• il y a 10 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir, soyez bienvenus, je suis très heureux de vous retrouver 19h20, vous connaissez le rendez-vous par cœur, c'est Face à l'Info,
00:08 et je suis très très heureux de retrouver les mousquetaires si chers à Christine Kelly que je salue, je lui fais un petit clin d'œil comme ça.
00:15 Bonsoir Charlotte Dornelas, ravie de vous retrouver, pourquoi vous venez pas à moi, c'est moi qui viens avec vous, vous remarquez.
00:21 Bonsoir Mathieu Boccoté, ravi de vous retrouver également, bonsoir Guillaume Bigot.
00:25 Bonsoir Arthur Hickében.
00:27 Et bonsoir Christine.
00:28 Et bonsoir Marc-Médan.
00:30 Ah c'est déjà mieux, bon alors vous appellerez mon éminence, vous êtes notre richelieu ce soir, nous serons vos mousquetaires.
00:36 Formidable, merci de m'accueillir chez vous, dans votre belle famille, lui aussi il fait partie de la famille, il s'appelle Simon Guillin, c'est bien lui aussi.
00:44 Ah ouais ouais, c'est bien ça, il a besoin d'informations.
00:46 Alors on va faire un petit tour de l'info avec Simon Guillin, bonsoir Simon.
00:50 Bonsoir cher Thierry et bonsoir à tous, la tempête Louis balaie la France, un conducteur a été retrouvé mort à Saint-Georges-de-Noisay dans les Deux-Sèvres.
00:58 Sa voiture a été emportée par une rivière, l'homme âgé de 52 ans s'est engagé sur une route qui était pourtant barrée.
01:04 27 départements sont toujours en vigilance orange pour vents violents ou pluies inondations.
01:09 L'imam tunisien Mahjoubi a été interpellé dans le Gard en vue de son expulsion du territoire.
01:15 Il a été placé dans un centre de rétention administrative. Sans la loi immigration, cela n'aurait pas pu être possible.
01:22 La fermeté et la règle a affirmé Gérald Darmanin. Mahjoubi était dans le viseur de la justice après avoir tenu des propos anti-France.
01:29 Et puis en Afghanistan, deux hommes condamnés pour meurtre ont été exécutés en public dans un stade.
01:35 Ils ont été abattus de plusieurs tirs dans le dos par un soldat taliban devant plusieurs milliers de personnes.
01:40 Les exécutions publiques étaient courantes sous le premier régime des talibans entre 1996 et 2001.
01:46 Les condamnés étaient le plus souvent tués par balles ou lapidations selon les crimes reprochés, Thierry.
01:52 Merci beaucoup. Bonsoir. Merci de nous accueillir. Vous voulez connaître le sommaire de Faceininfo ?
01:57 Voici le sommaire. Ce soir, on va vous parler de la présidente de la Commission européenne avec Mathieu Boccotté.
02:04 Ursula von der Leyen s'est exprimée hier. Elle a dit qu'elle excluait de travailler avec des partis amis du président Poutine et de Moscou au sein du Parlement.
02:12 Il est important pour moi de travailler avec des groupes pro-européens, pro-automne, pro-ukrainien qui soutiennent clairement nos valeurs démocratiques.
02:20 C'est ce qu'elle dit à moins de six mois des élections européennes. Comment percevoir cette déclaration ? Comment l'analyser ?
02:26 Mathieu nous dira tout, comme d'habitude.
02:29 Avec Guillaume Bigot, nous parlerons du conflit entre la Russie et l'Ukraine ce samedi 24 février.
02:36 Triste anniversaire, oui, triste anniversaire. Il est important surtout de ne pas l'oublier.
02:40 Nous serons à deux ans très précisément de l'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine.
02:45 Quel bilan, oui, quel bilan pouvons-nous dresser de ce conflit ? En quatre leçons.
02:50 Quatre leçons, Guillaume nous dressera ce bilan avec son analyse toujours aussi fine.
02:55 Et puis avec Marc Menand, nous allons parler cinéma ce soir.
02:59 La 49e cérémonie des Césars se déroulera demain soir à l'Olympia.
03:03 Soirée d'ailleurs à vivre sur Canal+ avec Marc.
03:06 Nous allons évoquer celle qui était la doyenne du 7e art français, Micheline Prel.
03:11 Celle qui a illuminé les écrans dès la fin des années 30.
03:15 Elle s'est éteinte hier à l'âge de 101 ans. On écoutera avec attention Marc.
03:19 D'ailleurs, d'ailleurs, on écoute toujours avec attention Marc Menand.
03:23 Nous sommes à 48 heures de l'ouverture du Salon de l'agriculture.
03:26 Un salon qui va s'ouvrir, vous le savez, dans un contexte très très particulier.
03:30 Avec des agriculteurs qui sont dans l'attente de mesures concrètes.
03:33 Stop au discours, place aux actes.
03:35 Hier, Gabriel Attal a fait de nouvelles annonces.
03:37 On va être honnête, oui on va être honnête.
03:39 On est tous un peu perdus entre les revendications des agriculteurs et les réponses apportées.
03:44 La colère demeure. Pourquoi ? La réponse de Charlotte Dornelas.
03:47 Et puis, on l'a appris ce soir, Emmanuel Macron veut débattre avec l'ensemble des acteurs
03:51 qui pourront donner leur point de vue ce samedi.
03:53 Parmi eux, les soulèvements de la terre qui ont été invités, cela promet.
03:56 On se souvient pourtant, et oui on se souvient pourtant, que le gouvernement avait voulu
04:00 dissoudre les soulèvements de la terre. Comprennent qui pourra ?
04:03 Et on en parle évidemment avec les mousquetaires.
04:05 Enfin, vous connaissez peut-être ou pas les Sleeping Giants.
04:09 Oui ou non ? On vous posera la question.
04:11 Et bien, Mathieu Boquecôté va tout vous dire, tout vous expliquer.
04:13 Comme d'habitude, les Sleeping Giants, c'est un collectif de militants
04:16 agissant sur les réseaux sociaux dont l'objectif est la lutte
04:19 contre le financement des discours de haine sur internet et dans les médias.
04:22 Et bien, un député de la majorité a proposé les Sleeping Giants
04:25 pour le prix Nobel de la paix. Ont-ils, oui, ont-ils une chance de l'obtenir ?
04:28 On n'en sait strictement rien, évidemment.
04:30 Mais le simple fait de les proposer en dit décidément beaucoup, oui, beaucoup
04:35 sur l'imaginaire d'une partie de la majorité.
04:37 C'est ce que nous dira Mathieu Boquecôté.
04:40 Voilà, vous savez tout ou presque.
04:42 L'émission va partir dans quelques secondes.
04:45 (Générique)
04:56 Vous savez quoi, les Mousquetaires ?
04:58 Je suis très heureux de vous rejoindre.
04:59 Nous aimerions vous accueillir.
05:01 Très heureux. On fait un petit clin d'œil à Christine qui nous regarde.
05:04 Évidemment, un petit mot pour Christine.
05:06 C'est pour ça que vous êtes rougissants.
05:08 Ce n'est pas parce que vous êtes avec nous, mais c'est parce qu'elle nous regarde.
05:11 Je sais qu'elle nous regarde.
05:12 Charlotte, un petit mot pour Christine.
05:13 On l'embrasse bien fort, évidemment.
05:15 Christine, revenez.
05:17 Mais restez ce soir-ci, on t'irait.
05:20 Je peux partir maintenant, mais je vais rester jusqu'à 20h.
05:23 C'est presque plus intimidant de savoir qu'elle nous regarde de l'autre côté.
05:25 On l'embrasse très fort, évidemment.
05:27 On commence avec vous, Mathieu.
05:29 Ce soir, vous allez nous parler de la présidente, je le disais, de la Commission européenne.
05:32 Ursula von der Leyen.
05:33 Elle s'est exprimée hier.
05:34 Elle a clairement dit qu'elle excluait de travailler avec des partis amis du président Poutine
05:39 et de Moscou au sein du Parlement.
05:40 Et à moins de six mois des élections européennes, que faut-il retirer de cette déclaration, mon cher Mathieu ?
05:46 D'abord, le traitement médiatique de cette déclaration est intéressant.
05:51 Parce que les médias disent, la formule qui sort un peu partout, c'est
05:56 Mme von der Leyen refuse de travailler avec les partis amis du président Poutine.
06:01 Mais, par ailleurs, de Vladimir Poutine.
06:03 Mais par ailleurs, il y a toute une série d'autres personnes avec qui elle veut travailler ou ne pas travailler.
06:08 Elle fixe les critères de la coopération possible avec elle.
06:12 Donc, il y a ceux qui sont contre l'état de droit. C'est impossible.
06:16 Il est temps pour moi de travailler, dit-elle, avec les groupes pro-européens, pro-OTAN, pro-ukrainiens,
06:23 qui soutiennent clairement nos valeurs démocratiques.
06:25 J'espère qu'on comprend que là, on vient d'élargir significativement la catégorie des proscrits et des indésirables.
06:31 On n'est pas simplement avec ceux qui seraient des partis alliés clairement du régime de Vladimir Poutine.
06:37 Mais on se rend compte que beaucoup de gens, s'ils se contentent de ne pas penser comme Mme von der Leyen,
06:42 s'ils sont dans l'hétérodoxie, seront accusés de complicité poutinienne.
06:47 Alors, première question toute simple. J'aimerais savoir qu'est-ce qu'on entend par les partis amis de Vladimir Poutine.
06:54 Est-ce qu'on parle de partis qui sont clairement alignés sur la Russie et qui, globalement, adoptent la position russe sur le conflit en Ukraine?
07:03 Est-ce qu'on parle de ces gens-là?
07:05 Est-ce qu'on parle aussi de ceux qui ont un point de vue réservé sur ce conflit,
07:10 en disant que nous devons éviter de trop clairement prendre parti, nous sommes sympathiques à l'Ukraine,
07:15 mais nous voulons éviter, par exemple, une montée aux extrêmes,
07:19 qui viendrait avec une livraison d'armes trop intensive, avec un engagement soutien qui ferait de nous des co-belligérants.
07:27 Si on s'oppose à une position qui nous conduit à la co-belligérance pratique, est-ce qu'on est des amis de Poutine?
07:33 Si on s'oppose aux sanctions contre la Russie, comme c'est le cas de bien des Français, est-ce que ceux qui s'opposent aux sanctions contre la Russie,
07:42 pour des raisons qui disent que l'économie européenne souffre de ces sanctions,
07:46 est-ce qu'eux aussi doivent être considérés comme les amis de Poutine?
07:51 Est-ce que ceux qui considèrent que les Américains profitent de cette guerre pour renforcer la place de l'OTAN en Europe
07:59 et la subordination des nations européennes dans le cadre de l'OTAN, je ne dis pas que c'est vrai, je ne dis pas que c'est faux,
08:05 je dis que c'est une analyse qui circule, est-ce qu'eux aussi, ceux qui critiquent finalement l'inféodation des pays européens aux États-Unis,
08:12 est-ce qu'ils sont eux aussi des amis de Vladimir Poutine?
