Face à l'Info (Émission du 05/09/2024)

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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00Retour. Bienvenue à tous dans l'émission Face à l'Info. Vous avez pu vivre en direct la passation de pouvoir entre Michel Barnier, nouveau Premier ministre.
00:00:10Grande nouvelle de la journée, Gabrielle Attal. Alors, des mots forts ont été prononcés de part et d'autre.
00:00:17L'un qui dresse son bilan, l'autre qui dresse sa feuille de route. On fera un tour de table tout de suite avec nos mousquetaires.
00:00:24D'abord, vous, Mathieu Bocoté, on fait un tour de table. Qu'est-ce que vous avez retenu, et on va écouter un petit extrait d'un instant à l'autre de chacun d'entre eux.
00:00:34Qu'avez-vous retenu d'abord, d'abord de Michel Barnier, nouveau Premier ministre?
00:00:39Alors, l'appel au respect. Je crois que le premier élément qu'on doit noter, c'est qu'il insiste sur le respect dû à toutes les forces politiques.
00:00:48Donc, ça inclut les forces que le système juge antirépublicain lui dit, on va respecter tout le monde.
00:00:54Et ce qui est frappant, c'est quand on parlait aujourd'hui, quand on préparait les chroniques,
00:00:57beaucoup de gens, quelle que soit leur tendance politique, quand on leur parlait au téléphone, nous disaient, c'est un homme qui a une très grande empathie,
00:01:02un très grand souci de réconcilier les différentes tendances, capable de marquer le plus grand respect pour ses adversaires.
00:01:09Je note cela, et je pense qu'il le répète ce soir. Donc, c'est la première chose qu'il revendique. Il revendique ce respect pour l'autre.
00:01:15Respect, unité, apaisement.
00:01:18Et ensuite, l'appel à la rupture qu'il ne documente pas. Il a dit qu'il y aura des ruptures. Il ne précise pas lesquelles.
00:01:24Et on reviendra dans un instant, je devine, sur Gabriel Attal. Donc, il annonce une rupture néanmoins.
00:01:29Le contraste entre les deux hommes est là. Contraste générationnel, contraste de tempérament, contraste des traditions politiques,
00:01:36et probablement contraste des ambitions, ou peut-être pas, parce que si l'un d'entre eux, Gabriel Attal, est à deux doigts de nous dire qu'il est candidat en 2027,
00:01:43on verra bien, je connais peu d'hommes qui occupent une fonction comme Matignon, qui ne s'imaginent pas ailleurs ensuite.
00:01:49– Sécurité au quotidien, maîtrise de l'immigration, ce sont des mots aussi qu'il a employés, Jean-Sébastien Ferjot.
00:01:57– Oui, parce que moi, ce qui m'a frappé, c'est qu'il était sur une ligne de crête.
00:01:59Alors évidemment, il y a le respect, comme l'a souligné Mathieu Bocoté à l'instant.
00:02:03On comprend le rassemblement national, parce que c'est ça que ça veut dire.
00:02:06Cela dit, Gabriel Attal avait commencé comme ça, avant de finir dans notre deux tours.
00:02:10Chacun s'en souvient par préféré LFI au rassemblement national.
00:02:14Mais il y a le respect et il y a les mots que vous avez évoqués.
00:02:17C'est-à-dire qu'il est sur cette ligne de crête, parce qu'à la fois, il emploie des mots de la droite,
00:02:20la maîtrise de l'immigration, la sécurité, et il prend la peine quand même de cocher toutes les cases.
00:02:24Il a parlé de la dette écologique, il a parlé de thématiques qu'on pourrait considérer comme étant plus à gauche.
00:02:30Il a pris grand soin de citer tous les Français, ceux de métropole, ceux de l'outre-mer.
00:02:34Donc on voit bien qu'il est dans une volonté de rassemblement,
00:02:37mais de rassemblement avec un centre de gravité assumé à droite.
00:02:42Comme je vous le disais, c'est une ligne de crête.
00:02:44On sait que Michel Barnier est capable d'habileter politique.
00:02:47Il l'a montré notamment quand il était commissaire européen.
00:02:50Dans un instant, on reviendra avec vous, Mathieu, sur le portrait de Michel Barnier.
00:02:54On reviendra avec vous aussi, Jean-Sébastien Ferjou, sur est-ce qu'il est le miracle ou le mirage ?
00:03:00Ma chère Charlotte, il a dit vouloir répondre autant que possible aux défis, aux colères, aux souffrances,
00:03:08aux sentiments d'abandon à des Français. Qu'est-ce que ça vous évoque ?
00:03:12C'est-à-dire que c'est assez naturel, en effet, qu'en arrivant en tant que Premier ministre
00:03:17dans une situation aussi compliquée, à la fois pour lui, mais de manière générale pour le pays tout entier,
00:03:22une situation politique, mais beaucoup plus largement une situation compliquée, tout court,
00:03:26dans la vie des Français, qu'il explique vouloir régler en effet les crises, entendre les colères.
00:03:31Il n'a pas documenté la rupture politique sur le fond et sur les sujets.
00:03:35En revanche, il a accolé au mot rupture celui de respect.
00:03:39Or, Michel Barnier a beaucoup critiqué Emmanuel Macron sur son arrogance et sa manière arrogante
00:03:45de mener la politique vis-à-vis des Français.
00:03:47Donc là, je pense qu'il y avait une manière d'expliquer qu'il reste le même
00:03:52tout en étant le Premier ministre d'Emmanuel Macron.
00:03:55Il répond d'une certaine manière aux critiques qui pourraient venir.
00:03:58Simplement, la dernière fois qu'on l'a vu dans la vie publique française,
00:04:03c'est-à-dire à la primaire de la droite en 2021, il avait des vrais points de désaccord
00:04:08avec tout ce qu'a toujours revendiqué Emmanuel Macron.
00:04:11Donc, on a envie d'entendre son discours de politique générale.
00:04:15En réalité, là, c'est sûr que c'est un peu court pour se faire une idée de ce qu'il va défendre,
00:04:19de ce qui relève du compromis avec Emmanuel Macron,
00:04:22où, finalement, coalition ou cohabitation, la question demeure un peu avec lui.
00:04:26On va s'arrêter avec vous dans un instant, justement, sur ce mot et immigration.
00:04:31Et quelles sont ces différentes positions sur l'immigration ?
00:04:36On en parle, justement, on va revenir sur 2021, ce qu'il avait proposé, etc.
00:04:40On y reviendra.
00:04:41Marc, maintenant, votre regard sur ce discours de ce nouveau Premier ministre, Michel Barnier.
00:04:48Que vous avez rencontré, que vous connaissez.
00:04:51Oui, oui, oui. J'étais jeune journaliste. Effectivement, je l'ai rencontré.
00:04:54Il pensait déjà visager une carrière qui soit au-delà de la région dans laquelle il commençait à rayonner.
00:05:04Et c'est un homme avec une certaine froideur, apparemment, comme ça, vous n'avez pas envie d'embrasser.
00:05:08Pour autant, quand vous commencez à parler avec lui, il est plutôt très chaleureux.
00:05:13Et on sent qu'il veut t'écouter.
00:05:15Reste que tout à l'heure, moi, ce qui m'a marqué, ce sont les propos de Gabriel Attal.
00:05:20Gabriel Attal qui dit, m'attendez, sur mon bureau, vous avez tel dossier, sur mon bureau, vous avez tel dossier, sur mon bureau.
00:05:27Et à la fin, on a l'impression que le nouveau Premier ministre est le continuateur de celui qui s'en va.
00:05:35Alors, il a tenu quand même à rappeler qu'il avait peut-être quelques intuitions,
00:05:40quelques savoir-faire qui lui permettraient de sortir de l'ornière dans laquelle Gabriel Attal cherchait à l'enfermer.
00:05:47Et puis après, c'est pour moi aussi important, dans la façon de se présenter,
00:05:52ce qui est quand même peu courant dans un discours comme celui-ci,
00:05:58il évoque sa maman et il dit, ma maman était de gauche.
00:06:03Comme quoi, il essaie de faire un clin d'œil à ceux qui le rejettent pour essayer de montrer
00:06:09qu'il n'est pas du tout l'homme du libéralisme le plus outrancier, qu'il a envie de faire attention aux uns et aux autres.
00:06:18Et que ça, c'est déterminant.
00:06:20Et il rappelle qu'il s'est engagé très tôt, c'est sa fierté, auprès du général de Gaulle.
00:06:25Toujours cette figure que les uns et les autres cherchent à s'accaparer pour se crédibiliser.
00:06:29— Alors évidemment, ça ne suffira pas de faire un clin d'œil en disant que sa maman est de gauche.
00:06:34On va parler dans un instant avec vous de cette colère, de cette grande colère à gauche.
00:06:39On fera un petit tour de table sur les réactions.
00:06:42Peut-être aussi une réaction de vous à propos du discours de Gabriel Attal.
00:06:46Lorsqu'il dit « 8 mois, c'est trop court », lorsqu'il dit « la politique française est malade »,
00:06:50je crois que la guérison est possible.
00:06:53Lorsqu'il dresse aussi son bilan.
00:06:56— Plus qu'un bilan, un programme.
00:06:58Hier, il y a eu avant-hier, que dis-je, la déclaration de candidature d'Édouard Philippe.
00:07:02Aujourd'hui, c'était celle de Gabriel Attal.
00:07:04— Est-ce que vous avez vu le clip sur les réseaux sociaux de Gabriel Attal ?
00:07:08— Ah oui, justement, j'ai fait référence à ça. Le clip sur Twitter, qui a duré une minute trente environ.
00:07:10C'est très clair. Donc c'est un discours porté vers l'avenir, programmatique,
00:07:14où il dit « nous tisserons ensemble un lien vital entre vous et moi français ».
00:07:19Là, il termine. Bon, il fait la liste de tous les programmes, que dis-je, des projets de loi
00:07:23qui sont sur le bureau du Premier ministre.
00:07:25Et il annonce à la fin « je conserve ma liberté plus que jamais ».
00:07:28Donc c'est une déclaration d'indépendance reconduite à l'endroit d'Emmanuel Macron,
00:07:31mais aussi à l'endroit du nouveau gouvernement, dont avant, il y a eu Édouard Philippe.
00:07:35Aujourd'hui, Gabriel Attal. Les candidats du Bloc central sont de plus en plus nombreux.
00:07:40— On ira voir Thomas Bonnet à Matignon dans un instant.
00:07:43Je continue avec vos réactions par rapport à Gabriel Attal,
00:07:47parce que c'est vrai que lorsqu'on voit le clip, lorsqu'on voit également le tweet d'Emmanuel Macron,
00:07:52c'est assez lapidaire, quand même. 4 lignes pour remercier Gabriel Attal.
00:07:56On a envie de se poser des questions. Sur le clip qu'on voit sur les réseaux sociaux,
00:07:59c'est clairement une sorte de déclaration à la présidence de la République.
00:08:03— Oui. Je crois que ça ne fait mystère pour personne.
00:08:06Et il essaie certainement d'occuper le terrain suite à la déclaration d'Édouard Philippe.
00:08:10Mais au-delà d'une déclaration à la présidence, c'est certainement une déclaration de rupture
00:08:13par rapport à Emmanuel Macron, quand il dit « la France est malade », qui est président depuis 7 ans,
00:08:17qui s'est présenté en disant qu'il allait réparer la politique, justement.
