• il y a 10 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 - 19h, c'est l'heure, regardez-vous.
00:00:03 Regardez bien vos montres, il est déjà 8h.
00:00:05 - Il est déjà 8h et vous êtes où, vous ?
00:00:09 - Mais vous connaissez la chanson quand même.
00:00:11 Regardez vos montres, il est déjà 8h.
00:00:13 - Ah bah non, écoutez, je ne suis pas encore à cette page-là.
00:00:16 - Bon allez, la minute-info, Simon Guilain, bonsoir à tous.
00:00:19 Ça va, Simon ?
00:00:19 - Ça va, merci, chère Christine.
00:00:20 Bonsoir à tous.
00:00:21 Au Proche-Orient, l'armée israélienne livre des combats
00:00:24 acharnés contre le Hamas à Khan Younes.
00:00:26 Dans le sud, donc, de la bande de Gaza,
00:00:28 le groupe terroriste palestinien accuse l'Etat hébreu
00:00:30 d'avoir visé 5 structures qui abritent 30 000 déplacés.
00:00:34 Et pendant ce temps, la pression internationale
00:00:35 s'accentue sur Israël pour trouver une issue au conflit.
00:00:39 Confrontée à un vieillissement de la population,
00:00:41 la Grèce annonce une augmentation de la prime à la naissance
00:00:44 qui sera effective au mois d'avril.
00:00:46 De 2 000 à 2 400 euros pour le premier enfant,
00:00:48 2 700 pour le deuxième et 3 000 euros pour le troisième enfant.
00:00:53 Et puis, l'affiche de la 49e cérémonie des Césars
00:00:55 a été dévoilée aujourd'hui.
00:00:57 Elle rend hommage à Michel Oslo,
00:00:59 réalisateur extrêmement connu pour ses films d'animation.
00:01:02 La cérémonie des Césars se tiendra en clair et en direct
00:01:04 sur Canal+.
00:01:05 Ce sera le 23 février prochain.
00:01:07 La liste des nommés sera dévoilée ce mercredi.
00:01:10 Chère Christine.
00:01:11 Nous suivrons tout cela, Simon.
00:01:14 Merci infiniment.
00:01:15 Et au sommaire ce soir,
00:01:16 depuis le 14 novembre à Albi,
00:01:19 les agriculteurs sont en colère devant un long silence médiatique
00:01:24 face à l'Info Science et News.
00:01:25 Nous étions l'une des premières émissions à en parler
00:01:27 dès l'année dernière,
00:01:28 mais à un mois du Salon de l'agriculture,
00:01:30 le Premier ministre reçoit la FNSEA
00:01:33 et les jeunes agriculteurs en ce moment.
00:01:35 Un rendez-vous pour quels résultats ?
00:01:37 Quel malaise social expriment les agriculteurs ?
00:01:39 Et sommes-nous dans une forme nouvelle
00:01:41 du soulèvement des gilets jaunes ?
00:01:43 L'édito de Mathieu Boccoté.
00:01:45 Alors que Face à l'Info avait évoqué une grande interrogation
00:01:50 par rapport à la fraude aux retraites
00:01:52 en se fondant sur la Cour des Comptes,
00:01:53 nous allons revenir sur le cas de cette septuagénaire
00:01:56 condamnée pour une fraude d'ampleur à la retraite.
00:02:00 Installée au Maroc,
00:02:01 elle avait empoché détourné 200 000 euros
00:02:04 d'une pension destinée à sa mère,
00:02:06 décédée depuis 1998.
00:02:09 En quoi est-ce révélateur de la perméabilité
00:02:11 de notre système social ?
00:02:14 À la fraude, l'analyse de Dimitri Pavlenko.
00:02:17 Mais pourquoi le choix du célèbre écrivain Silbain Tesson,
00:02:22 parrain du printemps des poètes à Montpellier,
00:02:24 déclenche-t-il une polémique ?
00:02:25 Choix contesté.
00:02:26 Dans une tribune de Libération
00:02:28 consignée par 1200 poètes et acteurs
00:02:31 inconnus de la scène culturelle française,
00:02:34 Rachida Dati et Bruno Le Maire
00:02:36 ont volé au secours de Silbain Tesson.
00:02:38 De quoi cette polémique est-elle le nom ?
00:02:41 Une tribune du Point parle de
00:02:43 terrorisme idéologique du wauquisme.
00:02:46 Le regard de Marc Memon.
00:02:48 Terrorisme idéologique du wauquisme,
00:02:50 souligne des écrivains dans Le Point,
00:02:52 mais ne s'agit-il pas également d'un certain
00:02:54 terrorisme idéologique ?
00:02:55 Dans la polémique sur l'école privée Stanislas,
00:02:58 le directeur de l'école a pris la parole ce week-end
00:03:00 pour répondre aux attaques dans son établissement
00:03:03 et la cible depuis quelques jours.
00:03:05 « Ce que nous lisons n'est pas ce que nous vivons »,
00:03:08 a-t-il souligné.
00:03:10 Pourquoi la volonté de transformer la réalité
00:03:14 par certains médias ?
00:03:15 Pourquoi cette volonté de cacher les points
00:03:18 et événements positifs de l'école privée catholique
00:03:20 et de monter en épingle des faits non avérés ?
00:03:23 Et si certains avaient peur de l'excellence française ?
00:03:26 Le décryptage de Charlotte Gornélas.
00:03:29 Et puis cette exclusivité cigneuse
00:03:32 pour les téléspectateurs de Face à l'info,
00:03:34 un texte dont personne ne parle.
00:03:36 La Commission européenne a déposé un rapport
00:03:40 nommé « Conscience historique européenne »
00:03:43 qui a été adopté mercredi dernier.
00:03:46 On y trouve une vision de l'histoire
00:03:48 de l'Europe très surprenante
00:03:50 et l'Union européenne qui mise sur l'histoire
00:03:53 pour dépasser les nations.
00:03:55 En quoi ce texte, avec ce texte, l'histoire nationale,
00:03:58 est-elle dans le viseur européen ?
00:04:00 L'édito de Mathieu Boccouti.
00:04:03 Une heure pour un peu de hauteur.
00:04:05 C'est l'actualité avec nos muscletaires, c'est parti.
00:04:09 (Générique)
00:04:22 - Comment va Charlotte ? - Très bien.
00:04:23 - Si Charlotte va bien, tout va bien.
00:04:25 (Rires)
00:04:27 - Ça va Marc ? - Oui parfaitement.
00:04:29 Est-ce que Charlotte va bien ?
00:04:31 On va voir de quoi...
00:04:32 - Marc a été chez le coiffeur.
00:04:34 Mathieu Boccouti a sorti un très beau costume.
00:04:36 Dimitri Flavelin, qui est content de ses audiences sur Europe 1,
00:04:38 tout va bien.
00:04:39 (Rires)
00:04:40 Regardez le logo de CNews,
00:04:42 que nous avons inversé pour soutenir les agriculteurs.
00:04:48 Regardez.
00:04:49 Voilà, que nous avons décidé en soutien aux agriculteurs.
00:04:55 Et nous allons en parler ce soir.
00:04:56 Je disais, Mathieu Boccouti, que nous étions les premiers à en parler
00:04:59 dès novembre dernier, dès décembre dernier.
00:05:01 Le mouvement a commencé en novembre pour soutenir ces agriculteurs.
00:05:05 Alors enfin, sont-ils entendus ?
00:05:06 La révolte est au coeur de l'actualité.
00:05:08 Il n'est pas impossible qu'elle se radicalise.
00:05:13 Que réclament les agriculteurs ?
00:05:15 Mais surtout, quel malaise social exprime-t-il en se mobilisant ?
00:05:18 Et sommes-nous finalement devant une nouvelle forme de soulèvement des Gilets jaunes ?
00:05:23 En fait, nous sommes devant le soulèvement inattendu.
00:05:26 C'est-à-dire le soulèvement de ceux qui n'ont pas l'habitude de se soulever.
00:05:30 Nous connaissons les grèves rituelles du mouvement syndical
00:05:33 qui défilent de manière rituelle.
00:05:36 Régulièrement, pour dire "nous protestons contre ci, nous protestons contre ça".
00:05:39 Que serait au syndicat sans la possibilité d'une grève ?
00:05:42 Une association de retraités malheureux.
00:05:43 Donc, nous sommes habitués à la technique de la grève des syndicats.
00:05:47 Nous sommes habitués aussi aux émeutes de banlieue.
00:05:50 Ça arrive de temps en temps, c'est pas prévisible à la journée même.
00:05:53 Mais nous savons que c'est cyclique.
00:05:55 Et nous savons que ça n'a rien à voir du tout avec l'immigration, on nous l'a dit.
00:05:58 Ça a tout à voir avec les écrans, ça nous le savons.
00:06:00 Mais quoi qu'il en soit, elles sont néanmoins...
00:06:03 Nous sommes habitués quand personne ne dit quoi "une émeute en banlieue"
00:06:06 mais j'y crois rien, j'y crois pas du tout, qu'est-ce que c'est que ça ?
00:06:09 La révolte des agriculteurs, c'est autre chose.
00:06:11 C'est ce qu'on pourrait appeler le pays profond, le pays réel
00:06:14 qui se mobilise des gens qui n'ont pas l'habitude de se soulever.
00:06:18 Des gens qui n'ont pas l'habitude de protester.
00:06:20 Des gens dont la culture politique n'est pas la protestation
00:06:24 mais qui, cette fois, manifestement considèrent que les choses vont trop loin.
00:06:28 Et, on l'a dit, c'est un mouvement qui aujourd'hui se fait sentir en France
00:06:32 mais qui se fait sentir en Europe depuis quelques années déjà.
00:06:36 Et il faut avoir en tête cette perspective européenne
00:06:39 pour voir quelle est la nature véritablement de ce soulèvement
00:06:42 qui n'est pas un soulèvement, je le dis tout de suite, sectoriel.
00:06:45 C'est-à-dire que quand on regarde les discours qui sont tenus,
00:06:47 c'est un discours qui remet en question à la fois l'idéologie dominante
00:06:50 portée par l'Union européenne et le fonctionnement de l'Union européenne.
00:06:53 On pourrait dire que c'est une révolte contre la technostructure européenne
00:06:57 portée par les agriculteurs, chacun pour des raisons...
00:07:00 dans chaque pays pour des raisons particulières,
00:07:02 mais tout converge vers la remise en question de ce modèle.
00:07:05 2019, première étape aux Pays-Bas.
00:07:08 Donc là, il y a un plan qui est lancé par le gouvernement
00:07:11 pour réduire le cheptel de vaches de 30%.
00:07:14 Donc on se dit, on doit avoir moins de vaches, on doit moins produire,
00:07:16 on doit liquider ça. Pourquoi ?
00:07:18 Pour réduire les émissions d'azote dans le pays.
00:07:21 Et là, les agriculteurs néerlandais disent, c'est quoi exactement l'idée ?
00:07:25 Vous voulez nous condamner finalement sous prétexte de lutte pour l'écologie ?
00:07:29 On est tous d'accord avec le principe.
