Face à l'Info (Émission du 25/09/2024)

  • il y a 8 heures
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00Et au sommaire ce soir, colère, hommage, oubli, ce triptyque risque de frapper ce nouveau
00:07drame, celui de Philippines.
00:10Cette histoire nous donne l'impression d'un éternel recommencement, encore une fois une
00:14française assassinée par une personne sous OQTF, en quoi l'invisibilisation des faits
00:20a-t-elle déjà commencé ? L'édito de Mathieu Bocoté.
00:23Colère, hommage, oubli, les obsèques de Philippines auront lieu vendredi à Versailles,
00:29un hommage sous forme de rassemblement aura lieu dimanche à Paris, ni invisibilisation
00:35du meurtrier, violeur présumé, ni invisibilisation de la victime avérée.
00:41Une française, chrétienne, catholique, aimée de tous, l'avant-dernière de la famille,
00:47question que peu se pose ce soir, qui est Philippines ? Les informations inédites de
00:53Gabriel Cluzel.
00:55Colère, hommage, oubli, et si ce triptyque était sans fin, 700 000 OQTF seraient en
01:02France, combien ayant commis des actes criminels sont en liberté ? Combien de victimes ? Lola
01:08et tant d'autres victimes inconnues, crime sous OQTF est-ce une inquiétante habitude
01:13? Le regard de Marc Menand.
01:15Colère, hommage, oubli, au-delà de l'auteur des faits, qui doit rendre des comptes ? Qui
01:21doit rendre des comptes avant que ce grâme ne tombe lui aussi dans l'oubli ? Passeur,
01:27ONG, juge, le Maroc, le gouvernement, l'Union Européenne ? Pourquoi condamner à 7 ans
01:34au lieu de 15 ans pour viol ? Pourquoi est-il libéré par la justice tout en reconnaissant
01:39sa dangerosité ? Le décryptage de cette impuissance organisée par Charlotte Dornelas.
01:45Colère, hommage, oubli, la France a-t-elle tué Eric Comine ? La France a-t-elle tué
01:53Lola ? La France a-t-elle tué Mathis ? La France a-t-elle tué Thomas ? La France a-t-elle
01:58tué Philippine ? L'édito de Mathieu Bocoté.
02:02Une heure avec nos mousquetaires, une heure pour tous se dire et s'entamer, c'est parti.
02:15La judiciaire a été ouverte pour meurtre, pour viol, pour vol, un hommage est prévu
02:27dimanche à Paris, une cagnotte est lancée, l'histoire tragique de cette jeune fille bouleverse
02:34la France.
02:35On pleure son sort horrible, on pleure ses proches, on parvient mal à refouler sa colère,
02:42cette histoire nous donne l'impression, Mathieu Bocoté, d'un éternel recommencement.
02:47Encore une fois, une Française assassinée par une personne sous OQTF et pourtant, l'invisibilisation
02:54des faits a déjà commencé, Mathieu.
02:56C'est assez particulier, il faut avoir la séquence complète de la journée, je dirais
03:00d'hier, d'avant-hier.
03:01Quelle est la séquence depuis la nomination de ce nouveau gouvernement ? Il y a la brute
03:07Bruno Retailleau, l'homme de la sanction, l'homme de la répression dit-on, et le sage
03:12Didier Migaud, qui nous explique que les peines sont appliquées en France, que jamais
03:16la France n'a été aussi sévère dans l'application des peines, et plus encore, qu'il faut quand
03:21même défendre l'état de droit et ne pas se laisser aller à je ne sais quelle tentation
03:25populiste.
03:26Donc faites bien attention, et là, dans les médias, et au gouvernement, et dans la députation
03:31qui soutient le gouvernement, on dit « Ah, bravo, bravo Migaud, c'est lui qui a raison
03:35alors que l'autre, il est dangereux ».
03:37Mais la journée évolue, et nous comprenons, nous avons le portrait complet du sort tragique
03:43de la jeune Philippine, et encore une fois, devrais-je dire, le discours des pharisiens
03:48du progressisme mondain est invalidé par la réalité des choses, c'est-à-dire encore
03:54une fois, et je pense que le plus important dans tout ce que je veux dire, c'est encore
03:57une fois, une jeune Française est violée, assassinée par un OQTF, on peut dire une
04:03personne sous OQTF, mais je préfère dire un OQTF, c'est plus simple, c'est presque
04:06une catégorie désormais qui circule dans notre société.
04:09Alors là, on est devant un fait qui est encore une fois invalidé, le discours du « tout
04:16va bien », le discours du « ça se passe bien en France », le discours du « ce ne
04:21sont que des faits divers », on est devant un fait d'une telle brutalité que le système
04:25médiatique, politique, est obligé de s'ajuster, il doit presque, à la manière d'un match
04:31de boxe, il doit trouver une nouvelle riposte, parce qu'encore une fois, invalidé, comment
04:35peut-il néanmoins nous expliquer qu'il a encore raison? Et là, c'est ce qu'on
04:39va voir. Je précise, soit dit en passant, entre parenthèses, que Bruno Rotailleau,
04:43qui est un peu l'autre personnage ce jour-ci, Bruno Rotailleau a dit « dans le cadre juridique
04:47actuel, ça va être difficile de répondre globalement à la question de l'insécurité,
04:51il va falloir poser directement la question de la réforme des institutions, ayons cela
04:56à l'esprit ». Donc, comment le système médiatique et politique a-t-il réagi à
05:00ce drame, à cet événement? La première tentative, c'est évidemment
05:04l'invisibilisation, nous expliquer que ce qui s'est passé ne s'est pas passé.
05:08Et on l'a vu notamment sur La 2, ou dans le journal, au moment de présenter cette
05:12information, on a, par hasard, probablement parce qu'on manquait de temps, oublié de
05:17souligner que l'agresseur, l'assassin, le violeur présumé était un Marocain sous
05:23au QTF. Le JT vient d'être allongé, il est plus long.
05:25Mais on peut manquer de temps, il aurait fallu deux heures pour dire ces quatre lettres
05:29au QTF. Alors, quoi qu'il en soit, on oublie de le dire, comme ça. On pourrait croire
05:34qu'il s'agit d'une forme d'invisibilisation du réel. Donc, plutôt que de nommer les
05:38choses qui pourraient troubler le récit public, si ça ne doit pas mal se passer, on préfère
05:43cacher les faits, tout simplement. Mais c'est assez compliqué, aujourd'hui,
05:48de dissimuler les faits aussi brutalement. Alors, sur une autre chaîne d'info, on a
05:53pu lire, enfin, sur une chaîne d'info, dis-je, une autre chaîne d'info que la nôtre,
05:56on a pu voir le spécialiste de police-justice expliquer à peu près les choses suivantes,
06:01mais le système, ça s'est très bien déroulé sur le plan juridique, sur le plan judiciaire,
06:06il n'y a pas vraiment eu de soucis. Donc, évidemment, le résultat est tragique, on
06:10aurait souhaité que la jeune Philippine ne meure pas, mais ça ne vient d'aucune manière
06:14remettre en question le système judiciaire et tout l'ensemble, en fait, l'appareil institutionnel
06:20qui aurait fait faillite, qui aurait failli et qui aurait conduit à la mort de cette
06:23jeune fille. Le système va bien, donc, circuler, il n'y a rien à voir. Je devine que devant
06:28de tels propos, la famille de Philippine est rassurée. C'est-à-dire, au moins, la jeune
06:33fille n'est pas morte à cause d'un bris de système. Tant mieux, oserait-on dire?
06:38Certainement pas.
06:39On va s'arrêter en détail avec Charlotte Dornelas dans un instant sur ce sujet.
06:43Bien sûr. Alors là, il y a l'autre étape. Et là, c'est là que ça devient intéressant
06:46parce que les esprits les plus intelligents, pourrait-on dire, les plus articulés du
06:50parti médiatique, du camp progressiste, des défenseurs fanatiques d'un État de droit
06:55falsifié, comprennent qu'ils ne peuvent pas se contenter de dire que rien ne s'est
06:59passé. Ils ne peuvent pas se contenter de le dire. Et Sandrine Rousseau a été probablement
07:03une de celles qui ont eu la réaction la plus intéressante, et on doit la décoder pour
07:07comprendre l'état d'esprit de nos amis progressistes. Alors, qu'est-ce qu'elle
07:11fait dans un tweet? Elle reconnaît les faits. Je vais vous lire le tweet au complet, on
07:15va le décomposer ensuite ensemble. « Philippine a été sauvagement assassinée. La personne
07:21arrêtée est marocaine sous QTF. Ce féminicide mérite d'être jugé et puni sévèrement.
