.
00:45:22 - Oh ! - Hein ?
00:45:23 Là, c'est pareil, combien d'alertes sur le sujet.
00:45:26 La dernière en date qui a fait beaucoup de bruit
00:45:28 grâce ou à cause, je ne sais pas, du garde des Sceaux,
00:45:31 c'est celle des magistrats à Marseille qui disaient
00:45:33 qu'il est absolument urgent d'avoir une prison imperméable.
00:45:37 Elle est aujourd'hui perméable.
00:45:39 Et, par ailleurs, penser à des prisons particulières
00:45:41 pour ces narcotrafiquants,
00:45:43 qui sont la pointe avancée du crime organisé,
00:45:45 qui prend des proportions inquiétantes.
00:45:48 Un chiffre, simplement, sur les activités illégales,
00:45:51 qui se font beaucoup, évidemment, par téléphone.
00:45:53 2023, 50 000 téléphones et accessoires de téléphonie
00:45:56 saisis dans les prisons.
00:45:57 Il y avait 75 000 détenus, 50 000 qui sont saisis.
00:46:00 Vous imaginez, évidemment, ce qui circule.
00:46:03 Là encore, traduction concrète de ce que nous savions.
00:46:07 Troisièmement, on apprend qu'il bénéficiait
00:46:08 d'un réseau servile ou terrorisé, et où terrorisé, d'ailleurs.
00:46:12 Là, je me souviens, on l'avait évoqué sur ce plateau,
00:46:15 l'ancienne préfète de Marseille avait donné une interview,
00:46:19 quand elle avait expliqué le trafic de drogue à Marseille,
00:46:22 et elle affirmait dans cette interview
00:46:24 qu'il y avait des gamins pris dans les réseaux de narcotrafique
00:46:28 qui finissaient par appeler eux-mêmes les policiers
00:46:30 par peur des personnes pour qui ils travaillaient.
00:46:32 Vous en arrivez à un point où, a priori,
00:46:34 la violence dépasse évidemment l'entendement.
00:46:37 Et en 2023, on apprend, cette fois-ci,
00:46:40 un magistrat parlait à ce moment-là du clan Hamra
00:46:43 et précisait qu'il avait autour de lui ou à sa disposition
00:46:45 une vingtaine de personnes.
00:46:47 Donc, c'était pas le petit délinquant de niveau moyen.
00:46:50 C'est vrai que c'est pas la tête de réseau.
00:46:52 Il y a encore une marge de progression
00:46:54 par rapport à ce qu'il était.
00:46:56 Mais là, encore une fois, combien de gamins avons-nous,
00:46:59 par ailleurs, visés sur les points de deal ?
00:47:01 On parlait de cette histoire de jambisation,
00:47:03 les gamins intimidés sur les points de deal pour obéir mieux.
00:47:05 Combien de rapports sur le rajeunissement des recrues ?
00:47:08 Pourquoi rajeunissement ? Parce que plus ils sont jeunes
00:47:10 ou en situation irrégulière, ils sont corvéables à merci,
00:47:14 vous êtes sûrs qu'ils ne parleront pas,
00:47:16 plus facilement, à la justice, mais par ailleurs,
00:47:18 ils sont pris dans des filets refermés du crime organisé
00:47:21 à la merci des personnes qui les embauchent.
00:47:23 Combien de fois avons-nous parlé ici, sur ce plateau, de ces sujets ?
00:47:27 C'est bien que d'autres en avaient parlé,
00:47:29 que d'autres avaient alerté sur ce sujet.
00:47:31 Évidemment que nous n'en étions que les relais.
00:47:33 Là, encore une fois, traduction concrète
00:47:35 dans le profil de Mohamed Hamra.
00:47:37 Quatrièmement, on découvre qu'il a des moyens
00:47:39 et une organisation professionnelle.
00:47:41 Combien de policiers ont alerté sur l'inversion proportionnelle
00:47:45 d'un métier qui était toujours plus entravé
00:47:47 avec un crime organisé qui était toujours plus souple,
00:47:50 qui s'adaptait toujours plus rapidement,
00:47:52 avec des moyens que les policiers ne pouvaient pas utiliser ?
00:47:55 Je prends un exemple pour poser une balise
00:47:57 sur la voiture d'un trafiquant de drogue.
00:48:00 Pour un policier, c'est mille autorisations,
00:48:02 remplissage de papier, et les trafiquants,
00:48:04 depuis des années, j'entends des policiers spécialisés
00:48:07 dans le stupéfiant, qui se balisent entre eux du matin au soir.