00:07:31 Vous voulez nous condamner à la décroissance
00:07:33 et nous allons payer, nous, les agriculteurs néerlandais,
00:07:36 les prix de la transition climatique,
00:07:39 alors de la transition énergétique qu'on dit, ou écologique,
00:07:42 alors que dans les faits, ce n'est pas exactement les Pays-Bas
00:07:44 qui compromettent aujourd'hui l'histoire climatique de l'humanité.
00:07:47 Soyons sérieux.
00:07:49 Même chose, sur le même type de proposition,
00:07:52 en Irlande, en Belgique, pour des raisons semblables.
00:07:55 Donc on voit chaque fois la proposition, c'est un contexte national,
00:07:58 mais chaque fois, c'est les mêmes mesures portées par l'élite européiste
00:08:02 qui réussit à convaincre chaque régime, chaque pays
00:08:06 d'appliquer de semblables mesures.
00:08:08 En Allemagne, réforme climatique aussi, encore une fois.
00:08:12 Notamment avec la fin d'une forme de dispense fiscale pour le diesel agricole.
00:08:16 Même chose en France, je vous le disais en passant,
00:08:17 l'argument utilisé par Bruno Le Maire était assez intéressant.
00:08:20 Il dit, nous devons passer d'une fiscalité brune à une fiscalité verte.
00:08:24 Que c'est imagé.
00:08:26 Et ce qu'il nous dit ici, c'est que finalement,
00:08:28 le fait de soutenir les agriculteurs avec ce type de carburant,
00:08:32 dans les faits, ça contribue à leur permettre une forme de possibilité
00:08:36 de polluer à bas prix.
00:08:38 C'est une forme de... chacun peut polluer très librement.
00:08:40 Alors on doit faire d'immenses efforts, mais encore une fois,
00:08:43 les agriculteurs doivent être les premiers à faire ces efforts.
00:08:47 Ça va encore plus loin, parce que ça se passe aussi en Europe de l'Est.
00:08:50 Quand quelque chose se passe des Pays-Bas à l'Europe de l'Est,
00:08:54 on commence à se dire qu'il y a quelque chose de profond.
00:08:56 Là-bas, c'est le traitement spécial réservé aux produits ukrainiens
00:09:00 qui ont fait suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
00:09:04 qui compromet l'agriculture des Pays de l'Est.
00:09:07 À l'instant, on est parfaitement disposés à être solidaires
00:09:10 envers les Ukrainiens, mais pas au prix d'abolir notre propre système agricole,
00:09:14 notre propre agriculture.
00:09:17 Il y a quand même des limites à se suicider pour l'autre.
00:09:20 Tendre la main sur une chose, mais prendre la main qui nous reste ensuite
00:09:22 pour s'auto-étrangler, ce n'est pas l'idée du siècle.
00:09:25 Alors, ayez tout ça à l'esprit.
00:09:27 Et ensuite, comment se formulent les revendications des agriculteurs,
00:09:30 les unes après les autres?
00:09:32 Elles sont finalement d'une très grande simplicité,
00:09:34 et c'est ça qui est assez fascinant.
00:09:36 C'est l'appel à, globalement, on dit, une vie digne,
00:09:38 une vie gagnée, être capable finalement de gagner suffisamment
00:09:41 à partir de son travail pour être capable de nourrir les siens.
00:09:44 Non, mais ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler la revendication
00:09:46 la plus exigeante dans l'histoire de l'humanité.
00:09:48 C'est la possibilité aussi de se délivrer d'une forme de névrose papraciaire
00:09:52 qui vient avec l'Union européenne, parce qu'il y a une véritable inflation législative
00:09:56 qui vient de l'Europe, mais qui vient aussi du niveau national,
00:09:59 et souvent le niveau national transpose avec une espèce d'ardeur militante
00:10:04 les exigences bruxelloises.
00:10:06 Donc là, le commun des agriculteurs dit, un instant,
00:10:09 premièrement, on veut gagner notre vie correctement,
00:10:11 deuxièmement, on veut cesser de crouler sous la paprace,
00:10:14 et par ailleurs, on ne veut pas être la seule variable d'ajustement
00:10:17 du changement climatique, parce que si tel est le cas,
00:10:22 on va liquider tout simplement l'agriculture européenne.
00:10:25 Et dans le cas français, j'ajouterais qu'il y a probablement une chose,
00:10:28 je l'évoquais au tout début, quand il y a des révoltes des uns des autres,
00:10:31 il y a toujours une attention médiatique maximale.
00:10:34 "Ah là là, ça se soulève en bon lieu là,
00:10:36 il faut en parler sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt."
00:10:38 La révolte des agriculteurs, c'est toujours...
00:10:40 On présente ça comme la révolte des enfants gâtés,
00:10:44 presque la révolte des bouseux, la révolte des périphériques,
00:10:46 la révolte de la France qui ne devrait pas se révolter.
00:10:48 Donc vous mettez, c'était dans un pays qui par ailleurs
00:10:51 a fait de l'agriculture pendant longtemps un élément central de sa puissance,
00:10:54 et qui voit aujourd'hui l'agriculture représentée comme celle de fardeau
00:10:58 dont on devrait se délester pour passer les normes bruxelloises.
00:11:01 Prenez tout ça, et vous avez les ingrédients de la présente révolte.
00:11:05 - C'est donc vraiment la transition écologique qui pose problème ici, ou pas ?
00:11:09 - Alors, c'est le thème qui... En fait, c'est assez particulier,
00:11:12 parce que tous en arrivent à cette conclusion,
00:11:14 même si ce n'est pas formulé comme tel au point de départ.
00:11:16 C'est ça qui est intéressant. On n'est pas devant des idéologues.
00:11:18 On n'est pas devant des gens qui savent d'avance la réponse,
00:11:21 et qui en arrivent, et qui, évidemment, répondent comme ils le souhaiteraient.
00:11:25 On se retrouve avec des gens qui, globalement,
00:11:27 font une expérience très concrète de la nature véritable
00:11:30 de ce machin qu'est l'Union européenne.
00:11:33 C'est-à-dire un système producteur de normes,
00:11:36 producteur de règles, producteur de règlements,
00:11:40 mais qui tourne comme ça, et qui ne tient jamais,
00:11:43 ou à tout le moins très peu souvent compte,
00:11:45 du contexte de la vie réelle, de la vie concrète des uns et des autres.
00:11:49 Donc, la transition écologique, en tant que telle, on sait, c'est très bien,
00:11:52 qui s'oppose à l'idée d'avoir un système
00:11:55 qui soit plus adapté aux changements climatiques.
00:11:57 Ça, on est tous d'accord.
00:11:59 Mais là, on tombe ici, je pense, sur l'angle mort de tout ce discours en Europe.
00:12:03 C'est qu'on sait très bien, on sait très bien
00:12:06 que ce n'est pas en Europe que se joue cette question, aujourd'hui.
00:12:10 Ce qu'on sait, c'est que ça se joue en Chine,
00:12:12 ça se joue en Inde, ça se joue au Brésil,
00:12:15 ça se joue aux États-Unis, mais ça ne se joue pas en Europe.
00:12:19 Mais puisque l'Europe se veut puissance vertueuse, d'abord et avant tout,
00:12:24 elle impose, en fait, à ses agriculteurs,
00:12:28 une forme de fardeau, comme s'ils devaient eux-mêmes porter le fardeau
00:12:31 ensemble de l'humanité avec ça, avec une idéologie qui est celle,
00:12:34 on dit quelquefois, du "green day", c'est le terme qui est utilisé souvent,
00:12:38 qui est une idéologie de la décroissance imposée aux agriculteurs européens.
00:12:41 Alors là, ça commence à être compliqué.
00:12:43 On leur impose la décroissance, on ne compense pas les coûts de la décroissance,
00:12:47 et on leur dit finalement, « Chers amis, vous êtes appelés, en quelque sorte,
00:12:51 à payer pour les autres. Vous êtes appelés à payer pour les autres. »
00:12:54 Et de ce point de vue, là, on voit la révolte, en guillemets,
00:12:57 contre le modèle européen, ça commence à s'imposer.
00:13:00 Et là, on s'en inquiétude chez les dirigeants, quand on lit les journaux en ce moment,
00:13:04 on dit qu'il ne faudrait pas que cette révolte remette en question
00:13:08 les exigences de Bruxelles, ne remette en question la construction européenne,
00:13:11 ne remette en question le "green day", ne remette en question le pacte européen.
00:13:15 C'est intéressant. Donc la grande, grande inquiétude de nos dirigeants en ce moment,
00:13:20 ce n'est pas le drame des agriculteurs les uns les autres, non,
00:13:24 la grande inquiétude, c'est si cette remise, cette colère,
00:13:27 pourrait avoir des effets sur la construction européenne.
00:13:31 Alors, vous voyez où est le véritable sens des priorités de ces élites,
00:13:36 c'est qu'on ne doit jamais, jamais compromettre l'Europe d'aucune manière que ce soit,
00:13:40 et les agriculteurs, s'ils peuvent avoir une colère plus discrète, ce serait mieux.
00:13:43 Si on peut les faire taire, c'est bien. Alors, on y revient.
00:13:46 S'agit-il d'une forme nouvelle de la révolte des Gilets jaunes ?
00:13:50 C'est présenté un peu comme tel partout en Europe.
00:13:52 On se dit, est-ce que c'est... Donc, les Gilets jaunes, on a essayé une empreinte.
00:13:55 Et est-ce que c'est d'une crise semblable dont nous sommes témoins ?
00:13:59 À tout le moins, c'est une révolte des enracinés.
00:14:01 C'est une révolte des indénogables.
00:14:03 C'est le contraire de la révolte du nomade et du migrant.
00:14:06 C'est la révolte de celui qui ne peut pas être relocalisé.
00:14:09 Vous pouvez tout faire, mais vous ne pouvez pas relocaliser un morceau de terre.
00:14:12 Ça, c'est pas possible. C'est géographiquement et physiquement impossible.
00:14:15 Mais ça va peut-être, au-delà de cela, je vais me permettre de citer un extrait
00:14:18 d'un texte passionnant qui est paru dans le Figaro il y a quelques jours
00:14:21 de Vincent Piednoir et Humbert Rambeau.
00:14:23 Le cri de colère du monde agricole que les élites refusent d'entendre.
00:14:27 C'est le titre. Je vous donne quelques extraits parce que ça nous permet d'aller plus loin.
00:14:31 Nous ne vivons pas aujourd'hui une simple mutation sociologique locale,
00:14:34 comme il y en a eu tant par le passé.
00:14:37 Nous assistons à une métamorphose de l'humain.
00:14:39 Bientôt, nous ne mangerons plus.
00:14:41 Nous nous contenterons d'ingurgiter des nutriments.
00:14:43 Ce que nous mettons dans notre corps redéfinira ce que nous sommes.
00:14:46 Pensons aux aliments carnés, sous couvert de lutte contre les gaz à effet de serre,
00:14:50 mais aussi contre la souffrance animale.
00:14:52 Nous les désincarnons littéralement, d'aucuns se réjouissant de l'émergence
00:14:56 d'une viande dite cellulaire, fabriquée au sein d'un laboratoire,
00:14:59 abstraite de toute origine culturelle, dépourvue de terroir,
00:15:02 déracinée pour le plus grand profit des investisseurs,
00:15:05 qui n'ont cure des conséquences innombrables d'une telle option.