07:26L'extrême droite va tenter d'en profiter pour répandre sa haine raciste et xénophobe.
07:31Nous sommes plus forts que cette récupération. Nopasaran! » Ça, c'est du grand art. Alors,
07:37on va voir exactement ce qu'il y a là-dedans. Sandrine Rousseau comprend qu'il ne sert
07:41à rien de nier les faits. Ça ne sert à rien, les faits sont là. Donc, aussi bien
07:45les reconnaître, ça va nous éviter d'être pris dans une mauvaise polémique, on va être
07:48accusé d'être dans le déni. Donc, il commence, il le dit. « Sauvagement assassinée. La personne
07:52arrêtée est marocaine sous QTF. » C'est clair, on pourrait croire qu'il s'agit d'un
07:56aveu de réalité. Mais pas du tout, parce que tout de suite, on bascule. Phrase suivante.
08:01« Ce féminicide mérite d'être jugé et puni sévèrement. » On aurait pu dire, si
08:06on veut à tout prix utiliser un terme en cid, on aurait peut-être pu utiliser le terme
08:09francocide, par exemple. Dans les circonstances, il s'appliquerait tout autant. Mais Sandrine
08:13Rousseau nous explique tout de suite que ce n'est pas la dimension au QTF, la dimension
08:18culturelle, la dimension qu'on peut présumer n'est pas présente. Tout ce qu'on voit,
08:22c'est un homme qui tue une femme et la dimension culturelle, à part le fait qu'on est devant
08:26quelqu'un qui, sur le plan administratif, ne devrait pas être en France, sur le plan
08:30politique, ne devrait pas être en France, c'est neutralisé.
08:32Étape suivante, si vous n'êtes pas d'accord avec mon interprétation féminicide et que
08:36vous tenez à parler de la question QTF, l'extrême droite, vous en êtes, va tenter d'en profiter
08:41pour répandre sa haine raciste et xénophobe. Donc, si vous vous intéressez exagérément
08:46au fait d'abord mentionné en première partie, la personne arrêtée est marocaine
08:50sous le QTF, vous êtes raciste et xénophobe. Et là arrive le mot sacré, la récupération.
08:56Si vous n'êtes pas d'accord avec moi, vous êtes dans la récupération, vous êtes coupable.
09:00Et à la fin, ça c'est quand même la cerise sur le gâteau, « no pasarán », c'était
09:04le slogan, c'était le cri de ralliement des antifascistes « espagnols » au moment
09:09de la guerre d'Espagne, je crois. Donc, « no pasarán », « no pasarán », le fascisme
09:13ne passera pas. Donc, comprenez que si pour vous, un élément important de l'analyse
09:17de ce qui est arrivé, c'est que l'agresseur, l'assassin, le violeur était un Marocain
09:23sous le QTF, eh bien vous êtes un fasciste et c'est vous le vrai problème, c'est
09:26vous qu'on doit combattre, c'est vous qu'on combattra et c'est avec vous qu'on
09:30sera impitoyable. Donc, qui sont les véritables dangers ici? Ce sont ceux qui ne voient pas
09:34les choses comme Mme Rousseau. Dans le même état d'esprit, on a eu aussi Mathias Vargon,
09:39vous savez, un médecin de plateau télé bien connu, qui a dit hier sur une autre chaîne
09:45Info, encore une fois, il s'est inquiété que sa mort alimente la montée du RN et je
09:50cite, il nous dit « mieux vaut ne pas en parler trop maintenant, pourrions-nous attendre
09:54un peu s'il vous plaît, sinon c'est pour ne pas donner à bouffer au Front National ».
09:59L'élégance dans la formulation dans un moment tragique. Pour ne pas donner à bouffer
10:04au Front National. Donc, qu'est-ce qui est tragique dans la mort de Philippine? Qu'est-ce
10:07qui est tragique? C'est que ça pourrait servir ce qu'ils appellent l'extrême-droite.
10:12C'est-à-dire, sa mort en elle-même est un fait divers, mais le fait que ça puisse
10:15servir ce qu'ils appellent l'extrême-droite, là le véritable danger se présente. Donc,
10:19la mort de Philippine suscite une réaction outrée dans la mesure où ça risque de remettre
10:24en question le récit de la diversité heureuse. Il y a notre ami Thomas Lienolé, l'intellectuel
10:29de gauche passé par la France Insoumise, qui est invité un peu partout pour répéter
10:32ces banalités, qui, quant à lui, nous dit « surmédiatisation des faits divers ». Globalement,
10:38on ne devrait pas en parler tant que ça des histoires de Philippines. Pourquoi en parler
10:41autant surmédiatisation des faits divers? Ça vous laisse croire que la France est dangereuse
10:45alors que nous savons qu'elle ne l'est pas. Et Olivier Faure, finalement, c'est
10:48le point de vue des politiques à gauche qui nous dit « la justice fait son travail,
10:53mais malheureusement, il y a parfois des erreurs qui sont fatales, donc nous sommes devant
10:57une forme de faits divers juridiques. Le système a fonctionné, mais il y a un détail,
11:02ce détail, c'était Philippines.
11:04Cette histoire, pour ce qu'on en sait, fait inévitablement penser à l'affaire Lula.
11:11Quel rapprochement pourrait-on faire?
11:13Vous avez tout à fait raison de nous rappeler l'affaire Lula. On pourrait dire en quatre
11:17lettres, je l'ai dit, O-Q-T-F. Ce qui est intéressant, rappelez-vous, au moment de
11:22l'affaire Lula, c'était la réaction dans les semaines qui ont suivi dans le cadre
11:25d'un documentaire sur la 5 auquel a participé M. Dupond-Moretti, qui est un peu l'ancêtre
11:32de Didier Migaud, dans le poste qui est le sien. Il nous avait dit « rappelez le fait
11:38que c'est un O-Q-T-F. Rappelez que c'est une donnée centrale de l'analyse, c'est
11:42de la récupération, c'est de la démagogie, c'est de l'extrême droite. Donc, s'intéresser
11:47au fait que c'est un O-Q-T-F, c'est déjà le signe d'une personnalité ou d'une psychologie
11:51qui trouble. » Et il allait plus loin. Que disait-il? Il dit « mais tout le monde sait
11:55très bien que tous les O-Q-T-F ne sont pas faits pour être exécutés ». C'est exceptionnel,
12:01cette phrase m'avait frappé, moi. Autrement dit, tout le monde sait très bien que l'État
12:04ne prend pas au sérieux sa propre parole et ses propres obligations.
12:07Que l'État est à genoux. Oui, très juste, à genoux. Mais aussi
12:11que l'État ne prend pas au sérieux sa propre parole. Ça dépend, c'est-à-dire,
12:15si vous décidez, il prend toujours au sérieux, par exemple, le rapport d'impôt, le rapport
12:18fiscal. Ça, il le prend au sérieux. Mais l'O-Q-T-F, il ne le prend pas au sérieux.
