• il y a 2 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:0019h, c'est l'heure, ravi de vous retrouver ce soir, La Minute Info d'abord avec Simon Guélin, bonsoir, Simon, ravi de vous revoir.
00:08C'est un plaisir partagé, chère Christine, vous m'avez beaucoup manqué cet été.
00:10N'importe quoi.
00:11Comme tous les mousquetaires, sauf un, mais je ne dirai pas lequel c'est.
00:14Oh, on va réussir à savoir qui c'est.
00:17Bonsoir, très heureux d'être là ce soir.
00:20Le parquet a requis la mise en examen et le placement en détention provisoire du suspect de l'incendie de l'église de Saint-Omer.
00:26Il avait été interpellé lundi, quelques heures seulement après le déclenchement de cet incendie.
00:31Le mis en cause est un homme né en 1985 à Boulogne-sur-Mer, sans profession et sans domicile fixe.
00:3626 condamnations ont été prononcées à son encontre depuis l'année dernière.
00:41Les deux rugbymen français inculpés de viol en Argentine sont attendus en France.
00:45Oscar Gégou et Hugo Auradou devraient atterrir à Paris dans les toutes prochaines minutes.
00:49La justice argentine qui les a autorisés hier a quitté le pays.
00:53Enfin, la bande-annonce du film Monsieur Aznavour a été dévoilée.
00:56Biopie qui retrace la carrière du célèbre chanteur-compositeur-interprète.
01:00Incarné à l'écran par Tahraim, toutefois, il faudra prendre votre mal en patience.
01:04Sorti en salle, prévu le 23 octobre prochain.
01:07Nous serons présents au cinéma le 23 octobre.
01:10Et on se mère ce soir à Matignon ou la cathédrale de Chartres.
01:15Plus on s'en approche, plus on en est loin.
01:19Les rumeurs ont brussé toute la journée.
01:23Et finalement, aux alentours de 18h, la baudruche de la rumeur s'est déballonnée.
01:28Il est urgent d'attendre.
01:30Ça coince finalement ici ou là.
01:32Il devient urgent d'attendre.
01:34Et une fois de plus attendre, ce que l'on sait,
01:38c'est qu'Edouard Philippe se positionne pour prendre la place d'Emmanuel Macron,
01:43l'éditeur de Mathieu Bocoté.
01:45Dans cette crise politique inédite en France,
01:48si on peut noter le manque de majorité parlementaire,
01:50on peut également souligner l'absence de majorité présidentielle.
01:54Et là, les choses commencent à se compliquer.
01:56Gabriel Attal tourne la page.
01:58Edouard Philippe, c'est fini.
02:00Pour la première fin, nous avons un président de la République
02:02qui n'a plus de majorité présidentielle.
02:05Comment pourra-t-il tenir une impossible mission
02:08qui pourrait déboucher sur une démission ?
02:11L'analyse de Jean-Sébastien Ferjou ce soir.
02:15A-t-on raison de dire que nous retournons vers la quatrième République,
02:20sans gouvernement stable ?
02:22Nous avions une prédominance du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif,
02:25une absence de majorité au Parlement
02:27qui empêchait la constitution d'un gouvernement uni et stable.
02:31La quatrième République avait pourtant des atouts.
02:34Des atouts qui étaient des hommes,
02:36des hommes soutenus par des partis.
02:38Et si c'était mieux sous la quatrième,
02:40le regard de Marc Menand.
02:43Cette nomination rime avec prolongation.
02:4650 jours d'attente, 50 jours de promesses de gouvernement,
02:4950 jours d'actualité dans l'indifférence générale.
02:52Qu'est-ce que cache cette nomination ?
02:55Une rentrée scolaire dans un contexte catastrophique,
02:58des noyades de migrants dans un contexte de pression migratoire immense,
03:02une haine terrible des réseaux sociaux envers notamment une veuve de gendarme,
03:07une indifférence générale face à une église entièrement brûlée à Saint-Omer.
03:11Et à la fin, on ne recherche pas un plan de bataille,
03:14mais un Premier ministre suffisamment souple pour éviter la censure.
03:18Mais où est donc passée la politique de décryptage de Charlotte Dornel-Assepuy ?
03:23La nomination du Premier ministre
03:25est donc plus que jamais ce soir sur toutes les lèvres.
03:28Mais joue-t-on vraiment l'avenir de la France ?
03:31Beaucoup de bruit pour rien.
03:32Et si cette nomination tant attendue
03:34était la moins importante de l'histoire de la Ve République,
03:39tenez-vous bien.
03:40C'est l'édito de Mathieu Bocoté ce soir.
03:42Une heure avec nos mousquetaires, c'est parti.
03:58Ravi de vous retrouver ce soir, mon cher Mathieu Bocoté.
04:02Nous sommes perdus ce soir.
04:04Où en est-on ?
04:05On ne le sait pas trop, en fait.
04:07On ne le sait pas trop.
04:08Pendant toute la journée, il y avait une petite rumeur
04:11dans les rédactions et un peu partout.
04:13On disait finalement qu'il y avait un nouveau candidat qui s'est dégagé.
04:15Grosse rumeur.
04:16Oui, mais franchement, j'ai l'impression que c'est grosse rumeur chaque jour.
04:19Donc cinq grosses rumeurs de suite, ça fait une petite rumeur à la fin.
04:23Donc la grosse rumeur, c'était David Lysnard,
04:26qui apparemment était celui qui pouvait être nommé par Emmanuel Macron.
04:32Et une autre rumeur, plus petite, mais qu'on chuchotait néanmoins,
04:36c'était Michel Barnier, l'homme de la négociation du Brexit et d'autres choses,
04:42qui se serait imposé aussi une possibilité, la possibilité Barnier.
04:47Donc là, plus Xavier Bertrand, plus M. Cazeneuve.
04:51Au final, on était avec Quatuor, on en parlait,
04:55et on nous annonçait la possibilité d'une annonce autour de 18h20,
04:59peut-être 19h20, mais pourquoi pas 20h20,
05:02et pourquoi pas en pleine nuit, bien franchement.
05:04Ce qui nous oblige à revenir au sujet d'hier, qui est aussi le sujet d'aujourd'hui,
05:08c'est quelqu'un à chercher à dérégler, à se substituer au maître des horloges.
05:13Le maître des horloges chez Emmanuel Macron,
05:15qui s'amuse chaque jour, à sa manière, à jouer avec les candidats à Matignon,
05:20en oubliant d'appeler Ségolène Royal, qui s'en désole, soit dit en passant.
05:23Elle aimerait qu'on l'appelle, mais ça n'arrive pas.
05:25Elle n'est pas la seule.
05:26Oui, en effet.
05:28Donc, finalement, c'est l'intervention d'Édouard Philippe
05:33qui occupe néanmoins nos pensées aujourd'hui.
05:36Édouard Philippe, pourquoi?
05:37Parce qu'il cherche à imposer dans la séquence
05:40« À la recherche d'un homme pour Matignon »,
05:42il cherche à imposer une nouvelle séquence politique
05:46qui remplacera Emmanuel Macron.
05:49À la question de qui sera le premier ministre,
05:51il veut imposer une nouvelle question,
05:54qui sera le prochain président,
05:57et pour imposer cette question, il nous dit finalement
06:00que le premier ministre, c'est une question technique,
06:02c'est secondaire, c'est une nomination,
06:04c'est la nomination d'un homme impuissant dans un contexte
06:06qui nous condamne à l'inaction.
06:08Mais le président, c'est chose sérieuse,
06:10donc je suis là, voilà pourquoi, me voilà.
06:13Édouard Philippe, petit portrait, gardons-le à l'esprit,
06:16premier ministre de la première séquence d'Emmanuel Macron à l'Élysée,
06:19du premier quinquennat,
06:21dans son profil, son histoire politique,
06:25c'est l'homme de la convergence des centres.
06:27Il a d'abord été rocardien, deuxième gauche,
06:30avant, et rocard, on présentait ça comme la gauche de droite,
06:34et ensuite, il a été, avec Alain Juppé,
06:37qu'on pourrait présenter quelques fois aussi
06:39comme la droite de gauche.
06:41Donc, c'est l'homme de la convergence des centres.
06:43Normalement, je précise que ce profil
06:45échoue à conquérir l'Élysée,
06:47mais bon, ça peut peut-être changer avec lui.
06:49Quoi qu'il en soit, c'est l'homme qui incarnait bien
06:51la synthèse macroniste au tout début,
06:54et qui, dans le souvenir collectif,
06:56dans la mémoire collective des Français,
06:58est associé à deux périodes, pour l'essentiel.
07:00Au gilet jaune, reste à voir s'il s'agit d'un souvenir positif,
07:04et au premier temps du COVID,
07:06du COVID pour reprendre le terme apparemment qui s'impose,
07:09donc le premier temps du COVID,
07:11il était là, et ça non plus, je ne suis pas certain
07:13que ce soit le meilleur des souvenirs,
07:14mais il a conservé néanmoins de cette période
07:16la réputation d'un homme d'autorité.
07:18Peut-être est-ce que ça peut le servir dans les temps présents.
07:21Il avait quitté en 2020, on s'en souvient.
07:24Il avait créé aussi, au moment de quitter,
07:26ne l'oublions pas, Horizon,
07:28il voulait incarner l'aile droite de la majorité.
07:30Il disait, l'aile gauche est bien représentée,
07:32je serai l'aile droite de la majorité,
07:34et je serai celui qui indiquera un cap,
07:37et le jour lointain, mais peut-être est-il arrivé,
07:40où le bloc central se fisserait,
07:42je serai capable d'annexer, quant à moi,
07:44ou d'intégrer l'aile droite hors majorité,
07:47et de fédérer tous ces gens dans une forme d'avenir à droite
07:49d'un macronisme éclaté.
07:51Cela dit, qu'est-ce qu'il nous dit dans les circonstances présentes?
07:55Parce qu'il a fait sa sortie dans Le Point,
07:57et il propose un diagnostic,
07:59un diagnostic de la situation actuelle.
08:01Il dit, le deux tiers des électeurs aujourd'hui,
08:03ceux de la gauche comme ceux du RN,
08:05ont l'impression de s'être fait voler l'élection.
08:07À droite, au RN, à cause du tripatouillage électoral du deuxième tour.
08:11À gauche, parce qu'ils en sont arrivés premiers,
08:13donc le pouvoir nous revient au deuxième tour,
08:15même s'il s'agit d'une majorité très relative,
08:17en effet, d'une minorité un peu plus forte que les autres.
08:20Quoi qu'il en soit, il dit crise démocratique,
08:22crise budgétaire aussi.