00:15:08 Fin de la citation. C'est assez intéressant.
00:15:10 Autrement dit, on voit qu'on n'est pas simplement sur le mode des agriculteurs,
00:15:13 c'est une technique, c'est un vieux monde qui doit passer.
00:15:16 En fait, c'est un monde qui est victime de politiques insensées
00:15:19 et probablement d'une philosophie qui les condamne à la disparition.
00:15:22 Merci pour votre regard. La réunion se poursuit en ce moment à Matignon.
00:15:27 Si on a des informations, on vous tiendra évidemment au courant.
00:15:30 Mathieu Bocoté, dans un instant, une exclusivité,
00:15:33 puisque vous avez réussi à obtenir des informations sur un rapport
00:15:36 qui a été adopté mercredi dernier par la Commission européenne
00:15:41 intitulé « Conscience historique européenne ».
00:15:44 Alors, on va s'installer dans un instant pour en savoir plus.
00:15:47 Est-ce que notre histoire sera effacée ? Est-ce que notre histoire est en jeu ?
00:15:51 Qui dit histoire, Marc Menand dit présent et futur.
00:15:53 Évidemment, on va s'arrêter sur cette cassure dans un instant.
00:15:56 Dimitri, une affaire de fraude à la retraite dans l'heure.
00:16:00 Une femme de 78 ans qui a été condamnée la semaine dernière
00:16:03 pour avoir indument perçu la pension de retraite de sa mère pendant 21 ans.
00:16:09 Elle a été coupée de 15 mois de prison avec sursis probatoires pendant 3 ans.
00:16:14 Cette affaire, Dimitri, nous rappelle combien notre système social est perméable à la fraude.
00:16:19 Et si vous permettez, on en avait déjà parlé ici.
00:16:22 On nous avait honni, vomi, critiqué, alors qu'on s'était basé sur le rapport
00:16:27 de l'accord des comptes qui, oui, pointait du doigt une certaine interrogation.
00:16:31 Absolument. Et ce rapport...
00:16:32 Et c'est possible, voilà.
00:16:33 Et oui, oui. Et on rappelle que ce rapport d'accord des comptes, c'était mai 2023.
00:16:36 C'était le moment choisi par Gabriel Attal qui a vraiment toujours le sens du timing.
00:16:40 À l'époque, il était au compte public pour dire la fraude sociale, la fraude fiscale,
00:16:44 c'est égal et c'est insupportable aux Français.
00:16:46 On va lancer un grand plan. Et depuis...
00:16:47 Et il y avait même un rapport en 2020 aussi, d'ailleurs.
00:16:49 Vous avez raison. Mais mai 2023, on allait voir ce qu'on allait voir.
00:16:52 Et depuis, il ne s'est pas passé grand-chose, en réalité.
00:16:54 Enfin, si, il y a des annonces qui...
00:16:56 Si, il y a des choses qui se mettent en place.
00:16:57 Je vous en dirai quelques mots.
00:16:59 Mais en toute... Si vous voulez, pour celui qui cotise,
00:17:03 et je ne parle pas de ceux qui payent l'impôt sur le revenu,
00:17:05 parce que là, on parle de cotisation sociale.
00:17:06 Quand vous travaillez et que vous percevez un salaire,
00:17:09 vous payez des cotisations sociales retraite.
00:17:11 Ce n'est pas pour vous que vous les payez,
00:17:12 c'est pour ceux qui sont déjà à la retraite.
00:17:13 Votre employeur paye des cotisations.
00:17:15 Si vous êtes un employeur, vous en payez pour vos salariés.
00:17:18 Donc, tout le monde est concerné.
00:17:19 Et donc, ce genre d'affaires, moi, je trouve ça absolument insupportable.
00:17:22 Et d'ailleurs, on ne sait pas qui il faut en vouloir le plus.
00:17:25 Est-ce que c'est à la fraudeuse, quand même,
00:17:27 ou à nos grands organismes sociaux ?
00:17:29 Et en l'occurrence, dans cette affaire-là,
00:17:31 c'est la Caisse de retraite d'Île-de-France qui se fait croquer pendant 21 ans
00:17:34 et qui ne voit rien pendant 21 ans.
00:17:36 C'est complètement délirant.
00:17:37 Et elle est installée au Maroc.
00:17:38 Alors voilà, en fait, l'histoire...
00:17:40 Racontez-nous.
00:17:41 Ce qui s'est passé, c'est que cette femme perd sa mère en 1998.
00:17:45 Sa maman décède.
00:17:46 Et elle raconte au tribunal qu'à l'époque, elle a pété les plombes.
00:17:49 Alors bon, "péter les plombes", c'est le genre d'expression qu'on emploie aujourd'hui pour tout dire.
00:17:53 Marx en était au fusquet il n'y a pas si longtemps.
00:17:55 Et factuellement, c'est qu'elle n'a pas déclaré le décès de sa mère à l'État civil français.
00:18:01 Et donc la Caisse de retraite n'a jamais eu l'information.
00:18:05 Alors, quand vous décédez en France, si c'est à l'hôpital, si c'est en clinique,
00:18:09 c'est l'établissement qui signale à l'État civil.
00:18:11 Si jamais vous perdez votre papa ou votre maman et que ça se passe chez vous, c'est à vous de le faire.
00:18:16 Enfin, généralement, l'État civil est quand même mis au courant d'une manière ou de l'autre.
00:18:19 Donc probablement que la maman, elle est décédée à l'étranger.
00:18:23 Et notamment, probablement que c'était au Maroc.
00:18:25 Et donc, la Caisse de retraite a continué chaque mois de verser la pension de la maman
00:18:29 sur le compte commun qu'elle avait avec sa fille.
00:18:31 Donc c'était 840 euros par mois.
00:18:33 Donc au bout de 21 ans, je vous épeine le calcul, mais ça fait quand même quelque chose comme 200 000 euros.
00:18:37 Et entretemps, la fille, elle part vivre, passer sa retraite à Marrakech
00:18:41 parce que c'est une femme, vous l'avez dit, qui a aujourd'hui 78 ans.
00:18:44 Et elle se fait attraper en 2019 à l'occasion de ce qu'on appelle un contrôle d'existence.
00:18:49 C'est-à-dire que pour les pensionnés d'un âge avancé,
00:18:52 des gens qui touchent la retraite depuis 20, 25, 30 ans, 40 ans,
00:18:55 ont fait des carrières de retraités plus longues que des carrières professionnelles.
00:18:59 Et donc, pour l'administration française, la maman avait alors 105 ans.
00:19:04 Et donc lors du contrôle, elle constatait qu'en réalité, elle était décédée.
00:19:08 C'est fou !
00:19:09 Et alors, la fille au tribunal a plaidé, j'ai trouvé ça extraordinaire,
00:19:12 la phobie administrative pour expliquer...
00:19:15 Non mais ça devient un argument, vous voyez ?
00:19:17 Combattez-vous !
00:19:18 Oui, exactement.
00:19:19 Pour expliquer n'avoir jamais régularisé sa situation, la situation.
00:19:23 Et donc, elle est censée rembourser cette somme, les 200 000 euros.
00:19:26 Le problème, c'est qu'elle touche elle-même, la fille,
00:19:29 10 000 euros seulement de pension de retraite par an.
00:19:32 Donc, je ne sais pas si elle a des héritiers,
00:19:34 mais enfin, ce sera sûrement pour eux, à eux, de rembourser ces fameux 200 000 euros.
00:19:38 Et elle s'en sort très bien, parce qu'en première instance,
00:19:40 au mois de juin l'année dernière, elle avait pris 8 ans ferme.
00:19:43 Là, elle s'en sort, vous l'avez dit, avec 15 mois, avec sursis probatoire de 3 ans.
00:19:47 C'est-à-dire que si elle ne fait rien pendant 3 ans,
00:19:49 elle n'ira jamais en prison, cette femme.
00:19:51 Alors, Dimitri, cette fraude aux défunts non déclarés,
00:19:54 qu'on a vu qu'il y a assez facile, finalement, à réaliser,
00:19:57 qu'est-ce que ça représente pour les finances publiques ?
00:20:01 Alors là, permettez-moi de vous citer Marguerite Thatcher,
00:20:03 parce qu'il faut toujours rappeler qui est volé.
00:20:05 L'argent public n'existe pas. C'est l'argent des contribuables.
00:20:08 C'est l'argent public, celui qui appartiendrait à tout le monde ? Non.
00:20:11 Non, non, c'est l'argent qui vient des impôts, qui vient des cotisations.
00:20:14 Et là, c'est le vrai pactole français.
00:20:17 C'est 600 milliards par an, nos cotisations retraite, maladie, chômage, etc.
00:20:22 Alors, combien ça coûte ? C'est quoi cette fraude ?
00:20:27 Alors là, vous savez, c'est l'éternel débat.
00:20:29 Il se trouve que depuis 3 ans, on a la MICAF.
00:20:32 C'est une mission interministérielle de coordination antifraude,
00:20:37 qui scanne un petit peu, si vous voulez, les différents ministères,
00:20:41 et qui vient de publier, justement, c'est très intéressant,
00:20:43 il y a quelques semaines, le bilan 2022 de la lutte contre la fraude aux finances publiques.
00:20:49 Donc, ce rapport sur 2022, on n'a pas encore rapport pour l'année dernière,
00:20:53 nous dit la fraude fiscale et la fraude sociale détectées, 7 milliards 50 millions d'euros.
00:21:00 Alors, c'est pas mal d'avoir ce chiffre, parce qu'il se trouve que la Cour des comptes,
00:21:03 en juin l'année dernière, nous avait dit que c'était entre 6 milliards 4 et 8 milliards.
00:21:07 Donc, finalement, on était sur à peu près le même volume.
00:21:14 Et alors là, évidemment, il y a des masochistes de la cotisation sociale qui vont vous dire
00:21:18 "mais c'est rien, c'est 2,5% des cotisations sociales versées".
00:21:23 Mais enfin bon, 7 milliards d'euros, moi j'ai pas ça sur mon compte en banque,
00:21:26 personnellement, ça me choque. Il y a des gens que ça choque pas en France.
00:21:29 Et donc, sur ces 7 milliards, vous avez 738 millions d'euros sur les prestations sociales.
00:21:35 Vous voyez, on va descendre un peu dans le grain, si vous voulez.
00:21:38 Et pour un peu moins de 49 000 sanctions administratives.
00:21:41 C'est-à-dire que vous avez 59 000 personnes qui se sont fait attraper pour fraude sociale.
00:21:46 C'est-à-dire, fraude à une prestation sociale.
00:21:48 Et sur le poste retraite, donc là j'en viens à ma petite dame de Marrakech,
00:21:52 alors c'est tout petit en réalité, c'est 17,5 millions d'euros de fraude détectée,
00:21:58 de fraude détecnée, à quoi s'ajoute 10 millions, nous dit la MICAF, pour la faute.
00:22:02 Alors la faute, la fraude, c'est quoi la différence ?
00:22:04 Alors la faute, c'est soi-disant que vous n'auriez pas eu l'intention de frauder.
00:22:07 Mais disons qu'en fait, c'est plus vous avez de ressources.