00:08:20C'était Emmanuel Macron. Donc, de facto, il nous dit que le macronisme est un échec.
00:08:25Je ne suis pas comptable de ce bilan-là, parce que ça ne fait que 8 mois.
00:08:30On ne m'a pas donné suffisamment le temps d'être là.
00:08:33En revanche, j'ai un projet, j'ai une vision dans cette direction-là.
00:08:38Et effectivement, reste à voir comment il se déterminera par rapport à ce gouvernement-là,
00:08:41parce que rien ne dit que le Bloc central n'est pas la tentation de passer par une cure d'opposition.
00:08:46Est-ce que ça a cessé un Gabriel Attal, un Charles-André Néllas, premier opposant à Michel Barnier,
00:08:49premier opposant à Édouard Philippe, premier opposant à Emmanuel Macron ?
00:08:52En effet, en tout cas, pendant qu'il parlait, à chaque seconde, je me suis dit, il va le dire.
00:08:58Il va le dire là, sur l'opéron. Là, au moins, ce serait inédit.
00:09:01Sur l'opéron de Matignon. Donc, on sentait que c'était vraiment ça qui animait.
00:09:05C'est que c'était trop court. Il était hyper frustré. Il a utilisé ces mots-là.
00:09:09C'était une critique très directe à Emmanuel Macron et à cette décision de dissolution,
00:09:13dont on le sait qu'à la fois, elle l'a surpris et largement agacé ces derniers temps.
00:09:18Par ailleurs, au sein du gouvernement, il a lui-même parlé de convictions parfois très différentes.
00:09:24Donc, en effet, là, il a dessiné son projet, celui qu'il a voulu insuffler comme premier ministre,
00:09:30mais celui qu'il voudra surtout insuffler lui seul, avec la liberté que lui a confiée sa mère,
00:09:35puisque lui aussi a parlé de sa mère.
00:09:37Les frères ennemis, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ?
00:09:41C'est une évidence. Déjà, vous le reconnaissez, c'est le côté très, très, très bref du commentaire du président de la République.
00:09:51Si on se souvient comment il l'avait présenté lors de son intronisation,
00:09:56c'était le jeune qui était l'homme qui allait marquer la période, etc., etc.
00:10:01Et là, bon, c'est circulé. Il n'y a pas grand-chose à voir.
00:10:05D'où la nécessité pour Gabriel Attal de dire, mais attention, moi, j'avais un plan, un plan déterminant.
00:10:13Je connaissais les solutions. Ce monde politique ne va pas très bien.
00:10:17Eh bien, moi, j'avais réfléchi. Je savais la direction qu'il fallait prendre.
00:10:21J'étais le capitaine du navire. Et avec moi, nous saurions aller plus loin.
00:10:26Et il a repris ce qui est, disons, son grand trophée, celui de la laïcité et de l'école publique.
00:10:32C'est sa bataille. Et c'est ce qui aura marqué presque plus que son passage à Matignon, son passage à la tête de l'éducation nationale.
00:10:40– Chacun vos chroniques dans un instant.
00:10:43D'abord, direction Matignon avec vous, Thomas Bonnet.
00:10:4742% des Français disent qu'ils font confiance à Michel Barnier.
00:10:53Bon, 57% des Français disent non, selon un sondage CNews GDD Europe 1.
00:10:58C'est la fin d'une folle journée, mon cher Thomas.
00:11:02Vous qui avez suivi et qui êtes à Matignon déjà depuis plusieurs jours.
00:11:05Matignon est divisé.
00:11:09– Oui, c'est la fin d'une période de 51 jours.
00:11:12Rendez-vous compte qu'il nous aura donc conduit à cette passation de pouvoir,
00:11:15passation des pouvoirs entre Michel Barnier et Gabriel Attal.
00:11:19Ce qui nous a vraiment marqué ici, c'est la différence entre les deux hommes.
00:11:24Les différences même, différence d'approche de la politique,
00:11:27différence dans le ton, différence générationnelle aussi, bien sûr.
00:11:31Et puis la longueur du discours de Gabriel Attal,
00:11:33qui n'est quand même pas commune pour une passation des pouvoirs.
00:11:36Il s'est servi littéralement de cette passation des pouvoirs
00:11:38comme d'une tribune politique, comme pour marquer sa différence avec le chef de l'État.
00:11:42Il est d'ailleurs parlé de frustration, on ne peut pas être plus clair.
00:11:46Et on sent qu'il va être évidemment un caillou dans la chaussure du président de la République,
00:11:50mais aussi du nouveau Premier ministre.
00:11:52Premier ministre Michel Barnier dans un style un peu plus traditionnel,
00:11:55mais qui a déjà posé quelques marqueurs politiques en termes de sécurité,
00:11:58en termes d'immigration, en termes de méthode aussi,
00:12:01lorsqu'il dit qu'il faut respecter toutes les formations politiques de l'Assemblée.
00:12:04Il insiste d'ailleurs sur le « toutes les formations politiques ».
00:12:07Et là, on pouvait y voir évidemment un message à destination,
00:12:10notamment du Rassemblement national.
00:12:12On va voir maintenant quelle sera la feuille de route de Michel Barnier.
00:12:15La soirée, il va la passer pour composer son cabinet.
00:12:19Ça va prendre un peu de temps.
00:12:20Et puis peut-être des déplacements, des passages médias,
00:12:23c'est ce qu'on nous dit en tout cas pour les prochains jours.
00:12:25Merci beaucoup mon cher Thomas Bonnet.
00:12:28Qui est donc Michel Barnier, notre nouveau Premier ministre ?
00:12:31Celui qui avait parlé de grands rétrécissements nationals avec Marine Le Pen ?
00:12:36Ou celui qui voulait réformer le droit d'asile ?
00:12:39Celui qui prône l'Europe ?
00:12:40Ou celui qui respectera les 11 millions de Français qui ont voté contre l'Europe ?
00:12:45Celui qui voulait accueillir plus de réfugiés ?
00:12:47Ou celui qui voulait un moratoire sur l'immigration ?
00:12:50Celui qui acte la dilution d'une certaine droite dans le macronisme ?
00:12:54Ou celui qui représente la droite ?
00:12:56Qui est Michel Barnier ce soir ?
00:12:59Alors, premier élément, je le dis parce que c'est un homme de 73 ans
00:13:05qui a traversé une bonne partie de l'histoire de la Ve République.
00:13:09Il y a fait une carrière politique significative.
00:13:11Il s'est engagé à 22 ans, soit dit en passant, en 1973 au temps de l'UDR.
00:13:16Ce n'est pas l'UDR de M. Sciotti, mais l'UDR pré-RPR, pré-UDF.
00:13:21Donc, on parle ici d'un parti qui est le parti gaulliste historique dans la Ve République.
00:13:27Il a été député, il a été ensuite président du Conseil Général, sénateur, commissaire européen,
00:13:34ministre évidemment, ce n'est pas un détail.
00:13:36Une belle carrière politique, sans le moindre doute.
00:13:38Et justement, quand on scrute un peu, le commentaire qui revient souvent sur lui,
00:13:43c'est un homme qui avait le souci, qui a toujours eu le souci du compromis.
00:13:46À la différence d'une culture politique sous le signe de la radicalité,
00:13:49il trouve le moyen de s'entendre avec tout le monde.
00:13:52Et même au moment du Brexit, je reviendrai dans un instant,
00:13:54il donnait de l'importance au grand pays, mais aussi aux petits pays.
00:13:58Donc, ce respect qu'il revendique pour toutes les forces politiques,
00:14:02il l'a eu au moment du Brexit, c'est un respect même pour les petits pays
00:14:05qui pèsent moins, mais qui méritent considération.
00:14:07C'est un jeune qui a traversé sa vie politique « à droite »,
00:14:10parce que c'est une inclination naturelle.
00:14:12Sans jamais avoir de convictions très, très fortes, sauf sur l'Europe.
00:14:16L'Europe, c'est vraiment la conviction forte dans sa vie.
00:14:19La ligne de fond, c'est l'engagement européen.
00:14:22Je reviendrai dans un instant.
00:14:23Par ailleurs, en 2009, il disait dans un entretien avec le Bondi Blog,
00:14:29« Je suis un progressiste. Mon origine politique, c'est le gaullisme social.
00:14:33Je me suis engagé en politique suite à la poignée de main entre De Gaulle et Adenauer. »
00:14:38Donc, la politique pour lui, c'est l'Europe.
00:14:41Il a évolué avec la droite dans ses convictions au fil du temps.
00:14:45D'ailleurs, vous avez peut-être vu aujourd'hui,
00:14:47LFI notamment aime faire remonter à la surface des votes de Michel Barnier
00:14:52en d'autres temps, alors que les codes moraux n'étaient pas les mêmes dans notre société.
00:14:56Par exemple, on rappelle chez LFI qu'il a voté contre la dépénalisation de l'homosexualité autrefois.
00:15:02Qu'il a voté aussi contre le remboursement de l'IVG.
00:15:07On pourrait dire côté conservateur moral.
00:15:09Sur d'autres thèmes aussi, il a voté en son temps, au début des années 90,
00:15:13contre la loi Guesso, qui est aujourd'hui considérée comme un totem républicain.
00:15:17Lui, il disait à un instant, avec la droite de l'époque, pas l'extrême-droite ou tout ça,
00:15:20avec la droite classique, il disait que la loi Guesso remet en question
00:15:23la liberté d'expression et la liberté des chercheurs.
00:15:26C'est particulier. Aujourd'hui, un tel discours serait inimaginable.
00:15:29Donc, il avait voté contre la loi Guesso.
00:15:31On peut penser à ça.
00:15:32Ensuite, ses convictions ont évolué sur différents thèmes.
00:15:35Sur la question des réfugiés, vous l'avez mentionné,
00:15:37il disait il y a une vingtaine d'années que la France doit recevoir plus de réfugiés.
00:15:41Au moment de revenir en politique, en 2021, il disait autre chose.
00:15:44Il a déjà été favorable à la rentrée de la Turquie en Europe.
00:15:48Il a suivi le consensus ensuite à droite qui disait finalement
00:15:51que la Turquie n'a pas sa place dans l'Europe.
00:15:53En 2005, la leçon qu'il a retenue du référendum perdu, de son point de vue,
00:15:58sur la constitution européenne, c'est que l'Europe devait retrouver des frontières
00:16:02et devait retrouver quelque chose comme une identité de civilisation.
00:16:06Mais quand on lui demandait le problème avec la Turquie, c'est l'islam,
00:16:09il dit, je vous assure, ce n'est pas l'islam.
00:16:12Donc, il prenait la peine de faire ça.
00:16:14Donc, on voit qu'il peut un peu louvoyer dans ses convictions.
00:16:17Mais par ailleurs, comme je dis, la ligne de fond, c'est l'Europe comme horizon politique.
00:16:21Il arrive aujourd'hui, nous le savons, dans un contexte un peu fou,
00:16:25à la manière d'un recours parlementaire.
00:16:27C'est le premier ministre qui a une fonction qui est celle d'apaiser,
00:16:31qui est celle de rassurer, qui est celle de rassembler,
00:16:34qui est celle aussi de tenir, qui a la fonction de tenir aussi.
00:16:38Ça, ce n'est pas un état, c'est-à-dire qu'il est nommé parce qu'on croit qu'il peut tenir.