12:21Il nous explique lui-même, à ce moment-là, du pont Moretti, il dit « mais croire qu'on
12:25va exécuter tous les O-Q-T-F, c'est basculer dans une logique populiste et on nous le dirait
12:30aussi d'extrême-droite ». Alors, c'est intéressant de voir un État
12:33qui ne se prend pas au sérieux. Donc là, on le voit, là, j'ai mentionné Mme Brousseau
12:37il y a un instant, c'est très important, Mme Brousseau nous dit « oui, O-Q-T-F, on
12:41va le mentionner, à condition de juger que ce n'est pas important ». Donc, c'est
12:44la même logique. Rappelez-vous, quand on avait parlé auparavant du sentiment d'insécurité,
12:48on est obligé de reconnaître la réalité de l'insécurité, on a nommé ça « fait
12:51divers ». Désormais, on reconnaîtra qu'il s'agit d'un fait central, d'un fait
12:56majeur pour le neutraliser immédiatement. Alors, vous connaissez le débat un peu étrange
13:00« fait divers, fait de société, fait divers, fait de société ». Moi, je pense qu'il
13:04faut rajouter une troisième catégorie ici qui transcende les deux autres. C'est
13:07un fait politique. C'est un fait politique. Quand une personne qui ne devrait pas être
13:11ici demeure en France néanmoins à cause du laxisme des autorités et que cette personne
13:17viole et massacre un Français, une Française, eh bien, il y a une responsabilité de l'État
13:23indirectement à tout le monde. C'est un fait politique. L'État n'a pas assumé
13:26sa responsabilité première qui est d'assurer la sécurité des siens. Dès lors, nous sommes
13:31devant un fait politique, un fait administratif, un fait juridique, un fait majeur. L'État
13:36ne protège plus les femmes. Et je me permettrais de faire une comparaison aussi par rapport
13:40à Lola. Rappelez-vous la réaction populaire profonde. Elle était exceptionnelle. Le
13:46commun des mortels ne tolérait pas ce qui s'était passé. On avait l'impression
13:49qu'un cap avait été franchi. Mais combien de fois avons-nous eu l'impression qu'un
13:52cap a été franchi? Mais qu'est-ce qu'on avait vu? Mobilisation, démarches, des gens
13:57qui voulaient au moins témoigner et pas seulement sur le mode de la marche blanche, aussi un
14:01peu de la marche en colère. Rappelez-vous le traitement médiatique de la chose. On
14:05a présenté ça comme la récupération de l'extrême droite et le vrai scandale, ce
14:08n'est plus la mort de Lola. Le vrai scandale, c'est que des gens osaient marcher dans la
14:12rue pour dire que c'était absolument scandaleux. Il y aura dans les prochains jours, je crois
14:17que c'est le 29, si je ne me trompe pas, une marche pour...
14:21Dimanche 29 à Paris.
14:22Voilà. Pour Philippines. Je suis curieux de savoir si le système médiatique, le
14:27système politico-médiatique, le régime dans son ensemble, est-ce qu'encore une fois
14:31on va traiter cette marche comme un véritable scandale? Est-ce qu'on va traiter cette marche,
14:35le vrai scandale, ce n'est pas la mort de Philippines, encore une fois, qui fait le
14:37jeu de l'extrême droite, ça c'est le vrai scandale? Est-ce que cette marche sera traitée
14:40comme un événement scandaleux? Ou est-ce que le choc est tel que le système va se
14:44faire discret encore quelques jours avant de contre-attaquer comme il le fait toujours?
14:49N'oubliez jamais ce qui s'était passé à Crépole. D'une certaine manière, Thomas
14:52l'avait cherché son coup de couteau. À force de donner des coups de ventre à un
14:55couteau, on finit par avoir des blessures.
14:58Hier soir, Mathieu Bocoté, sur une autre chaîne Info, Lucie Casté, dans un contexte
15:02qui n'était pas encore celui du drame de Philippines, a dit qu'elle était favorable
15:06à la régularisation de tous les sans-papiers. Plusieurs ont jugé sa déclaration étonnante.
15:14Est-ce aussi votre cas?
15:15Pas étonnante du tout. L'avantage de Mme Castet, c'est un peu la version politique
15:19de M. Guénolé. C'est-à-dire, c'est la banalité dévoilée de l'imaginaire de la
15:23gauche radicale. Donc, qu'est-ce qu'elle nous dit? C'était un peu fascinant. Je ne
15:26sais pas si vous avez vu l'interview. Moi, ça m'a frappé. Humainement, je ne doute
15:30pas que c'est une personne tout à fait honorable. Mais politiquement, elle est nulle. Politiquement,
15:35c'est une catastrophe. Politiquement, c'est une dernière de classe. Politiquement, c'est
15:39une cancre exagérément promue dans un rôle pour lequel elle n'était pas préparée.
15:42C'était lamentable de la voir dire, oui, oui, les OQTF, il faudrait les clandestins,
15:47les sans-papiers. Oui, oui, pourquoi pas? On les régularise tous. Pourquoi pas? Donc,
15:52une réponse improvisée sur un coin de table ainsi, il y avait quelque chose d'un peu gênant.
15:56Et vous avez raison de dire que lorsqu'elle a dit ses propos, c'était sans lien avec
16:02l'affaire Philippine. Et pourtant, le lien est là. Et pourtant, le lien est là. Et quel
16:07est le lien? Quand vous favorisez l'arrivée massive dans votre pays de population, on
16:12pourrait dire une logique, une population qui ont des codes culturels très éloignés,
16:17très marqués, quand vous faites venir le tiers-monde chez vous, disons ça ainsi, il
16:20y a de bonnes chances que vous tiers-mondisez votre pays. C'est à peu près ce qui se
16:24passe. Donc, ce qu'on voit, le lien entre immigration et insécurité, c'est un fait
16:28documenté aujourd'hui. Mais plus il est documenté et plus il est nié par les figures
16:33dominantes du régime et ceux qui s'improvisent, premier ministre. Et il y a des dimensions
16:38que l'on doit mentionner là-dedans. La violence sexuelle contre les femmes, qui a
16:43quelquefois cette charge culturelle, je me permets encore une fois de référer à ce
16:47qui s'est passé en Grande-Bretagne, à Telford, mais aussi aux Pays-Bas. Il y a quelquefois
16:53ce qui s'est passé en Allemagne, à Cologne. Il y a une violence sexuelle qui est portée
16:59d'une forme de revanchisme quelquefois contre les femmes d'Occident. Je ne sais pas comment
17:04le dire sans vouloir, je ne veux pas aller trop loin, je ne veux pas provoquer personne,
17:07mais il y a dans les violences contre les femmes, il n'y a pas simplement une violence
17:12comme parmi d'autres. Il y a quelquefois une forme d'appropriation, une volonté de
17:15s'approprier l'occidentale, s'approprier la française, s'approprier en Grande-Bretagne
17:19la blanche, comme on disait. Il y a une dimension anthropologique, culturelle très violente
17:25dans cette délinquance conquérante, cette délinquance qui peut tuer. Et je dirais,
17:29dernière réflexion, dernière réflexion, on nous dit sans cesse le vrai enjeu en ce
17:33moment-là, c'est construire des prisons. Il faut construire des prisons. On pourrait
17:36dire aussi que le vrai enjeu consisterait à ne pas faire venir des gens qu'on devra
17:40ensuite installer dans ces prisons. Je ne parle pas de tous les gens qui arrivent, évidemment,
17:46mais manifestement, la surreprésentation de certaines communautés ou de certaines
17:51populations dans la délinquance, on en voit les résultats. Construire des prisons, c'est
17:55le point d'aboutissement d'un échec à gérer en partie des migrations.
17:59Merci beaucoup pour cette analyse sur l'invisibilisation qui est déjà en place. On va s'arrêter,
18:05excusez-moi, on va changer ponctuellement ce soir. On va aller tout de suite avec Charlotte
18:10pour savoir où on en est maintenant. Step, pardon, pas à pas. Depuis hier, Charlotte,
18:15la France est sous le choc et vous nous l'aviez annoncé en premier hier soir, justement, à
18:20la fin de cette émission. J'en parle, j'ai la chair de poule. Comment vous nous disiez
18:24que le profil nous aurait interpellé à 20h04 lorsqu'on rendait l'antenne hier. La France
18:30est sous le choc depuis hier soir lorsqu'elle découvre le profil de ce tueur présumé
18:37de Philippines. Et cette question qui revient, comment est-ce possible, Charlotte Dernelas,
18:42est-il seulement possible d'y répondre ? Mais cette question, elle revient lassablement,
18:48c'est ce que disait Mathieu, et il est non seulement possible d'y répondre et même
18:52nécessaire enfin de le faire et d'affronter en effet ceux qui veulent nous empêcher de
18:57le faire parce que la seule question qui se pose, c'est comment faire autrement pour
19:01que ça n'arrive plus. C'est la seule question qui devrait, par ailleurs, occuper tout le
19:07personnel politique en ce moment. Le parcours de cet homme, en effet, il est extrêmement
19:12instructif parce que vous avez un fonctionnement normal et par normal j'entends selon les
19:18normes actuelles de l'exercice du droit et de la justice. Donc en effet, il y a eu un
19:24fonctionnement normal qui est par ailleurs insatisfaisant, c'est le moins qu'on puisse
19:29dire, de notre arsenal judiciaire puis administratif. On va voir les deux étapes ensuite. D'abord,
19:35il arrive, cet homme, en juin 2019. Il arrive par l'Espagne, nous dit-on. Donc là, en
19:41l'occurrence, le sujet, c'est Schengen puisqu'il arrive d'abord en Espagne, puis ça le conduit
19:46en France. Il a un visa tourisme, mais il a par ailleurs 17 ans. Donc aucune question
19:51ne se pose, vous le savez, par le biais de la Convention des droits de l'enfant. Il
19:55est mineur. Nous devons donc, par la signature de ce traité, l'accueillir. Il est immédiatement
20:01pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance. En septembre 2019, donc trois mois après
20:08seulement, il viole une jeune étudiante dans un bois, dans le Val d'Oise, un peu avec
20:13le même genre de circonstances et il est interpellé immédiatement, placé en détention
20:18provisoire. Octobre 2021, il est condamné à sept ans de prison par la Cour d'Assise
20:23des mineurs. Alors, il est impossible de savoir si l'excuse de minorité, en tout
20:27cas actuellement, a été retenue ou pas. La peine, de toute façon, est inférieure
20:31aux deux peines potentiellement encourues. C'est 15 ans pour viol, 20 ans si c'est
20:37viol avec circonstances aggravées. Là, on a une peine de sept ans. Il faut noter
20:42avec une précision, c'est qu'il s'agit d'une Cour d'Assise des mineurs et donc
20:45la décision est prise par des jurés et non pas par un magistrat seul. Juin 2024,
20:52libération conditionnelle expulsion, c'est là qu'entre en scène l'OQTF.
