• il y a 9 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, merci beaucoup ma chère Laurence, 19h c'est l'heure, c'est Face à l'Info.
00:05 On reviendra dans un instant sur l'IVG dans la Constitution.
00:08 D'abord, le sommaire ce soir.
00:10 Alors que le Rassemblement National a donné le coup d'envoi des meetings des Européennes hier,
00:16 Jordan Bardella a été attaqué par des macronistes.
00:19 L'absence du drapeau européen lors de son meeting lui a été reproché.
00:23 Pourquoi Valérie Ayer, tante de liste de la majorité présidentielle aux Européennes,
00:29 parle même de projet d'effacement et d'affaiblissement de la France,
00:33 alors que c'est cela même que le RN veut combattre, l'édito de Mathieu Bocote.
00:39 Il a une soixantaine d'années, il a été roué de coups, de pieds et de poings,
00:44 traité de sage juif, il a brièvement perdu connaissance,
00:48 l'homme était simplement porteur d'une kippa,
00:50 il sortait d'une synagogue à Paris dans le XXème arrondissement.
00:54 L'agresseur est toujours en fuite à l'heure qu'il est.
00:57 On va se reposer une question que nous nous sommes déjà posées,
01:02 comment peut-on en arriver là en plein Paris ?
01:04 D'où vient ce nouveau souffle d'antisémitisme puissant
01:09 qui vient hanter le quotidien des juifs français ?
01:11 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
01:14 En Grande-Bretagne, le Premier ministre Richi Sounak a déploré vendredi
01:19 le conflit à Gaza qui a entraîné une augmentation choquante
01:23 des tentatives d'intimidation dans le pays.
01:26 Il a mis en garde contre le poison de l'antisémitisme,
01:29 de l'extrémisme qui divise le pays depuis l'attaque du Hamas,
01:33 pointant particulièrement les islamistes.
01:36 L'ancien ministre de l'Intérieur britannique, lui aussi de son côté,
01:40 déplore que les islamistes sont aux commandes du Royaume-Uni.
01:45 Comment l'expliquer ?
01:46 L'échec du multiculturalisme ?
01:48 Le regard de Marc Menon.
01:50 Alors que l'activiste franco-béninois Kémy Séba
01:54 pourrait bientôt perdre sa nationalité française
01:57 en raison d'une posture constante et actuelle résolument antifrançaise,
02:01 c'est lui-même qui l'a annoncé.
02:03 La nationalité française, on se posera la question, doit-elle se mériter ?
02:06 Cette décision fait couler beaucoup d'encre.
02:09 Comment l'expliquer ?
02:09 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:12 Et puis Emmanuel Macron a demandé à Ayanna Kamara
02:15 d'interpréter une chanson française le 26 juillet pour les JO.
02:19 La chanteuse lui a répondu qu'elle aimait beaucoup Edith Piaf.
02:22 Cette information fait beaucoup réagir l'éditeur de Mathieu Boquete ce soir.
02:27 Une heure avec nos éditorialistes, nos mousquetaires.
02:30 C'est maintenant.
02:31 Bonsoir à tous.
02:45 D'abord, cette information, évidemment, ça y est,
02:48 l'IVG a été inscrit dans la Constitution.
02:51 C'est une journée historique.
02:52 Je vais d'abord vous lire le tweet d'Emmanuel Macron
02:55 avant de rejoindre Elodie Huchard sur place
02:57 et d'avoir ensuite les éditorialistes.
03:00 Emmanuel Macron, fierté française, message universel.
03:04 Célébrons ensemble l'entrée d'une nouvelle liberté garantie dans la Constitution
03:09 par la première cérémonie de scellement de notre histoire,
03:12 ouverte au public.
03:13 Rendez-vous ce 8 mars, journée internationale du droit des femmes.
03:18 Elodie Huchard, vous êtes sur place.
03:20 On vous rejoint à ce congrès à Versailles.
03:23 780 voix pour, 72 contre, sur 902 votants.
03:29 C'est bien cela ?
03:30 Journée historique.
03:31 Oui, c'est exactement ça.
03:36 Et comme vous le disiez, non seulement c'est historique,
03:38 mais en fait, c'est aussi davantage de parlementaires
03:40 qui l'avaient voté, ce texte, dans leurs deux chambres.
03:42 Il y avait 760 parlementaires.
03:44 Quand on ajoutait les votes qui avaient déjà eu lieu à l'Assemblée, au Sénat,
03:46 il y a donc 20 parlementaires qui ont changé leur vote.
03:49 Depuis, on a vu Gabriel Attal, notamment le Premier ministre,
03:51 les implorer d'inscrire l'IVG dans la Constitution lui-même,
03:54 qui disait qu'en tant qu'homme, il ne pouvait pas forcément
03:57 comprendre la détresse d'une femme à qui on interdisait l'avortement,
03:59 mais qu'en tant que frère, que fils, il était fier de participer
04:02 à cette inscription.
04:04 On a vu une très, très longue standing ovation des députés
04:06 et d'ailleurs des parlementaires en général,
04:08 et aussi de la présidente du congrès, Yael Brown-Pivelle.
04:11 Il y avait aussi des associations, notamment féministes,
04:14 dans les tribunes, les anciennes, ministre du droit des femmes,
04:16 qui évidemment étaient très émues à l'annonce de ce résultat.
04:19 Évidemment, il n'y avait pas de grand enjeu.
04:21 On savait que la majorité absolue serait largement atteinte,
04:24 mais pour toutes celles notamment, qui se sont battues aussi
04:26 pour ce texte au Parlement, c'est évidemment ce soir
04:29 une grande victoire.
04:30 - Merci beaucoup, Elodie Huchard et Raphaël Lasregne,
04:33 qui est à vos côtés.
04:34 Alors, pendant ce vote, on a eu des manifestations à Versailles
04:39 avec 600 à 1 000 personnes qui ont manifesté contre
04:44 cette inscription dans la Constitution,
04:47 image de boulevard Voltaire.
04:49 Et puis dans le même temps, un peu plus tard,
04:50 Trocadéro, des manifestations pour l'inscription de l'IVG
04:55 dans la Constitution ce soir, avec la tour Eiffel
04:59 qui a brillé de plein feu, en tout cas ce soir,
05:03 pour cette journée historique.
05:05 Voilà ce qu'on pouvait dire déjà sur ce sujet
05:08 dont on a grandement parlé déjà sur ce plateau,
05:11 avec Mathieu, avec Charlotte, avec Marc, avec Dimitri.
05:15 D'abord quelques instants.
05:17 Écoutez, regardez.
05:37 - Des mots de tous les jours,
05:41 ça met quelque chose.
05:44 - Alors, je ne sais pas, mais tout de suite,
05:51 il y a une sorte d'apaisement sur le plateau,
05:53 d'un coup d'avis. C'est vrai.
05:55 Edith Piaf, c'est quand même notre histoire.
05:57 - Que Piaf nous rende sereins, c'est normal.
06:00 - On parlera d'Edith Piaf dans la deuxième partie avec vous,
06:05 mon cher Mathieu, puisque le chef de l'État a choisi
06:09 Aya Nakamura, qui voudra interpréter Edith Piaf
06:12 pour l'ÉGIO. Ça fait beaucoup parler, mais pourquoi ?
06:14 On se posera la question.
06:16 Ne nous dévoilez pas tout de suite vos arguments.
06:20 En tout cas, on a envie de vous entendre d'abord
06:22 sur ce qui s'est passé ce week-end, Mathieu.
06:23 Bocoté, le meeting du Rassemblement national,
06:27 dimanche pour lancer la campagne européenne
06:28 de Jordane Bardella et la nomination de Valérie Ayer
06:31 ces derniers jours à la tête de la liste Renaissance.
06:35 Ça a suscité beaucoup de polémiques,
06:36 qui ont dit beaucoup sur les enjeux
06:38 de cette campagne européenne.
06:40 Vous souhaitez pour cela y revenir d'abord en revenant
06:42 sur la querelle du drapeau français que le RN
06:47 n'a pas accompagné du drapeau européen.
06:49 Shocking ?
06:50 - Pas vraiment, mais pour certains, oui.
06:52 Pour certains, oui. Il faut revenir sur la raison
06:54 pourquoi certains sont vexés, sont outrés
06:57 depuis cet événement.
06:59 Alors, point de départ, effectivement,
07:01 vous avez raison de le dire,
07:02 le RN, parti souverainiste,
07:05 parti critique de la construction européenne,
07:07 parti partisan de l'Europe des nations.
07:10 C'est important de comprendre ça.
07:12 Sachant tout cela, il n'y a pas de surprise en tant que telle
07:15 à constater qu'il ne plante pas le drapeau européen
07:18 dans ses meetings.
07:19 Ce n'est pas très surprenant.
07:20 Et même s'il s'agit d'une élection européenne,
07:23 on peut dire que les militants du RN
07:24 ne se reconnaissent globalement
07:26 qu'à travers le drapeau français.
07:29 Donc ça, c'est leur point de vue,
07:30 on n'est pas obligés de le partager.
07:31 Mais ce n'est pas surprenant que les gens du RN
07:35 ne brandissent que le drapeau français
07:37 et ne brandissent pas le drapeau européen.
07:38 Tout comme il ne serait pas surprenant, d'ailleurs,
07:40 que les gens de la France insoumise
07:43 chantent seulement l'international
07:44 plutôt que la marseillaise.
07:45 Tout comme il ne serait pas étonnant
07:46 que des gens de Renaissance
07:50 brandissent seulement le drapeau européen
07:51 plutôt que le drapeau français.
07:52 Ce serait possible aussi.
07:53 Ou à tout moment, ce serait étonnant ou non,
07:54 j'en sais rien, mais c'est une possibilité.
07:56 Donc ne soyons pas surpris pour le point de départ.
07:59 Mais vous avez raison de le dire,
08:01 polémique, polémique, polémique majeure qui a suivi
08:05 les plusieurs figures importantes de la majorité
08:08 de la République de Renaissance,
08:11 on dit l'absence de ce drapeau est un scandale.
08:15 L'absence de ce drapeau est un scandale
08:16 parce que ça témoigne d'une volonté d'effacer
08:20 ou de déconstruire l'Europe.
08:22 Ça témoigne du fait qu'on est incapable,
08:24 on place en opposition,
08:25 on fait le drapeau français et le drapeau européen.
08:27 Or, une telle dissociation est inimaginable aujourd'hui.
08:32 Il faut embrasser les deux drapeaux tout à la fois,
08:34 sachant que tout culmine dans le drapeau européen.
08:37 J'y ai vu dans la réaction très vive
08:39 de plusieurs parlementaires d'En Marche,
08:40 je reviendrai, de Renaissance,
08:43 une forme de blasphème dans leur esprit.
08:46 On a été témoin d'un délit blasphème.
08:48 Quoi ? Vous n'avez pas brandi la sainte image,
08:52 la sainte image de l'Europe.
08:53 Lorsque vous ne brandissez pas une telle image,
08:56 n'est-ce pas le signe d'une absence de foi ?
08:58 Et manquer à la fois,
09:00 lorsque c'est une religion obligatoire,
09:01 c'est très grave, il faut le savoir.
09:03 Donc, je vais en citer quelques-uns.
09:05 Il y a Nadia, j'espère ne pas mal prononcer son nom,
09:07 Nadia H-A-I, donc E ou Aïe.
09:09 - Aïe.
09:10 - Aïe, pardonnez-moi, merci beaucoup.