00:16:42Il arrive avec un exploit du point de vue d'une bonne partie de l'élite,
00:16:47c'est les négociations du Brexit.
00:16:50Il a réussi du point de vue des européistes,
00:16:52souvent avoir fait une négociation pour le Brexit à l'avantage de l'Union européenne
00:16:56et peut-être au désavantage des Britanniques, soit dit en passant.
00:16:59Mais on lui porte à son critique, c'est un homme d'une dimension internationale,
00:17:04une dimension internationale qui manque peut-être aux autres.
00:17:07Il fut un temps, il y a quelques années à peine,
00:17:09où il s'enorgueillissait qu'on le présente comme le Biden français, le French Biden.
00:17:15Il se peut que ce compliment lui plaise moins aujourd'hui, disons ça en tout respect.
00:17:20C'est un homme qui jouait la sagesse et qui a, peut-être l'incarne-t-il vraiment,
00:17:25mais son créneau politique, c'était la sagesse revendiquée.
00:17:28Ça va un peu plus loin, justement avec la question du RN.
00:17:32Il y a eu des propos très durs qui ont été tenus au RN à ce sujet,
00:17:36mais globalement, le propos qu'on entend, c'est qu'il est respectueux de nos électeurs.
00:17:41Et ça, je prends la peine de le dire, parce que dans le discours du RN,
00:17:44depuis quelques jours, il y a eu un changement de ligne.
00:17:46Ce qui est réclamé du prochain premier ministre, et désormais de Michel Barnier,
00:17:50c'est le respect dû à leurs électeurs.
00:17:53C'est un changement de ligne, on ne demande plus telle ou telle mesure d'abord en particulier,
00:17:56mais le respect. Donc c'est de nous traiter comme des malpropres.
00:17:59Je note qu'à gauche, soit dit en passant, on s'indigne évidemment de sa nomination.
00:18:05On annonce qu'on va prendre la rue, ce n'est pas très surprenant.
00:18:08Donc ce sera samedi.
00:18:10Je note que certains à gauche, et même dans la Macronie,
00:18:12considèrent que la France n'est pas à droite en ce moment.
00:18:14Michel Barnier, premier ministre de droite pour une France de droite.
00:18:17Eh bien, Mme Pannier-Runacher, ce matin, disait chez Jean-Jacques Bourdin,
00:18:22il faut un premier ministre issu de la gauche.
00:18:25Le pays ne penche pas à droite dès lors qu'on considère que le RN n'a pas vocation à gouverner.
00:18:30Dès lors qu'on considère que le RN n'existe pas, donc la réalité n'existe pas,
00:18:34eh bien le pays ne penche pas à droite, c'est original.
00:18:36Mais bon, quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron a considéré que le réel existait,
00:18:39ce qui est une option toujours valable.
00:18:41Et les critères sont les suivants.
00:18:44Il est Macron compatible, Michel Barnier, il n'y a pas de doute.
00:18:47Il est RN compatible, ça vaut la peine de le dire aussi.
00:18:50Il permet la participation des LAR quasi formellement au gouvernement.
00:18:55Et d'ailleurs, je note que David Lysnard et Xavier Bertrand ont félicité,
00:18:58et Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont félicité Michel Barnier.
00:19:03J'ai lu ici et là qu'un des critères requis pour avoir le poste,
00:19:07c'était de ne pas être candidat en 2027.
00:19:09À cela, je répondrai, on verra.
00:19:11Alors, vous avez pu suivre en direct, pendant que Mathieu s'exprimait,
00:19:15Gabriel Attal devenu député et président du groupe Ensemble à l'Assemblée nationale,
00:19:22regagné l'Assemblée nationale.
00:19:24Autre question, Michel Barnier a cherché à revenir en politique au premier rang en 2021.
00:19:30Comment s'est-il alors positionné ?
00:19:32Alors là, c'est la surprise.
00:19:33Et Charlotte y reviendra dans le détail.
00:19:35Mais Michel Barnier est revenu dans la primaire des Républicains, à droite, en 2021,
00:19:40avec un positionnement très à droite, entre guillemets, sur les thèmes régaliens.
00:19:44Et d'ailleurs, ça ressort beaucoup aujourd'hui.
00:19:47Il avait des positions très fortes qui semblaient peut-être même en contradiction avec son parcours.
00:19:52Premier élément, je vais donner quelques citations qui donnent son état d'esprit à ce moment-là.
00:19:57« La poussée migratoire a accéléré, nous dit-il. Cette émigration subie ne fait que des perdants.
00:20:04Les Français d'origine, les Français récents ou les étrangers en situation régulière,
00:20:10soumis à la stigmatisation et tous les autres plus ou moins installés dans une précarité mortifère,
00:20:15il ajoute, la délinquance et la radicalisation islamiste s'en nourrissent.
00:20:19C'est un propos très dur selon les critères médiatiques dominants sur l'immigration.
00:20:24Voilà un homme qui dit qu'il faut rompre avec l'immigration.
00:20:27Il le dit à un point tel qu'il dit qu'il faut un moratoire sur l'immigration.
00:20:30Un moratoire sur l'immigration.
00:20:32Autrement dit, je traduis en bon français politiquement clash, il veut stopper l'immigration.
00:20:37Il ne veut pas la ralentir, il ne veut pas la contenir, il ne veut pas la modérer, il ne veut pas la contrôler.
00:20:42Il veut la stopper. Moratoire. Position en 2021.
00:20:45Ensuite, il nous dit une chose importante, à ce moment-là, il faut faire un bouclier constitutionnel
00:20:50pour que le droit national soit plus important que le droit européen sur la question migratoire.
00:20:56Charlotte va nous décortiquer tout ça.
00:20:58Bien sûr, avec le talent qui est le sien, je me permets simplement de l'évoquer.
00:21:01Donc, qu'est-ce que ça veut dire?
00:21:02Ça veut dire que ce n'est plus au niveau européen que ça doit se régler.
00:21:05C'est au niveau national.
00:21:06Lui qui a toujours cru à plus d'Europe, plus d'Europe, à ce moment précis, le croit-il encore,
00:21:10il nous dit que c'est au niveau national que ça doit se régler.
00:21:13Et il faut empêcher l'Europe dans les faits de pratiquer une forme d'intrusion, d'ingérence
00:21:19ou de mise en tutelle de la politique française en matière d'immigration.
00:21:24Il ajoute, soit dit en passant, si on ne règle pas la question de l'immigration, il y aura d'autres Brexit en Europe.
00:21:30Autrement dit, la question de l'immigration est celle qui peut entraîner la dislocation de l'Union
00:21:34européenne.
00:21:36C'est assez intéressant.
00:21:38Je me permets même une référence.
00:21:40Vous connaissez le fameux concept de grand emplacement dont on parle de temps en temps.
00:21:43Non.
00:21:44Et rappelez-vous, à l'époque, un homme dans la course chez les Républicains, Éric Ciotti,
00:21:50s'en réclamait, mais d'autres disaient non, le grand emplacement n'arrivera pas parce qu'à
00:21:53cause de notre politique, ça n'arrivera pas.
00:21:55Autrement dit, Mme Pécresse l'a dit d'ailleurs dans son fameux discours.
00:21:59Donc, le grand emplacement n'arrivera pas parce qu'on va mener la politique qui va faire
00:22:02en sorte que ça n'arrivera pas.
00:22:03Donc, elle prenait au sérieux l'hypothèse, mais elle dit qu'on peut l'éviter.
00:22:05M. Barnier, sur le concept de grand emplacement, disait, c'est intéressant, je n'aime pas
00:22:10cette expression car elle est utilisée par une personne, il parlait d'Éric Zemmour,
00:22:15qui n'a pas la même histoire que nous, qui confond Pétain avec De Gaulle et qui a une
00:22:19vision de stigmatisation permanente dans la société.
00:22:22On peut être en désaccord, soit d'être en paix avec ce qu'il dit de Zemmour, mais ce
00:22:25qui est intéressant, il ne dit pas je suis en désaccord avec le constat.
00:22:28Il dit j'aime pas cette expression-là parce que la personne qui porte cette expression
00:22:32n'aime pas beaucoup cette personne.
00:22:34Éric Zemmour n'a pas non plus traduit son arrivée à Matignon.
00:22:36Je note bien, je note bien, mais ce qui est intéressant là-dedans, c'est qu'il dit mon
00:22:39désaccord n'est pas sur le fond, il est sur les mots.
00:22:42Et on peut comprendre que ce n'est pas sans intérêt de son point de vue.
00:22:45Il y a une autre chose qui me semble assez importante dans cet état d'esprit, c'est
00:22:49qu'il nous dit, ça il y a trois ans, il y a moins de 1000 jours globalement, il dit
00:22:52la France est dans cette situation, donc retour au national, retour au national, stopper l'immigration
00:22:58qui, sinon, nous entraîne dans une catastrophe.
00:23:01C'est un jugement très dur, c'est un jugement qui tranche avec la classe politique actuellement.
00:23:06Est-ce qu'il est encore d'accord avec lui-même?
00:23:09Ça, c'est important.
00:23:10Est-ce que Barnier…
00:23:11C'est toute la question qu'on se pose.
00:23:13Est-ce qu'il sera d'accord avec Barnier?
00:23:14Parce qu'on a vu, ses positions ont évolué à travers le temps, mais quand il s'est
00:23:19cru une vocation présidentielle nationale au premier rang, ce sur quoi il est revenu,
00:23:25c'est autour de cette question.
00:23:27Et avec la sagesse qu'on lui prête, avec la modération de tempérament qu'on lui prête,
00:23:32il arrivait avec de telles propositions.
00:23:34Donc je crois que dans les prochains jours, on lui demandera d'abord, peut-être que
00:23:37vous n'êtes pas toujours d'accord avec vos solutions, mais le diagnostic, vous partagez
00:23:41encore le diagnostic primat du droit national sur le droit européen, bouclier constitutionnel,
00:23:46moratoire sur l'immigration, je pense que ce sont les questions qu'on lui posera dans
00:23:50les prochains jours.
00:23:51Dernière question pour l'instant, quels seront les défis, selon vous, de Michel Barnier?
00:23:55Alors, se maintenir, tout simplement, mais ça, je crois que l'étape est un peu pré-franchie
00:23:59pour l'instant, vu la tolérance du RN à son endroit.
00:24:02De toute façon, ça panique à gauche.
00:24:04Ça panique à gauche.
00:24:05Il croyait avoir le droit parce qu'il avait construit une forme de théorie de l'élection
00:24:08volée, et il découvre aujourd'hui qu'ils sont minoritaires et qu'ils ne contrôleront
00:24:11pas l'Assemblée.
00:24:12Voilà pourquoi d'ailleurs ils prendront la rue samedi.
00:24:14Peut-il se reprendre?
00:24:15C'est la question.
00:24:16On le verra au discours de politique générale avec raison, mais je ne serai pas surpris
00:24:20qu'on soit dans un moment, alors vous me permettrez la référence un peu étrange, néo-baladurien.
00:24:24De quoi je suis en train de parler en ce moment.
00:24:26C'est-à-dire?
00:24:27Eh bien, un moment d'enthousiasme médiatique autour de lui.
00:24:30Pourquoi?
00:24:31Eh bien, après, j'y reviendrai dans mon deuxième édito, mais après les années
00:24:35de Nouveau Monde, où on aura congédié les anciens clivages, congédié l'expérience,
00:24:39on aura célébré les amateurs en politique, la société civile, on aura congédié l'expérience
00:24:44en fait, on aura congédié le passé.