00:22:10 Et si vous êtes fraudé, enfin si vous fraudez et que vous avez beaucoup de ressources,
00:22:14 là généralement on vous tombe dessus.
00:22:16 Mais je ne suis pas sûr que ce soit très robuste juridiquement, cette nuance, faute, fraude.
00:22:21 Mais alors, l'iceberg total de la faute-fraude, c'est quoi ?
00:22:26 Parce que là, vous avez vu, je vous ai dit en gros, de l'ordre de 27 millions d'euros détectés.
00:22:31 Eh bien alors, très intéressant, là c'est la Cour des comptes, dans son rapport dont je vous parlais, de mai 2023,
00:22:36 livrée une estimation, alors assez imprécise, mais quand même choquante.
00:22:39 Fraude détectée, je vous ai dit, donc 738 millions pour les prestations sociales.
00:22:45 Eh bien en fait, on estime qu'au total, ce serait entre 3 milliards et demi et 5 milliards d'euros de fraude sociale totale.
00:22:52 Et les retraites, ce ne serait pas 17,5 millions, comme je vous ai dit, mais plutôt entre 100 et 400 millions d'euros.
00:22:58 Donc vous voyez, pour 1 euro détecté, il y en a entre 5 et 20 qui se baladent dans la nature, on ne sait pas trop où ils sont passés.
00:23:04 Je rappelle le chiffre de Godin de Charles Pratt aussi, lui dit 50 milliards pour la fraude sociale.
00:23:09 Mais vous voyez, c'est...
00:23:11 Et ça passe crème.
00:23:12 Ben ça passe crème.
00:23:13 Non, mais moi ce que je trouve frappant, c'est qu'on n'arrive pas à avoir des chiffres fiables.
00:23:17 L'autre exemple qui marche toujours, c'est celui, c'est les cartes vitales surnuméraires.
00:23:22 Celles qui sont éditées et qui ne sont attribuées à des gens qui sont soit morts, soit qui n'existent pas.
00:23:27 Alors les chiffres, alors là c'est n'importe quoi.
00:23:29 En 2013, l'inspection générale des finances nous dit qu'il y aurait 7,7 millions de cartes vitales surnuméraires qui ne correspondent à personne et qui sont actives pourtant.
00:23:39 Bon, 7,7 millions.
00:23:41 Février 2020, la directrice de la sécurité sociale nous dit "non en fait c'est moins, c'est 2,6 millions".
00:23:46 Tout de même.
00:23:47 Bon, 6 mois plus tard, la même sécurité sociale nous dit "non en fait c'est 537 000".
00:23:52 Et à la fin de l'année 2020, on n'est plus qu'à 41 000.
00:23:55 Et finalement, à court des comptes, l'année dernière nous dit "non c'est 3 millions".
00:23:58 Bon alors moi je ne sais plus.
00:23:59 On est entre 41 000 et 7,7 millions.
00:24:02 Dites-vous ça.
00:24:03 Bon, pour revenir à notre petite dame de Marrakech, peut-être qu'on fait une petite pause.
00:24:07 En histoire que vous vous intéressez.
00:24:09 Non mais je suis tellement, je suis tellement, ce que vous dites, j'ai complètement oublié la pause.
00:24:13 Mais c'est vrai qu'on a envie de comprendre pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à traquer les fraudeurs.
00:24:16 Et puis pourquoi tout ce méli-mélo de chiffres, certains donnent un chiffre, d'autres un autre chiffre.
00:24:22 Pour noyer le poisson.
00:24:24 Et pourquoi personne ne s'attaque vraiment à la fraude sociale.
00:24:26 On ne comprend pas.
00:24:27 On va se poser la question.
00:24:28 Et puis dans un instant, l'exclusivité avec vous.
00:24:29 A tout de suite.
00:24:30 Dans un instant, Mathieu Bocoté, vous allez nous parler de cette inconscience historique européenne.
00:24:39 Est-ce que notre histoire va disparaître ?
00:24:41 Qu'est-ce qui s'est passé à la Commission européenne ?
00:24:43 On en parle dans un instant.
00:24:44 Sylvain Tesson, réhabilité ou pas ?
00:24:47 Quelle polémique ? De quoi cette polémique est-elle le nom ?
00:24:49 On en parle avec vous, Marc Stanislas.
00:24:52 Encore la polémique aussi.
00:24:54 Ce que nous vivons n'est pas ce que nous lisons.
00:24:56 On pourrait prendre ce slogan du directeur de l'école privée Stanislas et le répéter en boucle.
00:25:01 Et avant de revenir avec vous, Dimitri Pavlenko, je voulais dédier un petit prix que j'ai reçu aujourd'hui,
00:25:07 qui me sera remis en mars, sur le prix Richelieu pour la défense de la langue française.
00:25:12 Oui !
00:25:13 Je veux vraiment le dédier aux téléspectateurs de CNews, nos fidèles, fidèles depuis le 14 octobre 2019.
00:25:19 C'est vrai, je suis très touchée parce que depuis le 14 octobre, vous nous avez suivis par monts et par vents,
00:25:26 par vents et par... Bon, ok.
00:25:28 Par monts et par vents.
00:25:29 Sous la pluie, dans la tempête, dans la neige, dans le verglas, vous nous avez toujours suivis,
00:25:37 vous nous avez toujours soutenus.
00:25:39 Donc je tiens à vous dédier en tout cas ce prix, et merci à l'Association de la défense de la langue française pour ce prix Richelieu.
00:25:45 Bravo, bravo.
00:25:46 Que je partage avec vous.
00:25:47 Richelieu, le créateur de l'académie.
00:25:50 Eh oui, eh oui. Merci mon cher Marc.
00:25:53 Dimitri, j'ai failli oublier la pub parce que j'étais scotché par vos explications.
00:25:58 Pourquoi n'est-on pas plus efficaces à traquer ces fraudeurs, ces fraudeurs en matière des prestations sociales ?
00:26:06 Vous avez 8 heures là devant vous, là, pour...
00:26:08 On s'installe.
00:26:09 Non mais pour reprendre le cas de notre petite dame de Marrakech qui pendant 21 ans perçoit...
00:26:14 Mais si vous voulez, cette histoire est...
00:26:16 Ça ferait une chanson, la dame de Marrakech.
00:26:19 Il y a quelque chose de minable dans cette histoire-là, de pitoyable, je trouve, et de totalement scandaleux.
00:26:24 Comment ça peut passer pendant 21 ans ?
00:26:26 C'est ça.
00:26:27 Alors là, dans son cas particulier, en fait, c'est très emblématique de ce qui est un angle mort de notre politique de contrôle des retraites,
00:26:37 des perceptions des retraites, c'est tous ces gens qui perçoivent des retraites en habitant à l'étranger.
00:26:42 Voilà. Et donc, on le sait, c'est connu, vous avez 1 200 000 pensionnés qui vivent à l'étranger.
00:26:48 Sur ce 1 000 000, sur ce 1 000 000 2, vous avez à peu près la moitié qui vit en Europe.
00:26:53 En Europe, c'est très simple.
00:26:54 Vous avez des échanges automatiques d'informations.
00:26:56 Vous êtes au Portugal, vous décédez, l'administration portugaise le signale à l'État civil français et le versement est automatiquement interrompu.
00:27:04 En revanche, pour certains pays, et notamment Afrique, Afrique du Nord, on sait que c'est beaucoup plus compliqué.
00:27:10 C'est-à-dire que vous êtes pensionné en Algérie, vous décédez, votre famille doit elle-même aller le signaler aux consulats de France.
00:27:18 Donc, vous voyez que c'est quand même beaucoup plus facile de cacher ses morts.
00:27:22 On peut envoyer un tonton à votre place, signer les documents.
00:27:25 Vous voyez, donc, ça se passe...
00:27:27 Mais c'est là où on devrait être plus strict, justement.
00:27:29 Alors, oui, mais le problème, c'est qu'il faut des états coopératifs avec vous pour de l'échange d'informations.
00:27:35 Et je ne vais pas vous faire un cours d'histoire sur les relations franco-algériennes, mais enfin, ça se passe de commentaires.
00:27:40 On en a parlé ici, on en a parlé mille fois.
00:27:43 Et donc, par exemple, pour les contrôles d'existence dont je vous ai parlé, quand vous êtes en Algérie, vous recevez un formulaire qu'il suffit d'aller faire tamponner à l'administration locale.
00:27:52 Vous voyez, donc, c'est aussi facile de frauder.
00:27:55 Alors, en septembre 2022, l'administration française a dit juste pour voir, on va envoyer des contrôleurs en chair et en os, contrôler nos pensionnés d'un certain âge en Algérie.
00:28:07 Ah ben là, ils n'ont pas été déçus du voyage, parce que sur mille, sur mille contrôles, il y avait 300 dossiers dits non conformes.
00:28:15 C'est-à-dire des dossiers de fraude, clairement, avec des gens qui percevaient l'argent à la place du tonton qui était décédé, etc.
00:28:21 Et alors, encore mieux, je vous avais déjà donné ce chiffre, il est dans le rapport Edsall, pour ceux qui le cherchent, rapport d'un parlementaire paru en 2020.
00:28:28 C'est dans ce même rapport où l'on lisait qu'il y avait 1 800 000 cartes vitales surnuméraires.
00:28:33 L'un de ces nombreux chiffres qui circulent, mais quand même assez costauds.
00:28:37 Alors, lui, il donne le chiffre d'une enquête Agir Carco. Vous voyez, c'est les complémentaires retraites.
00:28:41 Et alors là, sur les 1 000 allocataires de l'échantillon algérien, lors de ce contrôle de 2020, vous avez 179 allocataires qu'on dit fiabilisés, c'est-à-dire qui méritent de percevoir leur pension.
00:28:53 Vous en avez 691 qui n'ont pas été retrouvés. Voilà. Donc, 7 sur 10.
00:28:58 Sur mille, hein.
00:28:59 Sur mille, hein. Et vous en avez 130 qui étaient décédés.
00:29:01 C'est-à-dire un taux potentiel de fraude de 82 % sur cet échantillon-là.
00:29:07 Donc, qui n'est pas forcément emblématique des 350 000 pensionnés du système d'entraide français qui vivent en Algérie.
00:29:13 Enfin, quand même, voilà, ça vous donne une idée quand même de ce fameux iceberg de la fraude dont on aperçoit évidemment que la surface, c'est-à-dire la fraude détectée, qui est extrêmement parcellaire de la totalité de la fraude.
00:29:25 Mais si, enculé, il n'y a rien à voir. En général, personne ne veut qu'on en parle.
00:29:28 Ah bah écoutez, moi je crois que c'est insupportable aux Français. Et en ces temps où l'argent public se fait rare, vous voyez, on prend 10 % sur l'électricité, on sait où aller le chercher l'argent, hein. Dans les poches des Français.
00:29:36 Donc, vous voyez, là, il y a un vrai sujet. Et moi, je rappellerais à Gabriel Attal ses engagements de ministre des Comptes publics. Ce serait bien qu'il s'en souvienne maintenant qu'il est Premier ministre.
00:29:45 Allô, Gabriel Attal ? C'est vrai, il avait... On attend la suite.