08:16 On le voit, le concept d'ami de Poutine est un concept qui n'est pas très clair et qui laisse croire, en fait,
08:22 que tous ceux qui sont en désaccord avec la lecture du conflit Ukraine-Russie et tel que porté par la Commission européenne,
08:29 tel que porté aussi par une partie de ce qu'on appelle l'extrême-centre aujourd'hui,
08:33 eh bien, ils seraient des amis de Poutine. Je pense qu'il fallait d'abord rappeler cela.
08:38 Ensuite, il y a d'autres catégories de gens avec lesquelles Mme von der Leyen ne veut pas travailler.
08:43 Par exemple, elle nous dit ceux qui sont contre l'État de droit.
08:47 C'est une catégorie assez large parce que ce qu'on voit ici, on en parle souvent sur ce plateau,
08:52 l'État de droit aujourd'hui, ça correspond pratiquement… L'État de droit, le vrai, c'est la défense des libertés publiques.
08:57 On est tous d'accord. Mais l'État de droit tel que pratiqué par l'Union européenne,
09:01 c'est dans les faits le gouvernement des juges, dans les faits c'est le primat de la Commission sur les gouvernements nationaux,
09:07 dans les faits c'est le primat du droit européen sur le droit national.
09:11 Et on a vu ces dernières semaines en France que l'État de droit peut servir de prétexte pour pratiquer une nouvelle arbitraire,
09:18 comme on l'a vu avec cette chaîne, c'est-à-dire qu'on interprète le droit, on crée le droit,
09:22 on crée un alter droit pour être capable de frapper quelquefois ce qu'on voit comme des opposants politiques ou médiatiques.
09:28 Donc, ayons ça à l'esprit. Qu'est-ce que Mme von der Leyen entend par l'État de droit?
09:32 Deuxième élément, qu'est-ce qu'elle veut dire par des groupes pro-européens?
09:35 Elle ne veut travailler qu'avec des groupes pro-européens.
09:38 Moi j'ai pour mon dire qu'à peu près tous les partis présents à Bruxelles sont pro-européens.
09:43 Ils ne définissent pas tous l'Europe de la même manière, cela dit.
09:45 Certains définissent l'Europe comme civilisation,
09:48 ce sont généralement les conservateurs, ceux qu'on dit qu'on traite de nationalistes quelquefois justement,
09:53 ou justement qu'elles portent le terme à plusieurs significations.
09:56 Les libéraux, les socialistes, la gauche radicale, tout le monde se veut pro-européen d'une manière ou de l'autre.
10:01 Donc, est-ce qu'on comprend par là que pour Mme von der Leyen, être pour l'Europe, ça veut dire être toutes à la fois,
10:07 être pour le pouvoir de la Commission, pour l'amplification du pouvoir de la Commission,
10:11 pour le règne de la CEDH, pour la diminution toujours plus grande du pouvoir des États nationaux.
10:18 Est-ce que ça veut dire être favorable par exemple à la proposition qui était votée au Parlement européen
10:23 qui demande de faire passer l'histoire européenne et post-nationale avant l'histoire nationale.
10:28 Donc, qu'est-ce que ça veut dire concrètement être pro-européen pour Mme von der Leyen?
10:33 J'ai l'impression que ceux qui ne sont pas d'accord avec sa conception de l'Europe,
10:36 qui est une conception d'une fédéralisation implicite mais toujours plus approfondie,
10:41 seront accusés d'être anti-européens.
10:43 Et ceux qui diront, l'Europe, on veut y participer, mais on croit au primat du droit national,
10:47 eux aussi seront accusés d'être anti-européens.
10:50 Poursuivons l'analyse.
10:52 Qui soutiennent clairement nos valeurs démocratiques?
10:54 Alors, parmi les valeurs démocratiques importantes en général, il y a la souveraineté populaire.
10:59 À ce que j'en sais, Mme von der Leyen n'est pas l'ami inconditionnel de la souveraineté populaire.
11:04 Elle a même tendance à s'en méfier.
11:06 Quand le peuple vote mal, c'est-à-dire ne vote pas comme le voudrait Mme von der Leyen,
11:11 elle appelle ça, je reviendrai dans un instant, tournémal.
11:14 Si ça tourne mal, on a toujours les moyens de casser cette insurrection démocratique
11:19 qui, dans le concept du tournémal, veut dire les gens ne votent pas exactement comme on leur a dit de voter.
11:25 Dans les valeurs démocratiques, est-ce qu'il y a la souveraineté nationale?
11:28 Pendant longtemps, on croyait que défendre l'indépendance de son pays, c'était au cœur de la démocratie.
11:33 On en parlait même un peu hier, soit dit en passant.
11:35 Donc, est-ce que la souveraineté nationale, c'est aussi une valeur démocratique, selon Mme von der Leyen?
11:39 Ou finalement, ces valeurs démocratiques, c'est la négation de la majorité au nom de la sacralisation des minorités,
11:46 c'est la négation des frontières au nom d'un sans-frontierisme généralisé,
11:49 c'est la négation du politique au nom de l'expertocratie européenne.
11:53 Je me demande quelles sont les valeurs démocratiques de Mme von der Leyen.
11:57 J'en retiens une chose quant à moi, elle veut tracer un périmètre très étroit de ceux qui auront le droit de gouverner l'Europe
12:03 et tous les autres, elle les traite comme des factieux.
12:05 Alors, question Mathieu, est-ce qu'elle est vraiment dans son rôle là?
12:09 Oui et non. C'est-à-dire que je m'attends de la présidente de la Commission européenne,
12:14 telle qu'est l'Europe aujourd'hui, à ce qu'elle cherche à mater les peuples.
12:17 C'est sa fonction. On ne lui demande pas d'être une démocrate.
12:19 C'est une figure impériale en construction.
12:21 Mais cela dit, elle n'est pas dans son rôle si on prend en sérieux la démocratie,
12:24 mais ce qui n'est peut-être pas son cas non plus.
12:26 Cela dit, ce n'est pas la première fois que les grandes figures de l'Europe
12:30 nous expliquent que la démocratie, telle qu'on l'entendait traditionnellement,
12:34 c'est un peu passé de mode.
12:36 Premier souvenir, Jacques Delors, au moment de Maestric,
12:39 lorsqu'il dit « ceux qui sont contre le traité, quittez la politique ».
12:43 Ceux que vous voulez voter, quittez la politique, ce n'est plus pour vous.
12:46 Vous n'êtes plus à la hauteur.
12:48 Autrement dit, il y avait un sens de l'histoire qui était fixé par Jacques Delors
12:51 et ensuite, tous devaient le suivre ou quitter la vie politique.
12:54 Je ne suis pas surpris d'ailleurs qu'il ait mort tout récemment,
12:56 mais à son âme, il n'en demeure pas moins,
12:58 que je ne suis pas surpris de voir qu'un homme qui pense ainsi
13:01 a été célébré par la classe politique actuelle.
13:03 Jean-Claude Juncker, 2015, lorsqu'il nous dit
13:07 « il n'y a pas de démocratie à l'extérieur des traités européens ».
13:10 Donc on voit, les traités sont fixés
13:12 et la démocratie se déploie à l'intérieur des traités ainsi fixés.
13:16 L'espace se réfracte.
13:18 Lui aussi a sa conception très limitée de la démocratie.
13:21 Et Jacques Attali, qui n'est pas un commissaire européen,
13:24 mais qui est presque leur père spirituel,
13:26 qui a déjà dit au moment du Brexit,
13:28 c'est tellement terrible le Brexit, parce que ça va contre le sens de l'histoire,
13:31 qu'il faudrait désormais encadrer la pratique référendaire des peuples
13:34 pour empêcher qu'un coup de colère populaire
13:38 ne vienne fracasser ce qui nous conduirait vers le progrès.
13:42 Donc il disait, il faudrait trois référendums dans la même année
13:44 à plus de 60% d'appui chacun d'entre eux,
13:47 pour être capable de vraiment invalider le sens de l'histoire,
13:49 le sens du progrès, tel que fixé, évidemment, par M. Attali
13:52 et ceux qui pensent comme lui.
13:54 Dans ces moments-là, je dis toujours la même chose,
13:56 j'aimerais être sur le comité qui fixe le sens de l'histoire et du progrès.
13:59 Si je n'y suis pas, je lui reconnais peu d'autorité.
14:01 Ensuite, on voit bien finalement à travers cela
14:04 quel est le sens de la démocratie dans l'Union européenne.
14:06 Toujours plus d'Union européenne, toujours moins de nation,
14:09 toujours plus de commission, toujours moins de souveraineté parlementaire,
14:13 et au terme de cela, il ne faut pas l'oublier, toujours plus d'immigration,
14:15 car pour l'Union européenne, les vieux peuples d'Europe
14:18 seront d'autant moins pesants qu'une grande mutation démographique
14:21 permettra de les mettre en minorité chez eux.
14:23 - Autrement dit, M. Van der Leyen a voulu rappeler au peuple, Mathieu,
14:27 que leur souveraineté est limitée, qu'ils ne sont pas vraiment libres
14:29 d'appuyer n'importe quelle partie, c'est le moins qu'on puisse dire.
14:32 - Souveraineté limitée, c'est un concept important
14:34 parce que c'est un concept brejnévien.
14:36 Oui, Brejnev est un penseur d'actualité pour comprendre l'Europe.
14:39 Pour être très sérieusement, j'ai lu récemment une biographie de Brejnev
14:43 et j'ai relu des textes de Brejnev pour comprendre la psychologie
14:45 des dirigeants européens.
14:47 C'est une lecture instructive, je le dis comme ça.
14:49 Que nous disait Brejnev au temps de l'Union soviétique défunte
14:52 et aujourd'hui renaissante sous d'autres traits?
14:54 Il nous disait qu'il y a la souveraineté limitée.
14:56 Donc l'indépendance des pays est possible à l'intérieur de l'empire soviétique
15:02 et dans le respect de la doctrine socialiste.
15:05 L'indépendance ne consistait pas à pouvoir sortir du socialisme
15:08 ou sortir de la tutelle de Moscou.
15:11 Aujourd'hui, l'indépendance des peuples se déploie dans le cadre de l'européisme,
15:16 dans le cadre, comme on l'a fixé, donc cette idéologie qui se prend pour l'Europe
15:19 mais qui dénature l'Europe.
15:21 Et l'indépendance ou la souveraineté qui voudrait se jouer à l'extérieur
15:24 du périmètre idéologique fixé par Mme von der Leyen et les européistes,
15:27 c'est une souveraineté illégitime.
15:30 De ce point de vue, c'est pour ça que j'appelle ça souvent l'ERSS.
15:33 Alors, comment fonctionne cette marche forcée de l'histoire
15:37 vers la construction d'une Europe toujours moins nationale?
15:40 Il y a le chemin ordinaire à la Jean Monnet.