00:24:46Il est possible que cet homme, qui est plus très jeune, mais qui est par ailleurs en
00:24:52pleine possession de ses moyens, il est possible qu'une partie, je pense, de la droite s'enthousiasme
00:24:56pour lui et en appelle à la Barniermania.
00:24:59On verra.
00:25:00Je ne dis pas que c'est une prédiction certaine, mais je me dis que c'est une probabilité.
00:25:04Et à propos de son âge, il a l'âge de Jean-Luc Mélenchon.
00:25:07Après, merci beaucoup, on continue.
00:25:09Après 51 jours, des dizaines de consultations, la nomination de Michel Barnier est comme
00:25:13un ouf de soulagement, notamment dans les milieux économiques.
00:25:17La France peut redémarrer, mais peut-il réussir cette mission impossible, celle de diriger
00:25:21la France ? Sera-t-il un macrobis ou fera-t-il en sorte que tout change ?
00:25:27Miracle ou mirage ? Selon vous, Jean-Sébastien Ferjour ?
00:25:33En tout cas, c'était la moins mauvaise, je pense, des nominations possibles.
00:25:39Et pour des raisons qu'on a autant à voir avec les intérêts de tous ceux qui étaient
00:25:42parties prenantes à la décision qu'avec les contraintes qui pèsent aussi sur chacun
00:25:46d'entre eux.
00:25:47Alors sur leurs intérêts, on l'a évoqué déjà en l'état, mais je rejoins ce que
00:25:50disait Mathieu Bocoté, il n'est pas présidentiable, il n'a pas affiché d'ambition présidentielle.
00:25:54Donc il est moins dérangeant pour Emmanuel Macron en premier lieu, parce que son âge
00:25:58fait que son avenir paraît plutôt derrière lui.
00:26:01Il est, et vous l'avez évoqué aussi, Macron compatible, que ce soit sur les engagements
00:26:04européens, il ne va pas revenir, il ne va pas détricoter ce qu'Emmanuel Macron considère
00:26:07être son grande oeuvre.
00:26:09La réforme, la fameuse réforme des retraites, probablement aussi la fiscalité des entreprises,
00:26:13du point de vue d'Emmanuel Macron en tout cas, et la loi immigration.
00:26:18C'est un intérêt aussi pour LR, imaginez, pour LR c'est assez inespéré, quand vous
00:26:21avez moins de 50 députés, obtenir Matignon, c'est quand même une jolie réussite politique.
00:26:27Après, là encore, pour LR, pour ceux, à la différence de David Lysnard par exemple,
00:26:32qui pouvait être une concurrence pour Laurent Wauquiez, en l'état, sauf Barnier Mania,
00:26:36en l'état il ne paraît pas une menace.
00:26:38Pour le Rassemblement National, on l'a dit aussi, il est tout simplement plus respectueux
00:26:42à minima, peut-être pas du Rassemblement National en tant que tel, mais des électeurs
00:26:46du Rassemblement National, tout en étant facilement prenable.
00:26:49Le jour où le Rassemblement National aura envie de montrer les dents, parce qu'ils pourront
00:26:51facilement le ramener à son passé européen, ou peut-être, comme le dirait Marine Le Pen,
00:26:56européiste.
00:26:57Donc ça, ça peut les intéresser aussi.
00:26:59Quant à LFI, ça va, c'est royal au bar, parce qu'ils vont pouvoir continuer à hurler
00:27:03à l'élection volée, ce qui est leur activité favorite, ils le pratiquent depuis maintenant
00:27:07pas mal d'années, et privilégier la rue et les stratégies révolutionnaires aux stratégies
00:27:12électorales.
00:27:13Sur les contraintes, de toute façon, il n'y avait pas 36 000 solutions.
00:27:16Je vous le disais, il y a deux cordons républicains, enfin sanitaires, pardon, deux espèces de
00:27:21fronts républicains dans le pays.
00:27:23Un contre l'ORN et un, de facto, n'en déplaise aux élites, contre LFI.
00:27:27Alors Mme Sinclair, on l'évoquait hier, j'entendais Patrick Cohen, beaucoup d'autres
00:27:31commentateurs, on a l'impression que non, il y avait un seul message de l'élection
00:27:35législative, c'était le non au ORN.
00:27:37Non, il y avait incontestablement un non au Rassemblement National, mais il y avait aussi
00:27:40deux autres nons.
00:27:41Il y avait un non à LFI et un non à Emmanuel Macron.
00:27:44Dans cette configuration-là, qu'est-ce qu'il reste ? Il reste, si vous excluez
00:27:48la droite et la gauche, il reste le centre, comme ça ne peut pas être le centre-centre
00:27:52d'Emmanuel Macron.
00:27:53C'était donc forcément le centre-gauche Bernard Cazeneuve, ou en tout cas personnalité
00:27:57approchante, ou le centre-droite type Xavier Bertrand, ou justement Michel Barnier.
00:28:02Donc on y est.
00:28:03Et pourquoi ça a plus de logique d'aller vers le centre-droite que le centre-gauche ?
00:28:06Dans des plaises, là encore, à Madame Pannier-Runacher.
00:28:09Parce qu'il sera, contrairement à Bernard Cazeneuve, Bernard Cazeneuve aurait été
00:28:13sous l'épée de Damoclès de Jean-Luc Mélenchon.
00:28:15Donc en permanence rattrapé, s'il n'était pas assez à gauche, en quelque sorte, par
00:28:19un procès justement en manque de gauche.
00:28:22Michel Barnier, lui, sera sous l'épée de Damoclès du Rassemblement National, parce
00:28:26que c'est ça aussi la leçon des législatives, c'est que les Français ont placé, et le
00:28:29piège du Front Républicain s'est refermé, le Rassemblement National en situation de
00:28:33gouverner par procuration.
00:28:35Il ne veut pas d'eux, mais eux peuvent dire oui ou non, ou en tout cas laisser ou pas
00:28:39les choses se faire.
00:28:41Donc Michel Barnier, lui, sera plutôt sous l'épée de Damoclès et de LR et du Rassemblement
00:28:46National, parce qu'il ne faut pas croire que ce ne sera d'ailleurs qu'un gouvernement
00:28:49LR.
00:28:50Ce n'est pas parce que lui est LR qu'il y aura 100% de ministres LR.
00:28:53Et il ne faut pas imaginer que Laurent Wauquiez, notamment, qui a des ambitions présidentielles
00:28:57très claires, dira « Tiens, je lui laisse toute la place sans essayer de faire entendre
00:29:02notre différence ».
00:29:05Mais ça correspond quand même au vrai centre de gravité de la France.
00:29:09Si on analyse les résultats des élections législatives, ceux des élections européennes
00:29:13et des différentes enquêtes d'opinion, on voit bien que les Français voulaient
00:29:17plutôt une politique ancrée à gauche sur l'immigration.
00:29:20Regardez le bilan de la loi immigration.
00:29:22À droite, pardon.
00:29:23Effectivement, à droite.
00:29:24Mais vous m'avez compris.
00:29:26À droite, le bilan de la loi immigration, c'était quoi, en plus, de ce point de vue-là ?
00:29:30C'était que les Français ont fini par comprendre que de toute façon, rien ne changerait en
00:29:33matière d'immigration aussi longtemps que nous resterions dans cette hiérarchie des normes-là.
00:29:38Et donc, dans cette logique-là, il faut toucher non pas à l'État de droit, mais à l'État
00:29:43du droit.
00:29:44Et quand on veut toucher à l'État du droit, je pense que les Français sont assez attachés
00:29:47à la démocratie.
00:29:48On s'adresse à des gens maîtrisés, à des gens qui peut-être ont de l'expérience,
00:29:51là où le Rassemblement national paraît, soit moins expérimenté, soit d'avoir quelques
00:29:56cadavres un peu plus ou moins cachés dans le placard qui pourraient laisser craindre
00:30:00des dérapages.
00:30:01Donc Michel Barnier, quand on fait la somme de tout ça, il était au centre de gravité
00:30:05de toutes ces considérations politiques-là.
00:30:08Donc un ouf de soulagement pour beaucoup.
00:30:11Est-ce que sa nomination pourrait mener à une surprise et dénouer durablement le blocage
00:30:18politique dans lequel s'enlise le pays ?
00:30:21Je ne sais pas s'il y aura une Barniermania, mais il y a une fenêtre de tir pour un petit
00:30:25miracle, en tout cas par rapport à la situation de blocage politique qui était la nôtre,
00:30:28ce qu'on en a raconté, ce que les médias en ont raconté.
00:30:31Moi ce que j'ai regardé cet après-midi, c'était les marchés financiers.
00:30:34Ils ont remonté, les actions des banques notamment ont repris des couleurs.
00:30:38Donc ça montre qu'il y a, oui, un ouf de soulagement du monde de l'entreprise.
00:30:42Ne croyez pas que l'horrible libéral que je suis se contente de regarder ce qu'en
00:30:45pensent les chefs d'entreprise.
00:30:47Il y a aussi une réalité politique.
00:30:49Bien sûr qu'il y a un soulagement politique parce que c'est enfin une solution.
00:30:54Et dans le pays, il y a un parti de l'ordre, il y a un parti légitimiste, mais pas légitimiste
00:30:58à Emmanuel Macron, juste des gens qui veulent que ça fonctionne, qui veulent qu'il y ait
00:31:01un budget parce qu'ils préfèrent que les institutions tournent plutôt que ce soit
00:31:05le chaos ou la chianlie, pour reprendre l'expression du général de Gaulle.
00:31:10Mais il n'y a pas que des gens qui sont attachés à l'ordre, un peu par réflexe,
00:31:13mais il y a aussi des gens qui ont besoin que l'État fonctionne, qui ont besoin qu'il
00:31:17y ait un gouvernement.
00:31:18Moi je renvoie toujours à cette étude de l'INSEE qui montrait qu'en France, il faut
00:31:22être dans les 30% des Français les plus riches pour être contributeur net.
00:31:27C'est-à-dire, dit autrement, que les 70% des Français les moins favorisés reçoivent
00:31:32plus de l'État qu'ils ne payent en taxes et en impôts quand vous prenez pas seulement
00:31:36les transferts sociaux, mais aussi les services publics.
00:31:39Et donc moi je dis que dans un pays où il y a plus de gens qui ont des choses à perdre
00:31:42que des gens qui ont des choses à gagner, ou que de gens plutôt qui n'ont plus rien
00:31:48à perdre, il y a une majorité qui souhaite que ça fonctionne.
00:31:52Et on l'a vu dans toutes les vagues populistes, là où c'est passé, ça a été porté
00:31:56au pouvoir par ceux qui n'avaient plus rien à perdre.
00:31:59Ceux qui ont porté Donald Trump au pouvoir, c'étaient les électeurs des Appalaches,
00:32:03notamment des comtés américains qui étaient tellement désindustrialisés, victimes de
00:32:07la crise des opioïdes, qu'ils n'avaient plus rien à perdre.
00:32:09Donc d'une certaine manière vous dites, ok je vois bien les défauts du personnel
00:32:11de X ou Y solutions politiques, mais je m'en fiche parce que de toute façon ça ne peut
00:32:14pas être pire que ce que je vis aujourd'hui.
00:32:16Moi je crois qu'en France, il y a encore des gens qui pensent que ça pourrait être
00:32:19pire que ce qu'ils vivent.