00:29:51 Marc Menand, on a beaucoup de sujets ce soir, mais on va s'arrêter, parce que je vais au moins vous faire réagir sur plusieurs sujets.
00:29:57 Mais tout de suite, Sylvain Tesson. De quoi cette polémique est-elle le nom ?
00:30:02 Sylvain Tesson, dont je le disais en titre, et qui est parrain du printemps des Poètes à Montpellier...
00:30:09 - 25e édition. - 25e édition.
00:30:11 Ce choix déclenche une polémique. Signature dans Libération de les co-signataires, 1 200 co-signataires, artistes, poètes, inconnus.
00:30:22 Et aujourd'hui, une contre-tribune dans Le Point avec 30 écrivains qui soutiennent Sylvain Tesson. Rachida Dati soutient à Sylvain Tesson. Le bruniste Bruno Le Maire.
00:30:33 - De quoi cette polémique est-elle le nom ? - Jacques Lang, le créateur.
00:30:35 - Oui, Jacques Lang. N'oublions pas. - Ben oui, c'est quand même important, parce que c'est lui au départ qui a la philosophie en application avec ce printemps.
00:30:45 Alors, les pétitionnaires, je dirais, tels les chenilles processionnaires. Vous savez, les chenilles processionnaires, elles sont là dans le regroupement toxique-urticant.
00:30:57 Ben oui, ça pique, ça pique, ça vous met des boutons partout. Et c'est l'instinct grégaire qui les fait se retrouver. 1 200 contre un seul homme.
00:31:10 Alors, on cherche et puis on regarde les signataires. Mais je vais aussi vous lire quand même la prose qui est là-heure.
00:31:17 Mais parmi ces personnages, l'un des plus connus, si ce n'est le plus connu, c'est un spécialiste des mots, un expert. Les mots, il s'en occupe au quotidien.
00:31:29 C'est sa tâche, puisqu'il est médecin. Donc, les mots, il les ignore pas. Et il a écrit un ouvrage, entre autres, qui a été, paraît-il, un véritable succès.
00:31:40 C'était "Bref de comptoir au service d'urgence". Et ce monsieur s'appelle Baptiste Beaulieu et il sévit une fois par semaine sur France Inter, forcément.
00:31:53 C'est-à-dire, c'est la milice, la milice de la bien-pensance. C'est extraordinaire. Ces gens-là ne veulent plus qu'il y ait véritablement, dans ce pays,
00:32:05 la possibilité de se laisser aller à toutes les extravagances, à toute l'incandescence des pensées. Non, non, non, non, non, non.
00:32:15 Il y a une pensée. Elle est remarquée. Et nous devons nous y tenir. Et si on l'applique à leur prose, il est vrai qu'il est dommage de sortir de cette capacité.
00:32:29 Je vais lire. "Nous refusons" – c'est extraordinaire, ces gens, j'ai dit, le plus connu, j'ai donné son nom – "mais eux, nous refusons qu'un événement culturel
00:32:40 auquel nous sommes de fait inextricablement liés" – ah ben oui, l'écriture inclusive, forcément. Parce que quand vous êtes poète, poète, c'est poétesse, écrivain, écrivaine, etc., etc.,
00:32:56 il n'est pas question d'avoir simplement la recherche de cette image extraordinaire se fondre derrière l'emblème poète.
00:33:08 C'est vrai. Non, non, non. Il faut aller chercher un genre. Alors je reviens. Donc "nous refusons qu'un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement liés
00:33:19 de façon symbolique soit consigné par une figure de proue de l'extrême droite littéraire aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix".
00:33:34 C'est-à-dire qu'eux, ils ne vivent qu'en groupe. Ils ne peuvent pas comprendre qu'un poète, un écrivain, c'est solitaire. Non, non.
00:33:39 Ils ne peuvent pas garder uniquement Tessot. On va coller Tessot à côté de Houellebecq et de Yann Moix.
00:33:45 Et l'étiquette "extrême droite". Ah ben oui, "extrême droite", forcément, puisque vous ne pensez pas comme les autres.
00:33:50 Alors, continuons. "Un triste panel d'écrivains", bah oui, affligeant même, "en vogue, dont les..."
00:33:59 Alors essayez de comprendre. "Dont les prétendus accidents de parcours se révèlent en réalité les arcanes d'un projet d'une sinistre cohérence que nous refusons et condamnons."
00:34:11 Vous avez trois heures. - Traduction. - Non, c'est le diéroglyphe, c'est extraordinaire.
00:34:18 "Et nous demandons..." Alors là, c'est extraordinaire. "Nous demandons au printemps des poètes d'ironercer..."
00:34:25 Et là, ça se termine par "ciel". "Ciel", c'est pas le ciel, non, c'est ciel. "S'", I-E-L-S.
00:34:35 "Nous prennent la grâce, nous garderons la dignité." Vous avez tout compris ? - Pas du tout.
00:34:43 - Voilà où nous en sommes. Et ce sont ces gens qui interpellent Sophie Nolot, qui est la présidente, enfin, qui est celle qui orchestre depuis des années maintenant ce festival des mots.
00:34:58 Là où les poètes, et elle écrit merveilleusement bien, d'ailleurs, il y a un livre qui sort aujourd'hui, mais de grâce écoutée de Sophie Nolot.
00:35:08 Et ils attaquent qui ? L'écrivain voyageur, l'homme des mots, le parangon de la pensée dans toute sa formidable ivresse.
00:35:22 J'utilise le mot à dessein, car le seul reproche que je ferais à mon camarade Sylvain Tesson, c'est de nicher ici et là dans ses pages souvent l'apologie de la dame Bouteille.
00:35:35 C'est sa seule mauvaise fréquentation, mais ça réjouit forcément notre ami Mathieu Boccotte.
00:35:43 Et si on appliquait la logique à tous ceux qui sont le gratin, je dirais le panthéon des écrivains français.
00:35:53 Hugo, Hugo qui était invité par Charles X lors de son sacre.
00:35:59 Hugo qui était devenu l'intime de Louis-Philippe.
00:36:03 Fini Hugo, la tornade. Hugo, l'homme de toute la tourmente.
00:36:09 Hugo, celui qui emporte et nous emporte avec simplement cette force du verbe.
00:36:16 Que deviendrait Céline ? Oh, l'exécrable Céline.
00:36:21 Mais qui a permis à la littérature de se revisiter, de trouver, je dirais, un ton nouveau, une musicalité invraisemblable.
00:36:30 Et puis il y a les Hussards, les Hussards, ces mimiers, ces blondins, ces Michel Déon,
00:36:38 ces gens qui ont donné une tonalité, là encore, assez invraisemblable dans les années 50-60.
00:36:46 Et ces gens-là, ils étaient déjà d'extrême droite.
00:36:50 Ah bah oui, on sait pas pourquoi, mais ils étaient d'extrême droite.
00:36:54 Alors Sylvain Tesson, réactionnaire, c'est amusant parce que là il est parti, son dernier livre, c'est avec les fées.
00:37:01 C'est formidable parce que c'est comment il entre en quête du merveilleux.
00:37:06 Comment il essaie de butiner ici et là, trouver le souffle et la verve,
00:37:12 en s'ouvrant au vent, d'abord sur un bateau, et il parle des Schettland, il fait toute la Celtique, si je puis dire.
00:37:19 Et cet homme-là dit le catholicisme, parce que là il est avec les druides, il cherche les petites fées,
00:37:25 mais c'est la métaphore des petites fées.
00:37:27 Merci, on a compris. Dernier mot.
00:37:30 Dernier mot, si ces gens-là ne sont pas capables d'apprécier ces envolés,
00:37:37 qu'ils restent dans leur petite bulle de médiocrité,
00:37:42 et puis tels les hamsters, ils agiteront leurs trois mots de vocabulaire.
00:37:47 Excellent, Marc Benon.
00:37:49 Et d'ailleurs, les pétitionnaires savent-ils que Baudelaire était plus réactionnaire que Tesson,
00:37:53 dit l'écrivain Patrice Jean dans Le Figaro, pour rejoindre votre chronique.
00:37:57 Vous disiez le parangon des mots ?
00:37:59 Victor Hugo était très conservateur aussi.
00:38:01 Oui, c'est ce qu'il disait.
00:38:03 Charles X, il était invité au sacre de Charles X, après l'intime de Louis Philippe.
00:38:08 Ce ne sont pas seulement de médiocres poètes, mais de médiocres commissaires politiques.
00:38:13 Je m'explique. Moi ça m'a rendu fou quand j'ai vu ça.
00:38:15 Qu'est-ce qui se passe, nous dit Sylvain Tesson ?
00:38:18 Sylvain Tesson a préfacé Le camp des Saints de Jean Raspail.
00:38:21 C'est scandaleux. Sauf que c'est faux.
00:38:24 Sylvain Tesson a préfacé, en effet, une série d'ouvrages de Jean Raspail
00:38:28 consacrées au voyage, dans la collection bouquins.
00:38:31 C'est une préface, mais qui n'était pas une préface au camp des Saints.
00:38:34 Ce que Jean comprend de la collection des 600 personnages...
00:38:37 1200.
00:38:39 1200, les pétitionnaires aveugles, ils dénoncent un auteur en fonction d'une préface
00:38:45 qui n'est pas liée à un ouvrage, donc ils n'ont lu ni la préface,
00:38:48 je devine qu'ils n'ont pas lu Le camp des Saints non plus,
00:38:50 ils n'ont pas lu les ouvrages préfacés par Tesson, et au final, ils le condamnent néanmoins.
00:38:53 À partir de quoi ? À partir d'un ouvrage de François Krug,
00:38:56 Fractures françaises, Réactions françaises,
00:38:59 ou quelle était la méthode utilisée pour savoir si Tesson était un méchant ?
00:39:03 On a pris une photo de sa bibliothèque, on a fait un zoom sur la photo,
00:39:06 on a regardé les ouvrages qu'il y avait dans la bibliothèque,
00:39:09 on a dit que c'était des ouvrages coupables,
00:39:11 s'il a ces ouvrages dans sa bibliothèque, c'est donc qu'il est d'accord avec chacun de ses ouvrages,
00:39:14 cet homme est impréquentable. Mais qu'elle bande de pieds nickelés !
00:39:18 Surtout que c'est l'incarnation de la liberté, Tesson.
00:39:20 Vous êtes excité, on a beaucoup de...
00:39:22 Tesson, il a refusé tous les carcans !
00:39:24 Tesson, il est contre toutes les contraintes !
00:39:27 C'est l'homme qui est dans le souffle, qui toute sa vie a été en rupture.
00:39:31 Il est extraordinaire, Tesson ! Et puis il faut prendre sa plume, quoi.
00:39:34 Il faut être là, la humer !
00:39:36 Dimitri veut réagir aussi.
00:39:38 La question c'est, est-ce que la littérature est politique ?
00:39:40 Il y a encore de la littérature engagée, apparemment, oui.
00:39:43 Mais là, en fait, c'est la question, est-ce que la littérature est encartée ?
00:39:46 Est-ce que Tesson a la bonne carte ?
00:39:49 Et ces gens-là font des listes de mauvais Français.
00:39:51 Et ils mettent Sylvain Tesson en tête.
00:39:54 Moi, ce que j'ai trouvé très élégant, c'est sa réaction.