15:42 Les réglementations, réglementations et réglementations,
15:45 souvent qui permettent d'ailleurs, au nom de l'écologisme,
15:47 de faire passer une forme de socialisme pratique
15:49 parce qu'on ne doit jamais sous-estimer à quel point il y a un contenu socialiste
15:52 implicite dans l'idée européenne telle qu'elle commande le monde aujourd'hui.
15:57 Et de temps en temps, il faut un grand geste constituant,
16:00 ce que souhaitait Mario Draghi il y a quelques mois, rappelez-vous,
16:03 lorsqu'il disait qu'il faut un État européen désormais.
16:05 L'Union européenne doit devenir un État européen.
16:08 Donc, de temps en temps, on construit l'Europe à coup de règlements
16:11 et de temps en temps, un grand geste symbolique pour marquer
16:14 que l'étape a été franchie dans l'histoire du progrès humain.
16:16 Et ceux qui ne sont pas d'accord sont évidemment les rebuts de l'humanité,
16:19 le bois mort de l'humanité.
16:21 Alors, ayant tout cela à l'esprit, je pense que Mme von der Leyen,
16:24 dans sa déclaration d'hier, nous explique qu'il n'y a qu'une seule Europe légitime,
16:28 c'est la mienne, et vous tous, vous êtes effectivement des déchets de l'histoire
16:32 ou, à tout le moins, vous êtes le bois mort de l'humanité.
16:35 - Mathieu Boccoté, avec son front parlé, légendaire évidemment.
16:38 - Pourtant, j'étais modéré.
16:40 - Ah oui ? On va parler maintenant avec vous, Guillaume Bigot,
16:44 je me tourne vers vous, d'un triste anniversaire,
16:46 anniversaire évidemment dont on se passerait bien ce samedi 24 février.
16:50 Nous serons à deux ans de l'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine,
16:55 il ne faut pas l'oublier. Quel bilan peut-on dresser de ces deux années, Guillaume ?
16:59 Un bilan en quatre leçons, ce soir.
17:01 - Oui, quatre, peut-être même que trois.
17:04 Disons que, comme il y a deux ans de guerre, on peut prendre un peu de recul.
17:09 D'abord, la première leçon la plus évidente, c'est le retour de la guerre.
17:12 On nous explique que c'est le retour de la guerre en Europe.
17:15 Non, on a oublié la guerre dans l'ex-Yougoslavie, ce n'est pas la guerre en Europe.
17:18 C'est peut-être la guerre, avec un grand G,
17:21 il y a une phrase de Platon qui a l'air assez énigmatique,
17:23 qui dit la chose suivante.
17:25 "Celui qui a vu la guerre en face, celui-là est mort."
17:28 Qu'est-ce que c'est que cette phrase ?
17:30 En fait, ce que veut dire Platon, c'est que la guerre,
17:33 c'est toujours celle qu'on peut perdre.
17:35 La guerre, c'est celle où on peut mourir.
17:37 Et la manière dont on avait de comprendre la guerre,
17:40 c'était des opérations extérieures, où il y avait une asymétrie de puissance.
17:43 Donc, ce n'était pas la guerre, la fameuse guerre de haute intensité,
17:46 où on peut mourir, où on peut perdre, en définitive.
17:50 Et c'est ce retour de cette guerre-là, à 4h de Paris, à 2h de Berlin,
17:54 où 1,5 million de jeunes hommes sont morts.
17:59 C'est des femmes aussi, ont combattu dans les rangs ukrainiens.
18:02 1,5 million de morts.
18:04 Donc ça, c'est vraiment le retour de la vraie guerre, avec un grand G.
18:08 Autre leçon, je pense que l'art de la guerre,
18:11 quand on réfléchit à cette question,
18:13 et les grands penseurs de la guerre, comme Klaus Eibitz, l'ont bien expliqué,
18:17 l'art de la guerre, l'art stratégique, c'est l'art de la surprise.
18:20 C'est-à-dire, c'est l'art, un grand général qui gagne une grande bataille,
18:23 c'est qu'il fait ce que l'ennemi pense qu'il était incapable de faire.
18:27 Eh bien là, la surprise de cette guerre en Ukraine,
18:29 c'est qu'il n'y a plus de surprise possible.
18:31 C'est-à-dire qu'à la fois parce que le terrain est plat,
18:34 mais aussi parce qu'il y a une visibilité totale,
18:38 grâce aux satellites, grâce aux drones,
18:40 et parce que tous les combattants ont ça.
18:42 Et parce qu'il y a ce qu'on appelle cette révolution de l'osine,
18:44 c'est-à-dire de l'intelligence ouverte, numérique.
18:46 Tout est visible numériquement en permanence.
18:49 Donc il n'y a plus d'effet de surprise possible.
18:51 Et donc ça devient un duel d'artillerie,
18:53 et il y a un côté un peu 14-18 où chacun se retranche.
18:56 Troisième leçon, il y a quelque chose de tactique,
18:59 c'est que là, pour l'instant,
19:01 on a l'impression que les Ukrainiens reculent,
19:04 et on a même l'impression que les Russes vont l'emporter.
19:08 Il faut rester très prudent, parce que dans ce genre de conflit,
19:11 jusqu'au dernier moment, on regardait 14-18,
19:13 jusqu'au dernier moment, ça peut craquer d'un côté ou de l'autre,
19:16 sans qu'on sache exactement de quel côté finalement.
19:19 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on a eu à un moment
19:22 cette impression que l'Ukraine pouvait l'emporter
19:24 parce qu'il y a eu cette contre-offensive efficace en 2022.
19:26 On s'est dit tiens, c'est la technologie occidentale,
19:28 c'est les armes occidentales, ils vont l'emporter.
19:30 Et puis la contre-offensive de l'été,
19:33 de juin 2023, a raté finalement.
19:36 Là maintenant, les États-Unis semblent se détacher.
19:38 Ça semble être effectivement un peu la querelle
19:40 ou la division chez l'ennemi du côté ukrainien.
19:43 Et on sent que la Russie peut l'emporter.
19:45 Il faut être, je répète, extrêmement prudent.
19:47 Mais avec ce recul, on peut lire les événements autrement.
19:50 D'abord, on se dit qu'au début, les Russes se sont,
19:54 pas déballonnés, mais enfin, vous vous souvenez,
19:56 ils étaient dans la banlieue de Kiev, tout à fait au démarrage de la guerre.
19:59 Et là, on s'est dit, quand même, l'armée russe,
20:01 ce n'est pas ce qu'on imaginait que c'était.
20:03 Et finalement, l'armée russe s'est reculée.
20:06 Et on a appris longtemps après qu'il y avait des négociations
20:08 qui étaient entamées.
20:09 Et donc l'armée russe s'est reculée volontairement.
20:11 Moi, je pense que la lecture que je fais, par exemple,
20:13 de la reprise de la ville de Kherson,
20:15 c'était plutôt négocier entre la Russie et l'Ukraine.
20:19 Le recul me laissait penser aussi
20:22 qu'on a donné finalement trop peu, trop peu d'armes,
20:26 des armes trop tard et des armes trop vieilles à l'Ukraine.
20:30 Donc, quelque chose qui est assez cruel, d'ailleurs,
20:32 c'est de laisser penser aux Ukrainiens
20:34 qui pouvaient gagner jusqu'au dernier moment.
20:36 Alors, question en début de semaine,
20:38 Deux sages, Hubert Védrine et Jean-Pierre Chauvinement
20:40 ont publié un texte, cher Guillaume,
20:42 dans lequel ils mettent en garde la France et les Européens
20:44 sur les risques de sécurité que ferait peser une victoire de Vladimir Poutine.
20:48 Vous en pensez quoi, vous, Guillaume ?
20:50 - C'est beaucoup moins important que les photos de Gérald Darmanin et de ses enfants, bien sûr.
20:55 Il s'avère quand même que les enjeux sont lourds, c'est la guerre ou la paix.
20:59 Et que ce sont, effectivement, vous avez raison,
21:01 votre expression de sage est très appropriée.
21:03 Hubert Védrine, c'est probablement l'un des meilleurs ministres des Affaires étrangères qu'on ait jamais eu.
21:07 Jean-Pierre Chauvinement, il a été ministre de la Défense,
21:09 il a occupé d'autres postes, et notamment,
21:11 il a été le représentant, pendant très longtemps,
21:13 le représentant spécial de la France auprès de Vladimir Poutine.
21:16 Donc, ce sont de grands esprits,
21:18 mais qui ont surtout beaucoup d'expérience et beaucoup d'informations.
21:20 Et ils nous délivrent deux messages, au début de la semaine.
21:23 Premier message, si la Russie gagne, c'est dangereux.
21:27 Et effectivement, si jamais les troupes ukrainiennes s'effondrent complètement,
21:33 ça veut dire que l'armée russe va se retrouver,
21:36 pas au contact, mais en tout cas, aux frontières
21:39 de pays de l'Union européenne et de pays de l'OTAN,
21:42 dans lesquels nous avons d'ailleurs des troupes.
21:44 Donc, c'est potentiellement dangereux.
21:46 Évidemment, je ne reviens pas sur le fait que Poutine n'est pas un ange,
21:49 ça, on l'a bien compris, l'affaire Navalny le rappelle encore.
21:52 Et Jean-Pierre Chevènement et Hubert Védrine rappellent aussi quoi ?
21:56 Ils rappellent que d'abord, il y a les déclarations de Donald Trump,
21:58 que Trump, il est probable qu'il gagne les élections,
22:00 et qu'il a déjà dit à l'avance qu'il ne protégerait pas les Européens.
22:04 Mais Hubert Védrine et Jean-Pierre Chevènement ajoutent
22:07 que même si Trump ne gagne pas, en réalité,
22:10 rien n'indique que le parapluie nucléaire
22:13 et le parapluie même conventionnel américain jouent nécessairement.
22:16 Or, les Européens, pardon d'être un peu trivial,
22:19 ils ne le disent pas comme ça, mais je vais le dire comme ça,
22:21 ils sont à poil en réalité.
22:22 Ils n'ont aucun moyen de faire face aux forces russes.
22:26 Le deuxième message, cette fois-ci,
22:28 ils tirent la sonnette d'alarme démocratique.
22:30 Ils disent que ce n'est pas possible,
22:32 enfin, je le dis avec mes mots, il n'est pas possible,
22:34 il n'est pas souhaitable, dans un contexte aussi dangereux,
22:38 de prendre des positions comme celle d'Emmanuel Macron,
22:41 qui engage à ce point la sécurité des Français
22:44 sans organiser de débats démocratiques.
22:46 Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas possible.
22:48 Alors, à quelle position font-ils allusion ?
22:50 Deux positions.
22:52 D'abord, le traité de sécurité bilatérale
22:54 qui a été passé entre la France et l'Ukraine
22:57 le 15 février 2024,
22:59 qui est un traité de 10 ans, c'est quand même long,
23:02 qui est un traité où on s'engage à plus de presque 4 milliards d'euros d'aide.