00:32:21Donc d'une certaine manière, aussi longtemps qu'on arrivera à payer ces transferts sociaux-là,
00:32:26il y a encore une place pour ce parti de l'ordre.
00:32:28Après je ne suis ni Mme Irma ni M. Irmault, je pense quand même qu'il parviendra à
00:32:33faire passer un budget, alors certainement 49-3, mais ce qui compte dans ces cas-là
00:32:36c'est simplement de ne pas avoir de motion de censure contre lui.
00:32:40Après, on verra.
00:32:42Parce que ça va dépendre de son habileté politique.
00:32:44Alors vous avez rappelé son parcours, il peut aussi très bien, il n'aura pas de majorité
00:32:48au Parlement, il ne va pas se lancer dans des grandes réformes, il peut parler de rupture
00:32:52ou montrer une ambition, c'est normal.
00:32:54Personne ne va dire je viens parce que j'ai bien l'intention, que rien ne change et
00:32:58surtout rien n'entreprendre.
00:33:00Enfin il pourrait essayer de faire du Gabriel Attal, tout simplement.
00:33:02Gabriel Attal, il a construit très largement sa popularité sur la Baïa.
00:33:06La Baïa, il n'a pas eu besoin de passer par la Casse Assemblée Nationale.
00:33:08Michel Barnier pourrait trouver quelque chose, et on en revient au centre de gravité de
00:33:12la France qui est plus à droite, des mesures finalement à forte résonance symbolique
00:33:18et qui plaisent aux Français.
00:33:20Donc ça lui laisse une vraie fenêtre de tir.
00:33:22Donc vous êtes en train de nous dire que la solution, on va dire, elle était là,
00:33:26sous notre nez, sans que personne ne la voie.
00:33:28Oui, j'ai envie de vous dire, un seul Michel vous manque et tout est dépeuplé,
00:33:32pour citer la Micheline ou la Martine.
00:33:34Mais oui et non, disons qu'il présente quand même des avantages.
00:33:38Vous avez rappelé sa stature internationale, parce qu'il y a un autre sujet quand même.
00:33:40La France, il y a la procédure budgétaire pour déficit excessif.
00:33:44Michel Barnier, les Européens lui font confiance.
00:33:46C'est-à-dire que peut-être plus que d'autres, ou alors ils feront semblant d'y croire,
00:33:52parce qu'ils savent bien que la France reste en matière budgétaire.
00:33:55Mais ça peut être un avantage de ce point de vue-là.
00:33:59Après, je ne crois pas que ça pourra monter jusqu'au ciel,
00:34:02parce que le fameux parti de l'ordre dont je vous disais,
00:34:04les partis, les Edouard Philippe, les Gabriel Attal, les Laurent Wauquiez,
00:34:06ne peuvent pas aller contre ces gens-là qui sont assez largement leur électorat.
00:34:10Mais ça ne tient qu'un temps.
00:34:12Autant si vous êtes Jean-Luc Mélenchon, vous pouvez être dans la Révolution,
00:34:14ça convient très bien à leur électorat.
00:34:16Mais ça ne tiendra qu'un temps, parce qu'ils penseront à la prochaine présidentielle,
00:34:18quoi qu'il en soit.
00:34:20Et donc, à un moment, ils essaieront de se détacher justement de ce gouvernement
00:34:24qui ne sera pas que celui de Michel Barnier,
00:34:26mais qui sera un gouvernement dans lequel devront être représentés très certainement aussi
00:34:30le bloc macroniste, peut-être des députés issus du centre-gauche aussi.
00:34:35Donc, il y aura des cordes de rappel.
00:34:37Et puis, au-delà de ça, il y a la réalité,
00:34:39c'est-à-dire que quelle que soit l'habileté et le talent politique de Michel Barnier,
00:34:42de toute façon, il y a la concurrence internationale,
00:34:44il y a la Chine, il y a les États-Unis qui investissent à fond les ballons
00:34:46dans l'intelligence artificielle, notamment.
00:34:48Il y a les algorithmes.
00:34:49Il y a toute une réalité géopolitique, une réalité économique, technique
00:34:52qui s'impose à nous.
00:34:54Cette réalité-là, de toute façon, avec un pays polarisé et sans majorité,
00:34:59elle sera quand même très difficile à dépasser.
00:35:02Très intéressant tout cela.
00:35:04Dans un instant, avec vous, Charlotte, on va voir,
00:35:06on va s'arrêter sur l'immigration.
00:35:08Alors, on ne va pas se voiler la face.
00:35:10On ne s'attendait pas non plus à ce qu'il parle d'immigration
00:35:12dans son discours de passation de pouvoir.
00:35:14Quel est le Michel Barnier aujourd'hui ?
00:35:16On en parle avec vous dans un instant.
00:35:17Vous allez nous analyser tout ça.
00:35:19Marc, maintenant, on va s'arrêter avec vous
00:35:21sur cette réaction virulente de la gauche.
00:35:24Parce que la droite, on va dire, elle reste prudente,
00:35:26mais semble rassurée.
00:35:28La gauche, plus que jamais indignée, révoltée,
00:35:30élection volée, coup de force institutionnelle,
00:35:33déni de démocratie, destitution d'Emmanuel Macron,
00:35:36socialiste, communiste, insoumis,
00:35:38rechantent en fait le même refrain
00:35:40depuis le second tour des législatives
00:35:42et tous veulent faire un barrage à Michel Barnier.
00:35:45Est-ce que le NFP peut réussir à faire tomber Michel Barnier ?
00:35:51Je ne sais pas, il y a une sorte de crispation pathétique.
00:35:54Ils sont là, ils piaillent et puis ils continuent.
00:35:57On a gagné, on a gagné, on a gagné.
00:35:59Et alors, quand on lit, je vais essayer de vous interpréter
00:36:04ce que j'ai colligé ici et là,
00:36:06en compétences avec l'incontournable Mathilde Panot.
00:36:10Après 52 jours d'un gouvernement battu dans les urnes,
00:36:14Macron continue de se vivre comme en autocrate.
00:36:18Là, il faudrait lui dire qu'en français,
00:36:20ce n'est pas tout à fait comme ça.
00:36:21Il continue à vivre en autocrate, mais pas comme en autocrate.
00:36:24Au moment où Michel Barnier, pardon,
00:36:28le président refuse de respecter la souveraineté populaire
00:36:33et le choix issu des urnes.
00:36:35On a David Guiraud, Michel Barnier nommé Premier ministre.
00:36:39C'est le piétinement de la souveraineté des Français
00:36:42qui a placé le Front populaire en tête des élections législatives.
00:36:46Tout ça, vous voyez, il y a quand même beaucoup d'imagination.
00:36:49Et puis de l'un à l'autre, on sent la créativité.
00:36:52Ce n'est pas un slogan, non.
00:36:53Alors, voyons Louis Boyard.
00:36:55Macron et Le Pen viennent de former un accord
00:36:59pour Michel Barnier, Premier ministre,
00:37:01obsédé par l'immigration,
00:37:04se vote contre la dépénalisation de l'homosexualité.
00:37:08Il nous rappelle ce que tout à l'heure Mathieu évoquait.
00:37:11Il dit que c'est illégitime.
00:37:13On censure Barnier, on destitue Macron,
00:37:17on manifeste le 7 septembre.
00:37:20Ben oui, la destitution, ça les obsède.
00:37:23Ils sont 72 à s'être réunis,
00:37:27et ce sont 72 insoumis.
00:37:30En plus, vous avez six écolos
00:37:33et trois autres députés réunionnais.
00:37:36Et ils disent la procédure de destitution.
00:37:41Il faut savoir qu'il faudrait avoir les deux tiers de l'Assemblée
00:37:45pour obtenir cette destitution.
00:37:47On est en plein délire.
00:37:48Ou alors, on est dans cette idée
00:37:50qu'il faut à tout prix brailler.
00:37:52C'est en braillant qu'on se fait remarquer.
00:37:54Et si on n'a pas grand-chose à dire,
00:37:56c'est le teint amarre qui fait office de crédibilité.
00:38:00La nomination est possible
00:38:03parce que Macron considère le RN plus fréquentable qu'Elefi.
00:38:07Qui a dit ça d'après vous ?
00:38:08Sandrine Rousseau.
00:38:09Ben oui, Sandrine Rousseau.
00:38:11C'est formidable.
00:38:13Vous avez Manuel Bompard.
00:38:15La nomination de Michel Barnier
00:38:16est une double négation du résultat des élections.
00:38:19Alors que le nouveau Front populaire
00:38:21est arrivé en tête des élections,
00:38:23le parti de Michel Barnier a fait 6,5 % aux élections législatives
00:38:27et a 40 députés à l'Assemblée nationale.
00:38:29Il faudrait qu'ils apprennent à compter.
00:38:31Il y a Olivier Faure qui s'insurge aussi.
00:38:34Vous avez Eleonore Schmitt.
00:38:36Elle est responsable d'un petit parti étudiant.
00:38:40Porte-parole, c'est de l'Union étudiante.
00:38:43Ça met vraiment totalement en danger la démocratie.
00:38:47Ce choix est vraiment un contretemps.
00:38:50Total des aspirations qui se sont faites entendre par les unes.
00:38:55C'est vraiment la goutte de trop.
00:38:57Alors forcément, vous allez me dire
00:38:59« Et Mélenchon, vous le passez sous sa place ? »
00:39:01Bien sûr que non.
00:39:02Mélenchon, il faut l'avoir avec nous.
00:39:04Emmanuel Macron nie officiellement le résultat des élections législatives.
00:39:09Il vient de nommer Michel Barnier
00:39:12un membre parmi d'autres d'un parti qui a été le dernier
00:39:15à l'élection législative.
00:39:17Emmanuel Macron a volé l'élection du peuple français.
00:39:21Bon, alors il appelle à la manifestation du 7.
00:39:24Mais ce qui est extraordinaire dans tout ça,
00:39:26il faudrait quand même rappeler à ces gens
00:39:28que s'ils ont un certain nombre de députés
00:39:32qui leur permet d'afficher un résultat glorieux,
00:39:36bien qu'ils n'aient tant qu'un tiers de l'ensemble de l'Assemblée,
00:39:40c'est bien parce que les macronistes se sont désistés pour eux.
00:39:45Alors aujourd'hui, ils disent « Macron, tout ça,
00:39:47ce sont des gens qui ne sont pas sérieux ! »
00:39:49Et ils ne respectent pas la démocratie,
00:39:53mais sans Macron et ceux qui se sont sacrifiés,
00:39:57ils n'auraient pas obtenu un tel score.
00:40:00Dans le Front républicain.
00:40:01Voilà.
00:40:02Et puis alors, ce que l'on a vu,
00:40:04pathétique, depuis 50 jours,
00:40:06on n'avait même pas besoin de les sonner,
00:40:09ils se précipitaient.
00:40:11Il fallait rencontrer le président de la République.
00:40:14« Ah là, on n'était plus à descendre dans la rue,
00:40:16on va tout casser. »
00:40:17Non, non, non, non.
00:40:18Il nous faut une place.
00:40:20Une belle petite place.
00:40:22Et avec Lucie comme Premier ministre,
00:40:26ensuite, on se partage le gâteau.
00:40:28Le forcing avec Lucie Castex.
00:40:30Oui, mais vous vous rendez compte.
00:40:31C'est-à-dire que, où est l'esprit démocratique ?