00:48:11 Comment vous voulez travailler de manière équitable ?
00:48:14 Évidemment, là, encore une fois, traduction concrète avec lui.
00:48:17 Cinquième chose que l'on apprend,
00:48:19 l'impunité au-delà de l'imaginable,
00:48:21 sans peur de rien ni de personne.
00:48:23 Mais là, qui peut se dire réellement surpris ?
00:48:26 On a commencé par apprendre, avant de savoir
00:48:28 qu'il était un peu plus dans le crime organisé
00:48:31 que ce qu'on pensait, qu'il y avait 19 faits
00:48:33 pour lesquels il avait été identifié entre 11 et 14 ans.
00:48:36 L'intégralité de ces faits avait été classée.
00:48:39 Je ne sais pas les raisons du classement,
00:48:41 mais probablement qu'on lui a laissé beaucoup de 2e chance,
00:48:44 qui deviennent des 3e, 4e et 5e.
00:48:46 Quand vous arrivez à 14 ans,
00:48:48 il y a 19 faits qui ont été identifiés par les autorités
00:48:51 et que vous n'avez pas de réponse, vous partez bien dans l'impunité.
00:48:54 Par ailleurs, ce sont des personnes qui sont sans cesse...
00:48:57 Il faut aller écouter dans les tribunaux,
00:49:00 même en comparution immédiate pour la petite délinquance,
00:49:03 les plaidoiries des avocats qui se focalisent
00:49:05 sur la culture de l'excuse.
00:49:07 C'est pas expliquer pourquoi tel fait a été commis à tel moment,
00:49:11 et les enfants ont eu moins de chance.
00:49:13 Quand on vous explique que c'est pas de votre faute
00:49:16 et qu'on vous sanctionne jamais, la butée n'arrive jamais,
00:49:19 l'impunité grandit.
00:49:20 Il a organisé tout depuis sa cellule,
00:49:23 le trafic de drogue, d'armes.
00:49:24 Il y a une histoire stupéfiante.
00:49:26 Il explique...
00:49:28 Ah oui, pardon pour le mot.
00:49:29 Il explique... Il est en visioconférence
00:49:32 avec quelqu'un qui doit récupérer un sac d'armes
00:49:35 qu'il veut récupérer,
00:49:36 et il lui explique, depuis sa cellule, en prison,
00:49:39 quel chemin il faut prendre pour éviter le barrage de gendarmerie.
00:49:43 Il est informé par je ne sais pas qui
00:49:45 qu'il y ait un barrage de gendarmerie.
00:49:47 L'impunité absolue, il fait ça entre les quêtes mûres
00:49:50 de sa cellule. -C'est bien sur le trafic de drogue.
00:49:53 -Comment ? -De drogue et d'armes.
00:49:55 -Vous permettez qu'on écoute le petit son ?
00:49:57 -Bien sûr.
00:49:58 -On va écouter la procurante de la République de Paris
00:50:02 qui avait souligné le casier judiciaire de Mohamed Anwar
00:50:05 et surtout souligné qu'il n'y a eu aucune condamnation
00:50:08 pour le trafic de drogue.
00:50:10 -Son casier judiciaire
00:50:11 porte mention de 13 condamnations.
00:50:14 La première intervenue en octobre 2009.
00:50:18 Il était alors âgé de 15 ans.
00:50:20 La plupart ont été prononcées
00:50:22 par le tribunal judiciaire d'Evreux et la cour d'appel de Rouen.
00:50:26 Elle porte sur des atteintes aux biens,
00:50:29 notamment des vols avec effraction aggravée.
00:50:32 Son casier judiciaire ne porte à ce jour
00:50:35 mention d'aucune condamnation
00:50:37 pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
00:50:40 -Oui, parce que les écoutes dont on est en train de parler
00:50:43 sont des enquêtes encore en cours.
00:50:45 Il y a un autre meurtre dans lequel il est.
00:50:48 -Je veux souligner, si vous permettez,
00:50:50 c'est qu'autant de mises en cause,
00:50:54 autant de faits pour trafic de drogue,
00:50:57 aucune condamnation et justement pas de condamnation,
00:51:01 donc une grande impunité en prison
00:51:03 et une liberté totale pour aller à un bon niveau de trafic.
00:51:07 -Il y a un visage poupon.
00:51:08 -Un poupon. -Une libération.