23:07 Donc, c'est un impact déjà financier
23:10 et quand un traité engage les finances de l'État,
23:13 l'article 53 de la Constitution dit qu'il faut absolument
23:16 une ratification ou en tout cas une consultation du Parlement.
23:19 Voilà, donc il y a d'ailleurs un député, je crois républicain,
23:23 qui a demandé au Conseil constitutionnel son avis là-dessus.
23:27 Et deuxièmement, deuxième position,
23:29 c'est cette position qui est passée un peu inaperçue,
23:32 mais c'est quand même énorme,
23:34 c'est le président de la République française
23:36 a laissé entendre que la dissuasion nucléaire française
23:39 pourrait s'étendre aux pays européens.
23:42 Attendez, là on parle de notre assurance vie,
23:44 de quelque chose qui est conçu comme,
23:47 c'est quelque chose qui est du type,
23:49 si jamais vous nous attaquez, tout le monde va mourir,
23:52 parce que c'est vraiment une arme très très très dissuasive,
23:55 c'est à ça que ça sert, c'est pas fait pour être utilisé
23:57 et on ne peut pas jouer avec ça.
23:59 Donc ça veut dire que si vous vous en prenez à la Lettonie,
24:01 on va faire donner nos sous-marins nucléaires
24:03 et on va risquer Paris, Marseille, Lyon et la disparition de la France.
24:07 En tout cas, je veux juste rappeler une chose ici,
24:09 de manière assez solennelle, c'est que le général de Gaulle,
24:11 en 1962, quand l'arme nucléaire a été mise au point,
24:14 qu'est-ce qu'il a fait ?
24:15 Il a transformé la constitution,
24:17 il a révisé la constitution
24:19 pour que le président de la République soit élu par les Français,
24:21 directement.
24:22 Pourquoi ?
24:23 C'était en lien direct avec la dissuasion nucléaire,
24:25 parce que pour lui, ce contrat d'assurance vie
24:27 qu'est la dissuasion nucléaire,
24:28 nécessite de la part du président de la République,
24:31 une légitimité totale.
24:33 Il faut que le président soit le président de tous les Français.
24:35 Et donc, si on en vient, pourquoi pas,
24:37 d'ailleurs ça se discute,
24:38 à dire que la dissuasion française doit s'étendre à d'autres pays,
24:41 voire à tous les pays de l'Union Européenne,
24:43 mais il faut au minimum consulter les Français,
24:45 Chevenemont et Védrine ont raison.
24:47 Les mousquetaires, vous savez quoi ?
24:49 On va marquer une pause dans ce Facein l'Info.
24:51 Et on se retrouve juste après.
24:52 On pose des armes.
24:53 Posons les armes.
24:54 Posons les armes.
24:55 Même nucléaire.
24:56 Vous l'acceptez ?
24:57 Bien sûr.
24:58 Nous posons les armes.
24:59 On se retrouve dans quelques instants, à tout de suite.
25:03 Merci de nous accueillir sur Facein l'Info,
25:05 jusqu'à 20h avec les mousquetaires,
25:07 Charlotte Dornelas, Mathieu Bocote,
25:08 Guillaume Bigot et Marc Menand.
25:10 Nous évoquions avec vous, Guillaume Bigot,
25:12 avant cette pause publicitaire, obligatoire évidemment,
25:14 ce triste anniversaire, le 24 février,
25:16 c'est-à-dire samedi.
25:18 On sera donc à deux ans de l'invasion de l'Ukraine
25:20 par les troupes russes.
25:22 On est revenu sur le contexte.
25:24 Je voudrais qu'on vienne avec vous maintenant
25:25 sur le rôle de la France, maintenant.
25:27 Que devrait faire la France, mon cher Guillaume ?
25:29 En tout cas, ne pas se précipiter.
25:32 Par idéologie,
25:34 ça c'est l'exemple que donne le président de la République.
25:36 J'ai l'impression,
25:37 on va dire qu'il considère que cette guerre en Ukraine,
25:39 il ne faut vraiment pas exagérer,
25:40 que c'est une divine surprise,
25:41 ou que c'est un prétexte, etc.
25:43 Il y a quand même un effet de
25:45 "on va utiliser cette guerre
25:47 et le risque de guerre en Europe
25:49 pour faire notre Europe".
25:51 C'est-à-dire, c'est toujours cette idée
25:53 "on va accélérer l'Europe de la défense,
25:55 on va créer l'Europe de la défense, etc."
25:57 Dans un contexte où on a vu que les États-Unis
25:59 pourraient ne plus nous soutenir.
26:01 Il y a quelque chose de bon sens là-dedans,
26:03 et en même temps, qui est potentiellement dangereux,
26:05 parce que 1) personne n'ira mourir pour Kiev,
26:07 soyons clairs.
26:08 2) personne n'ira mourir pour le drapeau européen,
26:11 soyons tout aussi clairs.
26:12 Et 3) le plus important,
26:14 c'est que nous n'avons pas les moyens
26:16 d'une guerre de haute intensité des Européens
26:18 en direct avec les Russes.
26:20 Ensuite, l'autre chose qui est simple,
26:22 c'est qu'on ne peut pas étendre
26:24 notre dissuasion nucléaire telle qu'elle est aujourd'hui.
26:27 Ce n'est pas que c'est une mauvaise idée,
26:28 c'est que de toute façon,
26:29 ça n'est pas fait pour ça.
26:31 Pour dissuader, par exemple, un Vladimir Poutine
26:33 d'attaquer la Lettonie,
26:35 il faut non seulement des moyens conventionnels,
26:37 je répète que nous n'en avons pas,
26:38 mais il faudrait surtout tenir compte
26:40 de la nouvelle doctrine nucléaire russe,
26:42 qui est "nous pouvons désormais utiliser",
26:44 dit Vladimir Poutine,
26:45 "l'arme nucléaire en premier".
26:47 Mais une arme nucléaire tactique,
26:49 c'est-à-dire une arme de théâtre,
26:50 une petite arme.
26:51 Or, nous n'avons pas ce type de munition.
26:54 Ça ne correspond absolument pas
26:56 à la dissuasion nucléaire française.
26:58 Notre dissuasion nucléaire n'est pas faite pour ça.
27:00 Ce sont des sous-marins nucléaires
27:01 qui lancent des fusées stratégiques
27:03 qui vont rayer de la carte Moscou ou Saint-Pétersbourg.
27:05 Donc Poutine sait très bien
27:07 qu'en allant en Lettonie avec des tanks,
27:09 nous n'allons pas risquer Paris, Lyon ou Marseille.
27:11 Donc ça ne fonctionnera pas.
27:13 Donc ce n'est pas fait pour ça.
27:14 Donc il faut faire attention à l'idéologie
27:16 et rester dans le réel.
27:17 Ce sont des sujets suffisamment,
27:19 à mon avis, suffisamment graves.
27:21 Moi, ce qui me paraît fou surtout,
27:22 c'est qu'en fait,
27:23 on comprend très bien que ces pauvres Ukrainiens
27:25 n'ont rien demandé à personne.
27:26 Certains n'ont pas du tout envie d'être raccrochés à la Russie.
27:28 Et on les a attaqués un matin.
27:30 D'accord, les aider,
27:31 ça ne me paraît pas complètement illégitime.
27:33 Mais qu'est-ce qu'on a fait depuis deux ans ?
27:35 Est-ce qu'on les a aidés ?
27:36 Non, on ne les a pas aidés.
27:37 Les sanctions, revenons sur cet exemple des sanctions.
27:39 On termine là-dessus.
27:40 Mais un enfant de cinq ans
27:42 aurait compris que si la Russie vit essentiellement
27:45 de la vente de matières premières énergétiques,
27:47 si vous prenez les sanctions
27:48 qui vont avoir inévitablement pour effet
27:50 de faire flamber les prix de l'énergie,
27:51 que vous, par ailleurs, vous avez besoin d'énergie,
27:53 ce ne sont pas des sanctions,
27:54 ce sont des auto-sanctions.
27:55 Vous avez plombé votre économie,
27:56 mais surtout vous allez enrichir la Russie
27:58 et permettre à la Russie d'acheter encore plus d'armes
28:00 pour tuer encore plus d'Ukrainiens.
28:02 Deux ans après, que nous avons-nous fait ?
28:04 Sinon aider finalement Vladimir Poutine
28:06 à se faire plein d'amis dans le monde,
28:08 à démondialiser l'économie,
28:09 à dédollariser l'économie,
28:11 à renforcer son alliance avec la Chine.
28:13 C'est une politique de gribouille.
28:14 Pour éviter d'être mouillé,
28:15 je me jette dans la rivière.
28:16 C'est intelligent.
28:17 On reviendra sur ce triste anniversaire
28:19 au cours de nos émissions, évidemment,
28:20 tout au long du week-end sur CNews.
28:22 Allez, sans transition, on va changer de sujet.
28:24 Je me tourne vers vous, Marc Menand.
28:26 On va parler cinéma avec Marc.
28:28 On va parler cinéma parce qu'il y a un grand rendez-vous
28:30 qui sera à vivre d'ailleurs sur l'antenne de Canal
28:32 demain soir.
28:33 C'est la 49e cérémonie des 16 arts Olympia
28:35 présidée par Valérie Lemercier.
28:38 Mais ce soir, vous allez évoquer la...
28:40 allez, la doyenne du 7e art,
28:42 Micheline Prel.
28:43 On l'a appris, elle est décédée hier.
28:46 Elle avait 101 ans
28:48 et c'est un grand monument du cinéma français.
28:51 Ce soir, dans Face à l'info,
28:52 on va l'évoquer, Micheline Prel.
28:54 - Il n'y a que vous qui pouvez dire ça, 101 ans.
28:57 Car elle, elle disait
28:59 "Je n'aime pas dire mon âge,
29:01 ce serait lui donner de l'importance.
29:04 Je l'ignore, comme ça,
29:07 les années n'ont pas d'emprise sur moi."
29:10 Mais oui, c'est la bonne méthode.
29:11 Si vous commencez à compter,
29:13 vous vous apercevrez qu'il y a une petite frétrissure.
29:16 Elle, elle incarne l'enthousiasme.
29:19 Elle a décidé, dès son plus jeune âge,
29:21 de vivre dans une sorte de libération,
29:25 d'échapper à toutes les contraintes.
29:27 Il faut dire aussi qu'elle a de la chance,
29:29 elle naît dans une famille
29:30 où on a plutôt les moyens,
29:31 du côté du Luxembourg,
29:32 un papa qui vit aisément,
29:34 une maman qui est peintre
29:36 et par conséquent,
29:37 qui a aussi cet esprit libertaire.
29:40 Reste que, quand elle a 10 ans,
29:43 le papa l'emmène au cinéma.
29:45 Elle est née en 1922, 10 ans,
29:47 c'est 1932, le cinéma, c'est là,
29:51 c'est l'évasion,
29:52 mais c'est surtout une sorte de rêve.
29:54 Et elle, ce sera la révélation.