08:24Il annonce une crise qui ferait en sorte
08:26que les services publics s'effondreraient,
08:28ce qui est tout à fait possible, une crise budgétaire telle,
08:30une crise fiscale, une crise économique
08:32qui rendrait le pouvoir tout simplement impuissant.
08:34Il parle aussi d'une crise sécuritaire,
08:36ne l'oublions pas, ça fait aussi partie de son diagnostic,
08:39en disant qu'il n'y aura pas de retour aux politiques en France,
08:42il n'y a pas un moment d'affirmation sécuritaire véritable
08:45pour les Français qui se sentent aujourd'hui abandonnés par l'État.
08:48Donc on comprend qu'il a un diagnostic
08:50où il capte les préoccupations sécuritaires des Français,
08:53reste à voir évidemment ce qu'il en fera.
08:56J'ajoute une chose qui me semble importante ici,
08:58il force les autres candidats à se positionner tôt ou tard.
09:02Par autres candidats pour 2027,
09:04je ne parle pas de Jean-Luc Mélenchon,
09:06vous savez, celui qui avait quitté à la dernière présidentielle
09:09en disant « faites mieux », autrement dit « je me retire
09:11et quelqu'un viendra après moi ».
09:13Ils n'ont pas parvenu à faire mieux,
09:14ce sera encore moi la prochaine fois.
09:16Donc ça c'est M. Mélenchon.
09:17Marine Le Pen, on sait qu'elle sera là.
09:19Non, il force des gens à l'intérieur du bloc central
09:22à se positionner pour 2027.
09:24Qui sont les prétendants connus du bloc central ?
09:27Il y a évidemment, maintenant on le sait, Édouard Philippe,
09:30il y a Gabriel Attal, qui d'une manière ou d'une autre,
09:33il a été premier ministre, donc il se voit président,
09:35c'est presque inévitable,
09:36on ne peut pas être dans ce bureau sans rêver de l'autre.
09:39Et il pense aussi à son avenir, Gérald Darmanin,
09:41qui n'a jamais caché qu'il s'agissait
09:43d'une ambition pour lui.
09:45Ajoutons les noms qu'on a évoqués plus tôt,
09:47Xavier Bertrand, qui n'est pas exactement dans le bloc central,
09:50mais il est dans ce qu'on pourrait appeler
09:51la partie de la droite compatible avec le bloc central,
09:53quasi neuve.
09:55Aujourd'hui, David Lysnard, mais c'est plus compliqué,
09:57là on est avec une figure un peu différente.
09:59Quoi qu'il en soit, il oblige les autres macronistes
10:02d'importance à se positionner tôt ou tard,
10:05tôt ou tard, dans la course pour 2027.
10:10Alors, revenons-y, puisque vous l'avez évoqué,
10:12est-ce qu'Emmanuel Macron peut encore gouverner
10:15dans les circonstances actuelles ?
10:17Alors, je pense qu'il faut élargir la réflexion
10:19dans un premier temps, en se disant une chose très simple,
10:21Édouard Philippe a cherché, on nous dit,
10:24pourquoi il s'annonce demain,
10:26on pourrait trouver qu'il manque de timing,
10:28il y a des moments pour chaque chose,
10:30est-ce vraiment le moment ?
10:32Le diagnostic qui est le sien,
10:34on le comprend, ce qui se murmure,
10:36c'est qu'il croit finalement qu'Emmanuel Macron
10:38ne terminera pas son mandat.
10:40On comprend, c'est la logique,
10:41il ne peut pas s'annoncer pour 2027
10:43s'il croit qu'Emmanuel Macron va jusqu'à 2027.
10:45On va en parler aussi avec Jean-Sébastien Ferjot.
10:47Donc, puisqu'il fait l'hypothèse
10:49qu'il n'ira pas jusqu'au bout de son mandat,
10:51il dit je suis le premier en course.
10:53Il fait un peu, dans son esprit,
10:55ce que Georges Pompidou a fait en son temps
10:57au général de Gaulle, ou alors,
10:59sur le même registre, ce qu'Emmanuel Macron
11:01a déjà fait à François Hollande,
11:03je suis le successeur et lui n'ira pas jusqu'au bout,
11:05donc je suis positionné, je peux frapper.
11:07Il dit n'ira pas jusqu'au bout,
11:09c'est une autre manière de dire aussi
11:11peut-être ne devrait-il pas aller jusqu'au bout,
11:13d'une manière de le pousser
11:15à la sortie avant le temps.
11:17Et là, il y a un récit public qui se dessine
11:19de plus en plus,
11:21dans la version France Insoumise,
11:23c'est destitution d'Emmanuel Macron.
11:25Mais dans ces deux cas, quelle que soit la lecture,
11:27l'intention des uns et des autres,
11:29le récit qui se dessine, ce serait celui d'un président
11:31qui n'irait pas jusqu'au bout
11:33de son mandat.
11:35Emmanuel Macron, condamné par les événements
11:37à l'impuissance, condamné peut-être même
11:39à l'humiliation,
11:41n'irait pas jusqu'au bout de son mandat
11:43et déciderait de quitter.
11:45Donc ça, on voit un peu,
11:47on voit dans l'état d'esprit
11:49d'Édouard Philippe, il s'agit peut-être
11:51de se dire, il va bientôt quitter,
11:53je suis là pour prendre le relais.
11:55Ensuite, pour Emmanuel Macron,
11:57de quoi parle-t-on en ce moment?
11:59Eh bien, la séquence qui vient,
12:01s'il s'agit de nommer un premier ministre,
12:03c'est certain, certain, certain,
12:05mais ça n'arrive pas. Ça va peut-être arriver pendant l'émission.
12:07Suspense, les amis.
12:09Dans un instant, on ira à l'Élysée, d'ailleurs, voir Thomas Benay.
12:11Il y a cet élément-là. Ensuite, nommer un premier ministre,
12:13dont la principale fonction consiste
12:15à ne pas être censuré. Quelle est votre
12:17principale réussite, M. le Premier ministre?
12:19Je n'ai pas été censuré. C'est un succès,
12:21mais c'est un petit succès, succès comme un autre.
12:23Et pourquoi n'avez-vous pas été censuré?
12:25Comment avez-vous réussi votre coup? Parce que l'ORN
12:27m'a toléré, à moins que ce soit à gauche.
12:29L'ORN vous a toléré, mais il ne tolère pas
12:31d'autres personnes. Ah, c'est intéressant.
12:33Pourquoi il vous tolère, vous, et il ne tolère pas
12:35les autres? Seriez-vous un peu moins républicain
12:37qu'on ne le dit? Est-ce que l'ORN a des
12:39atomes crochus, clandestins,
12:41avec vous? Voilà qui pourrait nous
12:43inquiéter. Ensuite, il ne pourra pas
12:45vraiment gouverner. Il va devoir
12:47administrer, simplement,
12:49parce que les grandes réformes exigent un minimum
12:51quand même d'élan. On ne voit pas exactement
12:53quel élan se trouve dans la vie politique en ce moment.
12:55Donc, dans les faits, quel que soit le prochain
12:57premier ministre, il sera, dans les faits,
12:59à la tête d'une forme de gouvernement
13:01technique. Donc, le gouvernement technique
13:03aura un visage ou non, mais la logique
13:05du gouvernement technique est devant nous.
13:07Et, dans les faits, on peut dire que la
13:09présente séquence, il s'agit simplement
13:11pour Emmanuel Macron, pour le premier ministre,
13:13d'occuper le temps jusqu'à la
13:15prochaine dissolution, qui est le véritable
13:17horizon des temps présents.
13:19Vous venez d'évoquer la prochaine
13:21dissolution. Elle est impossible avant
13:23dix mois. Maintenant, est-elle
13:25inévitable, comme plusieurs le répètent?
13:27Alors, j'entends beaucoup dire, dans les salles de
13:29rédaction, un peu partout, en politique, que ce serait
13:31irresponsable de parler de ça. Ne parlons pas de ce
13:33sujet. C'est l'esprit bassement
13:35politicien que tu préoccupais de la dissolution.
13:37Parlons des autres enjeux. Je m'excuse,
13:39mais puisque tous les partis ne pensent qu'à ça en ce
13:41moment, vous nous permettrez d'en parler un
13:43peu. On ne fera pas semblant. On n'est
13:45que devant des vierges virtueuses
13:47qui veulent se donner dans la pureté
13:49à la France. On est quand même devant des gens qui veulent
13:51le pouvoir et qui sont prêts à tout pour cela.
13:53Alors, posons quelques questions à l'horizon
13:55de la dissolution à venir,
13:57dans quelques mois,
13:59s'il y en a lieu. Est-ce que le NFP
14:01tiendra encore? Est-ce que la gauche, qui a recommencé
14:03à jouer à la guerre civile, sera capable à
14:05nouveau de s'unir? J'ai tendance
14:07à le croire, parce qu'elle est toujours capable de s'unir
14:09au dernier moment, mais est-ce qu'elle tiendra?
14:11Premier élément. Est-ce que le Front républicain
14:13va fonctionner aussi bien, encore une fois?
14:15Est-ce que le Front républicain va fonctionner
14:17quand on sait qu'une partie des électeurs
14:19de droite, aujourd'hui,
14:21regrette d'y avoir participé?
14:23D'autant que le
14:25deuxième temps politique, il y a eu
14:27la diabolisation du RN, mais depuis quelques semaines,
14:29c'est moins la diabolisation du RN
14:31que de la gauche dans son ensemble,
14:33NFP, ainsi de suite. Donc, le jeu
14:35de bascule de la diabolisation,
14:37quel résultat ça va donner dans les prochains temps?
14:39Est-ce que la droite républicaine,
14:41comme on l'appelle, ou du moins comme elle aime s'appeler,
14:43va se présenter sous ses propres
14:45couleurs? Quel en sera l'état
14:47des alliances avec le RN?
14:49Ça nous conduit à cette question. Est-ce que le RN va être capable
14:51d'attirer, cette fois,
14:53des notables, des cadres,
14:55des figures politiques, et d'être capable
14:57d'éviter de ces candidats, quelquefois,
14:59un peu fâcheux qu'il peut traîner
15:01et qui finissent par éclabousser
15:03sa campagne?
15:05Et autre question un peu étrange,
15:07qui se réclamera d'Emmanuel Macron?
15:09Imaginons qu'il y ait une dissolution. Qui va dire,
15:11nous sommes le parti du président,
15:13presque déchu dans ses
15:15fonctions en ce moment, selon certains.