20:57Il est libéré à ce moment-là et placé en centre de rétention administrative en
21:03vue de son expulsion. Pourquoi 2024 alors qu'il était condamné à sept ans de
21:07prison, d'autant qu'évidemment, on entend qu'il a été incarcéré à partir
21:11de 2022 dans une prison, il était préalablement en détention provisoire.
21:16Détention provisoire, c'est deux ans maximum pour un mineur ou un majeur
21:20dans les circonstances, plus un an à partir de la mise en accusation devant
21:25la Cour d'Assise. S'il y a un délai jusqu'au procès, vous pouvez rajouter
21:29un an à ces deux ans. Donc, en réalité, il a été en prison de 2019 à 2024 et
21:34vous savez qu'au moment où la peine est prononcée, on y soustrait tout ce
21:38qui a été fait en détention provisoire. Donc, cet homme a fait cinq ans de
21:41prison. Vous me direz, ça ne fait toujours pas sept. Et bien non, mais
21:44cinq ans de prison, c'est plus de la moitié de la peine et selon la loi
21:49française et non pas la décision de tel ou tel, il se retrouve à la moitié
21:53de sa peine, éligible par la volonté de la loi à la libération conditionnelle
21:58en vue de son expulsion, d'où son placement en crâ à ce moment-là.
22:02C'est donc le fonctionnement normal, encore une fois, insatisfaisant, je le
22:07répète, et c'est un mot qui n'est pas assez fort, mais c'est comme ça,
22:10plus exactement, que fonctionne habituellement la justice. On
22:14comprendra bien que quand tout le monde s'insurge en disant, soit Bruno
22:17Retailleau nous dit, on change les règles et tout le monde lui répond,
22:20non, état de droit. Il est évident que l'état de droit, s'il consiste à
22:23accumuler des droits d'un côté au détriment de la vie de Français
22:27innocents, je pense que c'est une définition assez originale d'un état
22:31de droit, quand même.
22:33Merci Charlotte. On continue. On marque une pause. On continue sur le
22:36détail du parcours avec votre regard, Charlotte. On va écouter dans un
22:41instant aussi ce que disait Didier Migaud, parce que tout le monde parle
22:44de Bruno Retailleau, mais Didier Migaud, il est un peu silencieux. En
22:47revanche, il a parlé hier. On va écouter tout à l'heure, et on aura
22:50aussi le profil inédit de Philippines, puisque personne ne parle de
22:54Philippines ce soir. A tout à l'heure, à tout de suite.
22:58Retour sur le plateau de Face à l'info, nous sommes avec Charlotte
23:01Dornelas, qui nous avait averti dès 20h04, déjà hier soir, de l'identité
23:07du profil particulier du suspect. Charlotte, on va creuser encore avec
23:12vous, aller plus loin dans son parcours. D'abord, je vous propose
23:15d'écouter Didier Migaud, hier, qui était en visite à la prison de la
23:20santé, et qui semblait plutôt satisfait de la justice.
23:26Je crois que le laxisme de la justice n'existe pas. Il faut en convaincre
23:32celles et ceux qui le pensent. Qu'il y ait des possibilités d'améliorer
23:37bien sûr les réponses, c'est évident.
23:41Alors, après son placement en CRA, centre de rétention administrative,
23:46Charlotte Dornelas, le suspect est à nouveau libéré, non pas au Maroc,
23:52mais en France. Comment s'est-il retrouvé dehors, en France, avant même
23:57la fin de sa peine ?
24:00Je vous le disais, on en était au moment où il sort de prison, puisqu'il
24:03bénéficie d'une libération conditionnée à son expulsion. Il est placé
24:07immédiatement en CRA, le même jour, et a un placement en centre de
24:11rétention administrative, qui est un placement qui se fait pour certains
24:14profils en vue d'organiser leur éloignement forcé, puisque vous savez
24:18que l'OQTF, en gros, c'est une obligation, vous avez 30 jours pour
24:21quitter le territoire. Quand vous avez un placement en CRA, c'est que
24:24vous savez que le profil, vous allez organiser l'éloignement forcé avec
24:28les services administratifs. Et le placement en CRA, en France, c'est
24:3390 jours maximum. Donc, comment s'est-il retrouvé en dehors du CRA,
24:38avant la fin, avant le délai de ces 90 jours ? Eh bien, c'est tout
24:41simplement qu'il n'y a pas 90 jours pour l'expulser, il y a maximum 90
24:47jours pour l'expulser. Vous allez voir que ça fait une petite différence.
24:51En réalité, quand il arrive au CRA, l'étranger fait plusieurs passages
24:57devant le juge de la liberté et de la détention pour savoir s'il est
25:02légitime ou non de le retenir. Vous savez, de manière générale,
25:05l'état d'esprit de la justice, c'est que la liberté est la règle et
25:10l'emprisonnement, et donc en l'occurrence la rétention, est l'exception.
25:14C'est déjà ça, si vous permettez, Charlotte, une grande interrogation.
25:18Bien sûr. La liberté est la règle. Absolument, la liberté est toujours
25:22la règle, la rétention, dans le cas qui nous occupe, est donc l'exception
25:26et c'est donc à la préfecture de motiver la raison pour laquelle elle
25:30veut prolonger cette rétention et le juge des libertés statue.
25:35Le premier passage devant le JLD, donc ce juge, c'est 48 heures après
25:39l'entrée dans le centre de rétention administrative. À ce moment-là,
25:42la préfecture, pour réclamer la prolongation, doit justifier qu'elle
25:47a notifié tous ses droits à l'étranger, doit prouver que l'organisation
25:51du départ a commencé. 48 heures, vous voyez le nombre qu'il y a.
25:56Donc elle doit justifier que de l'organisation du départ, par exemple
26:00la prise d'un billet d'avion. Elle doit justifier également d'avoir pris
26:04déjà contact avec le consulat du pays d'origine suspecté de la personne
26:10qui doit être éloignée. À ce moment-là, si elle peut prouver tout ça,
26:14le juge des libertés prolonge de 28 jours. Au bout de 28 jours, il y a
26:18un deuxième passage. Là, pour prolonger encore la rétention, il faut
26:22justifier d'une absence de réponse du pays d'origine et que ça ne dépend
26:27pas de la préfecture, mais du pays d'origine qui ne répond pas.
26:31Là, le juge des libertés peut prolonger à nouveau de 30 jours.
26:35Au bout de 30 jours, on passe en procédure dite exceptionnelle.
26:39Donc là, on est au bout de 60 jours de rétention. On passe en procédure
26:43dite exceptionnelle. Et là, pour l'ultime prolongation, vous avez 2 fois
26:4715 jours, donc il y a un passage au milieu, la préfecture doit prouver
26:51que l'étranger a soit empêché l'éloignement physiquement, et donc
26:55il est nécessaire de prolonger cette rétention, soit demandé l'asile,
26:59puisqu'il peut encore le faire, mais prouver que c'est à des seules fins
27:03d'empêcher l'éloignement, il faut le prouver, ou alors, je cite,
27:07qu'il est établi par l'autorité administrative compétente que cette
27:11délivrance du laissé-passé consulaire doit intervenir à bref délai.
27:15Donc, notre juge des libertés et de la détention, en face de cet homme,
27:19il arrive à la prolongation exceptionnelle de 15 jours.