29:56 Elle voit le film qui s'appelle "Trader Horn".
29:59 C'est l'histoire d'une femme
30:00 qui est un peu un Tarzan au féminin,
30:02 qui vit avec des animaux,
30:04 en particulier des singes.
30:05 Elle dit "mais c'est ça, c'est ça l'existence".
30:08 Et puis, le cinéma.
30:09 Bien moi aussi, je serai artiste.
30:10 Reste que papa a fait de mauvaises affaires,
30:14 il est obligé de filocher en exil aux Etats-Unis.
30:17 Elle reste avec maman,
30:19 qui la place dans un pensionnat
30:21 qui aurait été recommandé par Charlotte d'Ornella
30:23 si elle avait été là,
30:24 à savoir le pensionnat Notre-Dame de Sion,
30:28 avec les soeurs.
30:29 Et là, c'est la rigidité.
30:31 Alors, quand vous avez rêvé de vivre
30:33 en toute légèreté, c'est pas évident.
30:36 Mais elle est pitre.
30:37 Elle, son grand bonheur,
30:39 et ce sera ça toute son existence,
30:41 quand elle est quelque part,
30:42 elle veut qu'on la regarde non pas pour sa beauté,
30:44 mais parce qu'elle a l'humour,
30:46 parce qu'elle a l'étincelle qui enflamme
30:48 les cœurs et les âmes.
30:50 Et un jour, il y a la mère supérieure qui lui dit
30:52 "Dites donc, si vous continuez comme ça,
30:54 vous allez finir sur les planches".
30:56 Et elle dit "mais c'est tout à fait
30:58 ce que je désire, ma mère".
31:00 Il est vrai que lorsqu'il y a des heures de libre,
31:03 elle s'est inscrite dans un cours de théâtre
31:05 où, entre autres,
31:06 elle a pour complice Serge Reggiani.
31:10 Ah !
31:12 Et forcément, quand vous allez dans des cours de théâtre,
31:14 surtout à cette époque,
31:16 on vous invite à quelques castings,
31:18 la possibilité de se faire remarquer.
31:20 La première fois qu'elle apparaîtra sur la pellicule,
31:22 c'est dans un film qui s'appelle "La fessée".
31:24 Bah oui, quand on n'est pas sage, forcément,
31:26 on est prédestiné.
31:28 - On va vous regarder en disant ça.
31:30 - En revanche, il y a celui qui a révélé Greta Garbo,
31:34 à savoir Georges Past,
31:36 qui est en train de monter un film,
31:38 "Jeune fille en détresse".
31:41 Et là, elle est forcément propulsée
31:45 en ayant dans sa tête l'image de Michel Morgan.
31:49 Pourquoi ? Parce qu'elle a vu Michel Morgan dans "Orage",
31:52 juste quelques semaines avant.
31:54 Et là, elle voit Michel Morgan
31:56 en toute petite tenue sur le lit,
31:59 fâle, face à Charles Boyer.
32:01 Et là, elle dit,
32:02 "C'était tellement horride que j'ai découvert le sens du péché".
32:06 Mais sa mère, elle, elle est plutôt,
32:08 bien qu'étant ouverte d'esprit, puritaine,
32:10 "Ma fille, quand tu te présentes devant ces hommes-là,
32:13 "il faut avoir un beau manteau."
32:15 Alors elle arrive en noir.
32:17 - Ça dépend à quelle occasion, mais...
32:19 - Oui, bah oui !
32:21 Et alors que les autres jeunes filles ont compris
32:23 qu'il est bon de se vêtir plutôt
32:25 avec les petits bas noirs, etc.,
32:27 surtout de l'y-y-y.
32:29 Elle fulmine l'enveu à sa mère
32:31 et pénètre, quand on l'appelle,
32:33 dans le bureau du réalisateur,
32:35 mettant en scène,
32:37 elle pénètre, elle est en colère,
32:39 et là, il éclate de rire de voir ce bouillonnement de rougeur.
32:42 Elle joue, elle gagne le rôle.
32:45 Ce sont les jeunes filles en détresse,
32:48 la rebelle, c'est elle,
32:50 et ça l'incarne merveilleusement.
32:52 Je vais pas le temps de raconter toute son histoire.
32:55 Il n'en reste pas moins...
32:56 - Oui, parce qu'il nous reste 24 minutes, je vous dis ça.
32:58 - Oui !
32:59 - Et Charlotte doit parler, et Mathieu va parler.
33:01 - Oui, oui, oui, oui !
33:02 - Et le sire !
33:03 - Mais, mais...
33:04 - Au moment de la guerre,
33:06 elle se retrouve à Cannes,
33:07 parce qu'elle veut pas être sous le sceau des Allemands,
33:09 elle refusera de tourner pour la Continentale,
33:11 et à Cannes, elle rencontra Gérard Philippe.
33:13 Oh !
33:14 Simplement, elle l'a vue sur scène,
33:16 il l'a émerveillée,
33:17 et quand Jean Cocteau, en 1946,
33:19 lui propose le Diablocore,
33:22 eh bien, elle a le désir
33:25 de jouer avec Gérard Philippe,
33:27 et comme on lui a demandé
33:29 de choisir son partenaire,
33:31 c'est comme ça qu'elle jouera avec Gérard Philippe.
33:33 Sa vie n'est que cette légèreté,
33:36 reste qu'après la guerre,
33:38 on lui voudra d'avoir été néanmoins
33:40 une vedette de cinéma,
33:42 elle disparaîtra un tout petit peu,
33:44 et...
33:45 regardons-la,
33:47 alors qu'elle réapparaît,
33:49 à un moment donné,
33:50 avec Gabin pour partenaire.
33:52 Oh, le père Gabin !
33:54 Le père Gabin,
33:55 qui est là, et à la fin du tournage,
33:57 il dit "Mamoiselle Prelle,
33:59 elle jouait une demi-mondaine,
34:01 elle la jouait tellement bien
34:04 qu'elle était mondaine."
34:06 Et Bernard Pivot la reçoit en 1994,
34:10 après, j'arrêterai là-dessus, mais...
34:12 - Non, non, on peut continuer encore.
34:14 - "Que vous dire à Dieu ?"
34:16 "Que vous dire à Dieu ?"
34:18 Alors là, elle est tout sourire,
34:20 et elle dit,
34:22 elle se plaigne dans la position de Dieu,
34:24 "Dites-moi, ma petite Micheline,
34:26 vous en avez mis du temps pour venir !"
34:28 (rires)
34:30 Et tombons-là à 72 ans,
34:32 on est en 1994,
34:34 elle tournera avec sa fille,
34:36 qu'elle a eue avec Bill Marshall,
34:39 et sa fille,
34:41 qui en voulait un peu d'avoir une mère
34:43 aussi rayonnante,
34:44 une mère que tout le monde admirait,
34:46 et elle le fera jouer,
34:48 et cela lui permettra d'obtenir,
34:51 en 2004,
34:53 un César d'honneur.
34:55 César d'honneur, qui est remis.
34:58 Et ça nous permet d'évoquer la cérémonie des Césars,
35:00 qui naît en 1976,
35:02 le 3 avril.
35:04 Qui a créé les Césars ?
35:06 Eh bien, c'est un ancien journaliste,
35:09 critique,
35:11 Georges Craven.
35:13 Et depuis des années,
35:15 il voulait quelque chose qui soit aussi fort
35:17 que les Oscars.
35:20 Mais il faut trouver le nom.
35:22 Et à ce moment-là, il a pour ami,
35:24 vous savez, César !
35:26 Il compresse les autos,
35:28 et il lui dit, voilà, on va appeler ça "Les Césars",
35:30 et c'est moins une oeuvre
35:32 qui sorte de l'ordinaire.
35:34 La seule chose, c'est qu'en réalité,
35:36 il est très conformiste, pour une fois.
35:38 Et on découvre ce qu'il offre
35:40 comme petite statue.
35:42 C'est un personnage,
35:44 un petit mec, dira Jean Rochefort,
35:46 qui est le premier à l'emporter,
35:48 dans une bobine de cinéma.
35:50 Jean Rochefort, qui est récompensé,
35:52 pourquoi ?
35:54 Il a fait un radis-jeu,
35:56 sous le régent,
35:58 qui s'appelle...
36:00 Vous savez,
36:02 avec Noiret,
36:04 avec Mariel,
36:06 les Jeux de la Fête,
36:08 j'ai oublié le nom.
36:10 Et ensuite,
36:12 il y a Adjani,
36:14 qui s'attend à voir le rôle,
36:16 et il se lève...
36:18 - C'est pas un défunt, ça trompe énormément.
36:20 - Non, non, non.
36:22 Et puis, il y a la récompense,
36:24 Romy Schneider, qui remporte le César,
36:26 pourquoi ?
36:28 Pour le vieux fusil de Robert Enrico.
36:30 Voilà donc cette première cérémonie,
36:32 qui a pour président,
36:34 qui ?
36:36 Jean Gabin, le père Gabin !
36:38 Et Rochefort vient lui taper sur l'épaule,
36:40 en espérant avoir un compliment.
36:42 Il lui dit "Si t'avais été un journaliste,
36:44 t'aurais pris une mandale".
36:46 Voilà le compliment.
36:48 - Faites attention aux journalistes, en ce moment.
36:50 - Voilà.
36:52 - Merci, quel compteur.
36:54 D'habitude, je vis l'émission de l'autre côté.
36:56 C'est un bonheur de la vie, revous.
36:58 Et n'oubliez pas la 49ème cérémonie des Césars Olympia,
37:00 présidée par, je le redis encore une nouvelle fois,
37:02 par Béridien Mercier.
37:04 - Que la fête commence.
37:06 - Que la fête commence. Je la garde, évidemment.
37:08 Allez, on enchaîne avec vous, ma chère Charlotte Dornelas.
37:10 On va parler de nos agriculteurs,
37:12 avec un rendez-vous important,
37:14 qui aura lieu samedi,
37:16 le fameux salon de l'agriculture,
37:18 qui va ouvrir ses portes, dans un contexte un peu particulier,
37:20 je le disais, et Emmanuel Macron,
37:22 il est attendu de pied frère.
37:24 - Notre cinéma.
37:26 - Voilà, dans quel contexte ?
37:28 Les agriculteurs ont besoin d'actes,
37:30 il y a eu beaucoup de paroles, hier, Gabriel Attal a fait de nouvelles annonces,
37:32 mais on est un peu perdus, c'est moins qu'en plaisir,
37:34 ma chère Charlotte. Pourquoi le mouvement continue ?
37:36 On le subhodeure un peu.
37:38 - Déjà, il y a plusieurs choses. Je pense que c'est une profession
37:40 qui a une colère qui dure depuis longtemps.
37:42 C'est des gens qui ont une profession
37:44 extrêmement concrète.
37:46 Ils ne voient directement s'il y a des paroles
37:48 suivies d'actes, quotidiennement,
37:50 dans leur travail.
