Face à l'Info (Émission du 02/04/2024)

  • il y a 5 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00:00 -A 19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver.
00:00:02 Nous sommes avec les mousquetaires.
00:00:05 On commence avec Simon Guilain.
00:00:07 Et les infos du soir.
00:00:09 -Bonsoir. La cause du décès du petit Émile
00:00:12 reste toujours inexpliquée.
00:00:14 Le procureur de la République d'Aix-en-Provence
00:00:16 s'est exprimé cet après-midi.
00:00:18 Hier, des vêtements de l'enfant ont été retrouvés à 150 m
00:00:22 du lieu où ont été découverts les ossements du petit Émile.
00:00:25 Aucune hypothèse n'est écartée par les enquêteurs.
00:00:28 -Au Proche-Orient, Israël reconnaît une frappe non intentionnelle
00:00:32 sur la bande de Gaza. 7 humanitaires du ONG américaine
00:00:35 ont été tués lors de ce bombardement.
00:00:38 Plusieurs pays et organisations condamnent ce raid.
00:00:41 Certains demandent des explications immédiates à Israël.
00:00:44 Un jeune homme de 12 ans a ouvert le feu ce matin
00:00:47 dans son école au nord d'El-Sinki, en Finlande.
00:00:50 Un élève de l'établissement scolaire a été tué.
00:00:53 Deux autres enfants ont été grièvement blessés.
00:00:56 -C'est la décision d'une arme à feu.
00:00:58 -Merci beaucoup, Simon Guilin.
00:01:00 Au sommaire, ce soir, pour la première fois
00:01:03 depuis la découverte des ossements du petit Émile,
00:01:06 le procureur de la République d'Aix-en-Provence
00:01:09 s'est exprimé il y a quelques instants sur CNews.
00:01:12 Aucun traumatisme antémortem à ce stade n'a pu être décelé.
00:01:16 On ne peut toujours pas connaître, à l'heure qu'il est,
00:01:19 l'origine de la mort du petit garçon.
00:01:21 Les os ont été longtemps exposés aux intempéries.
00:01:24 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:27 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:29 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:31 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:34 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:36 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:39 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:41 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:44 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:46 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:49 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:51 La police a décidé de ne pas en parler.
00:01:54 Face au silence qui entoure ce gramme,
00:01:56 cri à la justice, cri à l'incompréhension,
00:01:59 l'horreur, la consternation,
00:02:01 ne passons pas sous silence ces atrocités.
00:02:03 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
00:02:06 Alors que CNews a été la 1re chaîne info ex-écou en mars,
00:02:09 alors qu'une commission d'enquête en cours
00:02:12 voudrait remettre en question la fréquence de la chaîne info,
00:02:16 force est de constater que les critiques pleuvent, j'avoue,
00:02:19 et les journalistes de CNews également
00:02:22 ont besoin personnellement à reconnaître
00:02:24 dans le portrait qu'ils ont fait à l'extérieur
00:02:27 la chaîne dans laquelle je travaille.
00:02:30 Le dernier article en date présenterait
00:02:32 cette chaîne comme une fabrique de la haine.
00:02:35 Je ne me reconnais pas dans cette description.
00:02:38 Je me permets d'oser le dire et de demander à Marc Menon
00:02:41 de nous donner son avis.
00:02:43 Tout cela est infâme pour la rédaction,
00:02:46 mais aussi pour vous, 8 millions à nous regarder.
00:02:49 L'affaire du petit Emile, je le disais,
00:02:51 qui a disparu le 8 juillet 2023, bouleverse la France.
00:02:55 Tout le monde veut que le coupable, s'il y en a un,
00:02:58 soit retrouvé. Tout le monde veut que la justice soit faite.
00:03:02 Tout le monde veut comprendre ce qui s'est passé
00:03:05 et que la famille puisse retrouver un apaisement.
00:03:08 Au-delà de la tristesse, pourquoi cette affaire gêne ?
00:03:11 Pourquoi se sentons-nous si proches et si concernés ?
00:03:15 Et puis alors que beaucoup de classes ferment
00:03:18 dans le secteur public, elles sont nombreuses à ouvrir
00:03:21 et même à construire des nouveaux bâtiments.
00:03:24 Comme si ce qui ne marche plus dans le public fonctionne encore
00:03:28 dans le privé et attire de plus en plus de monde.
00:03:31 Mais cela ne plaît pas à tous.
00:03:33 2 députés, un Renaissance-ELFI, ont présenté un rapport
00:03:37 pointant du doigt le financement public
00:03:39 à ces établissements privés sous contrat,
00:03:42 et notamment catholiques, quand l'école publique déraille.
00:03:46 Voici l'édito de Mathieu Beaucoup.
00:03:48 Une heure avec nos mousquetaires.
00:03:51 On commente, on décrit, on analyse.
00:03:53 ...
00:04:05 -Ravie de vous retrouver.
00:04:07 D'abord, le mystère reste entier
00:04:09 après la découverte des ossements du petit Émile.
00:04:12 Le procureur de la République s'est exprimé
00:04:15 dans le journal "News" pour la 1re fois
00:04:18 depuis la découverte des ossements.
00:04:20 3 hypothèses, l'accident, la chute, l'homicide,
00:04:24 volontaire, involontaire.
00:04:25 Ecoutez un extrait du procureur de la République.
00:04:29 -Les premières analyses du crâne
00:04:31 ont permis de révéler les informations suivantes.
00:04:34 Le crâne présente de petites fractures
00:04:37 et des fissures post-mortem.
00:04:39 Aucun traumatisme antémortem n'a été observé.
00:04:44 Le crâne présente des traces de morsure,
00:04:47 probablement causées par un ou des animaux.
00:04:51 Une maxilliaire est absente,
00:04:53 sans que l'on puisse savoir aujourd'hui
00:04:56 si cette maxilliaire s'est détachée naturellement
00:04:59 ou sous la forme d'une traction,
00:05:01 sous la force d'une traction, pardon.
00:05:03 L'aspect des os et des dépôts sur ces os
00:05:07 permet d'affirmer qu'ils n'ont pas été enfouis
00:05:10 et qu'ils ont été exposés longtemps
00:05:13 aux variations météorologiques et aux intempéries.
00:05:17 L'enquête va se poursuivre avec la même intensité.
00:05:22 Elle se poursuit en ce moment sur le terrain,
00:05:24 car les fouilles ne sont pas terminées.
00:05:26 Elles se poursuivront probablement demain sur ce terrain.
00:05:30 Elles vont se poursuivre sur le plan criminalistique,
00:05:32 car les éléments retrouvés n'ont pas fini d'être analysés.
00:05:35 Entre la chute de l'enfant,
00:05:38 l'homicide involontaire et le meurtre,
00:05:40 on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plus qu'une autre
00:05:45 pour expliquer la disparition puis la mort de l'enfant Emile.
00:05:49 - Mathieu Bocoté, l'histoire du petit Emile
00:05:51 vient de ressurgir dans l'actualité de la plus triste manière.
00:05:55 Pourquoi cette histoire nous choque à ce point ?
00:05:59 Pourquoi le traitement médiatique nous choque à ce point ?
00:06:04 - Je vous avouerais, dans le premier cas,
00:06:05 ça ne serait pas "nous choque", mais "nous blesse profondément",
00:06:08 "nous atteint intimement".
00:06:10 Pour ce qui est du traitement médiatique,
00:06:11 vous avez tout à fait raison,
00:06:12 et je vais concentrer mon édito sur ce thème,
00:06:14 parce que j'ai l'impression en ce moment
00:06:17 d'appartenir à un milieu qui pratique le cannibalisme médiatique,
00:06:22 c'est-à-dire qui s'empare d'une existence
00:06:24 sous le signe d'un sort absolument tragique
00:06:27 et qui, alors qu'on ne sait rien de plus aujourd'hui,
00:06:31 le système dans son ensemble commande, commande, commande,
00:06:35 produit du commentaire sans qu'on ne sache rien,
00:06:37 tout simplement parce qu'on s'empare d'une existence
00:06:39 alors que les parents nous demandent
00:06:41 la plus grande discrétion,
00:06:43 la plus grande décence dans les circonstances.
00:06:45 Le système ne peut s'empêcher de traiter cette information
00:06:49 sur le bas de la saturation médiatique.
00:06:52 Donc, j'en reviens, le point premier, effectivement,
00:06:55 c'est une histoire universelle, tout simplement,
00:06:56 une histoire vraie depuis la nuit des temps,
00:06:58 la perte d'un enfant.
00:06:59 D'aussi loin qu'on se rappelle dans la mémoire des hommes,
00:07:01 dans la mémoire des civilisations,
00:07:03 la perte d'un enfant était la chose la plus tragique
00:07:05 qu'il soit pour des parents, pour une famille,
00:07:07 et je pense qu'en ces matières, toutes les civilisations,
00:07:11 toutes les cultures, tous les peuples,
00:07:12 toutes les nations, toutes les tribus
00:07:14 comprennent la douleur infinie.
00:07:16 Autant il est naturel un jour dans la vie
00:07:18 de perdre ses parents, c'est pas agréable,
00:07:21 mais on s'y attend.
00:07:22 Perdre ses parents, c'est normal un jour.
00:07:24 Autant on comprend qu'il est possible de perdre un frère,
00:07:26 de perdre une soeur, de perdre un ami,
00:07:28 ça fait partie de la vie,
00:07:29 autant le cerveau humain n'est pas programmé
00:07:32 pour la possibilité de la perte d'un enfant
00:07:34 et de ce point de vue,
00:07:36 dans cette histoire s'ajoute la part de mystère,
00:07:39 la part de mystère, c'est-à-dire,
00:07:40 jusqu'à il y a quelques jours, jusqu'à aujourd'hui,
00:07:43 et en fait, encore là,
00:07:44 on ne sait toujours pas ce qui est arrivé,
00:07:46 mais jusqu'à il y a... donc, avant-hier,
00:07:49 les parents ne savaient pas s'il était encore vivant,
00:07:52 s'il était mort, donc à ce moment,
00:07:53 on a une capacité d'identification totale
00:07:56 au sort des parents, tout le monde se dit,
00:07:58 mais comment réagirais-je si je ne savais pas
00:08:01 ce qui arrivait à mon enfant s'il était suspendu
00:08:03 comme ça dans un vide, on est tous touchés, d'ailleurs,
00:08:05 par les histoires d'enlèvement,
00:08:06 où après 5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans,
00:08:08 on se place dans la tête des parents en se disant,
00:08:10 mais s'il existait encore quelque part,
00:08:14 s'il n'était pas mort, si un jour,
00:08:15 il y a la possibilité d'une rencontre en ce monde
00:08:17 et non pas dans l'autre, pour ceux qui y croient,
00:08:19 donc l'histoire a une charge universelle absolue.
00:08:23 C'est une histoire intime, c'est une histoire tragique,
00:08:26 mais c'est une histoire qui n'a aucune, pour l'instant,
00:08:29 signification politique, sociologique,
00:08:33 culturelle, philosophique, assurément.