27:23Le Maroc, à ce moment-là, dans le dossier, a été sollicité 4 fois,
27:27le 18 juin, le 17 juillet, le 16 août et le 27 août.
27:31Il n'y a eu aucune réponse. Donc, je reprends l'idée,
27:35pour que le juge puisse, par la loi, prolonger la rétention,
27:39il faut que la préfecture prouve que la délivrance du laissé-passé
27:43consulaire est à bref délai. La préfecture, devant l'Assemblée
27:47de la République, est à bref délai. La préfecture, devant l'absence
27:51de réponse du Maroc, est évidemment incapable de le faire et le juge
27:55se voit dans l'obligation, par le texte de loi, de libérer la personne.
27:59Donc là, on a un juge dans la décision, dans sa décision
28:03de remettre cet individu dehors. Le juge dit
28:07le risque de réitération de faits délictueux et donc la menace
28:11à l'ordre public ne peut pas être exclu. Alors là, on se dit,
28:15c'est un motif de prolongation, à ceci près,
28:19que le trouble à l'ordre public doit être prouvé dans les 15 jours qui précèdent la décision du JLD.
28:23Si pendant les 15 jours qui précèdent cette décision, il n'y a eu aucun
28:27comportement qui contrevient à l'ordre public, la loi exige
28:31qu'il soit libéré. Donc, en l'occurrence, notre homme
28:35et c'est comme ça que conclut le juge dans sa décision, les conditions
28:39légales d'une nouvelle prolongation ne sont pas remplies.
28:43Ce qui libère cet homme au bout de 60 jours, c'est la loi et c'est bien
28:47tout notre problème, en l'occurrence. C'est bien tous les gens qui nous disent
28:51tout a fonctionné normalement. Mais c'est précisément le problème, c'est précisément la raison
28:55pour laquelle il faut que ça fonctionne normalement, différemment.
28:59Il est donc libéré à ce moment-là, sous contrainte de pointage
29:03et assigné dans un hôtel qui est pris en charge par la
29:07Direction générale des étrangers en France. Alors, j'ai été voir dans l'hôtel en question,
29:1140 euros la nuit, ça donne quand même une indication aussi. On se demande souvent
29:15quel est le coût de tout ça. Là, vous mettez ça en plus de tout le reste.
29:19Vous pensez que le passage devant le juge avec des avocats, avec des avocats
29:23aussi pour la préfecture, avec des policiers qui surveillent aussi l'audience, tout ça
29:27évidemment a un coût. Je referme la parenthèse. Deux jours après sa libération,
29:31le Maroc délivre le laissé-passer consulaire. Alors, je me suis demandé
29:35moi, très honnêtement, si c'était un hasard ou pas. Et plusieurs juges des libertés et de la détention
29:39qui travaillent en centre de rétention administrative m'ont dit que les pays d'origine connaissent
29:43toutes ces étapes. Et il n'est pas rare que les laissés-passer consulaires soient donnés pile
29:47au moment où la libération était contrainte par la loi.
29:51Entre-temps, notre individu a disparu. Il ne respecte pas
29:55son assignation à résidence. Entre-temps, également, et on l'a vu, la mesure
29:59d'éloignement a été inscrite aux fichiers des personnes recherchées, signe que
30:03c'était assez suivi administrativement. Et le 18 septembre,
30:07il y a un signalement au procureur de l'article 40 parce qu'il ne respecte pas
30:11son assignation à résidence. Et, entre-temps,
30:15Philippine a été tuée.
30:27Mais je crois que c'est exactement le mot. Et si M. Migaud n'aime pas le mot de laxisme,
30:31il peut reprendre celui d'impuissance voulue. Tant que rien n'est changé,
30:35c'est de l'impuissance voulue à force. Parce que les dispositions légales
30:39accumulées ces dernières années, d'abord, font de l'incarcération, et on l'a vu
30:43avec la rétention, l'ultime recours. Tout n'est pensé que comme ça.
30:47Donc, forcément, vous accumulez des droits de la défense
30:51sans prendre en compte le risque que font peser ces droits
30:55non essentiels. J'insiste, il ne s'agit pas de revenir sur des principes
30:59de l'état de droit, mais sur les modalités dans lesquelles sont exercés ces principes.
31:03Et par ailleurs, vous avez des décisions législatives qui sont d'une incohérence
31:07complètement folle, notamment sur le terrain du droit des étrangers.
31:11Par exemple, vous avez l'interdiction du territoire français, qui peut être
31:15prononcée, cette fois-ci, judiciairement, par un magistrat, qui a été étendue
31:19à plusieurs délits. Oui, mais dans le même temps, on a supprimé
31:23le délit de séjour irrégulier. Donc, vous vous trouvez avec des gens qui sont
31:27en situation irrégulière, mais ça n'est plus un délit, mais vous donnez le droit
31:31au magistrat de prononcer une interdiction du territoire, donc de mettre ces personnes
31:35en situation irrégulière. Quelle est la logique ? Autre chose, depuis
31:391995, la libération conditionnelle est donc conditionnée à l'expulsion
31:43des personnes, en l'occurrence, en situation irrégulière. Sauf que depuis des années,
31:47vous multipliez les critères légaux, encore une fois, j'insiste,
31:51les critères légaux, qui empêchent cette même expulsion des étrangers.
31:55Donc, vous délivrez une ITF, puis vous rajoutez une OQTF, et vous remettez une OQTF,
31:59pourquoi pas, et vous organisez le fait que vous ne pouvez pas
32:03appliquer les décisions qui sont prises, et par la justice,
32:07et par l'administration. Donc, on peut s'attarder sur l'idéologie
32:11de tel ou tel, il reste que l'impunité grandit par l'inexécution
32:15de peines qui sont prononcées. J'insiste là-dessus, quand vous faites une remise
32:19de peine, M. Migaud, qui nous dit le laxisme, quand vous faites une remise de peine automatique,
32:23quand vous faites une libération conditionnelle à mi-peine, vous ne respectez
32:27pas la décision qui a été prise par un magistrat, quand vous
32:31n'appliquez pas une OQTF, vous ne respectez pas une décision qui a été prise
32:35me semble-t-il, dans un état de droit, puisque c'est comme ça que nous vivons,
32:39et en même temps, évidemment, s'effondre la crédibilité même de la justice,
32:43et le sens qui est donné à la justice par ceux qui essayent de la rendre
32:47autant bien que mal. – Et là, que va-t-il se passer, Charlotte, une extradition ?
32:51– Alors là, aujourd'hui, on attend l'extradition par la Suisse aux autorités françaises,
32:55qui a été demandée, ensuite il sera entendu par un juge d'instruction probablement,
32:59puisque l'information judiciaire a été ouverte, vous l'avez dit tout à l'heure.
33:03– Merci beaucoup Charlotte Dornelas pour ce dossier très précis sur le parcours
33:07et le poids de la justice dans cette affaire.
33:13Marc Menand, 700 000 OQTF sera en France, combien ont commis des actes criminels ?
33:19On voit régulièrement dans l'actualité des victimes d'OQTF,
33:23Lola et tant d'autres victimes inconnues, question, est-ce l'inquiétante habitude ?
33:29– Déjà, il faut se rappeler de faits sinistres.
33:33C'est vrai que Lola, ça devient presque un mot générique,
33:37mais on en oublie le côté sordide de ce qui est arrivé à cette adolescente.
33:43Ce jour-là, elle doit rentrer de l'école, son papa est gardien d'immeuble,
33:50et il veille forcément aux horaires de sa jeune fille.
33:56Elle ne se présente pas comme elle le fait d'habitude, de façon ponctuelle,
34:00le trajet est court, il s'inquiète un peu,
34:04et quand au bout d'une heure, deux heures, elle n'est toujours pas là,
34:08il se dit tiens, je vais regarder les vidéos de télésurveillance,
34:16celles qui sont fixées, les caméras, sur le hall.
34:21Et là, surprise, il voit son enfant qui entre dans le hall,
34:26elle entre à l'heure pratiquement, et elle est accompagnée d'une jeune femme.
34:32Il continue à suivre le déroulement de cet enregistrement,
34:37et là, il s'aperçoit que celle qui accompagnait la petite Lola ressort seule,
34:46avec une énorme valise et d'autres éléments,
34:51elle sut pour pouvoir les sortir du hall, et là forcément, il panique.