37:52 Déjà, ça n'arrive pas à tout le monde,
37:54 et parfois, les promesses, on met un peu plus de temps
37:56 à se rendre compte qu'elles ne sont pas suivies
37:58 des faits. La deuxième chose, c'est qu'on a
38:00 un temps médiatique qui se lasse
38:02 beaucoup plus vite qu'une profession qui exprime
38:04 sa colère au bout de décennies
38:06 de silence, ça c'est sûr.
38:08 Et puis, la troisième chose,
38:10 là où vous avez raison, c'est que nous sommes perdus
38:12 en raison de la technicité,
38:14 à la fois des revendications, des annonces parfois
38:16 qui sont faites, et surtout des différents
38:18 degrés de décision
38:20 dans cette affaire. On a bien vu qu'il y a
38:22 un degré étatique, on va dire,
38:24 le président de la République a pris la parole
38:26 une fois, il l'a prise à Bruxelles, donc il y a le niveau
38:28 européen, évidemment. Il y a le niveau
38:30 du Premier ministre qui a régulièrement pris la parole,
38:32 celui du ministre de l'Agriculture
38:34 qui, en fait, a moins parlé que celui de la transition
38:36 écologique, qu'on prenne qui pourra,
38:38 c'est très compréhensible, mais...
38:40 Et enfin, vous avez la strate,
38:42 c'est-à-dire préfectorale, qui est celle
38:44 à laquelle s'adressent normalement les agriculteurs
38:46 et à laquelle ils s'adressent depuis
38:48 les annonces du gouvernement. Donc nous,
38:50 évidemment, au milieu de ça, pour une profession
38:52 qu'on connaît mal, dans un
38:54 pays qui est quand même très urbain
38:56 désormais, on est, en effet, un peu
38:58 perdus. Les agriculteurs le sont moins que nous, par la
39:00 force des choses, donc ils suivent, évidemment,
39:02 beaucoup mieux ça, et en effet, on a vu le
39:04 mouvement décroître,
39:06 après notamment la deuxième salve
39:08 d'annonce, et là, repartir
39:10 pour une raison aussi absolument évidente,
39:12 c'est qu'ils ne peuvent pas rater le coche
39:14 du salon de l'agriculture. On a un gouvernement
39:16 qui table
39:18 énormément sur la communication, un Premier
39:20 ministre qui, parfois, n'a pas beaucoup le choix,
39:22 parce qu'il est dans un précaré, pour toutes
39:24 les raisons que j'ai évoquées précédemment.
39:26 Il peut s'exprimer sur certains dossiers, et d'autres
39:28 ne relèvent absolument plus
39:30 ou pas de sa compétence, et donc
39:32 à l'approche du salon de l'agriculture,
39:34 évidemment, il ré-exprime
39:36 leur colère, et surtout leurs attentes, en réalité,
39:38 ces derniers jours. Alors,
39:40 Gabriel Attal, vous le disiez, a pris la parole hier,
39:42 il a détaillé l'état d'avancement des
39:44 chantiers que lui-même avait lancés, on a vu la question
39:46 de la simplification, on va y revenir, parce que c'est pas si
39:48 simple que ça, la simplification... - Ah non, convaincu pour un. - C'est vrai pour
39:50 les agriculteurs, c'est vrai pour tout le monde, hein. - Bien sûr.
39:52 - La question de la compétitivité, la question
39:54 des revenus, pareil, la
39:56 question des revenus a moins été abordée sur
39:58 la question de comment pérenniser
40:00 des revenus stables, plutôt que sur la
40:02 question de la trésorerie, à court terme,
40:04 par exemple. Et il s'est attardé aussi
40:06 sur le calendrier de la future loi d'orientation
40:08 agricole, qu'on devrait connaître d'ici
40:10 l'été. Donc, concrètement, il a parlé
40:12 en effet des aides d'urgence qui sont
40:14 en cours ou en cours d'acquisition
40:16 pour certains agriculteurs, des avances sur
40:18 trésorerie par le biais, vous savez,
40:20 de la baisse de la hausse, non pas
40:22 du chômage cette fois-ci, mais du GNR, du
40:24 gazole non routier. Et, au niveau
40:26 européen, on a deux questions qui ont été très
40:28 abordées. Alors, c'est vrai qu'ils ont quand même secoué un peu
40:30 la chose, hein, les agriculteurs,
40:32 parce que la question des jachères a
40:34 été posée par l'Union européenne, hein,
40:36 vous savez, c'est une pause d'un an, et la
40:38 question des importations ukrainiennes qui sont...
40:40 Alors, c'est entre les mains de la Commission,
40:42 pour faire très simple, entre les mains de la Commission
40:44 européenne, qui se donnent le droit, elles,
40:46 d'activer potentiellement un frein d'urgence
40:48 sur la question des importations, en fonction
40:50 des niveaux de 2022, date
40:52 à laquelle la guerre avait déjà commencé, hein,
40:54 en fonction des importations de 2022,
40:56 si jamais ça déstabilise le marché européen.
40:58 Donc, il y a un début de question de
41:00 peut-être on va limiter les importations qui se
41:02 posent, mais, on l'avait déjà dit sur ce plateau,
41:04 mais il faut le répéter, Thierry Breton, commissaire
41:06 européen, a quand même dit que pour l'instant,
41:08 la Commission jugeait que ça n'avait pas déstabilisé
41:10 le marché, contrairement à ce que nous disent les agriculteurs
41:12 à peu près partout en Europe.
41:14 Donc, vous voyez qu'il y a à la fois une prise
41:16 en considération, on va dire, de ce que disent les agriculteurs,
41:18 et en même temps, du passage
41:20 à l'acte, il y a
41:22 encore des interrogations, et surtout,
41:24 sur le terrain, les préfets le disent, ils ont reçu
41:26 des centaines et des centaines de
41:28 propositions de simplification
41:30 venant des agriculteurs, et là, le gouvernement
41:32 a dit qu'il allait les étudier,
41:34 malgré des arrêtés
41:36 préfectoraux qui ont déjà été dénoncés ou
41:38 relevés, quelques-uns, mais voilà,
41:40 il y a encore une étude qui est en cours sur les demandes
41:42 directes des agriculteurs. Gabriel Attal
41:44 a fait le point, mais voilà, il y a encore...
41:46 - Oui, et on l'a vu, on l'a longuement évoqué
41:48 sur ces plateaux, les agriculteurs français sont
41:50 rentrés un peu chafouins dans l'exploitation,
41:52 c'est le moins qu'on puisse dire, et le mot est
41:54 gentil,
41:56 vraiment, pour ne pas dire davantage,
41:58 et malgré tout, évidemment, avant
42:00 ce salon d'agriculture, il y a quelques actions
42:02 qui pointent le bout de leur nez, à commencer
42:04 par demain, juste avant l'ouverture du salon.
42:06 - Tout à fait, et alors là, on comprend
42:08 que sur le terrain, en tout cas, tous les
42:10 micros qui sont tendus, ou toutes les oreilles qui sont
42:12 tendues à ces agriculteurs,
42:14 le discours qui revient à la salle de l'Enseignement,
42:16 ils sont rentrés chez eux en disant "attention, on peut revenir",
42:18 ce qui est déjà une manière de rentrer chez soi
42:20 avec...
42:22 en ayant l'esprit que ça peut
42:24 reprendre, mais surtout, ce qui revient
42:26 en permanence, c'est que certes, l'État a promis,
42:28 a promis des choses qu'on attendait, ce que disent
42:30 les agriculteurs, il y a certaines choses qui étaient
42:32 en effet les bienvenues, mais l'administration
42:34 ne suit pas, et revoilà
42:36 notre sujet préféré, celui de l'impuissance
42:38 de l'État à appliquer lui-même
42:40 parfois ce qu'il demande.
42:42 En gros, et on le voit d'ailleurs dans les dernières actions,
42:44 c'est moins des blocages que des
42:46 actions devant les
42:48 préfectures, devant les directions régionales
42:50 de l'environnement, de l'aménagement et du logement,
42:52 devant les supermarchés, alors là, c'est pour
42:54 une autre raison, mais ça concerne directement la question
42:56 de l'importation, et la question des prix
42:58 évidemment, via cette loi EGalim qu'on ne présente
43:00 plus depuis quelques temps,
43:02 mais on va prendre un exemple précis,
43:04 l'exemple du curage des fossés,
43:06 on a tous découvert qu'il y avait le sujet du curage
43:08 des fossés, et à ça on a appris
43:10 plein de choses. Et donc, les contraintes
43:12 sur le curage des fossés ont été levées
43:14 en urgence, notamment parmi
43:16 les choses annoncées, notamment
43:18 en raison de ce qui s'était passé dans le Nord, c'est avec ces
43:20 inondations, parce que les agriculteurs ont accusé justement
43:22 le fait de ne pas curer les fossés comme on le faisait
43:24 avant, à provoquer des inondations.
43:26 Alors le gouvernement a dit
43:28 "on lève les contraintes sur le curage des fossés"
43:30 et que disent les agriculteurs ? Alors d'accord,
43:32 le gouvernement l'a dit, et sur le terrain on a des préfets
43:34 qui ne bougent pas, pourquoi ? Parce qu'énormément
43:36 de ces zones sont
43:38 en zone humide, et qu'il est impossible
43:40 d'y toucher, parce que la préfecture
43:42 est devant des injonctions contradictoires.
43:44 Et là, on comprend
43:46 un enjeu, parce qu'on parlait des choses
43:48 qu'on ne comprenait pas trop,
43:50 mais on comprend qu'entre les mots
43:52 choisis par Gabriel Attal, et ceux qui sont
43:54 choisis par les agriculteurs qu'on entend,
43:56 parfois vous avez des petits mots qui changent
43:58 absolument tout, et on comprend que le débat
44:00 de fond, en réalité,
44:02 c'est un terrain juridique.
44:04 J'ai pris l'exemple des fossés, vous allez comprendre pourquoi.
44:06 Gabriel Attal a dit, très régulièrement
44:08 dans ses interventions, qu'il voulait placer
44:10 l'agriculture au rang des intérêts fondamentaux
44:12 de la nation, et il a pris deux autres
44:14 exemples, la sécurité et la défense nationale.
44:16 Alors bon, déjà, quand on voit
44:18 l'état de nos débats en permanence
44:20 sur la sécurité et la défense nationale, on comprend
44:22 qu'en faire un intérêt fondamental,
44:24 ne suffit pas à résoudre le problème, ça c'est la
44:26 première chose, mais la deuxième chose, c'est que les
44:28 agriculteurs, eux, répondent qu'ils
44:30 veulent que l'agriculture soit considérée
44:32 non pas comme intérêt fondamental
44:34 de la nation, mais comme intérêt général
44:36 majeur. On se dit, bon, c'est un débat
44:38 sémantique, finalement, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, en réalité,
44:40 c'est une différence juridique.
44:42 Pourquoi ? La protection de l'environnement,
44:44 aujourd'hui, c'est un principe d'intérêt général,
44:46 et l'agriculture ne l'est pas.