15:17Qui se réclamera d'Emmanuel Macron dans la prochaine
15:19séquence politique? La réponse n'est pas si
15:21évidente que ça. Et on y revient,
15:23on est dans un moment de crise institutionnelle
15:25aujourd'hui, avec une présidence
15:27toute puissante, mais potentiellement
15:29impotente, avec une assemblée plus
15:31représentative que jamais, mais incapable de
15:33former un gouvernement, avec un système
15:35électoral qui se retourne contre les préférences
15:37populaires, avec une impuissance politique
15:39absolue dans un pays qui a le culte
15:41du volontarisme politique, et avec
15:43une prime à la technostructure juridique et administrative
15:45qui peut continuer d'imposer
15:47son programme, alors que les Français sont laissés
15:49de côté. Donc, disons les choses
15:51simplement, je terminerai là-dessus. Nous
15:53sommes assurément dans une, vous connaissez
15:55ma formule, fin de régime, crise de régime.
15:57Il y a deux manières. Soit ça se passe lentement,
15:59peu à peu, on se laisse engloutir
16:01sans s'en rendre compte, soit il y a un
16:03choc brutal. Les deux scénarios sont
16:05possibles. Reste à voir quelles forces politiques
16:07pourront relever le pays quand le
16:09choc viendra.
16:11On va décortiquer avec vous aussi,
16:13Jean-Sébastien Ferjou,
16:15ce qui pourrait se passer
16:17bientôt avec Emmanuel Macron.
16:19On va directement à l'Elysée
16:21rejoindre Thomas Bonnet pour savoir un peu
16:23qu'est-ce qu'il se passe, Thomas Bonnet ? On est tous perdus.
16:25Une chose est sûre, c'est qu'il n'y a pas
16:27de non ce soir, c'est ça ? On en est là.
16:31Non, chère Christine,
16:33pas de fumée blanche, au mieux un
16:35épais brouillard autour du palais de l'Elysée.
16:37Et Mathieu Bocoté a fait un récit fidèle
16:39de la longue journée que nous venons de
16:41passer devant le palais présidentiel.
16:43Cet après-midi, on a bien cru qu'on allait avoir
16:45finalement cette nomination
16:47pour ce soir. Et puis, sans qu'on ne sache
16:49véritablement pourquoi, cette
16:51éventualité s'est éloignée
16:53petit à petit. Et comme le disait aussi
16:55Mathieu Bocoté, nous avons maintenant
16:57de nouveaux noms qui apparaissent, de nouvelles
16:59rumeurs. Michel Barnier, David Lysnard
17:01sont désormais cités comme des
17:03noms de potentiels premiers
17:05ministres. Et on constate une fois
17:07encore que la nomination pour Emmanuel Macron
17:09c'est toujours compliqué, voire douloureux.
17:11On peut se rappeler de l'épisode Catherine Vautrin
17:13en 2022. Elle devait être la première
17:15ministre avant que des proches du président
17:17de la République ne s'y opposent. Et que finalement, ce soit
17:19Elisabeth Borne qui
17:21soit nommée. Est-ce qu'on a assisté au même tir de barrage
17:23ce soir ? L'avenir nous le dira.
17:25On ne sait que très peu de choses ce soir,
17:27chère Christine. Et je fais donc mienne
17:29la Maxime de Socrate. Je sais que
17:31je ne sais rien.
17:33Merci infiniment. Mon cher Thomas,
17:35si jamais ça bouge, on ne sait jamais.
17:37Au moment où on n'attend rien, peut-être qu'il se passera
17:39quelque chose.
17:41On reviendra
17:43vers vous d'un instant à l'autre.
17:45Merci infiniment. Jean-Sébastien Ferjou,
17:47dans cette crise politique inédite
17:49en France, on peut noter
17:51le manque de majorité parlementaire,
17:53mais on peut également noter l'absence
17:55de majorité
17:57présidentielle.
17:59Gabriel Attal qui tourne la page, Édouard Philippe,
18:01on en a parlé à l'instant. Pour la première fois,
18:03on a un président de la République qui n'a plus
18:05de majorité présidentielle.
18:07Comment pourra-t-il
18:09tenir ?
18:11Oui, parce qu'il faut bien comprendre comment fonctionne
18:13la Vème République.
18:15Désolé, mais il faut passer un peu par
18:17de la logique de droit constitutionnel.
18:19Il y a des régimes présidentiels,
18:21il y a des régimes parlementaires et la Vème République
18:23est censée être un régime semi-présidentiel
18:25ou semi-parlementaire à quelque part au milieu.
18:27Un régime présidentiel, c'est quoi ? C'est comme aux États-Unis.
18:29Vous avez un président qui est élu et vous avez
18:31un congrès avec la Chambre des représentants et le
18:33Sénat et les deux sont séparés.
18:35Le président des États-Unis ne peut pas
18:37dissoudre la Chambre
18:39des représentants et il ne peut pas non plus,
18:41sauf procédure de destitution, être
18:43poussé dehors par l'absence de majorité.
18:45On a déjà vu des présidents américains,
18:47c'est même assez courant, qui se retrouvent avec
18:49un congrès et une majorité qui leur est opposée.
18:51Un régime parlementaire, c'est le Royaume-Uni
18:53ou c'est l'Allemagne, par exemple, où vous avez
18:55le chef de gouvernement, celui qui
18:57exerce véritablement le pouvoir, pas le président
18:59ni le monarque, celui qui vraiment est aux commandes au quotidien,
19:01il est directement issu
19:03de la majorité parlementaire, alors qu'en France,
19:05ce n'est pas le cas. En France, on est au milieu.
19:07Alors, qu'est-ce qui se passait ? En 1958,
19:09on avait un président de la République qui n'était pas
19:11encore élu au suffrage universel direct
19:13par les Français. Mais déjà, le général
19:15de Gaulle et Michel Debré avaient souhaité quelque chose
19:17qui ne soit pas de l'ordre d'un régime parlementaire
19:19parce qu'on sait l'hostilité, l'animosité
19:21ou le mépris que le général de Gaulle
19:23avait envers les partis. Non pas envers les partis comme
19:25réalité institutionnelle dans une démocratie représentative
19:27ou des partis, mais comme réalité humaine
19:29de ce qu'ils étaient à l'époque.
19:31Et donc, il avait mis en place un collège électoral.
19:33Il y avait 80 000 grands électeurs
19:35qui élisaient le président de la République
19:37alors que, par exemple, en Allemagne,
19:39le président est élu simplement,
19:41c'est le fruit du Bundestag
19:43et du Bundesrat.
19:45En 1962,
19:47on a fait une réforme validée par les Français
19:49dans un référendum pour élire le président
19:51au suffrage universel. Et là, il y a eu
19:53deux réalités qui en ont découlé.
19:55Une réalité politique et une réalité institutionnelle.
19:57La réalité politique, c'est qu'il y a une majorité
19:59présidentielle qui est apparue, qui existe
20:01au jour de l'élection parce qu'elle ne produit pas d'autres effets
20:03que l'élection du président de la République
20:05en soi. Et il y a
20:07ensuite les élections parlementaires qui étaient
20:09conçues comme la validation de l'élection
20:11présidentielle elle-même. Et le général
20:13de Gaulle avait pris un malin plaisir
20:15à le souligner lui-même, à établir la distinction.
20:17Il l'avait dit notamment dans une conférence de presse
20:19en 1966 en rappelant, regardez,
20:21moi, au premier tour de l'élection présidentielle
20:23de 1965, j'ai fait 45%
20:25au premier tour. Jamais
20:27les partis qui me soutiennent dans
20:29les coalitions parlementaires qui le soutenaient
20:31n'ont atteint ce score-là, même de loin.
20:33Et donc, il faisait bien la distinction en disant
20:35j'ai une relation directe avec les Français
20:37et puis après, il y a le gouvernement du quotidien
20:39qui, lui, est déterminé par, justement, cette majorité
20:41parlementaire. Alors, on a oublié tout ça
20:43parce que depuis le quinquennat, les deux se sont
20:45confondus puisque les deux élections
20:47ont lieu en même temps et que,
20:49finalement, l'élection législative en général
20:51n'est que la confirmation, quand elle suit la
20:53majorité présidentielle, de l'élection
20:55présidentielle. D'ailleurs, pas forcément parce qu'il y a plus
20:57de majorités, mais parce que les électeurs
20:59qui savent qu'ils ont perdu, eux,
21:01acceptent, en quelque sorte,
21:03leur défaite. Là, maintenant,
21:05on est obligé de constater qu'on en
21:07revient, quand même, à cette réalité
21:09institutionnelle. Une majorité présidentielle,
21:11ça n'est pas une majorité parlementaire.
21:13Ça produit des effets différents.
21:15Mais une majorité parlementaire, par exemple,
21:17une majorité présidentielle, Jacques Chirac
21:19ou François Mitterrand, quand ils se sont retrouvés
21:21en cohabitation, ils continuaient à en avoir une.
21:23Le PS soutenait toujours François Mitterrand.
21:25Alors, bien sûr, Emmanuel Macron ne peut plus être réélu là.
21:27Mais on est au-delà de ça. Il n'y a pas
21:29véritablement de parti macroniste. Il n'a rien compris.
21:31Vous l'évoquiez tout à l'heure, Gabriel Attal
21:33n'a pas particulièrement souhaité
21:35continuer cet héritage-là.
21:37Eux, ils avaient des majorités... Enfin, ils continuaient
21:39à avoir des gens qui les soutenaient, qui voulaient
21:41qu'ils puissent se représenter
21:43à la case échéante ou que le parti qu'ils représentaient
21:45puisse continuer à exercer.
21:47Et donc, ça leur donnait une légitimité, y compris
21:49ce qu'on appelle le domaine réservé du président,
21:51parce que ça fait partie des discussions.
21:53Il semble que Bernard Cazeneuve ait trouvé
21:55qu'Emmanuel Macron était un peu exigeant,
21:57disant qu'il ne voulait pas seulement ce que le domaine
21:59réservé attribue au président de la République,
22:01à savoir les affaires étrangères, la défense, mais aussi
22:03l'intérieur, et Bercy, et en plus ne pas toucher
22:05à la réforme des retraites. Autant dire qu'il garde
22:07la réalité du pouvoir, parce qu'il veut bien laisser
22:09le ministère des Sports à quelqu'un d'autre.
22:11Alors,
22:13comment peux-tu
22:15expliquer qu'Emmanuel Macron
22:17se trouve donc là, dans une situation
22:19sans précédent ?
22:21Déjà, pour bien comprendre pourquoi
22:23il a été élu, il a une légitimité
22:25juridique qui est incontestable.