09:11 Donc, Jordan Bardella est le candidat
09:14 qui fait campagne pour l'élection européenne
09:17 sans même un drapeau européen.
09:19 La coquille vide va jusque là.
09:21 Et pour info, on est tous chez nous
09:23 au cas où le RN l'aurait oublié.
09:25 C'est intéressant comme argument,
09:27 parce que depuis plusieurs semaines déjà,
09:29 l'argument utilisé contre le RN, contre Bardella,
09:31 on dit que c'est une coquille vide.
09:33 Ce serait un peu le Ken,
09:34 vous savez Ken et Barbie,
09:36 de la droite nationale.
09:38 Ce serait le beau garçon
09:40 avec du fromage blanc dans le cerveau.
09:42 Donc, ce n'est pas vraiment quelqu'un d'intéressant,
09:43 nous dit-on.
09:44 Il y a toute une preuve.
09:44 Le service public, qui ne manque jamais à son devoir,
09:48 a fait un complément d'enquête aussi sur Jordan Bardella
09:51 pour nous expliquer qu'il n'y avait rien dans le cerveau.
09:52 Parce que vous savez, c'est important le pluralisme
09:54 au service public, et ils ont fait ça
09:55 pour tous les autres chefs politiques.
09:56 Ah non, excusez-moi, je me suis trompé.
09:58 Et donc, il y a cette volonté très nette
10:01 de le présenter finalement comme une belle image,
10:04 mais une belle image inanimée,
10:06 finalement une marionnette.
10:07 Donc, ça, c'est l'argument 1.
10:08 Mais là, maintenant, l'argument 2 aussi,
10:11 qui est assez intéressant,
10:12 c'est que Bardella serait paresseux, nous dit-on.
10:15 Pourquoi?
10:15 Parce qu'il n'a pas multiplié les rapports
10:17 et les amendements à Bruxelles.
10:20 Ça, on pourrait répondre qu'il est normal
10:22 que des députés souverainistes,
10:24 qui ne souhaitent pas voir l'Europe
10:26 étendre son emprise sur les nations européennes,
10:30 par définition, ils ne souhaitent pas
10:32 multiplier les textes et les règlements européens.
10:34 C'est comme dans la mesure où vous désavouez
10:36 une superstructure,
10:37 vous n'allez pas contribuer à la renforcer.
10:40 Ça pourrait être une réponse de son point de vue,
10:41 je ne sais pas ce qu'il en pense,
10:42 mais à tout le moins, ça ne me surprend pas.
10:44 Maintenant, ce qui est intéressant,
10:45 c'est qu'on présente son refus
10:47 de brandir le drapeau européen
10:49 comme le signe d'un amateurisme.
10:50 On ne lui prête même pas la possibilité
10:52 d'une conviction.
10:53 Donc, c'est assez étonnant.
10:55 Et ensuite, ce serait la marque d'une europhobie.
10:57 Le terme recommence à circuler un peu
10:59 pour dire que le RN serait fondamentalement hostile
11:03 à l'Europe en elle-même,
11:05 au point de vouloir effacer l'Europe en elle-même.
11:07 Donc, pas une Europe des nations,
11:09 effacée jusqu'à l'idée d'Europe.
11:11 Ça nous dit que Roland Lescure,
11:13 qui est une figure importante aussi de la majorité,
11:14 a un autre tweet.
11:16 « Une image vaut mille mots.
11:17 En une photo, l'hypocrisie du RN,
11:21 l'hypocrisie, c'est grave,
11:22 qui lance sa campagne européenne sans drapeau européen,
11:25 feindre de vouloir protéger l'Europe tout en l'effaçant.
11:29 C'est ça le programme du RN. »
11:31 Donc, vous voyez, on est encore une fois
11:32 dans le délit de blasphème.
11:34 On est devant l'outrance.
11:35 Et il y a une fonction sociologique à tout ça,
11:37 ne nous trompons pas.
11:38 Il s'agit de graver certains arguments
11:40 dans l'esprit public.
11:41 Et l'idée, c'est de provoquer en fait
11:44 l'effet en société, l'effet suivant.
11:46 Vous parlez un peu des européennes,
11:48 et vous avez vu, Bardella,
11:49 il n'y avait pas le drapeau européen.
11:51 Là, tous autour de la table,
11:52 on se dit « Ah, c'est absolument scandaleux.
11:53 L'absence du drapeau européen, c'est scandaleux. »
11:55 C'est fait pour produire un effet de scandale
11:57 dans les milieux qui se veulent politiquement évoluer.
12:01 Reste à voir si ça va parler à l'ensemble des Français.
12:03 Je note une chose qui est amusante,
12:04 cela dit, je sais plusieurs cadres de la majorité,
12:08 plusieurs figures, des figures importantes quand même
12:10 qui sont présentes sur l'espace public.
12:11 Quelques fois, on en a vu par exemple une,
12:13 je crois, hier, sur son compte Twitter.
12:15 C'est important aujourd'hui,
12:16 c'est une manière de parler de son identité.
12:17 Il y avait « Européenne convaincue »
12:19 et seulement le drapeau européen.
12:20 Et quand c'était remarqué par d'autres,
12:22 elle a ajouté le drapeau français.
12:24 Elle a corrigé, elle avait simplement oublié.
12:26 D'ailleurs, Renaissance a finalement fait connaître
12:30 sa tête de liste.
12:31 Il s'agit de Valérie Hailleur,
12:33 une figure nouvelle dans le paysage médiatique.
12:36 Elle a bien fait parler d'elle, déjà.
12:38 Oui, une figure nouvelle dans le paysage médiatique.
12:40 C'est une manière tout à fait polie
12:41 et ça vous honore de parler d'une illustre inconnue.
12:44 Mais celle-là n'est plus inconnue
12:45 parce qu'on l'a entendue sur deux points essentiels.
12:48 D'ailleurs, je précise, elle a un parcours politique
12:50 qui est là depuis un bon moment.
12:51 Elle appartient à cette mouvance,
12:52 cette mouvance de centristes macroniennes aujourd'hui.
12:56 Et ça, je pense qu'elle est fidèle à ses convictions.
12:57 Et on est devant une femme de conviction.
12:58 Ce, je n'en doute pas.
12:59 Reste à voir de quelles convictions nous parlons.
13:03 Petit détail, cela dit, ça nous en dit beaucoup,
13:05 le fait que ce soit elle qui soit à cette position essentielle,
13:08 tête de liste pour Renaissance.
13:10 Peut-être que les grandes figures aujourd'hui de la majorité
13:12 ont décidé de ne pas être au rendez-vous
13:14 parce qu'ils s'attendaient à une défaite,
13:16 presque une défaite annoncée.
13:17 Dès lors, on préfère envoyer d'autres,
13:19 en fait, non pas des généraux,
13:20 mais des colonels ou des majors ou des commandants
13:22 ou des lieutenants au casse-pipe en disant
13:24 « allez diriger la liste parce que franchement,
13:26 on n'a pas envie de recevoir des baffes ».
13:27 Donc, ça fait partie du raisonnement.
13:30 Deux axes de campagne pour l'instant,
13:31 il y en aura d'autres, assurément.
13:33 Elle nous dit d'abord et en tout,
13:34 « je suis à la tête de la seule coalition européenne véritable ».
13:39 Donc, si c'est la seule coalition européenne véritable,
13:41 on doit donc comprendre que l'Europe est aujourd'hui
13:43 assiégée par des anti-européens et anti-européistes.
13:46 Il y a un envers à cet argument-là.
13:48 Et comment présente-t-elle les choses?
13:49 C'est une citation intéressante.
13:51 Elle nous dit quels sont ses ennemis.
13:53 Elle nous dit « le risque, c'est de vivre un Brexit de l'intérieur
13:57 si les eurosceptiques sont majoritaires ».
14:00 Donc, si les Européens majoritairement votent
14:02 pour des partis favorables à la souveraineté nationale
14:04 plutôt qu'à la souveraineté européenne,
14:06 il y aura un Brexit de l'intérieur.
14:08 On pourrait appeler ça un choix démocratique
14:09 si la majorité vote pour quelque chose.
14:11 Mais ce n'est pas ainsi qu'elle voit les choses, notre amie.
14:13 Elle dit « ces forces veulent mettre fin
14:15 au projet de Jacques Delors et de Simone Veil »
14:18 avec un « V » dont nous parlons aujourd'hui.
14:20 C'est intéressant.
14:21 Donc, elle ne parle pas de l'Europe de De Gaulle,
14:22 elle ne parle pas de l'Europe d'Adenauer,
14:24 elle ne parle pas des autres Europes possibles,
14:26 elle parle de l'Europe de Jacques Delors,
14:27 qui était partisan d'une fédération d'États-nations,
14:30 une forme de fédéralisme avant le temps,
14:32 et qui disait aussi, à Maestricht, je l'oublie,
14:34 « pas ceux qui vont voter non, n'ont plus leur place en politique ».
14:37 C'est intéressant.
14:38 Donc, on voit là l'Europe à laquelle
14:40 il voulait une Europe toujours plus intégrée,
14:42 une Europe qui avait sa part presque de despotisme éclairé
14:45 parce que les peuples étaient incapables
14:47 de marcher à bon rythme vers l'Europe.
14:49 Donc, c'est l'Europe dont elle se réclame.
14:51 Elle ajoute aussi, « elles veulent détruire l'Europe de l'intérieur
14:55 et mettre à bas notre modèle démocratique ».
14:57 Ah bon, d'accord.
14:58 Donc là, finalement, il faut sauver la démocratie.
15:01 C'est ça l'enjeu.
15:02 Elle présente aussi Bardella comme un allié de l'AFD,
15:05 un parti néo-nazi qui défend un projet de remigration.
15:07 Bon, là, la néo-nazification de Jordane Bardella,
15:10 je trouve que c'est audacieux comme argument.
15:12 Il y a plusieurs choses, surtout c'est compliqué.
15:14 Est-ce que c'est Ken la tête vide ou c'est le néo-nazi clandestin?
15:18 À moins que ce soit un Ken néo-nazi clandestin,
15:21 mais avec la tête vide, je ne sais plus,
15:22 mais j'ai l'impression que les arguments s'entrechoquent.
15:24 Et aussi, elle dit, c'est Viktor Orban
15:26 qui ironise sur les chambres à gaz.
15:28 Bon, donc là, il faut vraiment, véritablement,
15:30 laisser croire que ceux qui sont contre
15:31 la construction européenne d'aujourd'hui,
15:33 c'est quelque chose qui ressemble
15:35 à la banalisation des chambres à gaz.
15:37 C'est audacieux comme argument.
15:38 Ensuite, j'ai dit, deuxième ligne de fond,
15:40 son discours sur l'immigration.
15:41 Et là, il y a une scène très intéressante
15:43 qu'on a pu voir sur une autre chaîne d'info,
15:45 mais rendons hommage.
15:46 On pose la question à Mme Ayer,
15:49 y a-t-il trop d'immigration en France?
15:51 Et on pose la question avec insistance.
15:53 Et elle répond, ça dépend,
15:55 on va parler d'abord aux gens du patronat,
15:57 aux entrepreneurs, pour savoir quels sont leurs besoins.
16:01 Et ensuite, on fixera le cadre législatif
16:04 pour répondre à ces besoins.
16:05 Alors, il y a une forme d'inversion
16:07 de la souveraineté ici.
16:08 Finalement, la souveraineté migratoire de la France,
16:10 ce sont les patrons qui vont la décider
16:12 et le politique s'y adaptera.