44:48 Voilà pourquoi ils veulent le même mot,
44:50 parce que, en gros, la Charte de l'environnement,
44:52 aujourd'hui, est constitutionnelle.
44:54 Donc, vous pouvez inscrire l'agriculture
44:56 où vous voulez dans la loi française, la Constitution
44:58 la dépasse. Donc,
45:00 quand Gabriel Attal vous dit "on va réduire,
45:02 par exemple, le délai de recours
45:04 devant les tribunaux administratifs",
45:06 en l'occurrence, le rang des intérêts fondamentaux,
45:08 c'est le code pénal, pas administratif.
45:10 Donc, le juge administratif,
45:12 il aura toujours devant lui une question qui se pose
45:14 avec la Charte de l'environnement,
45:16 qui est constitutionnelle, et la question
45:18 de la souveraineté alimentaire ou de l'agriculture,
45:20 qui est inférieure dans la hiérarchie
45:22 des normes, dans notre état de droit.
45:24 Or, eux, ce qu'ils disent, c'est qu'il faut
45:26 au minimum que ces deux
45:28 considérations, évidemment importantes,
45:30 la protection de l'environnement
45:32 et la souveraineté alimentaire,
45:34 et par ailleurs, la
45:36 décence des revenus des
45:38 agriculteurs, soient au minimum considérées
45:40 à égalité par
45:42 le juge et, à travers lui,
45:44 normalement, le législateur.
45:46 Donc, vous voyez que si on dit "on va diminuer les recours"
45:48 sans se poser initialement cette question-là,
45:50 vous pouvez... Alors, la décision,
45:52 vous l'aurez en deux mois au lieu de l'avoir en quatre mois,
45:54 c'est déjà ça, mais la décision ne changera pas.
45:56 Donc, la question n'est pas
45:58 totalement réglée,
46:00 et c'est, là, je pense,
46:02 évidemment, une des questions fondamentales
46:04 qui ont été posées par les agriculteurs, et on voit qu'elle n'est pas
46:06 réglée, on va dire, par les annonces qui ont
46:08 été faites, toutes
46:10 intéressantes qu'elles soient par ailleurs.
46:12 - Alors, dernier mot,
46:14 Emmanuel Macron veut un grand débat
46:16 au cours de ce salon, et là,
46:18 l'information est tombée tout à l'heure,
46:20 il y aura les soulevements de la terre, alors
46:22 comprenne qui proie, parce que, je rappelle
46:24 à nos téléspectateurs, il me semble
46:26 qu'on voulait interdire les soulevements de la terre,
46:28 me semble-t-il. Là, ça promet
46:30 une belle ambiance, me semble-t-il. - On n'est pas à une
46:32 contradiction près chez Emmanuel Macron. - En même temps.
46:34 Mais là, ça va être une belle ambiance pour les agriculteurs.
46:36 - On va les dissoudre, en fait, non, finalement, on va les inviter dans un
46:38 débat sur l'agriculture. - Et le débat est prévu pour deux heures,
46:40 je pense que ça risque d'être un petit peu plus long. - Les principes de non-contradiction,
46:42 c'est un travail. - Très rapidement, deux mots là-dessus.
46:44 - En réalité, Macron,
46:46 Emmanuel Macron annonce qu'il va faire
46:48 ce qu'il sait faire par cœur,
46:50 c'est-à-dire écouter des gens, là, en l'occurrence,
46:52 en pourrissant potentiellement le débat
46:54 par la présence de gens qui ne vont même pas
46:56 porter un discours écologique qui puisse
46:58 se raccrocher au discours des agriculteurs,
47:00 parce qu'il y a, en effet, un débat intéressant
47:02 à avoir sur le
47:04 placement des curseurs, on va dire, sur cette question.
47:06 Les deux questions sont éminemment légitimes.
47:08 Quand vous invitez les soulèvements de la terre
47:10 qui sont la version
47:12 extrêmement radicale
47:14 qui, d'ailleurs, n'accepte même pas
47:16 le débat, puisque c'est une question d'urgence
47:18 qui n'accepte absolument
47:20 aucun débat, vous pourrissez
47:22 le débat avant même qu'il n'existe.
47:24 Et par ailleurs, on l'a vu, Emmanuel Macron, ce qu'il aime
47:26 faire dans ce genre de situation,
47:28 il invite tout le monde, tout le monde prend la parole,
47:30 et il brille par sa maîtrise technique
47:32 qui ne règle rien sur le fond d'un débat.
47:34 D'autant qu'on nous explique que c'est lui
47:36 qui distribuera la parole
47:38 à ce moment-là. Donc, bon, c'est
47:40 absolument illisible dans les invitations,
47:42 c'est même illisible
47:44 tout court dans le rapport, parce que
47:46 les soulèvements de la terre, moi,
47:48 je, comment dire, sans donner la réponse
47:50 à ce débat, je note que le ministre
47:52 de l'Intérieur a parlé d'éco-terrorisme,
47:54 a voulu dissoudre le mouvement
47:56 en raison de la violence exercée
47:58 sur les gendarmes. On pourrait peut-être
48:00 inviter les gendarmes aussi à ce débat.
48:02 - Vous voulez faire cette solide
48:04 sur l'agriculture ? - C'est ça, on pourrait peut-être inviter les gendarmes
48:06 pour qu'ils donnent leur avis aussi, puisqu'ils sont
48:08 entre les deux en permanence sur le terrain.
48:10 On en parle moins, mais les agressions aussi
48:12 sur le terrain agricole
48:14 se font beaucoup. Donc, on comprend
48:16 qu'Emmanuel Macron, là, il fait ce qu'il a
48:18 l'habitude de faire, en plus en surprenant
48:20 par la présence des soulèvements de la terre, et Marc me disait
48:22 tout à l'heure, peut-être qu'il ne sera pas le plus détesté
48:24 du Célan de l'agriculture si les soulèvements de la terre
48:26 sont invités, c'est peut-être aussi
48:28 une piste à explorer, en effet,
48:30 derrière cette invitation, mais on comprend que du débat,
48:32 évidemment, on ne ressortira pas, en tout cas,
48:34 une solution à la crise
48:36 qui vient, et du salon...
48:38 Enfin, j'espère, en tout cas...
48:40 - Et moi, j'ose imaginer l'accueil entre les soulèvements
48:42 de la terre et les agriculteurs. - Non, mais c'est pour ça...
48:44 Finalement, c'est encore les forces de l'ordre qui vont
48:46 le plus travailler dans ce débat. - Oui, mais c'est
48:48 la bonne diversion. - Non, mais en plus,
48:50 honnêtement, même pour la question écologique
48:52 sérieuse, c'est
48:54 pas une manière de faire, en réalité.
48:56 Si vraiment il veut un débat constructif, ce qui me semble difficile
48:58 par ailleurs, avec le président de la République
49:00 dans un salon de l'agriculture, qu'il ne lui ait pas dédié,
49:02 je précise par ailleurs, je referme la parenthèse,
49:04 ça me paraît déjà compliqué initialement,
49:06 mais avec une invitation pareille au milieu,
49:08 et par ailleurs, politiquement,
49:10 au-delà du salon de l'agriculture, c'est absolument illisible,
49:12 mais ça, on finit par avoir l'habitude. - Merci beaucoup,
49:14 Charlotte, vous m'avez impressionnée sur le curtage des fossés.
49:16 - Ah ah ah ! - Vraiment, là...
49:18 - Ah, je ne t'ai pas dit que je savais le faire, hein,
49:20 je l'ai fait faire, mais... - Respect, vraiment respect.
49:22 Allez, on termine, parce que, de temps presse,
49:24 on termine avec vous, mon cher Mathieu,
49:26 vous allez nous parler des "Sleeping Giants".
49:28 Je l'ai bien dit ? - Bien sûr !
49:30 - Hein, je l'ai bien dit ? Alors, vous allez nous dire
49:32 ce que c'est, déjà, pour commencer,
49:34 et on a appris, il y a quelques jours,
49:36 qu'un débuté de la majorité a proposé
49:38 que les "Sleeping Giants" pour le prix
49:40 Nobel de la paix. On commence
49:42 par de la pédagogie pour nos téléspectateurs.
49:44 - Alors, les "Sleeping Giants", créés en
49:46 2016, c'est une association,
49:48 on pourrait dire, une milice numérique,
49:50 qui patrouille les réseaux sociaux
49:52 pour dénoncer, en fait,
49:54 pour identifier certaines marques
49:56 qui financeraient,
49:58 indirectement, sans en être consciente,
50:00 souvent, des publications accusées
50:02 de tenir des propos haineux.
50:04 Donc, imaginez la publication X,
50:06 et bien, vous avez la compagnie Y,
50:08 qui, sans le savoir,
50:10 prend de la publicité pour la publication X.
50:12 Et là, qu'est-ce qui se passe ?
50:14 Les "Sleeping Giants" disent
50:16 "Ah ha ! Vous, entreprise
50:18 vertueuse, comment osez-vous
50:20 financer ce titre de presse
50:22 qui est haineux, qui tient
50:24 des propos haineux, et ainsi de suite ?"
50:26 Et ça fonctionne assez souvent. Donc, 2016,
50:28 créé, 2017, en France,
50:30 mais ça vient des États-Unis, évidemment.
50:32 Donc, c'est une milice qui fonctionne sur le mode du "Name and shame".
50:34 C'est comme ça, donc, vous nommez
50:36 et vous faites honte. Donc, si vous êtes associés
50:38 à ce titre de presse,
50:40 si vous avez fait de la publicité dans ce titre
50:42 de presse, pour cette télévision, pour ce
50:44 journal, pour cette radio, et bien, nous vous ferons
50:46 passer comme un complice de la haine
50:48 qui véhiculerait ce titre
50:50 de presse.
50:52 Éric Botorel, député de la majorité,
50:54 a dit "Je propose
50:56 les "Sleeping Giants" pour le comité
50:58 pour le... qu'est-ce que je veux dire ?
51:00 Pour le prix Nobel de la paix.
51:02 Je le cite. "C'est un prix
51:04 qu'ils méritent. L'une des plus
51:06 grandes menaces de la libération, l'une des plus
51:08 grandes menaces pour la paix est la haine
51:10 et ceux qui l'attisent. L'entretien
51:12 sont bien sûr les principaux responsables
51:14 de sa diffusion.
51:16 Les "Sleeping Giants" ont un impact indéniable
51:18 pour assainir les internets.
51:20 Assainir. Logique de pureté.
51:22 Ils comblent ainsi des carences du droit.
51:24 C'est intéressant. Le droit est insuffisant dans la censure.
51:26 Il faut rajouter du droit au droit.
51:28 Puisque c'est le conseil d'État.
51:30 Des faiblesses de certains outils de régulation
51:32 dont d'aucuns s'accommodent pour déverser
51:34 leurs fiels et en tirer des revenus.
51:36 Donc c'est une logique de la purge. Fondamentalement,
51:38 il s'agit d'assécher
51:40 financièrement des titres
51:42 de presse qui relient au discours condamné
51:44 par les "Sleeping Giants".