00:51:11 -En effet, les écoutes en cours 2022-2023,
00:51:14 je ne sais pas exactement comment la répartition
00:51:17 de la connaissance était entre les différents acteurs,
00:51:21 mais l'enquête est encore en cours pour cette histoire-là,
00:51:25 parce qu'accessoirement, depuis sa prison,
00:51:28 il a organisé plusieurs guet-apons,
00:51:30 dont un, et ce sont probablement
00:51:32 ce qui a généré ces écoutes-là,
00:51:34 dont un où la femme raconte, c'est une femme,
00:51:38 qui arrive au commissariat, je vous le fais en une minute,
00:51:41 il organise ça depuis sa cellule,
00:51:43 il y a une femme qui arrive au commissariat,
00:51:45 elle dit "Mon mari a disparu depuis trois jours,
00:51:48 "je sais pas où il est, il était parti pour une histoire de voiture
00:51:51 "dans le sud, pour une histoire de cannabis dans le sud,
00:51:54 "il avait une livraison, et Mohamed Amra se fait passer
00:51:57 "par le biais de ses sbires pour un client éventuel,
00:52:00 "il vole la marchandise",
00:52:02 il y a quand même 94 kilos de cannabis qui sont retrouvés,
00:52:05 y en avait-il plus ou pas ?
00:52:06 Déjà, 94, c'est pas mal.
00:52:08 Il demande d'attraper le gars en question
00:52:11 qui est retrouvé calciné dans une voiture
00:52:13 après avoir pris une balle dans la tête.
00:52:16 C'est en l'occurrence ce pourquoi il est mis en cause actuellement,
00:52:19 et sans doute ce qui a généré les écoutes.
00:52:22 Et il y a d'autres affaires d'un tel niveau de violence...
00:52:26 Ils ont été demander une rançon de 30 000 euros à cette femme,
00:52:30 alors que le corps avait déjà été retrouvé.
00:52:33 Il était déjà mort.
00:52:34 Vous voyez le niveau de ces personnes.
00:52:36 -Cherlene Donneras,
00:52:38 conclure de ces informations,
00:52:39 on l'a vu, qui dépassent l'entendement,
00:52:42 mais viennent faire voler en éclat le profil
00:52:44 du petit délinquant moyennement impliqué dans le trafic
00:52:47 et que personne ne disait qu'il était dangereux.
00:52:51 -D'abord, que tous les professionnels qu'on évoque là
00:52:54 ont de sérieuses raisons d'être vraiment en colère,
00:52:57 et les Français avec eux, qui découvrent de jour en jour
00:53:00 la réalité de leur colère.
00:53:02 D'abord, au niveau des autorités de l'Etat,
00:53:05 parce que vous le disiez,
00:53:06 que les différentes autorités ne soient pas au courant
00:53:09 de ces écoutes en cours.
00:53:10 Une fois qu'arrive le drame, avant de parler,
00:53:13 on peut se renseigner un minimum.
00:53:14 Si le Parisien l'apprend aujourd'hui,
00:53:16 d'autres pourraient l'apprendre avant,
00:53:18 or on n'a pas ça.
00:53:20 Au niveau médiatique, et j'insiste sur ce point,
00:53:22 peut-être faut-il, dans ce genre de circonstances,
00:53:25 manier avec plus de prudence la parole d'un avocat seul.
00:53:28 Je pense que l'avocat de Mohamed Amra a parlé très librement
00:53:31 en expliquant qu'il n'en revenait pas,
00:53:33 parce que son client, c'était pas du tout le genre.
00:53:36 C'est le genre à aller commanditer des guet-apens
00:53:38 et voir potentiellement des assassinats depuis sa cellule.
00:53:42 Et la mère d'un tel personnage, qui, sincère ou non,
00:53:46 alimente un discours d'excuse et de victimisation
00:53:49 qui est, franchement, assez malvenu dans les circonstances.
00:53:52 Et là, encore une fois, ce qu'on voit et dans la description,
00:53:56 c'est que ce qui a l'air d'être un fait divers,
00:53:58 aussi dramatique soit-il,
00:54:00 dessine tout simplement ce qui est devenu
00:54:03 et ce dont est capable aujourd'hui le crime organisé.
00:54:05 On l'avait entendu de la bouche de nombreux professionnels.
00:54:08 On en a là la preuve absolument parfaite.
00:54:10 Le lendemain, dans la prison dans laquelle il était,
00:54:13 une surveillante s'est fait agresser par un autre détenu.