22:27Effectivement, Emmanuel Macron a été élu
22:29par les Français en 2022 pour un mandat
22:31de 5 ans. Maintenant,
22:33il a convoqué une élection législative
22:35anticipée, et on voit bien que dans la logique
22:37des institutions, quand on relit les travaux
22:39de Michel Debré, justement, qui a écrit la Constitution
22:41pour le général de Gaulle,
22:43le général de Gaulle aurait considéré
22:45qu'une élection que vous avez
22:47provoquée et que vous perdez équivaut
22:49à une délégitimation,
22:51et donc aurait démissionné. D'ailleurs, c'est aussi
22:53vraisemblablement l'interprétation qu'en fait
22:55Édouard Philippe, parce que moi, en l'entendant hier, ça m'a rappelé
22:57Georges Pompidou. Ça m'a rappelé...
22:59Je n'étais pas né, mais...
23:01Je sais que ça s'est passé.
23:03Voilà, j'ai pensé à vous, Marc.
23:05Non, mais c'est une sorte de putsch qui ne dit pas son nom.
23:07Mais voilà, en 1969,
23:09Georges Pompidou avait dit, ça n'est un mystère
23:11pour personne, que je serai candidat à une présidentielle
23:13quand il y en aura une. Et donc, il avait bien
23:15anticipé. On marque une pause et je reviens
23:17parce que ce que vous êtes en train de m'expliquer
23:19et ce qui va dans le prolongement
23:21de ce que disait Mathieu, ça dirait
23:23qu'inéluctablement, on irait
23:25vers une démission d'Emmanuel Macron.
23:27Ne me répondez pas !
23:29On marque une pause et on revient tout de suite.
23:37Est-ce que
23:39c'est inéluctable qu'Emmanuel Macron
23:41démissionne, finalement ? Est-ce que
23:43tout ce cirque politique
23:45n'est pas une sorte de
23:47façon de repousser sa démission
23:49inéluctable ?
23:51Je ne suis pas Emmanuel Macron. Je pense
23:53que personne d'Emmanuel Macron n'y sait
23:55véritablement ce qu'il a en tête.
23:57On le voit d'ailleurs avec un certain nombre de gens qui ont été proches de lui.
23:59Alain Minc ou d'autres disent que
24:01ils peinent à comprendre
24:03la logique de son comportement
24:05depuis la dissolution. Mais au-delà
24:07de ce qu'est ou de ce que fera Emmanuel Macron,
24:09il s'est sorti d'autres situations.
24:11Souvenez-vous au moment des Gilets jaunes, peu misé
24:13sur son avenir politique
24:15à ce moment-là.
24:17Bref, n'insultons pas l'avenir.
24:19Quoi qu'il en soit, il y a une logique institutionnelle.
24:21Et c'est ce que je vous décrivais, la logique
24:23majorité présidentielle, majorité parlementaire,
24:25elle existe d'un point de vue institutionnel
24:27comme elle existe d'un point de vue politique. Pour la première fois,
24:29nous avons un président qui n'a plus
24:31de majorité présidentielle.
24:33C'est-à-dire que les gens qui ont soutenu, qui ont porté
24:35Emmanuel Macron à la présidentielle
24:37ne sont plus derrière lui.
24:39En plus, déjà, il y a les Français eux-mêmes,
24:41mais ça, ça a pu exister pour d'autres
24:43présidents. Sauf que
24:45la spécificité de l'élection de 2022,
24:47c'est quand même beaucoup plus encore que dans des épisodes
24:49précédents. Emmanuel Macron a été élu
24:51contre Marine Le Pen plus qu'il n'a été élu
24:53pour lui. En 2017, il avait suscité
24:55un vrai sport, un vrai élan. En 2022, c'était
24:57déjà très différent. Mais surtout, je vous disais,
24:59les gens qui le soutiennent, vous l'évoquiez tout à l'heure,
25:01Gabriel Attal a fait savoir que, de toute façon,
25:03pour lui, il était autonome.
25:05Il se chuchote, puisqu'on en était au grand, aux petites rumeurs,
25:07qu'il pourrait prendre la parole assez rapidement
25:09après la nomination d'un Premier ministre pour dire
25:11que le Bloc central
25:13a vocation à être libre, donc libre,
25:15dégagé de la tutelle d'Emmanuel Macron.
25:17Édouard Philippe a rappelé,
25:19il l'a dit hier, il l'avait déjà dit au mois de juillet, que
25:21le président de la République avait tué
25:23la majorité avec sa décision
25:25de dissolution. Donc, il considère
25:27de facto qu'il ne fait plus partie de cette
25:29majorité-là. Quant au
25:31modem, je vous parle des députés, pas nécessairement
25:33de François Bayrou, on n'entend pas beaucoup
25:35non plus de gens animés de très bonnes intentions
25:37vis-à-vis d'Emmanuel Macron. Donc, qui
25:39lui reste-t-il ? Parce que, non seulement, il y a cette
25:41réalité politique, les gens qui l'ont
25:43porté au pouvoir ne sont plus là et, en plus, ne croient
25:45plus au macronisme, puisqu'on a des gens qui veulent le tirer
25:47soit à revenir à quelque chose plus à droite,
25:49soit à quelque chose un peu plus ancré vers
25:51la social-démocratie, mais
25:53le macronisme n'ayant rien produit comme synthèse
25:55idéologique, il n'y a pas véritablement
25:57de gens qui sont là pour le porter
25:59plus loin. Mais c'est au-delà de ça,
26:01parce qu'Emmanuel Macron, c'était qui ?
26:03Emmanuel Macron, alors, il a réussi
26:05ce génie marketing à faire croire qu'il était
26:07révolutionnaire. Souvenez-vous, en 2017,
26:09il allait changer la vie.
26:11C'était quand même assez absurde d'imaginer que ça puisse être le cas
26:13puisqu'il était le pur produit du système.
26:15Pourquoi ? Le pur produit du système aurait-il
26:17changé les choses ? Il avait été
26:19choisi pour ça et il avait su,
26:21ou plus exactement, il avait su très intelligemment
26:23se situer au centre de gravité de ce qu'attendait
26:25le système. Vous savez, il y a le fameux système,
26:27ce qu'on appelait le cercle de la raison, notamment
26:29en 1983, et le tournant de la rigueur
26:31de gens qui disent qu'il faut être sérieux, qu'il ne faut pas
26:33se laisser emporter par les passions
26:35politiques, qu'il faut avoir en tête une bonne gestion,
26:37etc. Bref, comme le cercle
26:39de la raison, pendant des années, tenait à la fois
26:41les partis de gouvernement de droite ou de gauche, il n'y avait pas de problème,
26:43il pouvait y avoir une alternance. En 2017,
26:45ça s'était effrité déjà, parce que Benoît Hamon, c'était déjà
26:47plus du tout le cercle de la raison, et François
26:49Fillon, par son rapport à la Russie, ou peut-être
26:51parce qu'il était perçu comme trop libéral,
26:53c'était moins le cercle de la raison.
26:55Donc, pour que ce cercle de la raison
26:57puisse se maintenir,
26:59il fallait faire péter ce fameux
27:01clivage gauche-droite, et c'est ce qu'a livré
27:03Emmanuel Macron, et c'est lui qui a eu cette intuition
27:05assez géniale, ça lui a permis
27:07d'être élu, et ça a en plus donné l'illusion
27:09que les Français attendaient ça, en disant
27:11« Bon, ben la politique, finalement, c'est ennuyeux,
27:13passons à une gestion d'experts, ou une gestion
27:15de gens qui ne seraient que dans la bonne volonté, c'est assez
27:17absurde, hein, parce que c'est comme quand Édouard Philippe dit qu'il est modéré,
27:19si vous buvez de l'eau de Javel avec modération,
27:21ça reste toujours aussi mauvais, la modération
27:23n'a aucun... Non mais c'est le grand
27:25schéma du upéisme, la modération n'a aucun
27:27intérêt, ce qui compte, c'est la maîtrise, la maîtrise
27:29de son comportement, ce sont deux notions
27:31totalement différentes. Mais je vous le disais, Emmanuel Macron
27:33qui était le produit de ce système,
27:35il devient un danger
27:37pour le même système,
27:39parce que comme il suscite une exaspération
27:41majeure, comme cette incertitude
27:43qui pèse sur la France et les milieux économiques,
27:45il n'y a rien qu'il déteste
27:47autant, que l'incertitude
27:49pire finalement qu'un gouvernement
27:51avec lequel vous êtes fixé, c'est ne pas savoir
27:53quelle sauce doit être mangée d'un point de vue fiscal,
27:55parce qu'il faut prendre des décisions d'investissement, est-ce que vous investissez en France,
27:57est-ce que vous décidez de partir,
27:59est-ce que tout est suspendu, là,
28:01rien ne se passe en France depuis
28:03le mois de juillet. Et donc
28:05les mêmes finalement qui ont porté Emmanuel Macron,
28:07parce qu'il était celui qui permettait à ce système,
28:09à ce cercle de la raison, et qui n'a pas que
28:11des faux, il y a des tas de choses
28:13justifiées dans cette volonté
28:15d'être dans une gestion plus rigoureuse,
28:17les mêmes
28:19pourraient être tentés de le pousser sur la touche.
28:21Et souvenez-vous, Christine, de ce qui s'était
28:23passé pendant les gilets jaunes.
28:25Le dimanche qu'avait suivi l'assaut sur l'Arc de Triomphe,
28:27pareil, grande ou petite rumeur,
28:29il se dit qu'un certain nombre
28:31de milliardaires français avaient appelé à l'Élysée en disant
28:33maintenant ça suffit, il faut sortir le chéquier,
28:35il faut lâcher l'argent, parce qu'il y avait eu
28:37des intrusions, vous vous en souvenez, dans des appartements
28:39à Newfoundland, autour
28:41de l'Arc de Triomphe. Donc une espèce de peur
28:43chez la bourgeoisie, parlez comme Jean-Luc
28:45Mélenchon, qui a produit un certain
28:47effet politique en disant maintenant ça suffit,
28:49la raideur et la rigueur.
28:51Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
28:53Je veux vous dire qu'à partir du moment
28:55où Emmanuel Macron sera vraiment perçu comme
28:57celui qui, de facto, menace cette
28:59constance de cette
29:01volonté de mener une politique un peu centrale,
29:03cet engagement européen,
29:05cette volonté de modération,
29:07entre guillemets, la tentation
29:09sera sûrement forte pour certains
29:11de lui dire maintenant
29:13ça a été très bien pendant un certain
29:15nombre d'années, peut-être est-il temps de
29:17commencer à partir. Reste à savoir
29:19comment lui l'entendrait.