16:13 Donc, on est dans une logique, effectivement,
16:15 de dénationalisation par le bas de la vie politique.
16:19 Et ensuite, elle nous dit,
16:21 c'est une phrase assez intéressante,
16:23 pendant le débat sur l'immigration,
16:27 elle dit, le débat sur l'européen
16:29 était insuffisamment présent.
16:31 Et elle ajoute, c'est très intéressant,
16:33 c'est là que ça joue en Europe, la question migratoire.
16:36 Donc, ce qu'elle nous dit, finalement,
16:38 c'est que la France, sur la question migratoire,
16:40 n'est plus maîtresse de sa politique
16:41 parce que le véritable lieu où ça se décide,
16:44 c'est à Bruxelles.
16:46 Si elle voulait donner raison à ceux qu'on appelle
16:48 les souverainistes qui disent que les Français
16:50 ont été dépossédés de leur pouvoir
16:51 et que c'était transféré à la technostructure
16:53 fédérale européenne,
16:55 elle vienne leur donner raison.
16:56 Bon, elle, elle s'en réjouit, au moins c'est clair.
16:58 Mais on voit l'enjeu.
16:59 Donc, d'un côté, l'antifascisme,
17:01 de l'autre côté, une politique migratoire
17:03 fixée en fonction des besoins du patronat
17:05 et le refus d'envisager la possibilité
17:06 qu'il y ait trop de migrations en France.
17:09 - On dit souvent, Mathieu Beaucotter,
17:10 que les Européennes sont boudées par les Français,
17:14 mais ne sont-elles pas de plus en plus importantes,
17:17 finalement, dans la vie de la nation?
17:18 - C'est ce qu'on vient de voir,
17:20 c'est quand même assez fascinant.
17:21 Donc, l'Europe a de plus en plus de pouvoir,
17:23 mais les Français, peuple national,
17:25 s'il en est un, se disent non,
17:27 la vraie élection, c'est pas l'élection européenne,
17:29 c'est avec la collection d'anonymes
17:30 qui se présentent sur des listes lointaines.
17:32 Non, la vraie élection, c'est l'élection présidentielle.
17:36 Mais vous voyez une dissociation?
17:37 Ils surinvestissent aujourd'hui existentiellement
17:40 une élection présidentielle et une élection législative
17:43 qui sont vidées de leur contenu
17:45 parce que le vrai pouvoir est en Europe de plus en plus.
17:47 Donc, c'est une perte démocratique
17:48 qu'on pourrait voir là-dedans,
17:50 et ça crée un effet de dissociation.
17:51 Je note, ça veut dire que l'Europe,
17:53 comme objet d'identité, émerge de plus en plus,
17:55 quelles que soient nos préférences.
17:56 On pourrait dire qu'il y a l'Europe
17:58 laboratoire de la mondialisation, la tendance Renaissance.
18:01 Il y a l'Europe des nations, c'est la tendance RN,
18:04 et il y a l'Europe civilisation,
18:05 qui est la tendance de Marion Maréchal dans cette campagne.
18:09 Aussi, les Europes de François-Xavier Bellamy.
18:11 Donc, vous voyez, des conceptions de l'Europe différentes
18:13 se présentent à nous.
18:14 Effectivement, ça fait une vraie matière pour le débat européen.
18:17 - Charlotte Dorné, là, votre regard sur le lancement
18:19 de cette campagne, ce premier meeting,
18:21 et les critiques par rapport à Jordan Bardella?
18:23 - Moi, je n'ai rien à ajouter sur la question du drapeau.
18:26 En effet, la surréaction par rapport à la présence
18:28 au nom du drapeau, il pourrait le lire politiquement
18:30 et préciser justement leur opposition au RN,
18:33 mais ça devient, en effet, on est plus sur le terrain
18:34 du blasphème que de la contradiction politique,
18:36 ce qui est toujours un peu étonnant.
18:37 Et on le retrouve, d'ailleurs, Valérie Hayard,
18:40 les mots qu'elle choisit, c'est-à-dire que là,
18:42 on fait 30 ans en arrière.
18:43 D'habitude, il y a un peu plus de subtilité quand même.
18:45 On n'en est pas à ces comparaisons complètement lunaires
18:49 avec la Seconde Guerre mondiale.
18:51 Donc, on sent à la fois, ils ont choisi l'opposition
18:53 avec le RN, ça, c'est indiscutable,
18:55 et les sondages l'ont choisi pour eux, d'ailleurs.
18:57 Et en même temps, on revient sur un terrain
18:59 qui risque de lasser tout le monde.
19:00 Je ne sais pas quel sera le taux d'abstention
19:02 ou de plébiscite, mais ça risque d'être vraiment pénible.
19:05 - Merci beaucoup, Dimitri Vendredia.
19:07 Paris, dans le 20e arrondissement,
19:11 un juif d'une soixantaine d'années s'est fait agresser
19:14 alors qu'il sortait de la synagogue,
19:16 roué de coups de pied, de coups de poing,
19:20 traité de sale juif.
19:21 La victime a brèvement perdu connaissance.
19:23 L'agresseur court toujours.
19:25 Gérald Darmanin a rapidement condamné un acte antisémite
19:28 et commandé le renforcement immédiat,
19:31 la protection de la communauté juive.
19:32 On a l'impression que c'est bis repetita.
19:34 - Oui, mais surtout, il y a un contexte
19:36 autour de cette histoire-là.
19:37 Pourquoi se fait cet acte,
19:39 cette agression antisémite-là en particulier ?
19:41 Pourquoi on en parle ?
19:42 Et pourquoi on n'a pas parlé de toutes celles
19:44 qui se sont produites avant ?
19:45 Parce que je rappelle le chiffre donné par le GRIF.
19:47 Depuis le 7 mars, vous prenez en moyenne
19:49 journalière depuis le 7 octobre,
19:51 on est à plus 700 % d'augmentation des actes antisémites en France.
19:57 Plus 700 %, ça fait x8.
19:59 Vous voyez, ça n'est pas du tout anodin.
20:01 Alors pourquoi se fait en particulier ?
20:03 Parce qu'il y a une histoire, en fait, il y a un contexte.
20:05 D'abord, c'est le ministre de l'Intérieur lui-même
20:07 qui médiatise l'affaire.
20:08 Il ne réagit pas à une information de presse.
20:10 Non, non, c'est lui qui donne l'information
20:12 dans un tweet que vous allez pouvoir voir.
20:14 Voilà, selon les premiers éléments,
20:15 une nouvelle agression antisémite s'est déroulée à Paris hier soir.
20:18 Tout est mis en œuvre pour retrouver l'auteur
20:20 de cet acte inqualifiable.
20:21 Alors, sous-peser les mots, acte inqualifiable,
20:24 on y reviendra.
20:25 Par ailleurs, sur mon instruction,
20:26 les préfets renforcent depuis hier la surveillance
20:27 des lieux fréquentés par nos compatriotes juifs
20:30 qui ne doivent pas être les victimes des drames
20:32 qui se déroulent au Proche-Orient.
20:33 Voilà, alors les drames dont il parle,
20:36 les tensions qui augmentent.
20:38 Il parle de l'émeute de la faim
20:39 qui a lieu jeudi dernier à Gaza.
20:41 Vous avez probablement vu les images sur CNews,
20:42 ces images qu'on a vues, vous savez, vu du ciel,
20:45 au cours de laquelle une centaine de personnes sont mortes,
20:47 plus de 700 ont été blessées,
20:49 donc à Gaza, à l'arrivée d'un convoi humanitaire,
20:51 d'une trentaine de camions qui ont été pillés
20:53 parce qu'en ce moment, il y a des gens qui meurent de faim à Gaza.
20:56 Alors, les circonstances exactes de ce drame
20:58 ne sont pas tout à fait connues.
21:00 Ce que l'on sait, c'est ce que reconnaît l'armée israélienne
21:02 qui ne dit pas "nous avons ouvert le feu",
21:04 elle dit "non, non, vous avez des équipes de chars,
21:06 certaines ont paniqué et donc certaines ont ouvert le feu sur les civils".
21:10 Vous voyez, donc ce n'est pas un ordre de l'armée,
21:13 ce sont des faits isolés,
21:14 deux militaires qui ont un peu perdu les pédales.
21:16 Mais voilà, en tout cas, on voit que la condamnation d'Israël,
21:18 elle est vraiment unanime en attendant
21:19 l'établissement définitif des faits, je le répète.
21:22 Alors, quel est le rapport avec notre petit monsieur
21:24 qui s'est fait agresser à Paris ?
21:25 Il y en a deux.
21:26 D'abord, c'est qu'il faut montrer des preuves de l'antisémitisme.
21:30 Pourquoi je dis ça ?
21:31 Parce qu'en France, vous avez beaucoup de gens aujourd'hui
21:34 qui posent la question, comme rappelez-vous l'imam
21:36 de la mosquée de Paris, Abdelhalim Hammoun, qui disait
21:39 "où sont les actes antisémites en France ?"
21:41 Et bien voilà, vous en avez un sous les yeux.
21:43 Vous voyez, vous en avez un qui prend une valeur symbolique,
21:46 qui prend une valeur exemplaire.
21:47 En voilà un d'acte antisémite.
21:49 Ça, c'est la vertu pédagogique, si je puis dire,
21:53 de cette information.
21:54 C'est donc une piqûre de rappel, d'une certaine manière,
21:56 à tous ceux qui nient, tous ceux qui dévalorisent
21:59 ou qui tentent d'oublier qu'il y a des actes,
22:01 qu'il y a de l'antisémitisme en France.
22:03 La deuxième raison de la médiatisation de cette affaire,
22:05 je pense, c'est qu'elle permet à Gérald Darmanin
22:08 de prouver sa vigilance et sa réactivité.
22:11 Action, réaction.
22:12 Vous voyez, un homme juif se fait agresser
22:13 dans le 20ème arrondissement.
22:15 C'est tous les juifs qui sont menacés.
22:17 Je réponds, je vous protège, la France protège les juifs.
22:19 C'est ça le message de Gérald Darmanin.
22:21 Et au passage, il nous dit "vous voyez le fait divers
22:25 derrière le fait de société".
22:27 C'est ça le second message, si je puis dire, de cette affaire.
22:30 - Alors Dimitri, qu'est-ce qui s'est passé concrètement
22:33 au vendredi ? Qu'est-il arrivé à Marco ?
22:36 Puisque c'est le nom de la victime.
22:37 - Oui, alors vous l'avez un peu raconté,
22:39 il est 17h30, vendredi, c'est Shabbat.
22:41 On est rue des Hortos à Paris.
22:43 Pour vous situer, la rue des Hortos,
22:44 c'est pas la rue de Paris la plus connue,
22:46 mais on est entre le cimetière du Père Lachaise
22:47 et la porte de Montreuil.
22:49 C'est pas le coin le plus chic et le plus tranquille de Paris,
22:51 on va pas se mentir.
22:52 Il y a pas mal de bandes dans le quartier.
22:54 Ce sont des rues qui ont beaucoup changé aussi
22:56 en un demi-siècle avec l'arrivée d'une importante
22:58 immigration extra-européenne.
23:00 Et vous voyez ce fait-là, ce fait de société,
23:02 dont on parle beaucoup sur Faceininfo,
23:04 en fait c'est le tabou de cette affaire précisément.
23:06 C'est ce qui n'est pas rapporté.
23:08 - Langue de mort.
23:09 - Alors d'abord, je voudrais vous montrer
23:11 une photo de la synagogue où ça s'est produit.