00:08:35 Mais là, ce que l'on voit, et j'y reviendrai dans un instant,
00:08:38 c'est qu'il y a la tentation presque de plaquer
00:08:41 une signification sociologique et culturelle à une histoire
00:08:44 qui, pour l'instant, je le dis, n'en a pas.
00:08:46 Nous sommes simplement devant le tragique
00:08:48 au sens premier de l'existence,
00:08:50 c'est-à-dire le fait qu'il nous arrive d'être privés
00:08:52 des nôtres, ceux que nous aimons le plus.
00:08:55 Alors là, pourquoi je dis que je veux être critique
00:08:57 envers le système médiatique dans les circonstances ?
00:09:00 Premièrement, il ne faut pas l'oublier,
00:09:01 les parents nous ont demandé, je y reviendrai aussi,
00:09:03 s'il vous plaît, ne nous contactez pas,
00:09:05 ne nous dérangez pas, priez, s'il vous plaît,
00:09:08 ayez un moment de recueillement.
00:09:09 Si vous ne croyez pas en l'autre monde,
00:09:12 ayez la décence de savoir que nous y croyons,
00:09:14 nous avons besoin de ce moment de recueillement.
00:09:16 Mais le système médiatique décide alors de s'emparer de ça
00:09:20 et là, un effet de saturation, c'est assez fascinant.
00:09:24 Donc dès lors, le mot "Amyl" revient, ainsi de suite,
00:09:27 on devient, j'insiste, le traumatisme des parents,
00:09:30 mais surtout, on est là à la recherche d'informations nouvelles
00:09:32 qui justifierait une telle mobilisation médiatique.
00:09:36 Or, qu'est-ce qu'on apprend aujourd'hui
00:09:37 au terme de cette conférence de presse ?
00:09:39 Qu'il n'y a pas d'informations nouvelles,
00:09:41 fondamentalement, oui, quelques éléments,
00:09:43 mais la formule la plus importante
00:09:44 n'est pas d'hypothèses privilégiées.
00:09:46 Pas d'hypothèses privilégiées, je le traduis pour tout le monde,
00:09:48 c'est-à-dire qu'on n'en sait fichtrement rien,
00:09:50 on n'en sait absolument rien, on ne sait toujours pas,
00:09:52 sinon que nous savons, ce qui n'est pas un détail,
00:09:54 c'est qu'il n'est plus, qu'il n'est plus de ce monde, qu'il est mort,
00:09:57 mais pour le reste, nous n'en savons rien plus.
00:10:00 Ce qui ne peut que relancer la machine,
00:10:02 pour ceux qui aiment spéculer,
00:10:04 pour ceux qui aiment commenter sur le commentaire,
00:10:06 ça relance la machine à spéculation,
00:10:09 ça relance la machine à "on va chercher à savoir
00:10:13 à partir de ce qu'on ne sait pas",
00:10:14 au final, ça fait une espèce d'étrange brouillard médiatique,
00:10:19 un peu asphyxiant.
00:10:21 J'ai l'impression qu'en ce moment, quelque chose d'essentiel
00:10:23 se passera en France sur le plan politique, sociologique, culturel,
00:10:26 ça serait traité comme un fait divers, un fait secondaire,
00:10:29 alors que, là, c'est une question, soit dit en passant,
00:10:31 l'histoire tragique, je l'ai dit,
00:10:33 mais on ne sait toujours pas s'il s'agit d'un tragique banal
00:10:36 ou du sordide.
00:10:38 Le tragique banal, c'est une balade en forêt,
00:10:40 le petit ségard, la mort accidentelle,
00:10:43 comme il y en a toujours eu, comme il y en aura toujours,
00:10:46 ou si on est devant le sordide,
00:10:47 c'est-à-dire la possibilité de l'homicide qui est évoquée,
00:10:50 si tel est le cas, ça change de nature.
00:10:52 Mais pour l'instant, nous n'y sommes pas.
00:10:54 Pour l'instant, nous n'y sommes pas.
00:10:55 Donc, théoriquement, en fait, j'ajouterais une chose,
00:10:57 on est devant l'anti-Lola.
00:10:58 Vous vous souvenez de l'épisode Lola dont on a parlé ?
00:11:01 Alors là, c'est drôle, parce que le système médiatique,
00:11:03 à ce moment-là, disait, ce n'est qu'un fait divers,
00:11:05 ce n'est qu'un fait divers, ce n'est qu'un fait divers,
00:11:07 or ce n'était pas qu'un fait divers,
00:11:08 il y avait une signification politique.
00:11:10 À ce moment, on s'en souvient, il y avait une cassette de l'OQTF,
00:11:12 elle n'aurait pas dû être présente si elle n'avait pas été...
00:11:14 En fait, si l'OQTF avait été exécutée,
00:11:16 elle n'aurait pas pu massacrer la petite Lola
00:11:20 avec tout ce que ça impliquait.
00:11:21 Donc, il y avait un côté...
00:11:22 On était dans l'anti-fait divers chez Lola,
00:11:24 parce qu'il y avait une signification politique
00:11:26 et sociologique forte.
00:11:27 Ici, nous sommes, sans que le monde ne soit là
00:11:28 pour enlever quelque valeur, que ce soit la douleur des parents,
00:11:32 on est devant un fait divers au sens propre,
00:11:33 c'est-à-dire une histoire tragique,
00:11:34 mais qui n'a pas de portée sociologique plus large,
00:11:37 du moins pour ce qu'on en sait en ce moment.
00:11:38 Donc, théoriquement, théoriquement,
00:11:40 ça devrait s'arrêter là,
00:11:41 mais c'est sous-estimer la force d'un des...
00:11:43 probablement un des travers ou une des plaies
00:11:45 de l'âme humaine les plus fortes qui soit,
00:11:46 le voyeurisme, qui, en ce moment,
00:11:48 fait en sorte que tout le monde se jette
00:11:50 sur le souvenir du petit Émile,
00:11:53 et avec cette idée que c'est apparemment...
00:11:55 c'est l'info du jour.
00:11:57 - Selon vous, petite question subsidiaire,
00:12:00 si l'enfant aurait été tué par un OQTF,
00:12:03 ça changerait la donne ?
00:12:04 - Premièrement, s'il a été tué, c'est la première...
00:12:06 S'il a été tué, ça change la donne en tant que telle.
00:12:09 Ensuite, dans le cas de Lola, parce que je fais référence à ça,
00:12:12 c'est que la notion d'OQTF, c'est "elle n'aurait pas dû être là".
00:12:15 Donc là, c'est à ce moment-là qu'il y avait
00:12:17 une dimension politique qui s'ajoutait à l'histoire.
00:12:19 Là, si l'enfant a été tué par quelqu'un,
00:12:21 reste à voir quels sont les motifs,
00:12:22 quelles sont les raisons.
00:12:24 Tout ça sera d'intérêt dans l'enquête,
00:12:26 mais ce qui, dans l'affaire Lola,
00:12:27 transformait le fait divers, atroce que ça aurait pu être
00:12:31 en fait politique, c'était que l'assassin présumé
00:12:35 n'aurait pas dû être là.
00:12:36 Ça, le fait politique était là.
00:12:38 D'ailleurs, c'est pas pour rien qu'on a tout fait
00:12:39 pour nous amener à ne pas en parler.
00:12:41 - Je pense que le respect des parents
00:12:42 n'empêche pas non plus de traiter le sujet...
00:12:44 - Vous avez absolument raison.
00:12:45 - Et ça n'est pas de manquer leur respect,
00:12:47 que de traiter aussi le sujet avec tout le respect
00:12:50 qu'on a effectivement pour eux.
00:12:51 Ça a été les premiers mots aussi du procureur,
00:12:53 qui a été très respectueux.
00:12:55 Dans une France marquée par un sentiment d'insécurité
00:12:58 plus fort que jamais, n'est-il pas normal néanmoins
00:13:00 que cette histoire soit au coeur de l'agenda médiatique,
00:13:03 selon vous ?
00:13:04 - Je dirais paradoxalement non.
00:13:06 Et je m'explique.
00:13:07 L'insécurité dont on parle, vous savez,
00:13:08 le sondage d'aujourd'hui, je crois dans le Figaro,
00:13:10 92 % des Français considèrent que l'augmentation,
00:13:13 l'insécurité est en augmentation en France.
00:13:15 Je me demande qui sont les 8 %, franchement.
00:13:17 Qui sont les étranges 8 % qui croient que ça va bien ?
00:13:20 Salut les gars, dans quel monde vivez-vous ?
00:13:22 Mais le fait est que cette histoire n'est pas une histoire
00:13:26 qui participe à l'accroissement de l'insécurité en France.
00:13:29 Toutes les sociétés, même la plus parfaite,
00:13:31 la plus cohérente, la plus intégrée,
00:13:34 la plus homogène, portent en elles l'histoire dramatique
00:13:36 d'un petit compère, des drames familiaux,
00:13:40 toutes les histoires portent cela.
00:13:42 Or, en ce moment, la question de l'insécurité qui augmente,
00:13:45 c'est toute autre chose.
00:13:46 On le sait, c'est le lien entre immigration et sécurité,
00:13:48 le fait que des quartiers se dérobent à la loi,
00:13:50 le fait que des quartiers basculent sous d'autres lois,
00:13:52 l'emprise des trafiquants,
00:13:53 le fait que les mini-narco-états se multiplient,
00:13:57 le fait qu'il y a une forme d'islamo-gangstérisme
00:13:59 qui progresse dans le pays,
00:14:00 le fait que les femmes, lorsqu'elles s'en vont
00:14:02 dans les transports en commun,
00:14:03 savent qu'elles peuvent voir leur sécurité compromise,
00:14:06 que les femmes ne peuvent plus sortir de chez elles
00:14:09 sans bien les quartiers,
00:14:10 sans être sur un mode de la vigilance permanente.
00:14:12 Ça, c'est la question de l'insécurité qui progresse.
00:14:15 L'insécurité dont nous parlons politiquement,
00:14:17 qui a une signification politico-sociologique,
00:14:20 c'est celle-là.
00:14:21 Ça, c'est autre chose.
00:14:22 Mais pourquoi, à certains égards,
00:14:24 certains en parlent avec autant d'acharnement,
00:14:27 c'est en bonne partie justement
00:14:29 parce que c'est une histoire-écran.
00:14:30 C'est-à-dire que ça vient, premièrement, rappelez-vous,
00:14:32 Gabriel nous le rappelait hier,
00:14:34 la question posée par un ou une journaliste,
00:14:36 dans quelle mesure le fait que les parents soient des catholiques
00:14:39 marqués à l'extrême droite a-t-il une influence
00:14:41 sur le traitement de l'enquête et tout ça ?
00:14:44 Là, c'est comme tous les fantasmes
00:14:45 d'une partie du milieu médiatique.
00:14:47 Oh là là, des cathos tradis peut-être,
00:14:49 des cathos très conservateurs,
00:14:51 donc il doit y avoir une histoire sordide derrière.
00:14:52 Pour eux, le sordide, ce n'est pas le sort de l'enfant.
00:14:55 Pour eux, le sordide, c'est les convictions des parents.
00:14:56 Donc là, on s'imagine, on tricote un scénario
00:14:59 à partir d'un conspirationnisme anti-catholique
00:15:01 qui est très présent dans une partie des médias.