29:21Merci beaucoup pour votre regard.
29:23Un lien direct avec la connexion de
29:25Marc Menand. Dans un instant on va voir avec
29:27Charlotte Dornelas que cache cette
29:29nomination. On va voir toute l'actualité
29:31dans tout ça, puisqu'on n'arrête pas de parler
29:33de la nomination comme de la
29:35cathédrale de Chartres. Alors Marc Menand,
29:37est-ce qu'on a raison de dire
29:39que nous retournons vers la 4ème République ?
29:41Je ne le pense pas.
29:43Ça fait partie de ces
29:45clichés. On aime bien trouver, en général
29:47on ignore beaucoup l'histoire,
29:49mais de temps en temps il est bon d'avoir
29:51une sorte de
29:53cache-mémoire.
29:55Et ce cache-mémoire permet
29:57de faire apparaître
29:59une sorte d'illusion
30:01le côté c'était peut-être mieux avant.
30:03En l'occurrence, quand on regarde
30:05déjà, c'est historiquement.
30:07La 4ème République
30:09naît après la 2ème
30:11guerre mondiale. Ce n'est pas rien.
30:13C'est un pays qui est complètement détruit.
30:15En particulier à l'ouest,
30:17la Normandie, le nord,
30:19l'est, il faut reconstruire.
30:21Les tickets de rationnement
30:23continuent jusqu'en
30:251949.
30:27Il y a eu les communistes
30:29qui étaient associés
30:31avec les gaullistes
30:33pour essayer d'obtenir
30:35cette victoire sur l'occupant.
30:37Mais l'obsession du
30:39général de Gaulle a été
30:41de faire en sorte que les communistes
30:43ne soient pas les grands bénéficiaires
30:45de la libération.
30:47C'est d'ailleurs pour ça qu'il fait en sorte
30:49que ce soit Leclerc qui vienne
30:51à Paris libérer
30:53la capitale, que les communistes
30:55avec Raoul Tanguy ne soient
30:57pas ceux qui soudain
30:59ont offert le retour
31:01à la liberté aux parisiens.
31:03Donc ça, ce sont des éléments
31:05essentiels. La 4ème République
31:07naît dans ces conditions-là.
31:09Et le général de Gaulle,
31:11qui est le chef du
31:13gouvernement provisoire, et celui qui
31:15théoriquement devrait prendre
31:17en main le destin de la France,
31:19avec tout ce qui a été sa lutte,
31:21on oublie aujourd'hui
31:23qu'elle a été essentielle.
31:25C'est-à-dire que certains disent
31:27« Ah bah oui, mais quand même,
31:29il n'était pas le grand
31:31militant, le grand batailleur,
31:33ceux qui se sont battus, c'était Leclerc,
31:35c'était les autres, alors que
31:37lui, il était à Londres.
31:39Mais que d'efforts il lui a
31:41fallu pour convaincre, pour que
31:43la France soit entendue, pour que
31:45la France puisse participer même
31:47simplement à l'arrêt d'issue allemande.
31:49Souvenez-vous des chroniques que nous avons faites
31:51sur le sujet. Donc, le général de Gaulle
31:53a une idée de la France,
31:55il y a mis toute son
31:57existence, il se sent investi
31:59aussi. C'est un grand croyant,
32:01investi presque d'un destin,
32:03et il espère pouvoir
32:05relancer
32:07ce pays alors qu'il est
32:09à reconstruire.
32:11Malheureusement, il y a les...
32:13Si il n'y a pas le contexte,
32:15ça ne veut rien dire. Et il ne faut pas
32:17oublier non plus que l'élection parlementaire
32:19se fait à la proportionnelle.
32:21Aujourd'hui, on n'est pas à la proportionnelle,
32:23mais ça change tout. S'il y avait la proportionnelle,
32:25imaginez
32:27ce que serait aujourd'hui
32:29l'Assemblée. Elle n'aurait pas du tout
32:31ce visage, et par conséquent,
32:33on n'aurait pas
32:35la nupèce qui pourrait s'afficher
32:37telle qu'elle est. – C'est NFP.
32:39– Pardon ? – C'est NFP, mais c'est pareil.
32:41– Et à partir
32:43de là, il y a
32:45cette reconstruction,
32:47des conditions de vie qui sont
32:49terribles. C'est un pays
32:51dans nombre de communes,
32:53vous n'avez pas dans les immeubles
32:55l'eau courante. Moi, j'habitais à 50 km
32:57de Paris au début des années 50,
32:59il fallait encore aller à la fontaine
33:01chercher de l'eau. Vous n'aviez
33:03pas l'électricité partout, le téléphone
33:05n'existait pas, etc., etc.
33:07Et on a besoin
33:09d'énergie. L'énergie, c'est quoi ?
33:11Ce sont les mines, et on
33:13demande aux mineurs des efforts
33:15gigantesques, et ne pas oublier,
33:17en 1948, des grèves
33:19qui paralysent le pays
33:21parce que les uns
33:23et les autres, sortant de l'enfer,
33:25se disent « mais bon sang, il faut y aller »,
33:27et ils ont l'impression d'être spoliés.
33:29C'est ça, la quatrième
33:31République.
33:33Donc, on ne peut pas avoir
33:35d'analogie.
33:37Est-ce que ce ne sont pas des causes différentes
33:39avec des conséquences identiques ?
33:41Voilà. Et une structure même
33:43parlementaire, qui n'a rien à voir
33:45avec celle d'aujourd'hui, Jean-Sébastien
33:47tout à l'heure nous rappelait aussi que
33:49l'élection du président de la République,
33:51elle n'était pas au suffrage
33:53universel, à partir de là,
33:55il n'y a rien à voir.
33:57Après, il y a les hommes.
33:59Aujourd'hui, je ne veux pas
34:01être déplaisant par rapport
34:03à tous les noms qui circulent,
34:05mais enfin, si vous prenez
34:07Édouard Philippe,
34:09et si vous prenez
34:11qui ? Ah oui, comment ?
34:13Bernard Cazeneuve.
34:15Bernard Cazeneuve, voilà.
34:17Vous allez les comparer à Mendes France ?
34:19Vous allez les comparer
34:21à Edgar Ford ?
34:23Vous allez les comparer
34:25à Guy Mollet, à Antoine Pinet ?
34:27Vous allez les comparer à ces personnages
34:29qui avaient une envergure intellectuelle
34:31invraisemblable ? Une idée de la France !
34:33Et puis après,
34:35avec des gens comme ça,
34:37vous pouvez vous dire
34:39qu'effectivement, il y a des
34:41initiatives qui peuvent naître
34:43de façon personnelle,
34:45mais qui correspondent
34:47à l'ambition d'un pays.
34:49Autre élément à ne pas
34:51négliger, c'est que la France,
34:53elle avait été sauvée par
34:55Sneur, par sa colonisation.
34:57Si De Gaulle a pu réussir,
34:59c'est parce qu'il y avait la France
35:01coloniale, sur laquelle on a pu s'appuyer
35:03pour repartir au combat,
35:05aller affronter
35:07les Allemands. Mais cette France
35:09de la colonisation, il va falloir
35:11malheureusement,
35:13pour elle,
35:15se dépouiller.
35:17Il y aura d'abord
35:19l'Indochine. Il faudra
35:21l'indochine.
35:23On va devoir faire en sorte
35:25que la Tunisie, le Maroc
35:27retrouvent leur autonomie.
35:29Et puis, il y a la guerre
35:31d'Algérie. Vous imaginez
35:33toutes ces structures-là,
35:35comment elles opposent
35:37les hommes, comment il y a un brassage,
35:39et puis la force aussi
35:41des syndicats. Les syndicats
35:43après la guerre,
35:45les syndicats dans les années 50,
35:47ont une force de mobilisation
35:49invraisemblable.
35:51Et on avait, pardonnez-moi aussi, des partis politiques
35:53forts aussi. Bien évidemment.
35:55Et un PCF très,
35:57très, très, très, très fort. C'est-à-dire
35:59que l'espoir
36:01pour le peuple, c'est
36:03quand même le communisme.
36:05Et un communisme qui est là,
36:07rougeoyant. Un communisme
36:09qui espère bien obtenir
36:11la victoire par les urnes,
36:13bien qu'étant révolutionnaire.
36:15Alors, on peut s'amuser,
36:17dire, ah, la quatrième république,
36:19mais comment la voir
36:21dans tout ce que je viens d'essayer
36:23d'esquisser
36:25comme portrait global,
36:27je ne la vois pas poindre.
36:29– Merci pour votre regard
36:31de spécialiste, Marc Menand, spécialiste
36:33de l'histoire. Charlotte Dornilas,
36:35pendant que tous
36:37attendent, là, la décision,
36:39éternelle
36:41décision d'Emmanuel Macron,
36:43le pays continue
36:45à vivre, mais que nous cache
36:47cette nomination
36:49en attente ? – Alors,
36:51derrière la question que nous cache cette nomination,
36:53c'est factuel, c'est-à-dire que je
36:55ne pressens pas qu'Emmanuel Macron fait durer le plaisir
36:57pour cacher une quelconque réalité,
36:59mais il se trouve que la réalité perdure
37:01et que pendant que
37:03tous attendent, c'est-à-dire que dans le pays,
37:05je pense qu'il y a des gens qui attendent, seconde par seconde,
37:07pendus aux fenêtres
37:09de l'Elysée, et puis il y a une bonne partie
37:11de la France qui attend surtout que ce soit fini,
37:13qu'on passe à autre chose, qu'on passe peut-être à des choses plus sérieuses.
37:15– Et si vous permettez, Charlotte,
37:17on va faire une petite confidence aux téléspectateurs,
37:19on avait prévu une toute autre émission,
37:21avec d'autres sujets, d'actualités,
37:23intéressants aussi, et on est obligés
37:25de coller. – Peut-être même plus.
37:27– Et peut-être même plus.
37:29– Pas que ce qu'on dit. – Non mais c'est vrai, au bout du bout,
37:31on n'a pas de premier ministre. – Merci pour l'information, Charlotte.
37:33– Non mais pardonne-moi.
37:35– C'est vrai, c'est intéressant de voir qu'est-ce que ça cache.
37:37– Non mais pas que ce qu'on dit,
37:39mais que le psychodrame de passer
37:41de non en non, ou honnêtement,
37:43par ailleurs, je pense que dans
37:45beaucoup d'endroits en France
37:47aujourd'hui, la différence entre tous
37:49les noms qui nous ont été sortis dans la journée,
37:51à la loupe, peut-être qu'on la cherche,
37:53mais honnêtement, c'est vraiment des questions
37:55de noms, et de qu'est-ce que va dire
37:57celui-là, et comment va réagir l'autre,
37:59le psychodrame est pénible,
38:01honnêtement, et loin de toute
38:03question politique intéressante.