34:58L'alerte est donnée, la police est efficace,
35:02puisque dès le lendemain, une jeune femme de 24 ans, d'Abia, qui est algérienne,
35:10est arrêtée à Bois-Colombes, et elle est sous un QTF.
35:15Elle est arrivée en 2016, pourquoi ?
35:17Simplement pour bénéficier du système d'étudiants,
35:22suivre des études dans ce pays de la connaissance qu'est la France.
35:27Mais depuis, on a oublié ce parcours,
35:32elle doit retourner en Algérie, et elle a oublié de le faire.
35:39Quand elle se retrouve devant le juge d'instruction, très rapidement,
35:44avec un côté glacial, presque de fonctionnaire,
35:48elle raconte l'abomination, l'abjection dont elle s'est rendue coupable.
35:54Je vous éviterai les détails, je crois que ça n'apporte pas grand-chose,
35:57mais l'horreur, l'imprononçable, lui vient comme ça,
36:02de façon presque débonnaire, et on retrouvera la valise
36:07avec la petite qui a été découpée en morceaux,
36:11elle est placée en détention provisoire,
36:17et on la place dans un lieu d'unité pour malades difficiles.
36:23Donc on essaie de dire que psychologiquement, psychiatriquement,
36:28c'est un cas dont il faut tenir compte, elle n'est pas tout à fait responsable.
36:32Sauf que le premier expert dit non, elle est responsable,
36:35puis il y aura une deuxième expertise,
36:37tant et si bien qu'aujourd'hui, elle devra passer devant la justice
36:42et rendre compte de ce don qu'elle s'est rendue coupable.
36:46On vient de la prendre deux ans plus tard,
36:49et je disais tout à l'heure, colère, hommage, oubli,
36:52et ce triptyque va pouvoir faire Lola et d'autres affaires.
36:55On pourrait dire, ben oui, mais on ne va pas en faire,
36:59c'est un drame, c'est épouvantable, c'est un cas isolé.
37:03Alors Clara, qui travaille avec nous et qui vous aide sur certains éléments,
37:08m'a sélectionné, je n'en ai pris que quelques-uns,
37:11par exemple, on a retrouvé, quelques jours après,
37:17ce drame de la petite Lola, six jours après,
37:21un viol en pleine rue, à Marseille,
37:24avec un personnage qui est surpris par la police,
37:28il est en train d'agresser une jeune fille qui est déjà dénudée,
37:31elle est blessée, il est sous au QTF, il est Algérien lui aussi.
37:37Le même jour, une magistrate du tribunal judiciaire de Créteil
37:43est agressée, là encore, personnage sous au QTF, c'est un Algérien.
37:50Il y a fin décembre, un mois après, enfin un mois et demi après,
37:55à l'hôpital Cochin, une patiente qui est violée par un Jordanien.
38:01Alors là, le cas est encore plus intéressant,
38:05parce qu'il n'a pas été sous au QTF une seule fois,
38:08mais trois fois sous au QTF, et il vaguait en liberté.
38:14Alors déjà, ce qui est extraordinaire, on pourrait y venir tout à l'heure,
38:17mais ça épouse les propos de Charlotte.
38:19Vous pouvez être condamné, mais à la limite, pour rien.
38:22Mais en plus, quand on vous arrête pour au QTF,
38:25enfin, qu'on vous prononce cette décision,
38:28après, il n'y a pas exécution, on vous retombe dessus,
38:31vous n'avez pas respecté la loi, on pourrait dire,
38:33ben là, c'est le moment de l'exécuter.
38:35Non, non, non, non, vous êtes rejugé, vous êtes écopé à nouveau de QTF.
38:40Alors, on peut multiplier les exemples, mais par exemple,
38:43le 11 novembre 2023, là, c'est intéressant,
38:46parce qu'on a un personnage qui a 24 ans,
38:51qui est d'origine centrafricaine, et qui est sans-abri.
38:56Et dans le 17e arrondissement, il aperçoit une jeune fille
39:01qui s'appelle Mathilde, elle est baby-sitter à l'antre dans l'immeuble,
39:05où elle rejoint la famille qui l'accueille
39:08pour s'occuper de l'enfant qui lui est assigné.
39:11Et là, il lui saute dessus, alors elle hurle, elle lui dit,
39:15prenez ce que vous voulez, prenez ce que vous voulez,
39:17pensez simplement que c'était ce dont elle possédait dans son sac
39:21qu'il l'intégrait, il dit, non, non, non, c'est vous qui m'intéressez.
39:25Et là, bon, il se rend coupable de l'abominable.
39:28Une heure et demie après, il repasse à l'action,
39:32c'est dans le 8e arrondissement, avec une jeune femme
39:35qui a 22 ans, qui s'appelle Claire.
39:37Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que cette jeune femme,
39:41quand elle apprend qu'il y en a déjà eu une qui a été victime
39:45juste avant elle, elle hurle, elle dit, vous vous rendez compte,
39:48non seulement il était sous UQTF, je suis victime,
39:51mais en plus là, il repasse à l'action, et il dit,
39:54eh bien, politiquement, il faut lutter contre ça, ça ne peut pas se reproduire.
39:58Et là, eh bien, dans la presse, on dit, oui, elle fait de la politique,
40:02c'est la récupération d'extrême droite.
40:05Alors, il faut quelques chiffres, pardon si je suis un peu long,
40:08mais dans cette logique-là, il y a le sénateur Stéphane Ravier
40:13qui a demandé au ministre de l'Intérieur de faire le bilan.
40:17Alors, par exemple, vous avez 41% des gens étrangers par rapport au crime,
40:2441% des cambriolages sont exécutés par des étrangers,
40:2935% de vols violents sans arme, 17% de coups et blessures volontaires,
40:3617% d'homicides et 13% de viols.
40:41Notons qu'il n'y a plus que 6,9% d'exécution des OQTF,
40:47c'est-à-dire sur 72 738 jugements cette année,
40:53il n'y a eu que 4 686 exécutions de la peine.
40:59Et nous sommes le pays de l'Union européenne
41:02où le taux d'exécution des peines est le plus bas
41:05et Charlotte nous en parle régulièrement.
41:07Merci beaucoup, Marc, pour votre regard.
41:09Après l'exceptionnel dossier de Charlotte sur le parcours et le laxisme de la justice,
41:14dans un instant, la France a-t-elle tué Philippine ?
41:19C'est la question que tout le monde se pose ce soir, on finira avec vous.
41:22Et maintenant, votre dossier aussi inédit, Gabriel Cluzel, sur qui est Philippine ?
41:31C'est intéressant à voir parce que personne ne se pose la question ce soir à l'heure qu'il est.
41:37Les médias parlent beaucoup de l'assassin présumé, de son profil, de son parcours,
41:41évidemment c'est tout à fait normal, mais il faut aussi s'arrêter sur Philippine
41:46pour que son visage ne tombe pas dans l'oubli,
41:48ce visage qui hante toutes les familles depuis quelques jours.
41:52Qui est Philippine ? Pourquoi est-il important de la faire connaître ?
42:18Pardon, je ne vous avais pas prévenu et je vois que vous êtes au bord des larmes.
42:33On va essayer de se concentrer parce qu'on est toutes mères et proches,
42:37on a tous des enfants et des jeunes filles autour de nous, même si on n'est pas mère.
42:41Vous avez choisi ces mots, vous ne vous attendiez pas à ce que je passe la musique.
42:46Les mots de la chanson vous parlent, dites-moi pourquoi.
42:50Exactement, je voulais commencer cette chronique en paraphrasant cette chanson célèbre,
42:55elle s'appelait Philippine, elle n'avait pas 20 ans, c'était une petite fille sans histoire et très sage.
43:00La photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir le bonheur en personne et la douceur d'un soir.
43:05Je pense que ça la résume assez bien.
43:07Je sais que les parents, comme toutes les familles dans ce cas-là,
43:11ont une forte pression médiatique et je ne veux pas en rajouter,
43:14mais néanmoins il me semble important de parler de Philippine,
43:17d'abord pour que le bourreau n'éclipse pas la victime,
43:20comme c'est trop souvent le cas dans notre système judiciaire.
43:23Ensuite parce qu'il ne faut pas qu'il en reste que les détails sordides d'un fait divers devenu fait de société.
43:29Et enfin parce qu'il est important que Philippine ne reste pas un prénom désincarné,
43:33presque une vue de l'esprit.
43:35Ce serait trop facile pour tous ceux qui ont été les maillons défaillants
43:39d'une chaîne d'impéricies judiciaires émigratoires.