00:40:35Où est le sens de la République
00:40:37quand on se comporte de cette façon tapageuse,
00:40:40sans le moindre argument,
00:40:42en étant simplement dans la vocifération
00:40:45pour la vocifération ?
00:40:47Eh bien, je crois qu'aujourd'hui,
00:40:49ceux qui ont perdu
00:40:51durant ces 52 jours,
00:40:54ce sont ceux qui clament avoir gagné.
00:40:56Ils se sont décrédibilisés.
00:40:59Car tout ce qu'ils ont manigancé,
00:41:02tout ce qu'ils ont essayé d'obtenir,
00:41:05n'était simplement que le désir d'ambition personnelle.
00:41:09Et qui dans le peuple peut se dire
00:41:11« Ah ben oui, ils auraient tout changé, ils auraient été... »
00:41:15Non.
00:41:16Ils voulaient simplement les places.
00:41:18Et ça, dans la tête des uns et des autres,
00:41:20je pense que ça restera.
00:41:22Malheureusement, la classe politique
00:41:24ne sort pas grandie de ce type d'attitude.
00:41:28Merci beaucoup pour votre regard.
00:41:30Une réaction peut-être par rapport à Mathieu,
00:41:33et ensuite Jean-Sébastien.
00:41:34Si je peux me permettre le désaccord avec Marc,
00:41:36je pense que le peuple, Emmanuel Macron et d'autres,
00:41:39bien les gens se sont dit que le NFP ne voulait pas que des places.
00:41:42C'est le contraire.
00:41:43S'ils ne voulaient que des places, ils n'auraient pas été dangereux.
00:41:45Mais c'est parce qu'ils voulaient,
00:41:47avec un bout de pouvoir engagé,
00:41:49ce qu'ils appellent des ruptures irréversibles.
00:41:51Donc des politiques sur lesquelles on ne peut pas revenir.
00:41:53C'est pour cela, je crois, que plusieurs sont méfiés.
00:41:56Si c'était les ambitieux comme les autres,
00:41:58ce n'est pas très grave.
00:41:59Mais si on est devant des gens qui sont prêts à changer la donne
00:42:01avec un pouvoir minoritaire,
00:42:03là l'inquiétude pouvait naître.
00:42:04Mais ils n'auraient jamais eu l'investiture.
00:42:06Donc c'est bien qu'ils se battaient pour leurs ambitions personnelles.
00:42:09Ils ne pouvaient pas imposer ça.
00:42:10Oui, ils auraient été victimes de la motion de censure.
00:42:12Mais c'est intéressant d'avoir l'approche.
00:42:13Oui, parce qu'ils ont quelques arguments quand même.
00:42:17Effectivement, le bloc est arrivé en tête.
00:42:19Après, ce qu'ils oublient,
00:42:20c'est qu'il faut surtout être capable de ne pas avoir un front du refus.
00:42:23Et pour les raisons qu'évoquait notamment Mathieu Bocoté à l'instant,
00:42:26de toute façon, il y a un front du refus, je vous l'ai dit.
00:42:28Oui, il y a un front du refus de l'Assemblée nationale.
00:42:30Il y en a un autre contre LFI.
00:42:32Et pas uniquement contre LFI, à vrai dire.
00:42:34Des propos antisémites ou des propos dangereux pour la démocratie
00:42:38ne respectant pas l'ordre républicain.
00:42:39On en a entendu aussi la désobéissance civile, sans solide, etc.
00:42:43dans les rendez-vous.
00:42:44Ce n'est pas que LFI.
00:42:46Et ils oublient surtout que leur grand allié,
00:42:48Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol,
00:42:51n'est pas en tête au Parlement espagnol.
00:42:53C'est le parti populaire, le parti de droite espagnol,
00:42:56qui est arrivé en tête.
00:42:57Sauf que Pedro Sánchez, il a trouvé des alliés.
00:42:59Et bien là, qu'est-ce qui se passe ?
00:43:00Il y a un Michel Barnier qui, a priori, a des alliés.
00:43:02On verra bien s'il trouve une majorité pour ne pas le censurer.
00:43:05Mais oui, le Bloc central, plus LR, plus quelques députés autour,
00:43:08il y en a quand même des députés qui ne sont pas au NFP.
00:43:11Et bien oui, ça peut marcher.
00:43:12La frustration permanente, NFP.
00:43:14En effet, il y a une réponse assez simple.
00:43:16C'est que la question n'est plus de savoir,
00:43:18au moment de nommer le Premier ministre,
00:43:19qui est arrivé en tête.
00:43:20Personne ne conteste que le NFP soit arrivé en tête
00:43:22en nombre de sièges.
00:43:23La question là, pour que le Premier ministre puisse
00:43:25nommer un gouvernement sans être censuré,
00:43:28c'est la question de la majorité.
00:43:30S'ils étaient réellement majoritaires,
00:43:32ce qu'ils essayent de faire croire,
00:43:33ils pourraient censurer la nomination de Michel Barnier.
00:43:35Ils en sont incapables.
00:43:37C'est donc bien qu'ils sont une minorité parmi d'autres minorités
00:43:40et qu'en effet, la nomination de Michel Barnier
00:43:42se fait sur une addition, c'est-à-dire une coalition
00:43:45dans le refus beaucoup plus que dans l'adhésion.
00:43:48Ce qui est fragile pour les semaines ou mois à venir,
00:43:51mais ce qui est toujours moins fragile
00:43:53qu'un Premier ministre issu des rangs du NFP.
00:43:56Alors gardez la parole Charlotte,
00:43:57puisqu'en 2021, Michel Barnier,
00:44:00donc on l'a évoqué,
00:44:01était candidat à la primaire à droite
00:44:03dans la course à la présidentielle
00:44:05et il avait un programme particulièrement ferme
00:44:08sur l'immigration et la sécurité.
00:44:10Qu'est-ce qu'il faut en retenir
00:44:11pour essayer de comprendre un peu
00:44:13quel est le Michel Barnier qu'on a aujourd'hui ?
00:44:15Ce n'était pas exactement un programme macroniste,
00:44:18puisque c'était un programme global.
00:44:20D'ailleurs, il s'en félicitait lui-même en disant
00:44:22« J'ai le programme le plus cohérent
00:44:24pour traiter cette question de l'immigration »
00:44:27et ce sera intéressant de voir ce qui subsiste
00:44:29dans son discours,
00:44:30parce que ça engage beaucoup de choses.
00:44:32C'est-à-dire que de la question de l'immigration,
00:44:34il engage beaucoup de choses,
00:44:35jusqu'à la relation avec Bruxelles
00:44:38et donc avec l'Union européenne
00:44:39et en effet, la hiérarchie du droit,
00:44:41comme le disait Mathieu tout à l'heure.
00:44:44Pour vous donner un peu une idée d'abord
00:44:47de la manière dont il se situait,
00:44:49on va dire, dans cette primaire,
00:44:50ce qui était une surprise
00:44:51par rapport à son propre parcours politique,
00:44:53à ce moment-là.
00:44:54Marine Le Pen s'était amusée
00:44:56en l'accusant de plagiat
00:44:58au moment où il avait présenté son programme
00:45:01sur l'immigration
00:45:02et elle avait parlé à propos
00:45:04de plusieurs des candidats à la primaire de la droite.
00:45:06Elle avait dit « Je n'ai même plus des concurrents,
00:45:08j'ai des clones »
00:45:09sur la question de l'immigration elle-même.
00:45:12C'est vous dire à quoi ressemblait le programme.
00:45:14Alors d'abord, il se plaçait déjà
00:45:16sur la question de la sécurité.
00:45:18Alors lui, il ne voulait pas 15 000,
00:45:19mais 20 000 places de prison en plus.
00:45:22Il voulait rétablir et les peines planchers
00:45:24et la double peine.
00:45:26Questions qui ont animé aussi le débat
00:45:28et la Macronie n'était pas très favorable
00:45:30à cette question-là.
00:45:31La réforme de la justice des mineurs,
00:45:33là, il pourrait trouver sa place,
00:45:35en effet, dans la Macronie.
00:45:37Et il avait fait de l'immigration
00:45:39un thème absolument central
00:45:41de son projet.
00:45:43Il annonçait en effet un moratoire
00:45:45de 3 à 5 ans
00:45:46et il expliquait, pendant 3 à 5 ans,
00:45:48nous avons besoin de stopper absolument
00:45:50toute entrée sur le territoire français
00:45:53pour se donner les moyens de mettre à plat
00:45:55toute notre politique migratoire
00:45:57pour la redessiner.
00:45:59Nous ne pouvons pas y réfléchir
00:46:00tant que les gens rentrent.
00:46:01Il faut donc stopper.
00:46:03C'est en effet d'une radicalité
00:46:04qui était quand même relativement inconnue
00:46:06jusque-là.
00:46:07Et il faisait un constat,
00:46:09parce que c'est assez intéressant
00:46:10de voir quel constat il fait
00:46:12et pourquoi il est aussi radical.
00:46:14La radicalité, ce n'est pas mal en soi,
00:46:15ça dépend évidemment
00:46:17quel mal vous voulez traiter.
00:46:18Lui, il disait, depuis 20 ans,
00:46:20tous nos gouvernements ont affiché
00:46:21leur détermination en matière d'immigration.
00:46:23Alors, c'est plus ou moins vrai.
00:46:24Il y a des gouvernements qui voulaient
00:46:25accompagner l'immigration,
00:46:27mais il dit en vain.
00:46:28Résultat, et c'est ce que nous disait
00:46:30Mathieu tout à l'heure,
00:46:31cette immigration subie,
00:46:32il ne la qualifie que
00:46:34comme une immigration subie.
00:46:36Ce qui veut dire que les Français
00:46:37la refusent.
00:46:38C'est ça son constat.
00:46:39Il ne fait que des pardons.
00:46:40Les Français d'origine
00:46:42qui ressentent un point de rupture
00:46:44et s'aident parfois,
00:46:45non sans quelques raisons,
00:46:47à la tentation identitaire.
00:46:49Non sans quelques raisons,
00:46:50c'est évidemment ce qu'il y a d'important
00:46:51dans sa phrase.
00:46:52Les Français récents
00:46:54ou les étrangers en situation régulière
00:46:56soumis à la stigmatisation
00:46:57du fait de cette lassitude
00:46:59et tous les autres,
00:47:00ce que nous disait Mathieu.
00:47:01Et d'ajouter que le mal français
00:47:04trouve dans cette situation
00:47:06une de ses causes.
00:47:07Donc on dit parfois,
00:47:08oui Marine Le Pen,
00:47:09elle est complètement obsessionnelle
00:47:10de l'immigration,
00:47:11il y a l'immigration partout.
00:47:12Michel Barnier, la modération,
00:47:14nous explique que le mal français,
00:47:16tout le monde reconnaît
00:47:17que nous sommes dans une situation
00:47:18qui peut s'apparenter à un mal français,
00:47:20trouve dans la situation migratoire
00:47:22une de ses causes.
00:47:23C'est donc déterminant
00:47:24de beaucoup d'autres sujets,
00:47:26nous dit-il.
00:47:27Le discrédit du politique
00:47:28se nourrit de la situation migratoire,
00:47:30nous dit-il.
00:47:31La délinquance
00:47:32et la radicalisation islamiste
00:47:34se nourrissent de la situation migratoire,
00:47:36nous dit-il toujours,
00:47:37ce sont des citations.