38:05Alors évidemment, vous l'avez dit,
38:07cette actualité,
38:09elle est, et d'ailleurs c'est ce que nous disait
38:11Jean-Sébastien aussi, depuis le mois
38:13de juin, tout s'est arrêté dans les
38:15décisions politiques, dans la manière de concevoir
38:17aussi cette réalité, dans la manière de
38:19vouloir la changer, dans les projets de loi
38:21qui étaient en cours, on vient de faire la rentrée
38:23scolaire, avec énormément
38:25d'indicateurs qui se sont ajoutés,
38:27une inquiétude qui est à la fois partagée
38:29et dans les mêmes proportions par
38:31les parents et les professeurs,
38:33sur l'incapacité à reprendre en main
38:35la nécessaire instruction
38:37des enfants, c'est-à-dire, accessoirement,
38:39l'avenir de la France,
38:41parce que si plus personne ne sait compter, on ne pourra plus faire d'avion,
38:43si plus personne ne sait lire, on ne pourra plus
38:45écrire des textes, par exemple, des projets
38:47de loi, et donc, penser
38:49l'avenir du pays. Donc il y a cette rentrée scolaire
38:51qui se fait par ailleurs avec un nombre
38:53en moins de professeurs, qui lui aussi
38:55est inquiétant, parce qu'il ne révèle pas
38:57simplement que des élèves n'ont pas de professeur,
38:59il révèle évidemment un effondrement
39:01de la vocation même de professeur,
39:03et pour cause qui est évidemment liée
39:05à ce que je viens de dire, quand votre métier
39:07n'a plus de sens, et qu'en plus,
39:09il a beaucoup de risques, vous n'avez plus vraiment raison
39:11d'y aller. Ensuite, il y a
39:13la question de la réalité migratoire, ça a été évoqué
39:15un peu avec le drame qui s'est passé dans la Manche,
39:17il y en a un autre à Lampedusa aujourd'hui, mais bon,
39:19comme on s'est un peu attardé il y a deux jours, on va rester
39:21sur le Premier ministre, parce qu'on a
39:23déjà pleuré il y a deux jours, on n'a pas repleuré aujourd'hui,
39:25enfin, je veux dire, ce n'est pas non plus
39:27si important que ça. Donc, derrière
39:29le drame, en effet, qui a un peu
39:31percé dans l'actualité, il y a la
39:33réalité d'une pression migratoire
39:35sans commune mesure qui s'accentue d'année
39:37en année, et donc un sujet politique
39:39quel que soit
39:41le regard que l'on pose,
39:43les options politiques que l'on veut mettre en place
39:45pour accompagner cette pression migratoire,
39:47elle existe et elle mérite d'être prise en compte
39:49et prise très au sérieux par le
39:51politique. Il y a l'état de l'hôpital,
39:53il n'y a pas de rentrée scolaire de l'hôpital,
39:55mais il y a énormément d'inquiétudes ici
39:57et là, à l'hôpital seulement,
39:59je ne vous parle même pas de la question des déserts médicaux
40:01et donc de la proximité
40:03des Français, c'est un peu
40:05l'archétype, on va dire,
40:07de la présence de la France
40:09dans la vie des Français. Par France,
40:11j'entends de l'État et des services publics,
40:13mais simplement cet abandon qui continue
40:15et qui s'est un peu exprimé pendant les élections,
40:17mais vous conviendrez que depuis,
40:19il a été largement remis
40:21à son état normal. Il y a la question,
40:23vous le disiez, de la haine en ligne.
40:25Alors, on a vu en effet l'ouverture d'une enquête sur la question
40:27de la veuve d'Éric Comines,
40:29mais la haine en ligne, la haine
40:31dans la rue, la vraie haine,
40:33pas celle qui menace
40:35et qui empêche tout débat public, parce que vous savez,
40:37à chaque fois que vous n'êtes pas d'accord avec quelqu'un, il vous dit
40:39le lendemain, j'ai été menacée de mort, et terminé, fin du débat.
40:41Là, on parle de vraie haine.
40:43Des personnes agressées, des personnes tuées, des femmes
40:45violées, un peu partout en France.
40:47La haine en ligne, cette femme
40:49qui n'est autre qu'une victime, qui devient une personne
40:51publique par le fait de perdre son mari,
40:53qui est menacée de mort, et avec elle,
40:55la profession qu'on félicitait encore il y a deux semaines.
40:57On a une église qui brûle,
40:59et on a le ministre
41:01démissionnaire de la Culture
41:03qui nous parle de patrimoine religieux
41:05tout à coup. Alors, c'est juste le patrimoine religieux.
41:07Il y a de la haine partout dans le pays, mais là, c'est le patrimoine religieux
41:09a priori qui est détesté à travers
41:11une église qui brûle, par un homme
41:13qu'on a déjà brûlé plusieurs, expliquant qu'il détestait
41:15les curés. C'est quand même assez clair comme message.
41:17Mais c'est pas grave, ça passe à la trappe
41:19aussi. On a la question...
41:21On en sait un peu plus sur le profil.
41:23En effet, on a la question du prix de la vie
41:25tout simplement, qui était omniprésent.
41:27On n'avait pas le droit de penser à autre chose.
41:29L'Ukraine. Il était impossible
41:31de parler d'un autre sujet. Par exemple, pendant
41:33une campagne présidentielle, qui appelle quand même
41:35d'autres sujets dans la vie des Français.
41:37C'était interdit moralement de parler d'autre chose.
41:39Mais la guerre, elle continue en Ukraine.
41:41Ça s'en fait un mort hier, personne n'en parle.
41:43Évidemment, ça n'est plus un sujet. Et évidemment, par l'Ukraine,
41:45j'entends toute la politique étrangère
41:47que porte le pays.
41:49Les prisons. On en est où des prisons ?
41:51On a des surveillants de prison qui ont les mêmes problèmes
41:53qu'il y a quelques mois. Alors, vous pouvez me dire...
41:55Je ne vais pas continuer la litanie, parce qu'elle pourrait être extrêmement longue.
41:57Vous allez me dire, dans n'importe
41:59quelle crise politique, on pourrait faire
42:01le même constat, et il se trouve qu'il
42:03faut sortir d'une crise politique. D'accord.
42:05C'est vrai. Évidemment que là, il y a une crise
42:07politique qui nécessite
42:09du temps, maintenant qu'on est en plein dedans.
42:11Elle nécessite du temps, et la réalité
42:13se poursuit. Simplement, ce serait beaucoup
42:15plus audible si on n'avait pas une classe politique
42:17actuellement au pouvoir, qui nous avait
42:19expliqué, on va vous appeler aux urnes, mais attention,
42:21nous, on est sérieux, les autres, c'est tous des guignols.
42:23Ah oui, mais alors, du coup,
42:25on a compté sur les gens sérieux, et puis
42:27ça fait trois mois que les gens sérieux n'arrivent pas à sortir de la crise,
42:29parce qu'ils ont voulu l'avis des Français, et en même temps,
42:31ils veulent le contourner. Ça devient très, très compliqué
42:33d'expliquer que ce sont, en effet,
42:35les problèmes des Français
42:37qui importent aux politiques. En tout cas, c'est pas
42:39exactement le spectacle qu'ils donnent depuis quelques heures.
42:41Mais est-ce qu'on peut reprocher
42:43à Charles-Antoine Lérasseau, président de la République,
42:45de tenter de trouver
42:47un Premier ministre qui puisse nommer
42:49un gouvernement et traiter
42:51des affaires de la France, justement ?
42:53Alors, c'est vrai que je ne veux pas faire de la psychologie de comptoir,
42:55et je ne suis pas non plus dans la tête d'Emmanuel Macron,
42:57et je ne sais pas très bien ce qui gouverne
42:59aujourd'hui ses patients. Est-ce que c'est la
43:01lucidité ? Est-ce que c'est la jouissance,
43:03on va dire, de la puissance, aussi,
43:05à faire et à défaire les possibles
43:07nominations ? Est-ce que c'est l'inquiétude, tout simplement,
43:09de son propre avenir, voire même,
43:11peut-être, de celui de la France ? Qui sait ?
43:13Mais, donc, je ne vais
43:15pas répondre à sa place. Simplement, si on
43:17reprend toute la séquence,
43:19comme on dit, politique, depuis
43:21l'élection européenne, parce que même ça, je n'ai pas parlé
43:23de la question de l'Union Européenne, mais à la base, tout ce
43:25psychodrame a commencé sur une élection européenne.
43:27N'oublions pas. Oui, enfin, c'est
43:29difficile de ne pas l'oublier, quand même.
43:31C'est l'inconséquence, en réalité,
43:33des décisions qui ont été prises,
43:35simplement, dans ces trois mois. On a
43:37d'abord une élection européenne, donc, avec un
43:39président de la République, qui nous explique
43:41pendant toute la semaine qui précède, avec
43:43un ricanement, quand même, qui accompagnait la chose
43:45pour mieux la balayer, en disant, attendez,
43:47on pose la question européenne,
43:49les Français sont interrogés sur une question européenne,
43:51venez pas me chercher avec des questions françaises.
43:53On était quasiment sur ce ton-là.
43:55Arrive le résultat des élections européennes,
43:57première décision d'Emmanuel Macron,
43:59arrivé sur le terrain français, et donc
44:01décidé d'une dissolution.
44:03Donc, il prend une décision qu'il a
44:05lui-même raillée la semaine précédente.
44:07En matière d'inconséquence
44:09et d'illégitimité de la parole publique,
44:11c'est assez
44:13important. Ensuite, on a l'inconséquence
44:15des alliances
44:17qui sont immédiatement scellées, non pas
44:19sur un projet, mais simplement par
44:21réflexe. Je m'explique, tous les
44:23mois qui ont précédé, dans
44:25le monde du Bloc central,
44:27il y avait une condamnation, notamment
44:29morale, et plus largement, et peut-être de manière
44:31plus intéressante, politique,
44:33de la France insoumise,
44:35notamment sur le dossier de
44:37la police, notamment sur le dossier
44:39du conflit en Israël,
44:41notamment sur ces deux sujets. C'était à la fois politique,
44:43la condamnation, et morale.
44:45Donc, c'était important dans la vie
44:47politique. Et en un huitième
44:49de seconde, on s'est dit, oui, mais attendez,
44:51le vrai danger, il est de l'autre côté.