23:13 La synagogue Beth Loubavitch de la rue des Hortos,
23:15 près de laquelle Marco a été agressé.
23:17 Regardez la photo.
23:18 Vous voyez ça, ce bunker de tôle ?
23:21 - Non, c'est la synagogue.
23:22 - Oui, ça c'est l'entrée barricadée.
23:25 93, c'est pas le département, c'est le numéro dans la rue.
23:27 Mais c'est l'entrée barricadée de la synagogue
23:31 de la rue des Hortos, derrière des fortifications en tôle.
23:34 Vous vous rendez compte ?
23:35 C'est une avancée aveugle, comme un blindage
23:37 pour pouvoir prier en paix.
23:38 Et en surplomb, vous avez une grosse cité d'immeubles
23:40 de 15 étages.
23:42 Je crois que ça, c'est plus parlant que toutes
23:44 les démonstrations verbales sur les difficultés
23:46 d'être juif dans certains coins de France.
23:48 - En effet, on va marquer une pause.
23:49 On revient sur ce sujet d'actes antisémites
23:52 qui continuent et qui s'accélèrent.
23:54 Pourquoi ? On va parler de la Grande-Bretagne
23:57 dans un instant avec vous, mon cher Marc,
23:59 et ce que dit l'ancien ministre de l'Intérieur,
24:01 le Premier ministre, qui crie à propos de ce qui se passe
24:06 un peu à Londres.
24:08 On parlera avec vous de Kémy Séba,
24:11 qui va se faire retirer la nationalité française.
24:13 C'est lui-même qui l'annonce.
24:14 Et on parle à Diane, à Cameron, un petit peu de musique.
24:16 On terminera quand même avec Edith Piaf.
24:18 On marque une pause. À tout de suite.
24:19 - Retour sur le plateau de Face à l'info.
24:25 Je viens d'avoir un SMS de Philippe Devinier
24:27 qui s'insurge de cet acte antisémite
24:29 dont on est en train de parler à l'instant.
24:31 Avant de continuer, on a vu la synagogue
24:33 et comment c'est un bunker.
24:35 - Peut-être on se l'en met pour ceux qui arrivent
24:37 et qui n'ont pas vu la photo, parce que je trouve que...
24:39 - Oui, on va la remettre là tout de suite
24:41 pour voir cette synagogue.
24:42 Mais juste avant, j'aimerais qu'on écoute...
24:45 Alors ça, c'est pas la synagogue,
24:46 mais c'est celui qui était à la synagogue.
24:48 Mais qu'on écoute peut-être Jean-Luc...
24:52 Karl-Oliv à propos de Jean-Luc Mélenchon,
24:55 ce matin, sur CNews.
24:57 - Bien sûr que Jean-Luc Mélenchon est antisémite.
24:59 On le voit non pas, mais on ne le voit pas simplement
25:02 dans ses paroles.
25:04 On le voit sur les actes.
25:05 Quand je dis que la France insoumise
25:07 est un danger pour la société,
25:09 on s'en rend compte tous les jours,
25:10 avec des cocottes minutes, je le disais,
25:12 où parfois nos jeunes, notamment dans les quartiers,
25:15 sont insufflés de plusieurs mensonges
25:17 et dix mensonges n'entraînent pas une vérité.
25:19 - Revenons à notre synagogue, mon cher Dimitri.
25:26 C'est une boîte de tôle, carrément.
25:28 C'est quand même assez choquant, si on prenant.
25:31 - Non, mais ce que je disais, c'est que
25:33 ce sont donc des plaques de tôle
25:35 pour protéger la synagogue elle-même.
25:37 C'est bien le signe qu'il y a un problème.
25:39 C'est que pour exercer, être juif, être quand on...
25:43 - Il faut se cacher.
25:44 - Une synagogue, dans un quartier, doit se cacher,
25:45 doit se blinder pour pouvoir...
25:47 - S'invisibiliser.
25:49 - Voilà.
25:49 Alors donc, l'histoire de ce Marco,
25:51 à Grèce vendredi, elle est la suivante.
25:53 Vous l'avez un petit peu raconté,
25:54 c'est Shabbat, il est 17h30,
25:55 il sort de la synagogue,
25:57 il a encore ça qui passe sur la tête,
25:59 il s'assoit un moment juste à côté du bâtiment
26:03 et un individu passe à côté de lui,
26:05 il revient sur ses pas et va le voir et lui dit
26:08 "c'est toi qui tue les gens à Gaza ?"
26:11 À quoi le Marco répond
26:12 "non, non, moi je tue personne,
26:13 moi j'ai jamais tué personne".
26:14 Et là, sans crier gare, l'inconnu,
26:16 le roux de cou, coup de tête,
26:18 coup de pied, coup de poing,
26:19 Marco, en l'occurrence, tombe,
26:22 il perd un moment en connaissance
26:24 et son agresseur s'enfuit,
26:26 le bilan pour lui c'est nez fracturé,
26:28 dents cassées, il faut regarder son visage,
26:29 quoi, ça se passe de commentaires,
26:30 des ouvertures sur le front,
26:32 il a témoigné, il dit qu'il se sent humilié,
26:34 frustré de ne pas avoir pu se défendre
26:36 et il a ces deux phrases que je trouve intéressantes
26:38 "je ne me sens pas en France".
26:40 Ça me fait penser à la seconde guerre mondiale,
26:41 c'est le retour du nazisme.
26:43 Et je vais ajouter à ça un autre commentaire,
26:45 celui de Gérald Darmanin,
26:46 vous savez, le tweet du départ,
26:47 c'est le ministre qui révèle l'affaire,
26:49 on le rappelle,
26:50 qui parlait donc dans son tweet
26:51 d'agression antisémite,
26:52 mais aussi d'acte inqualifiable.
26:55 Alors je m'arrête sur cet adjectif "inqualifiable",
26:58 bon, on comprend, il l'emploie dans le sens
26:59 d'horrible, d'indéfendable,
27:01 comme on dit quelque chose est inqualifiable,
27:03 mais enfin, ça veut dire aussi
27:04 quelque chose qu'on ne peut pas qualifier.
27:05 Et on voit que dans cette affaire-là,
27:07 il y a, comme d'habitude dans ces affaires
27:09 de "nouvel antisémitisme",
27:11 comme on le dit pudiquement,
27:12 un refus de caractériser les choses.
27:14 Alors, posons la question,
27:15 est-ce que c'est un nazi qui a agressé Marco ?
27:18 L'enquête nous le dira,
27:19 parce que pour le moment,
27:20 l'agresseur court toujours.
27:21 Mais quel nazi évoquerait Gaza
27:23 avant de tabasser un juif ?
27:25 Je pose la question.
27:26 Il y a encore des nazis,
27:27 mais enfin, comme je le disais,
27:29 le sujet aujourd'hui,
27:30 c'est plutôt ce "nouvel antisémitisme"
27:32 qui n'a aucune honte à prendre
27:34 le nazisme en référence,
27:35 à quoi on pourrait parler,
27:36 comme certains, de djihadisme d'atmosphère,
27:38 mais une sorte de nazisme d'atmosphère.
27:40 Je vous ai fait un florilège
27:41 pour vous donner un exemple concret.
27:43 On va parler d'Ayana Kamoura,
27:44 à Chantos tout à l'heure,
27:45 je vous parlais d'un rappeur
27:46 qui est extrêmement populaire.
27:47 Un de ses clips,
27:48 un des plus récents,
27:49 fait 12 millions de vues sur YouTube.
27:51 Florilège des "Punchlines"
27:53 du rappeur Frisk Orléone.
27:55 Je suis sûr que vos enfants,
27:56 vos ados, ils écoutent ça.
27:58 J'arrive déterminé comme Adolf
27:59 dans les années 30.
28:00 J'ai les techniques de propagande
28:02 de Goebbels.
28:03 Tous les jours, rien à foutre de la Shoah,
28:06 pour que ma famille vive
28:07 comme des rentiers juifs.
28:09 Tous les jours, fuck Israël,
28:10 comme si j'habite Gaza.
28:12 Je suis à Dakar,
28:13 t'es dans ton centre à Sion.
28:14 Et enfin,
28:15 alors ça ce sont des extraits,
28:17 si vous voulez,
28:17 c'est pas un texte continu,
28:18 ce sont des extraits de "Punchlines",
28:20 mais c'est dans le rap
28:21 de Frisk Orléone.
28:22 Je préfère être accusé
28:24 d'antisémitisme que de viol
28:26 comme Gérald Darmanin.
28:27 Donc vous voyez,
28:28 on est face à un rap...
28:29 - On lui enlève pas la fréquence.
28:30 - Rap ouvertement antisémite.
28:32 Ça mêle l'apologie d'Hitler
28:34 à celle du moll à Omar.
28:35 Ça fait des millions de vues,
28:36 des millions de streams.
28:37 C'est ça, si vous voulez,
28:38 le nouvel antisémitisme qui est...
28:40 - Un fuse.
28:41 - Voilà, et qui est islamique,
28:42 qui est nourri aussi de la pensée décoloniale
28:44 parce que l'idée,
28:45 c'est que les Juifs seraient
28:47 outrageusement privilégiés
28:49 dans la société française
28:50 par rapport aux autres catégories de victimes,
28:51 à savoir les Noirs et les Arabes.
28:53 Et donc dans ce nouvel antisémitisme,
28:54 on a quoi ?
28:55 On a de l'antisionisme.
28:56 Les Juifs sont haïssables
28:58 parce qu'ils soutiennent un État assassin.
29:00 Je mets des guillemets, bien sûr,
29:01 c'est pas moi qui le dis,
29:02 mais c'est dans cette pensée-là.
29:03 On a le négationnisme.
29:05 La souffrance des Juifs,
29:06 elle est imaginaire,
29:06 en tout cas, elle est très exagérée.
29:08 Et enfin, on a la concurrence des mémoires,
29:09 c'est-à-dire pourquoi la Shoah
29:11 plus que la colonisation ?
29:12 Vous voyez, c'est ça le logiciel
29:13 du nouvel antisémitisme.
29:15 C'est ce qu'on retrouve dans la pensée
29:16 du gang des barbares, il y a 18 ans,
29:17 les tueurs d'Ilan Halimi,
29:19 dans la pensée de Mohamed Merrin,
29:20 d'Amedi Koulibaly,
29:21 le tueur de l'hyper-Kachère,
29:22 les meurtriers de Sarah Halimi,
29:24 de Mireille Knoll,
29:25 dans la fille Corbière aussi,
29:27 rappelez-vous qui, il y a quelques semaines,
29:28 disait "yo, qui est chaud pour casser du sioniste ?"
29:31 Elle dit ça juste après le 7 octobre, vous voyez.
29:33 Et le comble, c'est que cet antisémitisme-là,
29:36 on a tant de mal à le nommer et pourquoi ?
29:38 Mais parce qu'il prend le masque
29:39 d'un antiracisme.
29:41 Vous voyez le paradoxe absolu
29:42 devant lequel on est.
29:43 Or, terre ça,
29:44 terre cet antisémitisme-là,
29:45 probablement celui qui allait
29:47 frapper au visage Marco,
29:49 eh bien, c'est favoriser le passage à l'acte
29:51 parce que, je vous fiche mon biais
29:52 avec l'agresseur de Marco,
29:53 s'il répond au profil que je viens de dresser,
29:55 et encore une fois,
29:56 on va attendre la fin de l'enquête,
29:57 l'agresseur, il est sans doute convaincu
29:58 d'avoir agi pour ses frères palestiniens.