00:15:04 Et là, on se dit...
00:15:05 Ça alimente aussi cette thèse que la vraie violence
00:15:07 est intra-familiale en France.
00:15:09 La vraie violence, c'est celle-là qu'on doit chercher.
00:15:11 La vraie violence se passe avec une certaine catégorie
00:15:13 de la population qui serait, enfin,
00:15:15 les Français de souche, en guillemets,
00:15:16 qui seraient les vrais responsables
00:15:18 en toutes circonstances.
00:15:19 Et là, on a une histoire qu'on creuse,
00:15:21 qu'on met de l'avant, disons,
00:15:22 voilà le vrai visage de l'insécurité.
00:15:24 Et c'est un effet paradoxal,
00:15:26 presque un effet de falsification du réel.
00:15:28 C'est-à-dire qu'on en parle d'autant plus
00:15:31 que ce n'est pas dans cette histoire
00:15:32 dont nous parlons quand on parle d'insécurité.
00:15:34 Et il y a eu une scène, je ne sais pas si vous avez vu,
00:15:37 dimanche, qui était assez intéressante
00:15:40 sur le plan médiatique.
00:15:41 Donc, Alain Finkielkraut est invité sur une autre chaîne
00:15:43 et on a la nouvelle pour le Petit Émile.
00:15:46 Et on l'interrompt brutalement à cause de l'info.
00:15:48 Je précise, info, on a trouvé le corps
00:15:50 et c'est tout, on n'en sait rien de plus.
00:15:52 On n'en sait rien de plus.
00:15:53 L'émission est interrompue d'un coup.
00:15:54 Et Finkielkraut pose la question très légitimement,
00:15:56 sans faire d'outrance, sans faire d'éclats.
00:15:58 Il dit "Ah oui, c'est terminé, on arrête comme ça."
00:16:00 Il trouve que c'est manqué un peu de politesse
00:16:02 que d'interrompre une émission immédiatement comme ça.
00:16:04 Et là, il y a toute une espèce de backlash médiatique
00:16:08 sur les réseaux sociaux, sur le mode,
00:16:09 "Il serait indécent, il n'est pas à la hauteur,
00:16:12 pourquoi ne s'incline-t-il pas devant les événements?"
00:16:14 Non, un instant, sa réaction était plus que légitime.
00:16:17 Il ne manquait pas de respect envers le Petit Émile.
00:16:19 Il disait simplement que cet événement,
00:16:20 pour ce qu'on en sait, à ce moment-là,
00:16:22 il peut avoir un flash info,
00:16:23 il peut avoir un moment dans une émission,
00:16:25 on crée un moment, mais ça ne vient pas
00:16:27 se remplacer l'actualité.
00:16:28 Ce n'est pas un élément qui doit d'un coup
00:16:30 écraser toute l'actualité.
00:16:31 Donc, on s'est moqué de Finkielkraut
00:16:32 dans les circonstances à tort, je crois.
00:16:34 Il a eu une réaction de bon sens
00:16:36 sur l'importance du récit médiatique.
00:16:38 Mais j'y reviens, cette histoire permet d'occulter, en fait.
00:16:42 Plus on en parle, plus elle occulte le visage réel
00:16:46 de l'insécurité qui progresse,
00:16:47 mais ça fait probablement l'affaire,
00:16:49 sur le plan médiatique ou symbolique,
00:16:51 de ceux qui, justement, préféraient
00:16:52 qu'on ne parle pas de cette insécurité
00:16:54 parce qu'apparemment, ce serait un choix éditorial
00:16:56 producteur de haine.
00:16:59 - Mais je n'ai pas compris.
00:17:00 Finalement, selon vous, il ne faut pas parler de cette histoire?
00:17:02 - Non, je ne dis pas ça. Pas du tout, même.
00:17:03 Il faut en parler, cela dit, pour la traiter
00:17:05 pour ce qu'elle est une histoire, pour l'instant,
00:17:06 dont on sait peu de choses.
00:17:08 C'est important de le rappeler.
00:17:10 Donc, éviter de surproduire des hypothèses
00:17:12 à partir d'autres hypothèses.
00:17:15 Il faut respecter, je crois, dans les circonstances,
00:17:17 le souhait des parents qui, je comprends,
00:17:19 ne veulent pas se faire harceler
00:17:20 donc, de par...
00:17:23 comment tu as... mille journalistes.
00:17:25 Donc, il faut respecter ça.
00:17:26 Il faut en parler lorsqu'on a des infos.
00:17:28 Il faut en parler avec la décence nécessaire.
00:17:30 Il faut en parler sans surthéoriser,
00:17:31 sans surinterpréter.
00:17:33 Il faut en parler sans sursymboliser.
00:17:34 Il faut en parler sans entretenir
00:17:36 notre passion mauvaise pour le voyeurisme.
00:17:38 Il faut en parler sans transformer
00:17:40 le système médiatique en système de commerce de village.
00:17:43 Et pour l'instant, donc, il faut en parler, oui,
00:17:46 de proportionner ma manière,
00:17:49 sans transformer le fait divers dans les circonstances
00:17:51 en fait qui écrasent tout le reste.
00:17:53 Et pour l'instant, j'ai l'impression
00:17:54 qu'on en parle justement de la manière
00:17:55 dont on ne devrait pas en parler.
00:17:57 - Dans un instant, Charlotte va en parler aussi,
00:18:00 avec toutes les précautions... - Ah oui, bien sûr.
00:18:01 - ...que vous avez énoncées il y a quelques instants
00:18:05 et avec la précaution qu'on lui connaît.
00:18:07 Vous vouliez réagir, Dimitri ?
00:18:09 - Oui, oui, je pense qu'il y a un peu deux raisons
00:18:11 circonstancielles qui font que depuis 48 heures,
00:18:14 on ne parle plus que des mille.
00:18:16 Il y a un, ça se produit, la découverte du corps
00:18:17 en plein milieu d'un week-end pascal.
00:18:20 Et donc, ça produit une information
00:18:22 à un moment où il ne se passe pas grand-chose.
00:18:23 Il y a un effet de diversion, en fait.
00:18:25 Et les médias sont comme ça.
00:18:26 Quand ils sont sur une longue séquence sur un sujet,
00:18:29 par exemple, on a parlé beaucoup de drogue,
00:18:30 d'insécurité, de délinquance en ville,
00:18:33 là, il y a un effet quelque part, entre guillemets, "dépaysant".
00:18:35 Ça se passe dans un endroit où, en théorie,
00:18:37 il ne se passe rien.
00:18:38 C'est la France de l'envers, c'est la France de la campagne,
00:18:41 c'est la France rurale, c'est la France des petits villages
00:18:43 un peu mystérieux, dans ces coins de Habdeho de Provence
00:18:46 où il se passe des choses, mais on ne sait pas trop.
00:18:50 Et je pense qu'il y a ce double effet.
00:18:52 Il y a un effet de diversion qui est recherché par les médias.
00:18:55 Ça change de l'actualité de ces derniers temps
00:18:57 à un moment de creux de l'actualité,
00:18:58 et ça prend un effet de zoom très fort.
00:19:00 J'aime bien aussi l'approche qu'a eue Mathieu.
00:19:03 Oui, en disant que, comme si on a quand même envie
00:19:07 qu'il se passe, de montrer un certain visage de la délinquance
00:19:10 qui n'existe pas.
00:19:11 Toujours des tentatives d'exploitation, c'est sûr.
00:19:12 Oui, c'est ça.
00:19:13 Ce n'est pas le côté le plus noble de la presse,
00:19:15 ce genre d'événement terrifiant, sordide.
00:19:18 Souvenez-vous, le petit Grégory,
00:19:20 qui a été réévoqué il y a à peine un mois.
00:19:23 La presse s'était emparée de l'histoire.
00:19:25 C'était même plus de l'indécence, c'était monstrueux.
00:19:28 On a eu des livres sortis en précipitation
00:19:31 qui accusaient la mère, la maman,
00:19:34 qui était dans la souffrance la plus totale.
00:19:36 Elle a été inculpée, emprisonnée,
00:19:40 tout cela parce qu'il y avait la pression médiatique,
00:19:43 comme s'il était bon de montrer
00:19:46 que l'ignoble pouvait l'emporter sur l'humanité.
00:19:51 Donc, il y a cette revivance,
00:19:54 cette réminiscence de cette affaire
00:19:56 à travers ce petit garçon.
00:19:57 Je pense que ça attise aussi les médias
00:20:01 dans cet effet de répétition.
00:20:04 -Charlotte Donéaz, vous vous sentez toujours
00:20:06 de faire votre chronique dans un instant
00:20:07 avec toutes les précautions ?
00:20:09 -J'ai pris des notes.
00:20:11 -Très bien, donc on en parle dans un instant.
00:20:13 J'ai hâte d'avoir aussi votre regard
00:20:15 sur cette affaire, Charlotte Dimitri.
00:20:17 On va parler à présent aussi d'une autre affaire
00:20:18 particulièrement choquante,
00:20:20 la mort de la jeune Shannon, 13 ans,
00:20:22 mercredi dernier au centre hospitalier d'Amiens,
00:20:25 après trois semaines passées dans le coma,
00:20:27 suite à ce qui semble avoir été un viol
00:20:30 d'une violence extrême.
00:20:31 Et on tenait à en parler, Dimitri,
00:20:32 parce que justement, là aussi,
00:20:34 je veux dire, bien sûr qu'il y a des viols,
00:20:36 mais j'ai l'impression que là,
00:20:38 c'est passé aussi sous silence.
00:20:40 -Oui, passé sous silence,
00:20:41 dans le sens où on voudrait taire l'affaire,
00:20:43 je ne crois pas, mais c'est vrai qu'elle n'a pas les égards,
00:20:46 elle n'a pas les égards médiatiques,
00:20:47 peut-être que cette affaire mériterait...
00:20:49 -Comme si on s'habitue, pardon, mais...
00:20:51 -On va en parler, mais d'abord, sur ce qui s'est passé,
00:20:55 je voudrais insister sur le fait qu'il faut rester assez prudent,
00:20:57 parce qu'il y a quand même des zones d'ombre
00:20:59 dans la succession des événements,
00:21:01 dans la responsabilité des uns et des autres,
00:21:03 dans les intentions.
00:21:04 J'ai pu constater des écarts de récits assez importants,
00:21:07 en fait, selon les sources,
00:21:08 et vous en avez quatre dans cette affaire.
00:21:10 Vous avez le parquet de sans-lice,
00:21:11 donc c'est lui qui dirige l'enquête.
00:21:12 Vous avez l'avocat de la famille de la petite Shannon.
00:21:15 Vous avez les avocats des trois cos mis en examen,
00:21:19 et puis vous avez la rue, les voisins, la bande, la rumeur, etc.
00:21:23 Et donc, dans les articles de presse qui relatent l'affaire,
00:21:25 vous avez tous ces points de vue qui se mélangent,
00:21:28 et c'est pas évident, en fait, de faire le tri.
00:21:31 Alors moi, je vais tenter de vous clarifier
00:21:33 le déroulé des événements. -Merci.