00:47:38Et il explique le Brexit,
00:47:39puisque c'est comme ça
00:47:40qu'il revient dans la vie politique,
00:47:41il est le négociateur du Brexit
00:47:43et il explique que le Brexit
00:47:45s'est fait notamment sur cette question,
00:47:47sur celle du déclassement
00:47:48et sur la question migratoire
00:47:50et qu'évidemment,
00:47:51il s'inquiète de la défiance
00:47:52à l'égard de l'Union européenne,
00:47:54notamment en rapport à cette question.
00:47:56C'est donc un sujet, nous dit-il,
00:47:57très important
00:47:58et à l'époque,
00:47:59le JDD lui pose la question
00:48:00quelle serait votre première loi
00:48:02si vous étiez président de la République ?
00:48:04Et répond-il,
00:48:05un projet de loi constitutionnel
00:48:07pour prévoir des quotas d'immigration
00:48:09votés par le gouvernement
00:48:10par l'Assemblée tous les ans,
00:48:12un bouclier constitutionnel
00:48:13pour bloquer les juridictions françaises
00:48:16et européennes
00:48:17dans leur interprétation de la Constitution
00:48:19sur la question migratoire toujours,
00:48:21l'impossibilité de se prévaloir
00:48:23de sa religion ou de son origine
00:48:24pour échapper à la loi commune
00:48:26dans l'article 1 de la Constitution,
00:48:28un état de nécessité antiterroriste
00:48:30pour avoir les moyens juridiques
00:48:32de lutter contre cette question
00:48:34et la fin du droit du sol
00:48:36à Mayotte,
00:48:37je vais y arriver,
00:48:39certes,
00:48:40mais également en Guyane,
00:48:42suppression totale du droit du sol.
00:48:44Vous voyez ce qu'un huitième
00:48:46de ces mesures
00:48:48ajoutées par les LR
00:48:50dans la loi immigration
00:48:51a provoqué au sein de la majorité
00:48:53à l'époque déjà relative,
00:48:54présidentielle.
00:48:55Donc on se prépare,
00:48:56si Michel Barnier est toujours
00:48:57le Michel Barnier de 2021,
00:48:59probablement quelques débats
00:49:01un peu houleux dans la majorité,
00:49:03dans la minorité désormais,
00:49:04vous m'avez compris.
00:49:05Mais quelle mesure
00:49:07envisageait-il sur le long terme
00:49:09au-delà du moratoire,
00:49:10à l'époque toujours en 2021,
00:49:12ce Michel Barnier là ?
00:49:13Ce Michel Barnier,
00:49:14donc la dernière fois qu'il s'est présenté
00:49:15pour éventuellement devenir
00:49:17président de la République.
00:49:18Il voulait tout remettre à plat,
00:49:19je vous le disais,
00:49:20à l'occasion d'un moratoire
00:49:22pour réduire drastiquement,
00:49:23il citait même, il disait,
00:49:24diviser au moins par 3 ou 4
00:49:26les arrivées en France.
00:49:28L'immigration telle qu'elle est aujourd'hui
00:49:29et précisait-il,
00:49:30l'immigration extra-européenne
00:49:32puisqu'il est attaché toujours
00:49:34à la libre circulation
00:49:35au sein de l'Union Européenne.
00:49:36Et il listait les décisions.
00:49:38Cesser les régularisations de clandestins,
00:49:40mot qu'il utilisait,
00:49:41mot inutilisé dans la classe politique
00:49:43depuis quand même quelques années.
00:49:45Lui l'utilisait à ce moment-là.
00:49:46Accélérer et durcir le parcours
00:49:48du demandeur d'asile.
00:49:49Restreindre le regroupement familial
00:49:51comme la délivrance de visas long séjour.
00:49:54Rétablir et exécuter
00:49:56systématiquement la double peine.
00:49:58Précisant que 23% des personnes
00:50:00aujourd'hui dans les prisons françaises
00:50:02sont étrangères.
00:50:03Il disait, ce sera désormais
00:50:04systématique l'expulsion
00:50:07en plus de la peine.
00:50:08Obligation de maîtrise de la langue
00:50:10pour un visa long séjour.
00:50:12Pas pour une naturalisation,
00:50:14pour un visa long séjour.
00:50:15Allongement de la durée
00:50:16de rétention administrative.
00:50:18Là encore, quand Emmanuel Macron
00:50:19l'avait allongé
00:50:20de 45 à 90 jours, vous savez,
00:50:22le moment où on essaie d'organiser l'expulsion,
00:50:24il s'était retrouvé
00:50:26entouré de barbelés
00:50:27sur la une d'un magazine.
00:50:29Emmanuel Macron affublé quasiment
00:50:31d'un uniforme nazi à l'époque.
00:50:33Là, il nous dit, on va passer de 90 jours
00:50:35à 6 mois la rétention administrative
00:50:37dans son programme.
00:50:38Réforme radicale de l'aide médicale d'Etat.
00:50:41Nécessité de l'exercice d'un emploi
00:50:43et d'une intégration concrète
00:50:45pour pouvoir rester en France.
00:50:48Harmoniser le regroupement familial
00:50:50aux autres politiques européennes
00:50:53pour réduire l'attractivité de la France.
00:50:56Conditionner l'aide au développement
00:50:58dans les autres pays
00:50:59à la délivrance des laissés-passés consulaires.
00:51:01Ces fameux sésames nécessaires
00:51:03pour les expulsions.
00:51:04Donc des réformes énormes
00:51:06qui nécessitaient non seulement le moratoire
00:51:08pour les mettre en place,
00:51:09mais en effet ce fameux bouclier constitutionnel
00:51:12et je le cite encore,
00:51:13le grand européiste connu pour ça,
00:51:15pour qu'aucune décision ne soit écartée,
00:51:17je cite,
00:51:18au motif des engagements internationaux
00:51:20de la France.
00:51:21Et nous dit-il pour finir,
00:51:22la seule manière de contraindre
00:51:25ces engagements internationaux,
00:51:26c'est de le décider par référendum.
00:51:28Référendum qu'avait refusé
00:51:30un certain Emmanuel Macron.
00:51:32Ça vaut quand même la peine de s'arrêter
00:51:34sur le Michel Barnier 2021.
00:51:36A l'époque, justement,
00:51:37sa volonté de bouclier constitutionnel
00:51:39avait fait vivement réagir
00:51:41ses anciens collègues de Bruxelles.
00:51:43Que comprendre, venons,
00:51:44de cet européiste convaincu ?
00:51:46Ou cet Européen convaincu ?
00:51:48Oui, non mais il se revendique
00:51:50en plus de son plébiscite,
00:51:54on va dire, de l'Union Européenne.
00:51:55Et simplement, il avait dit
00:51:56en effet à Bruxelles ça avait fait hurler
00:51:58et de l'autre côté, Marine Le Pen
00:51:59l'accusait de plagiat.
00:52:00Il avait dit tout ça,
00:52:01ce sont des accusations absolument stupides,
00:52:03j'ai énormément travaillé mon projet.
00:52:05Donc il disait lui-même,
00:52:06il s'extrayait en fait du procès
00:52:09en dureté de campagne,
00:52:15en disant j'ai extrêmement travaillé,
00:52:18en reprécisant que l'inquiétude
00:52:20de sa négociation avec le Brexit
00:52:21et du fait que d'autres pays
00:52:22pourraient vouloir sortir,
00:52:24lui faisait prendre conscience
00:52:25avec lucidité de la situation.
00:52:27Donc il insistait énormément
00:52:28sur le fait qu'il avait beaucoup réfléchi,
00:52:30beaucoup travaillé
00:52:31et que tout ça était donc très sérieux.
00:52:33Et la colère s'était déjà exprimée
00:52:35quand il avait évoqué la nécessité
00:52:37de retrouver, je cite encore une fois,
00:52:39notre souveraineté juridique
00:52:42sur la question migratoire.
00:52:44Notre souveraineté juridique,
00:52:45c'est-à-dire nous ne pouvons pas
00:52:46la partager avec l'Union Européenne.
00:52:49Et il avait jugé qu'il était impossible,
00:52:51alors là écoutez bien,
00:52:53ouvrez les guillemets,
00:52:54d'être menacé en permanence
00:52:56d'un arrêt ou d'une condamnation
00:52:58de la Cour de justice européenne
00:53:00ou de la Convention des droits de l'homme
00:53:02ou d'une interprétation
00:53:03de notre propre institution judiciaire.
00:53:06A l'époque, Gabriel Attal s'était étonné
00:53:09que cet homme qui avait passé 20 ans
00:53:11dans les institutions européennes
00:53:13soit aussi défiant vis-à-vis de l'Union Européenne
00:53:16et il répondait, Michel Barnier,
00:53:18à la critique de Gabriel Attal.
00:53:20Ouvrez les guillemets encore une fois,
00:53:22c'est une question de souveraineté nationale
00:53:24et l'Europe est, en la matière, inefficace.
00:53:28On parle là, en l'occurrence,
00:53:29de la gestion des flux migratoires
00:53:31et d'ajouter qu'en l'absence de clarté dans les textes,
00:53:34celles qu'il voulait donc offrir aux Français,
00:53:37la Cour européenne de justice,
00:53:38la Cour européenne des droits de l'homme,
00:53:40le Conseil constitutionnel,
00:53:41le Conseil d'Etat ont interprété
00:53:44et construisent depuis 20 ans
00:53:46des jurisprudences qui sont absolument insensées
00:53:49et de plus en plus favorables aux étrangers,
00:53:52parfois même au mépris de la sécurité nationale.
00:53:55Michel Barnier était en train de dire
00:53:57qu'il faut clarifier les textes
00:53:59pour que seul le politique en France,
00:54:02même pas la France, par le biais de ses tribunaux,
00:54:04le politique en France avec l'aval des Français
00:54:07soit maître de sa politique migratoire
00:54:09qui aujourd'hui est trop favorable aux étrangers
00:54:12au détriment de la sécurité des Français.
00:54:15C'est évidemment un discours
00:54:17qui n'est pas assumé exactement dans ses termes
00:54:20par Emmanuel Macron
00:54:21et qui provoquera forcément une discussion.
00:54:23C'est pour ça que je vous disais tout à l'heure,
00:54:25aurons-nous une collaboration
00:54:27auquel cas Michel Barnier s'éteindra
00:54:30sur cette question-là
00:54:31qu'il jugeait absolument vitale il y a deux ans
00:54:34ou alors il y aura une véritable cohabitation
00:54:37et c'est Emmanuel Macron
00:54:39qui acceptera de s'effacer sur la question
00:54:41de l'Etat de droit,
00:54:42de l'Union européenne et de l'immigration.
00:54:45Une dernière question avant votre chronique, Mathieu.
00:54:49Emmanuel Macron, il nous a tellement habitués
00:54:51à une douche écossaise, à du en même temps.
00:54:54À quoi peut-on s'attendre peut-être là,
00:54:56Jean-Sébastien Ferjou et ensuite Mathieu ?
00:55:00Ça va dépendre quand même de ce qui...
00:55:02comment ce gouvernement va être formé.
00:55:04À avoir peut-être un Premier ministre là LR
00:55:07et puis peut-être...