43:43Alors qu'ils regardent donc sa douce et lumineuse photo
43:47et qu'ils se regardent ensuite eux-mêmes dans le miroir s'ils en ont le courage.
43:51Alors Philippine a grandi à Montigny-le-Bretonneux.
43:55C'est une petite ville très familiale, non loin de Versailles.
44:00C'est d'ailleurs à la cathédrale Saint-Louis de Versailles que ses obsèques seront célébrés vendredi.
44:07Elle appartient à une fratrie de 6 enfants, 3 garçons et 3 filles.
44:11Elle est l'avant-dernière.
44:13Sa mère est enseignante en mathématiques.
44:15Son père est physicien-chercheur.
44:18Et tous ceux qui les ont côtoyés, j'ai eu plusieurs échos,
44:22parlent d'une famille très discrète.
44:25Donc vraiment Philippine est une jeune fille sage de la France bien élevée.
44:31Donc catholique pratiquante,
44:33Philippine fréquentait depuis qu'elle était enfant la paroisse Saint-Pierre-du-Lac à Montigny-le-Bretonneux.
44:38Et dès dimanche soir, il y a eu une veillée de prière dans cette paroisse.
44:42Alors j'ai eu là aussi des témoignages très forts de gens qui y étaient.
44:46Il y avait la famille très courageuse.
44:48Et il y avait un monde absolument incroyable.
44:51Il y avait autant de gens à l'intérieur qu'à l'extérieur.
44:53On ne pouvait pas rentrer.
44:54Et il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeunes très choqués, très émus.
44:59Et ce qui montre aussi, ce que m'a dit un témoin, le rayonnement de cette jeune fille.
45:04Et puis tout le réseau d'amitié, de solidarité autour de cette famille.
45:09Et du reste, les circonstances malheureuses dans lesquelles son corps a été retrouvé,
45:14mais il y a eu une battue qui a été organisée par ses proches, le montrent.
45:18Et les gens avaient vraiment besoin de se rassembler dans cette paroisse,
45:21m'a dit un témoin, pour pleurer et pour prier.
45:26Elle était guide de France.
45:28Elle était très, très investie dans le scoutisme.
45:30Dans le Figaro que je l'ai lu, un de ses chefs l'a décrit comme un élément moteur sur lequel on pouvait compter.
45:38Et elle participait, ça on peut le dire dans le magazine Famille Chrétienne,
45:42à l'organisation de messes et de soirées diverses et variées dans sa paroisse.
45:46Elle était très investie.
45:48Philippine était aussi une jeune pousse brillante.
45:51En quoi symbolisait-elle une jolie France, structurée, bien formée,
45:56cette élite dont on a tant besoin pour demain ?
45:59Alors elle a été élève, comme ses frères et soeurs, dans l'enseignement catholique,
46:03dans une école qui s'appelle Saint-François d'Assise, à Montigny-le-Bretonneux.
46:07Et tous ceux qui ont été en classe avec elle, et là aussi j'ai plusieurs témoignages,
46:10m'ont dit qu'elle était très brillante.
46:12Et ils ont assisté sur le fait que ses frères et soeurs l'étaient également.
46:15Alors de fait, elle a un frère qui est thésard en sciences, une soeur juriste.
46:20C'est un environnement familial de gens intellectuellement vraiment doués.
46:28Après la terminale, elle a intégré l'université prestigieuse de Dauphine.
46:33Et là, il y a quelques jours, elle a entamé sa rentrée en licence d'économie et ingénierie financière.
46:39Et comme beaucoup d'étudiants qui habitent en banlieue,
46:42elle avait une petite chambre près de l'université.
46:45Et elle rentrait le week-end chez ses parents.
46:47C'est ce qu'elle s'apprêtait à faire lorsqu'elle a été assassinée.
46:51Alors, toujours dans le filero, une enseignante qu'il a connue en première année
46:55l'a décrite comme une étudiante sérieuse, avec de bonnes capacités.
46:58Une de ses camarades dit qu'elle était brillante et très travailleuse.
47:03La jeune fille dit, je me disais souvent qu'elle intégrerait un master que moi je n'aurais jamais.
47:07Vous savez que les masters aujourd'hui sont très sélectifs, en particulier à Dauphine.
47:12Et une autre étudiante l'a décrit comme profondément gentille, très douce et très discrète.
47:19Et une autre dit en larmes, elle était très bosseuse, très gentille.
47:23Et je ne vois pas qui vraiment aurait pu lui faire du mal.
47:27Alors, vous savez, moi, ça m'a rappelé cette phrase de Victor Hugo pour sa fille.
47:32Léopoldine, qui était décédée tragiquement au même âge,
47:35elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prévères.
47:37Son regard reflétait la clarté de son âme.
47:39Et je trouve que de tout ce que j'ai entendu, ça lui va très bien.
47:42Alors, Philippine, on l'a dit à plusieurs reprises ce soir,
47:45fait évidemment penser à Lola, 12 ans par une certaine, Marc le disait, similitude des faits.
47:51Mais aussi à Anne Lorraine.
47:53Cette jeune fille assassinée un dimanche matin dans le train,
47:57il y a 17 ans, par un violeur récidiviste qui la poignardait parce qu'il ne voulait pas se laisser faire.
48:03Parce qu'elle ne voulait pas se laisser faire.
48:05Oui, alors les similitudes avec Lola, Marc en a parlé, sont assez évidentes,
48:09même si l'une des jeunes filles a 19 ans et l'autre 12.
48:13Mais il y a ces circonstances en pleine journée à Paris,
48:17ce retour vers l'inquiétude familiale après une journée à l'école ou à l'université.
48:23Et puis, il y a évidemment la personnalité de l'agresseur frappé de QTF.
48:28Et pour Philippine, c'est spécialement frappant
48:31parce que c'est dans le 16e arrondissement.
48:33Vous savez, cet arrondissement véhicule d'imaginaire de confort bourgeois.
48:39Eh bien, si ce n'était pas une sortie de boîte de nuit à 3h du matin dans un quartier malfamé.
48:46Si l'on se fait agresser en plein Paris, dans un quartier huppé en pleine après-midi,
48:51où ne se fera-t-on pas agresser ?
48:54Mais il y a aussi de fortes similitudes avec Anne Lorraine Schmitt.
48:58Alors, j'ai eu son papa cet après-midi.
49:00Il était très, très remué.
49:02Donc, elle a été assassinée dans un train de banlieue alors qu'elle rentrait le 6 chez ses parents.
49:07Elle était étudiante au Celsa, étudiante en école de journalisme.
49:10Elle était très brillante aussi.
49:12Et elle revenait d'une garde de surveillance à la maison d'éducation de la Légion d'honneur
49:16où elle avait été élève.
49:18Et donc, elle s'est retrouvée face à son agresseur, un violeur récidiviste.
49:24Et parce qu'elle n'a pas voulu lui céder, eh bien, il l'a poignardée.
49:27Et il l'a tuée.
49:29Et son père me disait vraiment, en regardant la description de Philippines,
49:34j'ai pensé à Anne Lorraine parce qu'elle se ressemblait beaucoup.
49:37Alors, Anne Lorraine, c'était aussi une famille catholique avec cinq enfants.
49:41Elle avait fait du scoutisme.
49:43Elle était très généreuse.
49:44Et il m'a dit quelque chose qui m'a touchée.
49:46Il a dit qu'elles étaient peut-être un peu ingénues pour le monde d'aujourd'hui.
49:50Et j'ai tout à fait compris ce qu'il voulait dire par là, dans leur générosité.
49:56Alors, il voulait, il m'a dit vraiment, il faudrait exprimer aux parents toute ma compassion.
50:01Mais il a dit aussi qu'il avait en lui une profonde colère.
50:04Parce qu'il m'a dit, écoutez, en 17 ans, rien ne s'est passé.
50:07Rien ne s'est passé.
50:08Enfin, si il s'est passé quelque chose, c'est qu'il a été épinglé sur le mur des cons.
50:12Voyez ?
50:13C'est avec un autre père de victime, un autre père de victime de viol.
50:18Parce qu'il avait voulu faire en sorte que les choses changent.
50:21Voilà ce qui s'est passé.
50:23Et lui, il me dit très clairement, si certaines dispositions avaient été prises après le meurtre d'Anne Lorraine,
50:28eh bien, Philippine serait peut-être encore en vie.