00:21:35 -Oui, parce qu'assez peu de choses ont été écrites sur cette affaire,
00:21:38 qui remonte quand même au 6 mars,
00:21:39 c'est-à-dire il y a maintenant presque un mois.
00:21:41 C'était un mercredi, et donc, la petite Shannon,
00:21:44 vous avez sa photo à l'écran, elle a 13 ans,
00:21:46 elle est collégienne, elle est en classe de 3e.
00:21:48 Elle habite un petit village qui s'appelle Coffry,
00:21:50 qui est au nord de Creil,
00:21:51 c'est à une trentaine de kilomètres au nord de Creil,
00:21:54 dans l'Oise.
00:21:55 Et elle demande, ce mercredi après-midi,
00:21:58 à sa maman de la déposer chez ce qui semble être
00:22:01 l'une de ses meilleures amies,
00:22:02 dans le village d'à côté, qui s'appelle Rantini.
00:22:05 Alors, la maman ne se pose pas trop de questions,
00:22:07 elle emmène sa fille visiblement assez souvent
00:22:09 chez sa copine en voiture.
00:22:11 Elle attend que sa fille soit rentrée à l'intérieur de la maison
00:22:14 pour ensuite partir faire 2-3 petites courses
00:22:16 dans le secteur, il y a un petit supermarché
00:22:19 juste à côté de chez la copine.
00:22:20 Et une demi-heure plus tard, elle reçoit un appel,
00:22:23 alors, je n'ai pas trouvé qui l'avait appelé,
00:22:24 mais vraisemblablement, je pense que ce sont les autorités,
00:22:26 qui l'informent que sa fille est grièvement blessée,
00:22:30 qu'elle est dans un état critique.
00:22:32 Une demi-heure après, alors, que s'est-il passé dans la maison ?
00:22:34 Là, c'est toute la question.
00:22:36 Alors, il apparaît que les deux adolescentes,
00:22:38 les deux copines, elles sont rejointes
00:22:39 par deux types de 18 et 19 ans,
00:22:42 donc deux jeunes hommes, mais quand même sensiblement
00:22:44 plus âgés qu'elles, deux majeurs, alors qu'elles sont mineures.
00:22:47 Et c'est là que ça devient flou, parce qu'apparemment,
00:22:50 ils ont été invités par les filles,
00:22:53 mais est-ce que c'est par les deux copines
00:22:55 ou est-ce que c'est seulement par l'une d'entre elles ?
00:22:57 Alors, de ce que j'ai compris,
00:22:59 ce serait plutôt l'ami de Shannon qui aurait invité les garçons,
00:23:04 mais peut-être qu'elle n'en aurait invité qu'un seul,
00:23:06 qui pourrait être son petit copain,
00:23:08 ou bien un garçon avec qui elle aurait échangé
00:23:09 sur les réseaux sociaux, en l'occurrence TikTok,
00:23:11 et il aurait pu lui mentir sur son âge
00:23:14 afin de provoquer la rencontre.
00:23:15 Vous voyez, tout ça est un petit peu flou,
00:23:17 et selon les articles que vous lisez,
00:23:19 que ce soit dans le journal Le Parisien,
00:23:20 dans la presse quotidienne régionale,
00:23:22 vous n'avez pas tout à fait les mêmes détails.
00:23:25 Le courrier Picard, qui est le journal de l'Oise,
00:23:27 lui parle d'un rendez-vous amoureux
00:23:29 entre la copine de Shannon et son petit ami de 18 ans,
00:23:33 qui aurait donc ramené son copain ou bien son frère.
00:23:37 Tout ça n'est pas encore très clair.
00:23:39 On va marquer une pause et on va revenir
00:23:40 sur les détails de cette histoire.
00:23:43 Je pense qu'il ne faut pas oublier
00:23:45 et il ne faut pas passer à ces événements sous silence.
00:23:47 On marque une pause, à tout de suite.
00:23:49 On retourne sur le plateau de Face à l'Info.
00:23:55 Beaucoup d'actualités ce soir,
00:23:56 et on tenait absolument avec l'équipe de Face à l'Info
00:23:59 à parler ce soir de la jeune Shannon, 13 ans,
00:24:02 qui a été violée et décédée des suites de ses blessures
00:24:06 trois semaines après.
00:24:07 Dimitri, vous nous expliquiez le VFA
00:24:09 et vous nous racontiez que là, on est dans la maison,
00:24:12 il y a les deux jeunes filles et deux garçons
00:24:14 qui ont été invités par une amie de Shannon, a priori.
00:24:17 Que s'est-il passé ?
00:24:18 -Je vous expliquais que... -De Shannon.
00:24:20 -On ne sait pas vraiment, on n'a pas tout le détail précis
00:24:23 de comment les deux garçons entrent en contact
00:24:25 avec les deux filles, quels sont les liens qui les unissent.
00:24:27 Mais ce que l'on sait, c'est qu'une fois les quatre dans la maison,
00:24:31 la copine de Shannon aurait couché avec le premier type,
00:24:34 celui de 18 ans, et Shannon serait donc allée
00:24:36 dans une autre pièce de la maison avec l'autre garçon,
00:24:39 le plus âgé, celui de 19 ans, dont on ne sait pas encore
00:24:42 si c'est l'ami du premier ou si c'est son frère.
00:24:45 Et à partir de là, les versions vont diverger totalement
00:24:49 selon qu'elles émanent des avocats de la famille de Shannon
00:24:52 ou bien des avocats de ceux qui sont mis en examen.
00:24:55 Je vous donne d'abord la version de la défense
00:24:58 des trois commis en examen.
00:25:00 Il semble que ces trois-là, en l'occurrence,
00:25:02 les deux jeunes hommes, mais aussi la copine de Shannon,
00:25:06 qui serait a priori sa meilleure amie,
00:25:08 Shannon aurait eu un rapport sexuel avec le plus âgé des deux,
00:25:12 le type de 19 ans, que vraisemblablement,
00:25:14 elle ne connaissait pas depuis très longtemps,
00:25:16 voire elle ne connaissait pas du tout.
00:25:18 Mais, dit la défense du type en question,
00:25:21 la jeune fille aurait été soudainement prise de convulsion
00:25:24 et aurait fait un arrêt cardiaque.
00:25:26 Et c'est la copine qui lui aurait porté les premiers secours,
00:25:29 un passage cardiaque, à son amie avant l'arrivée des pompiers.
00:25:32 Ce n'est pas du tout la version de la famille de Shannon.
00:25:36 Je vous préviens, c'est assez difficile à entendre.
00:25:39 La famille parle d'une scène d'une rare violence.
00:25:41 La jeune adolescente aurait été retrouvée dans une mare de sang,
00:25:45 une plaie béante au niveau du vagin qui aurait été déchirée.
00:25:48 Semble-t-il, Shannon, ça s'est établi,
00:25:50 était en arrêt cardiorespiratoire quand les pompiers sont arrivés.
00:25:54 Et Shannon est sortie sur un brancard de la maison
00:25:58 par les pompiers et son pronostic vital est engagé.
00:26:01 C'est ce qu'a expliqué le procureur de Sanlis,
00:26:05 qui pilote l'enquête.
00:26:06 La jeune fille est transférée à l'hôpital.
00:26:08 Tout ça, on est le 6 mars, il faut la voir en tête.
00:26:10 Et elle est maintenue en vie comme cela,
00:26:13 par un respirateur, pendant trois semaines.
00:26:15 D'après le Parisien, l'adolescente est en état de mort cérébrale
00:26:20 depuis l'agression.
00:26:21 Il y aurait apparemment eu un moment d'espoir pour elle.
00:26:24 Les médecins auraient vite expliqué à la famille
00:26:26 qu'il n'y avait plus de vie future possible pour Shannon.
00:26:29 C'est sa mère qui prend la décision de la débrancher
00:26:33 mercredi dernier, le 27 mars, trois semaines pile après l'effet.
00:26:37 -Quand est-il mis en examen à ce stade ?
00:26:40 -Je vous le dis, il y a les deux jeunes hommes.
00:26:43 Le violeur présumé de 19 ans, qui est en détention provisoire.
00:26:48 Si c'est la version de la famille qui est établie,
00:26:51 là, on est quand même dans un niveau de barbarie,
00:26:55 qui est absolument ahurissant.
00:26:58 Si ces faits-là sont établis, son ami,
00:27:01 et donc éventuelle complice, et l'adolescente mineure,
00:27:04 on déduit que c'est l'ami de Shannon,
00:27:07 ceux-là sont soupçonnés d'abstention volontaire d'empêcher un crime.
00:27:11 Ils ont été laissés libres, mais sous contrôle.
00:27:13 Les questions qui se posent, est-ce que c'était un guet-apens ?
00:27:16 Est-ce que c'était un guet-apens qui visait Shannon ?
00:27:19 Est-ce que c'est un accident ?
00:27:21 Comment les garçons ont pris contact avec les filles ?
00:27:25 Est-ce qu'eux ont menti sur leur âge ?
00:27:27 Est-ce que les filles ont menti sur leur âge en disant qu'elles avaient 15 ans ou plus ?
00:27:31 Toutes ces questions-là, pour le moment, on ne sait pas trop.
00:27:33 Une autopsie a été pratiquée vendredi.
00:27:35 Il se trouve que les résultats sont censés tomber aujourd'hui.
00:27:38 Je pense qu'on va assez rapidement en savoir davantage.
00:27:41 Shannon aurait dû fêter son 14e anniversaire dans trois jours,
00:27:44 avec son frère jumeau.
00:27:45 À la place, c'est son enterrement qui va avoir lieu en début de semaine prochaine.
00:27:49 La famille, qui apparemment n'a pas trop de sous, a organisé une cagnotte.
00:27:54 Ils ont levé 16 000 euros pour offrir une belle cérémonie à leur fille.
00:27:57 Une marche blanche devrait avoir lieu la semaine prochaine.
00:27:59 Je vous la raconte de manière un peu mécanique, un peu clinique.
00:28:04 Pour vous dire d'abord qu'on ne sait pas tout,
00:28:06 et parce que, toute l'après-midi, je n'ai pas essayé de rationaliser l'affaire.
00:28:12 C'est trop sordide.
00:28:13 Si vraiment c'est ça qui s'est produit, on est dans l'abject, l'abominable.
00:28:17 Ça m'a rappelé l'affaire de Shaina.
00:28:19 Vous vous rappelez, Shaina s'est passée à Crest, il n'y a pas très loin.
00:28:24 L'affaire est un peu différente, mais c'est une jeune fille de 13 ans
00:28:27 qui avait été mise enceinte par un type qui était vraiment un sale type,
00:28:30 qui disait d'elle, "Je ne veux pas être le père d'un fils de pute",
00:28:33 en parlant du gamin que la jeune Shaina portait en elle,
00:28:36 et il l'aurait tué en lui mettant le feu.
00:28:39 Donc on est aussi là dans une barbarie absolument extrême.
00:28:43 Les faits ne sont pas les mêmes,
00:28:45 mais vous voyez, il y a quelque chose d'assez similaire.
00:28:48 La question que je me pose, c'est comment se fait-il
00:28:51 qu'il ait fallu trois semaines pour qu'on parle de cette histoire-là ?