51:46 Le problème, c'est qu'est-ce que la haine?
51:48 Ce serait intéressant de savoir qu'est-ce que la haine?
51:50 On ne saura jamais vraiment, sinon que c'est un discours
51:52 en contradiction avec le discours
51:54 dominant progressiste.
51:56 Donc si vous n'êtes pas progressiste, vous êtes haineux.
51:58 Et quand on prend le temps de regarder ce qu'on appelle
52:00 un discours haineux aujourd'hui, c'est un discours critique
52:02 à l'endroit des revendications minoritaires.
52:04 Ça, c'est un discours haineux. Mais inversement,
52:06 si je dis par exemple, "Chère Thierry,
52:08 je vais vous assassiner, je vais vous étrangler,
52:10 je vais vous arracher la tête et tout ça parce que je vous hais",
52:12 ce n'est pas un discours haineux tel que le pensent
52:14 les "Sleeping Giants". Mais si je dis,
52:16 "Un homme ne pourra jamais être enceinte et accouchée",
52:18 ça, c'est un discours haineux.
52:20 Il faut garder cela à l'esprit.
52:22 Ensuite...
52:24 - J'ai bien failli te venir présenter face à moi.
52:26 - Tu reviendras. - Christine, reviens.
52:28 - Donc il faut chasser les infréquentables,
52:30 c'est l'idée. Alors comment, comment
52:32 la presse, comment les grands médias ont accueilli
52:34 cette nomination des "Sleeping Giants"
52:36 pour le prix Nobel de la paix?
52:38 France Inter nous dit...
52:40 - Hum!
52:42 - "Les "Sleeping Giants" scrutent en France
52:44 les publicités présentes sur les sites Internet
52:46 publiant des propos haineux.
52:48 Ils invitent les amonceurs à retirer leurs encarts.
52:50 Ces activistes veulent réduire
52:52 un mode de financement de l'extrême droite.
52:54 Jamais la conception des propos haineux
52:56 portée par les "Sleeping Giants" n'est remise
52:58 en question par France Inter. On considère
53:00 que la définition des propos haineux
53:02 de "Sleeping Giants" va de soi,
53:04 n'est pas objet de critique possible.
53:06 Mais les meilleurs, comme d'hab, c'est France Info.
53:08 Je cite.
53:10 "Fondée aux États-Unis et présente donc en France..."
53:12 C'est amusant comme phrase.
53:14 "Le collectif 'Sleeping Giants' interpelle
53:16 les entreprises pour couper
53:18 les financements publicitaires des médias
53:20 conservateurs, racistes,
53:22 xénophobes et homophobes."
53:24 Je note que pour les "Sleeping Giants"...
53:26 Pardonnez-moi! Pour France Info,
53:28 conservateurs rentrent dans la même catégorie
53:30 que racistes, xénophobes et homophobes.
53:32 Conservateurs, vous comprenez,
53:34 dans leur esprit, vous êtes de droite,
53:36 vous êtes fasciste, vous êtes nazi.
53:38 C'est quand même le fond. Donc c'est France Info.
53:40 France Info, je vais juste le reciter une dernière fois.
53:42 "Couper les financements publicitaires
53:44 des médias conservateurs, racistes,
53:46 xénophobes et homophobes." Celui qui a écrit ce texte,
53:48 j'espère qu'il sait à quel point c'est un intolérant
53:50 haineux. Lui est haineux.
53:52 Cela dit, ce qui est intéressant de ce point de vue,
53:54 je parlais de la question de l'étiquetage,
53:56 de la définition des termes, ça nous rappelle
53:58 l'importance d'une sociologie de l'étiquetage
54:00 politique aujourd'hui.
54:02 C'était quoi le grand débat des deux
54:04 dernières semaines? C'était l'appel au fichage
54:06 généralisé des journalistes, des chroniqueurs,
54:08 des éditorialistes. Et ce qu'on a vu
54:10 dans cet appel au fichage pour être capable
54:12 de savoir qui pense quoi
54:14 et qui doit être rangé dans quelle catégorie,
54:16 on a vu à quel point c'est un système
54:18 de fichage assez impressionniste.
54:20 Quand on a demandé à un des ficheurs
54:22 possibles, il dit, "Je regarde
54:24 ce que dit le monde.
54:26 Si le monde dit que quelqu'un est à l'extrême droite,
54:28 il est à l'extrême droite, puis je vais consulter
54:30 une fiche Wikipédia." C'est sérieux, là?
54:32 Est-ce qu'il y a quelque chose
54:34 de plus biaisé et orienté que Wikipédia
54:36 en français? En anglais, un peu moins, je prends la peine
54:38 de le dire, mais Wikipédia en français,
54:40 il y a des militants qui contrôlent ça. Mais de là
54:42 l'importance aussi de voir ce qui se dit dans les titres
54:44 de presse lorsque vient le temps
54:46 d'étiqueter les gens. Quand le monde, pour le citer
54:48 encore une fois, qualifie d'ultra-conservateur
54:50 différentes personnes, sans jamais prendre la peine
54:52 de définir ni conservateur,
54:54 ni ultra-conservateur. Pourquoi ultra?
54:56 Donc l'importance
54:58 absolue de l'étiquetage.
55:00 Donc, tous ceux qui pensent qu'on s'intéresse
55:02 à des problèmes secondaires lorsqu'on s'intéresse
55:04 aux étiquettes collées, aux fichages collés,
55:06 à la manière de classer les gens
55:08 dans l'espace public, non! Parce que tout ça a un effet
55:10 très concret. Quand vient le temps
55:12 pour les Sleeping Giants
55:14 d'étiqueter les gens, d'en appeler
55:16 à leur mort sociale, d'en appeler à leur
55:18 assèchement financier, on voit
55:20 que tout ça se tient. Je note une chose,
55:22 cela dit, mais ça, ça me fait plaisir. C'est presque la seule
55:24 raison pour laquelle je leur souhaite le prix Nobel.
55:26 C'est que les Sleeping Giants, vous savez, c'est quand même
55:28 pas des courageux. Ils fonctionnent
55:30 sur le mode de l'anonymat. Si jamais
55:32 ils remportent leur prix, est-ce qu'ils vont au moins
55:34 avoir le courage de se présenter pour qu'on sache
55:36 de qui nous parlons? Qui sont ces censeurs
55:38 anonymes qui se cachent derrière la cagoule
55:40 virtuelle du web? Ça m'intéresserait
55:42 de les rencontrer, les petits censeurs.
55:44 - Sympa, Issa. Dans cette proposition,
55:46 on revient à cette proposition, c'est quoi? C'est un
55:48 éloge de la censure selon vous, Mathieu?
55:50 - Mais des Sleeping Giants, on le savait. Mais de la
55:52 majorité, c'est quand même plus original. Alors moi,
55:54 ce qui m'inquiète, c'est que la majorité, elle-même,
55:56 le pouvoir lui-même, les élus eux-mêmes,
55:58 un élu de la majorité, donc des défenseurs
56:00 de la démocratie libérale, officiellement,
56:02 de l'État de droit, officiellement, des gens
56:04 qui se disent "Nous sommes le droit, nous sommes
56:06 la norme, nous sommes la règle, nous sommes
56:08 le contraire de l'arbitraire", qu'est-ce
56:10 qu'il y a de plus arbitraire qu'une
56:12 chasse à la réputation lancée
56:14 par les Sleeping Giants? Je connais peu
56:16 de choses plus arbitraires que lorsque cette meute
56:18 décide de se jeter sur un média
56:20 dans l'objectif très clair de le
56:22 tuer, socialement, on s'entend,
56:24 financièrement. Donc s'il n'y a rien
56:26 de plus arbitraire que ces milices
56:28 qui décident de cibler de manière
56:30 purement idéologique
56:32 ceux qui doivent avoir la parole et ceux qui ne doivent
56:34 pas l'avoir, eh bien on a un député
56:36 de la majorité qui dit finalement
56:38 "J'endosse cette démarche, ça vient
56:40 du Bloc central", et ça nous rappelle à quel
56:42 point le contrôle de l'information,
56:44 le contrôle du récit médiatique
56:46 est la chose la plus importante
56:48 qui soit aujourd'hui. On a l'impression
56:50 quelques fois que non, chacun se présente
56:52 dans l'espace public comme il veut, comme il le souhaite. Non.
56:54 La volonté, depuis une dizaine d'années
56:56 en fait, depuis 2014, 2015, 2016,
56:58 une partie du régime idéologique
57:00 dominant a pris peur devant
57:02 le fait que les peuples ne votaient plus toujours comme on leur disait,
57:04 que les peuples pouvaient voter pour les interdits,
57:06 que les peuples pouvaient même sortir de l'Union européenne,
57:08 je pense au Brexit évidemment, que les peuples
57:10 pouvaient voter pour des populistes. On croyait
57:12 pourtant qu'ils avaient la réputation de cabots
57:14 qui sentaient mauvais, un peu puants,
57:16 égaleux. On savait qu'on n'avait pas le droit
57:18 de voter pour eux, mais les peuples sans tête
57:20 pouvaient peut-être voter pour eux en certaines circonstances.
57:22 Pour éviter que ça... pour plus jamais ça,
57:24 pour ne plus jamais ça appliquer aux populistes,
57:26 on décide dans les circonstances
57:28 de vouloir contrôler le récit médiatique
57:30 comme jamais, et je pense que l'appel
57:32 à la nobilisation des Sleeping Giants s'inscrit
57:34 dans cette logique. - Merci. Vous le comprenez
57:36 avec une grande attention, évidemment. - Vive le corbeau.
57:38 - Vive le corbeau. Allez.
57:40 - On lui a donné le prix Nobel directement à...
57:42 - Oui, mais c'est la célébration de la délation.
57:44 On a quand même dans une société qui a fait
57:46 du délateur le citoyen exemplaire
57:48 qui mérite le titre de démocrate exemplaire.
57:50 La célébration du délateur, pour moi,
57:52 ça témoigne d'un abaissement de l'âme humaine.
57:54 - Bien oui. - Merci, les amis. J'étais ravi
57:56 de partager cette émission avec vous.
57:58 - Merci à vous. - Merci de m'avoir accepté.
58:00 Je re-salue à nouveau Christine, qui nous regarde.
58:02 Merci pour votre grande fidélité.
58:04 Ça nous fait très plaisir. Merci à Agnès Sedira
58:06 et à Samuel Vasselin qui m'ont aidé
58:08 à préparer cette émission.
58:10 Tout de suite, c'est l'heure des pros 2
58:12 avec l'ami Pascal, et moi, je vous donne
58:14 rendez-vous demain. Eh oui, c'est déjà
58:16 le week-end, le midi-news, à partir de midi.
58:18 Je compte sur vous. Soyez toujours
58:20 aussi nombreux à nous suivre. Bye-bye. Belle soirée.
58:22 Bye.
58:24 Merci.
58:25 [SILENCE]