44:53Pourquoi ? Parce qu'on a toujours fait comme ça.
44:55Parce que c'était à peu près ça, quand même.
44:57On a ressorti des mots qu'on n'avait plus utilisés,
44:59ou alors qu'on avait utilisés à l'égard
45:01de l'extrême-gauche, on les a remis sur l'extrême-droite
45:03en disant, non, le barrage républicain,
45:05il a toujours été de ce côté-là, on va le refaire comme ça.
45:07Donc, on fait une alliance avec le NFP,
45:09une alliance de circonstances, certes,
45:11mais une alliance qui a permis des élections.
45:13Et au lendemain de ce qui a permis
45:15les élections, on a retrouvé les habitudes
45:17qu'on avait deux semaines avant sur le terrain politique.
45:19En disant, non, mais bien sûr qu'on ne peut pas
45:21faire un gouvernement avec ces gens-là,
45:23et d'ailleurs pas avec ces gens-là non plus.
45:25D'ailleurs, on vous a demandé votre avis, et on va faire sans tous les gens
45:27que vous avez poussés au Parlement.
45:29Donc, là aussi, l'inconséquence sur le terrain politique,
45:31elle est absolument stupéfiante.
45:33Et pour une fois que les Français avaient été votés,
45:35au bout de trois mois, j'ai peur qu'on retrouve
45:37le niveau d'abstention que l'on s'était
45:39félicité d'avoir perdu au mois
45:41de juin dernier. Donc,
45:43inconséquence du rejet par principe,
45:45non pas d'idée, mais cette fois-ci de parti,
45:47parce que je ne sais pas si vous avez vu
45:49dans le débat politique, et notamment au moment
45:51d'aller nommer un Premier ministre, d'une quelconque
45:53idée ou d'un quelconque projet politique,
45:55mais moi, je n'en ai pas vu. On se dit
45:57combien de voix, et celui-là, et la censure,
45:59et peut-être, et la censure, on ne sait pas très bien au nom de quoi,
46:01ni au nom de qui, mais
46:03par ailleurs, on se dit, on va gouverner
46:05demain sans les partis qui ont été choisis
46:07par les Français à qui on avait demandé leur avis
46:09pour sortir d'une crise politique.
46:11Là encore, l'inconséquence est
46:13assez énorme. Évidemment, inconséquence
46:15du psychodrame alimenté depuis quelques jours.
46:17Je vous le disais, d'un an à l'autre, on ne voit pas
46:19très bien quel est le fossé politique qui mérite
46:21d'attendre huit heures de plus.
46:23Apparemment, à l'Élysée, c'est
46:25très clair pour tout le monde. J'ai peur que dans le pays,
46:27ce soit la lassitude qui gagne
46:29très largement.
46:30Que faut-il donc retenir de cette période,
46:32finalement, Charlotte, qui n'est pas terminée ?
46:34Sur le terrain politique,
46:36on va essayer, on va dire,
46:38de prendre au sérieux
46:40ce qui a été demandé aux Français.
46:42Ce n'est pas évident, parce que là, je reconnais
46:44que c'est difficilement lisible,
46:46en termes de partis, puisque c'est comme ça que vous appelez
46:48aux urnes. Simplement,
46:50les Français ont exigé, c'était
46:52très clair au moment de l'élection européenne,
46:54j'insiste, tout a commencé par une élection
46:56européenne qui a porté en tête
46:58le parti qui est accusé d'euroscepticisme,
47:00comme si c'était un péché capital
47:02et inatteinte aux valeurs de la République.
47:04Mais ce n'est pas, en l'occurrence,
47:06l'euroscepticisme, c'est une volonté de
47:08changer, et parfois radicalement sur
47:10certains sujets, la manière dont l'Union européenne
47:12est conduite. Donc, une volonté
47:14de rupture. De rupture
47:16dans la politique qui est mise en place.
47:18C'était au niveau européen.
47:20Ensuite, on est appelé à une dissolution.
47:22Là, il y a une volonté de rupture qui est extrêmement
47:24claire aussi. On a tous remarqué
47:26que le Bloc central se maintenait correctement.
47:28Enfin, correctement, c'est une minorité
47:30encore plus petite que la dernière fois, alors que c'était
47:32déjà une minorité. A la suite d'un président,
47:34c'est vrai que c'est assez... de l'élection d'un
47:36président, c'est assez nouveau quand même.
47:38Donc, c'est un maintien relatif.
47:40Et derrière, on a deux blocs qui,
47:42en effet, sont incompatibles sur beaucoup de choses,
47:44mais qui incarnent, tous les deux,
47:46une rupture par rapport à la
47:48politique qui était menée jusqu'à maintenant.
47:50Et par ailleurs, donc, on a
47:52en effet un manque de clarté, peut-être,
47:54dans le projet voulu par tous les Français
47:56ensemble, c'est vrai, puisqu'il se
47:58divise en trois blocs, on l'a suffisamment
48:00dit, mais c'était ferme dans
48:02l'intention de vouloir une autre
48:04politique. Tellement ferme
48:06que vous n'avez pas un député
48:08de la majorité,
48:10donc désormais minorité présidentielle,
48:12qui s'est affiché avec Emmanuel Macron.
48:14Donc, en effet, Emmanuel Macron
48:16est élu président de la République,
48:18et comme le disait Jean-Sébastien, juridiquement, c'est incontestable.
48:20Mais politiquement,
48:22pas un seul des députés
48:24d'Emmanuel Macron n'a voulu s'afficher avec lui,
48:26et par ailleurs, vous avez deux blocs
48:28qui n'ont pas quasiment une idée en commun
48:30avec lui. Bon courage
48:32pour continuer sur le terrain politique,
48:34encore une fois, et
48:36cette rupture voulue par les Français
48:38dans la manière de conduire le pays
48:40a été rejetée parce
48:42qu'elle était une volonté de rupture.
48:44Pas simplement sur ces idées-là, on ne peut pas y aller,
48:46sur ces principes-là, non. On vous a dit,
48:48on vous a demandé votre avis, il y a des partis
48:50qui sont autorisés, qui sont allés aux urnes,
48:52d'ailleurs avec qui on a fait des alliances pour rejeter
48:54ceux de l'autre côté,
48:56et on vous dit à la fin, alors d'accord,
48:58vous avez donné votre avis, c'est d'ailleurs ce qu'on vous demandait,
49:00et par contre, on va essayer de faire un gouvernement
49:02avec tous, sauf ceux
49:04que vous avez décidé de placer devant nous.
49:06Donc, à la fin,
49:08cette volonté de rupture s'est
49:10transformée en l'exposition
49:12aux yeux de tous, d'un système
49:14central, d'un bloc central
49:16qui s'organise par tous les moyens
49:18pour poursuivre sa politique
49:20alors qu'il prétendait
49:22demander leur avis aux Français sur sa propre politique.
49:24Il y a, en termes de
49:26découragement électoral
49:28et démocratique, on est
49:30au maximum, je pense, là,
49:32dans le pays. Ils voulaient l'avis, ils l'ont eu,
49:34ils le rejettent. Attention,
49:36à mon avis, à la suite des événements
49:38sur le terrain politique, cette fois-ci.
49:40Excellente analyse.
49:42Une question, justement,
49:44qui ressort de tout ça, et un peu de tout ce qui a été
49:46dit ce soir, comment, un petit tour
49:48de table, analyser l'appel
49:50d'Emmanuel Macron à Marine Le Pen
49:52hier soir, Mathieu Boccoté.
49:54C'est une reconnaissance tardive de réalité.
49:56C'est-à-dire, on peut décréter que
49:58le RN est infréquentable, pas beau,
50:00pas fin, méchant, sans mauvais. Bon,
50:02OK, d'accord, tout ça est peut-être vrai, peut-être faux,
50:04mais au final, il existe, et sans
50:06soit l'approbation, soit
50:08du moins le consentement, la tolérance
50:10du RN, il ne peut
50:12pas y avoir de gouvernement
50:14dans les prochains
50:16temps. À moins, bien sûr, de basculer dans le scénario
50:18à gauche, mais bon, on n'y est pas vraiment pour l'instant.
50:20Donc, de temps en temps, on a beau décréter qu'ils sont
50:22antirépublicains, infréquentables, peut-être même
50:24fascisants, il faut quand même tenir compte de leur présence
50:26au Parlement, parce qu'apparemment, des Français,
50:28quelques-uns, quelques milliers, peut-être même quelques
50:30millions, ont décidé de se conter au Parlement.
50:32Donc, Jean-Sébastien Ferjou, c'est ça, c'est-à-dire
50:34qu'on ne sert pas la main,
50:36invisibilité totale, front
50:38républicain, le RN n'existe
50:40pas, les députés
50:42n'existent pas, mais il faut
50:44quand même passer un coup de fil à Marine Le Pen.
50:46Il y a quand même un décalage.
50:48On a vu, par exemple, le tweet d'Anne Sinclair, je vais essayer
50:50de le reprendre. Anne Sinclair
50:52qui déclare, par exemple, ça a beaucoup fait parler
50:54on rêve, ou plutôt
50:56on cauchemarde, deux points, le seul
50:58message clair des Français le 7 juillet, c'était
51:00non au RN, et de quoi parle-t-on
51:02aujourd'hui ? Des conditions, entre guillemets, que
51:04poserait Marine Le Pen à la non-censure
51:06d'un gouvernement ? Comment en étant
51:08arrivée là, deux mois après les élections ?
51:10On peut se poser la question,
51:12de comment on en est arrivée là, même si
51:14on peut avoir d'autres cheminements de raisonnement
51:16ou d'autres réponses que
51:18les siennes. Mais au-delà de ça, je crois surtout qu'il n'y a pas un
51:20cordon sanitaire, il y en a deux dans le pays, c'est pour ça
51:22qu'on est dans une situation impure. Il n'y a pas
51:24de solution. Il n'y en a pas. Parce que vous avez
51:26un cordon sanitaire
51:28qu'on a appelé comme ça,
51:30contre le RN, et un autre qui, de facto,
51:32a été déployé par les électeurs,
51:34contre LFI, voire le
51:36NFP. Donc à partir du moment où vous excluez,
51:38c'est ce que décrivait Charlotte, où vous excluez
51:40ces deux blocs-là, il ne reste pas assez
51:42de gens au milieu. Et en plus, vous avez une équation
51:44qui est d'autant plus compliquée, que si vous retombez
51:46sur le bloc central, c'est difficile
51:48de redonner le pouvoir au bloc central, alors
51:50que les Français ont a priori désavoué
51:52à la fois dans les législatives, mais aussi dans les
51:54européennes, justement, les gouvernements
51:56qui avaient été formés par M. Macron.