50:33Et il me dit encore, c'est très fort, pour moi, ce ne sont pas des accidents, loin s'en faut.
50:38Certains ont mis leur vie en danger, et pas seulement l'assassin.
50:43Alors, vous savez, vous connaissez, vous avez passé cette chanson, vous connaissez la fin de la chanson.
50:47Elle avait les yeux clairs et elle avait ton âge.
50:49C'était une petite fille sans histoire et très sage, comme toi, comme toi, comme toi.
50:53Je crois que chaque mère, chaque père, chaque oncle et tante de fillettes, de jeunes filles,
50:59frémit en regardant ses propres enfants.
51:02Vous voyez, la France, cet état failli, joue à la roulette russe avec la vie de nos enfants.
51:20Mathieu, on se souvient de la phrase terrible de la veuve Comine, la France a tué mon mari.
51:39Posons la question directement ce soir, parce qu'elle nous vient immédiatement à l'esprit.
51:44La France a-t-elle tué la jeune Philippine ?
51:47Alors, vous avez raison de mentionner cette phrase de la veuve d'Harmonie Comine,
51:51parce que je crois qu'elle a, à ce moment, frappé une formule qui s'est immédiatement inscrite dans la conscience collective.
51:58C'est-à-dire, elle a su nommer, à ce moment, la part de responsabilité des institutions.
52:04La défaillance, je reprends la formule de Gabriel, de le côté état failli.
52:09Un état failli qui n'est plus capable d'assurer la fonction première qui est la sienne,
52:14c'est la protection de ceux qui vivent sous son autorité.
52:17Si on s'intéresse à l'État, au-delà de toutes les missions qu'on peut lui prêter depuis un siècle,
52:22la première fonction, c'est d'assurer la sécurité de ceux qui y vivent.
52:25Et ce que l'on voit aujourd'hui, en France, pas seulement en France, mais peut-être particulièrement en France aujourd'hui,
52:31on voit une insécurité telle qu'elle compromet la mission même de l'État, la légitimité même de l'État, pourrait-on dire.
52:39Donc, elle avait nommé, la veuve commune, l'effondrement d'un système juridique, l'effondrement d'un système politique.
52:47Et sa formule, donc, nous avait tous interpellé. Est-ce qu'elle est exacte? J'y reviendrai dans un instant.
52:52Mais gardons à l'esprit qu'elle a su, à ce moment, trouver les mots pour dire, ce ne sont pas que des histoires qui s'additionnent,
52:57c'est un système qui s'effondre et dont mon mari, mais dont Philippine, dont Lola, sont les victimes.
53:04Alors, je reviens un instant sur l'autre. Vous savez, il y a deux concepts avec lesquels on pense aujourd'hui la vie politique de nos sociétés.
53:14C'est, en France, République, mais aussi État de droit. Et là, j'aimerais revenir un instant sur l'arrière-fond oublié de l'État de droit.
53:21L'État de droit, ça présuppose, en en parlant un peu hier, une société assez civilisée.
53:26Une société où on n'a pas besoin d'un gendarme au coin de chaque rue pour savoir qu'on ne doit pas voler son prochain.
53:32C'est une société où on présuppose que l'immense majorité... Bon, dans toute société, il y a une collection d'individus défaillants.
53:38C'est inévitable. La bête humaine est ainsi faite qu'on va avoir des crapules, des faibles, des médiocres, des assassins dans toute société.
53:44Mais au-delà de certains seuils, ça devient un problème. Et c'est une société normale, civilisée.
53:49C'est une société où, par exemple, on suppose que les hommes et les femmes, dans leurs rapports,
53:54on présuppose que celui qui a une envie soudaine de désir de telle femme ne va pas se jeter sur elle pour s'en emparer.
54:00Il y a quelque chose comme un surmoi. Il y a quelque chose comme des limitations morales dans son esprit.
54:05En fait, l'idée même de s'emparer d'une femme ne lui viendra pas à l'esprit de cette manière.
54:10Ou alors il va jeter ça dans la porno, j'en sais rien. Mais on suppose une société très civilisée culturellement.
54:16Et dès lors, l'État de droit vient coiffer juridiquement une société capable de s'autoréguler dans les mœurs, dans la culture, dans la vie ordinaire.
54:26J'ajouterais qu'une société qui s'autorégule correctement est une société qui n'a pas besoin de construire sans cesse,
54:31je le disais plus tôt, de nouvelles places de prison. Est-ce qu'on se rend compte de la folie du monde dans lequel on est?
54:37On doit toujours construire de nouvelles places de prison et c'est la seule réponse imaginable.
54:41Est-ce qu'on se rend compte du symptôme, du dérèglement profond de la vie sociale que ça représente?
54:46Une société qui vit aujourd'hui, comme on le voit partout en Occident, un choc des civilisations à l'intérieur,
54:53un choc des civilisations internes, un choc des civilisations qui se traduit concrètement par le sort de Philippines,
55:00par le sort de Lola, par les événements de Cologne, par les événements de Telford, par tant et tant d'événements,
55:06dans une telle société, l'État de droit n'est tout simplement pas adapté.
55:09C'est une structure juridique qui appartient au monde d'hier.
55:13C'est une structure juridique qui appartient au monde, un monde qui tenait encore culturellement, qui était encore civilisé, disons-le ici.
55:21Or, qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui? Personne ne veut congédier les principes de l'État de droit,
55:26mais on constate qu'il faut les ajuster minimalement pour tenir compte de la réalité sociologique et démographique nouvelle de nos sociétés.
55:34Qu'est-ce qu'on voit? On a une élite au pouvoir qui refuse de le faire et qui s'accroche à une interprétation désuète des principes de l'État de droit,
55:43une interprétation déphasée des principes de l'État de droit qui ne correspond plus à la réalité de la société présente.
55:50Donc, on peut dire que cette élite a fait faillite, que cette élite a échoué.
55:54Et de ce point de vue, on comprend la formule « la France a tué X, Y ou Z ».
56:00Pourtant, j'éviterais d'aller trop loin dans cette formule « la France a tué mon mari ».
56:06J'avais des réserves sur cette formule. Si on l'utilisait ce soir, « la France a tué Philippines », je n'utiliserais pas cette formule non plus.
56:12Pourtant, la part collective doit le mentionner. En dernière instance, ce n'est pas la France qui tenait le couteau.
56:16Je comprends très bien. Effectivement, on peut mettre tellement de choses derrière la France.
56:20Autrement dit, vous vous craignez qu'on ne déresponsabilise le véritable auteur de ce crime à travers cette formule.
56:26Ce n'est pas la France qui a violé et assassiné Philippines. C'est ce Marocain sous OQTF. Personne.
56:34Ce n'est pas la France, ce n'est pas le président de la République, ce n'est pas le chef de l'opposition, ce n'est pas le ministre de ci ou de ça.
56:38C'est ce jeune Marocain sous OQTF. Le criminel a un visage. Ce n'est pas une entité métaphorique.
56:45C'est quelqu'un qui n'a pas été capable de contenir à ce moment précis ses pulsions et ainsi de suite.
56:49On peut dire des choses. On peut parler pour l'État de la France de non-assistance à personne en danger.
56:54On peut penser même que c'est aujourd'hui ainsi que se caractérise le système de justice.
56:57On peut parler d'une corruption idéologique de la justice.
57:00Des principes déformés ont des conséquences terribles sur la vie du commun des mortels.
57:05D'institutions défaillantes, d'un pouvoir qui ne respecte plus ses obligations fondamentales.
57:11On peut donc autrement dit parler d'un État failli, si on le souhaite.
57:14On peut parler d'un système de justice qui n'est plus capable de répondre à la réalité des choses.
57:19Mais il n'en demeure pas moins qu'il existe une telle chose en ce monde que la responsabilité individuelle des uns et des autres.
57:26La responsabilité d'un homme, la responsabilité d'une femme, la responsabilité d'un individu.
57:30C'est ce Marocain, OQTF, qui n'aurait pas dû être en France.
57:35Tout simplement, OQTF égale s'il n'avait pas été ici, Philippines serait en vie.
57:39C'est tout, ça devrait s'arrêter là.
57:41C'est lui qui porte l'unique responsabilité, l'unique culpabilité de la mort de cette jeune fille.
57:46Ne l'oublions pas, l'assassin a un visage.
57:49Merci à beaucoup. Merci Gabriel, merci Charlotte, merci Marc.
57:54Excellente suite de programme sur CNews avec Pascal Broulleur.

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