00:28:55 - C'est ça. - Est-ce qu'il a fallu que Shannon décède
00:28:58 pour que son affaire devienne suffisamment intéressante
00:29:01 pour que les médias s'en saisissent ?
00:29:02 Le premier article que j'ai retrouvé, c'est Wazebdo,
00:29:05 donc c'est la presse locale, qui en parle seulement samedi.
00:29:08 - Samedi 30 mars, vous voyez ? - Après la mort.
00:29:10 Après le décès de la jeune fille.
00:29:13 Est-ce que le viol de Shannon était si banal
00:29:17 qu'il a fallu qu'elle le paye de sa vie pour qu'on en parle ?
00:29:20 Je vous répondrais peut-être.
00:29:22 Peut-être, en effet,
00:29:23 tant le phénomène des violences sexuelles en France est massif.
00:29:28 On parle, et les chiffres sont assez imprécis,
00:29:30 de 40 000 mineurs victimes chaque année de violences sexuelles.
00:29:34 Je mets à part tout ce qui est intrafamilial.
00:29:37 Mathieu disait tout à l'heure, parler des violences intrafamiliales,
00:29:39 c'est un phénomène de société absolument massif.
00:29:41 Là, on n'est pas tout à fait dans ce contexte-là.
00:29:43 Mais quand même, 40 000 mineurs victimes de violences sexuelles,
00:29:47 de l'attouchement jusqu'à l'agression sexuelle,
00:29:49 jusqu'au meurtre sexuel barbare,
00:29:51 et à 80 %, les victimes sont des filles.
00:29:55 Et c'est bien qu'on ait pu en parler ce soir,
00:29:58 sans savoir tout le détail,
00:29:59 parce que ce qui est arrivé à Shannon,
00:30:01 franchement, on ne souhaite pas que ça se reproduise.
00:30:04 Exactement. Merci en tout cas pour la famille,
00:30:07 pour les habitants aussi, qui se posent beaucoup de questions.
00:30:11 Et ça nous fait penser aussi tristement à Cherbourg,
00:30:13 même si la jeune fille était plus âgée.
00:30:16 On ne veut pas passer sous silence ces moments,
00:30:18 même si c'est difficile pour nous d'en parler.
00:30:21 Que ce soit dit, c'est très difficile pour nous d'en parler.
00:30:24 Marc Menon, alors que CNews a été première chaîne info ex-aequo
00:30:28 au mois de mars,
00:30:30 et merci d'ailleurs à tous les téléspectateurs de Face à l'info,
00:30:34 qui sont très fidèles depuis plus de quatre ans,
00:30:37 alors qu'une commission d'enquête, je te disais en titre en cours,
00:30:40 voudrait remettre en question la fréquence de CNews,
00:30:44 force est de constater que les critiques pleuvent.
00:30:47 J'avoue, et les journalistes de CNews également,
00:30:51 avoir du mal à me reconnaître dans certains portraits.
00:30:53 Vraiment, je trouve une telle différence,
00:30:56 un tel écart entre ce qu'on peut lire,
00:30:59 par exemple, comme sur Mediapart,
00:31:02 CNews qui fabrique la haine et la réalité.
00:31:05 Et la question qu'on s'est posée ce soir, Marc Menon, pour en parler,
00:31:08 c'est est-ce qu'à un moment ou un autre,
00:31:10 vous vous sentez, nous nous sentons, fabriqueurs de haine ?
00:31:14 Non seulement fabriqueurs de haine,
00:31:17 mais aussi fabriqueurs de haine,
00:31:19 mais aussi fabriqueurs de haine,
00:31:21 et vivre sous la férule d'un dictateur
00:31:24 qui imposerait les sujets,
00:31:27 qui ne tolérerait pas qu'il y ait le moindre propos contradictoire,
00:31:31 c'est-à-dire que l'on serait dans une presse
00:31:34 encore plus corsetée qu'en Union soviétique.
00:31:37 On aurait, là, non pas à donner le papier
00:31:41 pour vérifier ce que l'on a écrit, et moi, j'écris pas.
00:31:44 Alors, c'est encore plus dur,
00:31:45 - Les ouillettes, c'est pour me dire...
00:31:48 Arrêtez, Marc Menon !
00:31:49 (Rires)
00:31:51 - Mais donc, c'est invraisemblable,
00:31:54 et alors, il y a une sorte d'unanimité.
00:31:57 Unanimité qui vient de quoi ?
00:31:59 Eh bien, sans doute, de quelque chose
00:32:02 qui s'est instillé tout doucement dans notre société depuis des années.
00:32:07 C'est l'esprit de victimisation.
00:32:10 Mathieu a reçu Pascal Brüttner ce week-end.
00:32:13 Il faut lire son livre "Je souffre, donc je suis",
00:32:17 car tout est là.
00:32:18 On est dans une société... - Très belle émission.
00:32:21 - Oui, avec un beau succès d'écoute, donc tout va bien,
00:32:24 mais alors, s'il a un succès d'écoute,
00:32:26 c'est qu'il y a quelque chose qui va pas, il est suspect.
00:32:30 Ce qui est dramatique dans tout cela,
00:32:32 donc, là, vous avez Pascal Brüttner
00:32:35 qui essaie de comprendre, de décrypter.
00:32:37 Il dit "Il y a eu la Shoah,
00:32:40 "il y a eu cette abomination de l'abomination
00:32:44 "et des martyrs, reconnus comme tels,
00:32:49 "et le peuple juif,
00:32:50 "qui, soudain, est pris en considération
00:32:54 "par rapport à ce qu'il a subi."
00:32:57 Et de là naît, presque,
00:32:59 chez ceux qui, dans leur domaine,
00:33:02 dans leur petit coin,
00:33:04 se sentent, eux aussi, en souffrance,
00:33:07 une sorte de jalousie morbide.
00:33:09 Quelque chose d'épouvantable du côté de l'âme.
00:33:13 C'est-à-dire, pourquoi eux seraient toujours reconnus
00:33:17 comme ayant subi ce qui était intolérable,
00:33:20 alors que moi, au quotidien, je suis là, dans la mouise,
00:33:23 je suis là à subir le racisme,
00:33:25 à subir le fait qu'on reconnaisse pas
00:33:28 ma différence sexuelle, etc.
00:33:31 Et donc, à partir de là,
00:33:34 il y a une presse
00:33:35 qui a fini par porter la cause,
00:33:38 une sorte de fausse compassion.
00:33:40 Et il y a un discours uniforme
00:33:43 qui s'est instauré dans les médias.
00:33:46 Il faut être à l'écoute
00:33:49 de tous ceux qui gègnent, de tous ceux qui souffrent.
00:33:53 C'est donc l'intersectionnalité
00:33:56 de ceux qui se sont enfermés dans des domaines
00:34:00 et qui disent "ma vie est épouvantable,
00:34:03 "vous ne vous rendrez pas compte, au quotidien, ce qui m'arrive."
00:34:06 Alors oui, c'est vrai.
00:34:08 N'oublions pas que les homosexuels,
00:34:09 très longtemps, jusqu'à il y a une vingtaine d'années,
00:34:13 c'était un crime que de se retrouver
00:34:17 dénoncés pour homosexualité.
00:34:20 Donc ça, c'est une évidence.
00:34:21 Oui, les femmes subissaient et subissent encore des atrocités.
00:34:26 Mais lorsque l'on voit comment on peut se plaindre
00:34:30 et dans quelle outrance,
00:34:32 n'oublions pas déjà que nous pourrions tous
00:34:35 nous assimiler à une cause de martyr.
00:34:38 Moi qui suis fils d'ouvrier,
00:34:39 moi qui ai connu les fins de mois difficiles de ma famille,
00:34:44 où l'on ne pouvait pas se rendre chez l'épicier
00:34:46 parce qu'on n'avait plus les moyens d'aller acheter l'huile
00:34:50 dont on avait besoin.
00:34:52 Est-ce que pour autant, je suis quelqu'un
00:34:55 qui doit m'inscrire dans un désir de réparation de la société ?
00:35:00 Ceux qui, en avril 1834,
00:35:06 avaient des ascendants, des ancêtres,
00:35:10 qui se trouvaient dans l'immeuble rue Transnenin,
00:35:13 et que Bugeaud a fait une intervention
00:35:16 en massacrant l'ensemble de ceux qui habitaient cet immeuble,
00:35:21 tout simplement parce que lors des barricades,
00:35:24 il y avait un capitaine qui avait été tiré
00:35:27 par l'un des habitants de cet immeuble
00:35:30 et il fallait prendre les mesures de répression.
00:35:36 -Qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:35:38 -A travers tout ça, c'est que tout un chacun peut sentir,
00:35:42 qu'il a dans sa généalogie,
00:35:45 des points qui peuvent le mettre en mortriciose.
00:35:48 Que tout un chacun a des souffrances au quotidien.
00:35:51 Mais à partir de là,
00:35:52 la presse ne peut pas entrer dans cette empathie.
00:35:55 Alors nous, on nous reproche de quoi ?
00:35:57 On nous reproche de dire à tel endroit
00:36:00 que dans les écoles, l'islamisme fait des dégâts.
00:36:04 -Ce soir, on n'en a pas parlé.
00:36:06 -Non, mais on va avoir des faits divers
00:36:09 que l'on ne considère pas comme un fait divers
00:36:12 parce qu'on regarde la situation et on dit "à cet endroit-là".
00:36:16 Mais c'est simplement un fait social.
00:36:18 Donc là, on est dans la sociologie.
00:36:20 Quand on parle de l'immigration, c'est pas une obsession.
00:36:24 Alors, Rocard devient un facho, lui aussi.
00:36:27 C'est-à-dire qu'ici, sur cette chaîne,
00:36:30 on a cherché à traiter les sujets en toute impartialité,
00:36:34 en toute objectivité,
00:36:36 chacun selon nos sensibilités,
00:36:40 chacun selon notre propre parcours
00:36:43 et surtout notre réflexion intellectuelle,
00:36:46 dans son intégrité, dans ce désir de réfléchir
00:36:50 et de ne pas être des perroquets
00:36:52 qui reprenons des causes pour essayer,
00:36:55 eh bien, de nous dorer une sorte de conscience sublime
00:36:59 en disant "Regardez, nous, on soutient ces pauvres gens
00:37:02 "comme nous sommes admirables."
00:37:05 -Et où est la haine ? -Eh bien, la haine,
00:37:07 c'est qu'à partir du moment où on n'est pas dans la compassion
00:37:11 de toutes ces causes, vous devenez un élément de haine.
00:37:14 Parce que là, vous dites "Il y a de l'islamisme,
00:37:17 "c'est intolérable qu'une damine se retrouve à l'école
00:37:20 "avec son abaya, qu'elle force et qu'elle mente
00:37:23 "en disant 'le proviseur m'a ruidoyer'
00:37:26 "et que l'on s'aperçoive qu'elle a menti
00:37:29 "et que le proviseur ne faisait que son métier
00:37:31 "en demandant à la jeune fille de se plier à la loi."