51:58Et c'est là où on en revient à ce que je vous disais tout à l'heure, parce que ce qui
52:00est très intéressant, c'est qu'on voit un Emmanuel Macron
52:02qui, lui, considère que si
52:04il a toujours une légitimité, parce que faute
52:06de majorité, c'est le bloc central
52:08il a même, vous savez, vous avez vu ce
52:10néologisme qu'il a formé, avant on parlait
52:12de cohabitation, maintenant c'est la coalitation.
52:14Coalitation, un mélange de
52:16cohabitation, sauf que
52:18le bloc central, Gabriel Attal, qui dirige
52:20le groupe à l'Assemblée, il a dit qu'il ne voulait pas.
52:22Je crois que
52:24à partir du moment où il a cette position
52:26en appelant Marine Le Pen,
52:28moi je vais faire ma petite extrapolation,
52:30en l'occurrence, ça signifie
52:32quoi ? Eh bien que la gauche
52:34peut prendre ses mouchoirs pour pleurer.
52:36Qu'il va choisir un homme
52:38plutôt de droite, et qu'il
52:40demande à Marine Le Pen
52:42de faire allégeance, au moins
52:44en étant silencieuse avec son
52:46groupe, mais que ce gouvernement
52:48puisse passer devant l'Assemblée.
52:50Mais il n'aurait pas cette démarche
52:52s'il avait, par exemple,
52:54l'intention de mettre en place
52:56M. Cazeneuve. Et rappelons que l'Elysée
52:58dit que la France est à droite.
53:00Il le reconnaît. Pour répondre
53:02directement à Anne Sinclair,
53:04j'ai l'impression qu'elle demande pourquoi 2 et 2 font 4
53:06et comment est-ce qu'il est possible de comprendre que 2 et 2 font 4.
53:08C'est juste une question de nombres,
53:10sur la question de la censure.
53:12Par le jeu
53:14de l'élection elle-même, le nombre de députés
53:16RN peut empêcher, en effet,
53:18un gouvernement d'exister. C'est aussi simple que ça.
53:20Une question plus compliquée que ça.
53:22Et par ailleurs, ça n'est pas le seul message clair
53:24si je puis me permettre, qu'ils ont envoyé le 7 juillet.
53:26C'est le seul message que portaient
53:28les trois quarts des candidats
53:30à cette élection. Mais le vrai message
53:32c'est que nous n'arrivons pas à savoir exactement
53:34à qui voulait-il confier l'RN.
53:36Il n'y a pas plus le RN que les autres en réalité.
53:38Se pourrait-il que
53:40la nomination à venir
53:42soit moins importante
53:44qu'elle en a l'air, Mathieu Bocoté ?
53:46C'est la question qu'on va se poser. Le prochain Premier
53:48ministre sera-t-il seulement
53:50un personnage de passage ? Voilà
53:52les dernières questions qu'on va se poser avec vous aujourd'hui.
53:54Peut-être que c'est l'élection, pas l'élection
53:56mais la nomination la moins
53:58importante de l'histoire de la Ve République.
54:00Ça ressemble un peu à ça. C'est-à-dire
54:02qu'il y a une forme de grand écart
54:04en ce moment. Entre
54:06le bruit, le tintamarre, l'orchestre
54:08qui dit « attention Premier ministre, pas ce soir,
54:10demain, pas demain, après-demain ».
54:12Et ensuite, le pouvoir
54:14réel qui sera celui de ce
54:16prochain Premier ministre.
54:18On a l'impression de revivre en ce moment
54:20sur le mode d'un suspense incroyable.
54:22Mission impossible. C'est un film, apparemment
54:24c'est une tâche politique aussi. Mais au même moment,
54:26le prochain Premier ministre, je reviens dans un instant,
54:28aura très peu
54:30de pouvoir. Un mot soit dit
54:32en passant sur un homme dont on a parlé aujourd'hui,
54:34je me permets de faire une parenthèse, Michel Barnier.
54:36Le nom est sorti du chapeau, le nom
54:38est sorti d'on ne sait où, en fait.
54:40Michel Barnier, rappelons-le, il incarne
54:42en fait, on dit qu'il est issu de la droite gaulliste.
54:44Mais vu son européisme, je ne sais pas
54:46si on peut encore le dire gaulliste.
54:48Il incarne ceux pour qui
54:50l'Europe est l'horizon indépassable
54:52de la France. Bien
54:54qu'au moment des primaires chez les
54:56républicains, il avait plaidé pour que
54:58la France, le droit national français
55:00prime sur le droit européen,
55:02notamment en matière
55:04d'immigration. Donc c'est un homme qui a fait
55:06quelques concessions à ses propres principes,
55:08mais il incarne au mieux
55:10la technocratie, la technostructure
55:12européenne. J'avais l'impression
55:14que les Français s'en étaient un peu éloignés,
55:16l'avaient peut-être même congédié.
55:18Mais c'est peut-être aussi, vous savez, c'est le jeu du désir.
55:20Tu n'en veux pas, je te l'offre encore
55:22davantage et tu en voudras enfin.
55:24Il arrive aussi
55:26que ça se passe mal.
55:28Politiquement.
55:30Mais j'y reviens. Donc on est dans la séquence
55:32Michel Barnier qui témoigne peut-être pas d'une compréhension
55:34fine de ce qu'ont exprimé
55:36les Français. Une fois que c'est
55:38dit, le prochain premier ministre, redisons-le,
55:40il n'y aura pas d'adhésion.
55:42Il ne sera que
55:44toléré. Il sera toléré parce que
55:46si on comprend bien le scénario actuel,
55:48le RN l'acceptera.
55:50Le RN l'acceptera. Ça peut déplaire
55:52à Mme Sinclair.
55:54Qui?
55:56Le RN l'acceptera qui?
55:58Oui, un éventuel premier ministre. Quel qu'il soit.
56:00Je laisse de côté M. Barnier.
56:02On verra si on en parle encore demain.
56:04Peut-être est-ce le Thierry Baudet du jour.
56:06Mais quoi qu'il en soit, imaginons un prochain...
56:08Vous pensez que le RN l'acceptera quel qu'il soit?
56:10Non, non, je dis que
56:12si le RN l'accepte, le seul souci
56:14en fait, c'est que le RN
56:16accepte. On ne demande pas d'adhérer.
56:18Mais le RN, s'il accepte, s'il tolère,
56:20le premier ministre peut être en place.
56:22Mais son pouvoir reposera sur le consentement
56:24ou la tolérance du RN.
56:26Ayons ça à l'esprit.
56:28Ça peut choquer Mme Sinclair,
56:30mais on peut aussi se demander dans quelle société
56:32Mme Sinclair croit que son avis
56:34peut avoir une telle importance.
56:36On peut aussi penser que ce n'est pas non plus
56:38la figure intellectuelle indispensable
56:40qui peut nous éclairer en toutes circonstances.
56:42Certains peuvent penser le contraire.
56:44Mais quoi qu'il en soit, Mme Sinclair ne fait pas consensus.
56:46Elle est controversée, je crois.
56:48Donc un prochain premier ministre qui ne pourra pas faire
56:50grand-chose, donc beaucoup de bruit pour rien.
56:52Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas d'élan réformateur.
56:54Parce qu'il ne peut pas y en avoir dans les circonstances
56:56présentes. Parce que dans son nouveau rôle,
56:58dans son nouveau rôle, il occupera
57:00le temps jusqu'à
57:02la prochaine dissolution.
57:04Peut-être un peu plus tard.
57:06Certainement pas, très probablement pas,
57:08jusqu'en 2027. Voilà un homme
57:10qui sera condamné simplement à être une forme de figurant.
57:12Donc beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup
57:14de bruit pour bien peu, bien peu,
57:16bien peu de pouvoir.
57:18Moralité, la France est-elle condamnée à
57:20végéter politiquement
57:22jusqu'à la prochaine élection?
57:24Globalement, oui. Globalement, oui. C'est-à-dire,
57:26sauf, on ne voit pas dans
57:28quelles circonstances le prochain premier ministre
57:30pourrait avoir un immense pouvoir.
57:32L'élan, comme je le dis, réformateur, qui permet
57:34d'embrasser à bras le corps
57:36tous les défis dont nous parlait
57:38Charlotte. On ne voit pas comment il peut décider
57:40de s'engager sur une telle politique quand son seul
57:42souci sera de survivre
57:44dans un environnement parlementaire
57:46hostile. Parce que, posons-nous
57:48la question, dans quel contexte un homme
57:50politique peut-il vraiment agir?
57:52Soit il a une forme d'élan électoral
57:54ou plus encore référendaire
57:56qui lui donne le pouvoir nécessaire
57:58pour faire des réformes qui autrement
58:00seraient impossibles. En ça, ça peut
58:02arriver, le grand élan populaire.
58:04Ou alors, parce qu'il y a une crise
58:06d'une telle ampleur
58:08qu'il ne peut pas faire autrement qu'agir.
58:10Crise budgétaire ou crise financière
58:12qui obligerait à faire
58:14les fameuses réformes de structures qui, pour l'instant,
58:16sont impossibles pour l'État.
58:18Crise sécuritaire, par exemple, une crise
58:20des banlieues bis, une nouvelle crise des banlieues
58:22qui ferait en sorte que l'État agirait
58:24finalement sur le plan sécuritaire.
58:262015 bis, qui obligerait l'État
58:28à agir sur la question de l'immigration.
58:30Une crise peut entraîner de l'action,
58:32un élan populaire peut entraîner de l'action, mais généralement,
58:34convenons-en, les hommes n'agissent
58:36que lorsqu'ils sont au seuil du précipice
58:38et encore là, de temps en temps, ils préfèrent y tomber.
58:40En trois secondes,
58:42les idiots utiles, finalement, ce sont les Français.
58:44Je pense surtout que ce sont les spectateurs
58:46de leur propre...
58:48Enfin, c'est terrible, ce sont les victimes...
58:50J'ai envie de dire et les Français dans tout ça.
58:52C'est-à-dire que si on végète...
58:54Ils sont votés, mine de rien.
58:56Oui, mais je pense que les Français, pour l'instant,
58:58ce sont un peu les victimes d'un régime
59:00qui s'est retourné contre eux parce qu'ils les trouvent
59:02un peu de trop dans les grands projets de notre temps.
59:04A suivre.
59:06Pascal Probleur, des Pro 2.
59:08Merci à tous. Merci Jean-Sébastien, merci Charlotte,
59:10Marc, merci Mathieu.