30:01 Et vous voyez, c'est ça en fait
30:02 qui est absolument inadmissible aujourd'hui.
30:04 - Merci. Qui veut réagir ?
30:07 - Je vais réagir à ma façon,
30:09 dans la chronique,
30:10 parce qu'on s'apercevra
30:11 que c'est une véritable contagion,
30:13 c'est un choléra,
30:14 c'est quelque chose qui gagne partout.
30:15 - Je dis même que peut-être
30:16 les autres chroniques vont réagir d'elles-mêmes.
30:19 Allons tout de suite sur votre chronique,
30:20 parce qu'avec vous, on va partir
30:22 en Grande-Bretagne.
30:23 Pourquoi on part en Grande-Bretagne ?
30:24 Parce que beaucoup de réactions,
30:27 interpellent, et ça fait un moment
30:28 qu'on a envie de traiter ce sujet.
30:29 En Grande-Bretagne,
30:30 le premier ministre Richisounak
30:32 a déploré vendredi
30:33 que le conflit à Gaza,
30:34 pour rebondir sur ce que disait Dimitri,
30:37 ait entraîné une augmentation choquante,
30:38 je cite, des tentatives d'intimidation
30:40 dans le pays.
30:41 Il a mis en garde, compte, je cite,
30:43 le poison de l'extrémisme
30:45 qui divise le pays
30:46 depuis l'attaque du Hamas,
30:47 pointant particulièrement les islamistes.
30:49 Et puis l'ancien ministre
30:50 de l'Intérieur britannique,
30:52 lui également, de son côté, a déploré,
30:55 je cite, que les islamistes
30:56 sont aux commandes du Royaume-Uni.
30:59 C'est fort quand même.
31:01 Oui, mais c'était un déni de réalité
31:05 depuis longtemps,
31:06 le multiculturalisme anglais.
31:08 Et d'ailleurs, le premier ministre
31:11 disait la construction de la démocratie,
31:13 démocratie multiethnique
31:15 et multiconfessionnelle,
31:17 la plus réussie au monde,
31:19 elle s'exprime ici, au Royaume-Uni.
31:22 Voilà ce qu'il disait.
31:24 Mais que se passe-t-il
31:25 depuis le 7 octobre ?
31:27 Eh bien, affleure l'antisémitisme.
31:32 Il y a toutes les semaines
31:33 de grandes manifestations
31:35 avec des slogans antisémites,
31:36 des grandes banderoles antisémites.
31:40 On l'a vu sur la tour de Big Ben,
31:43 des empreintes qui condamnent
31:46 Israël et les Juifs,
31:49 car ce serait donc à Gaza,
31:51 ceux qui vivent en Angleterre
31:53 sont aussi responsables
31:55 de ce qui se passe là-bas, sur place.
31:58 Mais qu'y avait-il dans la réalité jusque-là ?
32:02 Eh bien, par exemple,
32:04 dans les universités,
32:05 vous aviez une de ces universitaires,
32:08 un peu comme on l'a vu en France,
32:10 Mariam Namazi.
32:14 Elle est athéiste,
32:15 elle se bat pour les droits des femmes,
32:17 interdite de conférence,
32:19 parce que ça ne correspond pas
32:21 à la mentalité des étudiants.
32:23 C'est l'empreinte wokiste.
32:25 Vous avez également
32:27 une chercheuse, Stardew Bonnade,
32:30 qui a montré que dans les écoles,
32:34 c'était le séparatisme,
32:35 dans un certain nombre d'écoles religieuses,
32:38 c'était le séparatisme qui l'emportait,
32:40 sous l'étouffoir.
32:41 On a également une philosophe
32:43 et sociologue algérienne, Ella Lucas,
32:46 qui, elle, a osé parler
32:48 de ce qui se manifeste dans de nombreuses villes,
32:52 à savoir des tribunaux locaux,
32:55 qui ont une autorité,
32:56 car ils rendent leur verdict
32:59 à partir de la charia.
33:01 Ce ne sont pas des tribunaux officiels,
33:04 mais de la communauté,
33:06 ils rendent le verdict.
33:08 Et le plus invraisemblable,
33:09 ce que nous faisait cette femme,
33:11 qui est donc chercheuse, philosophe,
33:13 c'est que, pratiquement toujours,
33:15 les tribunaux officiels
33:18 enterrinent les décisions
33:20 qui ont été prises,
33:21 des décisions qui, forcément,
33:22 étant donné qu'elles sont données
33:24 au nom de la charia,
33:26 ces sentences sont toujours nuisibles aux femmes.
33:29 Alors c'est quand même invraisemblable.
33:32 Et tout cela, eh bien,
33:34 on l'a vu arriver comment ?
33:35 Il y a aussi, vous avez eu,
33:38 le maire de Londres,
33:40 vous le connaissez,
33:42 Sadie Khan,
33:46 Sadie Khan a manifesté
33:49 son enthousiasme, je dirais,
33:51 pour un certain nombre de soutiens
33:54 à des gens qui prenaient
33:56 des positions très islamistes.
33:58 Par exemple, on a eu
34:01 mise en exergue
34:03 les liens avec I. Tahir,
34:06 qui est un homme
34:07 qui revendique le salafisme,
34:10 qui revendique donc tout ce qu'il y a
34:12 de plus excécrable dans le séparatisme.
34:16 Il y a aussi,
34:17 lorsqu'on a été à Londres
34:20 victime des attentats,
34:23 le gouvernement a voulu réagir
34:24 en ayant des lois antiterroristes
34:27 extrêmement rigoureuses
34:28 contre les terroristes.
34:30 Eh bien, il s'est opposé
34:31 à ces lois-là.
34:33 Il a assisté à des...
34:35 C'est David Cameron qui le dit.
34:38 David Cameron a noté que par neuf fois,
34:42 on l'a vu accompagner
34:44 un monsieur qui s'appelle Ghani,
34:45 qui est pro-État islamique.
34:48 Et on peut multiplier les exemples.
34:50 - C'est intéressant parce que,
34:51 comme vous l'avez souligné,
34:53 toutes ces dernières années,
34:54 on vantait les mérites
34:56 du culturalisme britannique.
34:59 Tout se passait bien.
35:00 Tout le monde vivait en paix,
35:02 en communauté,
35:03 se respectait les uns les autres.
35:04 C'est un modèle.
35:06 - C'est ce déni que l'on vit en France.
35:08 Mais ce qui est extraordinaire,
35:09 c'est qu'en France, on dit
35:10 on a la laïcité,
35:12 alors qu'on se comporte exactement
35:14 comme ce multiculturalisme.
35:16 Et qui aboutit à quoi ?
35:17 Eh bien, à cette faillite aujourd'hui.
35:19 - Parce qu'aujourd'hui, c'est fort, justement.
35:21 - Oui, mais avec toutes ces manifestations
35:23 toutes les semaines.
35:24 L'antisémitisme.
35:25 Mais alors là, il y a eu également
35:26 une élection dans une ville
35:29 de 120 000 habitants,
35:30 Rockdale.
35:32 Et se présentait un homme
35:36 du parti travailliste dissident
35:39 extrême gauche,
35:40 Georges Galloway.
35:41 Il a été élu.
35:42 Dans cette ville, on a un tiers
35:44 de la population qui est musulmane.
35:47 Et ce sont des gens qui sont originaires
35:49 soit d'Inde, soit de Pakistan.
35:51 Parce que c'est ça qui est extraordinaire.
35:53 C'est qu'il y a énormément de musulmans
35:56 aux Etats-Unis, en Angleterre.
35:58 Mais ils ne sont pas, comme chez nous,
36:00 issus du Maghreb.
36:01 Eux, ils viennent du Pakistan.
36:02 Ils viennent d'Inde.
36:04 Ils viennent donc de pays
36:06 beaucoup plus lointains.
36:07 Mais ils ont le même désir
36:10 de vivre selon leur rite.
36:12 Vous avez des quartiers hantés
36:13 à Manchester où vous vivez
36:15 comme si vous étiez au Pakistan.
36:18 Et donc cet homme a été élu.
36:22 Il faut savoir que pour la petite histoire,
36:24 celui qui avait été désigné
36:25 par le parti travailliste
36:27 peu de temps avant,
36:28 a été condamné par le parti communiste.
36:31 On lui a retiré l'étiquette
36:33 parce que cet homme qui s'appelle
36:35 Hazar Ali avait dit
36:37 Israël a laissé sciemment
36:40 se dérouler le pogrom du 7 octobre.
36:43 Sciemment le 7 octobre,
36:45 c'est Israël qui a laissé faire.
36:48 Voilà où l'on en est.
36:49 Alors on peut aussi se poser des questions.
36:51 Aujourd'hui, on applaudit en France
36:53 parce qu'on veut
36:56 que les femmes puissent disposer
36:58 de leur corps
36:59 et ce sera dans la Constitution.
37:01 Moi, je dis bravo, ça ne me regarde que moi.
37:03 Mais ce qui est extraordinaire,
37:04 c'est que dans le même temps,
37:06 les femmes, elles peuvent subir
37:10 la loi de la charia
37:11 ou dans certains quartiers,
37:13 devoir se plier aux exigences
37:15 de la communauté.
37:16 Et là, il n'y a plus du tout
37:18 les droits de la femme.
37:20 Il n'y a plus la liberté du corps.
37:23 Merci beaucoup, Marc,
37:24 menant pour votre regard.
37:26 Charlotte Dornelas,
37:27 savons nous parler de Kémy Séba.
37:30 Enfin, pour introduire votre chronique,
37:33 je vais vous faire écouter
37:33 ce que j'ai entendu
37:34 chez Jean-Marc Morandini ce matin.
37:37 Il parlait justement de cette déchéance
37:39 de nationalité française
37:40 pour cet activiste panafricain.
37:43 Et vous avez écouté la réaction
37:46 d'Ali Soumari, qui est consultant
37:47 en Affaires publiques,
37:48 ce qui répond après avoir entendu
37:51 Kémy Séba.
37:52 Tous les gens qui ne pensent pas
37:54 comme lui sont des nègres de maison.
37:57 Donc, il n'y a pas de sujet
37:58 par rapport à ça.
37:59 Sauf qu'il y a un certain nombre d'Africains
38:00 et moi, je l'entends à un moment donné,
38:02 qui disent que par moment,
38:04 la France ne s'est pas bien comportée.
38:05 Et c'est comme ça qu'à un moment donné,
38:07 elle s'est écolat.
38:07 Donc, si on ne le dit pas,
38:08 à un moment donné,
38:09 on donne de la force à Kémy Séba.
38:11 Bon, bon, bon, bon.
38:12 On va essayer de comprendre
38:14 un peu ce qui se passe, Charlotte.
38:16 Critiquer la France,
38:18 la France qui s'est mal comportée.
38:20 On lui enlève sa nationalité.
38:22 Donc, c'est Kémy Séba lui-même
38:24 qui a posté sur ses réseaux sociaux
38:27 la nouvelle "Une procédure de retrait
38:30 de la nationalité".
38:31 Le concernant, rappelle qu'il est
38:32 franco-béninois.
38:33 Que sait-on exactement de cette démarche
38:36 et des raisons pour lesquelles
38:38 elle est initiée ?
38:39 Déjà, Kémy Séba, je ne suis pas sûre
38:41 que tout le monde sache très bien
38:42 de qui il s'agit.
38:44 C'est un militant qui est
38:45 panafricaniste désormais.