00:37:35 Eh bien, là, vous devenez une ordure,
00:37:37 parce que la pauvre gamine, sa famille,
00:37:39 elle est dans un quartier
00:37:43 où on n'est pas spécialement bien assimilé
00:37:46 et qu'à partir de là, c'est intolérable.
00:37:48 Vous savez, la Cour de cassation, en 2023,
00:37:51 a été interpellée par des gens qui demandaient réparation
00:37:55 car ils s'estimaient descendants d'esclaves.
00:37:59 Et il leur fallait avoir des indemnités,
00:38:01 une prise en considération de leur situation.
00:38:04 -Vous avez un contact ? -Pardon ?
00:38:07 -Vous avez un contact ? -Non, je rigole.
00:38:09 -Pour détendre l'atmosphère. -Vous avez raison.
00:38:12 A partir de là, nous sommes des pourris, des salauds,
00:38:15 simplement parce qu'on ose regarder ce qui se passe,
00:38:19 ce qui se trame dans notre société,
00:38:22 et de l'exposer sans justement tomber dans cette commisération.
00:38:26 -C'est intéressant, Charlotte Dornelas.
00:38:29 En quoi parler de tout, parler du réel,
00:38:31 c'est être dans la fabrique de la haine ?
00:38:34 Pardon, mais j'arrive toujours pas à comprendre.
00:38:37 J'ai bien compris ce que vous dites.
00:38:39 Mais le fait que si on est dans la fabrique de la haine,
00:38:43 c'est tellement faux, tellement irréel !
00:38:46 -C'est la logique de l'inversion.
00:38:48 -C'est une technique qui est utilisée depuis longtemps
00:38:51 de qualifier moralement un désaccord politique.
00:38:54 Ça se faisait sur le terrain politique,
00:38:56 car les gens qui le portaient précisément,
00:38:59 soit dans le terrain médiatique, de l'analyse,
00:39:01 de la sociologie, Mathieu, vous en parlerez mieux que moi.
00:39:05 Sur tous ces terrains-là, la parole était supprimée.
00:39:08 On attaquait uniquement sur le terrain politique
00:39:10 les différents courants.
00:39:12 Il y avait le Front ou le Rassemblement national.
00:39:15 N'importe quel homme politique, où qu'il se situe,
00:39:18 s'il abordait certains sujets,
00:39:20 il marchait sur les terres du Front.
00:39:22 C'est toujours une manière de ramener à ça.
00:39:25 Maintenant que le pluralisme s'installe,
00:39:27 non pas parce que tout le monde pense la même chose,
00:39:30 mais parce que certains qui n'ont pas la parole ailleurs
00:39:33 parlent aussi sur cette chaîne,
00:39:35 et que le public apprécie cette volonté de pluralisme
00:39:38 justement dans les avis qui sont donnés,
00:39:41 il faut taper de la même manière,
00:39:43 parce qu'on ne supporte pas.
00:39:45 Le meilleur moyen, quand on n'a pas forcément d'argument,
00:39:48 d'attaquer des arguments ou des contradictions sur le fond,
00:39:52 c'est de décrédibiliser moralement,
00:39:54 et c'est exactement ce qu'ils font.
00:39:56 -En fait, je ne suis pas très surpris.
00:39:58 Peut-être n'ai-je pas la même sensibilité que vous,
00:40:01 mais me faire traiter d'honneux par ces gens-là,
00:40:04 nous tous, ça fait partie de leur travail.
00:40:07 Ce sont des commissaires politiques.
00:40:09 -Ca reste. Je comprends ce que vous dites.
00:40:11 -Je préférais être tout le monde même.
00:40:14 Je préférais être une rockstar,
00:40:16 je préférais qu'on me prenne pour Brad Pitt,
00:40:19 mais sur un Brad Pitt moral.
00:40:21 -J'aimerais que tout le monde m'aime
00:40:23 et qu'on me dise de marier ma fille.
00:40:25 -Ne caricaturez pas non plus.
00:40:27 -Ce que je veux dire, c'est...
00:40:29 -Ils sont haineux depuis longtemps.
00:40:31 Le fait est que depuis...
00:40:32 Si on fait l'histoire du XXe siècle,
00:40:35 toute remise en question de la réussite de l'idéologie dominante,
00:40:38 en Union soviétique, on nous disait
00:40:40 "vous êtes des conspirateurs réactionnaires",
00:40:43 on appelait ça des saboteurs.
00:40:45 Pourquoi le socialisme ne fonctionnait pas ?
00:40:48 C'était le saboteur qui l'empêchait de fonctionner.
00:40:51 Comment nomme-t-on les saboteurs du régime diversitaire
00:40:54 qui ne fonctionnent pas ?
00:40:55 L'immigration massive n'a pas fonctionné.
00:40:58 L'éclatement du monde en 3 millions d'identités
00:41:01 n'a pas fonctionné.
00:41:02 Comment nomme-t-on le saboteur de l'URSS ?
00:41:05 On l'appelle le provocateur de haine,
00:41:07 le producteur de haine.
00:41:08 On est devant une idéologie qui nomme à haine
00:41:11 toute forme de désaccord avec sa vision des choses.
00:41:14 Ils font leur travail, je ne suis pas surpris.
00:41:17 C'est fascinant, ils sont beaucoup plus haineux
00:41:20 que parmi les gens dans le système médiatique.
00:41:22 Je n'ai jamais vu aussi haineux que ces commissaires politiques
00:41:26 qui n'aimeraient que raconter des histoires d'excréments.
00:41:30 Ils se sont reconnus dans le début du texte.
00:41:32 -Ce qui est intéressant, c'est de se dire
00:41:35 qu'il y a des gens qui vivent la même chose.
00:41:37 Ils nous écoutent et peuvent comprendre la mécanique.
00:41:40 Ils sont critiqués parce qu'ils viennent chez nous,
00:41:43 parce qu'ils sont proches de nous.
00:41:46 -Mais il n'y a pas de logique de débat.
00:41:48 Je veux dire Mediapart qui reproche à CNews
00:41:50 d'être une chaîne d'opinion.
00:41:52 L'opinion de Mediapart, on s'en fiche.
00:41:55 L'opinion de l'Arkom compte.
00:41:56 L'opinion de l'Arkom a été très claire.
00:41:59 Le cadre de la loi est respecté.
00:42:01 Et puis, les leçons d'opinion de Mediapart,
00:42:04 quand ils organisent des débats sur le thème
00:42:06 "comment lutter contre l'extrême droite"
00:42:09 et qu'on entend une comédienne, Maro Dramma,
00:42:12 expliquer qu'il faut prendre les armes,
00:42:14 et ça passe crème.
00:42:16 -Il porte plein d'armes.
00:42:17 -Le RN a porté plus de pouces.
00:42:19 -Ils n'ont pas envie d'en sauver une balle dans la tête.
00:42:22 -Médiapart sait aussi susciter la haine.
00:42:25 La gifle que prend Edoui Plenel de la part de Maïwenn,
00:42:28 il ne l'a pas volée, cette haine-là.
00:42:30 -En tout cas, moi, je veux absolument
00:42:32 que mes moustetaires continuent à être des moustetaires.
00:42:36 Donc je vous ai emmené...
00:42:37 Non. Je vous ai emmené des petites épées
00:42:40 que j'ai récupérées au château de Guédelon,
00:42:43 que j'ai été visiter.
00:42:44 -C'est Excalibur.
00:42:46 -Que j'ai récupérées au château de Guédelon.
00:42:49 Vous savez, c'est un château qui est...
00:42:51 -Il fait selon les...
00:42:52 -Aux trésors du temps.
00:42:54 -Exactement.
00:42:55 A visiter. Rien à déjouer.
00:42:57 Je mets la petite affiche ici.
00:42:59 Et continuez surtout...
00:43:00 Dimitri, vous laissez mes cadeaux.
00:43:02 Il y a Julien Pasquet qui veut les récupérer.
00:43:05 Je vous ai à l'oeil, si vous le lâchez.
00:43:07 -Je vais la ranger dans mon four.
00:43:09 -Ah, c'est bien, mon Dimitri.
00:43:11 -Ca vous va bien.
00:43:12 J'ai emmené ça pour ma bien-Charlotte.
00:43:15 Pour qu'elle puisse être une princesse qu'elle est.
00:43:18 Vous avez choisi le rouge ou le blanc.
00:43:20 Ca ne nous empêchera pas de continuer notre émission.
00:43:23 On a des sujets importants à aborder ce soir,
00:43:27 notamment avec vous, dans un instant,
00:43:29 cette bisbille entre public et privé, on va dire,
00:43:32 avec ces deux députés, LFI et Renaissance,
00:43:35 qui veulent critiquer le financement
00:43:37 de l'école publique.
00:43:39 Charlotte Berné-Lens, avec les précautions
00:43:41 dont on a parlé au début avec Mathieu Bocoté,
00:43:44 avec cette difficulté qu'on a d'aborder
00:43:46 le sujet du petit Émile,
00:43:48 on va s'intéresser avec vous
00:43:50 pour essayer de comprendre
00:43:52 pourquoi cette histoire nous choque,
00:43:54 pourquoi, dans le prolongement de ce qu'a dit Mathieu,
00:43:57 on ne peut pas en parler,
00:43:59 qu'est-ce que ça veut dire de nous,
00:44:01 téléspectateurs et journalistes ?
00:44:03 -Je crois qu'il y a une chose première,
00:44:06 c'est que le mal, de manière générale,
00:44:08 nous dérange, nous indispose, nous gêne,
00:44:10 et il y a l'éternelle question
00:44:12 qui se pose à notre intelligence,
00:44:15 parce qu'il y a dans le mal un mystère immense.
00:44:17 Tout le monde, même en commettant le mal,
00:44:20 c'est élémentaire, cherche le bien.
00:44:22 Il y a parfois des biens qui n'en sont pas, certes,
00:44:25 mais le mal est vraiment quelque chose
00:44:27 qui choque profondément notre intelligence.
00:44:30 Or, l'homme étant rationnel,
00:44:32 il cherche à comprendre, il cherche des raisons.
00:44:34 Devant le mystère du mal, qu'est la mort d'un enfant,
00:44:38 il cherche à comprendre la circonstance de cette mort.
00:44:41 Ça n'est pas normal qu'un enfant meure,
00:44:43 encore moins à cet âge-là,
00:44:45 avec le mystère qui entoure la mort de cet enfant.
00:44:48 Notre intelligence mouline,
00:44:50 parce qu'elle veut des réponses,
00:44:52 parce que c'est insupportable de le faire.
00:44:55 Mathieu a évoqué toutes les situations dans la vie
00:44:58 où des enfants perdent leurs parents.
00:45:00 Quand un mari perd sa femme,
00:45:02 il y a des mots.
00:45:03 Des parents qui perdent un enfant,
00:45:05 ça ne se qualifie même pas.
00:45:07 Un enfant qui est assez riche ne le qualifie pas.
00:45:10 Ça génère une immense communion, d'abord.
00:45:12 Une communion à l'échelle du pays,
00:45:15 une communion de compassion réelle.
00:45:17 Je mets certains journalistes de côté, malheureusement,
00:45:20 et ça me fait mal de le dire,
00:45:22 mais c'est la stricte réalité depuis le début de cette affaire.