00:54:15 15 jours d'ITT, c'est pas rien.
00:54:17 15 jours d'ITT, c'est passé sous silence.
00:54:19 Ça n'existe même plus, ces agressions physiques
00:54:21 contre des détenus, parce qu'il y a tellement pire
00:54:24 qu'on n'y prête même plus attention.
00:54:25 Or, les réactions politiques et médiatiques,
00:54:27 dans une certaine mesure, ont été diverses ces dernières années
00:54:30 quand arrivait le temps de transmettre ces alertes.
00:54:35 Il y a eu l'ignorance, l'indifférence,
00:54:37 la méfiance parfois et la dénonciation souvent,
00:54:39 la dénonciation de ceux qui alertaient.
00:54:42 Et on voit bien que la parole de ces professionnels
00:54:44 a été nettement moins accueillie
00:54:47 que celle des rapports du défenseur des droits.
00:54:50 Et je note que dans ce pays, il y a un défenseur du droit,
00:54:53 en l'occurrence prévenu dans les espaces de privation de liberté,
00:54:57 moins du droit des surveillants pénitentiaires
00:54:59 à exercer correctement leur métier,
00:55:01 des policiers, des magistrats à exercer correctement leur métier,
00:55:04 pour le bien de la société française tout entière.
00:55:06 - Est-ce qu'il n'y a pas quand même une prise de conscience politique,
00:55:09 une réalité même tardive ?
00:55:11 - Il est difficile de répondre non par rapport aux discours,
00:55:14 mais est-ce que ces discours sont un rattrapage en communication
00:55:17 et aussi un aveu d'impuissance ?
00:55:19 Parce qu'est-ce que ce réveil se traduit dans les actes ?
00:55:22 C'est difficile. Très rapidement,
00:55:24 un, l'État de droit, dans ses dénonciations,
00:55:26 l'État de droit est interrogé sur le déséquilibre
00:55:29 sur les droits de la défense depuis des années,
00:55:31 sur les curseurs qui sont partis trop loin.
00:55:33 Or, vous vous souvenez, on en avait parlé en novembre dernier,
00:55:36 un projet de loi qui veut faire passer aujourd'hui en garde à vue
00:55:39 quand vous appelez quelqu'un,
00:55:40 il y a une liste de personnes que vous pouvez appeler,
00:55:42 un parent, un proche, quelqu'un avec qui vous vivez.
00:55:44 Sur décision de l'Union européenne, retranscrite dans le droit français,
00:55:48 désormais, vous pourrez appeler qui vous voulez,
00:55:49 éventuellement un complice, par exemple.
00:55:51 Les policiers ont alerté.
00:55:53 Ça ne change rien.
00:55:54 Deuxièmement, policiers et parquet
00:55:56 décrivent une procédure d'une complexité surréaliste.
00:55:59 Dans l'étude d'impact qui accompagnait ce projet de loi,
00:56:03 qui, en l'occurrence, concernait également d'autres choses,
00:56:06 il était clairement écrit,
00:56:08 "Cette mise à jour sera susceptible
00:56:11 "d'augmenter la charge administrative et procédurale
00:56:14 "reposant sur les services enquêteurs."
00:56:16 C'était il y a quelques mois.
00:56:17 Deuxièmement, les enquêteurs s'inquiètent d'une réforme de la PJ.
00:56:20 Elle a quand même lieu.
00:56:21 Derrière, on nous explique que la judiciarisation
00:56:23 avant l'interpellation, c'est finalement mieux.
00:56:26 On n'y comprend plus rien.
00:56:27 Les surveillants décrivent un travail rendu impossible.
00:56:29 On en est, on en parlait hier,
00:56:31 encore à installer des brouilleurs dans une partie des prisons.
00:56:34 Les magistrats sortent du silence pour alerter.
00:56:36 Le garde des Sceaux les rabroue.
00:56:38 Résultat, deux hommes sont morts, trois autres sont blessés.
00:56:40 Nous avons des veuves, des orphelins, encore et encore.
00:56:43 Et Mohamed Amra offre une illustration peaufinée
00:56:46 de la pertinence des alertes de tous ces gens
00:56:48 qui ont été ignorés ou rabroués.
00:56:50 ...
00:56:52 -Excellente démonstration. Triste démonstration.
00:56:56 Mathieu Bocoté, la ville de Paris
00:56:59 vient de voter à l'unanimité
00:57:01 pour la création de centre artistique LGBTQIA+.