38:46 Je fais une petite parenthèse,
38:47 je ne savais pas du tout qui c'était
38:48 quand j'ai commencé à faire face à l'info.
38:50 Il m'a tellement insultée que...
38:52 Ah ben non, vous savez...
38:53 ...que j'ai été chercher qui il était.
38:54 C'est un militant qui est, en effet,
38:56 né à Strasbourg,
38:58 qui est né, lui, français,
38:59 de parents qui avaient été naturalisés.
39:01 Il est...
39:02 Alors, il se dit militant
39:03 panafricaniste aujourd'hui.
39:04 Il est passé par toutes les étapes
39:06 que nous a décrites Dimitri, à peu près.
39:07 Enfin, il en est toujours là,
39:08 mais il a ajouté, voilà,
39:09 des priorités par rapport à d'autres.
39:12 Et pour faire très, très simple,
39:13 il tient exactement le discours
39:15 de conférence en poste
39:18 sur les réseaux sociaux
39:20 que l'homme qui a agressé trois personnes
39:21 à la gare de Lyon, il y a quelques temps.
39:23 Mais c'est mot pour mot la même chose.
39:25 C'est-à-dire, en effet,
39:26 la France n'est que colonialiste,
39:27 mais il faut libérer l'Afrique.
39:29 Mais vous allez voir,
39:30 pas de tous les colonialismes,
39:31 de certains, ça dépend
39:33 de ce qu'ils rapportent de l'argent,
39:34 pour faire très simple.
39:35 Alors, ça fait des années que ça dure.
39:36 Ça dure en France,
39:38 sur le territoire métropolitain,
39:40 dans les Outre-mer, énormément,
39:43 au Sénégal, désormais au Bénin,
39:45 où il est installé,
39:46 ainsi que sur les réseaux sociaux.
39:47 Surtout, il est extrêmement suivi.
39:49 Et dans les conférences
39:50 où il est invité un peu partout,
39:52 parfois par des élus.
39:54 Il y a quelques semaines,
39:54 c'était deux élus LFI
39:57 qui l'invitaient.
39:57 C'était en Guyane.
39:59 Et donc, je réagis en même temps
40:02 à ce que disait cet homme
40:04 qu'on a entendu
40:05 chez Jean-Marc Morandini.
40:06 Là où il n'a pas complètement tort,
40:07 c'est que Kémy Séba
40:08 est aujourd'hui pointé du doigt.
40:10 Son discours a quelques...
40:13 Comment dire ?
40:14 - Nuances ?
40:15 - Oui, mais ce n'est même pas de nuances.
40:16 Il en rajoute tellement
40:18 que certains sont un peu plus mesurés,
40:19 on va dire, dans les propos qu'ils tiennent.
40:21 Mais globalement, moi, quand j'entends,
40:22 il faut quand même dénoncer
40:23 que la France, parfois, s'est mal comportée.
40:25 Je ne sais pas, je n'ai vraiment pas l'impression
40:27 de vivre dans le même pays.
40:27 J'ai l'impression qu'on ne fait que dénoncer
40:29 ce que la France a fait de mal
40:30 et qu'elle n'a jamais rien fait de bien,
40:32 qu'elle n'a jamais été appelée.
40:33 Par exemple, Kémy Séba,
40:34 il s'est beaucoup engagé contre Barkhane.
40:36 Barkhane, en l'occurrence,
40:37 c'est des soldats français qui sont morts
40:40 pour aller sauver des gens de l'islamisme
40:41 dans leur pays.
40:42 Appelé pour cette raison précise.
40:44 J'ai l'impression qu'on insiste moins là-dessus
40:45 que sur la détestation
40:47 que ça génère aujourd'hui.
40:48 Il y a un moment où
40:50 le camp de Kémy Séba,
40:51 on ne peut pas dire...
40:52 Et par ailleurs, les propos qu'il tire
40:53 sont complètement dingues.
40:54 On ne peut pas dire
40:56 "oui, d'accord, ce n'est pas fou",
40:57 mais en même temps,
40:58 il n'a pas complètement tort.
40:59 Parce que c'est évidemment comme ça
41:01 qu'il a une audience
41:03 complètement dingue.
41:04 Ce que lui reprochent,
41:05 en l'occurrence,
41:06 les autorités françaises,
41:07 c'est, je cite,
41:07 "une posture constante et actuelle",
41:10 alors, je n'ai pas compris le "actuel"
41:12 parce que ça fait des années
41:13 et des années que ça dure,
41:14 "résolument antifrançaise,
41:16 susceptible de porter gravement atteinte
41:17 aux intérêts français
41:18 et de nature à caractériser
41:20 une déloyauté manifeste
41:22 à l'égard de la France".
41:24 Bon, c'est indiscutable.
41:26 D'ailleurs, il le revendique lui-même.
41:27 Donc là, ça va être difficile de le contester.
41:29 Et ensuite,
41:29 "des messages particulièrement virulents,
41:31 voire outranciers, contre la France,
41:33 ses représentants et ses forces militaires
41:35 incitant à la rébellion
41:36 contre les autorités locales",
41:38 puisque localement,
41:39 alors, il se dit,
41:40 il a beaucoup de problèmes
41:41 en Afrique même.
41:42 C'est-à-dire qu'on va revenir
41:43 sur ses propos et ses accusations
41:45 vis-à-vis de la France.
41:46 Il se fait beaucoup plus discret
41:47 sur les problèmes qu'il a en Afrique
41:48 et sur les pays,
41:50 beaucoup de pays dont il a été expulsé,
41:52 notamment pour les propos qu'il tient.
41:54 Et il incite à la rébellion
41:55 contre certaines autorités locales.
41:57 C'est exactement le discours,
41:59 cet homme chez Morandini disait,
42:01 "n'importe quel noir qui n'est pas d'accord avec lui
42:03 est un nègre de maison dans sa bouche".
42:05 N'importe quel gouvernement africain
42:06 qui lui dit de se calmer
42:07 pour pas provoquer à la rébellion,
42:09 eh bien, fait partie du problème colonialiste aussi.
42:12 Donc, c'est vraiment,
42:13 sa grille de lecture est assez binaire,
42:15 on va dire.
42:15 Et il fait des conférences,
42:17 on lui reproche aussi,
42:18 au cours desquelles il diffuse
42:19 des messages hostiles à la France,
42:21 critiquant la présence française en Afrique.
42:24 Mais ça, je note que si
42:25 c'est vraiment ça qu'on lui repoche,
42:26 très précisément,
42:27 c'est-à-dire des messages hostiles à la France
42:28 qui critiquent notamment
42:29 la présence française en Afrique,
42:31 c'est de plus en plus large,
42:32 jusqu'au cœur de certains quartiers français.
42:36 Donc, il faut peut-être,
42:37 en effet, c'est bien de se réveiller,
42:39 en l'occurrence,
42:40 mais c'est peut-être des discours
42:42 qu'il faut notamment poursuivre,
42:43 mais surtout auxquels il faut répondre
42:46 et répondre de manière extrêmement claire
42:47 et non pas seulement sur un terrain
42:49 de différence de degrés.
42:51 L'article du Code civil
42:52 qui est invoqué, en l'occurrence,
42:53 le français,
42:54 ça, c'est très intéressant,
42:56 l'article "le français qui se comporte
42:58 en fait comme le national d'un pays étranger
43:01 peut, s'il a la nationalité de ce pays,
43:04 être déclaré par décret
43:05 après avis conformes du Conseil d'État
43:09 avoir perdu la qualité de français".
43:11 Il suffit d'avoir deux nationalités
43:13 et de se comporter comme le ressortissant
43:16 du pays de la deuxième nationalité.
43:19 C'est ce que dit le Code civil.
43:20 Point barre.
43:21 Je note qu'en l'occurrence,
43:22 l'État ne s'en sert que pour quelqu'un
43:24 qui est définitivement hostile à la France
43:27 et qui appelle à se rebeller contre la France,
43:31 mais c'est la simple raison
43:32 pour laquelle on peut déchoire
43:33 quelqu'un de sa nationalité
43:34 ou plus exactement,
43:35 lui retirer sa nationalité
43:37 parce que la différence avec la déchéance,
43:39 vous savez qu'on avait eu ce débat
43:42 pour des terroristes quand même
43:43 qui avaient frappé, fait couler le sang
43:44 dans une entité, en l'occurrence
43:46 l'État islamique,
43:46 qui avait frappé et tué des Français
43:49 et la déchéance de nationalité
43:50 n'avait pas été acceptée
43:52 pour ces gens-là
43:52 parce qu'elle ne peut pas viser la déchéance
43:55 dans l'État actuel du droit.
43:56 On peut changer le droit encore,
43:57 mais elle ne peut pas viser les personnes
43:59 qui...
44:00 Elle ne peut viser, pardon,
44:01 que les personnes qui ont acquis
44:02 la nationalité française.
44:03 Lui est né Français
44:04 puisque ce sont ses parents
44:06 qui avaient acquis la nationalité française.
44:07 Mais on découvre là dans le Code civil
44:09 qu'il y a une possibilité
44:10 de retrait de la nationalité.
44:12 En l'occurrence, c'est ce qui a été
44:14 invoqué pour lui.
44:15 Alors s'il déteste autant la France,
44:17 il n'a pas dû être étonné du coup,
44:18 ni même choqué de la décision.
44:19 Où est-ce qu'il a réagi ?
44:20 Sur les réseaux sociaux,
44:21 il joue l'incohérence à plein temps,
44:23 comme d'habitude,
44:24 et comme exactement le discours
44:26 que l'on peut voir
44:27 dans ce genre de mouvances.
44:28 Alors il dénonce un réflexe négrophobe.
44:30 Alors le réflexe négrophobe,
44:32 c'est évidemment ridicule,
44:33 mais il faut quand même le dire
44:35 encore une fois.
44:35 Les accusations sont...
44:37 On ne peut plus clair sur son discours.
44:39 Jamais il n'est fait État
44:41 de ni sa couleur de peau,
44:42 ni en l'occurrence,
44:43 même pas de son origine,
44:45 qui n'est même pas évoquée
44:46 dans les décisions qui sont prises.
44:47 C'est son opposition à la France
44:49 et sa détestation de la France
44:50 qui sont, je vous ai lu,
44:52 les raisons pour lesquelles
44:53 cette procédure est déclenchée.
44:55 Et en même temps,
44:57 il voit la confirmation,
44:58 je cite, d'une réaction
45:00 "profondément néocoloniale"
45:02 et une immense décoration de guerre.
45:05 Moi, je n'entends personne d'autre
45:07 parler de guerre coloniale,
45:08 en l'occurrence que lui,
45:09 déjà, dans les circonstances.
45:10 Et il y voit une décoration de guerre.
45:12 Donc le fait que la France
45:13 puisse imaginer lui retirer
45:14 la nationalité,
45:15 c'est à la fois néocolonial
45:17 et en même temps,
45:18 c'est une décoration pour lui.
45:20 Bon, comprennent qu'il pourra
45:21 son rapport, en effet, à la France.
45:23 Et il est à la tête d'une fondation
45:25 qui s'appelle "Urgence panafricaniste".
45:27 Et il milite, donc,
45:29 je vous le disais,
45:30 pour le continent africain
45:32 et en gros, l'indépendance
45:33 du continent africain
45:35 et la solidarité entre les Africains.
45:37 Sans avoir l'air de comprendre
45:38 que parfois, l'indépendance,
45:40 elle est acquise,
45:40 ça fait quelques années,
45:41 je ne sais pas s'il est au courant.