00:45:26 Il y a une communion.
00:45:27 Les parents d'Emile avaient très régulièrement,
00:45:30 quand ils ont pris la parole,
00:45:32 ils ont systématiquement,
00:45:34 et c'est vrai dans le communiqué,
00:45:36 à la fois les enquêteurs, les juges d'instruction,
00:45:39 mais également tous ces Français qui leur ont apporté du soutien,
00:45:43 parfois physiquement,
00:45:44 en venant chercher le petit Emile pendant des jours.
00:45:47 Et depuis.
00:45:48 Vous ajoutez à ça, évidemment, à la question de la mort d'un enfant,
00:45:52 le mystère qui attise toujours la curiosité de tous,
00:45:56 et souvent, malheureusement, publiquement et globalement,
00:45:59 et Marc évoquait à bon escient l'affaire du petit Grégory,
00:46:03 le pire quand ça devient médiatisé, collectif,
00:46:06 et que tout le monde cherche des hypothèses
00:46:08 qui se transmettent dans le débat public.
00:46:11 On cherche les tréfonds de la nature humaine,
00:46:13 on imagine toujours qu'il y a quelqu'un derrière,
00:46:16 parce qu'on cherche à la fois à comprendre,
00:46:19 à se rassurer, à comprendre ce qu'il y a eu.
00:46:21 Et là, je pense qu'il faut vraiment,
00:46:24 et c'est vrai médiatiquement, mais c'est vrai collectivement,
00:46:27 parce que les journalistes le font aussi,
00:46:30 la dignité collective de nos comportements.
00:46:32 On s'interroge souvent sur la dignité,
00:46:35 et on accole parfois la dignité aux personnes.
00:46:37 Je pense que toute personne, parce qu'elle est une personne,
00:46:40 est digne. En revanche, il y a des comportements
00:46:43 qui, eux, sont particulièrement indignes.
00:46:45 C'est vraiment là-dessus, dans ce genre d'affaires,
00:46:48 qu'il faut s'interroger.
00:46:50 Le procureur a commencé sa conférence de presse
00:46:53 en appelant, en disant que les parents d'Emile
00:46:56 et la famille d'Emile traversaient encore
00:46:58 un moment douloureux dans la dignité.
00:47:00 C'est le mot qu'il a utilisé.
00:47:02 Et il appelait tous les gens qui l'écoutaient
00:47:05 au respect et à la mesure.
00:47:07 Mot, à mon avis, choisi, étant donné les circonstances.
00:47:10 Et les parents, qui sont restés discrets
00:47:12 depuis le début, depuis ces neuf mois,
00:47:15 ils ont à nouveau pris la parole, cette fois-ci,
00:47:18 par le bien d'un communiqué envoyé par leur avocat.
00:47:20 Ils indiquent trois choses.
00:47:22 Je les cite.
00:47:23 "Leur aide au deuil, au recueillement et à la prière."
00:47:27 "Leur avocat parle, Marie et Colomban,
00:47:29 "les parents d'Emile, savent désormais,
00:47:31 "en ce dimanche de la résurrection,
00:47:33 "qu'Emile veille sur eux dans la tendresse de Dieu.
00:47:36 "Mais la douleur et le chagrin demeurent."
00:47:38 Je précise qu'ils précisent que la douleur et le chagrin demeurent
00:47:42 parce que pendant tous ces mois, quand ils ont dit
00:47:45 qu'ils avaient la foi, certains ont dit qu'ils se rendent pas compte.
00:47:49 Quelqu'un a prononcé cette phrase.
00:47:51 "Ils ne se rendent pas compte de la gravité de ce qui leur arrive."
00:47:55 Je referme la parenthèse.
00:47:56 Ensuite, ils demandent aux journalistes,
00:47:59 dans ce communiqué, de respecter leur deuil
00:48:02 en ne se présentant pas chez eux et en ne cherchant pas à les contacter.
00:48:06 C'est vrai pour beaucoup de familles.
00:48:08 Il y a des parents, parfois, qui ont envie, besoin
00:48:11 ou tout simplement qui contactent des journalistes pour parler.
00:48:15 En général, contacter un journaliste
00:48:17 parce qu'on a quelque chose à dire, c'est la chose la plus simple.
00:48:21 Si les parents d'Emile ont envie de parler un jour,
00:48:24 ils peuvent le trouver, d'autant que l'intégralité des journalistes
00:48:27 leur a écrit depuis neuf mois.
00:48:29 S'ils nous demandent de ne pas le faire,
00:48:32 c'est quelque chose qu'il faut respecter.
00:48:34 Ils ont dit, dans ce communiqué, ce qu'eux avaient à dire.
00:48:38 Ils ont dit des choses.
00:48:39 Ils ont dit leur douleur, évidemment.
00:48:42 Ils ont demandé la prière de ceux qui veulent prier.
00:48:46 Le silence et le recueillement nécessaires,
00:48:49 au moment où ils apprennent, au bout de neuf mois,
00:48:52 qu'ils ont vécu, la mort de leur petit garçon.
00:48:54 Ils ont ajouté à ça le remerciement,
00:48:56 notamment auprès des enquêteurs,
00:48:59 prouvant, dans ce communiqué, qu'ils attendent,
00:49:01 évidemment et toujours, de connaître la vérité
00:49:04 sur ce qui est arrivé à leur petit garçon,
00:49:07 quel qu'elle soit.
00:49:08 Il faut réaliser que, dans ces circonstances,
00:49:11 on a deux manières d'obtenir, entre guillemets,
00:49:13 des choses à dire sur cette histoire
00:49:16 qui nous touchent absolument tous.
00:49:18 C'est un, l'enquête.
00:49:19 Ils ont expliqué qu'il n'y avait rien à dire de plus,
00:49:22 en rentrant dans certains détails qu'ils ont appris,
00:49:25 mais aucune hypothèse.
00:49:27 La deuxième chose, c'est la famille.
00:49:29 La famille a eu des choses à dire.
00:49:31 Même quand les journalistes en parlent,
00:49:33 ils n'insistent pas sur ce que les parents ont à dire.
00:49:36 -Ces parents très discrets.
00:49:38 En effet, Charlotte avait pourtant pris la parole
00:49:41 dans Famille Chrétienne, on s'en souvient.
00:49:44 Puis, à nouveau, pour supplier quiconque serait quelque chose
00:49:48 sur leur fils, cette fois par un communiqué.
00:49:50 -C'est vrai qu'ils avaient parlé assez rapidement.
00:49:53 Ils l'avaient expliqué, c'était assez courageux,
00:49:56 vu la situation dans laquelle ils étaient.
00:49:58 Ils avaient pris en considération l'émotion
00:50:01 d'une infinité de Français, d'un pays tout entier.
00:50:04 Certains leur reprochaient de ne pas la prendre.
00:50:06 Je pense que là encore, il faut ne pas se mettre à leur place
00:50:10 pour ne pas comprendre qu'ils n'aient pas des choses à dire
00:50:13 dans l'attente atroce et la situation dans laquelle ils étaient.
00:50:17 Ils ont commencé par prendre la parole,
00:50:19 notamment pour répondre à certaines accusations,
00:50:22 pour faire une mise au point sur ce qu'ils étaient,
00:50:25 sur l'état de leur douleur et de ces parents dans la douleur.
00:50:28 La 2e fois qu'ils avaient pris la parole,
00:50:31 c'était à destination d'un éventuel ravisseur
00:50:33 ou de quiconque saurait quelque chose sur leur fils.
00:50:36 C'était le jour de l'anniversaire d'Emile.
00:50:39 Ils avaient fait un appel, clairement,
00:50:41 en disant "Soit notre enfant est mort,
00:50:43 "et par pitié, offrez-nous une sépulture
00:50:46 "pour le réveillir et savoir ce qui est arrivé à Emile,
00:50:49 "soit il est vivant et prenez pitié de nous",
00:50:51 précisant qu'ils ne cherchaient même pas,
00:50:54 en l'occurrence, si le petit Emile était vivant,
00:50:56 à comprendre, à poursuivre.
00:50:58 Ils voulaient simplement retrouver leur enfant mort ou vivant
00:51:02 et mettre un terme à cette attente insupportable.
00:51:05 Donc, un, ils avaient répondu aux commentaires franchement honteux
00:51:08 qui avaient accompagné leur calvaire,
00:51:11 on en avait déjà parlé ici,
00:51:12 et adressé aux Français de bonne volonté
00:51:15 sur ce qu'était leur foi, notamment dans ce calvaire-là,
00:51:18 sur ce qu'elle représentait et ce que ça changeait,
00:51:21 on va dire, pour eux, dans leur manière de vivre ce chemin de croix.
00:51:25 Deuxièmement, évidemment, ils avaient supplié
00:51:28 pour essayer de retrouver leur petit garçon,
00:51:30 et cette fois-ci, ils donnent le ton
00:51:32 de la manière dont ils veulent vivre cette période,
00:51:35 c'est-à-dire dans le silence en ce qui les concerne.
00:51:38 Et ils redisent, ce qui n'est pas inutile, apparemment,
00:51:42 de rappeler que leur douleur est évidemment immense,
00:51:45 qu'ils espéraient eux aussi, et un peu comme tout le monde,
00:51:48 que leur petit garçon soit retrouvé un jour vivant,
00:51:51 mais également leur espérance sur le terrain de cette foi.
00:51:54 Ils le disent, il y a deux terrains, en réalité,
00:51:57 ils l'expliquaient très bien dans leur interview,
00:51:59 il y a un terrain humain que nous partageons tous,
00:52:02 qui est celui de la douleur,
00:52:04 mais également du remerciement,
00:52:06 et j'insiste là-dessus, parce que ça prend une large part
00:52:09 dans leur communication,
00:52:11 le remerciement de tous les gens qui ont été présents,
00:52:14 qui lui est surnaturel,
00:52:15 qui n'enlève rien au terrain humain qui est ailleurs,
00:52:18 et qui est celui de l'espérance.
00:52:20 Le jour de Pâques, ils ont appris qu'on avait retrouvé
00:52:23 le crâne de leur petit garçon en allant à la messe de Pâques,
00:52:27 la fête pour les catholiques où la vie surplombe la mort.
00:52:30 Donc on peut imaginer que pour eux,
00:52:32 ça a été un moment particulièrement significatif.
00:52:35 Donc s'il y a des choses à dire,
00:52:37 c'est ce qu'ils nous ont demandé de dire.
00:52:39 On peut ne pas être d'accord, ne pas le comprendre,
00:52:43 mais si on veut dire quelque chose sur le calvaire de ses parents,
00:52:46 on peut au minimum expliquer
00:52:48 comment eux vivent précisément ce drame.
00:52:51 - Il est vrai que cette famille très catholique
00:52:54 a fait couler beaucoup d'encre,
00:52:56 notamment sur ce pan de leur portrait.
00:52:58 Ils reviennent sur ce terrain au moment de prendre la parole.