00:57:06 Ses promoteurs y voient une importante victoire
00:57:09 pour le progrès et l'égalité.
00:57:10 Ils y voient même une marque de l'identité parisienne.
00:57:14 Que penser du discours qui entoure la création de ce centre ?
00:57:17 -C'est très intéressant parce que,
00:57:20 à l'origine, on voulait un musée.
00:57:21 Ce sera finalement un centre de création artistique.
00:57:24 Normalement, ça devrait être les arts
00:57:25 qui portent en eux-mêmes une rationalité esthétique.
00:57:28 Mais le projet est explicitement politique et idéologique.
00:57:32 Je cite Pierre-Yves Bournazel, de la droite parisienne,
00:57:36 je vais dire que c'est l'aile LFI de la droite,
00:57:39 à la blague, ou l'aile écolo de la droite.
00:57:41 -On a bien compris.
00:57:42 -Il nous dit "c'est important de tel projet
00:57:45 "qu'on va éveiller les consciences
00:57:47 "et lutter contre toutes ces formes de nationalisme
00:57:49 "et de populisme de Mélanie à Trump à Orban
00:57:53 "qui sont en train de démolir l'idée de progrès
00:57:56 "et d'égalité des droits."
00:57:57 Alors, j'essaie de faire le lien entre nationalisme, populisme
00:58:01 et la question des droits des homosexuels,
00:58:03 ou alors des LGBTQI2T+.
00:58:07 Et là, on comprend premièrement que des fonds publics
00:58:10 seront utilisés pour faire la promotion d'une idéologie.
00:58:13 Le Fonds libéral que j'ai en moi m'interdit d'applaudir
00:58:16 quand l'État veut faire la promotion,
00:58:18 mais lutter contre une idéologie, quelle qu'elle soit.
00:58:20 La fonction de l'État n'est pas de faire de la politique
00:58:22 à même les fonds publics pour orienter une idéologie ou une autre.
00:58:26 -Moi, en tant qu'huisence, on vous traite d'homophobe.
00:58:28 -Non, mais c'est fascinant, quand même.
00:58:31 Si je comprends bien, vous noterez,
00:58:33 mais c'est passionnant, votre remarque,
00:58:35 parce que si je critique aujourd'hui la théorie du genre,
00:58:38 si je critique le fait qu'on veut opérer
00:58:40 la transition de genre chimique ou hormonal d'enfant,
00:58:43 on va me dire que je bascule...
00:58:45 Si je critique ça, on va me dire que j'entre dans la haine transphobe.
00:58:48 On appelle ça la construction de statistiques louches.
00:58:50 Même chose, on a toujours le même Bournazel qui nous dit
00:58:55 "La culture LGBT+ fait partie intégrante
00:58:59 de l'identité et de l'histoire de Paris,
00:59:01 où tant d'hommes et de femmes ont trouvé refuge,
00:59:03 la capitale des arts, des artistes et de la création."
00:59:05 C'est intéressant. Est-ce que Paris, par définition,
00:59:08 comme toutes les grandes métropoles,
00:59:09 est une ville plus cosmopolite,
00:59:10 plus ouverte à la diversité des moeurs et des identités ?
00:59:13 Évidemment. Ce n'est pas la psychologie paroissiale.
00:59:16 Les grandes villes sont des lieux d'accueil, etc.
00:59:19 Ça, c'est vrai.
00:59:20 Mais est-ce qu'on peut assimiler cette tradition d'accueil ?
00:59:22 À la rigueur, allons-y.
00:59:23 L, lesbienne. D'accord.
00:59:25 G, les homosexuels. G, gay. Très bien.
00:59:28 Bisexual. Pourquoi pas ? Ça a toujours existé.
00:59:30 T, les trans. Qu'est-ce qu'ils viennent faire dans la même catégorie ?
00:59:33 Les trans, c'est des gens qui changent d'identité sexuelle.
00:59:35 C'est quand même plus compliqué.
00:59:36 Donc là, on confisque une histoire, effectivement, d'ouverture,
00:59:40 une histoire cosmopolite, une histoire de liberté,
00:59:42 une histoire d'ouverture aux moeurs,
00:59:43 par une idéologie qui, aujourd'hui, veut ne se contenter pas de plaider
00:59:47 pour la liberté de chacun de faire ce qu'il veut de sa vie,
00:59:49 mais dans les faits, veut déconstruire l'identité sexuelle
00:59:51 des uns et des autres,
00:59:53 cherche à nous imposer l'idée,
00:59:55 on y revient toujours, qu'un homme peut être une femme,
00:59:57 une femme peut être un homme, s'il le souhaite.