00:39:56 Dans le journal du dimanche, hier, il parle de poésie.
00:39:59 La polémique est déjà lancée, il répond pas.
00:40:01 Il veut pas répondre à ça. Il s'abaisse pas, si vous voulez, à répondre à ses accusateurs.
00:40:06 Et je trouve, finalement, on parle pour lui, à sa place, ce soir.
00:40:10 Mais je trouve que son silence, finalement, est la plus belle des réponses qu'il pourrait faire.
00:40:14 Non, mais simplement, je rejoins absolument Mathieu.
00:40:16 Quand j'ai lu le truc, je me suis dit, sur 1 200 gugusses,
00:40:19 y en a pas un pour dire, excusez-nous, c'est pas le bon livre, la préface, on parle pas du bon livre.
00:40:23 Mais évidemment, ils ont rien lu de tout ça, en fait.
00:40:25 C'est comme d'habitude.
00:40:26 Ils n'ont même jamais lu ce qu'ils ont lu.
00:40:28 La désinformation vient souvent du même camp.
00:40:31 Non, mais oui, puis ça suffit à réduire un peu au ridicule.
00:40:35 Puis ça veut dire quoi ? Moi, je pense que, si ma question est un écrivain conservateur,
00:40:38 mais d'extrême droite, c'est quoi cet étiquette d'extrême droite ?
00:40:41 Regardez, là, sur les agriculteurs, vous lisez la presse de gauche,
00:40:45 regardez, l'extrême droite cherche à capter le mouvement,
00:40:47 mais c'est une obsession sur tous les sujets.
00:40:49 De toute façon, depuis que Fabien Roussel l'est,
00:40:52 par rencontre des mots, je vois que vous êtes beaucoup, très énervés sur le sujet, j'aime bien,
00:40:57 mais on continue parce que vous disiez qu'il était le parangon des mots,
00:41:00 Sylvain Tesson, et on va parler du directeur de Stanislas,
00:41:05 qui a pris la parole ce week-end pour répondre aux attaques dont son établissement est la cible depuis quelques jours.
00:41:10 Écoutez, j'aime bien écouter le directeur de l'école Stanislas,
00:41:14 Charlotte Donnella, on l'écoute, ensuite on en parle.
00:41:16 En étant dans les couloirs de l'établissement, je suis tombé sur un tableau noir,
00:41:22 qui est un tableau qui est pas loin des classes des élèves préparatoires,
00:41:26 et sur ce tableau, il était marqué "Vive Stan, vive la République, vive la France".
00:41:34 Quand les élèves disent "Vive Stan", que célèbre-t-il ?
00:41:38 Une école dont on sait aujourd'hui, ça a été redit à l'envie, qu'elle est catholique.
00:41:43 Et je pense qu'ils disent "Voilà, nous sommes dans une école catholique",
00:41:46 et ils indiquent donc l'institution de référence qui est la nôtre, c'est-à-dire l'Église catholique.
00:41:54 Nous sommes une école catholique.
00:41:56 Ils rajoutent "Vive la République", et donc ils disent "Nous avons une autre institution de référence,
00:42:03 qui est la République", et ils disent "Vive la France".
00:42:07 Et je pense que la réponse est là, peut-être, à la question que vous posez.
00:42:11 On parlait tout à l'heure de Sylvain Tesson, on a l'impression que c'est l'excellence qui est visée,
00:42:17 on a l'impression qu'on a peur de l'excellence.
00:42:19 Charlotte Donnella, le directeur de Stanislas, a notamment eu cette phrase
00:42:22 "Ce que nous lisons n'est pas ce que nous vivons".
00:42:25 Faut-il prendre ce décalage au sérieux ?
00:42:28 C'est vrai qu'il est intéressant, on avait parlé du fond du rapport l'autre jour,
00:42:32 dans cette émission-là, pour essayer de savoir un peu ce qui était reproché,
00:42:35 et quels étaient les points de recommandation de ce rapport.
00:42:38 Là, ce qui nous intéresse, c'est en effet le décalage entre le fond du rapport,
00:42:42 la manière dont ce rapport est présenté, et la manière également dont les acteurs de Stanislas,
00:42:48 que ce soit le directeur, les cadres éducatifs, ou même les élèves,
00:42:51 sont relativement invisibles dans le récit qui est fait, notamment médiatiquement.
00:42:56 Évidemment, on ne va pas s'attarder sur les seuls propos du directeur,
00:42:59 qui défend très naturellement son établissement,
00:43:02 et qui pourrait donc, non pas se tromper, mais le défendre contre une autre réalité ici et là.
00:43:08 Alors, un, dans le récit médiatique, de manière générale,
00:43:11 on a beaucoup travaillé le sujet à plusieurs aux JDD la semaine dernière,
00:43:15 en fin de semaine dernière, notamment sur ce décalage-là précisément.
00:43:19 Un, le rapport, vous savez, qui avait été déclenché par Papendia
00:43:23 à la suite d'articles de presse qui étaient accusatoires.
00:43:26 Donc, on l'avait dit, il y a quatre enquêteurs, deux mois sur place dans l'établissement,
00:43:31 106 auditions de tous les gens qui sont dans cette école, tirées au hasard.
00:43:36 Ce n'est pas le directeur qui a choisi qui allait parler à ces personnes,
00:43:39 ils ont été tirés au hasard.
00:43:41 Un, on nous explique, surtout Mediapart, mais c'est repris par d'autres,
00:43:44 le rapport aurait été caché.
00:43:46 Donc, ça, c'est la petite ritournelle, évidemment,
00:43:48 puisque le rapport avait été remis en juin à l'Education nationale,
00:43:52 à la direction de l'établissement et au rectorat,
00:43:54 ou au supérieur, on va dire, de cet établissement,
00:43:58 et personne ne l'a sorti.
00:44:00 Alors là, il suffit de poser la question à la chef de l'inspection générale,
00:44:03 en l'occurrence, qui décide de ce rapport.
00:44:05 Elle s'appelle Caroline Pascal, elle répond au téléphone, figurez-vous,
00:44:08 et que dit-elle ?
00:44:09 Qu'il ne soit pas rendu public est la règle pour toute enquête administrative
00:44:13 protégée par le Code des relations entre le public et l'administration,
00:44:16 et elle précise, celui qui l'a fait sortir a commis une faute déontologique.
00:44:21 Donc voilà, en l'occurrence, le fait que ce rapport ne soit pas rendu public
00:44:25 n'est pas un grand complot fomenté par tout le monde,
00:44:28 c'est simplement la règle.
00:44:29 Alors, on peut vouloir changer la règle,
00:44:31 on peut faire une campagne pour changer la règle,
00:44:33 mais en l'occurrence, personne n'a cherché à le cacher,
00:44:35 ils le sont systématiquement, contrairement à d'autres rapports,
00:44:38 qui, eux, ont été décalés, ou eux, ont été volontairement cachés ces dernières semaines.
00:44:42 On aimerait bien les connaître.
00:44:43 Ce qui n'a pas fait hurler les mêmes journalistes, je pense évidemment,
00:44:46 à nos amis de la Cour des comptes, enfin, à notre amie Moscovici,
00:44:48 et là, il n'y avait pas de drame, pour le coup.
00:44:50 Pourtant, la règle était de le publier.
00:44:52 Bon. Le rapport serait tellement accablant, nous explique notamment Mediapart,
00:44:57 que ça aurait même gêné, alors là, c'est le petit passage complot dans le complot,
00:45:00 ça aurait même gêné l'Elysée,
00:45:02 qui aurait empêché les journalistes de Mediapart de poser la question,
00:45:05 puisque c'est Edwi Plenel qui a posté la liste des questions
00:45:08 qu'ils auraient aimé poser au président de la République,
00:45:10 parce que là, aucun problème.
00:45:12 Et un autre journaliste de Arrêt sur image nous explique
00:45:14 qu'en fait, il y avait des questions qui étaient gênantes
00:45:16 et qui ont donc été censurées par l'Elysée,
00:45:18 notamment une question sur Stanislas.
00:45:20 Alors bon, là, c'est plusieurs journalistes présents
00:45:22 à la conférence de presse du président de la République,
00:45:24 parce que je n'étais pas présente,
00:45:26 qui ont dit que ça n'était absolument pas le cas.
00:45:28 Par ailleurs, j'ai une question qui découle.
00:45:30 Si jamais tout était préparé à l'avance
00:45:32 et que certaines questions n'ont pas été posées,
00:45:35 ça veut donc dire que Mediapart a envoyé ces questions à l'avance
00:45:39 et qu'elles ont été censurées parce qu'ils les connaissaient.
00:45:41 Donc ils ont la preuve qu'ils ont envoyé leurs questions à l'avance.
00:45:44 Ils n'ont qu'à la donner, comme ça le débat sera clos.
00:45:46 Ensuite, Mediapart nous explique que le rapport est accablant.
00:45:49 Là, on en avait parlé tout à l'heure, c'est objectivement faux.
00:45:52 C'est objectivement faux, ce rapport n'est pas précisément accablant.
00:45:56 D'abord, un, il ne relève aucun fait susceptible de poursuites disciplinaires.
00:46:00 C'est noté dans ce rapport-là et il ne confirme pas les accusations
00:46:04 dans les articles qui avaient précédé justement
00:46:07 la mise en place de cette enquête.
00:46:09 Donc il n'y a pas de poursuites disciplinaires demandées
00:46:11 et par ailleurs, un appel à témoignage a été lancé
00:46:15 par l'inspection générale à la suite de ces articles.
00:46:20 Il y a 17 élèves et anciens élèves qui se sont manifestés
00:46:23 auprès de cette enquête, 4 qui ont écrit aux enquêteurs.
00:46:26 Donc ça fait en tout, si on compte bien, 21 personnes
00:46:29 qui se sont manifestées, Stan, pour donner un indice,
00:46:32 c'est 3 500 élèves par an dans l'établissement.
00:46:35 Donc 21 élèves dans un appel à témoignage, c'est 21 élèves.
00:46:39 Mais il faut peut-être le préciser par rapport au nombre d'élèves
00:46:41 qui passent dans l'établissement.
00:46:44 Et ensuite, l'inspection générale précise qu'elle n'a trouvé
00:46:46 aucun élément dysfonctionnel, je cite encore,
00:46:49 depuis l'installation de la nouvelle direction en 2015.
00:46:52 En l'occurrence, monsieur Gauthier, convient d'entendre.
00:46:54 Les éléments évoqués, notamment dans les articles de presse,
00:46:57 repris à long vie ces derniers jours, sont plus anciens.
00:46:59 Ils datent d'avant 2015 et le rapport évoque seulement
00:47:02 le cas d'un catéchiste du collège, signalé pour des propos homophobes
00:47:06 qu'il a tenus au mois de janvier et de mai 2023.
00:47:09 Je cite encore, il a été écarté par la direction
00:47:11 avant même la fin de l'enquête.