45:42 Et par ailleurs,
45:43 ce sont parfois aujourd'hui des pays
45:44 qui appellent la France au secours.
45:46 Je prenais l'exemple de Barkhane.
45:47 C'est exactement ce qu'il s'est passé.
45:49 Donc, je ne sais pas si tout le monde
45:51 est d'accord avec lui,
45:52 mais il commente moins,
45:54 je vous le disais tout à l'heure,
45:55 ses déboires en Afrique.
45:56 Il a été expulsé du Sénégal en 2017
45:59 après avoir brûlé un billet
46:01 de 5 000 francs CFA.
46:03 Il a une grande croisade
46:04 contre le franc CFA, évidemment,
46:06 en raison de son anticolonialisme.
46:08 Il a été expulsé de la Côte d'Ivoire
46:10 pour avoir tenté d'organiser
46:11 une manifestation anti-CFA.
46:13 Il a été expulsé du Burkina Faso
46:15 parce qu'il organisait
46:17 un grand meeting politique
46:18 contre le néocolonialisme,
46:20 dans lequel, notamment,
46:21 il visait les autorités locales
46:24 accusées de collaboration,
46:26 pour faire simple.
46:27 Alors, initialement,
46:28 il tenait un discours qui était
46:29 uniquement et éminemment racial.
46:32 C'était vraiment racial.
46:33 C'est devenu extrêmement antisémite.
46:35 Enfin, c'était en même temps, évidemment.
46:38 - Sémite ? - Exactement.
46:39 - Oui.
46:39 - Exactement pour les raisons
46:40 qu'évoquait Dimitri.
46:42 Les Juifs avaient tout
46:42 et eux n'avaient rien.
46:43 Je fais simple,
46:44 mais c'est à peu près ça.
46:45 Il expliquait quand même, à l'époque,
46:47 la phrase exacte, je ne l'ai pas,
46:48 mais en tête, c'est sûr,
46:50 c'est qu'il expliquait que le FMI,
46:52 toutes les instances financières,
46:53 étaient tenues par des Juifs
46:54 partout dans le monde,
46:55 qu'il faisait vivre un enfer
46:57 aux Africains et que l'enfer
46:58 qu'il faisait vivre aux Africains,
47:00 à côté, le Kandosvitch,
47:02 aurait l'air d'une colonie de vacances.
47:04 C'est les propos exacts de Kémi Seba.
47:05 Pour vous donner une idée
47:06 de l'antisémitisme,
47:07 il y a assez peu de doute, là.
47:09 En l'occurrence,
47:10 il avait été condamné à deux mois
47:12 de prison avec sursis
47:13 et mise à l'épreuve
47:14 pour violences en réunion.
47:15 Son sursis avait été révoqué
47:17 en 2011, notamment parce qu'il avait
47:18 organisé une manifestation
47:19 rue des Rosiers avec des slogans
47:21 éminemment antisémites.
47:22 Son groupe, le groupe à la tête
47:24 duquel il était, avait été dissous
47:25 en 2006.
47:26 Il avait récidivé en 2009,
47:28 toujours pour des propos antisémites,
47:29 en l'occurrence.
47:30 Et son sursis avait été révoqué
47:32 à ce moment-là.
47:33 Et peu à peu, l'ennemi,
47:35 d'année en année, peu à peu,
47:37 l'ennemi s'est regroupé,
47:38 on va dire.
47:39 C'est désormais la France.
47:40 La France est responsable
47:41 de tous les maux, les siens,
47:42 celui de ses frères,
47:43 celui de l'Afrique,
47:44 celui du monde entier.
47:45 Mais, mais quand même,
47:47 parce que c'est anticolonialiste
47:48 à tout va, mais on apprend qu'entre
47:50 2018 et 2019, alors c'est plusieurs
47:52 enquêtes, notamment de jeunes
47:54 afriques, qui enquêtent sur lui.
47:55 Et il a reçu du groupe Wagner,
47:57 vous savez, qui tient, en tout cas,
47:59 qui se sert de ce genre de propos,
48:00 400 000 euros, le groupe,
48:02 la ministre russe, 400 000 euros
48:04 en 2018 et 2019 pour aller
48:06 propager sa bonne nouvelle
48:07 un peu partout, contre la France,
48:09 évidemment.
48:09 Donc c'est anticolonialisme
48:11 et libération de l'Afrique,
48:12 mais ça dépend par qui et ça
48:13 dépend combien il touche,
48:14 apparemment, quand même.
48:16 Donc là, évidemment, c'est le...
48:18 Et d'ailleurs, il le dit très bien
48:20 et il a accusé la France
48:22 ces derniers temps sur la chaîne
48:24 RT, sur laquelle il a été
48:26 parlé pour, pardon,
48:28 expliquer sa réaction,
48:29 c'est-à-dire donner sa réaction.
48:31 - Oui, c'est depuis Moscou qu'il a
48:32 annoncé ça.
48:33 - Pour donner sa réaction.
48:34 Donc vous voyez, à la fois,
48:34 il accuse la France, en même temps,
48:35 il la déteste, en même temps,
48:36 il veut quand même la nationalité.
48:37 En tout cas, il trouve que c'est
48:38 très abusé de lui enlever.
48:40 Bon, lui, on peut évidemment
48:41 disséquer son propos.
48:42 Le problème, c'est que c'est
48:43 un propos qui prend et qui prend
48:45 jusqu'en France, évidemment.
48:47 - J'ai vu aussi que depuis Moscou,
48:49 il a dit qu'ils ont choisi,
48:50 la France a choisi, les autorités
48:52 françaises sont tombées sur le
48:53 "mauvais noir".
48:54 - Oui, le "mauvais noir", parce
48:54 qu'il a joué qu'il va mener la
48:55 guerre, du coup.
48:56 - Oui, voilà, et qu'il ne sera
48:58 jamais question pour lui de
48:58 mendier la nationalité française.
49:01 Alors, quelle lecture, Charles
49:02 Dallin, se peut-on faire de cette
49:04 décision française qui intervient
49:05 assez tardivement dans le processus
49:07 de détestation qui n'est pas nouveau
49:09 chez lui et que tout le monde
49:09 connaît ?
49:10 - En effet, on nous dit ces derniers
49:11 temps, c'est les messages qui sont
49:13 diffusés, notamment en Afrique.
49:14 Donc, on comprend notamment que
49:15 son rapprochement avec, enfin,
49:17 son rapprochement, le fait qu'il
49:18 soit payé par Wagner et cette
49:20 propagande-là anti-française,
49:22 ces derniers temps, a dû jouer,
49:24 évidemment.
49:25 Mais le discours, il n'a vraiment
49:26 pas attendu d'être payé, en
49:27 l'occurrence par Wagner, pour
49:28 tenir des propos absolument
49:29 ignobles sur la France et sur le
49:32 reste.
49:33 Je viens de vous en parler un peu.
49:36 Comment dire ?
49:37 Ce qui m'a étonnée, tout à
49:38 l'heure, j'ai insisté sur
49:38 l'article qui était utilisé pour
49:41 imaginer son retrait de
49:42 nationalité.
49:42 Il est étonnant que l'État se
49:44 serve de cet article en
49:45 particulier maintenant, parce
49:46 qu'on peut se comporter...
49:48 Il y a une sorte d'amalgame,
49:49 finalement, dans le fait de se
49:50 servir de cet article aussi
49:51 tardivement pour Kémy Séba.
49:53 Pourquoi je dis ça ?
49:54 Parce qu'on peut se comporter,
49:55 et on le voit tous les jours en
49:56 France, on peut se comporter comme
49:58 le ressortissant d'un pays
49:59 étranger, sans être aussi ignoble
50:01 que cet homme, sans appeler à la
50:03 mort de la France toute la
50:04 journée, sans y voir la
50:05 responsabilité permanente de tous
50:06 ses maux.
50:07 Et il se trouve que nous avons
50:08 un problème aujourd'hui d'homogénéité,
50:11 notamment culturelle, pour la
50:13 raison que de nombreux
50:14 ressortissants se sentent
50:15 infiniment plus ressortissants
50:16 d'un pays étranger.
50:17 Mais c'est un problème que nous
50:20 avons qui ne relève pas de la
50:20 guerre décoloniale, forcément.
50:23 Donc, le fait de se servir de
50:24 cet article-là pour ne viser que
50:27 Kémy Séba, c'est un peu se mettre
50:29 aussi pieds et poings liés, en
50:31 l'occurrence.
50:32 D'autant que, et je donne
50:33 l'exemple précis, il revendique
50:35 lui... Il fait des conférences un
50:36 peu partout.
50:38 Il revendique lui, pour le
50:40 nombre précisément, d'avoir eu
50:42 2000 personnes à un meeting à
50:43 Bobigny en mars 2023.
50:45 En mars 2023, pas 2013.
50:47 1200 l'année précédente à
50:49 Grigny, 1500 en Guadeloupe.
50:51 Alors, Guadeloupe, en plus, il a
50:52 récupéré pas mal de...
50:54 Comment dire ?
50:55 Notamment, on avait parlé du
50:56 Chlordécone ici.
50:57 Il s'est beaucoup... Il se sert
50:58 beaucoup de ce combat-là pour
51:00 avancer son prisme décolonial.
51:02 Et ça prend évidemment...
51:04 - Pour inciter à la détestation
51:05 de la France.
51:05 - Voilà, pour inciter à la
51:06 détestation de la France.
51:07 Exactement.
51:08 Et pour savoir ce qui se fera
51:11 pour la suite, il a expliqué,
51:12 donc, sur la chaîne russe, qu'il
51:13 ferait ses "observations".
51:15 Je cite "puisque la procédure
51:17 lui laisse un mois pour faire
51:18 ses observations et ensuite, ça
51:19 passera devant le Conseil d'État".
51:21 Mais en effet, il va faire des
51:22 observations, mais il dit "on ne
51:23 m'en dira rien auprès de vous.
51:25 Je ne suis pas de ceux qui pleurent
51:26 lorsqu'ils sont expulsés ou
51:27 discriminés".
51:28 Qu'est-ce dire ?
51:29 Personne ne pleure et puis on
51:31 reste là.
51:32 C'est le Conseil d'État qui
51:33 validera ou non le décret.
51:34 Et il a, après ce mois, qui
51:36 sera passé.
51:37 S'il ne fait pas d'observation
51:38 pour rester absolument français,
51:40 parce qu'on n'est pas à une
51:41 contradiction près.
51:42 Dimitri, je me tourne vers vous
51:43 parce que, comme ça, lorsqu'on
51:46 voit ce que nous dit Charlotte,
51:47 par exemple, qu'il n'a jamais
51:49 caché sa proximité avec
51:50 Legum Wagner, le groupe russe
51:51 que vous connaissez très bien
51:52 pour avoir bien travaillé dessus,
51:54 400 000 euros en 2008-2019.
51:56 Est-ce que ça ne ferait pas
51:57 partie ? C'est un peu des
51:58 ingérences que critique, que
52:00 souligne le chef de l'État
52:01 régulièrement.
52:02 Oui, mais c'est-à-dire que
52:04 Wagner se sert de Kémy Séba et
52:05 Kémy Séba se sert de Wagner.
52:07 Et plus généralement de la
52:08 Russie, parce qu'il a tribune
52:10 ouverte dans les médias russes.
52:12 Il s'est exprimé l'année
52:13 dernière, d'ailleurs, à un grand
52:15 forum où il avait mis en garde
52:16 toutes les tentatives coloniales
52:20 en Afrique.