00:59:59 Pourquoi je fais référence à ça ?
01:00:00 Rappelez-vous la campagne menée par la mairie de Paris
01:00:03 contre le livre Transmania,
01:00:04 une campagne de censure objective contre un ouvrage
01:00:07 qui était traité comme un livre qu'on doit mettre à l'index.
01:00:10 Donc, il y a une cohérence idéologique dans ça.
01:00:12 Ce n'est pas le droit des homosexuels,
01:00:14 ce n'est pas le droit des bisexuels,
01:00:15 ce n'est pas le droit de qui que ce soit,
01:00:17 c'est la promotion d'une idéologie, et ça, ce n'est pas la même chose.
01:00:19 La ville de Paris envisage aussi de faire une autre mesure
01:00:23 dans le même état d'esprit.
01:00:24 Alors, citons le Parisien,
01:00:25 "Une proposition du groupe communiste en Conseil de Paris
01:00:28 "qui dénonce la hausse d'actes homophobes au premier trimestre
01:00:32 "prévoit qu'un réseau d'établissements
01:00:34 "accueillant du public libre de LGBTphobie, je cite,
01:00:39 "soit créé avec apposition de stickers
01:00:42 "pour signaler."
01:00:43 Est-ce que ce n'est pas une mesure de simple bon sens
01:00:45 justement pour défendre une catégorie de populations
01:00:47 que l'on dit en danger et qui sont souvent victimes d'actes homophobes ?
01:00:51 - Deux choses.
01:00:52 Premièrement, je pense que ce n'est pas une bonne idée
01:00:54 pour une raison simple, tout le monde doit être protégé.
01:00:56 Pas seulement les LGBT, etc.
01:00:58 Tout le monde doit être protégé.
01:01:00 Et l'idée, par ailleurs, de créer un safe space identitaire
01:01:03 sur le mode, ici, vous serez plus...
01:01:04 J'essaie de comprendre cette logique.
01:01:06 Deuxième élément, pourquoi devrais-je en connaître davantage
01:01:09 sur ce que font les gens dans leur chambre à coucher
01:01:11 dans l'espace public ?
01:01:12 Ça ne me concerne pas.
01:01:13 Vous êtes ce que vous voulez, mais ça ne me concerne pas.
01:01:15 Ma ville ne vous concerne pas, la vôtre ne me concerne pas non plus.
01:01:18 Mais qu'est-ce qu'on entend par "violence LG anti" tout ça ?
01:01:22 C'est intéressant parce que quand on voit,
01:01:24 on parle de la critique des drag queens qui portent la flamme olympique.
01:01:27 Est-ce que ça rentre dans les nouvelles violences
01:01:29 contre les LGBTQI2T+ ?
01:01:30 J'ai l'impression que oui.
01:01:32 Et par ailleurs, les vraies violences contre ces gens,
01:01:34 est-ce qu'elles ne sont pas quelques fois connotées culturellement ?
01:01:36 Rappelez-vous, en 15 secondes, l'histoire de Julia,
01:01:39 cette trans qui a été agressée en 2019.
01:01:41 Elle passait dans un défilé où il y avait des tonnes de drapeaux algériens.
01:01:44 Le discours public s'était remonté de la violence transphobe à Paris.
01:01:48 Est-ce qu'il n'y avait pas par ailleurs une connotation culturelle possible ?
01:01:51 Je pose la question sans affirmer quoi que ce soit.
01:01:53 Est-ce que quand on parle de nouvelles violences
01:01:54 contre les minorités sexuelles aujourd'hui,
01:01:56 est-ce que ce sont des violences indistinctes venant de la société
01:01:59 ou est-ce qu'elles sont liées à certains comportements culturels
01:02:02 quelques fois plus régressifs ?
01:02:04 Poser la question, j'espère que ce n'est pas vu comme transphobe aujourd'hui.
01:02:07 J'espère poser une question honnête.
01:02:09 Pour éclairer un peu le débat.
01:02:10 -Merci, mon cher Mathieu, Guillaume, Marc et ma belle Charlotte.
01:02:15 Excellente suite de programme, l'heure des points de Pascal.
01:02:18 *bruit de coups de feu*