00:47:13 Il a été écarté et là, ces derniers jours, vous avez vu
00:47:16 sortir partout l'info sur laquelle le parquet ouvre une enquête
00:47:20 à Stanislas. En réalité, le parquet a ouvert à l'automne
00:47:23 une enquête sur ce catéchiste-là, après qu'il a été viré
00:47:27 et signalé par les inspecteurs au parquet précisément
00:47:31 ça ne vise absolument pas Stan, ni la direction,
00:47:34 mais ce catéchiste qui n'enseigne plus à Stan
00:47:36 en raison des propos qu'il a tenus.
00:47:38 C'est quand même pas exactement la même histoire,
00:47:40 vous me l'accorderez.
00:47:41 Donc en l'occurrence, Stan n'est pas directement visé
00:47:43 par un rapport accablant.
00:47:45 Alors vous parlez de 17 élèves qui se sont manifestés
00:47:48 pour en témoigner contre leur établissement,
00:47:50 mais qu'en pensent les autres élèves ?
00:47:52 Alors, évidemment, le propos ne sera pas exhaustif
00:47:55 et je ne vais pas faire moi, à l'inverse, ce que je leur reproche de faire
00:47:58 mais en l'occurrence, c'est les méthodes qui peuvent être interrogées.
00:48:01 Parce que pour aller chercher les élèves qui parlent aujourd'hui
00:48:04 dans les différents papiers, donc à charge contre Stanislas,
00:48:07 il faut vraiment les chercher.
00:48:08 Parce qu'il y en a peu, c'est la stricte réalité, il y en a peu.
00:48:11 En revanche, vous claquez des doigts et vous demandez à des élèves
00:48:14 ou à des parents d'élèves de vous parler de Stan,
00:48:16 il y en a beaucoup. J'ai fait l'expérience, je l'ai fait la semaine dernière,
00:48:18 il y en a des dizaines qui ont voulu témoigner.
00:48:22 À la sortie de Stanislas ces derniers jours,
00:48:24 il y a beaucoup de journalistes qui se sont pointés
00:48:27 à la sortie de l'établissement.
00:48:29 Alors c'est intéressant de savoir que vendredi dernier,
00:48:31 tous les élèves de l'établissement ont eu un rendez-vous avec leur direction
00:48:34 pour faire le point, parce que vous imaginez que c'est de la maternelle
00:48:38 au prépa à un Stan, donc il y a tous les élèves, ils sortent,
00:48:41 il y a des journalistes partout.
00:48:43 Vendredi dernier, la rue entière a été bloquée par la police
00:48:45 en raison du risque d'attaque sur l'établissement.
00:48:48 Vous imaginez bien que les élèves ne parlent que de ça,
00:48:50 avec leurs profs, avec leurs enseignants et leurs encadrants.
00:48:56 Il y a une ambiance un peu particulière.
00:48:58 Ils ont eu ce rendez-vous pour poser toutes les questions qu'ils voulaient,
00:49:01 faire le point sur ce rapport, ce qui était dedans,
00:49:03 et il a été précisé aux élèves qu'ils pouvaient répondre
00:49:06 à absolument qui ils voulaient, quand ils voulaient,
00:49:09 aux différents médias, et la direction leur a dit
00:49:11 "La seule chose qu'on vous demande, c'est une transparence totale
00:49:14 et l'honnêteté qu'on essaie de vous enseigner à Stan."
00:49:16 C'est une consigne qui n'est pas exactement la consigne
00:49:18 d'une direction sectaire à l'endroit d'élèves
00:49:21 dans une telle polémique, on va dire.
00:49:23 Et alors il y a une journaliste de France 2,
00:49:26 je m'attarde sur elle, parce que France 2, c'est le service public en l'occurrence,
00:49:30 donc son salaire est aussi payé par les parents de Stanislas,
00:49:33 et puis ils nous répètent suffisamment toute la journée
00:49:35 qu'ils ont beaucoup plus d'argent que les autres,
00:49:36 donc ils participent beaucoup plus même au salaire
00:49:38 des journalistes du service public.
00:49:40 Et elle, elle a fait passer un message dans un groupe d'élèves
00:49:43 et d'anciens élèves de Stan,
00:49:45 disant qu'elle cherchait des témoignages.
00:49:47 Certains l'ont appelé, ils l'ont appelé immédiatement.
00:49:49 Et elle leur a explicitement signifié à ces élèves-là
00:49:53 que leur témoignage, en l'occurrence,
00:49:55 qu'ils voulaient défendre leur établissement,
00:49:57 que leur témoignage ne l'intéressait pas,
00:49:59 parce que pour nous, c'est vraiment pour confirmer,
00:50:02 avoir des témoignages qui confirment ce que dit le rapport de Mediapart.
00:50:05 Il n'y a jamais eu de rapport de Mediapart.
00:50:06 Le rapport, c'est l'inspection générale pour commencer,
00:50:08 mais la lecture du rapport par Mediapart,
00:50:11 et cette journaliste a refusé, on va dire,
00:50:14 les témoignages de certains élèves,
00:50:15 parce que ce n'est pas ce qu'elle cherchait.
00:50:17 C'est quand même une manière de faire une enquête qui est originale.
00:50:20 - Ce n'est pas ce que Mediapart disait.
00:50:22 - Ce n'est pas ce que Mediapart disait, c'est ça.
00:50:24 Et donc, elle a refusé ces témoignages-là.
00:50:27 Il y en a certains aussi à qui elle a dit
00:50:29 "On cherchait à confirmer Mediapart,
00:50:31 "et par ailleurs, j'ai déjà beaucoup de témoignages."
00:50:33 Et à la fin, dans le reportage, en l'occurrence,
00:50:35 qui était sur France 3, parce qu'elle travaillait, en l'occurrence,
00:50:37 pour le 19-20 de France 3,
00:50:38 il y a un seul élève qui parle dans le reportage
00:50:41 et il parle à charge contre Stanislas,
00:50:43 alors que plusieurs élèves l'ont appelé,
00:50:46 précisément pour défendre leur établissement
00:50:48 sur différents sujets.
00:50:49 D'autres racontent aussi qu'à la sortie de l'école,
00:50:51 ils ont répondu à différents médias
00:50:53 et qu'ils ont cherché ensuite, évidemment, leurs témoignages
00:50:56 en regardant telle ou telle émission à qui ils avaient répondu
00:51:00 et qu'ils n'ont jamais trouvé leurs témoignages.
00:51:02 Et donc, tous ceux, et même les parents,
00:51:04 tous ceux que moi, j'ai eus, en l'occurrence,
00:51:06 m'ont dit "On a l'impression de vouloir participer
00:51:08 "à un récit qui nous concerne quand même directement
00:51:10 "et que nous en sommes empêchés."
00:51:12 Donc, tout le monde parle de notre établissement toute la journée,
00:51:14 nous y sommes 24 heures sur 24,
00:51:16 et on ne peut pas prendre la parole.
00:51:17 Et petit détail intéressant, j'ai aussi une mère d'élèves
00:51:20 qui a été prof pendant 12 ans à Stan.
00:51:23 Elle a été tirée au sort pour participer à l'enquête,
00:51:26 elle a signé cette enquête de l'inspection à la fin.
00:51:28 Dix ans, mes propos étaient très fidèlement reportés
00:51:31 dans cette enquête, et elle me dit "Depuis une semaine,
00:51:33 "le récit médiatique qui est fait sur cette enquête,
00:51:35 "c'est un monde parallèle."
00:51:37 - Incroyable. - Parallèle.
00:51:38 Et cette femme a participé et signé l'enquête de l'inspection.
00:51:41 Donc, on voit bien qu'il y a un décalage qui est absolument certain.
00:51:44 Charlotte Darnelas, comment déceler la vérité
00:51:47 entre témoignages qui racontent des vécus différents,
00:51:50 mais pas forcément faux ?
00:51:52 C'est ça. C'est très difficile de travailler à partir de témoignages
00:51:55 et d'en faire une vérité générale.
00:51:56 C'est vrai sur ce sujet, c'est vrai sur tous les autres.
00:51:58 Vous pouvez avoir une perception, ou même le vécu d'un élève
00:52:01 dans cet établissement.
00:52:02 Il y a plein de parents qui m'ont dit "Vous savez, c'est un établissement
00:52:04 "qui n'est pas fait pour tous les enfants."
00:52:06 C'est très exigeant, il y a une pression sur le travail,
00:52:08 il y a un cadre assez rigoureux dans l'exercice,
00:52:10 il y a des enfants qui ne sont pas faits de la même manière
00:52:12 qu'il y a des enfants pour qui l'aspect très scolaire
00:52:15 d'une école "normale" n'est pas fait.
00:52:18 Donc, il peut y avoir des élèves qui ont réellement souffert
00:52:20 de leur scolarité pour différentes raisons, d'ailleurs à Stannes.
00:52:23 Il y en a aussi beaucoup qui sont très heureux
00:52:25 et qui remercient la direction et pour leurs années passées à Stannes.
00:52:28 Ensuite, il y a des faits isolés qui sont pénalement répréhensibles,
00:52:32 puisqu'on nous explique que c'est soit contraire aux valeurs de la République,
00:52:35 soit pénalement répréhensible.
00:52:36 On va prendre la loi quand même pour cadre, ce sera plus simple.
00:52:39 Donc, il y a des faits isolés qui, en l'occurrence, ont été traités
00:52:42 et de ces faits isolés, on peut faire ou non
00:52:45 un système d'organisation de l'éducation.
00:52:47 Là, quand vous avez très facilement les élèves ou les parents d'élèves
00:52:51 qui témoignent, je le redis, facilement,
00:52:53 vraiment, c'est facile de les avoir,
00:52:55 quand vous avez des histoires qui contreviennent à ce récit-là,
00:52:59 quand vous avez un gamin qui vous dit "j'étais dans le coma,
00:53:02 je me suis réveillée du coma,
00:53:04 il y a ma classe qui m'avait écrit entièrement,
00:53:06 toute la direction a défilé dans ma chambre d'hôpital,
00:53:08 ils ont adapté tout, ils ont 3500 élèves,
00:53:10 ils ont adapté toute ma scolarité l'année d'après
00:53:12 parce que j'étais en traumatisme crânien,
00:53:14 pour que je ne perde pas la main sur le terrain scolaire,
00:53:16 en même temps que je puisse avoir mon suivi médical,
00:53:18 et qu'ils ont fait tout ça pour un élève,
00:53:20 vous vous dites "c'est pas exactement un système inhumain
00:53:23 et autoritariste qui ne se soucie pas des élèves qu'il a en face de lui".
00:53:26 Ça contrevient un minimum.
00:53:28 Quand vous avez une mère de famille, ce que j'ai eu en l'occurrence,
00:53:31 qui vous dit "mon fils ne voulait pas faire sa confirmation"
00:53:34 et elle me dit "elle-même, j'en étais un peu chagrinée,
00:53:36 donc j'ai appelé le directeur de Stannes
00:53:38 et je lui ai dit "est-ce que vous voulez bien le recevoir,
00:53:40 essayez de le convaincre".
00:53:42 Et cet enfant va voir trois fois de suite le directeur
00:53:44 pour des rendez-vous, à la fin le directeur appelle à un moment
00:53:46 en lui disant "écoutez, je pense qu'il faut respecter sa liberté,
00:53:49 c'est pas le moment, il en a pas envie, il ne faut surtout pas le forcer,
00:53:51 c'est pas exactement une secte religieuse
00:53:53 qui ne fait que de la propagande".