00:55:08Oui mais en tant que l'Etat,
00:55:10il faut bien savoir que Michel Barnier
00:55:12est Premier ministre
00:55:13mais que le reste du gouvernement
00:55:15reste un gouvernement juridiquement
00:55:17qui ne gère que les affaires courantes
00:55:19parce que maintenant,
00:55:20il va falloir trouver d'autres ministres,
00:55:21se mettre d'accord.
00:55:22J'imagine que c'est en discutant avec Emmanuel Macron.
00:55:24C'est a priori aussi là-dessus
00:55:25que ça avait bloqué avec Bernard Cazeneuve
00:55:27parce qu'Emmanuel Macron avait beaucoup d'exigences.
00:55:28Il voulait garder pas seulement
00:55:29le domaine réservé traditionnel
00:55:31les affaires étrangères et la défense
00:55:32mais aussi l'intérieur.
00:55:33Et Bercy, ce qui commençait à faire beaucoup,
00:55:35continue de négocier
00:55:36et surtout, la vraie question à mon sens,
00:55:39Michel Barnier aura-t-il le choix
00:55:42de son directeur de cabinet ?
00:55:45Mathieu, on passe à votre chronique
00:55:46de Michel Barnier et donc LR.
00:55:49Ça n'a échappé à personne.
00:55:51Un parti que l'on disait à l'agonie.
00:55:53Michel Barnier, c'est le dialogue,
00:55:55la négociation, l'écoute.
00:55:56C'est également un homme d'Etat.
00:55:57On en a parlé, vous en avez parlé tout à l'heure.
00:55:59En 50 ans, il a occupé quasiment tous les postes.
00:56:01En quoi est-ce un atout
00:56:03ou la validation de l'échec d'Emmanuel Macron
00:56:06qui s'est voulu résurrecteur,
00:56:07si vous permettez l'expression,
00:56:09du vieux monde qu'il croyait avoir tué ?
00:56:11C'est tout à fait intéressant.
00:56:13Je me suis fait la même réflexion aujourd'hui.
00:56:15C'est-à-dire, d'un côté, Emmanuel Macron,
00:56:17si on a l'histoire de ses deux quinquennats,
00:56:21c'est celui qui arrive en disant révolution.
00:56:23Je vais vous délivrer du vieux monde.
00:56:26Je vais vous délivrer du vieux monde
00:56:28et de ses, autrement dit, de son côté faisandé,
00:56:31des structures impuissantes qu'il caractérisait.
00:56:34Et que voulait dire Emmanuel Macron
00:56:36en disant je vais vous délivrer du vieux monde ?
00:56:39Il nous disait d'abord,
00:56:41je vais vous délivrer des vieux clivages.
00:56:43Gauche, droite n'existent plus.
00:56:45Je suis le fameux en même temps.
00:56:47La formule s'est usée.
00:56:49Mais surtout, si je vous délivre des vieux clivages,
00:56:51je suis en fait la réponse technocratique supérieure.
00:56:54Il n'y a pas plusieurs options politiques.
00:56:56Il y a une option qui est la plus intelligente
00:56:58et ensuite l'option, quelquefois,
00:57:00on se souvient de la formule
00:57:02la lèpre nationaliste des lépreux, en quelque sorte.
00:57:04Emmanuel Macron était, pendant plusieurs années,
00:57:07dans l'idée on va liquider les vieux clivages.
00:57:10Existait-il encore ?
00:57:12Il se pourrait qu'il renaisse aujourd'hui.
00:57:14Il voulait rompre avec la politique professionnelle.
00:57:17Ça, il faut le garder à l'esprit.
00:57:19Il nous disait soyons, soyez plutôt,
00:57:21pas pour lui, soyez des amateurs.
00:57:23On n'a plus besoin des politiques professionnelles
00:57:26de ceux qui ont été dans ce métier-là depuis si longtemps.
00:57:29Nous voulons des figures de la société civile
00:57:31qui n'ont pas été contaminées ou corrompues
00:57:34ou touchées ou tâchées par la vie politique.
00:57:38Hommes et femmes nouveaux, investissez-vous en politique.
00:57:41Je ne veux plus du personnel des partis.
00:57:43Il faut dire qu'il avait quand même été installé
00:57:45dans ses fonctions, par ailleurs,
00:57:47par la structure politique des partis au sens le plus classique.
00:57:50Mais il dit, je veux une nouvelle classe politique,
00:57:52je ne veux plus des anciens.
00:57:54C'était aussi, soit dit en passant,
00:57:56une vision de l'électeur
00:57:58qui était davantage un individu strictement,
00:58:00je dirais, même pas rationnel,
00:58:02un individu consommateur.
00:58:04Ce n'était plus l'homme des passions.
00:58:06Ce n'était plus l'homme enracinant dans son histoire.
00:58:08On se souvient qu'il pouvait parler
00:58:10plus que d'Edin, par exemple, des Gaulois réfractaires.
00:58:13Donc le vieux peuple français l'embêtait quelquefois.
00:58:16Et on pourrait dire aussi que c'était la rupture avec l'expérience.
00:58:18C'est-à-dire, je suis la jeunesse.
00:58:20Je suis la jeunesse contre tous ces bonzes
00:58:23qui occupent les postes de la République.
00:58:25Je suis la jeunesse et désormais, vous, à travers moi,
00:58:29je vous délivrerai justement de ces gens
00:58:31qui encrassent les institutions depuis longtemps.
00:58:34Mais le vieux monde, à travers Michel Barnier,
00:58:37aujourd'hui, revient.
00:58:39C'est comme ça que c'est vécu.
00:58:41Mais il revient autrement.
00:58:43Premièrement, dans les clivages.
00:58:45On retrouve un homme de droite classique
00:58:47qui a le souci de sa continuité.
00:58:49C'est vrai qu'il dit, ma famille politique, c'est la LR.
00:58:51Il prend la peine de dire, je viens du gaullisme.
00:58:53Il nous retrace son long parcours en politique.
00:58:55Donc les vieux clivages existent.
00:58:57J'en suis l'héritier et je les assume.
00:58:59La politique professionnelle,
00:59:01je pense qu'après 50 ans en politique,
00:59:03on peut reconnaître que Barnier,
00:59:06La question des passions.
00:59:08Alors, c'est certainement pas l'homme politique
00:59:10le plus passionné qu'il soit, convenons-en.
00:59:12Pas le plus charismatique, je pense qu'on peut le reconnaître aussi.
00:59:14Mais il a la conscience de la diversité des intérêts.
00:59:16Vous savez, l'illusion, quelquefois,
00:59:18qu'il suffirait qu'on se parle pour s'entendre,
00:59:20eh bien, Barnier est plutôt conscient que ce n'est pas vrai.
00:59:22C'est-à-dire qu'il faut tenir compte des intérêts de chacun
00:59:24en sachant qu'ils ne sont jamais réconciliables pour de bon,
00:59:26et l'expérience ensuite.
00:59:28Autrement dit, il revient, en quelque sorte.
00:59:30Et Emmanuel Macron, qui a tout fait pour s'en débarrasser,
00:59:32qui a tout fait pour s'en débarrasser,
00:59:34ces derniers jours, il passait, il était dans le catalogue,
00:59:36il regardait qui est disponible du vieux monde pour moi.
00:59:39Mais il ne trouvait pas le bon modèle.
00:59:41C'était quelquefois des modèles peut-être un peu trop récents.
00:59:43Ce matin, ce matin même,
00:59:45la rumeur voulait qu'il flirte avec François Bayrou.
00:59:47François Bayrou, qui lui avait mis le pied à l'étrier,
00:59:50qui lui avait permis de se lancer en s'effaçant pour lui.
00:59:54Finalement, au terme de la journée,
00:59:56c'est la rumeur d'hier qui se concrétise aujourd'hui,
00:59:58Michel Barnier, le vieux monde des deux retours.
01:00:01Bonne nouvelle pour les uns, mauvaise nouvelle pour les autres.
01:00:04Est-ce la fin du macronisme?
01:00:06Tout dépend de ce qu'on entend par macronisme.
01:00:08Est-ce que le macronisme existe indépendamment d'Emmanuel Macron?
01:00:11On le verra dans quelques temps.
01:00:13En ce moment, la fracture au centre,
01:00:15on le disait en début d'émission,
01:00:17ambition déclarée d'Édouard Philippe,
01:00:19ambition presque déclarée de Gabriel Attal,
01:00:23qui seront les prochains?
01:00:25Le macronisme en tant que tel,
01:00:27on verra comment chacun s'en réclame.
01:00:29Ça me semble assez important.
01:00:31Mais si par macronisme on entendait
01:00:33une vision technocratique de la politique,
01:00:35une vision de la politique
01:00:37qui était justement détachée du cadre national,
01:00:39pour qui l'Europe était l'horizon indépassable de toute chose,
01:00:42manifestement, les Français,
01:00:44au moment des élections européennes,
01:00:46mais aussi au moment des législatives,
01:00:48ont voulu rompre avec ce cadre
01:00:50du grand saut obligé vers l'Europe,
01:00:52le cadre salvateur de l'Europe.
01:00:54Ensuite, la vraie rupture avec le macronisme,
01:00:56pour ceux qui la souhaitent,
01:00:58c'est encore des partisans d'Emmanuel Macron,
01:01:00il ne faut pas l'oublier.
01:01:02Je précise que M. Barnier lui-même
01:01:04n'est pas un opposant radical d'Emmanuel Macron.
01:01:06Il est Macron compatible,
01:01:08tout comme il est LR compatible et RN compatible.
01:01:10C'est ça qui est intéressant là-dedans.
01:01:12La véritable rupture, je pense,
01:01:14pour ceux qui la souhaiteraient,
01:01:16elle est idéologique et, je dirais, sociologique.
01:01:18Idéologique, c'est la question de la souveraineté nationale,
01:01:20c'est la question de la souveraineté populaire,
01:01:22donc de l'Europe et de ce qu'ils appellent aujourd'hui
01:01:24l'État de droit, premier élément.
01:01:26Et aussi, sur le plan sociologique,
01:01:28c'est la rupture avec une certaine élite.
01:01:30L'élite qui s'est donnée finalement
01:01:32une forme de prolongation
01:01:34à travers Emmanuel Macron,
01:01:36qui était la dernière chance du système
01:01:38mais qui s'est présentée comme un homme tout à fait nouveau,
01:01:40mais aussi la classe politique nouvelle
01:01:42qui s'est installée avec lui en privatisant quelquefois
01:01:44les institutions de la République, en disant
01:01:46« la République c'est nous, les autres vous êtes des extrêmes ».
01:01:48La rupture serait de ce point de vue.
01:01:50Le clivage est moins idéologique,
01:01:52qu'il n'est presque de classe,
01:01:54il reste à voir si ce sera le cas,
01:01:56mais le macronisme, tant qu'Emmanuel Macron sera là,
01:01:58le macronisme sera encore vivant.
01:02:00– Merci beaucoup pour votre regard
01:02:02dans un instant Pascal Praud,
01:02:04mais je vais quand même vous faire écouter
01:02:06Michel Barrier, notre nouveau Premier ministre,
01:02:08et c'est intéressant de voir comment
01:02:10il s'est présenté sous la sérénité,
01:02:12sous l'humilité, sur l'humour aussi.
01:02:14Parce que lorsque Gabriel Attal
01:02:16lui dit de transformer l'essai,
01:02:18lui avec beaucoup d'humour,
01:02:20il tacle un peu Gabriel Attal,
01:02:22on sent que c'est un homme libre.
01:02:24Excellente suite de programme.