00:53:01 - Oui, parce qu'en effet, et à chaque fois qu'ils l'ont fait,
00:53:05 ils ont, eux, ce qu'ils veulent dire,
00:53:08 ils ont la conviction que c'est le seul terrain
00:53:11 dans lequel ils ont envie de vivre à la fois l'attente précédemment
00:53:15 et aujourd'hui, sur le terrain de l'espérance qu'eux se situent.
00:53:19 Donc puisqu'on leur demande à eux de parler,
00:53:21 ce sont eux qui parlent.
00:53:23 Au moment où ils avaient donné leur interview à Famille Chrétienne,
00:53:26 ils avaient dit qu'ils étaient conscients
00:53:29 que la plupart des journalistes ne comprenaient pas le monde catholique,
00:53:33 qu'ils ne saisissaient pas le sens des mots,
00:53:35 tout peut être déformé, compris de travers,
00:53:38 voire volontairement caricaturé.
00:53:40 Dans cette interview, c'était dit extrêmement touché
00:53:43 que des gens imaginent que leur douleur était moins forte
00:53:46 parce qu'ils avaient la foi.
00:53:48 Donc en effet, ils ont séparé.
00:53:50 Il y a des gens qui comprennent mal,
00:53:52 parce qu'en effet, le pays comprend mal les choses
00:53:55 qui relèvent de la foi parfois, et ils accusaient aussi certains
00:53:58 de volontairement caricaturer ou déformer ce qu'ils disaient.
00:54:02 Ce sont ensuite mêlés, dans ces neuf mois,
00:54:04 des affaires à la fois de famille, de justice, des accusations,
00:54:08 des options politiques prises ici ou là,
00:54:10 parfois dans le passé, dans une confusion absolue.
00:54:13 Et là, il ne s'agissait pas,
00:54:15 et je reprends ce que disait Mathieu,
00:54:17 il ne s'agissait pas d'essayer de trouver des moyens
00:54:20 de comprendre ce qui s'était passé, parce que ça n'avait rien à voir.
00:54:24 Si ça avait pu éclairer d'une quelconque manière
00:54:26 ce qui était arrivé à Emile, ça aurait pu être légitime,
00:54:29 même si c'était difficile.
00:54:31 En l'occurrence, personne n'était capable de faire ce lien-là.
00:54:34 Donc là, en l'occurrence, accuser ou trouver des choses à dire
00:54:38 sur les parents, les grands-parents, la famille, les voisins dans le village,
00:54:42 simplement pour pouvoir continuer à parler de ce drame,
00:54:45 là, je pense que le mot "récupération" est adapté, je précise.
00:54:49 Et la dernière chose,
00:54:50 leur invocation de Dieu est sans doute très mal comprise,
00:54:53 car aujourd'hui, dans un pays très déchristianisé,
00:54:55 qui a perdu la foi, Dieu est souvent convoqué.
00:54:58 Quand il y a le mal devant nous, on se dit "Où est Dieu ?"
00:55:01 C'est quasiment le seul moment où, finalement, on le cherche un peu.
00:55:06 Eux font une lecture inverse. Dieu est central dans leur vie.
00:55:09 Et quand le mal se présente devant eux,
00:55:11 ils invoquent Dieu pour lui demander de l'aide.
00:55:14 Alors, évidemment, il y a une grosse incompréhension,
00:55:16 mais je pense qu'au minimum, on peut respecter,
00:55:19 puisqu'on leur demande la parole et qu'on veut savoir,
00:55:21 respecter ce que eux ont à dire ce jour-là.
00:55:25 Et eux espèrent que la vie reprendra le dessus
00:55:27 sur la mort de leur petit garçon.
00:55:29 -Merci beaucoup, Charlotte Dornelas.
00:55:31 Mathieu Bocoté, l'école catholique est de nouveau ciblée.
00:55:35 Un rapport piloté par un député de la France insoumise,
00:55:37 Paul Vannier, auquel est associé le député Renaissance,
00:55:41 mène la charge contre elle et inquiète ses responsables.
00:55:44 Officiellement, il s'agit de l'obliger à rendre davantage de comptes
00:55:48 et de ficher le financement du public vers le privé.
00:55:51 -Oui, mais voilà.
00:55:53 Le moins important est officiellement ici.
00:55:55 On nous dit que l'essentiel, c'est avoir une plus grande transparence,
00:55:58 une plus grande responsabilité dans les comptes,
00:56:00 parce qu'il y a de l'argent public qui est investi là-dedans.
00:56:03 Dès qu'il y a un centime d'argent public,
00:56:05 c'est-à-dire d'argent pris aux Français pour le donner à quelque chose,
00:56:08 il est nécessaire d'avoir le plus grand sens des responsabilités.
00:56:11 Mais l'enjeu ici, la question de la transparence des comptes,
00:56:14 n'est qu'un prétexte, il faut bien le comprendre.
00:56:17 Quand on fouille un peu le dossier,
00:56:19 on voit que le véritable enjeu, c'est la légitimité même
00:56:23 de l'école catholique, de l'école libre, de l'école privée,
00:56:26 plus largement, en fait, de cette école qui est accusée
00:56:28 toujours de se soustraire
00:56:30 au parcours de socialisation républicain officiel.
00:56:33 Qu'est-ce qu'on reproche ? C'est la fameuse question de la mixité.
00:56:37 La mixité sociale, on accuse les écoles libres, catholiques,
00:56:40 tout ça, privées, de se dérober aux exigences de la mixité,
00:56:45 et ça, ce serait mixité sociale,
00:56:46 mais qui est dans les faits mixité culturelle,
00:56:48 et ça, ce serait très, très mal.
00:56:51 J'aimerais simplement faire un plaidoyer, un instant,
00:56:53 pour rentrer dans l'esprit de ceux qui disent
00:56:55 qu'il y a des limites à la mixité, et je m'explique.
00:56:59 Ce qu'on cherche à dire par là, c'est que les conditions
00:57:02 de la transmission culturelle dans une classe,
00:57:04 un maître, un contenu, des élèves,
00:57:06 la condition de la transmission, c'est qu'il y ait déjà
00:57:09 un début de monde partagé.
00:57:11 Parce qu'on a une langue en commun,
00:57:13 parce qu'on a un minimum d'imaginaire en commun,
00:57:15 il est possible de transmettre.
00:57:17 Si vous êtes dans une classe où, par exemple,
00:57:19 vous avez un trop grand nombre de cas problèmes,
00:57:22 soit par le comportement, soit vous êtes dans une classe
00:57:24 où une partie des élèves ne parlent pas français,
00:57:27 tout simplement, ce sont des choses qui existent, qui arrivent.
00:57:29 Si vous êtes dans une classe où la disparité de la classe
00:57:32 est telle que le professeur ne peut plus transmettre
00:57:35 ou enseigner, il doit tout simplement faire de la discipline,
00:57:38 ramener l'ordre, faire ce qu'il peut pour transmettre
00:57:40 un peu de matière, eh bien, l'école ne peut pas faire
00:57:42 son travail. Donc derrière la question de la mixité,
00:57:45 il y a la question de la possibilité de la transmission.
00:57:47 Mais ça, on n'en parle à peu près jamais,
00:57:49 parce que jamais le multiculturalisme
00:57:51 ne doit causer problème.
00:57:53 Il y a aussi cette idée, je reviens dans un instant,
00:57:55 qu'une partie de l'idéologie républicaine,
00:57:58 au sens radical, ce n'est pas qu'un régime,
00:58:01 c'est une idéologie qui veut fabriquer son homme nouveau à elle.
00:58:05 Or, l'homme de l'héritage, l'homme de la transmission,
00:58:07 l'homme de la culture, l'homme porté par l'anthropologie catholique,
00:58:10 qu'on l'a vu au moment de l'école Stanislas,
00:58:13 eh bien, ça cause problème.
00:58:14 Ça cause problème parce qu'il n'est pas porteur
00:58:16 de la même anthropologie que celle portée
00:58:18 par l'idéologie républicaine version Vincent Péillon.
00:58:21 Or, qu'est-ce qu'on a dans de telles circonstances ?
00:58:23 Eh bien, on a cette idée qu'il faut en finir
00:58:25 avec cette école dissidente qui est un résidu de l'histoire
00:58:28 et qu'on pourrait un jour balayer.
00:58:30 - Très rapidement, pour vous, c'est l'école libre qui est visée ?
00:58:32 - Oui. En fait, c'est l'école libre, c'est l'école privée,
00:58:35 c'est l'école catholique, c'est tout ce qui se dérobe
00:58:37 au circuit officiel de socialisation et de resocialisation.
00:58:40 Vous notez que la société au grand complet
00:58:42 s'est transformée aujourd'hui en camp de rééducation à ciel ouvert.
00:58:45 Dans la publicité, dans les communications,
00:58:48 au cinéma, à la télé, un peu partout,
00:58:50 il y a un même message qui est toujours tambouriné
00:58:52 sur le mode "pensez tous la même chose".
00:58:55 Et si vous ne pensez pas la même chose,
00:58:57 vous finissez par être coupable de délit d'opinion.
00:58:59 Pourquoi on en veut à l'école libre catholique et ainsi de suite ?
00:59:02 Parce qu'elle porte justement, elle dérobe pour un instant
00:59:06 les enfants, une génération, au contrôle idéologique dominant.
00:59:11 D'autres valeurs risquent de s'y glisser.
00:59:14 Ça peut causer problème pour certains.
00:59:16 Et à travers ça, je pense que la vraie question, à terme,
00:59:18 c'est la question de l'autorité parentale
00:59:19 qui se joue à travers la question de l'école.
00:59:21 Souvent, l'école libre est plus connectée aux familles.
00:59:22 On continue de penser, dans une certaine gauche,
00:59:24 que la famille demeure le problème.
00:59:26 L'autorité parentale demeure le problème.
00:59:28 Les vrais experts sont les autres.
00:59:29 Eh bien, de ce point de vue, est-ce qu'on pourra en finir un jour
00:59:31 avec ce compromis hier accordé,
00:59:33 mais demain peut-être révoquer l'existence d'une école
00:59:36 qui ne récite pas tout simplement le credo officiel
00:59:38 qu'on lui demande de réciter ?
00:59:40 -Merci beaucoup, mon cher Mathieu.
00:59:41 Juste avant de refermer, un mot quand même,
00:59:43 cette édition pour saluer la mémoire de Maryse Condé,
00:59:46 cette grande voix de la littérature francophone,
00:59:49 de Guadeloupéenne, qui a marqué l'histoire des Antilles
00:59:51 et de la France aussi, au sens le plus large.
00:59:54 C'était teinte à l'âge de 90 ans, dans le Vaucluse hier.
00:59:57 "J'ai été éduquée par des parents qui croyaient en la France
01:00:00 "et été convaincue que la France était le meilleur endroit au monde."
01:00:03 Une citation de Maryse Condé.
01:00:05 Emmanuel Macron lui a rendu hommage.
01:00:08 "J'ai honte des lettres, Maryse Condé,
01:00:10 "à su peindre les chagrins et les espoirs
01:00:12 "de la Guadeloupe à l'Afrique, de la Caïbre à la Provence."
01:00:16 Excellente suite de programme à tous.
01:00:18 Merci de votre attention lors des produits avec Pascal Praud.
01:00:21 [Bruit de la carte qui se casse]