00:53:55 Et il y a deux autres témoignages qui ont retenu mon attention,
00:53:58 un, une mère de harceleur,
00:54:00 une mère de harceleur qui m'a dit
00:54:02 "le premier jour où la direction a été informée,
00:54:05 j'ai été appelée immédiatement, j'y suis allée,
00:54:07 on a réglé le problème, ça a été un moyen de l'éduquer,
00:54:10 un, à la protection des plus faibles,
00:54:12 deux, à la question du pardon,
00:54:14 et le problème a immédiatement été réglé".
00:54:16 Et par ailleurs, les parents qui vous disent
00:54:18 des propos qui sont réellement offensants,
00:54:20 qui existent dans les cours de récréation,
00:54:22 quand ils sont entendus, sont immédiatement sanctionnés.
00:54:24 Je trouve que moi, beaucoup d'écoles où c'est le cas.
00:54:26 Donc quand votre problème, c'est l'élitisme,
00:54:28 l'enseignement privé, l'Église catholique,
00:54:31 ou la morale qu'elle enseigne, parce que c'est évidemment
00:54:33 ça le fond du problème, il faut le dire comme ça.
00:54:35 Et au moins on mène la guerre, entre adultes, par ailleurs,
00:54:38 qu'il convient de mener sur le terrain des idées.
00:54:41 - On attend que des rapports soient publiés,
00:54:43 des rapports dans d'autres écoles non catholiques
00:54:45 ou non privées, ça aurait été intéressant.
00:54:47 Merci pour le sens de la précision, ma chère Charlotte.
00:54:51 Mercredi dernier, Mathieu Bocoté,
00:54:53 il y a moins d'une semaine, le Parlement européen
00:54:55 a adopté une résolution consacrée à la conscience
00:54:58 historique européenne.
00:55:00 Et dans cette résolution, on trouve une vision
00:55:02 de l'histoire de l'Europe qui vous a surpris,
00:55:04 qui peut surprendre plus d'un ce soir.
00:55:06 - C'est un texte qui a été adopté.
00:55:08 - Adopté. - Je précise. Il s'agit d'un texte
00:55:10 sur la conscience historique européenne.
00:55:12 D'abord, quelle est la vision de l'histoire
00:55:14 qui nous est proposée pour l'Europe,
00:55:16 la trame de fond qui devrait commander la relecture
00:55:18 de l'histoire européenne ? Je cite.
00:55:20 "Un examen critique du passé ne devrait toutefois pas
00:55:23 se limiter à tirer l'attention sur les victimes
00:55:25 des régimes autoritaires et totalitaires,
00:55:27 mais réévaluer toutes les sombres périodes
00:55:30 de l'histoire européenne, notamment le colonialisme,
00:55:33 le racisme, les violations des droits de l'homme
00:55:36 et les injustices historiques fondées sur le genre."
00:55:38 Bon, ça, c'est la trame de fond proposée.
00:55:41 Ensuite, on nous explique, et c'est assez...
00:55:43 Ah oui, j'ajoute. "Considérant que les injustices
00:55:45 fondées sur le genre, les croyances
00:55:47 et l'appartenance ethnique sont ancrées
00:55:49 dans l'histoire européenne depuis de nombreux siècles,
00:55:52 se manifestant notamment par l'antisémitisme
00:55:54 et l'antig... antiganisme,
00:55:57 et qu'elles sont lourdes de conséquences
00:55:59 sur l'Europe et le reste du monde."
00:56:01 Donc ça, la trame de fond, c'est une Europe
00:56:03 fondamentalement discriminatoire.
00:56:05 On nous explique aussi, et c'est intéressant,
00:56:08 que l'Eu... quelle est la fonction de l'histoire.
00:56:11 Hein, quelle est sa fonction?
00:56:12 Pourquoi enseigne-t-on l'histoire?
00:56:14 D'un côté, on nous dit,
00:56:16 "Considérant que la réflexion sur l'histoire
00:56:18 et les injustices historiques contribuent
00:56:21 à lutter contre les différentes formes
00:56:23 d'intolérance et d'inégalité
00:56:25 et à construire des sociétés plus inclusives,"
00:56:27 c'est un objectif politique,
00:56:28 et juste après, "Considérant que l'histoire
00:56:30 ne doit jamais être relativisée, déformée
00:56:33 ou falsifiée à des failles politiques."
00:56:35 Là, là, mon cerveau, il fait un bogue.
00:56:37 Soit l'histoire a une fonction d'orienter
00:56:39 idéologiquement une société, soit elle ne l'a pas,
00:56:41 mais on nous explique ici une chose
00:56:43 et son contraire tout à la fois.
00:56:44 Mais vous avez compris la fonction,
00:56:46 réécrire l'histoire dans une perspective
00:56:48 multiculturaliste.
00:56:49 - Mais c'est grave!
00:56:50 - Mais on va voir la suite.
00:56:51 - Pardon, hein, pardon, je vous laisse continuer.
00:56:53 - Parce que là, c'est intéressant.
00:56:54 Donc qu'est-ce qu'on doit faire pour être capable,
00:56:55 justement, de soulager les peuples
00:56:56 de leurs identités tragiques?
00:56:58 Le rôle...
00:57:01 Donc, le texte souligne le rôle essentiel
00:57:03 de l'éducation et invite les États membres
00:57:05 à actualiser leurs programmes d'études
00:57:08 et méthodes d'enseignement existants
00:57:10 afin de faire passer l'histoire européenne
00:57:13 et mondiale avant l'histoire nationale
00:57:16 et de mettre davantage l'accent
00:57:19 sur une compréhension supranationale
00:57:21 de l'histoire.
00:57:23 J'espère que c'est clair.
00:57:24 L'Europe dit qu'on ne doit plus centrer
00:57:26 le récit national, l'histoire,
00:57:28 sur la conscience nationale.
00:57:30 On doit le faire sur une conscience européenne
00:57:32 et mondiale plutôt que nationale.
00:57:34 C'est clair, c'est pas une théorie du complot.
00:57:36 C'est un texte adopté par nos amis
00:57:38 les européistes.
00:57:39 Ils ajoutent, soit dit en passant,
00:57:41 "encourageant les styles d'enseignement
00:57:43 correspondants qui privilégient
00:57:45 la réflexion et la discussion
00:57:46 plutôt que le transfert de connaissances
00:57:48 et qui ont pour objectif d'amener
00:57:50 les étudiants à apprendre à penser
00:57:52 plutôt que de leur dire ce qu'ils doivent penser."
00:57:55 Moi qui croyais qu'ils devaient désormais
00:57:56 penser en termes européens de manière obligatoire
00:57:58 et par ailleurs on nous explique que le transfert
00:58:00 de connaissances c'est de trop.
00:58:01 Mais ça va plus loin.
00:58:03 L'histoire a pour fonction de créer
00:58:05 de parfaits petits européens.
00:58:07 Donc souligne combien l'apprentissage
00:58:09 de l'intégration européenne,
00:58:11 de l'histoire, des institutions
00:58:13 et des valeurs fondamentales de l'Union
00:58:15 ainsi que de la citoyenneté européenne
00:58:17 est indispensable à l'émergence
00:58:19 de sentiments d'appartenance européenne.
00:58:21 On comprend ce qu'on nous dit.
00:58:23 La conscience européenne n'est pas présente
00:58:25 pour l'instant. Les peuples sont d'abord
00:58:27 rattachés à leur identité en tant que peuple.
00:58:29 Pour l'Union européenne c'est un problème.
00:58:31 Donc qu'est-ce qu'on va faire?
00:58:33 On va utiliser l'histoire
00:58:35 à défaut de convaincre les adultes.
00:58:36 Vous savez c'est compliqué de convaincre un adulte.
00:58:38 On va s'emparer des enfants,
00:58:40 on va décider de miser sur les enfants
00:58:42 pour fabriquer un nouveau peuple.
00:58:44 Mais ça va plus loin.
00:58:45 Nos amis de l'Europe,
00:58:47 ils estiment que le chauvinisme,
00:58:48 les stéréotypes sexistes,
00:58:50 les asymétries de pouvoir et les inégalités structurelles
00:58:52 sont profondément ancrées dans l'histoire européenne
00:58:54 et déplorent l'absence
00:58:56 d'une approche suffisamment multiculturelle
00:58:58 et sensible au genre
00:59:00 dans un segment de l'histoire.
00:59:02 Donc là, il faut une histoire explicitement
00:59:04 multiculturaliste et centrée
00:59:06 qui accepte la théorie du genre.
00:59:08 Et, dernier élément,
00:59:10 nous invite à mieux se concentrer
00:59:12 sur les aspects transnationaux
00:59:14 et les multiples facettes de l'histoire.
00:59:16 J'espère que le programme est clair.
00:59:18 L'Union européenne, ici,
00:59:20 nous dit assez clairement
00:59:22 que vous allez utiliser l'éducation
00:59:24 pour imposer un programme idéologique
00:59:26 très particulier.
00:59:28 Ce programme idéologique est centré
00:59:30 sur l'effacement de l'histoire nationale
00:59:32 qui est vue comme une histoire réactionnaire.
00:59:34 Alors, si on comprend bien, avec ce document,
00:59:36 l'Union européenne mise sur l'histoire
00:59:38 pour dépasser les nations. C'est fini, les nations.
00:59:40 C'est exactement ça. Il faut être clair.
00:59:42 Ces gens-là ne se cachent plus.
00:59:44 Ils ne se cachent même plus.
00:59:46 Ils ont perdu leurs intentions.
00:59:48 Voir ce qu'ils voulaient nous dire,
00:59:50 être capable de lire entre les lignes.
00:59:52 Là, ils l'écrivent comme tel.
00:59:54 Donc, conscience hypercritique européenne.
00:59:56 Cette civilisation ne mérite pas de se poursuivre.
00:59:58 Regardez tout le mal qu'elle a fait.
01:00:00 Elle doit s'arracher elle-même.
01:00:02 Cette civilisation est ancrée dans les nations.
01:00:04 Ces nations, on doit les effacer.
01:00:06 Donc, pourquoi l'Union européenne,
01:00:08 de ce point de vue, est-elle en guerre
01:00:10 contre l'histoire nationale?
01:00:12 Parce qu'elle est en guerre contre les nations,
01:00:14 contre les amis des européistes
01:00:16 qui travaillent à déconstruire l'enseignement de l'histoire
01:00:18 dans les nations. Contentons-nous de les citer.
01:00:20 On sait désormais quel est leur projet.
01:00:22 - Merci beaucoup, Mathieu Bocoté,
01:00:24 pour cette précision. Merci à tous pour cette émission.
01:00:26 Gabriel Attal a reçu
01:00:28 les représentants des agriculteurs.
01:00:30 Ils ont terminé.
01:00:32 Ils disent qu'on se contentera de mots.
01:00:34 Les agriculteurs veulent des actes précis.
01:00:36 On attend que dans la semaine,
01:00:38 ils fassent des déclarations
01:00:40 qui fassent bouger les lignes véritablement.
01:00:42 On attend après les mots l'action.
01:00:44 Merci à tous.
01:00:46 de programme à leur dépôt.
01:00:50 [Bruit de machine qui s'arrête]