52:21 Mais évidemment, il sert Wagner,
52:22 qui menait un agenda
52:23 antifrançais, en tout cas
52:24 d'affaiblissement de la France.
52:25 Et avec succès, on a vu que ça a
52:27 fini par fonctionner.
52:29 Et lui, en retour, développe son
52:31 agenda anticolonial et antifrançais.
52:34 Mais voyez, ces gens-là se
52:35 servent les uns des autres.
52:36 - Jamais Charlotte ne revient à
52:37 notre chronique de jeudi dernier.
52:38 Qui vous paye ?
52:39 On ferme la parenté.
52:40 - Oui, exactement.
52:41 - Ce qui est extraordinaire,
52:43 ce courant antifrançais, alors
52:47 qu'il y a une élite, quand on va
52:49 en Afrique, qui adore la culture
52:52 française.
52:53 Elle est dans la lignée de
52:54 Léopold Senghor.
52:55 Et il y a toute une infiltration
52:57 là, Dimitri évoquait, et
52:59 Charlotte, les Russes.
53:01 Mais n'oublions pas les Chinois.
53:03 N'oublions pas tous ces pays,
53:05 même les Etats-Unis, qui font
53:07 en sorte de récupérer leur
53:09 influence afin de bénéficier de
53:12 l'exploitation des matières
53:13 premières.
53:14 Mais les grands salopards, c'est
53:16 la France.
53:17 - La France doit payer 400 000
53:18 euros.
53:19 - Ce qui est assez intéressant
53:20 aussi, c'est de voir comment les
53:21 Etats étrangers jouent sur les
53:22 diasporas présentes en France
53:25 pour activer les tensions, pour
53:26 fragmenter le pays de
53:28 l'extérieur.
53:29 On ne doit jamais oublier à quel
53:30 point les diasporas sont une
53:31 pièce centrale aujourd'hui pour
53:32 programmer la décomposition des
53:34 Etats.
53:35 - Oh, Dja Dja, vous connaissez ?
53:36 - Je connais les Ormées.
53:37 - Il paraît que Mathieu a passé
53:38 toute la journée à chercher qui
53:39 est Ayanna Kamoura.
53:40 - Non, je l'ai trouvé.
53:41 - Mais tout le monde connaît
53:42 Ayanna Kamoura.
53:43 - Non, moi je ne connais pas.
53:44 - Non, mais vous, ça ne
53:45 m'étonne pas.
53:46 - Non, je connaissais de Nantes,
53:47 je connaissais Bacquemont.
53:48 - Oh, Dja Dja !
53:49 - Mais voilà, c'est ça.
53:50 - Non, non, non, Dja Dja.
53:51 Bon, j'ai interdit à ma fille
53:52 d'écouter quand même les paroles.
53:53 Elle est trop jeune.
53:54 - Vous êtes une bonne mère.
53:55 - Ah ben oui, voilà, exactement.
53:56 - Elle est à Marseille.
53:57 - Alors, c'est une polémique qui
53:58 peut sembler frivole, Mathieu Bancoté,
53:59 mais qui ne l'est peut-être pas.
54:00 L'Express nous apprenait il y a
54:01 quelques jours qu'Emmanuel Macron
54:02 verrait bien Ayanna Kamoura chanter
54:03 à l'ouverture des Jeux Olympiques.
54:04 Elle veut chanter du piaf.
54:05 Est-ce que cela vous enchante ?
54:06 Je suis persuadée qu'Ayanna Kamoura,
54:07 c'est la chanson française qui vous fait rêver.
54:08 - Entre Brassens et Ayanna Kamoura,
54:09 j'hésite pas à dire.
54:10 - Vous êtes une bonne mère.
54:11 - Je suis une bonne mère.
54:12 - Vous êtes une bonne mère.
54:13 - C'est assez amusant quand même comme séquence,
54:33 mais voyons tout cela positivement.
54:35 Rappelons-nous, il y a quelques années,
54:37 Emmanuel Macron nous affirme en fait
54:40 qu'il n'y a pas de culture française,
54:42 il n'y a que des cultures présentes en France.
54:45 Mais on voit que sa réflexion a évolué aujourd'hui.
54:48 Et cherchant un visage pour la culture française,
54:51 cherchant une Marianne chantante pour les Olympiques,
54:54 il l'a trouvé en Madame Nakamura
54:57 qui s'empare dans les circonstances de piaf.
54:59 C'est une bonne chose, c'est en passant,
55:01 que Madame Nakamura s'intéresse à piaf.
55:06 C'est très bien, c'est une marque d'assimilation,
55:08 c'est un emprunt culturel positif.
55:10 Mais on nous ajoute en plus que c'est l'artiste francophone
55:13 la plus écoutée dans le monde présent.
55:15 Son œuvre est déjà immortelle.
55:17 Célébrons encore une fois.
55:18 On voit qu'Emmanuel Macron a trouvé son icône
55:21 de la culture française.
55:23 Et on comprend parce qu'on connaît Madame Nakamura
55:25 pour la richesse de ses textes.
55:27 Des textes d'une finesse, d'une richesse, d'une subtilité
55:30 qui témoignent d'une compréhension fine de l'âme humaine.
55:32 Par sa capacité à incarner l'élégance à la française.
55:35 On y voit, on se dit, voilà l'élégance à la française
55:38 telle qu'on se l'est toujours représentée.
55:41 Par le fait qu'elle est absolument étrangère
55:43 aux codes de la culture américaine
55:45 qui peuvent quelquefois coloniser la France de l'extérieur.
55:47 Non, ce n'est pas elle.
55:48 Le visage de la France aujourd'hui...
55:50 Vous savez, Emmanuel Macron l'a même dit
55:51 au moment de sa grande conférence de presse.
55:54 Il faut que la France reste la France.
55:57 Disant cela, pour que la France demeure la France,
55:59 on peut croire que de piaf à Madame Nakamura,
56:02 la France demeure la France.
56:03 C'est encore plus français.
56:05 C'est parce qu'elle a encore plus de visibilité dans le monde
56:07 que l'avait Édith Piaf.
56:09 Donc, elle lui donnera vie à nouveau.
56:11 C'est, de ce point de vue, une bonne nouvelle, je devine.
56:13 - Alors, dans cela, dimension politique, Mathieu Bocote,
56:18 qu'est-ce que cela dit de notre rapport à l'identité française?
56:21 - Deux choses.
56:23 La première, c'est à quel point, néanmoins,
56:25 si vous n'êtes pas d'accord avec cette nomination,
56:27 imaginons que vous n'ayez pas mon enthousiasme débordant
56:29 pour cette perspective heureuse,
56:32 eh bien, vous serez raciste.
56:34 En fait, c'est le terme qui revient depuis quelques jours
56:36 pour nommer ceux qui disent,
56:38 mais est-ce que c'est vraiment l'héritière de Piaf?
56:39 Est-ce que, vraiment cherchant l'icône musicale
56:42 pour porter la France aux Jeux olympiques,
56:45 est-ce que c'est véritablement elle qui hérite de ça?
56:48 Antoine Léomar, de La France insoumise,
56:49 qui n'en est pas au premier commentaire,
56:51 digne d'un philosophe remarquable, dit...
56:53 "La raison pour laquelle des gens ne veulent pas
56:55 "qu'Aya Nakamura chante Édith Piaf est simple.
56:59 "Ça s'appelle le racisme.
57:00 "Aya Nakamura a fait plus pour le rayonnement de la France
57:03 "à l'étranger que ceux qui s'opposent
57:05 "à ce qu'elle continue à le faire.
57:07 "Elle a fait immensément pour le rayonnement
57:08 "de la France à l'étranger."
57:10 Sandrine Rousseau est dans le même état d'esprit.
57:12 Sandrine Rousseau, Aya Nakamura est une grande.
57:15 Grande quoi, je sais pas, mais bon, est une grande.
57:17 Derrière la minorisation de son talent,
57:20 il y a des relents racistes.
57:22 Elle est une star.
57:24 Elle sera la voix de la France.
57:25 Quelle fierté!
57:26 Aya Nakamura est franchement...
57:28 Et là, c'est intéressant.
57:29 Après la catastrophe de la Coupe du monde de rugby,
57:32 ça aura une autre allure.
57:34 La catastrophe de la Coupe du monde de rugby.
57:36 Vous vous souvenez, on disait que c'était trop franc-chouillard,
57:39 trop français, trop enraciné, désagréable, de francité.
57:42 C'était insupportable.
57:43 Des Français qui avaient la "nostalgie"
57:46 du pays tel qu'ils l'ont toujours vécu.
57:48 Donc, quand on pense aujourd'hui de quelle manière
57:50 incarner l'identité française
57:53 dans un moment de vitrine mondiale,
57:55 entre Jean Dujardin au moment du spectacle pour le rugby
58:01 ou Madame Nakamura,
58:02 on comprend que pour Madame Rousseau,
58:03 la véritable incarnation de la France,
58:05 c'est Madame Nakamura.
58:06 C'est intéressant, mais elle n'est pas la seule à le dire.
58:09 Soyons-en certains, sur le service public,
58:11 qui ne l'oublions jamais, égarant du pluralisme,
58:13 encore une fois,
58:14 Madame Élisabeth Fillet, qui a fait un édito culture,
58:18 il n'y a pas plusieurs éditos culture,
58:19 donc le pluralisme était dur à trouver,
58:20 mais je crois qu'elle l'incarne autrement,
58:22 nous dit que ceux qui ne sont pas favorables à cela,
58:26 ce sont des esprits chagrins.
58:28 Elle aussi jette le soupçon de racisme
58:31 sur le fait de ne pas s'enthousiasmer
58:33 pour Madame Nakamura.
58:34 Non, vous n'êtes pas pour ça, vous êtes raciste.
58:37 Est-ce que c'est clair?
58:38 Alors, moi, je suis assez fasciné.
58:40 La possibilité d'un désaccord sur le style,
58:43 un désaccord sur la musique,
58:44 un désaccord sur la qualité du chant,
58:46 un désaccord sur la qualité des paroles,
58:47 le fait que ce n'est peut-être pas l'héritière de Piaf,
58:49 peut-être, ça, ça, ce n'est pas considéré.
58:52 Mais voyons-y l'essentiel,
58:54 ça en dit beaucoup sur la vision politique d'Emmanuel Macron,
58:56 qui ne fait pas l'impasse sur la tradition,
58:57 mais qui la recycle aujourd'hui
58:59 à travers Madame Nakamura,
59:01 qui a la responsabilité de la faire renaître.
59:04 Le nouveau monde s'empare de l'ancien,
59:05 s'empare du trophée Édith Piaf,
59:09 on s'en empare,
59:10 et Madame Nakamura pourra le brandir
59:11 au service de M. Macron.
59:12 On se fait un petit plaisir, Alain, pour terminer?
59:14 Ça reste à voir ce que vous appelez plaisir.
59:16 Non, ce n'est pas Dja Dja, c'est Édith Piaf.
59:18 Alors, vous me faites plaisir.
59:19 Non, vous pouvez l'aimer aussi.
59:27 Non, rien de rien.
59:31 Non, je ne regrette rien.
59:36 Avec Marc, non.
59:38 Ni le bien qu'on m'a fait,
59:43 ni le mal,
59:45 tous sommes bien égals.
59:49 Rien de rien.
59:53 Marc plutôt qu'Aya Nakamura.
59:55 *Rires*
59:57 *musique*